La fin de l’année approchait à grand pas. Je savais que maman s’inquiétait beaucoup pour mon avenir, même si elle ne m’avait jamais dit grand chose jusqu’à maintenant. Quant à mon beau-père, lui ne mâchait pas ses mots et m’a clairement fait comprendre qu’il était tant que je me bouge. Peut-être parce que maintenant, j’avais décidé d’adopter son nom. Il ne fallait pas salir le nom des Hisagi. Je mettrais ma main a coupé que c’était pour cette raison qu’il a commencé à agir ainsi. Ca fait que deux ans qu’ils étaient mariés, mais c’était bien la première fois qu’il commençait à me prendre la tête. Moi qu’il pensait qu’il savait capté que l’école et moi ça faisait deux. Dans ces moments-là, il n'y avait qu’une chose qui pouvait me permettre de me changer les idées, le dessin.

J’envoyais rapidement un message à mon habituelle partenaire de crime Yuzu pour pouvoir m’aider à repeindre les murs de la ville. J'attrapais mon sac, que je commençais à remplir de mes bombes de peinture, protections et j’en passe. Je pris aussi mon petit carnet qui ne quittait jamais. Il renfermait tous les lieux dans lesquels on n’avait pas encore laissé nos empreintes. M’apprêtant à franchir le seuil de la porte de la maison familiale, je fus stoppé net par ma génitrice, qui m'annonçait la venue de mon plus proche ami. Je ne me rappelais pas qu’on avait quelque chose de prévu Shinobu et moi, pensais-je doucement. Cependant, ma mère répondait rapidement à mes questions m’annonçant nonchalamment qu’il venait m’aider pour mes révisions. Quoi, j’étais si désespérant que ça ? Bon ok, il avait réussi à passer aisément dans le monde de l’université, mais quand même. Bon ça va, ce n’est pas comme si elle avait choisi un mec ou une nana au hasard, je sais qu’avec Shino, je saurais tuer rapidement le temps. Je retournais dans ma chambre, me laissant tomber dans le lit. Attrapant mon téléphone, j’envoyais un message à mon amie, annulant notre petite escapade. A peine que je posais mon téléphone que j’entendis le grincement de ma porte, un large sourire tirait mes lèvres à la vue de la petite tête blonde de mon ami

▬ Hey, Shino ! Ca me fait plaisir de te voir

Je bondissais de mon lit, agrippant le cou de mon ami sous le bras. C’est fou ce que ça me faisait du bien de le voir. Je le libérais de mon emprise avant de fermer la porte de ma chambre derrière lui

▬ Désolée que mes parents t’aient dérangé pour ça. Ils s’inquiètent un peu trop pour rien…

C’est vrai qu’il avait sûrement d’autre chose à faire qu’à jouer les maîtres d’école avec un mec qui n’est pas du tout passionné par les études.

▬ Bon, tu veux qu’on fasse un truc ? Je t’avoue que ça fait un moment que je n’ai pas acheté de nouveaux jeux vidéos...

Je m’approchais de l’étagère sur laquelle reposait ma longue collection… Maintenant qu’il est là, autant qu’on en profite

