TENUE ▬ Les retrouvailles avec ma mère furent la meilleure nouvelle de cette année. Après tout ce temps sans la voir, j'étais content de passer du temps avec elle, de pouvoir parler à nouveau et de ressasser des souvenirs qui m'ont fait rire et sourire. Ma mère m'a offert un bracelet en fil orange et jaune, comme je les aime. Un bracelet qui contient une promesse, comme elle le dit si bien. Les yeux rivés sur le bijou, le coin de mes lèvres s'étirent doucement, repensant encore à ces nombreuses rencontres de la semaine. à chaque fois que l'on se croisait à l'hôtel de mon père, elle souriait, heureuse de me voir. Nous passions plusieurs minutes à discuter, raconter notre journée, puis elle repartait après m'avoir embrassé le front, la joue ou après une étreinte réconfortante. J'étais si joyeux qu'elle soit là, si fier, si enthousiaste... Que la chute fut douloureuse. C'était le soir où nous avions prévu un repas en « famille » avec London, avec ma mère, mon père et mon copain. C'était censé être le plus beau soir de l'année -sans compter ceux avec mon petit ami-. Mes parents étaient là à l'avance, il ne manquait plus que London dans l'appartement et moi j'étais entrain de prendre ma douche. Mon père discutait avec son ex-femme dans la cuisine, sans prêter attention au fait que je puisse revenir, les cheveux encore humide et dégoulinant sur la serviette autour de mes épaules. « J'ai vraiment besoin de ton aide, Taichi. » Interpellé par la voix de ma mère, je me suis arrêté à quelques mètres, derrière un pan de mur. « Si nous n'avons pas cet argent avant la semaine prochaine, ma fille ne pourra jamais être soigné. » Sa fille ? Je ne sais pas ce qu'il me surprend le plus, que ma mère est une fille ou qu'elle réclame de l'argent à mon père. La discussion continue ainsi, parlant d'argent, de problème de santé, de faillite, etc. J'ai perdu le fil quand elle l'a supplié de lui venir en aide et qu'elle lui rendrait, puis je me suis rendu compte qu'elle n'a pas parlé une seule fois de moi... Et qu'elle n'était pas non plus venu pour me voir. La tristesse m'a gagné subitement, une vague de douleur m'a submergé le coeur et j'ai quitté ma cachette pour leur faire face, les regardant avec ce regard haineux. « Ce n'était qu'un mensonge ? » J'étais étrangement calme, les poings serrés et la mâchoire crispé. Avant qu'ils ne puissent dire quoi que ce soit, j'ai fuit. J'ai ouvert la porte, pris l'ascenseur et j'ai quitté l'hôtel en courant, le coeur serré et les larmes aux yeux.

Je ne sais plus sur combien de kilomètre j'ai couru, ni comment je me suis retrouvé de Ginza à Shibuya, mais mes pas m'ont amenés à un vieux parc où je viens faire du skate à mes heures perdus. Je regrette de ne pas avoir ma planche, ça m'aurait changé les idées, vraiment. Surtout quand ma colère et ma peine refont surface, vide de toute énergie. Je me suis laissé tomber sur le bitume, au bord d'un bassin creux et marqué par les roues et frottement de bois. Les cheveux à moitié collé sur mon visage, j'en ai complètement oublié ma joie de fêter la présence de ma mère, ma joie de la revoir. Le temps a continué à filer, jusqu'au soir. Il faisait nuit, les lampadaires étaient éclairés et il y avait personne dans le parc, si ce n'est moi. D'un geste lent, j'ai farfouillé dans ma poche pour extirper mon portable, pas étonné de l'avoir sur moi ... Des tonnes d'appels manqués. Mon père, London, mais je ne voulais pas voir mon père. Mon doigt a glissé sur le nom de mon copain et j'ai porté l'appareil à mon oreille, lui annonçant finalement où j'étais.

TENUE ▬ Je suis bien placé pour savoir que mon petit ami attendait ce weekend avec impatience, on en a pas mal parlé cette semaine, on a même fait les courses pour le repas et autres trucs pour que ce soit parfait, du coup je l’ai laissé rester à l’hôtel pour organiser le repas avec ses parents tandis que je le rejoindraient plus tard en début de soirée. J’ai trainé un peu à la piscine avant de me décider à rentrer et me préparer, prenant une bonne douche, j’ai changé de couleur de cheveux dernièrement, entre le blond et le rose, j’ai finalement fait un retour au brun, ça va bien avec mes vêtements noirs comme ça. Regardant l’heure je pensais partir d'ici cinq minutes, préparant tout ce qu’il me fallait, j’allais clairement passer la nuit chez Loukas, donc je partais sans avoir l’intention de revenir ici avant la fin de weekend. Sauf que j’ai reçu un appel de son père me demandant si j’étais avec son fils, j’ignore ce qui s’est passé, mais je trouve ça étrange comme demande. Inquiet j’ai appelé à plusieurs reprises mon petit ami n’ayant aucune réponse je me suis un peu mis à tourner en rond, c’est rare que Loukas ne me réponde pas ou d’ailleurs qu’il y ait un problème avec ses parents, je suis sceptique. Finalement j’ai un appel et je suis soulagé de voir le nom inscrit dessus, quel idiot ! Je l’engueulerais presque si je n'étais pas inquiet pour lui, sachant où il est j’ai couru jusqu’au parc en mettant quelques minutes pour arriver et le voir sur le bitume, m’approchant doucement pour me laisser tomber derrière lui et passer mes bras autour de son cou. « Idiot. » C’est inquiétant lorsqu’on n'arrive pas à se joindre, mais pour qu’il en vienne là c’est que ça doit être grave. « Qu’est-ce qui s’est passé ? »

TENUE ▬ Il arrive que les choses ne se passent pas comme prévu, et si parfois ce n'est rien de grave, à d'autre ça peut changer toute une vie. Quand j'ai entendu mes parents parler, j'en ai pas cru mes oreilles. Je ne vis pas dans un monde tout rose, fait de paillettes et de positivité à tout va, mais de là à surprendre ma mère réclamer de l'argent à mon père sans émettre une seule fois ma présence, mon existence... Ouais, je l'ai mal pris. La pilule n'est pas passé et ils ont dû le voir à ma façon de parler, de les regarder ou de fuir. Je ne voulais pas les observer davantage, ni avoir des explications ou des mensonges. En vérité, je ne voulais rien entendre qui pourrait aggraver la situation. J'étais triste, déçu, loin de me douter que de telles choses se déroulaient dans ma propre famille. En partant, je n'ai pas pensé une seconde au fait que je pourrais inquiéter mes parents, ni mon petit ami. Je n'ai pensé à personne, si ce n'est qu'à moi-même. Pour une fois, j'ai fait l'égoïste et je me suis fermé à ces personnes qui rendent ma vie merveilleuse. C'est seulement en calmant la tempête dans ma tête que j'ai bien voulu ouvrir la porte à London, seulement à lui. Les autres, je m'en moquais. Il n'a pas tardé à arriver, s'appuyant dans mon dos en enlaçant mon cou. Aucun son n'a filtrer mes lèvres à son mot, à moitié absent. Je n'ai pas bougé, je ne l'ai pas accueilli non plus. Aucun sourire, aucun bruit. Rien. Il me questionne, mais je ne trouve pas les mots, ni les bonnes paroles. C'est le vide total. Quelque chose de chaud coule sur mes joues et je me surprends presque à pleurer, silencieusement. Comment suis-je censé dire à mon copain que la joie que j'avais de revoir ma mère n'était pas la même pour elle ? Je me sens trahis. « Ma mère... » Tentais-je d'articuler, une boule aussi grosse qu'une balle de ping-pong dans la gorge. J'ai besoin d'air, de souffler, d'oublier. Fermant les paupières, je laisse simplement couler mes larmes, ramenant mes mains sur les bras de London pour les serrer un peu plus contre moi, me recroquevillant.

