Coucou, tu veux voir ma BAGUETTE ?

feat. Andréa ♥

TENUE •••

Le soleil brille de plein fouet et la chaleur est au rendez-vous, la guitare sur le dos, j’avance d’un pas ferme pour quitter l’université. Nous avons beau être en été, là où tout le monde part en vacances, je suis coincé au Japon. Cela fait trop longtemps que je n’ai pas vu ni la France, ni la Suisse. Et bien que j’aime le pays du Soleil Levant, la côte d’Azur me manque. Paris me manque. Et je me languis d’un bon bout de pain et d’échalotes. Un soupir d’épuisement me quitte. Quand arriverai-je à me rappeler du détail qui terminera l’enquête ? Quand finirai-je par me souvenir de ces numéros et ces kanji ? Je veux rentrer chez moi. Ça me hante ! Et si la réponse était -jamais- ? Et si jamais, Ô grand jamais, je ne retrouvais celui les ayant tués ? Que je finissais par baisser les bras et que l'assassin finisse par être moi ?

Je soutiens un combat qui me paraît interminable et mes forces sont épuisables malheureusement… Mais plus je pense à tout arrêter et plus Steven et les autres reviennent en force et ça me tue. Quand je lève la tête je les vois, en train de m’épier et de me foudroyer du regard. J’entends leurs cris et leurs os craqueler et j’en pleure. A chaque fois je finis par me lamenter et fondre en larmes. C’est si fatiguant… Marchant dans les couloirs de ROYAL, j’essuie de mon poignet mes paupières gonflées et humides et inspire, pas de souci, l’école a été déserté de toute façon. C’est fou combien les riches peuvent fuir leurs idylles de sécurité quand on leur propose des vacances dans des endroits rêvés. L’Égypte m’aurait tenté… Steven aurait aimé.

Une longue allée, un virage puis un tournant puis je suis enfin dehors, le blanc de mes yeux rouges mais un tendre sourire affiché. C’est ce genre de détails qui me rassure, je n’ai pas oublié qui il était. Égaré dans mes pensées, je fais un bond en arrière quand j’entends des grognements et des hurlements non loin -une bête se serait infiltré par-delà les grillages ? Un chien peut-être ?- et tourne la tête en direction des bruits, curieux. Plus je m’approche de la source ; vers les distributeurs, plus j’entends les coups qu’assène apparemment une demoiselle sur une des machines. Mon intérêt se retrouve titiller, j’ai besoin d’une distraction après ce moment  déprimant qui vient de se produire et quoi de mieux qu'une nana !  Torse bombé, menton relevé, je fais le coq fier et me place à côté d’elle sans la regarder, donnant un coup de pied sec et violent précisément entre la trappe pour rendre la monnaie et celle pour prendre ses achats. T’inquiète, poupée, je connais l'astuce !

L’appareil recule de quelques centimètres et la canette coincée avance de juste assez pour la faire tomber dans le filet. « Un coup de maître, n’est-ce pas ? Appelle-moi Noah. » Dis-je avec un rictus orgueilleux sur les lèvres, je sais, je sais, qu'aurait-elle fait sans moi ! Et comme dans un film mal tourné, je tourne mon visage dans un ralenti pour mieux observer celle que je viens de sauver et c’est avec horreur, que je perds tout sourire et toute arrogance.

Là, à ma droite, se tient Tsuchiya Andréa, celle dont mon frère jumeau était amoureux. Celle sur qui j’ai fait un pari et qui mit ma relation avec Steven en danger. Celle qu’il m’avait caché... Celle que je ne faisais que charrier tout le lycée. La voir me ramène toutes ces années en arrière dans un tourbillon incontrôlable d’émotions et j’ai soudainement un pincement au cœur. « Andréa… » soufflais-je, encore stupéfait, coincé dans cette réalité qui m’a vite rattrapé. Je ne sais plus où me mettre et quoi dire et reste paralysé à fixer ses grandes iris comme si elle aussi était une hallucination. « S-S-Sa… Salut ? » Je n’en revenais. Vraiment pas… Cela fait bien trois ans maintenant que nous nous étions perdus de vue. Tôkyô est bien petit...

