TENUE ••• La vie semblait tellement norme. Enfin, il essayait de faire des sorties avec sa petite amie, mais aujourd’hui, alors qu’il avait une journée de congé, il avait décidé de profiter pour sortir et « visiter ». Depuis son réveil, il avait passé la majorité de ses journées enfermées. Entre rééducation, recherche de la famille de ce jumeau dont tout le monde ignorait l’existence et lui-même, et ne parlons pas de sa reprise du travail pour les opérations. Finalement, il se rappelait les gestes, même s’il avait lu un nombre incalculable de livres afin de ne pas commettre une erreur fatale pour sa vie ou ses patients. Aujourd’hui, il avait envie de décompressé, de ne pas être étouffé par sa famille qui ne l’ont pas laissé tout seul très longtemps. Il comprenait leur peur, mais quelque part, il avait l’impression que tout était faux. On avait beau essayé de le décrire par le passé, il ne saurait dire ce qui le dérangeait, mais parfois il avait l’impression d’être un étranger dans cette famille. Sûrement parce qu’il ne se souvenait de rien. On lui a répété un nombre incalculable de fois qu’il devait prendre son mal en patience, qu’il ne devrait pas essayer de forcer les souvenirs. Toutefois, il n’arrivait pas à comprendre pourquoi son jumeau était un sujet si sensible et que tous faisaient et agissaient comme s’il n’y avait pas un double de « lui » qui était allongé sur un lit, dans une chambre sur son lieu de travail. C’est ainsi qu’il déambule dans cette rue où il n’y avait que boutiques et restaurants à perte de vue. Il avait beau essayer d’observer tout ce qui l’entourait, espérant pouvoir déclencher un sentiment, mais rien. Néant. Les souvenirs ne semblaient pas vouloir ressortir ou alors, il ne se promenait pas souvent ici ? Pourtant, c’était l’un des quartiers les plus animés de la capitale et il aimait sortir par le passé, alors Kacy se disait qu’avec un peu de chance, un endroit réveillerait une vieille sensation de déjà vu.. Toutefois, il semblerait qu’il se soit trompé sur toute la ligne. Finalement, l’idée paraissait beaucoup moins alléchante qu’il ne l’avait pensé. Il souffla, las et pris place sur un vieux banc, sans réellement voir les passants qui passaient devant lui, l’ignorant totalement. De toute façon, il était en bonne santé, mais il se sentait éteint. Il ne regrettait pas de s’être réveillé, mais parfois il se disait que cela n’aurait pas été si mal s’il n’avait jamais ouvert de nouveau les yeux. Parfois, il avait l’impression d’être observé à la loupe, que certains attendaient qu’il se rate dans son métier ou même dans la vie de tous les jours. Il avait l’impression qu’il n’a pas été un chic type dans le passé. Bien que sa petite amie actuelle, n’arrêtait pas de lui dire qu’il était un parfait petit ami. Il en doutait fortement, d’où le fait que quelque chose ne tournait pas rond chez lui. C’est tout ce à quoi il pouvait penser aujourd’hui, dans son esprit.
« La vie est vraiment loin d’être un long fleuve tranquille.. »
C’est le moins que l’on puisse dire.. Soupirant une énième fois.. Observant ses mains, il se demandait bien ce qu’il pourrait faire à partir de maintenant même.
Nana serait bien restée à cocooner chez elle avec ses chats ce jour-là. Elle avait un tableau à finir, d’autres commandes à faire avant la fin du mois et des cours à préparer pour la semaine suivante. Mais, pas de chance, c’est un soleil radieux qui s’était levé ce jour-là. Impossible, donc, de rester enfermée. Elle se rattraperai sans faute le lendemain. En quittant finalement son appartement et rangeant la clé dans son sac à main, elle eut un sentiment étrange. Un peu comme si quelque chose d’inattendu allait arriver. Elle chassa cette pensée et descendit à vive allure les escaliers pour rejoindre la rue. Sans réfléchir, elle prit la direction de Ginza. Elle voulait acheter un cadeau à Nami et il lui fallait le top du top ! Un truc bien chic. Trop mauvaise conductrice, elle opta pour un taxi sans se soucier du prix de la course qui l’attendait. Assise sur la banquette arrière, elle se laissa guider à travers la ville. Elle se laissa bercer tout en restant absorbée par le spectacle qui lui était offert. Ce qu’elle aimait cette ville. Elle regarda les passants, les bâtiments et en oublia presque qu’elle se sentait bien souvent seule. Elle souffla et ferma les yeux. Un flot d’images alors l’assaillirent. Les dorayakis de son père. Son restaurant. Le sourire de sa mère. L’écho du rire de son amie Nami. Un grand appartement vide. La photo de Senri en vacances à Hawai avec une présentatrice TV à la « une » des journaux. Elle ouvrit brusquement les yeux et se redressa. Elle se pencha pour voir où ils se trouvaient. Seulement à la moitié du trajet visiblement.