TENUE ▬ De nous deux celui qui est le plus susceptible de s’enfuir sans un mot, sans prévenir personne, c’est bien moi. Je l’ai fait à Noël, certes j’avais mes raisons, mais jamais ne n’aurais pensé que Loukas soit capable de m’inquiéter de la même façon. En ne pouvant pas le joindre j’ai réalisé a quel point c’est dur, inquiétant, presque terrifiant en réalité. Je savais que quelque chose se tramait, mais j’ignore encore ce que c’est. Tout ce que je me retrouve à faire c’est tourner en rond en espérant des nouvelles et cherchant à me souvenir des endroits que je connais et où il pourrait bien se trouver. Malheureusement je n’ai aucune idée d’où commencer et de ce fait je me retrouve au point de départ, sans rien pour m’aider à rejoindre mon petit ami. Appelant son portable, laissant des messages, plus le temps passe et plus je perds patience... Mais il m’a appelé. Ce coup de téléphone m’a délivré d’une grosse partie de mes angoisses, sachant où il se trouve je n’ai pas réfléchi pour m’y rendre, ne prenant même pas de veste ou quoi que ce soit, je veux juste être avec lui le plus vite possible. Le voyant au sol j’ai agis naturellement en passant mes bras autour de lui dans une étreinte rassurante, je suis là pour lui quoi qu'il arrive. Je ne réalise pas de suite les larmes sur ses joues, mais j’entends sa voix et ce n’est pas difficile à deviner. Loukas rit toujours, il est plein de joie et d’optimisme, le voir dans cet état me fait mal, c’est horrible. Me collant davantage à lui en serrant plus mon étreinte, ma tête collée à la sienne, je peux sentir sa détresse, sa douleur et ça me met en colère aussi, la personne qui a mis celui que j’aime dans cet état n’est autre que sa mère et ça me frustre... Me souvenant très bien de cette joie débordante quand il m’a annoncé qu’elle était revenu, il a dû tomber de haut pour se retrouver ainsi. « Je suis là. » J’ignore si ça peut le réconforter, mais peu importe ce qui s’est passé, il sera toujours ma priorité, c’est tout ce qu’il a besoin de savoir. Le temps était frais, même couvert, on n'était pas à l’abri d’un orage, mais je m’en fiche totalement, je resterai là autant de temps qu’il lui faudra, attendant qu’il parle ou tout ce que Loukas voudra.

TENUE ▬ Ce n'est pas une vengeance personnelle contre mon petit copain, pour la dernière fois où il m'a fait une crise et disparut brusquement dans la montagne enneigée. à dire vrai, je n'ai même pas réalisé en fuyant que cela pourrait être semblable à ce jour où je l'ai cherché de partout dans la station de ski. Tokyo est grande, mais moins dangereuse que la nature sauvage où rôde ours, lynx et compagnie. Même une tempête de neige est plus meurtrière qu'une bande Yakuza armée jusqu'aux dents. Sauf que là, je suis loin d'être en danger. Assis au bord du bassin, je n'ai pas bougé quand London m'a rejoint et enlacé, propageant la chaleur de son corps dans le mien. Il est là, réconfortant et rassurant à la fois. Il n'y a rien au monde qui puisse me rendre plus triste que ma mère, autant qu'il n'y a rien qui puisse m'énerver autant que faire du mal aux gens que j'aime. Elle m'a menti, se taisant sur ses véritables intentions et désormais je me sens comme un soldat en guerre, sans armes pour se défendre et touché, à moitié mourant dans son trou. Hélas, je ne peux rien contre ma mère. Ni l'insulter, ni la haïr de tout mon coeur, ni la rejeter. Je ne peux pas. Qu'importe de quelle façon elle agit ou me blesse, ça reste ma mère. Cette pensée me fait encore plus mal, mes larmes redoublant de volume. Il est là. Je le sais, et ça me réchauffe le coeur. Le temps semble ralentir, pourtant j'ai perdu de précieuses minutes à pleurer silencieusement dans les bras de mon copain, jusqu'au moment où je me suis arrêté. Dépliant mes jambes, j'ai laissé mon corps glisser vers la pente, emmenant London avec moi vers le centre de la piste. Quand nous nous sommes immobilisés, j'ai retiré ses bras pour me tourner face à lui, les yeux et le nez rouge d'avoir trop chialé. Au-dessus de lui, ses poignets entre mes doigts, je le scrute sans dire un mot, admirant ses traits délicats, sa frange brune couvrant presque ses yeux en amande. Cette contemplation m'éloigne doucement de la réalité, oubliant ce pour quoi j'étais venu ici.

TENUE ▬ Je sais bien que Loukas ne sera jamais aussi puéril pour vouloir intentionnellement me blesser, il en est incapable et bien que mon inquiétude n’a cessé de grimper encore et encore en espérant seulement entendre sa voix à chacun de mes appels, je ne peux pas lui en vouloir. Je peux imaginer que ce qui l’a poussé à agir ainsi doit l’avoir vraiment blessé pour qu’il réagisse ainsi sans penser à moi ou à me contacter. Quand je l’ai rejoint la seule envie que j’avais était de le prendre dans mes bras, j’ignore ce qui se passe et je n’insiste pas pour qu’il me détail l’histoire dans l’immédiat apprenant que cela a un rapport avec sa mère. Sachant combien il était heureux de la voir je peux seulement imaginer que pour qu’il ressente une peine aussi grande elle a dû frapper de manière à le toucher personnellement. Loukas n’est pas faible, il ne pleure pas souvent, même jamais, je ne me souviens pas avoir vu mon petit ami verser autant de larmes, mais ça me blesse, me heurte de plein fouet dans ma poitrine alors que je serre l’étreinte autour de lui. J’ignore quoi faire d’autre ou quoi dire de plus, je ne peux qu’être là pour lui et le soutenir dans les épreuves. Les minutes passent alors que j’entends les sanglots de mon copain, puis au fur et à mesure il se calme, doucement, changeant de position avant de m’emporter avec lui dans sa descente. Je ne m’y attendais pas du tout, mais une fois stoppé son action m’a arraché un léger rire, peu importe ce qui se passe, Loukas reste un idiot. En silence je regarde son visage rougi par ses larmes et le froid avant de m’arrêter à ses yeux afin de laisser nos regards l’un dans l’autre. « À quoi tu penses ? »