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MACFLY

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feat. Noah

TENUE ••• Les vacances ? Je n’avais même jamais pensé suivre la majorité sur ce voyage, pas que cela ne me semblait pas alléchant bien au contraire. J’aurais bien aimé quitter la ville pour filer bronzer sous le soleil des Bahamas avec quelques amies, sans me demander où j’irais dormir ce soir. Seulement c’est à cette période qu’on m’offre le plus de contrat, boulot, boulot, boulot. Je ne voyais que ça, l’argent ne tombe pas seul dans les bras et j’avais vraiment besoin de ça. Parfois je bosse au café le matin, puis dans une alimentation le soir, puis sinon j’alterne avec d’autres lors de mes jours de congés. Parfois j’aimerais simplement dormir sans attendre que le réveil sonne, sans être obligé de quitter mon lit, mais c’est un luxe que je ne peux pas m’accorder tous les jours, je me suis faite une raison.

Cette chaleur étouffante, même en ayant pris une douche ce matin j’avais la sensation d’être en sueur et c’était loin d’être agréable. Secouant mon haut pour me faire un peu d’air j’avais la gorge sèche, la goute qui glissé sur ma tempe alors que je l’essuyais d’un geste de la main avant qu’une autre ne prenne sa place. Comment il pouvait faire aussi chaud à Tokyo ? Je rêvais d’un bon brin d’air à l'ombre allongée dans l’herbe pour faire ma petite sieste. Ce serait cool comme pause, puis l’école était presque entièrement désertée avec tous ceux qui étaient partis en vacances ici et là. On devait être à peine un peu plus d’une centaine à être resté dans le coin.

Le lacet de ma chaussure défait je m’installe sur l’une des marches à l’entrée du bâtiment pour pouvoir le refaire, j’entendais le son de la batte plus loin, c’est vrai que les entrainements de baseball ne s’arrêtent pas l’été, bien au contraire ! On avait le tournoi. Je devrais y aller et m’entrainer aussi, sauf que je manque de temps avec tout ça. Bien entendu ce sport était une passion, un défouloir, un passe-temps. Gagner le championnat et passer pro c’était loin d’être dans mes ambitions, mais c’était pourtant le rêve de pas mal de jeunes présents dans l’équipe. Je les envie un peu je dois dire, les gars capables de suivre leurs voies sans ombre au tableau, sans rien pour dévier leurs routes. Je me faisais une raison depuis le temps, mais ça restait parfois frustrant.

Soupirant lourdement j’étais en train de crever littéralement là. Entrant à l’intérieur je vais directement jusqu’au distributeur, faillais que je m’hydrate sinon j’allais vraiment étouffer. Sauf qu’il devait y avoir une couille avec la machine, bien entendu. Mon argent bloqué dedans, la canette refuse de tomber... « Saleté de... » Frappant dedans je la secoue sans pitié. « J’y crois pas ! Rends-moi mes sous. » M’agaçais-je sur le distributeur non sans continuer de le frapper, j’avais soif putain !

Quelqu’un débarque pour jouer les héros à la rescousse de la jeune fille en détresse. Sauf que contrairement à lui qui semble avoir décidé de ne pas me regarder j’avais bien saisi qui il étais. Je ne l’ai pas revu depuis l’hôpital, enfin... C’était des visites lointaines restées secrètes et je n’avais pas l’intention de dévoiler quoi que ce soit là-dessus. Prenant ma canette et mon argent alors qu’il perd son air idiot pour me donner finalement l’impression de voir un fantôme. « T’en a d’autres des techniques de drague Hercule ? » Sérieusement s'il compte sur ce genre de réplique pour faire mouche je plains les nanas qu’il approche. Buvant une gorgée à pleine goute, je la tombe presque entièrement tellement j’ai soif. Contrairement à lui je semble moins surprise ou troublée, mais ce n’est qu’une apparence, il est facile pour moi de rester neutre. « Je ne savais pas que tu étais revenu. » On ne s'est pas parlé depuis ... avant l’accident en fait. Dur de savoir réellement quoi dire, mais je n’ai aucune intention de parler de cet évènement et je me doute que lui non plus.