Le chauffeur l’interpella. « Y’a pas mal d’embouteillages aujourd’hui. Je prends un autre chemin ? » Soudainement, elle n’avait plus envie de quitter l’habitacle. Elle se sentait étrangement bien. Elle avait envie de rester un peu plus longtemps spectatrice de l’agitation urbaine ponctuée de scènes du quotidien, à la fois banales et fascinantes. « Non, gardez cet itinéraire. Je ne suis pas pressée… » Elle sentit bien qu’il trépignait et regrettait son choix. « Comme vous voudrez. » Elle s’en fichait qu’il souffle. Il pouvait bien râler aussi. Elle le payait pour l’amener d’un point a à un point b et avait donc tout le loisir d’imposer un trajet. Quelques minutes plus tard, la circulation devint plus fluide et le trafic reprit une allure normale. Arrivant en bordure de Ginza, Nana commença à se préparer à sortir. La voiture s’arrêta finalement. Elle régla la course et sortit de voiture. Elle allait refermer la portière quand quelque chose attira son attention de l’autre côté de la rue. Un homme. Et… Ce visage. Elle resta immobile et cligna plusieurs fois des yeux. Elle devait rêvée. Il ne pouvait pas être là, surgir brutalement tel un fantôme du passé. Et pourtant, il en avait tous les traits. Elle reconnaissait ce visage. Il lui sembla même percevoir quelque chose qui lui était familier dans la façon qu’il avait de marcher. Mais peut-être son imagination lui jouait-elle des tours.
« Vous la fermez cette portière ou pas ? J’ai des clients qui attendent moi ! » Elle sortit de sa stupeur, s’excusa maladroitement et claqua la portière. Le taxi s’éloigna. L’homme aussi avait disparu. Elle avait donc rêvé ? Sans réfléchir, elle scruta les alentours. Non, elle n’avait pas rêvé… Il se tenait assis un peu plus loin, sur un banc. Nana continua à l’observer, comme pour être sûre. Elle sentit sa gorge se serrer et s’approcha du passage piéton le plus proche sans détacher ses yeux de la silhouette sur laquelle ils s’étaient posés. Il pouvait disparaître à nouveau. Elle ne pouvait pas le perdre à nouveau de vue. Elle devait savoir. Savoir si c’était bien lui. Kacy. La dernière fois où elle l’avait vu semblait remonter à une éternité. Rien n’avait été très clair même. Ils étaient fiancés. Ils s’étaient disputés pour quelque chose de stupide. Nana avait fui. Peut-être avait-elle eu peur. Peur de l’engagement que représentaient des fiançailles alors qu’elle n’avait que 25 ans. Puis Senri avait surgi dans sa vie. Il avait représenté une issue de secours inespérée et elle avait foncé sans réfléchir. Elle ne regrettait pas. Elle était trop jeune pour se torturer avec des remords. Pourtant, quelque chose n'était pas réglé. Elle savait avoir mal agi. A sa manière, Kacy avait plutôt bien rebondi aussi. Elle l’avait recroisé une fois dans les mois qui avaient suivi. Au bras d’une très jolie fille.
Elle traversa sur le passage piéton sans prêter attention aux feux, à une voiture qui la klaxonnait. Plus elle se rapprochait, plus elle avait la certitude que c’était lui. Elle pressa le pas. Il fixait ses mains et ne semblait pas particulièrement en forme. Nana aurait pu faire demi-tour, s’éloigner. Qu’auraient-ils à se dire ? Une page n’était-elle pas tournée ? Il n’était plus personne l’un pour l’autre après tout. Pourtant, elle était comme aimantée. Elle ne voulait pas fuir. Elle s’immobilisa finalement à quelques pas de lui. Puis, elle s’avança lentement vers le banc et s’arrêta juste devant lui. Il avait toujours le visage baissé. Elle avait la gorge nouée. « Kacy ? » Elle se força à sourire et attendit qu’il lève les yeux pour être vraiment sûre.
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Ce message a été posté Mar 28 Aoû - 12:01
On se connaît ?
ft Nana
TENUE ••• Les passants passaient devant lui, tels des fantômes ou plutôt, il avait l’impression de jouer l’homme invisible. Tout le monde était si pressé dans ce bain de foule, que personne ne prêtait une attention particulière à cet homme « lambda » qu’il était pour eux tous. Une simple inconnue dans une équation. D’un autre côté, c’en était de même de son côté, ils étaient tous des inconnus.. Un « A ».. Un « B ».. Ou bien encore un « Y » ou bien un « x ». Ils pouvaient très bien être des patients récents ou passés.. Si c’était récent alors, il pourra sans doute s’en souvenir.. Mais, à côté de cela… Aucune mémoire, rien.. Excepté un vide complet dans son coeur, mais aussi dans son esprit. Etait-ce normal ? Il se sentait désolé pour sa famille, ses amis, ces personnes qu’il a omis, mais dans son coeur, il devrait ressentir quelque chose non ? Pourtant, tout était insipide.. Il se forçait à rester avec une superbe jeune femme avec qui, il aimait discuter, mais qu’il était incapable de toucher plus qu’outre mesures. Il soupire, exaspéré de son propre cas. Franchement, il ne devrait pas se poser de questions, mais il ne pouvait s’empêcher de penser à une hypothèse des plus effarantes, mais aussi effrayante. Est-ce qu’il était vraiment le jumeau que tous prétendaient qu’il soit ? Il avait vraiment du mal à le croire. Il n’y a pas à dire.. Il se sentait vraiment de trop.. Il avait fait nuit blanche à cause d’une opération en urgence, mais au lieu de roupiller tranquillement dans son lit, il avait fait son jogging, habitude qu’il avait prise