TENUE ▬ J'aurai pu, dès le premier instant où le mal m'a submergé, appelé London et rester avec lui, mais je ne me sentais pas le coeur à être avec qui que ce soit. La colère m'habite rarement, j'ignore ce qu'elle engendre et je préfère ne pas savoir. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas contacté de suite mon petit ami, et pourquoi je me suis manifesté bien plus tard, quand la colère a laissé place à cette immense tristesse. Il y a pire dans la vie, puis ce n'est pas comme si ma mère vivait toujours sous notre toit. Cela fait des années qu'elle a prit le large, nous laissant mon père et moi à une vie différente, sans ce pilier maternel, féminin. Néanmoins le choc est toujours plus violent, qu'importe la raison, qu'importe si elle est proche ou non de nous comme par le passé. London n'a pas hésité à rappliqué, me prenant dans ses bras une fois à ma hauteur. De base, c'est un garçon entêté et enfantin, mais en me voyant dans cet état, il est subitement devenu silencieux et chaleureux. Je ne dis pas qu'il n'est pas chaleureux d'habitude, juste un peu plus bruyant et joyeux. C'est ma faute, je dois sapé son moral comme je sape le mien, inconsciemment. London est près de moi, mais je n'ai pas besoin de plus. Bercé par sa respiration filtrant à travers mes sanglots, sentant son coeur battre dans mon dos, ses bras autour de mon corps secoué par les spasmes. Il est là, tout simplement. Je n'en demande pas autant, finissant de me calmer seul une fois le plus gros passé. ça fait du bien de vider son sac, de pleurer un bon coup et ensuite de se relever. Ou plutôt, de glisser. J'emporte mon copain avec moi dans la descente, reprenant le dessus sur lui tandis qu'il rigole doucement. Il est mignon, quoi qu'il fasse et quoi qu'il dise, London est adorable. à quoi je penses ? J'en sais rien, peut-être à rien d'ailleurs. Lentement, je me penche vers lui et dépose mes lèvres sur les siennes, l'embrassant chastement. à quoi je penses. C'est une bonne question, j'ai plutôt l'impression d'avoir la tête complètement vide. « à toi. » Soufflais-je contre ses lèvres. Elle était vide avant qu'il n'arrive, désormais elle est rempli de lui. Du London sur tous les murs de mon esprit, du London sous toutes les couleurs. « Je pense ... à comment je ferais si tu n'étais pas là. » Ma voix sonne étrangement à mes oreilles, enrouée et faible, réduite à force d'avoir pleuré. De toute façon, je n'ai pas besoin d'en dire plus, juste de le regarder, de le fixer de ces perles noires.

TENUE ▬ Je ne compte pas faire de scène à Loukas pour ne pas m’avoir appelé immédiatement, même si je me suis inquiété je peux imaginer en le voyant qu’il a eu besoin de temps et surtout de s’isoler un moment, je ne peux pas lui en vouloir pour ça. Le principal c’est qu’il m’a tout de même appelé quand il put se calmer et me voilà à ses côtés à rester calme et présent tout simplement. J’aurais pu le bouger, lui gueuler dessus, l’embêter, être aussi turbulent que d’habitude, mais j’ai compris rapidement qu’il n’avait pas besoin de ça. C’est rare de voir mon petit ami dans cet état, je me suis simplement adapté à son humeur et à ses besoins, le laissant pleurer tout en le gardant dans mes bras, collé à lui je peux sentir sa peine, sa frustration, ses larmes, son corps tremblant, mon état se calque au sien, le voir ainsi me rend triste et brise mon moral, mais je veux être une force pour lui comme il est la mienne et lui permettre de s’appuyer sur moi quand il en a besoin. Je n’avais pas prévu qu’on se mette à glisser ensemble, me retrouvant au sol avec Loukas au-dessus de moi, riant un peu je l’observe ensuite en silence, mon petit ami est juste magnifique, même avec les yeux rouges à cause des larmes qu’il a versées avant de lui demander à quoi il pense, curieux de savoir ce qui se passe dans son esprit à cet instant précis. Le laissant m’embrasser avec douceur et lenteur, je continue de le regarder en esquissant un sourire à ses paroles. « Tu n’as pas besoin de penser à ça. » Ramenant ma main sur son visage, je caresse ses joues en passant mon pouce sous ses yeux encore humides. « Parce que je suis là et je compte bien le rester. » Lui tirant la langue. « Idiot. »

TENUE ▬ Il n'y a pas besoin de plus qu'une présence réconfortante dans ces moments-là. Même si London se montre dynamique ou encourageant, je ne trouverais pas la force de lui répondre et j'en serais que davantage touché. Mon copain comprend où j'en suis seulement en voyant mes larmes, mon corps trembler ou les sanglots se faire entendre dans le skate parc désert. J'ai besoin qu'il soit là, calme et patient, avant de pouvoir me libérer de ce fardeau qui pèse trop lourd sur mes épaules. Je me croyais fort, mais je me rends compte qu'il existe des failles même chez moi. Sourire, rire, prendre la vie du bon côté, je pensais être capable d'être ainsi tout le temps, même quand ça devient difficile et compliqué. Faut croire que non, je suis bel et bien un humain comme les autres. Les pensées toujours troublent, je mène London au fond du bassin et le surplombe, les yeux dans les yeux. J'ignore ce que j'attends exactement, mais j'attends. à quoi je pense ? à lui. Dans l'immédiat, c'est celui qui me fait le plus de bien. L'embrassant doucement, je partage ma crainte avec lui. Ce doute m'apparaît rarement comme une fatalité, je ne songe jamais à une vie sans London, pourtant l'espace de deux secondes, j'ai entrevue un monde seul. à sa caresse, je frotte ma joue contre sa peau, affichant un doux sourire. Peut-être que je n'ai pas besoin de penser à ça, peut-être que ça n'arrivera jamais. Comment le savoir. Petit, je croyais que mes parents s'aimeraient pour toujours. ça ne les a pas empêché de se séparer et de vivre chacun de leur côté. « Tu as intérêt. » à rester. Idiot ? Ce simple mot me fait rire, moins joyeusement que d'habitude, mais ça reste un son agréable à entendre. « Ne me tente pas. » Soufflais-je, mon visage proche du sien.

TENUE ▬ J’ai connu ce sentiment, la peine et la douleur, l’abandon et l’incompréhension. J’étais idiot, m’étant attaché à Wolfram quand il m’a quitté j’ai eu le cœur brisé en morceaux, surement parce que j’étais confiant et que j’espère qu’il soit celui qui me soutienne. Raylai m’a aidé, puis Loukas est arrivé. Mon meilleur ami a adouci la plaie, mais c’est Loukas qui m’a guéri avec sa présence et en me faisant comprendre avec le temps que ce que je ressentais pour l’allemand n’était pas aussi fort que je croyais. Loukas m’a sauvé, je pensais que personne ne m’accepterait moi et mes défauts, ma phobie, mes craintes, mais lui n’a pas reculé et il n’a pas eu peur de rester avec moi. Je ne pourrais pas dire à quel point je lui suis reconnaissant et à quel point je l’aime pour ce qu’il est. Aujourd’hui c’est lui qui a besoin de moi et je compte être présent pour lui, c’est le rôle du petit ami de comprendre et d’épauler la personne qu’on aime, le silence me semble la meilleure chose à cet instant, le gardant dans mes bras je ne peux l’empêcher de pleurer et d’évacuer ce qui semble le torturer intérieurement, le voir ainsi est une première, mais je me rends compte qu’il est humain. Loukas souris tout le temps, accepte tout, mais quand il se met en colère, quand il pleure, quand il montre ses émotions avec autant de sincérité je suis touché et ça déteint sur moi, il est comme tout le monde, il a le droit de craquer. Quand il nous fait tomber, je me retrouve rapidement dans une position différente, mais je n’ai aucun embarras ou aucune gène, je le regarde simplement dans les yeux en l’interrogeant. J’aime ses paroles, mais je le rassure aussitôt sur ce qu’il craint, je me fiche qu’on soit incapable de prévoir ce qui arrivera demain, ce que je sais c’est que je ne l’abandonnerai pas. À moins que je meure je resterai accroché à lui, j’ai beau être un sale gosse, avoir un caractère de merde, être souvent agaçant ou turbulent, excité ou que sais-je encore ce qu’on peut me reprocher. Pour moi il n’y a que Loukas. Alors non, je ne partirai pas, je resterai avec lui jusqu’au bout. Le traitant d’idiot, je lui tire la langue avant d’être un peu surpris par sa remarque. « Te tenter ? De quoi pourrais-je te tenter ? » Je souris en passant mes bras autour de son cou pour le ramener contre moi en l’embrassant simplement. Je me fiche des gens, je hais ce qui lui fait du mal et le blesse, mais je serai là pour panser ses blessures. Quelles qu’elles soient.