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MACFLY

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feat. Andréa ♥

TENUE •••

Si je m’attendais à ce genre de réflexions ? A moitié. Est-ce que ça m’a vexé ? A moitié aussi, j’ai trop de fierté pour dire -oui-. Elle a toute les raisons de me détester en vrai : Je l’ai fait chier tout le lycée, j’ai fait un pari sur elle et pire, j’ai tué un mec qui était son ami et amoureux d'elle. Enfin, ça, je ne suis pas près de lui dire aussi tôt… Même si l’idée m'a traversé, Steven aurait voulu que je lui dise. Il est débile comme ça mon frère. Enfin était. Gorge serrée.

Je reste sans rien dire pendant un petit moment, l’écoutant jusqu’au bout, prenant en compte la réalité qu’est Andréa. Au début de mon hospitalisation, vous allez trouver ça bizarre, j’avais besoin de toucher les gens en face de moi pour bien me rendre compte que j’étais pas en train d'avoir des hallucinations. Ça me le fait encore quand je suis débordé par les émotions, c’est très perturbant. J’hoche la tête, toujours un peu stupéfait puis laisse un pouffe de rire de nervosité quelques secondes après avant de rouler des yeux et mettre mes mains dans les poches, grimaçant, tapant du pied sur le béton. « Ça fait un peu plus d’un an.  » Je hausse les épaules et la regarde à nouveau, plus calme, plus apaisé, concentré sur notre conversation et non sur la culpabilité qui crie à l'arrière de mon cerveau de m'enfuir et ne pas me retourner. « Mais tu me connais, moi et les études c’est pas trop ça… Et toi ? » Pour être honnête, Steven m’avait dit qu’elle était, je cite : « intelligente, belle, sportive et vraiment géniale comme fille ! Comment as-tu pu faire ça Noah ? Putain ! Mais t’es qu’un pauvre con quand tu t’y mets ! », toutefois j’ai aucune idée de ce qu’elle peut bien faire ici. Pas en lettres & langues en tout cas, je ne l’ai jamais vu… Après, elle est sûrement en année supérieur à la mienne alors forcément, c'est un facteur en plus… Il n'y a aucun intérêt à savoir ce genre d'informations, nous ne sommes pas réellement ami -un peu j'espère-, juste qu'au moins, on ne parle pas de tout le bordel qui s'est passé. Pas avec elle, pas avec Andréa. Ma foi, vu sa première remarque, elle a l’air de me traiter comme si rien ne s’était passé, c’est plutôt amusant d’ailleurs ! Et un peu perturbant, je l’admets ? On verra bien comment la discussion continue !

Même si j’aurai vraiment préféré aguicher une nana en guise de distraction, j'ai toujours besoin de ma dose de gros boobs pour la journée… D’ailleurs ça me fait penser, elle a pris quelques centimètres mais…. « En tout cas, ma drague est naze mais t’es toujours planche à pain, Tsuchiya. » lui lançais-je avec un sourire en coin, un sourcil arqué de malice et les yeux remplie de mesquinerie. Oh la baffe vous la voyez ? Moi je la sens venir, je crois que j’ai développé un radar anti-objets-volants grâce à Andréa. « Je veux dire, t’as grandi depuis 3 ans mais tes seins ont pas suivi. » Soupire de compassion. Autant s’enterrer jusqu’au bout si ça peut briser la glace, non ? C’est sûrement la chaleur et mon côté suicidaire qui cherche à attirer le meurtre sur ma personne. Faut vraiment que j'arrête ses cachets, ils me rendent plus con que d'habitude.