de lui-même pour maintenir sa forme un minimum. Il aimait bien fouler la plage le matin et le soir très tôt, c’est là qu’il y avait peu de personnes, et qu’il pouvait se vider la tête avec de la musique dans ses oreilles. Mais, plus que tout.. Il avait l’impression que l’océan l’appelait.. Fondre ses orteils dans cette eau.. Ce n’était pas seulement ces derniers.. Parfois, il lui prenait l’envie de sauter tout habiller dans l’eau. D’où est-ce que provenait cette envie viscérale de faire un plongeon ? Il se le demandait. Il n’osait pas en parler à un de ses « proches », de peur de les effrayer. Peut-être qu’ils en viendraient à la conclusion précipité qu’il avait des idées et envies suicidaires ? Regardant ses pieds comme si, c’était la plus belle chose au monde, alors que c’était loin d’être le cas.. Il préfère inspirer et tenter de faire le vide même si, au final ses pensées si, elles n’étaient pas tournées vers la recherche de la vérité, elles étaient tournées vers ses opérations à venir. D’ailleurs, les yeux fermés comme un marionnettiste, il essaya de visualiser sa prochaine opération pour tenter de faire au plus vite tout en évitant une hémorragie interne. C’est ainsi, en essayant diverses techniques et choix d’opérations qu’il sursaute en entendant une vois, ouvrant ses prunelles en même temps que sa bulle avait éclaté. Kacy se retourne vers la source de cette voix qui l’a tiré de ses « rêveries » pour tomber nez à nez avec une jeune femme. Une jeune femme au visage douc et surtout, qui semblait prendre soin de sa personne. Cependant, excepté ces quelques détails qu’il distingua ainsi que le fait qu’elle était ravissante, il ne voit rien d’autres. Enfin, le jeune médecin, plissa les yeux pour tenter de se remémorer où il l’a vu, mais rien ne vint. Raison pour laquelle :
« Excusez-moi.. On se connaît ? »
Sûrement une autre personne de son passé ? Il ne voyait que cela, mais il ne souhaitait pas offusquer cette inconnue pour qui, il semblait ne pas l’être, ne serait-ce qu’un minimum, sinon elle ne l’aurait pas interpellé pas vrai ?
« Désolé.. Je souffre d’une amnésie.. Alors.. Je ne me souviens pas de vous ou du moins des personnes que j’ai rencontrées avant l’accident qui m’a fait perdre des souvenirs passés. »
À l’instant même où il leva les yeux vers elle, Nana comprit que quelque chose clochait. Elle l’avait visiblement arraché à ses rêveries, mais ce n’était pas tout. Le regard qu’il posa sur elle était différent de tout ce qu’elle avait pu connaître lors de leur relation, ou de ce qu’elle pouvait se souvenir. Même à la fin, quand ils pensaient se détester et s’étaient disputés, ce n’était pas aussi terrible. Cette fois, il n’y avait ni haine ou mépris, mais une indifférence teintée d’interrogation. Un peu comme si Kacy était confronté à un problème très complexe. Nana ne sut quoi ajouter, l’expression sur le visage du jeune homme avait quasiment déjà tout dit. C’est simple, il la regardait comme si elle lui était parfaitement inconnue. Pourtant, d’aussi loin qu’elle puisse s’en souvenir, elle reconnaissait ses traits. Elle ne pouvait pas douter que c’était lui, même si la dernière fois où elle l’avait vu remontait à presque une dizaine d’années. Et puis, il avait réagi quand elle l’avait appelé par son prénom… Sans aucune formule de politesse et aucun des suffixes honorifiques habituels. Une distance encore plus grande se creusa quand il parla enfin. « ...Est-ce qu’on se connaît ? » Nana ne réagit pas violemment. Elle voyait qu’il ne mentait pas, ni même ne jouait. S’il avait simplement voulu l’ignorer, il se serait levé ou lui aurait signifié. Il n’aurait pas eu l’air aussi gêné et perturbé non plus.
Nana sentit un profond malaise l’envahir et sa gorge se serrer. Elle aurait presque pu songer à se pincer pour vérifier si elle rêvait ou pas. Il surgissait brusquement de nulle part et tout ça pour ne pas la reconnaître. Neuf ans, c’était certes long, mais elle ne pouvait pas avoir changé à ce point ? Elle avait maigri au cours des derniers mois, ses cheveux étaient aujourd’hui plus roux que noirs, mais c’était toujours elle. Ils n’avaient pas été de simples camarades. Il reprit la parole, venant sans le savoir à son secours. Elle n’aurait pas su quoi ajouter, quoi répondre. Il lui fournissait une explication qui clarifiait bien des choses mais qui semblait irréelle aussi. Une amnésie ? Un accident ? Et… Il avait perdu tous ses souvenirs ? Nana n’aurait jamais cru une telle situation possible. Pour elle, ces évènements avaient toujours appartenu aux scénarios de films et romans. Bien sûr, elle n’était pas idiote au point de croire cela impossible. Plusieurs cas étaient recensés et rapportés dans les médias. Mais qu’elle puisse y être confrontée un jour. Et surtout, surtout !, que cela arrive à Kacy. Une boule encore plus grande et douloureuse se forma dans sa gorge. Elle s’assit à côté de Kacy sur le banc, puis se tourna vers lui. « Un accident ? Mais… Comment est-ce arrivé ? » C’était maladroit, mais elle ne savait pas quoi dire. Elle réfléchit à ce qu’il pouvait attendre comme réponse. Certainement souhaitait-il qu’elle se présente avant tout, qu’elle lui dévoile pourquoi elle le connaissait. Elle devait se présenter à Kacy. C’était étrange et triste à la fois.