TENUE ▬ Ainsi positionné au-dessus de lui, c'est beaucoup plus facile de voir et d'observer son visage, perdu dans mes pensées à la fois confuse et éparse. Les larmes me semblent un lointain souvenir quand je m'égare dans ses yeux, gardant le silence un court instant pour faire durer ce moment agréable. Nous sommes au centre d'une piste pour skatteur, à se dévisager tout en parlant, bien qu'il me traite d'idiot et me tire la langue, ce qui me fait sourire. Il me tente, c'est lui l'idiot. London ne semble pas comprendre ce que je raconte, en même temps il n'est pas dans ma tête pour savoir à quoi je pense. Sentant ses bras autours de mon cou, je le laisse m'enlacer, me rapprocher de lui et m'embrasser. Glissant mes coudes sur le bitume, je m'allonge à moitié sur lui, approfondissant notre échange et cherchant une chose précise. Mêlant nos souffles, je serre les dents sur sa langue pour la mordre avec le moins de délicatesse possible. Il m'a tenté tout à l'heure en tirant ce muscle rose, fallait réfléchir à deux fois. J'éloigne ensuite mon visage, l'examinant avec un petit rire amusé. « Si je suis un idiot, tu es un sale gosse. » Qu'il ne dise pas le contraire, London a un caractère d'enfant dans sa crise d'adolescence. « Tu sais que tu me tentes pour d'autres choses.... » Soufflais-je, presque innocent. Nos baisers ne sont qu'un fin pourcentage de mes désires, mais je ne peux les laisser évoluer. « Ne fais pas attention à ce que j'viens de dire. » Je préfère qu'il se rassure, qu'il ne se tracasse pas avec mes paroles, qu'il ne cherche pas non plus à me satisfaire en oubliant ce pour quoi j'évite d'être tactile avec lui. « On n'va pas passer la nuit ici ? » C'est plus une remarque qu'une véritable question. Il commence à se faire tard, mais même si je n'ai aucune envie de rentrer moi, nous ne pouvons pas rester éternellement dehors. Glissant mes mains le long de ses bras, je tire dessus pour venir emmêler nos doigts. Je pousse ensuite sur mes jambes pour me relever et l'emporter avec moi, à nouveau. Maintenant que nous sommes au fond, faut remonter.

TENUE ▬ Il y a quelques mois me retrouver dans cette position m’aurait dérangé, gêné, mis mal à l’aise. Il doit se souvenir des débuts, de quand nous étions encore amis et qu’il me tenait chaud dans cette grotte, des moments qui ont suivi ensuite où je prenais sur moi pour supporter cette situation. Les choses changent. J’ai toujours peur et je doute qu’un jour cette angoisse disparaisse, ma phobie ne me quittera pas comme ça, mais malgré moi j’évolue avec Loukas. Il me touche, me taquine, m’embrasse, je fais un effort pour lui montrer que je suis quand même réceptif envers ces gestes, après tout je lui ai avoué que j’avais envie de coucher avec lui, que je voulais être comme tout le monde et le rendre heureux, ne plus être différent ou avoir l’impression d’être dépassé par son ex. Malgré tout je ne peux oublier ça, mais je sais que Loukas m’aime, moi et personne d’autre, alors j’ai confiance. Tout ça pour dire que même si je ne suis pas conscient que je puisse le tenter ou éveiller des envies chez mon petit ami, je serais capable de supporter toute proximité sans trouver ça pesant, sans même y penser, je n’ai rien en tête qui me dit « attention », non, je suis serein. Râlant quand il mord ma langue, je le maudis du regard. « C’est comme ça que tu me remercies ? Ok. »  Je joue les faux vexés détournant le regard quelques secondes le reposant finalement sur lui. « Pour quel genre de choses ? » Je demande sérieusement, même j’ai conscience que la réponse pourrait me déstabiliser, je ne veux pas ignorer ses mots comme il me le demande, je veux qu’il me dise ce qu’il ressent, ce qu’il désire, même s'il sait que ça pourrait me paniquer, c’est mon petit ami et le silence n’est en aucun cas bénéfique entre nous. Prendre des pincettes et me protéger sans cesse de ma peur ça ne m’aidera pas à la surmonter. « Pourquoi ? Je suis bien là. » Trop tard il s’est relevé et moi avec, maintenant debout on doit remonter. « Tu es sûr que ça va aller ? » Après tout il y a quelques minutes il était encore en larmes. « Où tu veux passer la nuit ? » Peu importe son choix, je reste avec lui.

TENUE ▬ Être proche de London est un plaisir, et parfois une plaie. Je suis heureux d'être à ses côtés, de l'aimer autant qu'il m'aime et de profiter de la vie avec lui, librement. Pourtant, y a des fois où j'aimerai que cette phobie n'existe pas et que mon copain ne soit pas effrayé dès que je le touche de trop. Sa peur me fait peur, clairement. Parce que j'ai peur de le brusquer, de l'effrayer ou de le blesser. C'est comme si j'avais un enfant fragile face à moi et que ma force était dix milles fois supérieure à la sienne, ce qui pourrait le briser, le casser. Même dans ces moments-là, je n'oublie pas. Je lui mords la langue à travers l'un de nos baisers, mais ça s'arrête là. Je sais que je n'ai pas droit d'aller plus loin, il faut restreindre les tentatives. « Je t'avais prévenu. » De ne pas me tenter avec sa langue. London fait son gosse capricieux, mais je ne le lâche pas des yeux. Il ramène finalement son regard vers le mien et sa question me fait l'effet d'un rocher sur le dos. Mes iris se font moins pétillantes, plus triste. Oui, sa phobie est une véritable plaie. « T'embrasser n'est pas suffisant... » Soufflais-je, détachant mes mots pour qu'il comprenne mon sous-entendu. Je ne peux pas lui déclarer clairement ce que j'éprouve, ça me ferait peur de le paniquer. London semble insister, mais je ne réponds pas de suite, nous aidant à nous relever et à faire face à cette montée. « ça va mieux. » Il n'a pas besoin de s'en faire, j'ai pleuré pour dix ans au moins. Dévoilant un petit sourire à mon copain, j'hausse ensuite les épaules. « Je n'en sais rien. » Si je m'écoutais, je dormirais dehors sur un banc, à la belle étoile. Néanmoins les nuits sont froides et je ne tiens pas à tomber malade. « Où tu veux, ça m'ira très bien. » Je ne suis pas difficile, tant que ce n'est pas chez moi... à moins qu'elle soit partit. Tenant sa main dans la mienne, je lui indique le haut du bassin et commence déjà à prendre mon élan pour grimper la légère pente. ça ne devrait pas être difficile, je l'ai déjà monté à plusieurs reprises après une chute en skate.