Drama Queen, je croise les bras et secoue le menton de désapprobation, faisant même la moue pour prouver ma sympathie, à noter que je suis un très, très mauvais acteur, elle prendra ce que je lui donne quoi… Et dire que je la charriais déjà pour être une fille qui joue au baseball comme si elle était un mec, elle va clairement me défoncer -elle a des relents de féminisme comme ça-. Quoi que ? Ses muscles ont un peu disparu mine de rien -elle a toujours été plutôt mince- et me semble ne jamais l’avoir croisé au club d’ailleurs… Peut-être qu’elle a arrêté ? « Tu fais encore du baseball à RPS ? » demandais-je pertinemment, tentant de me rappeler de quelconques indices d’elle sur le terrain, cependant, en y réfléchissant, je n’y vais moi-même vraiment que très récemment…

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MACFLY

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feat. Noah

TENUE ••• Un an ? Cette annonce m’avait un peu surprise je dois l’avouer. C’est vrai que l’école est grande, les couloirs interminables, les salles nombreuses et les étudiants plus encore. Seulement je pense que j’aurais reconnu son visage dans la foule, eu la sensation de voir un fantôme au détour d’un couloir, senti une présence qui m’aurait rappelé les moments passés. Pourtant rien de tout ça ne m’est arrivé, Noah était comme absent dans l’établissement. Aujourd’hui je sais qu’il y est et regarder de nouveau ce visage après l’avoir seulement admiré à distance est étrange. Il a grandi, muri j’en doute, mais ses traits ne sont plus ceux d’un adolescent en pleine puberté et con jusqu’aux orteils.

Il est clair que pour les études ce n’était pas son point fort non plus, c’est à se demander où sont ses qualités ? Steven avait dû prendre tous les bons côtés... Enfin je préfère ne pas y penser c’est déjà bien assez déprimant de me replonger à cette époque qui malgré le temps passé est capable de me sensibiliser. Moi ? Qu’est-ce qu’il veut savoir au juste ? Est-ce que ça l’intéresse vraiment ? Je ne pense pas, après tout j’ignore ce qu’il fait ici lui aussi. « Faut croire que je m’en sors mieux que toi. » Heureusement pour moi. Ma canette est presque vide, j’avais une de ses soifs. Je ne sais pas trop ce qu’il pense de mon comportement envers lui, mais je crois qu’il est mieux d’agir de cette façon plutôt que de se retrouver possédé par des sentiments trop lourd à gérer. Je n’ai aucune envie d’ajouter ça à mes problèmes du quotidien. Ce gars est juste le frère de mon coup de cœur disparu, un chieur qui aime prendre des coups et faire des blagues reloues.

Et apparemment il est toujours aussi con... Soupirant à sa première remarque, je bois une gorgée, semblant presque désintéresser, aurais-je muri ? Oh non. À sa question, j’envoie la canette sur lui, l’aspergeant du fond restant que je n’ai pas eu le temps de terminer. Envoyer des objets ça c’est marrant. J’avais presque oublié l’effet que ça faisait sans ma cible préférée. « Beau lancé non ? » Je souris malicieusement avant de m’essuyer les mains sur mon jean. « Quand j’ai le temps. Je ne t’y ai jamais vu pourtant. » Au cas où il a repris je ne pense pas qu’on soit allé au même entrainement. « Mes seins n’ont peut-être pas grossis, mais toi c’est ton cerveau qui est resté le même. » Je prends le même air compatissant que le sien plus tôt, presque désolé pour lui qu’il soit toujours aussi stupide. « J’ai perdu une gorgée sur toi, paie m'en une autre. » Dis-je en pointant le distributeur. « Et ne me dit pas de venir lécher ou truc con du genre sinon ce n'est pas la canette que je t’envoie dessus. » Je préfère contrer ce genre de répliques et plaisanteries avant qu’elles ne me désespèrent encore plus.

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MACFLY

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feat. Andréa ♥

TENUE •••

« C’est facile de mieux s’en sortir que moi. » Haussement des épaules : à moins qu’elle soit condamnée à mort pour X raison, rien de vexant là-dedans (mais j'y pige peut-être rien aux filles et aux relations sociales). Puis je suis une bille en étude, c'est pas nouveau.

