Je saluais le dernier mon client du salon de thé avant de lâcher un lourd soupir. Une nouvelle journée de travail qui s’achevait. Voilà maintenant quelque temps que je bossais en tant que serveuse au camélia. Je ne vais pas dire que c’est le travail de ma vie, je l’avoue, néanmoins ca me permettait de me changer les idées et de sortir des quatre murs de ma chambre. Rapidement je me rendais dans les vestiaires, me débarrassant de mon uniforme et ainsi récupérer mes vêtements qui étaient bien plus confortables. Un geste poli de la main a mes autres collègues, je quittais la boutique. Je m’attendais encore que les autres filles parlent encore sur mon dos en répétant sans cesse à quel point je pouvais être hautaine… Je restais encore la petite dernière de la boîte. Cependant, j’avais l’impression que ces derniers jours étaient pires que les autres. Enfin depuis que j’avais perdu mon petit fétiche, mon protecteur qui était toujours dans mon sac habituellement. Je savais le mauvais oeil planait au dessus de ma tête. Il fallait que je le retrouve coûte que coûte. Je me sentais vraiment mal, mise à nue
Je chevauchais mon fidèle destrier qu’était mon vélo pour retourner à la royal. Mon habitude, je traversais ce long pont qui offrait une vue magnifique. J’aimais particulièrement en fin de soirée. La vue sur l’horizon était juste imprenable, surtout avec ce coucher de soleil. Je cherchais toujours à voir le plus loin possible. Comme si je cherchais a revoir ma ville natale qui me manquait atrocement. Si seulement tout cela était possible. Mais je me disais que je n’avais plus que 5 longues années à tenir avant de mettre les voiles. Le soleil disparaissait doucement pour laisser la pénombre de la nuit dominer le ciel. Il ne fallait pas que je tarde trop. Je fouillais dans mon sac, cherchant mon téléphone et ainsi mettre ma musique dans mes écouteurs. Les Colorful Diamond. Ils ont été un véritable coup de coeur pour moi que j’écoutais à tue-tête. Je sais que je devais vraiment faire chier mes colocataires avec ça. Il ne me fallait pas longtemps pour arriver à destination. Mais c’était à l’université que j’arrivais. Ces derniers temps, je m’étais remise à jouer du piano. Et j’aimais beaucoup le piano des étudiants dont je trouvais la sonorité plus mélodieuse. Je ne savais pas si j’avais le droit d’y mettre les pieds, cependant je n’avais pas encore été prise sur le fait alors autant en profiter. La pièce uniquement habitée d'instruments en tous genre, je m'asseyais devant mon instrument de prédilection. Mes doigts ne perdaient pas de temps pour frôler les touches blanches et noires. J’exécutais le deuxième mouvement de cette sonate que je connaissais par coeur et que j'affectionnais tant. A cet instant, j’avais l’impression que plus rien ne comptait autour de moi.
TENUE ϟ Calé sous la douche, je profitais de l’eau chaude, tentant d’oublier mes muscles qui me tiraillait ici et là dans une silencieuse tentative pour me faire savoir qu’ils appréciaient peu le traitement que je leur avais fait subir aujourd’hui. En fait, je n’ai pas été très sympa avec eux aujourd’hui. Après quatre heure de répétitions à l’agence ce matin, j’ai enchainer sur deux heures de classique – dieu seul sait ce qui a eu la divine idée de mettre cette danse au programme de l’option – suivie de trois heures de contemporain… J’ai beau être une idole, je suis aussi bon danseur classique et contempo’ que Shun est cycliste. De la bande se sont Ryoma et Miyuki les danseurs, moi je suis vocaliste et je comprends un peu mieux pourquoi. Même si je ne me défends pas trop mal sur nos chorées, j’ai clairement pas réellement le physique d’un danseur d’opéra. Néanmoins, je me suis prêté au jeu comme à chaque