TENUE ▬ Est-ce que ma phobie met en danger notre relation ? Je ne sais pas, je ne le pense pas. Loukas ne dit pas vraiment ce qui le dérange ou ce qu’il désire, je tente souvent de déchiffrer ses pensées grâce à ses remarques ou à ses gestes. Ma plus grande peur et qu’il se rende compte que c’est trop difficile, mais je fais des efforts pour ça... Je ne sais pas où je vais ni de quoi je suis capable, mais je veux qu’il me dise les choses telles qu’elles sont pour lui, Loukas a cette habitude de se taire pour me protéger ou pour éviter que je prenne peur et m’enfuis. Je ne suis pas idiot, je sais que je dois faire face à ce problème, mais ce n’est pas en voulant m’éviter de paniquer que je pourrais les affronter. Bien sûr, une phobie ne se guérit pas comme ça et même si on en parle je ne peux pas promettre de répondre à ses attentes, pourtant je veux partager ma détresse avec lui et qu’il puisse me faire part de ses pensées quelles qu’elles soient. Je ne sais pas pourquoi j’ai le cœur qui bat à ses paroles, je ne devrais pas être surpris d’entendre ça, mais j’avoue que ça me fout la pression, je pensais qu’il pourrait réellement s’accommoder des baisers et des câlins qu’on se donne, mais je me suis trompé et bien que je tente d’en savoir plus, je pense qu’il a eu raison de se taire. Je me sens un peu perdu, même si je ne montre rien, j’ai la sensation que ma peur pourrait de nouveau causer des problèmes et je ne sais pas comment l’en empêcher. Me redressant avec Loukas, je lui demande comment il va, rassuré que ça aille mieux que tout a l’heure, j’imagine qu’il ne compte pas rentrer chez lui, du coup je demande où il compte dormir, ne pouvant pas le laisser seul, ne le voulant pas non plus d’ailleurs. Grimpant la pente, on est rapidement sorti de notre « trou ». « Je n’ai rien à te proposer... Je vis dans le même dortoir que toi. » Honnêtement si j’avais un lieu plus sympa pour qu’on puisse passer la nuit au calme je l’aurais proposé sans hésiter, mais je n’ai rien de tout ça. « On peut aller à la piscine, c’est chauffé. » Dis-je avec un sourire, ça pourrait être amusant et on pourrait se détendre aussi, personne n’irait là-bas à cette heure-ci.

TENUE ▬ Sa phobie n'est pas une tare, parfois c'est affligeant, mais je ne le déteste pas pour autant. Cette peur ne brisera pas notre relation, tant que je l'accepte sans faillir, elle n’abîmera même pas notre complicité et ce lien qui nous unis. J'ai l'impression d'en demander beaucoup, alors que j'ai à peine ouvert la bouche. London doit se douter de là où je veux en venir, même s'il me questionne et cherche à savoir ce que je veux réellement, je ne peux le formuler avec des mots sans penser le blesser. ça serait ma plus grande peine, de le paniquer et de lui faire peur. London pourra fuir, je l'accepterai, mais jamais je ne pourrais me pardonner de le briser avec mon égoïsme et mes envies passagères. Passagères, parce qu'elles finissent par passer, tôt ou tard. Rien qu'avouer mon insatisfaction me fait mal au coeur pour lui, je ne dis que je ne suis pas heureux de nos baisers ou de nos câlins, juste que parfois j'aimerai davantage que cette simplicité. évidement, je ne le force pas et je ne cherche pas à faire entrer mon message dans son crâne. Si j'avais un phobie, je n'aimerai pas être forcé de l'affronter. Finalement, ce n'est pas plus mal que je m'arrête là et change de sujet, désirant dormir ailleurs que chez moi pour ce soir. Que mes parents soient toujours là ou pas, je m'en fiche. N'importe où serait mieux que là-bas, confiais-je à mon petit copain avant de remonter la pente et de sortir de ce trou. ça n'a pas été difficile. « Je sais, mais le dortoir m'irait très bien. » Bon, ce n'est pas très original, mais je ne veux pas non plus faire dans l'extraordinaire. La piscine ? Un sourire s'étend doucement sur mes lèvres, tandis que je songe à son idée. Je n'ai aucune raison de peser le pour et le contre, ça me va aussi bien que retourner aux dortoirs. « Allons à la piscine. » Au pire des cas, nous pourrons revenir sur le campus ensuite, et retrouver nos lits. Serrant sa main dans la mienne, je tire dessus pour le guider vers la sortie du skate park, direction le bahut. Nous sommes pas très loin, l'avantage de m'être tiré au-delà de mon propre quartier pour m'évader et échapper à ma famille. « Je suis désolé... Pour t'avoir inquiété. » Il a dû courir partout à ma recherche, se ronger les ongles, s'imaginer les pires atrocités au monde. Bref, je suis heureux qu'il soit là à mes côtés.

TENUE ▬ Je ne peux pas me mettre à sa place, la mienne est déjà bien emmerdante comme ça. À l'époque de Wolfram j’ai compris que ma phobie était un problème en faisant face à ses remarques blessantes, mais j’ai accepté de sortir avec Loukas malgré ça, malgré la peur que cela puisse finir par être une épreuve un peu trop difficile à surmonter. La différence est que j’ai confiance en mon petit ami, en ces paroles et que je sais qu’il ne me quittera pas pour une question de sexe... Je prends seulement conscience que je dois essayer de surmonter cette phobie rapidement, ce qui me met un peu la pression car j’ignore si j’en suis capable. Comme je l’ai déjà dit à Loukas, la clef pour que je puisse la surmonter, c’est lui. Seul je n’y arriverai jamais, pour ça on doit arriver à en parler et moi à m’ouvrir à l’éventualité de le laisser me toucher, même si c’est effrayant ou que je peux paniquer, ça ne marchera jamais si je ne l’affronte pas de front. Je n’ai que le dortoir à lui proposer pour dormir, faut dire que je n’ai pas un lieu comme lui en dehors de l’établissement, mais je pense à la piscine, surement parce que je me dis que ça lui fera du bien et qu’on pourra s’y détendre un peu avant d’aller nous coucher. Il approuve et je souris simplement en hochant la tête, ravi que mon idée lui plaise. Main dans la main on marche en direction du campus et du gymnase, je suis soulagé qu’il aille bien, même s’il m’a inquiété en effet je ne lui en veux pas. Au contraire je vois une facette de Loukas que je ne connaissais pas, lui aussi peut être blessé, faible, malheureux, il peut pleurer et avoir besoin de s’isoler comme n’importe qui. « Hum, je ne sais pas si j’accepte tes excuses. » Dis-je faussement sérieux, lui jetant un regard avant de laisser mes lèvres s’étirer, ressentant l’étreinte de mes doigts entrelacés aux siens. « Tu as le droit de m’inquiéter quand tu vas mal. » C’est aussi ça être un couple, je préfère voir ses faiblesses que le regarder sans cesse jouer les forts.

