“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ Cela faisait plusieurs jours que je n’avais eu aucune nouvelle de Momiji, en réalité je me doutais que cette rencontre avec Tora allait faire des siennes, il a même énoncé qu’il voulait toujours me tuer face à lui, bien sûr je n’en ai pas tenu rigueur envers lui, je sais qu’il a ses raisons et Tora n’était pas au courant que nous passions du temps ensemble, le fait que ses amis se sente mis à l’écart devait aussi le troubler et le travailler et je suppose que durant ses journées sans nouvelles il a pu profiter un peu d’eux... Pourtant je gardais mon téléphone en main en espérant voir un SMS ou une invitation de sa part, ça me manqué un peu, j’avais pris gout à sortir avec lui et surtout j’avais peur qu’il soit retombé dans ses vieilles habitudes, je savais que je pouvais l’en empêcher, mais ce n’est pas le cas de ses amis proches qui surement attendaient un nouvel assaut. Momiji cherche des infos sur ceux qui avait tué son père et je l’aidais comme je pouvais, sauf que sans aucune nouvelle je me retrouvais au point de départ. Je lui ai envoyé des SMS, demandant ne serait-ce comment il va ou lui demandant de ne pas faire le con lorsqu’il ne me répondait pas, j’étais franc avec lui et je ne compte pas me cacher sous prétexte qu’il peut m’envoyer balader de nouveau, j’étais déjà préparé à cette éventualité... Ça ne voulait pas dire que j’allais l’accepter et juste laisser le temps passé, je savais où Momiji vivait, s’il continuait à m’éviter je finirais pas aller chez lui pour prendre de ses nouvelles sans hésiter.

Le harcelant un peu de message, j’espérai même qu’il s’énerve en me répondant plutôt que de simplement m’ignorait, c’était frustrant. Même à l’école je n’arrivais pas à le croiser, on ne suivait pas le même cursus et s’il voulait m’éviter c’était facile. Soupirant, en marchant dans la rue, j’ignore si c’est le destin ou une simple coïncidence, mais sur le trottoir d’en face je pus apercevoir le garçon. « Momo ! » Je gueule sans tenir compte des gens autour de moi, les voitures roules, j’accélère le pas jusqu’à un passage piéton pour pouvoir rejoindre le même trottoir que lui, mais à peine traversé je l’ai déjà perdu de vue, laissant mon regard balayer toute la place. « Momo ? » Je marche en me faisant un chemin dans la foule, continuant de l’appeler avant de voir sa silhouette dans une ruelle. « USAGI MOMIJI ! » Hurlais-je pour qu’il s’arrête, il va continuer longtemps à faire le sourd comme ça ? J’allais en perdre ma voix à crier après lui.

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ La courte conversation avec Tora dans ce café m'avait énervé au point de quitter l'endroit sans un mot. Cet idiot m'avait poussé au pied du mur en me faisant comprendre que je passais plus de temps avec Kellian avec qu'eux. ça m'a tracassé durant des jours, la plus part du temps enfermé chez moi, seul ou avec ma mère. Elle remontait la pente, de plus en plus radieuse et souriante, comme si elle avait enfin réussi à faire définitivement son deuil. Pas moi, je n'arrive toujours pas à me dire que je ne croiserai plus mon père dans le salon, ni partout ailleurs dans la maison. Ma colère s'est intensifiée à chaque fois que je pensais à lui, et si j'ignorais à merveille les messages de Kellian, j'envoyais bouler Tora pour ne parler qu'avec Saru. Ce qui est stupide, puisque l'autre débile peut lire les sms de son demi-frère. Ainsi, il pouvait se rendre compte à quel point je faisais la gueule. ça ne m'avance à rien de me disputer avec mes amis, ni d'éviter mon cadet... Je n'avais juste pas envie d'affronter la réalité, ni de me confronter à l'un ou à l'autre. Je sais parfaitement que Kellian serait capable de s'écraser face à Tora, si jamais il venait à le chasser. Peut-être que ce n'est pas ce que je veux, et que m'isoler reste la meilleure des solutions. Message sur message, j'ai terminé par bloqué son numéro pour ne plus être notifié mais garder une trace de ses textes, dans la partie indésirable. Pareil pour Tora, au bout de plusieurs jours à l'envoyer sur les roses. Plus je me projette dans l'avenir et plus je me renferme dans ma haine, oubliant mes amis, ma mère, tout le monde.

En cours, je ne fais que le strict minimum, filant avant la sonnerie de fin pour rentrer aussitôt chez moi. Comment pourrais-je traîner avec Tora ou Saru après notre prise de bec et ses réflexions ? Je n'ai aucune réponse à lui fournir, ni aucun choix à faire. Pour l'instant, je me contente de bouder tel un gosse et d'éviter les autres. Après un certains temps à faire le même trajet, je me suis surpris à me perdre un peu en ville, mains dans les poches. Rentrer à chaque fois à la maison, c'est lassant. Sauf que ce changement m'a piégé, quand je crois entendre quelqu'un m'interpeller. Instinctivement, je presse le pas, me faufilant à travers la foule pour rejoindre une ruelle moins fréquenté. ça n'a pas arrêté la personne qui me poursuivait et qui me hurle après, stoppant ma fuite. Kellian ? Je repense au fait que j'ai bloqué son numéro sur mon portable. « Quoi ? » Rétorquais-je de manière agressive. Il ne me cours sûrement pas après pour me passer le bonjour et je suppose que mon silence a dû l'agacer ou l'inquiéter.

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ J’ignore ce que peut penser Momiji en ce moment, je ne veux pas qu’il ait à choisir entre moi et ses amis, a-t-il seulement un choix à faire ? Je sais que cette rencontre dans le café n’a pas été des plus agréables et surtout qu’elle a laissé sa marque sur notre relation... Tout se passer bien, je pensais que je pourrais l’aider et rester à ses côtés, mais il m’a évincé facilement, j’ai beau le SMS aucune réponse ne me parviens, je m’inquiète bien sûr, mais une part de moi est aussi en colère bien que je la garde au fin fond de mon inconscience. Je savais que c’était possible alors pourquoi je m’entête ? Il était même certain qu’il finisse par ne plus vouloir me voir et se lasse, alors pourquoi je ne l’accepte pas ? Je devrais juste abandonner et continuer à vivre, je peux vivre maintenant, à quoi bon rester bloquer sur une situation qu’il ne désire pas voir changer... Parce que je suis têtu oui, si lui ne le veut pas, moi je suis prêt à lui rentrer dedans pour faire face, je ne supporte pas de juste être ignoré sans raison, au fond je ne veux pas qu’on arrête nos sorties ou de se voir, qu’est-ce que j’y peux si depuis le début on finit toujours par se retrouver ensemble ? Pourquoi ça devrait changer ?

Quand je le vois sur ce trottoir je hurle son nom, bien entendu il m’ignore et continue sa route, je le perds de vue, mais continue de chercher et finalement je le vois dans une ruelle, criant son nom de nouveau, j’ai enfin une réponse, m’approchant de lui d’un pas rapide. « Quoi ? » Je le répète intentionnellement. « Comment tu vas ? » J’aurais pu demander autre chose, l’agresser directement sur son ignorance, mais je suis sincèrement inquiet de savoir comment il a vécu ses derniers jours... « Tu as ignoré tous mes messages, je m’inquiétais. » Je suis trop honnête, mais de toute manière j’ai le sentiment que si je lui demande pourquoi, il ne me répondra pas.

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ Choisir me semble évident. Je ne pense une seule seconde que je pourrais intégrer Kellian à ma bande, à Tora et Saru. ça me donne l'impression de mélanger deux mondes qui ne peuvent se mélanger. Les frères Otsuka pourraient sûrement accepté Kellian, mais à la longue, je sais qu'on ne pourrait rester éternellement à quatre. Du moment où je passerai du temps libre avec le malade, les remarques reviendront sur le tapis et je n'ai pas envie de passer ma vie à me disputer. Pourquoi je me prends autant la tête ? à une époque, je me fichais pas mal de l'autre cardiaque... Alors pourquoi d'un coup je réfléchis ? Parce qu'il m'a aidé ? Parce qu'il cherche à me comprendre ? Parce qu'il veut le meilleur pour moi ? Parce qu'il provoque trop souvent le hasard ? Je l'ignore, mais beaucoup de coincidence me pousse dans sa direction, tel un morceau de ferraille attiré par un aimant. Perdu dans la foule, je ne m'attendais pas à ce qu'il m'interpelle, fuyant aussitôt vers un endroit plus sûr et hors d'atteinte. Sauf que je sous-estime Kellian qui parvient à me retrouver et m'arrêter, non sans se prendre une réponse froide. Il me répète, m'irritant au passage. Ce n'est pas la meilleure façon de m'aborder, il devrait le savoir. Comment je vais ? Les yeux rivés sur lui, je semble le juger en silence. « Qu'est-ce que ça peut te foutre ? » Qu'il s'inquiète ou non, ça m'est égal. Ce n'est pas de sa faute, mais en même temps je semble rejeter celle-ci sur tout le monde. « Tu as au moins compris que je t'ignorais. » Sifflais-je en me tournant face à lui, dos à la ruelle par laquelle je voulais fuir. « C'est tout ce que tu voulais me dire ? Je peux repartir maintenant ? » Je suis toujours sarcastique, me moquant ouvertement de lui. Nous n'avons clairement rien à nous dire, je n'ai pas envie de discuter avec qui que ce soit.