Elle ne voulait pas connaître les détails sanglants de l’accident. Peut-être avait-il même perdu des proches, vécu des douleurs autres que celles de l’amnésie. Mais elle s’inquiétait aussi de savoir s’il était seul, et sans soutien. Elle le regarda plus en détails. Il semblait bien portant, soigné et visiblement d’un milieu assez aisé. Elle se rassura un peu. C’était peut-être égoïste, mais elle trouvait cela très perturbant. Elle ne pouvait imaginer ce qu’il ressentait, le flou dans lequel il était obligé de vivre désormais et la douleur et les craintes que cela devait provoquer. Elle pinça les lèvres pour ne pas laisser l’émotion la submerger et renifla discrètement. Elle fixa un moment les passants. Si elle ouvrait la bouche maintenant, elle risquait de faire couler son mascara. Il ne méritait pas ça et, surtout, il n’en avait pas besoin. Elle inspira profondément, ramena son attention sur lui. Une culpabilité qu’elle ne pouvait expliquer commença à emplir son cœur. Elle posa la main sur celui-ci pour tenter d'en apaiser les battements et entreprit de faire une chose qu’elle n’aurait jamais pu imaginer vivre. Se présenter à Kacy. Une deuxième fois. « Je m’appelle Sukegawa Nana. Nous nous sommes connus il y a une dizaine d’années. »Nous nous sommes connus. C’était suffisant comme explication pour le moment, non ? Inutile de tout lui balancer d’un coup.
Elle ne savait pas si sa présence le dérangeait ou non. S’il aurait préféré qu’elle n’apparaisse pas et s’en aille au plus vite. Elle se décala un peu sur le banc et leva les yeux vers le ciel. Aujourd’hui, c’était une grande étendue bleu et magnifique. À peine masquée par les buildings là où ils se trouvaient. « Les médecins savent-ils si tu pourras retrouver la mémoire ? » Elle ne pouvait pas le vouvoyer. Si elle lui était désormais étrangère, il ne l'était pas pour elle. Elle cessa de se servir du ciel comme excuse pour masquer son trouble et fixa Kacy avec un visage tendu. « Quand est-ce arrivé ? » Lui poser cette question bien en face était encore plus gênant. Elle baissa les yeux et joua avec un fermeture de son sac, posé sur ses genoux. « Désolée… Les gens doivent passer leur temps à te poser ce genre de question. » Si la fermeture ne cédait pas très bientôt, c’était un miracle ! « J’aimerais seulement comprendre. » Elle était à deux doigts de lui demander s’il préférait qu’elle parte. Mais elle ne voulait pas. Elle ne pouvait pas. Il fallait qu’elle sache. Parce qu’il n’était pas n’importe qui et qu’elle n’avait pas le droit de se comporter lâchement encore une fois.
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Ce message a été posté Ven 31 Aoû - 9:54
On se connaît ?
ft Nana
TENUE ••• Comme pour cette famille, cette petite amie sortie tout droit d’un chapeau de magicien.. Ce regard.. Ces traits d’expression… Même si, ses sentiments semblaient plus sincères que sa petit amie actuelle. Il semblerait qu’il vienne de destabiliser cette inconnue qui semblait bien le connaître par le passé. Est-ce que c’était une amie proche ? Rien.. Il ne ressentait rien et cela l’agaçait aussi. Il en avait marre de cette situation.. Vraiment.. Pourquoi, est-ce qu’il fallait qu’il blesse toutes ces personnes avec qui il semble proche ou du moins, étaient proches de lui ? Il ne saurait le dire vraiment.. Ce n’était pas sa faute, il ne devrait pas ressentir une once de culpabilité pour ça, pourtant, parfois il avait l’impression qu’on l’accusait de mentir afin de ne pas faire face à la réalité, de fuir tout simplement. Il avait ajouté sans attendre afin que cette inconnue ne soit pas plus blessé qu’elle ne semble l’être sa situation. Une situation qui avait le mérite de trouver sa place dans un film sûrement à l’eau de rose dont la finalité ne serait connue que du producteur. Il se rappelait de ses gestes techniques, comme si à force de refaire les même gestes, plus que son cerveau.. C’était son corps qui parlait pour lui.. Parce qu’il s’en souvenait. Le traumatisme dont il était victime, n’était pas anodin, même s’il avait l’intime conviction qu’il avait perdu plus que ses souvenirs. Qu’il était devenu insensible. Il s’écarte un peu pour lui laisser plus de place. Une invitation silencieuse, c’était une maigre compensation au coup de massue qu’il semblait lui avoir porté. Il n’était pas un expert du comportement, mais il y avait malgré tout des signes qui ne trompaient pas. Elle semblait complètement déboussolée, n’arrivant pas à croire réalité qui peut semblait irréelle autant que cruelle. Etre oublié.. Cela doit être vraiment désagréable, mais ce n’était pas simple pour lui non plus. Il ne fallait pas croire… Avancer dans un monde, entouré de gens qui étaient devenus de parfaits inconnus. A qui vraiment faire confiance ? Il ne s’était pas foncièrement posé la question, cependant, ne lui ont il pas redorer son blason ? Car, quand on voit le regard de certaines infirmières ou internes.. Il semblerait qu’il ait dragué plus d’une d’entre elles. Il sortit de ses pensées, quand elle lui demanda comme cela leur était tombé dessus. Il ne se considérait pas comme la seule victime de ce drame.. Il n’y avait qu’à voir la réaction de ces personnes, de cette fille dont il ne connaissait rien.
