Akari retint un juron… Elle venait de se ramasser. En soi, rien d'inhabituelle. Après tout, c’était les risques du sport… Cela dit, son poignet droit lui faisait un mal de chien. Il lui était impossible de le toucher et / ou de le bouger.

Quelle plaie.

Sans grand enthousiasme et, à l’aide de sa main encore valide, la jeune lycéenne se releva. Elle irait d’abord aux dortoirs, ôter ses rollers et prendre une bonne douche, puis ensuite chez un médecin. Ayant déjà sa petite idée quant aux diagnostics, rien ne pressait. Qui plus est, elle n’était qu’à quelques pas seulement du campus Royal et de sa chambre alors ce petit détour ne lui coûterait rien, cinq minutes à tout casser.

Ce n’était pas sa première chute ou bien encore sa première fracture. C’est très certainement la raison pour laquelle elle était tout particulièrement sereine et ce malgré la douleur presque lancinante qu’elle pouvait ressentir et l'hématome apparent.

Arrivée au dortoir, elle ne s’attendait pas à tomber sur Haru. Par politesse, elle voulut le saluer d’un geste de la main. Mais au lieu de cela, une grimace vint se dessiner sur son visage. Par réflexe, sa main droite s’était légèrement relevé. Et… Diantre ! Que ça lui faisait mal.

« Sa mère la pute… »

Ces quelques mots lui avaient échappé. Un simple murmure qui, pourtant, semblait avoir été perçu par le jeune homme.

« Oops, non ce n’est pas ce que je voulais dire… Désolé... »

Elle affichait un sourire bien trop crispé pour être sincère. Pour cause, il n’était pas dans ses habitudes de jurer ainsi en public, si ce n’est peut-être devant son psy, mais également parce qu’elle ne voulait pas qu’il se doute de quelque chose. Après tout, elle ne voulait pas être perçue comme une pauvre petite chose.

« Ne me regarde pas comme ça. Tout va bien, ne t’inquiète pas... »

Calomnie. L’air de rien, elle s’installa sur le canapé afin de pouvoir enlever ses patins à roulettes.

Assis devant son bureau, Arthit se tient la tête entre ses deux mains. Son dernier calcul est en train de lui pourrir la vie comme jamais. A-t-il fait une erreur quelque part ? Est-ce un 4 ou un 6 qu'il est censé obtenir ? Ça va faire trois fois qu'il gomme son résultat, trois fois qu'il pense avoir trouvé et finalement non. Mon Dieu qu'il déteste ne pas savoir. En plus il est certain que Eden le réussirait en moins de deux ce calcul. Comme toujours. Faisant tourner son crayon entre ses doigts, il soupire longuement avant de se laisser tomber contre le dossier de sa chaise. Il ne va tout de même pas passer sa vie sur un stupide exercice. Il a autre chose à faire aussi. En plus il a faim. Peut-être qu'une petite pause s'impose.

Se levant de sa chaise, le jeune adolescent quitte sa chambre sans un mot pour rejoindre le salon commun. Personne en vue, le dortoir est désert aujourd'hui. Il n'y a que lui qui n'est pas sorti profiter du beau temps. S'attrapant un verre dans le placard, il se sert du soda en faisant attention de ne rien renverser quand l’une de ses colocataires, Akari, entre dans la pièce. Avec un petit sourire, il referme la bouteille en la saluant de la tête. Elle semble prête à faire de même mais quelque chose l’arrête avec une grimace : « Sa mère la pute… »

Les yeux écarquillés, il la détaille de haut en bas. Va-t-elle bien ? Elle ne l’a pas vraiment habitué à un tel langage. Malgré son sourire – légèrement crispé au passage – et ses excuses, il ne peut s’empêcher de l’observer. Quelque chose ne va pas, c’est certain. « Ne me regarde pas comme ça. Tout va bien, ne t’inquiète pas... » Hochant doucement la tête, Haru n’ajoute rien et porte son verre à ses lèvres, gardant tout de même un œil sur elle. Maintenant qu’il la voit dans le canapé, il se rend bien compte qu’un truc cloche.

Elle lui cache quelque chose et il n’aime pas ça. Alors il s’approche d’elle et attrape son poignet droit sans y mettre de force – il ne veut pas non plus lui faire mal. « Tout va bieng donc tu t’sers poa d’ton poignet ? » Secouant la tête, il s’accroupit juste en face d’elle et entreprend de défaire ses rollers. « Tu t’fait moal ? C’ment ? On va d’suite à l’hopitoal. » Il se débat un peu avec les lacets et les accroches mais finit par lui dégager un pied et l’autre au bout de quelques minutes. Une fois cela fait, il se relève et regarde autour de lui. « Elles sont où t’chaussures ? J’t’emmène voir l’docteur, faut pas qu’tu restes comme çoa. »