TENUE ▬ Nous avons sûrement déjà discuté de ce sujet plus tôt, le seul moyen de vaincre la phobie de London par rapport au sexe est de tenter, pratiquer, forcer... Or, je ne veux pas l'obliger à quoi que ce soit. S'il me fait une crise de panique, j'arrêtai tout. Je me connais, je sais que je n'aurai pas le coeur de le faire souffrir, même si ça peut lui permettre de surmonter sa crainte. Il m'en demande beaucoup, autant que j'en demande beaucoup à mon tour. Nous sommes mal barré, c'est sûr. Je n'insiste pas pour l'instant, bien que j'ai eu le coeur de lui faire comprendre que je me retenais. On pourrait croire que je n'ai jamais envie de le faire ou que London ne m'attire pas physiquement à ce point pour me restreindre, mais c'est totalement faux. Je pense seulement à sa peur, et cela me suffit pour être discret. London lance une bonne idée en proposant d'aller à la piscine. Il est tard, mais le gymnase reste ouvert aux étudiants, malgré le couvre-feu. Je ne comprendrais jamais pourquoi, alors que nous sommes censé dormir. L'établissement est tellement grand que le concierge ne pensera pas à surveiller la piscine, ou alors on se cachera pour ne pas se faire prendre. J'en profite au passage pour m'excuser de l'avoir inquiéter, même si ce sont des choses qui arrivent. Je n'aime pas faire peur aux gens, à fuir et à me cacher comme un lâche pour évacuer ma peine et dissimuler mes larmes. London est mon copain, il est le seul à qui je montre autant de faiblesse. à ses paroles, je le regarde en silence, à peine étonné. Il serait capable de ne pas me pardonner ? Possible. Pourtant ce n'est pas assez grave pour m'en vouloir, puis je suis humain comme tout le monde. Moi aussi j'ai besoin de m'isoler de temps à autre, de partir sur un coup de tête sans penser aux autres. Son sourire me prouve qu'il plaisante et qu'il n'est pas sérieux. « Pas trop non plus. » Souriais-je, balançant nos bras au rythme de nos pas. Nous prenons la route menant à l'école, ce qui se résume à quelques minutes de marche avant d'arriver devant le portail du bahut. « Faudrait pas se faire choper. » L'heure du couvre-feu est dépassée depuis un moment déjà, je ne me suis pas rendu compte du temps que j'ai perdu à l'extérieur, après être parti de chez moi. Je n'ai même pas prévenu mon père depuis des heures, me fichant presque de tout... Même si je m'en veux par rapport à lui, seulement lui.

TENUE ▬ Ce n’est pas comme si nous avions le choix. Je ne veux pas avoir peur, je ne veux pas paniquer, je ne veux pas être blessé, mais même s'il n’a pas besoin de forcer les choses, petit à petit il doit me permettre de m’ouvrir à lui, d’avoir confiance et d’oublier cette phobie qui nous gâche la vie. C’est parce que j’en ai conscience que j’ai aussi mal, que j’ai peur de ne pas être à la hauteur, que je me rends compte que je prise Loukas d’une vie de couple normal... J’ai l’air insouciant et souvent gamin à toujours faire des remarques, des conneries, me comporter égoïstement ou agir comme un sale gosse, mais... je réfléchis énormément et il ne faut pas croire que je ne me prenne pas la tête. Pour moi c’est quotidiennement que je tente de faire un pas, de me dire que je peux le faire avant de me résigner totalement terrorisé ou effrayé, c’est pourquoi je sais parfaitement que seul je n’y arriverai jamais. Bien entendu je ne me vois pas demander à Loukas de me toucher ou... ce genre de chose, j’imagine que ça ne se commande pas, mais je ne sais pas si le temps arrangera le problème ou non, est-ce qu’il y a de l’espoir pour moi ? Pour nous ? Je l’ignore. J’arrive à parler à Raylai, mais je devrais surtout en parler avec Loukas, sérieusement et pas parce que je suis jaloux de son ex comme l’autre jour ou pour n’importe quelle autre raison, seulement pour nous. En parler ici ne servirait à rien, pour le moment j’ai surtout proposé d’aller à la piscine, je suis le capitaine et surtout un de leurs champions, j’ai quelque privilège si je veux m’entrainer en dehors des heures de clubs, mais ça ne veux pas dire qu’on doit se faire choper en effet, vu l’heure on pourrait se faire réprimander, mais bon... Personne ne vient à la piscine, elle est assez isolé du bâtiment principal et du campus, donc on a un avantage, puis c’est le weekend, on a plus de liberté. De mon côté je ne suis pas du tout inquiet, surtout impatient de me retrouver dans l’eau je dois dire. « T’inquiète, laisse gérer ton capitaine ! » Je ris en ouvrant la porte le laissant entrer le premier avant à refermer, l’odeur du chlore caresse déjà mes narines, je ne suis pas vraiment habillé pour un petit saut dans la piscine, mais bon. « Vu qu’on n'a pas les maillots on va faire sans. » Pas le choix. Je retire mes vêtements dans un coin de la piscine pour me retrouver en boxer, avant de plonger le premier, j’avais raison elle est chauffée ! « Dépêche ! » Le pressais-je en revenant vers le bord pour l’y attendre.

TENUE ▬ La plus part diront qu'un homme aimant un autre homme n'est pas un couple normal, mais ce n'est pas l'image que je cherche à donner à ma relation. Je m'en fiche d'être normal ou comme les autres, tant que je suis bien avec mon copain. Certes, il possède une phobie compliqué à vaincre et j'ai moi-même peur de l'affronter, mais ça ne fait pas de nous des personnes différentes des autres. Je l'aime, il m'aime. Nous devrons l'épingler en haut de la liste pour se souvenir que rien n'est impossible et qu'il suffit d'y croire pour y parvenir. Je n'abandonne pas, je ne doute pas non plus. Je sais qu'un jour ou l'autre nous arriverons à passer ce pas, à surmonter cette crainte et à aller de l'avant ensemble. Je ne compte pas le lâcher sous prétexte qu'il ne m'apporte pas une relation pleinement satisfaisante, c'est faux. Pourtant London ne me dit pas clairement d'agir et je ne le fais pas directement par moi-même. C'est un cercle vicieux auquel il est difficile de s'en échapper sans tomber dans une routine affligeante. Si l'un de nous d'eux brisait ces barrières, nous pourrons vaincre. En attendant, je n'ai pas tellement le coeur à discuter de ces choses-là, bien qu'elles puissent me changer les idées. Prenant la direction du campus, j'oublie parfois que London est le capitaine du club de natation et un champion dans son domaine, ce qui lui donne des nombreux privilèges, dont s'entraîner tard. Je suppose. étant simple membre, je ne me suis jamais posé la question. Sa réplique me fait sourire, m'engouffrant par la porte et jetant un coup d'oeil à l'étendu calme. La piscine est tel une peinture figée dans le temps, sans vague, sans bruit. Il fait bon ici, ce que j'apprécie vraiment. C'est vrai, nous n'avons pas de maillot... Mais quelle importance. Comprenant déjà là où il veut en venir, je retire ma tenue pour rester en boxer, m'approchant du bassin où mon copain vient de sauter. Un sourire se dessine sur mon visage, prenant mon élan pour sauter à l'eau. Le contact est agréable, tiède. Du coup, je suis passé par dessus lui en plongeant, me retrouvant à quelques mètres de mon petit ami. Sortant la tête de l'eau, je ris, rabattant ma tignasse en arrière. « Qu'est-ce que tu fous là-bas ? » Rigolais-je, lui faisant signe de nager jusqu'à moi. Sauf qu'au dernier moment je plonge et disparais sous la surface, me laissant couler vers le fond pour m'asseoir en tailleur. Je flotte littéralement à plusieurs centimètres du sol, les paupières closes.