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ Il sait comment je suis, je ne m’arrêterais pas à ses ignorances, on a connu des situations similaires par le passé et au final je n’ai jamais abandonné, je ne commencerai pas aujourd’hui. L’appeler, le chercher, je ne m’arrêterai pas simplement parce qu’il me rejette de nouveau, je suis certain que cette fois il y a une raison à ça, étant donné que cela est arrivé après qu’on se soit retrouvé tous les trois avec Tora, je pense surtout que Momiji est perdu avec les remarques de son meilleur ami et je me retrouve surement au milieu inutilement. Quand il me répond je demande naturellement comment il va, ça me semble le plus important malgré tout, je m’attendais à ce genre de réponse de sa part. Comme l’ancien Momiji. « Tu sais très bien que j’en ai quelque chose à foutre justement. » Ce n’est pas moi qui le rejette, c’est lui. « Je l’ai compris, je ne suis pas idiot. » Il ne faut pas être aveugle pour voir qu’il m’ignore, mais... « Je ne l’accepte pas pour autant. » Il doit le savoir. Je suis têtu moi aussi et je ne vais pas juste dire amen et le laisser faire jusqu’à ce qu’il se réveille, je veux au moins dire ce que je pense ou ressens. « Non tu ne peux pas. » Dis-je en m’avançant proche de lui pour lui faire face de manière rapprochée. « Qu’est-ce qui te trouble autant ? Chaque fois que tu t’isoles c’est qu’un truc ne va pas, est-ce à cause des paroles de Tora ? Je suppose que ça l’est. » Je fais une question/réponse, mais je le sais déjà de toute manière, soupirant en le fixant dans les yeux. « Tu n’as aucune raison de m’ignorer, tu n’as pas besoin de choisir ou de te prendre la tête, je n’ai pas l’intention de prendre la place de tes amis, je me doutais que tu finirais par te lasser de nos sorties ou même de moi, mais je voulais au moins t’aider jusqu’à ce que tu en ait fini avec l’histoire de ton père. » L’aider à faire son deuil, trouver les coupables, ce genre de choses, je voulais vraiment l’aider pour ça. « Je ne peux pas ? » Demandais-je simplement. S’il m’envoie boulet alors j’arrêtais jusqu’à ce qu’il soit prêt.

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ Retomber sur Kellian après tout les efforts que j'ai fourni pour justement ne pas le revoir de ci-tôt, ça fait littérallement chier. C'est trop demandé d'avoir la paix ? J'ai d'autres choses à faire que m'inquiéter de ça. J'en oublie ma mission, c'est la seule et unique tâche qui devrait me préoccuper, pas de savoir si Tora est jaloux ou si Kellian se sent à sa place. Ce n'est peut-être qu'une excuse pour fuir ces problèmes-là, mais c'est une excuse qui me permet de ne pas céder davantage. Revoir Kellian ne m'aide pas, croiser son regard m'énerve de plus en plus, sans raison valable. Il s'inquiète, me questionne. Je l'envoie balader, mais cela ne l'arrête pas, comme d'habitude. Je ne me rends même pas compte que cet idiot est habitué à mon comportement d'enfoiré. Bon, il a déjà vu que je l'ignorais, c'est un bon point. Sauf qu'il ne l'accepte pas et que ça me fait grincer des dents. Ce débile recommence, à vouloir me provoquer ou tenir tête sans se soucier de mes paroles. Il me bloque, me retient et semble bien décidé à cracher mes quatre vérités. Troublé ? Il n'a pas tord, je m'isole dès qu'un truc m'énerve mais que je ne peux le régler par la force. Là, ce qui me fout le plus en rogne, c'est qu'il ait raison. Aucun son ne sort de ma bouche, je me contente de le fixer silencieusement, étouffant ma haine qui s'éveille à nouveau. « Qu'est-ce que tu connais d'moi ? » Il n'en sait rien, ce que je ressens, il n'en sait absolument rien. Comment peut-il savoir si je suis lassé de sortir avec lui ou de perdre mon temps à traîner ensemble ? Que sait-il au juste de mes sentiments ? Je ne suis pas non plus un connard au coeur de pierre, je suis humain comme lui. « Laisse tomber cette histoire. » Le seul moyen pour moi de me protéger est de tout nier en bloc. « Rentre chez toi, Kellian. Oublie que j'existe et continue ta petite vie. » C'est idiot de dire cela après tout ce que j'ai fait, après avoir accepté qu'il ait le coeur de mon père. « Retourne voir ton frère, occupe toi de tes études, mais ne viens plus traîner dans mes pattes. » Il n'y a pas d'autre solution que de le repousser. Quelle idée stupide j'ai eu de vouloir trouver les coupables, de venger mon père ou d'être pote avec lui. Je ne sais plus où j'en suis, je ne sais même plus ce que je veux réellement...

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ Je connaissais Momiji, certes peut-être que je passais à côté de beaucoup de choses, mais du moins je savais le cerner et comprendre comment il réagissait. Le fait qu’il m’évite soudainement après la rencontre avec Tora n’est pas une coïncidence, peut-être simplement une prise de conscience, mais je ne pouvais pas juste fermer les yeux et m’en aller sans tenter quelque chose. Je le regarde simplement fa ce à sa question sans répondre. Laissez tomber ? Je ne veux pas, comme je ne veux pas rentrer « chez moi » juste comme ça, pourquoi je devrais abandonner, est-ce qu’il pense que c’est facile ? Juste faire comme si on ne se connaissait pas ? C’est ça qu’il veut ? Je continue de le fixer, muet, normalement je trouve toujours les mots et rapidement, mais là je pense que je suis incapable de savoir quoi répondre sans le foutre en rogne. Je ne veux simplement pas arrêter, je veux encore trainer dans ses pattes, même si j’ignorais que je le déranger autant en réalité. Quand on faisait de la boxe il ne me donnait pas cette impression, est-ce que je me suis fait des idées ? Je ne suis pas aussi idiot. Je me sens mal... Soupirant, je finis par prendre sur moi pour simplement lui sourire comme je peux, aussi sincèrement que possible. « Je comprends. » C’est faux. « Je ne te dérangerai plus. » Je finirais par être le seul blessé à lui courir après. « J’espère que tu n’auras pas besoin de m’appeler quand ça ira mal. Je risque d’oublier de répondre. » Je ne sais pas pourquoi je dis ça, surement parce que moi aussi je suis fatigué de jouer au yoyo, je voulais l’aider, mais il n’a pas besoin de moi.  Tout semble faux, ma façon de parler, ma façon d’agir, même celle de sourire ou de le regarder, mais à quoi bon. « Bye. » Je m’éloigne le premier, pour une fois je ne le laisserais pas me laisser en plan, moi non plus je ne sais pas ce que je fais, pourquoi je réagis comme ça, mais je pense que je suis blessé et en colère, croire en quelque chose et finalement entendre que c’est fini, même moi je peux ressentir autre chose que de la joie et de la compréhension.

Perdu dans mes pensées, la main sur mon cœur, je ne me sens vraiment pas bien, trop de sentiments se mélange et je rendre dans quelqu’un par faute d’inattention, concentré sur autre chose. « Hey enfoiré, tu viens de me bousculer là. » Je lève le regard sur le petit groupe de gars, j’allais m’excuser, je n’ai pas fait exprès, mais il m’a devancé avec sa remarque. « Désolé. » Il rigole en mastiquant son chewing-gum de façon grossière. « Tu crois que c’est suffisant ? Si tu me files du fric on peut s’arranger. » Je le fixe avant de sourire, décidément. « Je n’ai pas d’argent et je ne pense pas qu’une petite bousculade mérite un centime. » Momo doit déteindre sur moi, mais je ne me laisse pas faire. Me faisant plaquer contre le mur, je grimace sous la douleur dans ma poitrine. Il envoie son poing, mais me rappelant de notre séance, je le bloque, il avait raison, je suis plus doué pour me protéger qu’attaquer, haha... Étrangement penser à tout ça est douloureux, j’étais heureux d’apprendre avec lui, mais il est toujours comme ça... toujours à fuir, tourner le dos, rejeter, toujours... Et je ne sais pas pourquoi ça me fait autant chier, je n’ai jamais été avide ou ressenti ce genre de sentiment, mais oui, je suis agacé, frustré d’être encore jeté aussi aisément par Momiji. Perdu dans mes pensées je ne vois pas le prochain coup qui s’abat dans mes cottes, contrairement au coup de Momo qui se retenait, ce n’est pas le cas cette fois et il n’y a pas de gants non plus, je sens passer la douleur. Qu’est-ce qui est marrant dans le fait de se battre ? Faire souffrir l'autre est si jouissif ? Je ne comprends pas...