Mais c’est vrai qu’en y repensant, c’est tout de même surprenant que nous ne sommes jamais croisés avant dans tous ces couloirs, salles et autres entrainements de baseball. Pas que j’en ai envie, la croiser aujourd’hui me rappelle un peu trop une sale histoire avec Steven qui s’est malheureusement fini dans une voiture tard dans la nuit pour essayer de lui remonter le moral. Ce n’est en rien la faute d’Andréa, pauvre d’elle, l’enfoiré ici c’est bien moi. Et Dieu seul sait combien elle doit le penser ! Ha, en même temps la traiter de planche à pain, vraiment ? Noah, ton machisme ressort à plein nez (je m’aime pour ça, un petit peu du moins.) Je ne suis pas vraiment sexiste, j’apprécie simplement me prendre les baffes d’Andréa, c’est un jeu qu’on a depuis si longtemps… On ne va pas laisser quelques morts changer ça hein ?!

Parfois je me déprime, oui, pas la peine de se poser cette question.
Ah, mais qui serait-elle si elle n’était pas cette furie ? C’était à prévoir, c’était écrit, en deux secondes top chrono, je me prends une canette dans l’épaule, déversant la boisson partout sur mon tee-shirt (blanc d’ailleurs, merci Andréa) et cache mon sourire de ma main. Sauf qu’un rire m’échappe et j’arrive pas à me contenir, la fixant avec des yeux pétillants. Ça fait du bien de trouver quelqu’un qui me déteste pour tout et rien. Je suis sûr que je ferais juste respirer elle me haïrait. « Je dirai même que tu t’es sacrément amélioré, j’en suis flatté d’avoir pu te servir de cobaye. » Masochisme à l’état pur, oui. Je ramasse la canette et la jette à la poubelle à côté, n’essayant même pas d’essuyer mon tee-shirt, de toute façon elle pourrait me relancer autre chose dessus. « J’y suis plutôt tard le soir, quand tous les gens sont partis. Ou très tôt le matin. Et rarement, à cause de mon genou. » Je n'ajoute rien de plus, mon cœur se pince rien qu'en pensant à ses mois de rééducation où je pensais avoir perdu l'usage de mon genou à jamais...

A sa mine boudeuse, je croise les bras et continue d’esquisser un rictus bienheureux. Elle a un truc Andréa, elle arrive à t’agacer et t’attendrir en même temps. Je grimace et fait un « nananana » à la remarque sur mon cerveau puis soupire. « Puisque la princesse en a décidé ! » (elle ne risque pas d'apprécier le surnom) Je sors une pièce de monnaie de mon portefeuille et l’insère. « C’est vrai que sortant de ta bouche, la proposition est… Alléchante. Héhéhé. » Les sourcils frétillent, mes dents blanches scintillent, si je l’arme pour m’arroser, autant lui donner une raison hahaha. « Du thé hein, c’est ça que tu prenais à chaque fois. Chaud ou plutôt froid ? »

Il y a des choses que même l’amnésie n’efface pas, comme ce qu’Andréa achetait à chaque fois qu’une journée finissait au collège. Quand on lie le tout, je comprends pourquoi Steven me disait toujours d'arrêter le café et de prendre le thé : C'était la faute d'Andréa pfff. J’en rigole un peu dans mon coin, appuyant sur les boutons pour faire tomber une canette. TOUTEFOIS je vois toujours pas pourquoi il voulait sortir avec, elle est chiante, capricieuse, violente et en plus ! Elle me parle comme si j’étais con.

Je dis pas que je le suis pas, mais un peu de compassion pour les faibles d’esprit oh !

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MACFLY

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feat. Noah

TENUE ••• Je ne relève pas sa remarque étant donné que je ne serais pas capable de dire le contraire. De toute façon c’était le cas bien avant qu’il soit pris dans cet engrenage, du moins à mon humble avis j’avais tout de même des longueurs d’avance sur cet idiot.