fois. J’ai choisi moi-même mon cursus et mes options, j’assume pleinement… Mes muscles le font un peu moins aujourd’hui et ils leurs faut un certain temps pour se remettre des jetés, pliés, pirouettes et compagnie dont notre professeur raffole. C’est peut-être pour ça que les vestiaires sont vides et que je suis le dernier à les quitter après avoir plus que largement profité de ma douche. Sac à la main, casquette visé sur la tête, je suis sur le point de m’élancer dans les escaliers quand je tourne la tête en direction du couloir opposer, d’où me parvient le son étouffer d’un piano. J’ai qu’une envie, celle rentrer chez moi… Non en fait, je suis bien tenté d’aller manger au restaurant de mes parents avant, mais là pour le coup, je suis plutôt intrigué. On a de très bon musicien, mais c’est la première fois que j’entends jouer Moonlight Sonata à la Royal. Je ne suis pas un grand fan de Beethoven et je suis encore moins un excellent musicien, même si je me débrouille, mais j’aime la musique classique. Doucement, comme pour éviter de déranger, je me glisse à l’intérieur de la salle sans bruit pour me laisser aller à ma curiosité. Assise derrière le piano, la jeune fille ne doit pas avoir plus de seize ou dix-sept ans, peut-être moins. D’ici je devine, plus que je ne les vois, ses doigts qui virevolte ici et là sur les touches, alternance blanche et noire, suite de note enchanteresse, mais je n’ose pas trop m’approcher de peur de briser la magie du moment. Je m’adosse à la porte et je ferme les yeux, j’apprécie la musique à sa juste valeur et quand les dernières notes résonnent dans le silence c’est en toute sincérité que j’ouvre les yeux et que j’applaudi. « Wow... C'était... Tu joues vraiment bien. »
J'avais l'impression d'être dans une véritable bulle à cet instant. Je savais combien mon père aimait m'écouter jouer, même si ça pouvait parfois le frustrer que je joue principalement la Sonate au clair de lune. Ceci me manquait atrocement.
La dernière touche foulée, ma bulle fut éclatée par un applaudissement soudain, s'en suivit d'un compliment, dans un timbre de voix qui t'était familier. Instinctivement, tu levais les yeux sur la porte d'entrée. La silhouette qui se trouvait devant moi m'étais beaucoup trop familière.
« Sho-kun ? »
Chuchotais-je. Je clignais des yeux a plusieurs reprises. Non, ce n’était pas possible, c’était encore un énième rêve. Tu étais fan des Colorful Diamond, particulièrement de leur leader que je trouvais vraiment charismatique et que je qualifais sans cesse d’idéal. Je me pinçais mainte fois le bras. Ce n’était pas du tout convainquant. Je me levais de mon siège m’approchant, timidement, mais pas sans crainte de ce que je pensais être un mirage. Je tâtais doucement son bras avant de le retirer en une fraction de seconde.
« Gosh, c’est vraiment Sho-kun ! »
Je reculais de plusieurs pas brusquement, manquant presque de tomber, les yeux équarquillés. Je n’arrivais pas à le croire, ce n’était pas possible. Je sentais mon coeur battre à tout rompre tandis que mes joues s'empourprèrent a une vitesse folle.
« M-M-Merci beaucoup. Je… Je suis… Contente que ma prestation t’ai plu »
Voilà maintenant que je me mettais à bégayer. Avoir un compliment d’une telle icône de la musique était presque jouissif. A dire vrai, de toute ma vie, c’était bien la première fois que je voyais une star de toute ma vie. La sensation était juste indescriptible.
« Je suis sincèrement désolée de mon comportement, je n’aurais pas dû te toucher comme ça »
Je m’inclinais a plusieurs fois à 90 degrés. J’avais tendance a oublié qu’il s’agissait de la marque de respect ici. De plus, j’ai touché quelqu’un de connu de manière si inapproprié, j’étais forcé de le reconnaître.