TENUE ▬ Je ne sais pas vraiment pourquoi je me suis retrouvé attiré par les hommes et honnêtement je m’en fiche. Pour moi ça n’avait aucune importance et cela est toujours le cas. Avec ma phobie je ne pense pas qu’une fille aurait été capable de m’aider, c’est stupide, mais le rôle de l’homme est de mettre en confiance sa copine, enfin j’imagine . Sauf que pour le coup, celui qui a besoin de confiance et d’aide c’est moi. Je n’ai jamais pensé que je pourrais seulement envisager de coucher avec quelqu’un, ni même que je serais capable d’y penser sans trembloter et faire une crise de panique, il y a un an je ne pouvais rien avoir à faire à ça sans être totalement terrifié et bien que j’ai peur encore aujourd’hui, mon amour pour Loukas m’a permis d’y réfléchir et de réussir doucement à me maitriser, comme lorsqu’on était enfermé cet hiver et qu’il était guidé par la fièvre à me toucher, j’ai pris sur moi pour pouvoir voir où étaient mes limites, j’ai encore du travail, mais peut-être que je pourrais la vaincre finalement, je veux croire que j’en suis capable, j’aimerais surtout en être capable. Arrivé dans la piscine, je me suis rapidement mis en boxer pour plonger le premier, le temps de revenir vers le bord mon petit ami à plonger à son tour, me dépassant sur la longueur. Je fais demi-tour pour le rejoindre, mais il disparaît sous l’eau, du coup je fais de même en allant voir ce qu’il fout, j’ai une bonne apnée donc ça ne me pose aucun problème. Voyant qu’il flotte j’appuie sur ses épaules pour laisser ses fesses toucher le sol de la piscine, le sourire aux lèvres avant de remonter et de me mettre sur le dos, c’est agréable de se baigner à cette heure-ci, sans personne et puis il fait frais dehors donc cette chaleur est clairement la bienvenue même si on risque de se cailler en sortant, réalisant qu’on n'a pas pris de serviette. Boulet.

TENUE ▬ Avant de rencontrer London, je ne savais pas que je pouvais aimer un homme. J'ai déjà eu une copine et je pensais être capable de m'intéresser qu'aux filles. Or, j'avais totalement tord. Je ne suis pas intéressé par les hommes, je suis simplement tombé amoureux de l'un d'eux. Si London n'était pas là, s'il n'avait pas manifesté des sentiments à mon égare, sûrement que je serais en couple avec une fille ou célibataire sans lendemain, mais pas avec un garçon. London a élargit mon champ de vision et j'aimerai sincèrement l'aider avec sa phobie, sans avoir de solution pour le moment. La dernière fois je me suis laissé tenté par la fièvre... Peut-être qu'il pourrait se décoincer en étant malade ou bourré ? C'est une idée comme une autre, une idée que je relais dans un coin de ma tête. Nous sommes arrivés à la piscine, terminant rapidement en boxer pour plonger à l'eau. Je n'attends pas qu'il m'invite pour sauter par dessus lui et me laisser couler au fond du bassin. Je n'ai sûrement pas un apnée aussi bon que mon copain, mais je peux tenir assez longtemps sous l'eau. Celui-ci me rejoint, appuyant sur mes épaules tandis que mes fesses touchent le carrelage. Un sourire m'échappe, mais mes yeux restent fermés. London est remonté, je le sens bouger et nager rien qu'au mouvement de l'eau. C'est plaisant de se sentir maître sous la surface, comme un poisson. Ouvrant les paupières, j'aperçois sa silhouette au-dessus de moi et décide de remonter à mon tour... Pile sous lui. Je le soulève, sans le jeter, juste en saisissant sa taille et en l'emprisonnant dans mes bras musclés. « Attrapé. » Souriais-je, venant l'embrasser avec délicatesse et chasteté. Comparé à lui, je ne pense pas aux serviettes, ni à sortir de là de si tôt. « On fait la course ? » Testons nos longues journées à s'entraîner sans relâche pour être le meilleur, bien que je sache qui de nous deux gagnera.

TENUE ▬ Au final je pense que personne n’est capable de dire avec certitude de qui il tombera amoureux, j’avais promis de ne plus rien ressentir pour personne après Wolfram et pourtant j’ai été attiré, piégé, emporter par toutes ses émotions qui me bouffer parce que je tenter de les taire, de les cacher, de les faire disparaitre... Sans succès. Aujourd’hui je suis heureux de ne pas y être arrivé, de ne pas avoir abandonné, d’avoir laissé cette chance à Loukas et qu’au bout de notre période d’essai il soit finalement tombé amoureux de moi. Heureux qu’il ne m’est pas rejeté quand j’ai avoué ma phobie, mais au contraire qu’il souhaite m’aider ou qu’il puisse croire en moi. Mon bonheur aujourd’hui je le lui dois entièrement et j’aimerai juste pouvoir nous permettre de l’être encore plus. J’ignore si coucher ensemble changeront beaucoup de choses, je ne l’ai jamais fait et forcément je ne comprends pas ce que ça apporte vu que j’en ai peur ! Mais c’est parce que je l’aime que j’aie réussi à le concevoir, à y penser ou même à me dire que j’en serais capable sans réellement savoir si c’est vrai. Pour l’instant on profite de cet instant à la piscine en mettant le reste de côté, je sais qu’il a souffert ce soir et je pense que c’est bien qu’il puisse se détendre et penser à autre chose plutôt que directement aller se coucher. Plongeant pour le rejoindre je le colle au carrelage avant de remonter, j’ai de l’air à revendre, mais j’ai plus envie de faire la planche sur l’eau que de rester en apnée. Enfin je n’en profite pas longtemps vu que mon petit ami remonte me rejoindre, sentant ses bras autour de ma taille ce qui me fais sourire. Un rapide baiser échangé qu’il me propose une course, mes yeux brillent instantanément. « Tu sais que je vais te battre ». Dis-je avec toute la fierté du monde et la certitude possible. Lui tirant la langue, je me défais de son emprise pour rejoindre le bout de la piscine. « Je vais finir par croire que tu aimes perdre. » Je l’embête, en réalité je vois surtout l’amusement, je ne ressens pas la compétition entre nous, même si cela ne veux pas dire que je vais le laisser gagner ! Hors de question, c’est simplement que... Je m’amuse quoi. Vraiment. « Tu me dis quand tu es prêt. » C’est quand il veut, de mon coté je suis déjà en place et prêt à nager à toute vitesse.

