Si j’étais étudiant en art, j’aimerais qu’on me rapporte mon carnet à dessins. C’est précisément la pensée qui m’a traversé l’esprit au moment où j’ai récupéré celui que je transporte actuellement. Le bâtiment des arts ne se trouve pas bien loin de celui où je me rends, alors pourquoi ne pas y faire un détour ? Oui, évidemment. Ils doivent posséder un coin réservé aux objets perdus, comme c’est souvent le cas. Puis bon, vu la nature des dessins que j’ai pu entrevoir, je doute que tout le monde soit intéressé par un tel cahier… C’est plutôt… Enfin… Autant dire que ce genre de croquis – est-ce bien comme cela qu’ils nomment leurs dessins ? – n’est pas du genre à me mettre à l’aise.

Le carnet fermement serré dans la main, je traverse le campus après être allé vendre l’un de mes premiers livres de cours à un nouvel étudiant. Je peine à croire qu’ils tardent autant à se fournir les bouquins scolaires, surtout que les professeurs ne traînent pas. D’un autre côté, je comprends que leur prix dissuade même les plus courageux. Les manuels sont terriblement chers. Un sourire me vient aux lèvres alors que j’approche doucement du bâtiment des arts, passant devant la bibliothèque que j’ai quitté un moment plus tôt.

Je m’interromps en entendant une voix. « Oui ? » Je pivote sur mes talons. Mon regard rencontre alors le visage souriant d’une autre étudiante, à qui je réponds d’un sourire tout aussi large. « C’est le tien ? » Je jette un nouveau regard à la couverture rose et au dessin qui s’y trouve. Toujours aussi particulier. « Enchantée, Hikaru. Je l’ai trouvé à la bibliothèque, je comptais me rendre dans votre bâtiment pour le remettre aux objets perdus. » Après m’être légèrement incliné, je lui tends à deux mains son précieux carnet, espérant de tout cœur avoir fait une heureuse. Ce n’est pas grand-chose, mais l’indifférence est parfois telle qu’il faut y remédier par de petits gestes comme celui-là. « Je suis Asano Akira, étudiant en médecine. » Mon sourire reste présent, puis je pose les yeux sur le dessin qu’elle me montre. « C’est moi ? »