« Je partais en vacances apparemment… Et le bus dans lequel je me trouvais.. A eu un grave accident.. Je suis content de m’en être sortit en vie. »
Peut-être que plus tard, il regrettera ? C’était fort possible. Il ne saurait le dire en réalité. Toutefois, il vit bien qu’elle fuit son regard. Sûrement que c’était un peu trop pour elle ? Plus qu’elle ne pouvait en supporter. Par conséquent, est-ce qu’ils ont vraiment été proches ? Il ne saurait le dire, elle n’a toujours pas décliné son identité, en espérant que cela déclencherait un souvenir même vague.. Un sentiment, mais il comprend de par le silence qu’il installe autour d’eux n’est pas tranquille.. Il peut sentir qu’elle semble être confrontée à un dilemme, mais il a besoin de savoir. Raison pour laquelle, il lui pose cette question qui lui brûle les lèvres :
« Comment vous appelez vous ? »
Il ne sait pas s’il doit la tutoyer ou bien la vouvoyer. Il pianote discrètement ses doigts contre son pantalon jusqu’à ce qu’elle récupère la parole.. Nana hein ?
« Nana est un joli prénom. Une dizaine d’année hein ? On s’est perdu de vue. »
Il fronce les sourcils et essaie de décrypter ses expressions.. Cependant, malgré cela, il sentait qu’elle lui dissimulait certaines informations. Malgré tout, son identité dévoilée, ne réveilla rien en lui. Un nouveau vide… D’un côté, s’ils ne s’étaient pas vus depuis plus d’une décennie, n’est-ce pas légitime que rien ne s’enclenche ? Il aurait pu compter sur la mémoire sensorielle ou l’odorat, mais rien.. Car, il avait étudié que les odeurs pouvaient parfois permettre à retrouver de brèves mémoires. Il fut pris de court par sa question, il bougea sa jambe pendant quelques secondes, avant de lui répondre. Puisqu’elle le tutoie, il décide d’en faire de même.
« Ils disent que ma mémoire pourrait revenir, mais le cerveau humain, est l’un des problèmes les plus complexes que les scientifiques ont connu. Cela peut-être dans les minutes à venir.. Comme dans plusieurs années. »
Le plus ironique dans tout cela, c’est qu’il ne sait pas lui-même s’il a hâte de retrouver ses souvenirs. Est-ce qu’il avait fait quelque chose de répréhensible ? Si c’était le cas, il n’était pas sûr qu’il veuille le découvrir et en même temps, il voudrait vraiment se souvenir de tous les visages qu’il avait croisé dans son existence. Il préféra arrêter de l’observer pour regarder cette masse de plus en plus importante de gens.. Ils continuaient leurs routes toutes tracées.. Malgré que son regard n’était plus sur sa silhouette gracile, il l’écoutait attentivement et :
« Ne t’excuse pas.. Ce n’est pas grave. C’est moi qui devrait m’excuser de ne pas me souvenir de ton visage et ton prénom. »
Il laisse planer le silence pendant un moment, pour finir par reprendre :
« Il y a quelques mois.. Je suis resté plongé dans le coma. Je ne me suis réveillé il y a trois mois. Et.. Nous étions amis par le passé ? Ou bien.. Autre chose ? »
Un bourdonnement insupportable empli les oreilles de Nana et elle chercha un point sur lequel concentrer son attention afin de le chasser. Face à elle, le visage de Kacy lui était à la fois si familier et étranger après toutes ces années. Elle le regarda avec attention. Elle le reconnaissait, cela ne faisait aucun doute, même s’il y avait quelque chose d’infiniment différent. Elle mit cela sur le compte des années qui avaient passé et du traumatisme qu’il traversait. Elle s’attacha à retrouver certains traits. Ses yeux. Elle s’arrêta avant de donner l’impression de le passer au microscope et baissa les yeux sur ses mains. Elle grata le vernis rouge sur son pouce et tenta de retrouver une respiration normale. Elle pouvait à peine y croire, mais elle n’avait pas vraiment le choix. Kacy était là, en face d’elle, et ce devait être encore plus dur pour lui. Si perturbant. Une bande de gamins passa devant eux en poussant des cris forts. Insupportable. Nana aurait aimé demander au monde entier de se taire. Le bruit des voitures et les voix des passants avaient à présent quelque chose d’indécent. Comment les choses pouvaient-elles continuer à avancer ? Elle inspira difficilement. Elle attendait et craignait en même temps d’entendre ce qui lui était arrivé. Ce qui l’avait plongé dans cette amnésie. Elle le trouvait incroyablement patient. Une inconnue apparaissait toute chamboulée et lui, qui devait être dans un flou total, prenait le temps d’expliquer, de prononcer des mots qu’il répétait sans doute en boucle depuis longtemps. Elle l’obligeait à repenser à quelque chose de douloureux et s’en voulut encore plus.
Il lui conta les faits. Un grave accident. Il était content de s’en être sorti en vie. Ce n’était donc pas le cas de tous les passagers… Nana tourna le visage pour faire mine de regarder la rue, et surtout le cacher à Kacy. Elle renifla aussi discrètement que possible. Les larmes emplissaient ses yeux. Elle renifla une deuxième fois pour les empêcher de couler. Mission réussie, même si sa vue restait floue et qu’elle n’osait pas encore tourner son visage vers lui. Elle trouva le courage de se présenter. En disant qu’elle avait un jolie prénom, cela eut au moins le mérite de la faire rire un peu. Un rire bref et nerveux qui la détendit un peu. Elle passa sa manche sous son nez et ravala ses larmes. Quand il avança qu’ils s’étaient perdus de vue, elle se réjouit qu’il ne pose pas la question. Elle se contenta de hocher la tête, et plaqua les mains sur ses genoux pour éviter de martyriser davantage son pauvre pouce. Elle releva un visage tendu vers Kacy, contente qu’il regarde la rue plutôt qu’elle et l’écouta avancer un pronostic. Elle acquiesça silencieusement à ses paroles. « Je vois. » Elle ne savait plus quoi espérer pour lui. Qu’il recouvre la mémoire ? Qu’il retrouve au moins la paix ? Il avait l’air si fatigué. Elle s’excusa finalement, car cela lui semblait juste. C’était lui qui souffrait, elle n’avait pas le droit de le perturber avec ses humeurs. C’était si difficile de se contrôler, comme si une vague enragée emplissait son cœur sans qu’elle puisse rien y faire. Ce qu’il dit par la suite eut l’effet d’une tornade et suffit à casser le barrage fragile derrière lequel elle s’efforçait de retrancher ses sentiments.