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ C'est très loin d'être une coïncidence si je l'évite après la rencontre avec Tora. Il a dû enclencher un truc en moi qui m'a fait réagir, pas de la meilleure façon, malheureusement. J'aurai pu m'en foutre, dire à Tora qu'il ne contrôle pas ma vie et que je peux parfaitement partager mon temps pour plusieurs personnes, mais j'ignore pourquoi je n'ai rien accepté du tout, repoussant tout le monde avec une nouvelle force. Dans le fond, je ne veux pas blesser Kellian, ni décevoir Tora. Je suis pris entre deux feux, à tel point que je décide de faire l'autruche en croyant y réchapper. Cette confrontation nous apporte absolument rien, pourtant faut que je sois froid et distant avec lui, le rejetant sans une trace de compassion dans ma voix ou mes gestes. Je veux simplement qu'il se casse et qu'il me foute la paix, qu'il ne ramène pas ses leçons de moral ou qu'il ne cherche pas à nouveau de s'immiscer dans ma vie. C'est trop demandé ? D'être tranquille. Qu'il ne se fasse pas d'idée, je serais pareil avec mon meilleur ami s'il venait à s'approcher de trop près. Que ce soit avec Kellian ou Tora, ma position sera toujours la défensive. Repousser le brun ne me fait pas tant plaisir, je ne m'en sens pas heureux pour autant, mais pour le moment, je ne sais comment gérer. Il comprend ? Vraiment ? Ne dit-il pas ça pour mettre court à notre affrontement ? J'ai du mal à croire qu'il ne viendra plus me déranger à l'avenir, comme si ça ne collait pas à son caractère. Sa phrase, assez blessante quand on y réfléchit bien, me laisse un goût amer dans la bouche. C'est une manière de se dire adieu, définitivement. « C'est ça, bye. » Je ne trouve que cela à répondre, et c'est bien étrange que je me donne la peine d'ouvrir la bouche alors qu'il tourne les talons. D'ailleurs, c'est la première fois qu'il part avant que j'amorce un seul mouvement de fuite. Est-ce seulement ce que je voulais ? Qu'il s'en aille sur cette dernière note.

Seul dans la ruelle, j'en oublie ce pourquoi je suis là ou ce que je devais faire ensuite. Sûrement parce que je n'avais rien en tête à la base et que Kellian est venu subitement chambouler mon programme inexistant. Seul dans la ruelle, je me rends compte à quel point tout cela me prend la tête, notamment à quel point je souhaiterai que ce soit différent. Je me suis bien amusé ce jour-là, durant notre séance de boxe. Il m'a aidé quand j'allais mal, il n'a pas hésité à vouloir se mettre en danger pour me prêter main forte, mais désormais il ne décrochera plus son portable quand j'irai pas bien. Ai-je vraiment besoin de lui ? J'ai su me débrouiller seul toute ma vie, pourquoi ça devrait être différent aujourd'hui ? Bizarrement, j'ai envie de lui dire ce que je ressens là, maintenant, dans l'immédiat. Je n'ai pas besoin de lui pour m'en sortir, je n'ai besoin de personne. Face à la direction où est parti Kellian, je suis ses pas avec une pointe de rancœur et d'agacement dans la poitrine. ça devrait être terminé, mais quelque chose me dit qu'on a mis toute nos cartes sur la table. Marchant de plus en plus vite, je me stoppe subitement en voyant la scène, ces gars rigoler autour d'une personne à terre. Un pressentiment désagréable me prend aux trippes. « Cet idiot croyait pourvoir s'en aller comme ça, quel bouffon ! » L'un des types se marre, mais il me faut quelques secondes pour apercevoir la silhouette de la victime. Kellian ? J'aurai pu, j'aurai dû tourner le dos et l'abandonner là... Mais je ne sais pas, je ne peux pas. « Hey vous-là ! J'espère que vous avez une bonne assurance maladie. » Le temps qu'il se tourne et analyse mes paroles, le gars qui se moquait se retrouve le nez en sang après une bonne droite dans la face. Putain, ça fait du bien.

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ Normalement je n’abandonne pas aussi vite, je n’abandonne même jamais, pourtant je pense que le comportement de Momo qui ne sait jamais ce qu’il veut, ce qu’il fait, m’appelant me rejetant réussi à me heurter. Voir à me blesser aussi, parce que je ne suis pas une girouette qui vient seulement quand il accepte de me voir, moi aussi j’aimerais avoir mon mot à dire, pouvoir passer du temps avec quand j’en ai envie et non quand il est disposé à le souhaiter, alors oui, ça me frustre, m’énerve et je finis par baisser les bras en lui disant de ne pas s’étonner si quand il m’appelle je ne réponds pas, peut-être qu’il pourrait comprendre combien c’est blessant et agaçant. M’en allant après lui avoir simplement dit « bye » je sais que tout cela ne le touchera pas, j’imagine qu’au contraire ça facilitera ses décisions, car je suppose que s’il s’isole c’est justement parce qu’il en a à prendre, mais immature qu’il est, il fuit plutôt que d’assumer. Au final je ne regarde pas où je marche, percutant un type qui est du genre à provoquer les ennuis même lorsqu’il n’y a pas besoin de le faire, souhaitant de l’argent en guise d’excuse, ce que je me refuse à accepter.

J’ai réussi à contrer un de ses coups, merci au cours de boxe avec Momo ! Cependant le suivant je l’ai bien senti passer. Souffrant déjà avant l’altercation à cause de mon cœur, là je tiens à peine sur mes jambes, ces mecs n’ont aucune pitié et je réalise que ce genre de personne je ne veux pas les changer. Je sais que c’est impossible, alors pourquoi j’ai voulu le faire dès le début avec Momiji ? Il m’a aussi frappé à notre rencontre, pourtant je n’ai pas ressenti ce que je ressens aujourd’hui, peut-être que je savais que Momiji pouvait changer ? Je l’ignore, je ne sais plus au fond, c’est à peine si je sais pourquoi je m’entête à vouloir rester à ses côtés, mais c’est plus fort que moi. Un nouveau coup me percute et je finis à terre, personne ne viendra m’aider, je dois me défendre comme il me l’a enseigné... Sauf que finalement j’entends une voix familière pas loin de la bande, je peux voir Momo frapper ce mec d’un seul coup, qu’est-ce qu’il fout là ? Pourquoi il m’a suivi ? Je l’ignore aussi, mais je tente quand même de me redresser une main sur mes cotes et une sur mon cœur, j’ai beau paraître faible, je ne le suis pas tant que ça ! Bloquant le coup qui arrive en me mettant en position défensive de justesse, demandant malgré la situation à Momo. « Pourquoi t’es là ? »

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ Jusqu'à l'entendre parler, jamais je ne me suis mis à sa place. Je crois que même quand il m'envoie ainsi bouler, je ne peux penser comme lui. Sur le coup, je raisonne comme quoi je n'ai pas besoin de son aide, ni de sa compagnie mais est-ce vrai ? Est-ce que je ne pense pas seulement ainsi sous le coup de la colère ? Je l'ai déjà regretté avec mon père, quand à chaque fois qu'il voulait établir un lien, je le repoussais. Pour finalement me dire qu'à sa mort, j'aurai dû faire les efforts nécessaire pour être un bon fils. Et si c'était la même chose avec Kellian ? Et si là, alors qu'il vient de tourner les talons, je me rendais compte à quel point je suis stupide de le rejeter ? J'en sais rien, pourtant mes jambes se mettent en mouvement et décident elles-mêmes de suivre le jeune homme. Inconsciemment, je suis focalisé sur une chose en songeant à une autre. Peut-être que je n'ai pas besoin de lui pour m'en sortir, mais qu'on n'est pas non plus obligé de se quitter pour autant. Dans le fond, je ne sais vraiment pas où j'en suis dans ma vie.

Mon petit doigt a dû me guider jusqu'à l'altercation, parce que j'ignore complètement comment j'aurai pu savoir que Kellian se faisait taper dessus par une bande de connard. L'image ne percute pas de suite mon esprit, alors que j'ai déjà été tant de fois à la face de ces sales types pour frapper plus faible que moi. Aujourd'hui, je changerai de rôle. Du bourreau, je deviens le justicier. Il n'y a que moi qui ai le droit d'attaquer Kellian. Pour une fois depuis notre rencontre, je deviens possessif et agressif envers ceux qui osent lever la main sur lui. C'est surprenant, mais ça me vient naturellement. Mon point dans le nez de l'autre tarlouze, je ressens une immense satisfaction grâce à ce simple coup, oubliant l'espace de deux secondes pourquoi j'ai agis. Quand sa voix parvient à mes oreilles, je me souviens aussitôt de la raison de mon comportement spontané. « Parce qu'on a pas terminé de parler. » Rétorquais-je en évitant un second gars qui vient de se jeter sur moi, sûrement pour venger son pote. Dans l'action, mon pied a bloqué le sien et il s'est retrouvé au sol, face contre terre. « D'abord, je n'ai pas besoin de toi. » à ce début de phrase, je m'approche de l'autre blessé pour lui donner un méchant coup de pied dans le genoux, attrapant ses épaules pour lui faire plier le dos et rencontre son visage dans ma rotule. Celui-ci, il a eu son compte. « Ensuite, tu as vraiment cru que tu m'étais indispensable ? » J'en ai rien à foutre des autres mongoles qui s'en prenaient à lui, je parle avec Kellian comme si nous étions posés dans un coin. D'ailleurs j'attrape celui qui l'attaquait par le col de son vêtement pour venir lui foutre un crochet dans l'estomac. Plus je cogne et plus j'ai l'impression que cela fait une éternité que je n'ai pas violenté quelqu'un. « Qui es-tu pour dire de ne plus t'appeler ? »

“Listen to my voice, I call your name.”  