Les graviers crissent sous ses baskets usées, il marche la tête basse, le menton enfilé dans son sweat trop grand, dissimulant également ses lèvres sous la surface du tissu. L'air de la capitale Nippone s'était réchauffé, mais n'en demeurait pas moins mordant et Shinobu se détestait de n'avoir pas pensé à enfiler quelque chose de plus chaud, mais il n'en avait simplement pas eu l'occasion ; depuis qu'il avait vu les mots « Hisagi Home » sur son écran de portable, son esprit s'était asseché de toute pensée. Pourquoi ? Ichigo ne l'appelait jamais depuis son téléphone fixe, seuls ses parents faisaient cela, et lorsque les parents de son meilleur ami prenaient la peine de l'appeler, il n'y avait généralement rien d'amusant au programme. Ca n'avait d'ailleurs pas loupé et il avait dû tenir un total de 14 longues minutes au téléphone avec madame Hisagi qui s'inquiétait de l'avenir de son fils, de ses résultats scolaires et de la perspective de ne jamais pouvoir lui acheter un uniforme d'étudiant de fac, mais qu'est-ce qu'il pouvait dire ? Qu'il n'était pas sa mère ? C'était vrai en soi mais cela n'avait sans doute pas échappé à la matriarche. Qu'Ichigo n'était plus un enfant et qu'il pouvait prendre soin de lui ? Là aussi, c'était vrai, mais son meilleur ami avait toujours eu une tendance à la procrastination et à l'oisiveté qui échappait même à Shino. Qu'il se fichait bien de ses études ? Cette fois, c'était faux, Shinobu s'inquiétait aussi de temps à autre de savoir ce qu'allait devenir son ami, s'il allait enfin se décider à quitter cette école de malheur pour faire autre chose, s'il savait vraiment, de façon réaliste, ce qu'il voulait faire, et s'il avait la force de se battre pour y parvenir. Alors il avait simplement accepté et il se trouvait désormais devant la porte, accueilli par la mère, puis poussé gentiment à l'intérieur vers la chambre du grand brun.
A peine entre-t-il dans celle-ci que le jeune homme l'attrape dans une étreinte taquine et confortable, et Shinobu sent la tension de ses épaules fondre en un instant alors qu'il se débat pour échapper à l'étreinte. Il le regarde faire en souriant, mais finit par s'asseoir sur le lit, faisant la moue. « Pourtant, tu sais, ils ont peut être raison ? » Il rentre un peu la tête dans les épaules, il ne voulait pas être ce pote relou qui fait la morale et qui tient de longs discours sur l'avenir et le déroulement difficile de la vie. Ichigo n'avait jamais aimé l'ambiance scolaire, l'étude, le travail général qu'il fallait fournir au sein de ce cadre, mais il grandissait et les adultes survivaient rarement sans diplôme de base au Japon. « Je... Suis pas là pour te faire la morale, Ichi, mais tu sais tu devrais quand même t'y mettre un peu ? Rien qu'un peu ? Je peux même t'aider si tu veux... » Il se masse la nuque, incapable de savoir comment s'y prendre, bien plus habitué à être ce pote idiot qui fait des grimaces, retourne le rayons peluches dans les magasins de jouets ou fait des défenses de morse avec ses frites, être celui qui devait parler sérieusement lui semblait trop difficile. « Au moins pour toi... Pour plus tard... Moi, je ne peux pas t'aider... Tu sais ? » Et c'était malheureusement vrai, malgré son désir de lui venir en aide en lui proposant gîte ou couvert, il n'avait rien à lui, presque rien comme économies et espérait faire carrière dans la chanson, ce qui le forcerait sans doute à vivre dans un dortoir... Il n'était donc pas une alternative pour son meilleur ami s'il devait arriver quelque chose.

Les propos de Shino me prirent de court. Shino n’était mon moraliste habituel… A dire vrai, peu de mes amis me faisait la morale, donc je ne m’y attendais pas. Je n'étais pas super motivée à l’idée de plonger mon nez dans mes livres, ca m’ennuyait plus qu’autre chose de potasser encore et encore... Et puis, je ne m’attendais à ce qu’il donne raison à mes parents… Shino savaient très bien ce que je pensais de l’école, donc ca m’étonnait un peu qu’il me sorte ça d’un coup.

▬ Tu te mets à t’inquiéter pour moi aussi ?

Dis-je en me moquant. Il avait le droit d’avoir son avis. Je trouvais sa quiétude assez touchante. Ca ne faisait que prouver que je pouvais toujours compter sur lui, même dans les moments où je ne le sollicite pas. Voilà comment on reconnaissait ses véritables amis. Un sourire se dessinait sur mes lèvres alors que je venais m’asseoir à ses côtés.

▬ Ne te prends pas la tête.

Lui dis-je en ébouriffant sa tignasse blonde. Je ne voulais pas lui créer des soucis à lui aussi, il y avait déjà beaucoup de monde qui s’en faisait. Il devrait se consacrer à lui…

▬ J’ai toujours compris que l’école n’était pas fait pour moi. Et toi tu le sais mieux que quiconque.

Soupirais-je doucement alors que je m’allongeais sur mon lit. Il me voyait très bien comment j’étais au lycée. Du moins quand j’étais présent. Je passais plus mon temps a utiliser mon livre comme oreiller qu’a l’ouvrir au dam de nos profs. Ou alors à jouer aux cons dans les couloirs en faisant voir de toutes les couleurs au surveillant du bahut. Je me relevais pour finalement m’installer en tailleur sur le matelas, osant à peine regarder mon ami dans les yeux.

▬ Tu sais en vérité… Je ne sais pas ou je vais. Même si par miracle je termine enfin le lycée, qu’est-ce que je vais faire à la fac ?

Ca faisait des mois que je réfléchissais à ça. Mais j’en ai jamais parlé. À mes parents. À Yuzu. À Jiro. À Berry. À lui. Je n’avais pas une idée de perspective d’avenir. Je ne me voyais pas dans les classiques tels qu'avocat ou médecin. Rien que d’y penser, je ricanais. Moi en médecin, la bonne blague. Même être dans la pub comme maman, je ne pense pas que j’assurerais

▬ P’etre que je devrais arrêter. Au moins, ma mère cessera de mettre de l'argent dans un projet sans avenir

C’est souvent ce que je me dis. Au moins, je règle les affaires de tout le monde ; y compris les miennes.