Il disait que c’était à lui de s’excuser. Ah… Nana fondit en larmes et, fâchée contre elle-même, tapa du plat de la main sur son sac. Elle posa la tête dans ses mains. « Arrête… C’est moi qui arrive avec mes questions idiotes sans rien savoir. » Pourquoi il s’excusait ? Il n’avait pas à le faire. Ça n’avait aucun sens. Nana essuya rageusement ses larmes. Elle en avait marre d’elle. Elle contrôlait tout depuis toujours et voilà qu’elle craquait maintenant devant Kacy, parce qu’elle apprenait qu’il avait failli mourir, avait perdu la mémoire et... Elle se répéta qu’il n’avait pas besoin de ça et s’efforça de sourire. « Pardon… Ça fait beaucoup à entendre. Bien sûr, c’est pire pour toi. Mais… Disons que je suis inquiète à retardement. » Elle émit un petit rire à cette idée et renifla ; elle l’espérait pour la dernière fois. Le silence qui s’installa avait quelque chose d’inconfortable, mais dès que Kacy reprit la parole et lui posa cette fameuse question, Nana regretta qu’il n’ait pas duré plus longtemps. Il lui parla du coma dans lequel il était resté et de son réveil trois mois plus tôt. Nana s’affaissa contre le dossier du banc. Elle avait envie de le prendre dans ses bras, d’aller fracasser cette route où avait eu lieu l’accident. Elle ne pouvait pas. Elle s’agrippa à son sac pour éviter tout geste mal placé et laissa la terrible question lui arriver en plein visage. Étaient-ils amis ou plus ? Elle souffla. Bien sûr, il voulait savoir, et elle lui devait bien ça. Elle aurait pourtant aimé lui demander si c’était si important. Mais, non, elle devait être courageuse maintenant, et non plus se comporter comme une gamine pleurnicheuse. Elle se redressa et passa la main sur ses joues pour estomper les dégâts que les larmes avaient surement provoqué sur son maquillage. « Nous avons été fiancés. » Ça disait à peu près tout, non ? Elle sourit cette fois sans aucune amertume ou tristesse, juste avec tendresse. En y repensant, dès qu’elle l’avait vu seul sur ce banc, elle avait compris que quelque chose n’allait pas. Il semblait tellement perdu. Elle venait d’en rajouter et chercha à détendre l’atmosphère. « Te connaissant, on a dû te dire ça souvent, non ? » Avait-il changé en dix ans ou était-il resté un irrésistible Don Juan ? Elle prit la mesure de ce qu’elle venait de dire et regretta. « Pardon, c’était déplacé… » Elle recommença à entortiller ses doigts, mais les yeux secs à présent. « Tu n’es pas seul au moins ? Tes proches sont là pour te soutenir ? »
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Ce message a été posté Mar 18 Sep - 12:44
On se connaît ?
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TENUE ••• Le jeune Flores ne savait pas du tout où donner de la tête. Il se rendait bien compte qu’avec son état, il était en train de blesser une personne avec qui, il était proche par le passé. Cela gonfla son coeur de culpabilité. Il devrait poser sa main sur son épaule ou bien dans son dos, essayer de la rassurer, lui dire que tout allait bien, essayer de faire disparaître ce début d’écoulement de perles salée. Il était assez observateur, sûrement une déformation de sa profession en tant que chirurgien. Ce n’était pas la première qu’il blessait contre sa volonté. Il aimerait vraiment se souvenir d’elle, comme de toutes les personnes qu’il côtoyait jusqu’à présent, mais il n’y arrivait point. Pourtant, il se forçait vraiment à le faire, mais rien ne venait et c’était vraiment douloureux. Sûrement qu’il allait devoir expérimenter encore ce genre de moments désagréables pour lui comme pour l’autre personne encore un moment. S’il souhaitait oublier son accident, on le lui rappellerait en lui posant ces questions qui se ressemblaient toutes dans le fond. La formulation différait, mais la nature même de la question était identique à une autre posée précédemment, dans la bouche d’une autre personne.
Personne ne pouvait deviner ce qui se passait dans la tête, c’est la raison pour laquelle, il mettait souvent des écouteurs dans les oreilles pour écouter la musique afin de l’aider à s’enfermer dans une bulle où personne ne pouvait l’atteindre. Que cela soit dans une salle d’opération où, il donne des directives pour qu’on lui emmène une pince, qu’on aspire le sang ou autre tumeur par exemple, ou bien qu’on rapproche la lumière ou encore qu’on utilise la méthode fibroscopique afin de pouvoir filmer l’intérieur du corps humain via une petite caméra, ou alors quand il était en train de courir.. Sa petite amie, pour ce qu’il en savait se plaignait parfois de cela, car il n’entendait pas son portable sonner. Il pourrait le mettre sur vibreur, mais il ne l’avait jamais fait. Toutefois, malgré ce qu’elle disait, s’excusant il ..