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TENUE ▬ C’est la première fois que je tourne le dos en premier, mais cette fois je n’ai simplement pas dis amen à ses exigences en le laissant partir pour m’appeler le jour où il en aura assez de fuir. Il faut savoir ce qu’on veut dans la vie, à force de trop hésiter et de ne pas agir on finit par avoir des regrets, il en a fait les frais avec son père. Dans la rue je me suis fait piéger par une bande d’idiots qui se met à me frapper pour une raison inutile, au fond ils aiment justes s’en prendre à des innocents, taper sur des gens et montrer ô combien ils sont plus forts à plusieurs quand seul il est impossible de tenir tête, oui, c’est complètement con, mais ça les rend fier quand même. Puis alors que j’étais à terre je vois Momiji arriver, frapper, étaler un des types sans tarder et sans aucune pitié. Je suis partagé entre deux sentiments, content de le voir là m’aider et inquiet de le voir frapper ses gars en me demandant pourquoi il est là aussi. Pourquoi il est revenu sur ses pas ? Ce n’est pas son genre, je ne pense pas avoir dit quelque chose qui puisse le faire réagir, mais je suppose que malgré tous mes mots a eu un impact pour qu’il me suive jusque-là. « Je pensais que si pourtant. » Répondis-je au tac-o-tac à ses paroles, qu’a t-il à ajouter ? J’hésite un nouveau coup alors que Momo enchaine les voyous. « J’avais compris ! » Ce n'était pas la peine de faire tout ce chemin pour me dire qu’il n’a pas besoin de moi, je ne suis pas idiot. Indispensable ? Le gars qui m’attaque arrive à me frapper alors que j’étais concentré sur les paroles de Momiji, mais ce dernier s’occupe du type en question, terminant par leur mettre un raclé a chacun d’eux a une vitesse hallucinante. Le fixant en me tenant la poitrine. « Qui suis-je pour que tu es besoin de m’appeler ? » Renvoyant sa question en la tournant à ma façon. « De toute façon tu veux que je t’oublie et continue ma vie, tu ne veux pas que je traine dans tes pattes, à quoi bon savoir qui je suis ou ce que je peux dire ? » Il est vraiment frustrant. « Si tu arrêtais d’envoyer tout boulet quand ça te chante déjà, je ne vais pas attendre que tu te réveilles indéfiniment. » Grimaçant, ça me fait mal, les coups, mon cœur, tout me fait mal. Je n’ai pas eu de crise depuis un moment maintenant, mais faut croire que même avec un nouveau cœur je suis susceptible d’en avoir à trop en faire, j’aurais dû m’en douter.

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ C'est justement parce que je pense à mon expérience avec mon père que je ne peux tourner les talons et partir de mon côté. J'ai la sensation de ne pas en avoir terminé avec Kellian, que certaines pièces sont manquantes et que ça ne me permet pas de le rejeter comme ça. Le fait de m'interroger autant ne m'aide pas à trouver des solutions, alors je cours un peu partout, parfois perdu. J'ai toujours été un garçon paumé dans cette société de gens parfait, droit ou intelligent, comme une sorte de vilain petit canard parmi les cygnes. Pourtant aujourd'hui je ne veux pas me laisser partir dans mon coin et me rendre compte du nombre d'erreur que je fais à chaque faux pas. Certes, je ne vais pas l'annoncer ainsi au cardiaque, ni me l'avouer à moi-même aussi sincèrement, mais c'est parce qu'une petite voix dans ma tête songe ainsi que je reviens sur mes pas et que grâce à ça, je tombe sur ces cons et Kellian. Quand je les vois s'en prendre méchamment à l'autre garçon à terre, je réalise ô combien ça m'énerve qu'une autre personne ose lui faire du mal. Jusqu'à présent, je n'ai jamais été très possessif avec lui, et d'ailleurs je ne comprends pas pourquoi d'un coup je le suis, mais il est sûr que je ne compte pas l'abandonner à nouveau. Brisant le nez de l'un, je m'adresse à Kellian comme si de rien n'était, répondant à sa seule question. Comme quoi il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Personne ne peut savoir à l'avance si une conversation est réellement terminée ou pas. Je pensais aussi en avoir fini avec lui, mais on dirait que non. Mais si moi je n'ai pas besoin de lui, on dirait bien que c'est lui qui a besoin de moi. Les gars qui s'amusaient à le tourmenter se retrouvent bientôt tous à terre, râlant et jurant. Kellian ne manque pas de toupet, c'est parfois hallucinant de voir comment il me tient tête sans baisser les yeux. Je ne suis pas un dieu, ni rien de ce genre qui mérite offrande ou respect, mais je sais que beaucoup ne croisait pas mon regard par peur. Kellian n'a pas peur de moi, il n'a jamais eu peur de moi. Me réveiller ? Parce que je dors ? Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir. « Qui dit que je ne me suis pas simplement servi de toi ? » Comment peut-il savoir que j'étais sincère ? Ou que je me moquais de lui ? à voir sa grimace, je comprends qu'il a mal et cela me fout davantage les boules. « On dirait que tu as eu autant besoin de moi, que moi de toi. » Dis-je en lançant un coup d'oeil à l'endroit où il se tient. En colère, je fais voyager mes yeux sur les types et m'approche de celui qui se relève, le plaquant contre le mur de la ruelle. « Vous croyez vraiment être puissant en menaçant les gens plus faible que vous ? » Ils devraient savoir qu'ils ne sont pas toujours seul. Levant le poing, je le ramène sur le visage du mec, déversant ma haine sur lui. Je m'en fiche si ça fait mal, s'il me supplie de l'épargner, s'il commence à saigner, si ses potes prennent peur. J'ai juste besoin de frapper jusqu'à ne plus sentir mes poings.

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ On a tous nos doutes, nos craintes, on fait tous des erreurs, on a peur, chaque lendemain est inconnu, chaque nouveau sentiment est effrayant ou troublant, on avance remplis de questions, parfois on peut y répondre et d’autres fois ça reste un mystère, mais fuir n’a jamais été la solution. Quand je vois Momiji me jeter, m’éviter sans raison apparente bien sûr que ça m’énerve, moi qui suis pacifiste à l’extrême j’arrive à me sentir en colère à cause de lui, de ce petit jeu auquel il joue avec moi, m’appelant, me rejetant, faisant appel à moi quand il le désire, c’est blessant et je finis par abandonner tout simplement. Pourtant il est là, frappant sur ces types qui m’ont attaqué sans aucune pitié, les étalant un à un alors que je l’observe ou me défends des attaques qui sont encore dirigées vers moi. Malgré cette agitation il me parle et je réponds, entretenant une conversation qui ne fait qu’exprimer combien il n’a pas besoin de moi, mais alors pourquoi il est encore là ? Pourquoi n’en termine-t-il pas comme il le souhaite ? Cela fait partie de ses questions dont je n’ai pas la réponse. Servi de moi ? « Je le sais ! » Ce n’était pas ça, il n’y avait pas de mensonge dans nos rencontres, il ne me fera pas douter là-dessus. « Sauf que moi je n’ai jamais dit que je n’avais pas besoin de toi. »  Je suis comme ça, que ça lui plaise ou non je l’affronterais toujours, je serais aussi franc que je l’ai été à notre rencontre. Mais les choses se compliquent quand la douleur devient plus intense et présente dans ma poitrine, glissant sur le sol pour que mes fesses rencontrent la froideur du béton, je me tiens au niveau du cœur, j’ai beau ne plus être habitué quotidiennement à ses crises, je sais comment les gérer, mais c’est épuisant et douloureux. De son côté Momo continue de frapper ceux qui se relève, mon regard légèrement flou à cause de la douleur le suit, entendant chaque coup rempli de rage qu’il laisse s’écraser sur ces types. « Je crois qu’ils ont eu leurs comptes... Tu peux arrêter... » Je ne lui reprocherais pas de s’être battu car c’est pour m’aider, mais je ne veux pas qu’il prenne plaisir à frapper, je ne veux pas qu’il redevienne comme ces types à frapper le plus faible, lui-même a fait une remarque à ce gars. « Tu pourrais y répondre non ? » Le regardant sans bouger, encore dans ma propre bataille, transpirant malgré le froid, je le fixe sans détourner les yeux. « Tu te sentais puissant en menaçant les gens plus faible ? » Je souris doucement, je veux simplement qu’il réalise qu’il a changé, en quelques mois Momiji a évolué, mais je ne sais pas s’il en a vraiment conscience.

