Enfin le week-end tant attendu et espéré était une nouvelle fois arrivé. Pas de cours aujourd'hui, juste le silence, des petites boules de poils roulées contre lui et un thé fumant qui attendait sagement que son attention veuille bien se détourner de son livre. Une nouvelle page se tourne, Fen restant imperturbable dans sa lecture, seule sa main inoccupée allant et venant sur le ventre rebondi de l'un de ses furets endormis. Ce fut ce moment là où son téléphone se mit à vibrer et brisa cette bulle en dehors du temps qu'ils s'étaient créé. Son regard se porta sur l'écran déverrouillé qui affichait le contact Byakuya Raijû. Tatoueur de métier  et principalement sauveur de Bái  qui avait une fois de plus eu la grandiose idée de se carapater. Le démon blanc avait fait s'inquiéter des semaines durant le professeur qui le croyait bel et bien perdu ou pire encore, écrasé...

Mais là n'était pas le moment de rêvasser, son rendez-vous pour son remplissage n'était que dans quelques semaines. Un trou peut-être ? Ce serait bien sa chance. S'en suivit alors un amoncellement de mots indéchiffrables et paniqués. Enceinte, Bái , belette, catastrophe. Voulant en avoir le cœur net, l'ex-profiler annonça à son interlocuteur qu'il arriverait sous peu. Une belette mise enceinte par son démon albinos, c'était bien sa veine... Il semblerait que les deux mustélidés ne soient pas pure souches, fait qui avait rendu la fécondation de la belle blanche possible. Une telle association, pour sûr que des éleveurs les jalouseraient. Enfin, pas le temps de penser, le chinois descendit les escaliers quatre à quatre et ne perdit pas de temps à prendre la voiture, préférant la rapidité du métro japonais.

Enfin arrivé à destination il sonna à la porte du plus jeune et ne tarda pas à voir son air inquiet se profiler dans l'entrebâillement de la porte. Une fois à l'intérieur, le chinois s'approcha doucement de la belle blanche. « Salut toi. »Il ne se risqua néanmoins pas à la toucher, les femelles gestantes devenant bien souvent plus agressives. Rien d'étonnant ou de mal, elles protégeaient tout simplement leurs petits. Ensuite, le professeur se releva et afficha un petit air amusé. « Enceinte jusqu'aux dents. Je pense qu'elle devrait mettre bas d'ici moins de deux semaines, c'est que ça passe vite 34 jours. » Il secoua la tête.  « Sacré Bái , il m'en ferra décidément voir de toutes les couleurs ce beau salopard. »

Enfin il reprit son sérieux. « Tu sais ce que tu vas faire des petits ? Car... pour tout t'avouer, je cherchais des nouveaux membres pour rejoindre ma coalition poilue. Donc tu peux d'ores et déjà compté qu'entre un et deux petits ont déjà une maison. Après si tu ne sais pas quoi en faire, je suis sûr que des éleveurs s'arracheraient pareille rareté. Bien que je ne sois pas vraiment en bon termes avec ces gens. » Il faut dire que la respectabilité de la profession en prend un coup lorsque vous sauvez de peu deux pauvres bêtes maltraités et que l'une d'elle devra poursuivre un traitement à vie.

Installé sur le canapé il songeait à l'apparence des petits.  « Je me demande bien à quoi ils vont ressemble, mais une chose est sûre, tu me reverras bientôt passer sous tes aiguilles. Je commence à avoir trop de furets dans ma vie pour les oublier. » Son regard posé sur la belette, il reprit. « Tu te débrouilleras si je te donne des conseils ou préfères-tu voir tonton Fen passer ? » Oui, tonton Fen, vous avez bien lu....

échoué sur le canapé du salon, le reste de la famille était sortie s'amuser à l'extérieur par cette belle journée, me laissant la maison pour moi seul. Pour cette occasion, j'ai lancé un film sur la télé, un bol de céréale sur un genou et mes boules de poil calé entre mes jambes croisées. Mes doigts glissaient lentement entre leurs poils, de l'un puis de l'autre. Si mes bestioles étaient des chats, pour sûr qu'ils ronronneraient en se trémoussant, mais au lieu de cela, ils dorment tranquillement. Le film largement avancé, je me suis redressé pour déposer mon bol vide sur la table basse, chassant sans le vouloir les rongeurs qui ont trouvés un autre coin douillet où se caler dans le canapé. Lançant un coup d'oeil à la fouine et à la belette, le ventre de cette dernière me laissait quelque peu perplexe. « Tu as encore grignoté dans les placards, Summer ? » Demandais-je à la belette, venant toucher son ventre rond. Naturellement, elle a attrapé mon index de ses pattes pour le mordiller, puis frotter son museau. à côté, Ghost gardait une légère distance avec sa camarade, ce qu'il ne fait jamais. Tirant doucement la queue de la fouine pour la taquiner, je sens que celui-ci m'ignore et ne daigne pas bouger, imperturbable. Peut-être qu'il boude ? Pourquoi ? En tout cas, Summer ne veut plus me lâcher, réclamant beaucoup d'attention.

C'est seulement en touchant davantage son ventre que j'ai senti un boule... Une boule ! Dans son bide ! Genre, ça bouge ! écarquillant les yeux, je l'ai fixé un moment avant de lâcher une exclamation indignée. Elle n'aurait pas... Avec... Aish ! Prenant mon portable, j'ai fouillé dans mon répertoire et appelé le propriétaire du furet perdu, Nakagawa Fen. Alarmé par l'état de ma belette, je l'ai légèrement incendié au téléphone en voulant résumer la situation. Summer est enceinte de son furet, son fugueur de furet ! Franchement, j'adore mes bêtes mais je n'y comprends rien en mustélidés. D'ailleurs, je n'ai jamais songé à la stériliser puisqu'elle ne quitte jamais ma maison... Et elle n'a jamais rien tenté avec Ghost.