« Elles ne sont pas idiotes. Elles sont légitimes. Vous.. Enfin tu.. Ne me déranges pas.. Une aussi jolie fille avec un prénom aussi adorable ne devrait pas pleurer. Ce serait dommage. »
Il essayait de faire un peu d’humour, mais sûr que cela n’était pas son fort, il s’en rendait compte. Il palpe doucement son corps, à la recherche d’un mouchoir ou bien d’un tissu pour lui tendre. Il n’a pas envie d’être encore une fois la cause d’un visage souillée par des perles d’eau salées et des visages rougis. Personne ne faisait réellement attention à eux, chacun s’affairant à se préoccuper de ses affaires personnes. L’ignorance la plus totales des êtres humains, même si parfois, quelques regards curieux se posaient sur eux. Ils étaient invisibles et c’était agréable. Le bruit l’était moins, mais on ne pouvait pas avoir le beurre, l’argent et la crémière. Ce serait être trop gourmand même si, il était capable de faire abstraction de cette « fanfare » de rues et carrefour. Il finit par trouver un paquet de mouchoir et, il en extirpe un avant de tamponner doucement les quelques larmes qui s’étaient mis à sillonner son visage de poupée pour reprendre compréhensif et légèrement coupable :
« Ne t’en fais pas.. Je comprends.. Beaucoup.. Ont réagi de la même façon.. Tu n’as pas besoin d’avoir honte de ça ou de te sentir coupable. Je ne pense pas qu’on puisse caractériser ma situation de pire.. Je suis encore en vie. »
Même si, plus tard il regrettera sûrement de l’être quand il recouvrira totalement la mémoire, mais ce n’était pas à lui d’en juger que cela soit maintenant ou plus tard. Ses souvenirs ne sont plus, il ne peut que s’accrocher à ce qu’on lui dit. Ceci dit, même s’il donnait l’impression de prendre le tout à la «légère », il n’allait pas très bien. Physiquement si, mais psychiquement, c’était plus problématique. On l’avait bien invité à aller voir un psychologue, mais au fond.. C’était difficile de tenir une longue conversation alors qu’il devait tout réapprendre de ses proches, d’une vie de couple, de son métier etc. Lui laissant le paquet de mouchoir et le mouchoir où, il s’était permis de récupérer un perle salée, il ne se permit plus aucun gestes.
« Désolé, si mon geste a pu te paraître déplacé. Tu ne devrais pas te mettre dans un état pareil pour moi. »
Il ne le méritait pas. Pourtant, il voulait connaître la nature de leur relation. Il manque même de s’étouffer quand il apprend qu’il a été fiancée à cette jeune femme était vraiment jolie. Il n’y avait pas de raisons à ce qu’elle lui mente. Ce petit rire, ce petit tour de « plaisanterie » montrait bien qu’elle était sincère. Kacu était reconnaissait qu’elle le lui ait dit bien qu’une fois encore, il semblerait que cela l’embarrasse ou lui fasse mal. D’où le fait qu’il ne se permet pas de demander de plus amples informations. Il finit par offrir un petit sourire en coin et :
« Vraiment ? Je me demande ce qu’une jolie fille comme toi, a bien pu me trouver. »
Il voulait aussi la détendre, faire un peu de l’autodérision bien qu’il se questionne beaucoup sur le sujet maintenant et puis, à sa question, il pouffe doucement. Depuis le début de son réveil, c’était la première fois qu’un petit rire cristallin bien vite, écourté flotta dans les airs :
« En effet, j’ai même actuellement une petite amie actuellement.. Bien que je ne me souviennes pas d’elle et que je m’en veux. »
Pas qu’un peu même.. Ce n’était sûrement pas le moment et encore le sujet qui convenait de mettre sur la table en présence de son ex. Il finit d’ailleurs par lui demander :
« Alors, j’étais vraiment un tombeur ? »
Il lui offre un sourire assez fier, mais il redevint plus doux et calme à nouveau, comme s’il allait se perdre dans une rétrospective des plus intenses concernant sa vie. Mais, c’était aussi pour la rassurer, lui qu’il ne l’a pas pris mauvaise sa « blague » sur le fait qu’il semble être un Don Juam, du moins par le passé.
« Ne te fais pas de soucis, j’ai ma famille même si, cela me fait étrange de dire ça.. Car, je ne les reconnais pas, comme ma petite amie et toi ? Tu as quelqu’un désormais ? Tu n’es pas obligée de répondre tu sais ? D’ailleurs, que dirais-tu que je t’invite à boire un café ? »
Nana décida de se reprendre. Elle n’avait plus quatorze ans, mais se rapprochait bien de la quarantaine. Passé l’état de choc, elle se sentait prête à faire bonne figure. Pas physiquement. Elle avait tellement pleuré et saccagé par la même occasion son maquillage qu’elle devait surtout ressembler à un pokémon tout moche. Mais elle pouvait encore se comporter comme une dame dans sa manière de se tenir et de s’exprimer. Elle se redressa, chassa ses pleurnicheries d’un ultime reniflement et reporta son attention sur Kacy. Elle aurait aimé lire dans ses pensées. Pas par indiscrétion. Plutôt pour savoir quelle attitude adopter. Et avoir un comportement susceptible de ne pas trop le rendre mal à l’aise. Il la rassura sur la nature de ses questions. Qu’il les trouvait légitimes. Légitimes, certes, mais peut-être agaçantes aussi avec le temps. Elle admira de nouveau sa patience avant qu’un sourire amusé n’apparaisse sur ses lèvres. Une jolie fille avec un prénom adorable ? Il n’avait pas perdu son côté charmeur et c’est cela que Nana trouvait amusant. De toute évidence, il s’en servait pour lui remonter le moral et elle se sentit d’autant plus coupable.