“Listen to my voice, I call your name.”  

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TENUE ▬ Il y a des sentiments que j'ignore et qui pourrait me faire peur. J'ignore comment les gérer, ni si je serais capable de les accepter. L'amitié est une chose, j'ai su m'y faire avec Tora et Saru, mais c'est différent avec Kellian. Il ne fait pas parti de mon univers, pourtant je le retrouve souvent au détour d'un tournant. Là encore, j'avais choisi de partir ou de le laisser partir, et finalement, mes pas me guident aux siens. Ce n'est qu'un hasard, que je pense à éclaircir les choses, mais qu'au lieu de ça, je tombe sur cette bande. Ou alors c'est le destin et je serais toujours attiré par la moindre chose concernant Kellian. J'en sais rien, mais il a de la chance que je me prenne un tant soit peu la tête pour rebrousser chemin et l'aider par la même occasion. étalant ces gars les uns après les autres, sans trop de difficulté. Aucun n'a réussi à m'atteindre, sûrement à cause de l'effet de surprise et la désorientation de ma présence. En tout cas, ils ne tardent pas à tomber comme des mouches. Qu'ils ne soient pas si dangereux à mes yeux me permet de répondre à Kellian ou de l'interroger, ne sachant même pas si ça met réellement les choses à plat ou au contraire, si ça empire notre situation. Une chose est sûre, c'est qu'à force de vouloir le repousser pour le rappeler ensuite, je risque de le perdre définitivement. Mon père m'a prouvé qu'une vie peut être courte et fragile à la fois, et qu'il est stupide de ne pas profiter des gens. « Tu n'as jamais clairement dit que tu avais besoin de moi. » C'est un dialogue de sourd, à savoir qui a raison ou qui a tord. Chacun se défend, chacun donne sa version des faits. Est-ce que j'accuse vraiment Kellian ? Ou est-ce que je cherche seulement à me justifier auprès de lui ? Même ça, je ne le sais pas. C'est frustrant, énervant, au point que je ne contrôle plus rien et me déchaîne sur l'un des pauvres types. Cela, plus l'état de Kellian qui ne semble pas aller bien. Il a quand même le coeur de mon père, si c'est un problème cardiaque, c'est forcément lié à mon vieux. Arrêter ? Mon poing reste en suspens quand il dit ça, mes yeux rivés sur la tête amochée de l'autre. Comme une sorte d'animal sauvage redevable qu'à un seul homme, je lâche l'autre comme si Kellian me l'avait demandé, soupirant légèrement. Répondre ? à ma question ? Je lâche un petit rire, me tournant vers lui. « Oui, je prenais plaisir à le faire. » Dis-je, en parlant au passé. Parce que même si j'ai ressenti ce plaisir à frapper l'autre, ce type n'était pas plus faible, ni plus fort que moi. Prenant mon portable dans ma poche, je compose le numéro des urgences. « Et j'aurai continué à le ressentir si tu n'étais pas là. » J'ai changé, et même si ça m'en coûte d'ouvrir les yeux, je l'ai réalisé. Au téléphone, j'indique seulement notre emplacement et le fait que Kellian fasse une sorte de malaise, puis je raccroche. « Même si tu me saoule, je ne peux pas te laisser comme ça. » En disant cela, je me suis rapproché de lui, m'accroupissant en face à face. Lui comme moi, on devra s'y faire à ce lien qui nous lie l'un à l'autre.

“Listen to my voice, I call your name.”  

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TENUE ▬ C’est en effet un langage de sourd, mais en même temps il n’a pas tort, je n’ai jamais dit clairement les choses, pourtant j’ai déjà dit que je voulais être son ami, je ne me cache pas derrière mes sentiments ou de fausses idées, juste que je suis comme lui au fond. J’ignore ce qui nous pousse l’un vers l’autre sans arrêt, mais j’aime passer du temps avec lui, lorsqu’il m’ouvre une porte et me permet de rester à ses côtés, pourtant je réalise que si je n’avais jamais était heurté par le comportement des autres, dès qu’il s’agit de Momiji je peux réagir de façon surprenant et inhabituelle. Je déteste qu’il me rejette, toujours sans raison il m’évince comme si je n’étais rien, personne, pas important, comme si je ne ressentais rien et ça me blesse forcément. Il n’a peut-être pas besoin de moi, mais je pense que j’ai « besoin » de lui, d’une certaine façon je n’ai pas envie de couper les ponts comme il me demande. Je ne veux pas juste l’ignorer, le voir s’amuser avec ses amis ou succomber à la folie de rechuter dans ces histoires sans que je ne puisse rien faire. Suis-je trop gourmand ? Je l’ignore. Je garde en suspens ses mots, de toute façon je ne me sens pas bien, j’ai mal et même si je reste « fort » ou bien conscient, la douleur me met à terre. Momiji termine le travail pendant ce temps, beaucoup plus hargneux subitement et je suis forcé de l’arrêter, bien que je ne pensais pas qu’il m’écouterait, ça ne me fait plaisir qu’il se stop à mes paroles. Gardant légèrement le sourire en surmontant le mal qui me ronge. Je le « taquine » en parlant de sa mauvaise habitude, j’espère qu’il remarque qu’il a changé, j’espère juste qu’en prendre conscience ne lui fera pas peur et fuir de nouveau. Je savais qu’il aimait ça, mais apparemment il emploie le passé, peut-être est-ce une façon de dire que ce n’est plus le cas. Il sort son portable, mais ce sont ses paroles qui me laissent pendu à ses lèvres. J’attends qu’il termine l’appel en grimaçant à nouveau sous une pointe un peu plus forte, demandant finalement. « Qu’est-ce que ça change que je sois là ? » J’ignore avoir un « pouvoir » sur lui. Lorsqu’il est proche de moi je le regarde simplement avant d’attraper mon portable et de composer le numéro de Momiji, attendant que son téléphone sonne, affiche l’appel ou peu importe. « Je suis désolé d’être saoulant... Mais ne m’ignore pas. » On pourrait presque entendre une supplication dans mes mots, je me fiche qu’il soit cruel, qu’il m’envoie boulet parfois, qu’il me parle mal ou me trouve chiant, agaçant, saoulant, mais être ignoré c’est vraiment douloureux. Ma poitrine me fait vraiment mal, respirer devient difficile, je n’ai aucun médicament sur moi... Je n’ai pas géré cette fois, mais n’ayant plus fait de crises je pensais comme un idiot que je n’en avais pas besoin, sauf qu’il faut croire que si. Je ne suis pas à l’abri malgré la greffe, les médecins m’avaient pourtant prévenu. Soufflant, inspirant comme je peux pour tenter de garder le rythme, ça va aller, j’ai connu pire, ça va aller. Toujours positivé, ça aide dans les moments difficiles.

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ Quand je dis que je n'ai pas besoin de lui, ça peut paraître hypocrite puisque je l'ai déjà appelé quand je ne me sentais pas bien. Dire que je n'ai pas besoin de lui est un mensonge, parce qu'il y aura toujours des jours où j'irai mal et où il sera le seul à pouvoir m'aider. Je ne sais pas à quel jeu je joue en disant n'avoir besoin de personne, parce que c'est clairement faux. Que ce soit mes amis ou lui, je ne peux pas indéfiniment me renfermer sur moi-même en disant que la douleur passera. Le meilleur moyen pour moi de ne pas ressentir cette boule appuyer mon coeur, c'est de taper. Ces types tombent bien, dans tout les sens du terme. Fallait pas qu'il cherche à tourmenter Kellian, ni à le mettre à terre. Sans le réaliser de suite, j'agis avec férocité seulement parce que ça le concerne, sinon je ne serais pas venu m'interposer et tabasser ces loques. Au bout d'un moment, la voix de l'autre garçon m'interpelle et c'est le poing levé que je m'arrête, étant prêt à l'abattre à nouveau. Je ne sais pas pourquoi je me suis arrêté, ni pourquoi j'ai relâché l'autre alors qu'il lui manquait quelques coups. Soufflant, je me suis reculé d'un pas, marquant la fin du combat. C'est absurde, j'aurai pu ne pas écouter Kellian et ne pas m'arrêter non plus. Celui-ci me fait remarquer que mes paroles valent autant pour ces gars que pour moi, et pour une fois, je ne dément pas. J'accepte le fait d'être comme eux, ou de l'avoir été y a encore quelques mois. à quoi bon vouloir se voiler la face ? J'ai aidé Kellian à plusieurs reprises, qu'importe la façon et à nouveau, je suis venu à son secours. Certes, il me fout au pied du mur avec ses phrases, mais je ne partirai pas une nouvelle fois, sans affronter la réalité. à ce prix-là, je peux très bien me dire que mon père n'est pas mort, que je n'ai jamais cessé d'être un connard, que ma mère ne dissimule pas son mal en sortant. Avant, j'aimais faire du mal aux faibles, mais c'était avant de le rencontrer. Kellian est comme l'eau qui s'immisce dans la roche, il profite de la moindre faille pour erroser la pierre et la faire craquer. Appelant les urgences, je me suis bien calmé en quelques secondes seulement. « Qu'est-ce que ça change que JE sois là ? » Répétais-je pour lui, comme il l'a fait tout à l'heure. Nous sommes au même point, dans le même panier. L'un comme l'autre, qu'est-ce que ça fait qu'on soit là ? J'hausse les épaules, tandis qu'il récupère son portable et tente de faire sonner le mien. Instinctivement, je le reprend et débloque son numéro, voyant l'appel entrant. Je lui montre, glissant mon pouce sur le vert pour répondre. « Hm. » Fis-je, plus positivement que négativement. Kellian galère de son côté, peinant à respirer. J'ignore son degré de douleur, je peux seulement le voir souffrir à son visage. Ayant raccroché et rangé mon téléphone, j'attrape l'une des mains du brun et la dépose sur mon torse, là où se trouve mon coeur. « Cale-toi là-dessus. » Je n'ai pas d'autre moyen de l'aider, de toute façon. C'est ça, où il se tortille jusqu'à l'arrivée des urgences. « Ils arrivent, d'ici quelques minutes. » Faut juste qu'il tienne jusque là, en commençant par calmer son souffle.