« C’est juste que… Enfin…Je…Je suis tellement heureuse de te voir en vrai. Je suis vraiment, vraiment une grande fan de toi Shojiro »
Pfff, je n’étais pas vraiment original, il devait surement entendre ça de toute ses fans. Je posais quelque secondes mes yeux sur lui avant de détourner le regard, le visage en plus rouge. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à quel point il était dix fois plus beau en vrai. Ca n’avait rien a voir avec ses quelques posters que j'avais du groupe, de lui ou des images de lui que je voyais dans les rues d’Akihabara. D'une voix toujours aussi timide et réservée, je demandais :
« Mais dis-moi, ton agence ne te donne pas des cours de piano dans ton agence ? »
TENUE ϟ Bluffé. Je suis juste bluffé, totalement hypnotisé. À tel point que, même si je suis fatigué de ma journée, je ne peux pas détourner les yeux du spectacle qui s’offre à moi. À bien y réfléchir je n’aurais même pas dû être là en fait. Je suis entré sans autorisation et j’écoute, sans faire le moindre geste, comme un voyeur tapi dans l’ombre, sans savoir qu’elle réaction la jeune demoiselle va avoir en découvrant ma présence. Mais en fait, là tout de suite, je m’en fiche un peu. Je profite juste de son talent. Parce qu’il ne fait aucun doute pour moi qu’elle en a à revendre. Quand les dernières notes s’évaporent, légères, comme des volutes de fumées colorées, je peux juste applaudir en toute sincérité. J’aurais peut-être dû éviter, quoi que… Dire que je suis surpris en l’entendant m’interpeller, alors qu’elle se rends compte que je suis là, c’est à la fois aussi faux que c’est vrai. Disons que la célébrité m’a un peu habitué au manque d’anonymat, mais en même temps ça me surprends toujours et après tout ce temps j’ai encore un peu de mal à réaliser que les Colorful sont réellement connu aux quatre coins de l’Asie. Je ne sais jamais ce que je dois répondre. Est-ce que je dois signaler que c’est bien moi, quitte à passer pour la star un peu trop imbue d’elle-même ? Ou est-ce que je dois jouer le mec blaser, qui a vraiment l’habitude qu’on le reconnaisse à tous les coins de rues ? Je crois que je ne m’habituerais jamais à ça. Pour le coup, je préfère me contenter d’un sourire, fin certes, mais bien réel. Un sourire qui s’élargit, amusé, lorsqu’elle vient jusqu’à moi et que ses doigts touchent mon bras, comme pour s’assurer que je ne suis pas un mirage avant de se reculer aussi vite en se rendant compte que je ne suis pas une illusion. En plus d’être douée, elle est adorable. « Tu joues magnifiquement bien… » Dire que sa prestation m’a plus est peu dire. J’ai adoré l’écouté jouer. C’était frais, reposant… et après la journée éreintante que j’ai eue, c’était vraiment agréable. Je passe rapidement une main dans mes cheveux et frotte un peu l’arrière de mon crane, gêné quand elle s’excuse. « C’est pas grave, y a pas de mal. » C’est pas comme si c’était la première fois, puis c’est mignon qu’elle vérifie que je suis vraiment là. En fait, ça m’arrive fréquemment, même s’il n’y a vraiment qu’à l’université que ce genre chose va aussi loin, parce que là plus part du temps les garde du corps sont autour. Vu certains fans un peu extrémistes, on n’est jamais assez prudent. Je lui offre un sourire éclatant lorsqu’elle m’avoue être fan. Ça me fait toujours plaisir de rencontrer des améthystes, qui sont un peu moins nombreuses que les fans de Ryo, Nat, Miyu ou Shun. Attendri devant ses joues rosées, j’ai presque envie de lui faire un câlin. Je devrais même pouvoir faire quelques photos avec elle, qu’elle ait un souvenir. Ceci dit, sa question me prends un peu de court. « Hum, j’en ai fait un peu quand j’étais petit, en réalité… mais c’était il y a longtemps et je joue beaucoup moins bien que toi. Le pianiste du groupe c’est plutôt Ryoma. » C’est vrai que je n’ai pas toucher un piano depuis des années. Je dois forcément être rouillé. Lentement j'avance vers le clavier et laisse mes doigts courir sur le touches blanches et noire, avant de relever le regard vers elle. « Tu as l’air toute jeune. Tu étudies ici ? »
Mon Dieu, j’avais honte… Tellement honte. J’avais juste envie de me cacher dans un trou de souris, ou même de totalement disparaître. Sho-kun devait surement me prendre pour la dernière des cruches. Je m’étais tellement ridiculisée. Et l’entendre à nouveau me complimenter sur mon jeu me flattait certes, mais ceci me mettait encore plus mal à l’aise. Et ce large sourire qu’il m’offrait… Mon coeur ratait un battement. Je fus obligée de me cacher le visage à l’aide de mes mains. Je n’arrivais pas à réaliser ce qu’il m’arrivait, a me dire qu’il me souriait bien à moi, et que ce n’était pas une illusion comme dans les concerts quand on est persuadée a d’avoir eu un eye contact alors qu’il regardait le fond de la salle. Non, c’était à moi… Merde, Aly. Il faut que tu gardes ton calme. Je ne pouvais cependant pas m’empêcher de me demandait si nous avions cet art en commun. J’étais quand même heureuse de savoir qu’il avait quelque base du piano.
« Dit pas ça, je suis sûre que tu es aussi doué que Ryo-kun ou moi-même. J’en suis même convaincue !! »
Dis-je en me retournant vers lui et plein d’entrain. En plus d’être adorable, il était modeste. Il n’était pas ce genre d’idole qui se fait bien voir a la télé et qui devient exécrable en présence de fans un peu lourdes comme moi. Il était sincère. Ca ne faisait qu’agrandir l’admiration que j’avais pour lui.