Au fond je me dis que si on ne s’est pas croisés avant c’est simplement que ce n’était pas le moment de se « retrouver » que ce soit parce qu’on le souhaite ou cette chose appelée destin peu importe. Les blessures sont là, les souvenirs aussi, mais le temps passe et grâce à ça nous sommes capable d’être l’un et l’autre les mêmes qu’autrefois. Que ce soit en apparence ou non, la façon qu’on a de s’affronter n’a pas changé et c’est un point positif, je n’aurais rien souhaiter d’autre. Surtout pas de le retrouver en pleine déprime et en larmes ou suicidaire, enfin... Je suppose qu’il est déjà passé par cette case ces trois dernières années à combattre contre le mal qui le rongeait, mais je n’ai aucune idée de ce qu’il a dû affronter et je ne m’aventure pas sur ce terrain-là.

Surtout que monsieur ne perd pas de temps pour jouer la provocation et qui me cherche me trouve, c’est bien connu. Le fond de ma canette a donc terminé sur son tee-shirt blanc, il fait chaud et c’est un mec, donc il ne va pas chipoter parce qu’on voit à travers, l’avantage d’être un homme. Il rit. Je le regarde et l’écoute me complimenter sur mon lancé. « Je dois encore m'améliorer, mais ravis de pouvoir le faire grâce à toi. » Petit ton ironique et provocant accompagné du petit sourire qui va avec. « Tout s'explique, on y va rarement au même moment. » Avec mes petits boulots s'est compliqué de suivre les entrainements régulièrement, mais j’aime trop me défouler et ce sport pour totalement l’abandonner.

Urg. princesse. Je le juge du regard en faisant comprendre qu’il aurait pu trouver autre chose, c’est genre... naze comme surnom, mais au moins j’ai une canette en cours de réception. Je ne me prive pas de lui taper l’arrière de la tête à son ricanement débile. « Alléchante, mes fesses. » Tout en finesse Andréa. « Wow, je suis impressionnée. » Sérieusement. « Faut croire que tu as le sens de l’observation quand tu veux. Froid, je crève déjà de chaud. » Je suis surtout étonné qu’il se souvienne d’un détail pareil, je n'aurais pas pensé que ce genre de chose l’aurait marqué. J’attends qu’il appuie sur le bouton pour récupérer la canette et l’ouvrir, buvant rapidement une nouvelle gorgée. « On dit souvent que les choses sont meilleures quand c’est gratuit. » Belle connerie, mais faut profiter de la gentillesse des gens -tousse-

« Sinon tu n’as rien à faire en dehors de déambuler dans l’école durant tes vacances ? Si tu voulais draguer t’aurais plus de chance en ville non ? »  Secouant mon haut pour me faire de l’air, sérieux j’aurais presque envie qu’il tombe un déluge là, cette chaleur me donne envie de trainer des pieds.

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MACFLY

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feat. Andréa ♥

TENUE •••

         Sur le visage d’Andréa je peux y lire tout l’énervement, le soulagement et surtout le désabusement. Ma connerie, mes rires et ma nostalgie, il y a un peu de tout je suppose et les sentiments sont réciproques. Je hoche la tête et ris et je ne peux pas m’en empêcher, elle est si hargneuse, si pleine d’énergie, j’en ai même mal à l’épaule où elle a visé. « Ravi de t’être toujours utile » Je suis une bonne cible, je devrais le mettre sur mon C.V. Ce serait mieux sur le terrain, on devrait essayer de faire ça un de ces quatre mais je n’ose pas lui demander, ce serait sûrement déplacé. Sûrement mal interprété. Et même pour moi, c’est malaisant… Entre Andréa et moi, je ne doute que l’on puisse devenir ami un jour, j’ai juste l’impression de marcher sur des œufs avec elle.