TENUE ▬ Il est vrai que coucher ensemble n'est pas une preuve d'amour, ou du moins ce n'est pas la seule qui existe. Sauf que je ne peux pas contrôler ce désire parfois envahissant et troublant, quand il est trop proche de moi, quand nous nous embrassons, quand je me rends compte qu'il est tout ce dont j'ai besoin pour être heureux. C'est comme un appel du corps, une petite voix qui résonne dans ma tête et me tente de sa belle luxure. C'est difficile à contrôler, mais ça prouve que je suis un humain comme tout le monde, avec des émotions, des sentiments, des défauts et des qualités. Si je n'éprouvais pas ce besoin envers la personne que j'aime, alors comment pourrais-je affirmer qu'il est vraiment le bon ? Dans le fond, je suis plutôt content d'avoir envie de lui, même si ça phobie nous bloque. Au fond de la piscine, j'ai le temps de songer à toute ces choses avant que mon copain vienne m'appuyer sur les épaules et me colle au sol. Quand il remonte faire la planche, je quitte ma place et l'attrape dans mes bras, lui souriant et l'embrassant furtivement. Une idée rapplique et je lui propose une course. C'est son truc, les courses. Il est fort pour nager, un véritable poisson. « Laisse-moi en douter. » Répliquais-je en riant doucement, voyant la fierté et la certitude briller dans ses yeux. Il est beau comme ça. London est motivé, se dégageant de mes bras pour aller se mettre en position. De bonne humeur, je le suis et me positionne à ses côtés. « Ce n'est que partie remise, je te battrai un jour. » J'en ai la conviction. Dos contre la paroi, je ne perds pas mon sourire, tout en fixant l'autre bout du bassin. « Je suis prêt. à trois. » Dis-je, mon sourire s'étendant jusqu'à mes oreilles. à Deux seulement, je donne le départ et me propulse. à force il me connait, ainsi que mes départs foireux. En vérité, ce que font les gens quand ils sautent d'un avion ou quoi, parce qu'à trois ils abandonnent et refuse de se lancer. Du coup, j'ai gardé cette habitude de partir avant et de ne pas me décourager.

TENUE ▬ Le plus étrange dans tout ça, c’est que j’ai envie de lui aussi. J’aime quand il m’embrasse, quand il me prend dans ses bras, quand nous sommes proches de toutes les manières possibles. C’est difficile de ressentir tout ça, mais d’être bloqué par une chose plus forte, une peur dominante qui me fait renoncer à chaque fois que je pourrais vouloir essayer, je ne sais pas comment passer ce mur, comment briser cette barrière... Mais si moi je n’y arrive pas, je suis certain que Loukas est la réponse. Même là, quand il remonte et entoure ses bras autour de moi je souris naturellement, le moindre geste me rassure et renforce mes sentiments, j’ignore comment Loukas vit notre relation, mais pour ma part je profite de toutes ses choses, même si ça paraît futile ou anodin dans un couple, ma vision est différente. Car toutes ses choses que je peux faire sans problème aujourd’hui étaient de véritables épreuves il y a peu. C’est surement ainsi que je puise ma force et mon espoir, cette lueur qui me montre que rien n'est jamais défini, une phobie peut être guéri, même si je n’y ai jamais cru, maintenant j’ai besoin d’y croire. Il propose une course et de suite après mon regard change, s’illumine avec confiance et fierté, je n’ai aucun doute du fait que je vais gagner, mais Loukas n’est pas nul, il a un bon « modèle » fufu. « Tu n’as aucun doute toi-même, avoue ? » Je lui tire la langue avant de partir de l’autre côté de la piscine, rejoins rapidement par mon copain. « Laisse-moi en douter. » Reprenant mot pour mot les siens de façon intentionnels. « Je te laisse compter. » Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression d’un déjà vue quand il part avant de finir, lui laissant ainsi un peu d’avance je souris en prenant mon élan et en me mettant à le rattraper rapidement, je suis un poisson dans l’eau, impossible que je me laisse avoir pour quelques secondes de perdues, même si en championnat ça m’aurait été fatal. Touchant le bord en premier, je ris en le regardant. « Quand c’est que tu arrêteras de tricher ? » Le taquinais-je en m’approchant de lui pour le couler par pure « vengeance », l’emprisonnant de mes longues jambes quand il sort la tête de l’eau, pour entourer mes bras autour de son cou et le maintenir ainsi tel un prisonnier. « T’as l’air d’aller mieux. » Soufflais-je contre toute attente. Malgré tout je suis toujours inquiet pour lui, malgré ses mots je connais Loukas, donc le voir s’amuser et rire ou être détendu, ça fait du bien.

TENUE ▬ Si les épreuves du passé ont été surmonté aujourd'hui, celles que nous affrontons en ce moment seront bientôt de l'histoire ancienne. London me connait, je ne baisse pas bras et je n'abandonne pas l'idée de vaincre cette phobie, même si ce n'est pas la mienne, elle me concerne avant toute chose. Il a besoin de moi, encore plus puisque je suis son copain et que je prévois de vivre longtemps à ses côtés, le plus longtemps possible. En attendant, nous pouvons rien faire à son problème et je ne compte pas méditer toute la nuit, proposant plutôt une course. C'est du délire, parce qu'il gagne à chaque fois avec son talent de maître de nageur. Sa mère doit être une sirène pour nager si bien, haha. Certes, je ne peux pas le battre, mais je lui donnerai du fil à retordre. « Pas faux, je ne doute jamais. » Est-ce la bonne réponse ? Pas grave. Je souris, le provoquant du regard. Perdant ou gagnant, ça me va. J'aime les deux camps, de toute façon. Rejoignant un bord de la piscine, je lui tire la langue à sa réplique identique à la mienne. Laisse-moi en douter, ce sera notre slogan pour les prochains J.O. Compter, c'est ma passion voyons. Il devrait savoir comment je compte, après toute les courses que nous avons déjà faites. Le point positif, c'est que je ne saute pas de chiffre. Le point négatif, c'est que je pars avant de dire la fin, prenant une légère et inutile avance face à ce monstre de mer. Franchement, quand je nage avec lui, j'ai vraiment l'impression d'avoir des bouées à la place des bras ou des jambes. Le genre de bouée qui te ralentis et te retiens. Il arrive en premier, et je râle dans ma barbe. Je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit à son reproche qu'il me coule. Heureusement que mes réflexes sont aiguisés, sinon j'aurai bu la tasse. Remontant à la surface, il ne s'arrête pas là et me bloque entre ses jambes, me faisant sourire. « Grâce à toi ? » Sans lui, ça n'irait pas mieux. « Et je ne triche pas, c'est toi qui es trop lent. » Au départ seulement, parce que même en trichant, il me bat. « Je vais mieux, t'inquiète pas. C'est passé. » Je veux vraiment le convaincre, lui faire oublier mes larmes et reprendre mon éternel sourire. Jusqu'à quand ? Je sais qu'une fois isolé, je songerai à nouveau à cette histoire et que le désarroi m'envahira encore. Tant que ça ne sera pas réglé, je serais tourmenté. Sauf que je ne veux pas parler avec ma mère, ni chercher à comprendre ce qui me paraît être évident. Ou alors, je me voile simplement la face et en vérité, je n'ai pas oublié cette amertume dû à son départ.