Ouvrant la porte au professeur, je l'invite à entrer puis lui indique où se trouve la criminelle. Comme la fouine, Fen garde ses distances avec la boule de poil. « Tu t'y connais en belette ? » ça m'étonne, mais après tout je ne connais pas énormément de chose sur lui. Il m'en demande beaucoup, je viens à peine de comprendre qu'elle était pleine, donc à savoir ce que je vais en faire, aucune idée. L'idée semble intéresser Fen qui se propose pour récupérer un ou deux bébés, ce que je ne peux lui refuser. C'est en partie la faute de son démon blanc si ma belle est grosse. « Je ne pense pas les donner à qui que ce soit, à part à toi. Il y a suffisamment de place et d'espace dans cette maison pour les accueillir, puis mes frères et soeurs adorent les bêtes. » Ils ont déjà des lapins, ils seraient heureux d'avoir à nouveau des bébés à s'occuper.

Fen passe du coq à l'âne, m'arrachant un sourire. « Tu veux te faire tatouer tes furets ? » Chacun ses choix et ses goûts, je me suis bien tatoué un ours sur l'épaule et un tigre sur l'autre bras, ainsi qu'un dragon dans le dos. « Sincèrement ? Je l'ignore. » Ce serait comme me confier un bébé humain alors que je n'ai aucune expérience dans ce domaine. « Si tu penses pouvoir faire mieux que moi, passe quand tu veux. » Parce que je ne sais de quoi aurait besoin ma belette durant ces deux semaines de gestion. Une femme enceinte a toujours besoin d'un truc, j'espère que ce n'est pas la même chose avec une maman belette. « J'ai vraiment cru qu'elle avait trop mangé. » Fis-je, caressant tendrement le ventre de l'animal collé contre moi, sur le canapé. Elle est venu se mettre en boule dans le creux de mon bras, davantage affectueuse.

Bái , nom propre désignant un animal de genre  Mustela au caractère de feu adorant attirer un bon nombre de problèmes à son propriétaire. Voici ce qui figurerait pour sûr dans le dictionnaire si le furet y avait une entrée. Véritable calamité sur pattes, voilà que la furie albinos avait engrossé par on ne savait quel miracle ou désastre engrossé la belette. Bénédiction scientifique, malédiction pour le chinois qui s'était vu gratifié d'un appel haut en couleur dont il craignait une future surdité due à la puissance de décibels vociférées par le tatoueur. Ni une ni deux le professeur s'était habillé et avait rejoint le propriétaire embarrassé.

Rapidement arrivé au lieu de la catastrophe, les deux hommes ne s'étaient pas perdus en salutations inutiles et Fen se trouvait déjà auprès de la belette gravide. Les prunelles toujours posées sur cette dernière il répondit à son propriétaire « Assez, j'ai toujours eu un faible pour les mustélidés. » Ensuit il avait annoncé la sentence, l'heureux, il supposait, événement à venir  ne se ferait pas désirer au vu de la courte période de gestation de ces animaux. Non désireux de voir les petits finir n’importe où, il s'était tout naturellement enquis de savoir si il pouvait en adopter. Une réponse positive et réconfortante lui étant fournie juste à la suite. Ce qui avait amené un des rares sourires de l'ex-profiler sur son visage. « Alors rendez-vous après leur sevrage. » Une hâte presque enfantine venant tarauder le chinois qui changeait du tout au tout lorsque des petites bêtes étaient dans les parages. « Je suis néanmoins rassuré de voir qu'ils ne seront pas confiés à d'autres particuliers, les gens ont souvent du mal à assimiler les besoins des NAC. Je me rappelle encore parfaitement bien de la fois où j'ai découvert un python paisiblement installé dans mes toilettes. » Une rencontre dont il se serait bien passé...

Toujours dans sa liesse, le chinois s'était un peu égaré dans les paroles, arrachant un sourire à son interlocuteur plus habitué à le voir sérieux. « C'est un projet qui me trotte dans la tête depuis quelques temps déjà, je ne désire pas vraiment avoir  les têtes de toute la coalition poilues d'encrées, mais un furet se mêlant à une Itachi dans un style traditionnel japonais serait l'idéal. Enfin, je te contacterais par mail afin de voir ce que tu pourras me concocter, là... n'est pas vraiment le sujet. » Par la suite, il voulu savoir si Raijû aurait besoin de son expérience afin de veiller au mieux sur la future maman. Futur mère étalée comme un pacha sur  son maître dont elle était toujours proche. Un fait étonnant pour le connaisseur. « Je ne pense pas que tu auras trop de problèmes avec elle, l’instinct à beau être là, je vois plus un gentil matou ronronnant qu'une belette avec Summer. En général  les mustélidés sauvages sont plus hargneux que ça lorsque l'on touche à leurs petits. Enfin, ayant l'habitude, je pense que je tenterais de passer après le travail que je peux, une mastite ou tout autre  joyeuseté du genre est vite arrivée. »

L'alerte passée, le professeur décida qu'il était l'heure d'allonger ses longues jambes en s'installant dans le fauteuil. Les lianes croisés put reprendre. «  Je suis tout de même étonné de voir à quel vitesse l'autre démon a fait les yeux doux à ta belle. » Il semblerait qu'il ait moins de scrupules que certains songea-t-il en pensant à sa propre situation. Un petit sourire en coin ornant désormais ses lèvres, le chinois taquina légèrement son vis-à-vis. « J'espère néanmoins pas pou toi que Summer te pondra neuf petits, les belettes peuvent être très prolifiques parfois... » Finalement Bái  n'avait rien à envier à son propriétaire ...