« Boude pas, t’es Princesse Baston, je trouve que ça te va bien. » Moi chercher les ennuis ? C’est pire à ce niveau-là, c’est mon côté suicidaire qui ressort carrément. Je paye sa cannette et relève les yeux vers elle, la laissant se servir. Je ris à sa réflexion, pourquoi s’attendre à un merci quand tu peux recevoir ce genre de remarque ? Secouant la tête, Steven grimace à côté d’elle. Lui qui m’avait lâché les baskets depuis un moment, je roule des yeux en le voyant. C’est qu’il me juge le petit con. La présence d’Andréa doit rappeler trop de choses à mon cerveau pour que j’évite mon jumeau. Enfin, il a gardé la même apparence qu’avance, il a arrêté de vieillir et en deux ans, je vois que mon visage est maintenant plus creux que le sien et mes yeux plus tirés. Mes pupilles se concentrent sur lui un instant puis je retourne sur Andréa, râclant ma gorge.

« Malgré les emmerdes que j’ai pu te causer, t’étais la fille du club la plus sympa avec qui causer. » On se prenait le bec c’est vrai, on s’engueulait et on s’est même presque battu une fois : Pour dire, les gens auraient toutes les raisons de penser qu’on se déteste. Je voyais plus ça comme deux enfants qui se chamaillent, deux gosses qui vivent de compétition. Ce n’est pas mutuel en soit. Grosse sueur froide, ma gorge se serre et mon estomac se noue. Comme pour changer de sujet, je crois, Andréa part sur autre chose et tant mieux parce que mon regard se perd sur mon frère les coudes croisés pile devant moi et notre engueulade mémorable sur ce fameux pari tombe dans mon oreille comme un cheveu sur la soupe. « Hein er… Euh. J’enregistrais une vidéo, les studios sont bien outillés ici… Et toi ? »

Ma main vole à ma bouche et je commence à me ronger les ongles, essayant de me concentrer sur les paroles de la demoiselle, mon homologue réitérant son discours encore et encore, ses injures et insultes volant comme des mots colorés dans l’air. Le tournis me prend, ma cage thoracique se serre et mon teint se pâlit. «  Je me sens pas très bien » lâchais-je d’un coup, les mains tremblantes pour mettre une nouvelle pièce dans le distributeur. « Vraiment désolé. J’ai la fatigue d’hier et… Je suis légèrement préoccupé. » Euphémisme bonjour.

« Tu sais quoi en fait je vais être franc. » Impulsion bonsoir.

« Je suis… Ptin Andréa, je sais pas comment te le dire autrement, je suis tellement désolé. » Je parle avec les mains et les bras, les écarte et les fais tomber sur le côté, dépité. « J’ai agi comme un con sérieusement, tu me connais trop bien pour ça. Et Saburô m’a suivi parce qu’il est comme ça. Il veut juste déconner dans la vie et il a pas réfléchi non plus une seconde aux conséquences et moi non plus. »

Il me fallut un instant pour reprendre mon souffle et mordre ma lippe. « Du moins il était… » La disparition de mon meilleur ami aussi m’ait lourde. Froncement de sourcils et me voilà parti pour prendre une canette de café glacé. Un peu yin-yang Andréa et moi. Steven n’a pas l’air content mais il disparaît enfin. « J’ai vraiment été un pauvre con et après tout ce qui s’est passé, ce fût dur de venir s’excuser avant. » C’était vrai. Après que la vérité ait été annoncé, l’été était arrivé et nous ne nous sommes pas revus depuis maintenant… Wow. Quasiment 3 ans ?

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MACFLY

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feat. Noah

TENUE ••• Si ça lui faisait plaisir je n’allais pas le contredire, autant continuer à l’utiliser pour aiguiser mon lancer, de toute façon on ne peut pas dire que Noah faisait en sorte que j’arrête, bien au contraire. Il devait aimer ça cet idiot maso. Rien qu’en m’appelant princesse j’avais déjà des envies de recommencer, ce genre de surnom gracieux ne me colle pas du tout, je n’avais absolument rien d’une princesse. Ajouté le baston ne change rien et je lui fais clairement comprendre avec mes yeux révolver sisi, comme la chanson française.