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ Il y a quelques mois de ça j’aurais surement tout fait pour garder Momiji loin de moi, du moins si on se rapprocher comme aujourd’hui je pense que j’aurais eu « peur » qu’il souffre lorsque j’aurais disparu. Je sais que Momo n’est pas doué pour exprimer les choses, j’ai cerné ce côté chez lui, il préfère fuir plutôt que faire face, il souffre en ignorant comment arrêter la douleur. Lorsqu’il m’a appelé ce soir-là il avait besoin d’aide. Il ne savait pas quoi faire tout simplement, parce qu’il avait mal et avoir pu être là pour lui à tout changé. Il a décidé par lui-même de me montrer ses faiblesses, même si ça paraît idiot il m’a appelé moi et dès cet instant je pense que notre relation avait déjà pris un tournant. J’ai des amis, une famille, avec mon caractère il m’est facile d’être entouré, mais j’affectionne davantage les moments qu’on passe ensemble. Aucun ne se ressemble, j’ignore à chaque fois ce qui va se passer, comment il va être, ce qu’il va dire. Je prends même plaisir à le voir s’énerver pour le calmer, lui répondre, l’affronter. Simplement parce que je sais qu’il ne me veut pas de mal, quoiqu’il dise ce n’est plus le stade où il pouvait me frapper ou renverser ma chaise roulante. Par contre, il m’a ignoré de nouveau et je n’ai pas pu le supporter d’une certaine manière, maintenant il se bat « pour » moi. Il aurait pu m’ignorer, mais il ne le fait pas, frapper ces types jusqu’au dernier. Quand je l’arrête il le fait, malgré la douleur de ma poitrine je me sens serein devant mon ami. Qu’il est besoin de moi ou non je m’en fiche, parce que du moment où je ne veux pas le perdre définitivement c’est que j’ai besoin de lui non ? J’ignore ce que ma présence peut changer, il me retourne la question et je fais une légère moue. On tourne en rond dans nos interrogations. Mon portable en main je compose son numéro et attend, lui sommant simplement d’arrêter de m’ignorer, je ne suis pas que sourire et joie, certaines choses m’atteignent et faut croire que son comportement fait partie de la liste. Il répond et je souris, heureux malgré tout qu’il accepte. Même si je souffre je veux lui montrer que je peux surmonter tout ça, je ne veux pas être faible, même avant ma greffe je me cache pour mes crises parce que je ne supporte pas de faire pitié aux gens d’une certaine façon. Momiji m’a déjà vu dans des crises par le passé et même celle qui m’a plongé dans le coma avant ce qui aurait dû être ma fin, alors j’arrive à positiver malgré mon état. On ne peut pas décrire la douleur, c’est comme si on allait soudainement mourir, le corps brulant et transpirant, je le supporte simplement. La main sur le cœur, je tente de régulariser ma respiration jusqu’à l’arrivée des secours, mais c’est plus dur à faire qu’on ne le pense. Laissant Momo prendre ma main, je la suis jusqu’à son corps où il la pose. Le regardant, je ferme finalement les yeux pour essayer de sentir son organe battre et tenter de prendre son rythme. C’est fatigant, épuisant même, mais je n’ai jamais baissé les bras. « T’essai de me rassurer ? » Je souris en gardant les paupières closes. Je ne me moque pas, au contraire, heureusement qu’il est là. Vraiment. « Merci. » Dis-je simplement en calmant ma respiration au maximum. Le temps de gérer et on commence à voir les lumières de l’ambulance qui arrive. « Viens avec moi. » S’ils m’emmènent à l’hôpital je fais une demande égoïste, mais j’ai peur qu’il change d’avis si je le quitte maintenant.

“Listen to my voice, I call your name.”  

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TENUE ▬ On ne peut pas prévoir les choses à l'avance, ni savoir de quoi sera fait demain. Quelques semaines plus tôt, jamais je n'aurai cru demander de l'aide à Kellian pour ne pas craquer, tout comme je n'aurai pas pensé à le fuir avant de vraiment le faire. J'agis sur des coups de tête, sans réfléchir et c'est seulement une fois que j'ai commis l'erreur, qu'il faut que je la rattrape. Là encore, je ne comptais pas arranger les choses, ni m'excuser, mais la situation a fait que je suis venu à son secours et qu'au final, nos tensions s'apaisent en même temps. Kellian a besoin d'être défendu et moi, j'ai besoin de me défouler. C'est donnant-donnant. Sauf qu'au moment où j'allais donner le coup final, il m'arrête et je m'exécute. C'est la première fois depuis qu'on se connait que j'obéis à ses paroles. Normalement, j'aurai fait la sourde oreille pour continuer dans mon élan, mais pas cette fois. C'est idiot de se battre pour savoir qui a besoin de qui. Au final, nous aurons souvent besoin l'un de l'autre, parfois en même temps. Le combat est terminé, la moitié des gars se sont carapatés comme des voleurs, l'autre moitié étant hors-service. à sa question, je ne peux m'empêcher de lui retourner et surtout de tourner en rond. ça ne vaut pas la peine de se chamailler pour si peu, pas quand il est mal en point. Débloquant son numéro de portable, je réponds à son appel pour lui montrer que je ne compte pas l'ignorer à nouveau. Pas besoin de mot, ni d'ouvrir la bouche, les geste suffisent pour se faire comprendre. Kellian devrait savoir que je n'ai pas pitié de lui, que je ne me moque plus non plus de son état depuis son opération. Avant qu'il ne tombe dans le coma, je souhaitais simplement qu'il meurt, désormais je voudrais que ce soit le contraire. Il peut bien faire une crise, pleurer ou hurler, il n'a pas besoin de se cacher. L'ambulance est sur la route et durant les quelques minutes qui séparent le véhicule de nous, je prends la main du malade pour la déposer contre ma poitrine et lui ordonner de s'aider avec ça. « J'essaie de te maintenir en vie. » Nuance. Je ne le rassure pas, mais je ne veux pas le paniquer non plus. à son merci, je me contente de soupirer légèrement. J'ignore si c'est une bonne chose qu'on en vienne à se remercier ou à s'entre-aider, mais je ne peux plus faire marche arrière et dans le fond, je n'ai peut-être pas envie de le faire. Venir avec lui ? Les urgences sont déjà là, réveillant le silence qui s'était installé entre nous. Sans répondre à sa question, je retire sa main de mon torse seulement quand l'un des gars vient aider Kellian. Et c'est aussi sans répondre que je les suis vers l'ambulance, promettant à ces types que j'expliquerais plus tard la scène... Parce qu'il y a quand même deux gars inconscient dans la ruelle. Deux gars qu'ils devront gérer, mais pas avec nous, sinon je boycotte le véhicule.