« Euuuh oui. Je suis en première année, au lycée. »
Mais je n’y ai pas pensé. Ca veut dire que lui aussi était étudiant ici. Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire à cette pensée. Cela veut dire que je pouvais le voir de temps en temps. C’était beaucoup trop beau pour être vrai. J’avais beau avoir perdu mon plus fétiche des porte-bonheur, ça ne m’a pas empêcher de rencontrer mon idole.
« Pardon je ne me suis pas présentée. Je m’appelle Bellini Alessia. Je suis très heureuse de te rencontrer. »
Je radote…. Mais la joie était si intense. Je n’arrivais plus à la contenir. Je commençais à jouer maladroitement avec mes doigts, mon regard toujours au sol. J’avoue, je n’arrivais pas a affronter son regard, son sourire, voire même sa silhouette toute entière.
« C’est gentil de voir que tu apprécies ce que je fais. Ce serait un plaisir de jouer pour toi quand tu veux. »
Je le pensais sincèrement. Mais il n’avait pas du tout besoin de le savoir. Vraiment, j’étais pathétique. Je riais maladroitement avant de caresser une de mes mèches de cheveux ; chose que je fais sans cesse lorsque je me sentais anxieuse
« Enfin, oublie ce que j’ai dit. De plus, je n’ai pas du tout envie de te faire perdre ton temps. Tu as surement mieux à faire que discuter avec une gamine comme moi. »
C’était une idole, il devait avoir un certain emploi du temps
TENUE ϟ Qu’elle tente ainsi de sauver mon… Mon quoi ? Mon honneur ? Mon ego ? Mon estime de moi ? Je ne sais pas trop au juste, mais le fait qu’elle essaie tout simplement alors qu’on ne se connait pas – du moins pour ma part – me touche sincèrement. « T’es gentille. » C’est vrai que c’est adorable de sa part, même si je ne me sens pas spécialement rabaisser quand je dis qu’elle et Ryoma jouent mieux que moi. C’est un fait et je ne fais que le constater. On n’est pas tous fait pour être musicien. C’est comme la cuisine, ce n’est pas donner à tout le monde de pouvoir manier les couteaux avec dextérité, j’en sais quelque chose… Puis mon truc à moi c’est surtout la voix et je me défends pas trop mal dans mon domaine, même si Shun à une voix magnifique aussi. « Ah une lycéenne… » Je me disais bien aussi. Avec une bouille comme la sienne, si elle avait été à l’université je m’en serais souvenu. Mais le lycée c’est bien… « Profites-en, j’ai passé d’excellentes années au lycée pour ma part. » C’est là que j’ai rencontré mes bandmates et c’est de là qu’on a débuté, tous les cinq, avec nos vidéos YouTube avant d’être repéré par la Angel Entertainment. Ouais, même si on a eu quelques notre lot de tensions – gérer Miyuki et Shun c’était pas du gâteau – c’étaient de chouettes moments. Un peu perdu dans mes souvenirs, la voix d’Alessia me tire de ma rêverie et c’est un peu gêner que je me rends compte qu’effectivement, je suis passé outre les présentations, bien que je doute qu’il y en ait vraiment besoin toutefois. « Kawate Shojiro, mais ça j’imagine que tu le sais déjà… » Mon ton est plutôt amusé et je dois avoir un sourire idiot parce qu’en réalité je me sens vraiment stupide de me présenter alors qu’elle sait déjà parfaitement qui je suis. Le "Sho-kun" qu’elle m’a adressé en découvrant ma présence ne me laisse aucun doute. Néanmoins, je trouve ça amusant. Enfin, ça le serait peut-être plus si elle ne fixait pas ses pieds, même si la vision de son air gêner m’attendrit. Mes doigts quittent la surface lisse du piano pour se glisser lentement sous son menton, relevant son visage vers le mien avec un sourire un brin malicieux. « Enchanté de faire ta connaissance, Aly. » Sa gêne me fend le cœur autant qu’elle m’attendrit. Je suis peut-être Shojiro, le leader des Colorful Diamonds, mais je ne suis pas l’empereur… Je suis plutôt un garçon simple qui fait ce qu’il aime et qui n’a pas besoin qu’on le mette sur un piédestal. « Quand on entend une musicienne pleine de talent, c’est difficile de ne pas aimer… Sans compter que Beethoven, c’est pas le plus facile à jouer. » Il faut savoir reconnaître le talent quand on l’a sous le nez. « Oh non non... Tu ne me fais pas perdre mon temps rassure toi. J’ai justement un peu de temps libre alors ce serait avec plaisir. J’imagine que n’importe qui serait ravi de pouvoir t’écouter jouer… » Moi, je le suis en tous cas.