Honnêtement je ne fais pas attention au fait que Noah regarde ailleurs ou puisse être mal à l’aise, je suis concentré sur ma canette pour boire plusieurs gorgées de celle-ci, c’est toujours agréable. Après faudrait que je tombe une bouteille d’eau ce sera mieux ou je vais avoir soif sans arrêt.  C’est traitre ces choses-là.  La fille la plus sympa ? Je le regarde avec ce petit air hésitant, essayant de chercher la faille dans sa phrase.

« C’est parce que j’étais la seule fille... » En tout cas aussi active et motivée sur le terrain, les nanas avec leur propre club ou se retrouvait à la place à manager ce qui ne m’allait pas du tout. Ramené des serviettes et des boissons aux joueurs, écrire les résultats sur un carnet, faire la lessive pour les maillots et compagnie, ce n’était pas ma vocation au lycée, tout comme ça ne l’est pas aujourd’hui. Suite à ma dernière question il paraît étrange, cette fois je peux le remarquer parce que ses paroles ne sont plus aussi assurées, mais je ne m’interroge pas plus. Ce n’est pas comme si cela avait un rapport avec moi ou encore que cela me regardait. Lâchant d’abord un « hum » comprenant ses raisons, quant à moi je hausse les épaules sans donner de réponses plus claires. De toute manière je doute que cela ait changé quelque chose, Noah ne semble pas aussi réceptif et il le confirme en énonçant qu’il ne se sent pas bien.

Quoi ? Comment ? Je le regarde sans changer d’expression pour autant, mais intrigué par ce qui lui arrive, pourquoi d’un seul ? Est-ce que ça lui prend souvent ? Je ne peux pas le savoir étant donné que je ne le fréquente plus depuis des années. J’ignore les effets secondaires de cette histoire, j’ignore même si cela à un rapport avec et ne tente pas le diable en posant des questions, le laissant respirer, il doit savoir quoi faire pour se gérer. Préoccupé ? Franc ? Wow doucement j’ai du mal à suivre tout à coup.

Mon cerveau assimile lentement ce qui se passe face à ses excuses, je ne m’attendais pas une seconde à ce qu’il fasse le premier pas là, maintenant, remontant jusqu’à cette période qui a laissé des séquelles pour nous deux. Bien que je n’aie jamais eu la prétention de dire que ma souffrance était à la hauteur des siennes, je ne suis pas idiote. Seulement les marques du passé semblent tout de même marquées indélébilement dans un coin sans pouvoir être effacé malgré le temps. Noah est agité et moi silencieuse, je le regarde, l’écoute, essayant de comprendre. Le fait qu’il parle de son meilleur ami au présent ne m’a pas échappé, bien entendu c’est surement ce qui fait remonter le plus de souvenir, je me souviens de ces moments que j’avais tentés de scellé, de ce piège qu’ils m’ont fait et dans lequel je suis tombée. De l’indifférence de Steven, au final sa blague aura été utile pour que je comprenne que je n’avais aucune chance. Dois-je rester prisonnière d’une histoire qui n’avait aucun futur ? Je ne pense pas que je doive vivre avec ce fardeau, mais comme tout ce dont je trimbale ils sont là pour me rendre plus forte.

« Ce n’est pas comme si je ne le savais pas. » Qu’il était con. « Ça remonte à loin. » On pourrait croire que je suis passé à autre chose, ce n’est pas totalement vrai, mais malheureusement il est correct que le temps n’a pas cessé d’avancer depuis, laissant trois années s’écouler. « Dans d’autre circonstances tu ne serais pas venu t’excuser et je n’aurais jamais dû me laisser piéger. » Je ne dis pas cela comme un reproche. « Mais si c’est mon pardon que tu veux, alors ok. » Il a déjà assez souffert pour que je joue à ce jeu-là. Je ne suis pas puérile, violence oui, mais jamais je n’appuierais sur des douleurs déjà existantes comme celles que doit avoir Noah.

« Maintenant reprends-toi, sinon comment tu veux que je te frappe quand t’es comme ça. » Bien que cela n’y ressemble pas, je l’encourage à se reprendre.

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MACFLY