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TENUE ▬ Parfois il n’y a pas de question à se poser, les choses se déroulent comme elles le doivent et il faut vivre avec. J’ai une chance énorme d’être encore vivant et maintenant que ma vie n’est plus en sursit je veux simplement profiter et être avec les personnes que j’ai envie. Momiji est mon ami, peu importe ce qu’il pense, ce qu’il dit, comment il me voit ou à quel point il me déteste, je ne veux pas couper les ponts. Quand je l’appelle pour qu’il réponde et arrête de m’ignorer et qu’il le fait je me sens simplement soulagé. Tellement plus qu’il ne peut l’imaginer, même si je montre sans cesse cette sérénité et cette légèreté dans mon comportement, c’est encore plus dur à supporter lorsque je suis blessé. Mais cette histoire aura au moins eu le don de supprimer les tensions inutiles et de supprimer ses doutes, en tout cas je l’espère. Calant ma respiration sur la sienne, ma main sur son cœur je peux entendre les battements réguliers contrairement aux miens qui n’en font qu’à leur tête m’épuisant complètement sous les piques de douleurs qui semblent tenaces. Me maintenir en vie ? Si je pouvais je me mettrais à rire, non pas parce que c’est ridicule, mais parce qu’il n'y a pas longtemps il clamé vouloir que je meure sans cesse, l’entendre exprimer le contraire de cette façon c’est vraiment plaisant. Je me sens redevable envers lui, enfin dans le sens où j’ai envie de le remercier, s’il n’avait pas fait marche arrière ses gars ne m’aurait surement pas lâcher et ils se seraient foutu que je crève devant eut avec ma crise, ça aurait considérablement mis en danger ma vie dans une agitation plus violente, alors oui, je pense qu’il mérite mais ce simple mot que je prononce. Les urgences arrivent et je lui demande de venir avec moi, il ne répond pas, mais il ne part pas. Les secouristes viennent voir mon état et me guider jusqu’à l’ambulance, Momiji grimpe aussi et un léger sourire prends forme pendant qu’on s’occupe de moi, faisant les examens possibles dans ce véhicule jusqu’à l’hôpital. Je ne vais surement pas m’éternisé, mais connaissant mon docteur il va vouloir vérifier que tout est ok. Et m’engueuler aussi pour ne pas avoir pris mes médicaments avec moi, ce qui aurait eu un effet moins conséquent sur ma crise actuelle. En tout cas cette situation aura permis de nous rapprocher de nouveau, j’aimerais juste que ça dure cette fois.

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TENUE ▬ Ces gars l'auraient clairement tués, sans l'ombre d'un doute. Si je n'avais pas eu l'état d'esprit de me prendre la tête, Kellian aurait fait une crise trop importante pour être soigné. Ce n'est pas vraiment moi qu'il devrait remercier, mais plutôt ce coup de chance, ce pur hasard d'être sur son chemin au bon moment. Pour une fois, ce n'est pas sa mort que je veux, mais plutôt qu'il reste en vie. Inconsciemment, c'est mon père qu'il maintient dans ce monde en respirant, et même si ça peut paraître égoïste, je ne veux pas que la dernière trace de lui disparaisse comme ça. J'ai été stupide de vouloir repousser Kellian en réfléchissant ainsi, parce que s'il est vivant mais trop loin de moi, c'est comme si il était mort. Mon rythme cardiaque semble apaiser doucement le sien, mais ce n'est pas cela qui va l'aider, ni lui sauver la vie. Les professionnels ne vont pas tarder à débarquer et là, tout ira mieux. Il me remercie, mais je ne vois pas pourquoi. Certes je lui ai sauvé la vie en me débarrassant de ces gars, mais il n'en serait pas là si nous nous étions pas disputés plus tôt. Finalement l'ambulance arrive et même si je ne réponds pas à la demande de Kellian, je ne m'éloigne pas de lui et le suis jusqu'au véhicule. Là, les urgentistes s'occupent du garçon en vérifiant bien son état, dans la mesure du possible, tandis que je reste assis dans un coin. Je ne sais pas trop ce que je fous-là, ni si c'est une bonne idée.

Le trajet jusqu'à l'hôpital fut assez rapide, autant que l'arrivée de l'ambulance. Celle-ci s'est à peine garé à côté de l'énorme bâtiment pour faire descendre le brancard où se trouve Kellian et l'emmener à l'intérieur. En cours de route, j'ai dû m'arrêter et regarder le jeune malade et les urgentistes partirent avec lui, en silence. Mon rôle s'arrêtait là pour le moment, que je le veuille ou non, je ne pouvais pas l'accompagner de l'autre côté de ses portes. Un nouveau soupir franchit la barrière de mes lèvres et je vais m'asseoir sur l'un des bancs, patientant durant je ne sais combien de temps. Pendant qu'ils s'occupent de Kellian, j'en profite pour reparler avec Tora et m'excuser de mon comportement de ces derniers jours. En même temps, je lui explique ce qu'il se passe et que je ne peux pas choisir entre lui ou l'autre. Cet idiot l'accepte, m'avouant qu'il voulait seulement me tester... J'ai dû lui répondre un truc du genre « va te faire » avant qu'une infirmière vienne me prévenir pour le patient. Quittant le banc, j'ai traîné des pieds jusqu'à sa chambre où j'ouvre la porte, tombant sur un Kellian réveillé. Je m'attendais à le voir pioncer, sûrement trop fatigué entre la bagarre et les examens, mais non. Ce type est tenace, faut bien l'avouer. « Toujours vivant à ce que j'vois. » Dis-je, plus pour parler qu'autre chose. Il n'a pas l'air si mal en point, apparemment. Je suppose que le coeur de mon père ne l'a pas encore achevé, ni abandonné.

“Listen to my voice, I call your name.”  

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TENUE ▬ La présence de Momiji m’a aidé, si par le passé il aurait surement aggravé la situation ou été même la cause d’une de mes crises, les choses ont changé aujourd’hui, pourquoi ? Comment ? Quand ? On s’en fout de le savoir, à quoi bon chercher des réponses sur cette évolution, je préfère de loin profiter de ces moments, par le passé tout ce que je vivais m’était privilégié, chaque instant pouvait être le dernier et je croquais la vie à fond, c’est encore ce que je fais aujourd’hui. Vivre ne m’empêche pas de voir les choses de cette façon, je veux juste pleinement faire ce que j’ai envie sans me demander de quoi demain sera fait.

L’ambulance arrive et j’ai demandé à Momo de rester, je me raccroche à cette réalité où il est à mes côtés et il vient avec moi, ça me soulage et je m’abandonne complètement au soin des professionnels jusqu’à l’hôpital. Une fois sur place je voulais dire une chose à Momo, mais on m’emmène trop vite vers les salles de test et de soin. J’ignore combien de temps j’y suis resté, mon docteur est venu pour vérifier mon état, scanner, radio, j’ai eu mes médicaments calmant les battements irréguliers de « mon » cœur. Leurs produits m’ont légèrement assommé, mais on m’a finalement conduit en chambre où une perfusion m’est branchée pour régulariser ce qui doit l’être et me remonter. Me retrouvant seul un instant, je ferme les yeux sans pour autant dormir malgré le degré d'épuisement, les ouvrants en grand en entendant la porte de la chambre s’ouvrir. Mon sourire s’élargit en voyant Momiji, me redressant sur le lit. « Ce n’est pas ce que tu voulais ? » Je le taquine en gardant mon esquisse. « Ce serait triste que je t’abandonne comme ça ! » Ajoutais-je avec un ton détendu. « Tu as mis quelque chose sur tes mains ? » Je voulais lui dire de les faire « soigner » il n’a surement pas remarqué, mais à frapper, se déchainer sur ces types, il a les phalanges marquées ou blessées. Chopant les lingettes sur le meuble à côté du lit, je tapote le matelas pour qu’il s’assoit, je suis branché à la machine donc je ne peux pas me lever. Prenant une de ses mains pour commencer, j’essuie le sang en silence, voyant mieux l’état de ses poings une fois propre.

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ Normalement, je l'aurai abandonné aux soigneurs pour partir de mon côté. Mais normalement, je n'aurai même pas cherché à appeler qui que ce soit pour l'aider. C'est plusieurs choses que je change en restant avec lui après avoir rameuter une ambulance et des secouristes. Kellian ne pourrait pas me reprocher que je l'ignore ou quoi, parce que je suis même monté à l'intérieur du véhicule pour le suivre jusqu'à l'hôpital alors que j'aurai très certainement autre chose à faire, mais faut croire que non. Deux fois que je lui sauve la mise en même pas une demi-heure. Ensuite, ça s'enchaîne à une vitesse qui ralentit seulement quand je me retrouve seul dans le couloir d'attente, à envoyer des messages à mes amis. J'ai eu l'occasion de discuter avec Tora, un peu avec Saru aussi. En une journée, je remets les pendules à l'heure avec tout le monde, c'est cool. C'est une infirmière qui vient me chercher sur mon banc, me guidant jusqu'à la chambre du malade. Elle me dit simplement de faire attention, de ne pas trop l'agiter ou de ne pas gueuler. Ils m'ont déjà vu plusieurs fois ici, autant que les gars du commissariat, à force ils savent qui je suis. La porte de la chambre ouverte, je m'infiltre à l'intérieur, non sans un petit commentaire. Kellian est réveillé, prêt à me répondre. à sa question, je me contente d'un hochement de tête. Oui, c'est ce que je voulais à la base. « Tu crois toujours être essentiel à ma vie. » Fis-je, sans méchanceté, mais avec un léger sourire en coin. Mes mains ? Ah. Mes yeux se posent dessus durant quelques secondes, avant que l'information remonte à mon cerveau et que je soupire, affligé. Kellian me fait signe de m'asseoir à côté de lui et je m’exécute, toujours en silence. Il prend ma main et la nettoie avec une lingette. Ce n'est pas si terrible, autant pour la douleur que pour la vue. « J'oubliais que tu étais un médecin en herbe. » à mes yeux, c'est lui l'éternel patient. ça me paraît étrange de l'imaginer comme un docteur ou un chirurgien, le genre d'homme qui sauvera des vies plus tard. Comparé à lui, mon existence ne sauvera jamais celle des autres, surtout pas dans mon cursus. Pourtant, quand je réfléchis sérieusement à mon avenir, je me dis que j'aurai dû écouter mon père et suivre ses traces, dans la police. « Y en au moins un qui réussira sa vie. »