Un sourire pincé tirait mes lèvres alors que mon regard était toujours fixé au sol. J’étais surtout sincère sur mes paroles. Sho-kun était quelqu’un de talentueux, j’en suis sûre. Tu ne voulais pas du tout qu’il pense de lui comme ça. Je me présentais rapidement, lui disant rapidement que je t’étais ici au lycée. Je ne doutais pas une seconde qu’il a du y passer de bon moment vu que son rêve a commencé à prendre forme. J’aimerais en profiter comme il le disait, mais je me sentais aussi pas du tout a ma place dans cette école, dans cette ville et même ce pays. J’avais beau avoir la tête de ma mère, je ne restais qu’une petite étrangère aux yeux des autres. Mais encore je pouvais dire que ces derniers temps, la chance me souriait doucement, je commençais à m’entourer de personnes assez gentilles. Malgré ça, le doute subsistait, la peur de souffrir était toujours présente. Mais je n’allais pas l’ennuyer avec mes complaintes de lycéennes. Tout ce que je me contentais en guise de réponse de hocher simplement la tête, pour lui dire que je suiverais ses conseils. Cependant, je n’osais toujours pas lever les yeux sur lui… Chose qui devait surement l’agacer vu qu’il m’obliger à lui faire face, même si sa voix se voulait toujours aussi délicate. Shojiro qui était si prêt de moi, surtout qu’il avait un contact physique. Mon souffle fut soudainement coupé. Il était si beau de si près, et ce sourire des plus charmant qui n'appartient qu’a lui. Pourquoi me torturait-il de cette façon ? En plus, il m’appellait par mon surnom sans même que je n’eus a lui demander. Je croyais que j’allais exploser a force de rougir. Ayant repris le contrôle de mes gestes, je m’empressais de me placer sur ce siège devant cet instrument imposant. Il avait raison, Beethoven était un grand compositeur. Mon prof avait bien ramé à me faire entrer des compositeur dans ma tête.
« Je… Je n’aurais jamais pensé qui appréciait autant la musique classique »
En fait, l’idée d’avoir un point commun aussi important que les classiques me touchait énormément. Et l’entendre dire qu’il était prêt à m’écouter, je voyais ceci comme un privilège venant de lui
« Tu sais, tout le monde n’est pas de cet avis. J’ai fini par lasser ma mère avec mon piano »
Dis-je en riant doucement. A force de lui jouer la Sonate au Clair de Lune, elle a fini par craquer. De plus, je refusais de jouer pour son mari qui tentait déséspérément se rapprocher de moi
« Et la seule personne qui m’écoutait ne peut plus alors. »
Dis-je d’une voix un peu enroué. Mon père quant à lui adorait m’écouter jouer, mais depuis bien trop longtemps. Je m'éclaircis la gorge avant de soupirer lourdement. Il manquerait plus que je fonde en larmes. Il valait mieux changer de sujet
« Tu connais un peu Vivaldi ? La symphonie “Les Quatre Saisons” ? »
Le premier mouvement du concerto du printemps était la plus connue et plus populaire. Même s’il ne connaissait pas le compositeur, il connaissait forcément cet air. J’avais plus l’habitude de le jouer sur un violoncelle, n’aimant pas particulièrement la sonorité au piano. Mais bon, je n’étais pas là pour te mettre trop en avant. Déjà le fait quelqu’un puisse t’écouter me faisait du bien
TENUE ϟ Je ne suis absolument pas agacé par ses yeux fuyant mais je dois avouer que c’est assez déstabilisant. Sans compter que je ne me juge pas suffisamment intimidant pour qu’elle évite tous contacts et ses sans la moindre arrière-pensée que je soulève délicatement son menton, lui offrant un sourire sincère quand nos regards entre finalement en contact. J’aime bien ses yeux noisettes et même s’ils me semblent plein de timidité, je les trouve doux et chaleureux. Ses joues qui lentement tirent vers le rouge, me font plaisir même si je trouve ça prétentieux parce que je ne suis que moi. La célébrité est une chose à laquelle je ne m’habituerai jamais je crois. Aussi doucement que mes doigts se sont posé sur son épiderme, je les enlève. A peine est-ce fait qu’elle s’assoit sur le tabouret du piano et je retiens une petite moue. L’espace d’une seconde j’ai l’impression de la mettre mal à l’aise et ce n’est vraiment pas ce que je cherche à faire. Je me contente donc de