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ Voir entré Momiji dans la chambre me donne le sourire, je n'y peux rien je ne suis comme ça. Il a attendu malgré tout et puis après avoir été ignoré il faut bien avouer qu’avoir arrangé les choses m’apaise totalement. Je me fiche qu’il ait fallu que je prenne des coups pour ça ou fasse une crise, l’important au final c’est le résultat et nous sommes tous les deux dans la même pièce sans que je voie dans son regard cette envie de fuir. Essentiel à sa vie ? « Est-ce que j’ai déjà dit une chose pareil ? » Le questionnais-je en le regardant droit dans les yeux, avant de dévier sur ses mains, tapotant le lit pour qu’il s’approche et s’installe là où je peux l’atteindre. Prenant de quoi essuyer le sang, j’attrape une de ses mains pour la nettoyer. « Ne l’oublie pas, je pourrais te sauver la vie un jour ! » Plaisantais-je avec un rire amusé sur le visage alors que mon regard est toujours posé sur ses phalanges. J’ai toujours voulu être docteur, après avoir passé ma vie entourée par eux, j’ai longuement étudié pour ça, même si mes chances de le devenir réellement étaient faibles à cause de ma santé, aujourd’hui je suis libre de le rêver, de l’espérer, de réussir à le devenir. Je peux atteindre mes objectifs et ne plus m’arrête qu’à des souhaits sur un morceau de papier. À ses nouvelles paroles je lève le regard pour le poser dans le sien et attend quelques secondes en le fixant simplement sans rien dire. Puis posant sa main je prends la deuxième pour la nettoyer aussi en répondant finalement sur un ton plus sérieux. « Rien ne t’empêcher de réussir aussi. » Il est jeune, il peut se donner les moyens de réaliser quelque chose et d’être fier de lui. « Tu as déjà commencé à changer... Je suis certain que ce n’est pas terminé. » Pour y arriver faut d’abord qu’il y croit, mais en attendant je vais y croire pour lui. « Je devrais pouvoir sortir à la fin de la perfusion. » L’informais-je, normalement j’en ai fini avec les examens et on m’a redonné des médicaments pour que je les garde sur moi aussi. « C’est bientôt Noël, tu vas faire quoi ? » Ce n’est pas une question pour savoir s’il va faire la fête, mais plutôt dans le sens où, je sais que ce sera le premier Noël sans son père et j’aimerais juste qu’il ait conscience que s’il ne veut pas être seul je suis là, sauf s'il le passe avec ses amis, je comprendrais aussi, je ne compte pas me battre avec Tora et son frère.

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TENUE ▬ Il n'a peut-être jamais dit une chose pareille, mais j'ai souvent eu l'impression que c'était le cas, inconsciemment. Un haussement d'épaule hasardeux et je prends la parole. « Tu donnes l'impression en tout cas. » Répondis-je en lui rendant son regard, en face à face. Kellian s'inquiète ensuite de mes mains, que je n'avais même pas remarqué, me faisant signe de m'approcher et de m'asseoir sur le lit. Résigné depuis un petit moment déjà, je l'écoute et viens poser mes fesses au bord du lit, de travers pour qu'il puisse examiner mes doigts abîmés par les coups. J'en oublie qu'il est étudiant en médecine, faut dire que je l'ai plus souvent vu ici à l'hôpital dans un lit à moitié mort, que dans le rôle d'un médecin. Sauf cette fois, où je me suis fait piéger, tabasser et qu'il m'a aidé. « C'est rassurant. » Fis-je, un légère esquisse au coin des lèvres. S'il me fait une crise durant mon sauvetage de vie, je ne suis pas sortie de l'auberge. Pourtant, je commence à croire que de nous deux, c'est lui qui réussi mieux sa vie. Jusqu'à présent, je n'ai jamais envisagé un avenir, ni un futur. Je me suis contenté de vivre au présent, au jour le jour, de faire comme si demain n'existait pas, mais à force de côtoyer Kellian, mon champ de vision s'élargit et je me dis qu'il serait temps que moi aussi, je relève la tête et regarde au-delà de mes pieds. Vivre dans le passé est inutile, même si en ce moment c'est difficile de ne pas y replonger. Là encore, Kellian me tire vers la surface, et bien plus loin que je ne peux l'imaginer. Passant d'une main à l'autre, je ne m'attendais pas à ce qu'il reprenne la parole. J'ai changé ? à quel point ai-je changé ? Fixant nos mains, je me mets doucement à réfléchir, à chercher ce point de départ, en silence. Pour l'instant, je n'ai pas de réponse à mes interrogations, alors je les laisse de côté. Relevant encore les yeux vers lui, je les soulève jusqu'à la poche se vidant goutte à goutte. C'est avec ce liquide transparent et ressemblant à de l'eau qu'ils le soignent ? J'ai eu droit à ça aussi, quand ils m'ont cassés les côtes et que je souffrais trop. Noël ? « J'avais oublié. » Que c'était bientôt Noël. Les fêtes me passent un peu par dessus la tête ces derniers temps, j'en oubliais même qu'on était bientôt en 2017. « Rien du tout, je suppose. » Que pourrais-je faire, de toute façon ? Traîner en boîte avec mes potes à picoler et fumer ? Tenter de rester avec ma mère en sachant qu'elle sortirait de son côté ? Rester chez moi à ne rien faire ? J'en sais rien, je n'ai rien prévu. « Tu comptes faire quoi, toi ? » Je ne sais pas non plus pourquoi je lui demande son programme, ce n'est pas comme si nous allions fêter Noël ou le jour de l'an ensemble. Quoi que, sans vraiment le prendre au sérieux, ça se pourrait. « J'ai envie de changer d'horizon. » Soufflais-je pour moi-même, tel un souhait. Tokyo me saoul, j'ai besoin de voir autre chose que des building haut comme des montagnes et des gens pareils à des zombies. « J'irai bien à Sapporo. » Voir le festival de la neige et ses sculptures de glace.

“Listen to my voice, I call your name.”  

Feat Keji

TENUE ▬ Je n’ai jamais eu cette prétention de croire être indispensable ou essentiel dans la vie de Momiji, bien sûr je ne serais pas mécontent si c’était le cas, seulement je n’ai jamais été du genre à imposer de force des sentiments à une personne, si je suis un jour « important » pour lui, ce sera sa décision, pas la mienne. Je ne crois donc rien, j’espère seulement ne pas être « rien » et je pense que ce n’est pas le cas aux vues des évènements, mais c’est aussi vrai dans son cas, j’apprécie Momo et contrairement à lui je serais capable de dire que j’ai besoin de lui simplement parce que j’aime les moments qu’on passe ensemble et que derrière son caractère et son comportement je suis le mieux placé pour savoir qu’il est dans une rude et difficile période et je veux être présent, Je veux le soutenir et peut-être qu’il aura encore besoin de moi. Pour l’instant je m’occupe surtout de ses mains blessées, il a frappé sans s’arrêter sur ses types, cette fois c’était pour une « bonne » raison, alors je pense sincèrement qu’il peut être fier dans un sens, sans lui je ne serais pas là. Nettoyant ses phalanges, il réalise que je suis futur médecin, c’est vrai que je n’ai pas vraiment donné cette impression avec ma maladie, toujours a être à la place du patient. Rassurant ? Je souris en le regardant une seconde, reposant bien vite mes yeux sur mon occupation. Je ne pense pas que Momo soit un cas désespéré, il peut réussir s’il s’en donne les moyens, il a commencé à changer et je suis certain qu’il peut y arriver complètement pour se donner un but. Mais sur ça il devra réfléchir par lui-même, je ne peux que l’encourager à y croire. Lançant le sujet de Noël par curiosité, je ne suis pas étonné par ses paroles, comment aurait-il pu penser à ça en ayant la tête ailleurs, seulement les décorations dans les quartiers, à l’école, l’ambiance m’aurait fait penser qu’il y aurait réfléchi aussi. Moi ? « Rien non plus. » Je suis certain que mon petit frère sera avec son copain et mes parents sont en Corée, je n’ai pas envie de rentrer cette année. « Pourquoi on n'irait pas ? » Je balance l’idée en ayant terminé de m’occuper de ses doigts, le fixant dans les yeux. « Sauf si tu préfères y aller seul ? »