suivre son mouvement des yeux. « Hum… Je trouve la musique classique reposante et elle me fascine un peu. » Puis je dois aussi avouer que ça me change un peu de la Jpop qu’on entend à longueur de temps et qu’on fait aussi une grosse partie de nos journées avec les Colorful. Alors non, l’écouter jouer ne me dérange absolument pas, sans compter qu’elle le fait divinement et j’ai un peu de mal à croire qu’elle ait pu soûler sa mère à force. Même s’il est évident que tout le monde n’a pas la même oreille musicale, ni le même talent. « Elle devait sans doute être jalouse… Certaines personnes réagissent mal quand on les met devant ce qu’ils ne seront jamais. » Ou alors elle avait juste une méchante mère. C’était une possibilité. Heureusement pour moi, j’ai eu la meilleure des mères et elle a toujours compris mon attachement pour la musique, mais je conçois que ce n’est pas pareil partout. Le lourd soupire qui franchit ses lèvres à l’évocation de cette personne qui n’est plus là me fend le cœur… Il est plein d’une tristesse à peine dissimulée, plein de regret et aussi d’amour. J’ai envie de demander s’il s’agit de son père, parce qu’à l’entendre parler de sa mère je devine qu’elle était beaucoup plus proche de lui que d’elle, mais je ne veux pas la rendre plus triste qu’elle ne l’est si c’est effectivement de lui qu’elle parle. Pas plus que je ne souhaite m’imposer non plus, après tout on ne se connait pas vraiment et je ne suis pas certain qu’elle souhaite se confier. Elle doit très certainement avoir des amies à qui le faire, néanmoins je reste silencieux au cas où elle voudrait en parler. Qu’elle se sente libre de le faire. Ce n’est toutefois pas de cet être cher qu’elle me parle mais de Vivaldi et des quatre saisons. Naturellement, je les ai entendues au moins une fois mais je crois me souvenir que… « Je les ai déjà entendues mais au violon… C’était il y a longtemps. »
Elle me sert même de berceuse quand je n’arrive pas a dormir ou même pour me changer les idées. Je pense que j’aurais pu songer a devenir une musicienne si ma vie avait été différente. Mais je prends moins de plaisir à jouer qu’auparavant. Enfin, là, je vivais un moment unique avec une personne unique et que j’admirais alors le temps n’était pas aux larmes. « Elle devait sans doute être jalouse… » Cette phrase me tirait un mince sourire. Ce n’aurait pas vraiment étonnant en soit. L’enfance que j’ai eue a été 100 fois moins dure que celle de maman, et je sais qu’elle ne supportait pas du tout la complicité que j’avais avec papa. Pourtant, mes talents musicaux, c’était la première à s’en vanter lorsque nous étions encore aux Etats-Unis. Je suis sure qu’aujourd’hui, elle se vante que sa famille soit dans une des meilleures écoles de la ville, voire du pays. Pour elle, je n’ai jamais été plus qu’un objet, de l’amour de sa part je n’en ai jamais vraiment eue et je sais que je n’en aurais pas. Mais je m’en accommode. Enfin, bon, c’était ma mère, je ne pouvais pas la changer et après 16 ans sur cette Terre je sais qu’aucun lien ne sera créé. Et puis, je ne voulais pas évoquer un peu plus mon papa au risque de pleurer comme une madeleine. Je pense que je n’ai pas besoin d’imposer ça Sho. Et puis je devrais être heureuse de pouvoir jouer pour quelqu’un comme lui. Assise derrière mon piano, je lui proposais de jouer un morceau d’un compositeur que j’appréciais tout autant que Beethoven, Vivaldi. Je laissais mes doigts valser sur les touches blanches et noires une nouvelle fois, laissant la musique de cette composition si connue. Je trouvais la sonorité différente au piano mais j’étais contente de lui faire découvrir ceci.
« C’est vrai que cette musique a principalement été composée et jouée pour un quatuor à corde. C’est plus agréable à écouter »
Ah je devais surement le saouler avec toute ma science musicale. Je devenais comme maman j’avais l’impression. De plus lui avait plus d’expérience dans le domaine. Je lui adressais un mince sourire aux lèvres à avant de lui demander timidement
« Tu voudrais qu’un jour j’essaie de t’apprendre quelques accords de piano. Enfin si tu as le temps. »
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