Elle ne sursauta pas quand il entreprit de chasser à l’aide d’un mouchoir les quelques larmes résistantes sur son visage. Peut-être parce qu’elle avait eu l’habitude de son contact à une autre époque. Aussi parce qu’elle était tellement chamboulée à ce moment-là qu’elle avait à peine conscience de ce qui se passait dans le monde physique. Elle tira sur sa manche tout en levant des yeux gonflés et rougis, mais de plus en plus sec, vers lui. Elle acquiesça à la suite de ses paroles. Le remerciant pour sa compréhension et se promettant de se ressaisir. Oui, il était encore en vie. La gorge de Nana se serra et elle hocha la tête. Oui, mais après quelles épreuves ? Nana se saisit du paquet de mouchoirs et du mouchoirs qu’il lui tendait. « Merci. » Kacy s’excusa pour son geste et Nana le regarda avec douceur.
« C’est moi qui me suis comportée de manière déplacée. Tu as raison, je ne devrais pas me mettre dans un tel état. »
Elle secoua la tête pour chasser ses mauvaises pensées et prit une profonde inspiration tout en regardant le ciel. Ainsi, elle s’efforçait de gonfler son esprit d’ondes plus positives. S’efforcer… Elle se tapota le visage à l’aide d’un mouchoir propre et déploya un bouclier protecteur devant ses sentiments. « Ah… » Ce qu’elle avait bien pu lui trouver ? Son regard se fit plus joueur. Elle ne lui avait pas dit à l’époque, ce n’était pas pour lâcher l’info maintenant. Et puis, s’il voulait vraiment savoir, ça ne lui ferait pas de mal de faire travailler ses cellules grises. « La beauté ne fait pas tout. Je suis peut-être un horrible tyran. » En l’entendant rire, quelque chose la dérangea à nouveau. Elle l’avait souvent entendu rire par le passé. Mais, c’était… Différent. Elle ne s’en formalisa pas et passa sans attendre à autre chose.
Elle fut alors rassurée d’apprendre qu’il était entouré et avait même une petite amie. Elle appuya son dos contre le dossier du banc et relâcha ses épaules. Elle sourit sincèrement et l’écouta avec attention. Il s’en voulait de ne pas se souvenir de sa petite-amie. Nana ne pouvait pas imaginer à quel point cela devait être dur pour lui. Elle leva une main avec l’intention de la poser sur son épaule mais s’arrêta à temps. « Qui sait, avec le temps. Et puis, je suis sûre qu’elle comprend. » Cette phrase, à peine sortie de sa bouche, lui sembla complètement idiote. C’était carrément cliché de dire ça. Une phrase toute faite bien nulle qu’elle excusa avec une moue gênée. Une gêne qui ne dura pas bien longtemps grâce à Kacy. Cette fois, il manqua la faire mourir d’hilarité et elle éclata d’un rire joyeux. Avec un sourire fier, il voulait savoir s’il était vraiment un tombeur. Cela amusa beaucoup Nana. Elle le vit redevenir plus calme, mais ne lui donna pas la chance de passer tout de suite à un autre sujet.
« Oh que oui ! » Elle ne voulait pas qu’il se sente mal ou s’imagine avoir fait souffrir un nombre incalculables de filles, laissant derrière lui des cœurs désespérés. « Mais il faut dire que les filles ne se gênaient pas pour faire la queue. J’ai même menti plusieurs fois pour en éloigner quelques-unes. » Elle regarda dans le vie avec un air satisfait. Par mentir, elle avait pu dire que Kacy écoutait de vieux boys-band en boucle, portait un pyjama Fairy Tail ou suivait la larme à l’œil des feuilletons pour ménagères et grands-mères. Tout était bon pour dissuader ces femmes d’attaquer. C’était son petit secret. Revenant à un sujet plus sérieux, elle apprit que sa famille était là aussi pour le soutenir. Elle se souvint quelques visages. Mais, brusquement, c’est le visage de Senri, célèbre acteur et ex-mari, qui apparut à son esprit. « Je suis divorcée. Ou plutôt, je suis en train de divorcer. » Rien de triste là-dedans, que du positif. La procédure de divorce était juste éprouvante et fatigante, sans compter les souvenirs. Elle s’efforçait de chasser les bons souvenirs pour ne retenir que les mauvais et n’avoir aucun regret.
En bref, elle n’avait personne et ne cherchait pas. L’escort boy qu’elle voyait chez elle ne comptait pas vraiment. Il ne faisait que lui tenir compagnie certains soirs sans aller plus loin. Elle le payait juste pour chasser la solitude. Pourtant, elle aurait bien été incapable d’en parler à Kacy. Elle se serait sentie si honteuse. Il lui proposa d’aller boire un café et elle décida de prendre les devants. « Bonne idée, mais c’est moi qui t’invite. » Il fallait bien qu’elle se fasse pardonner la séquence émotion dont il avait été témoin. Elle se leva, remonta son sac sur son épaule et l’attendit. « Qu’est-ce que tu veux boire ? Dans le coin, il y a un café français, je crois. À moins que tu préfères quelque chose de frais ? Ou du thé ? » Elle commença à regarder la rue pour voir quels étaient les commerces les plus proches. C’est alors que son reflet lui apparut dans une vitrine. C’est simple, elle ressemblait à un monstre. Ou juste… à rien. Son mascara avait laissé d’horribles traces noirs sur ses joues. « Tu es sûr de vouloir t’afficher avec un désastre pareil ? » Elle frotta ses joues pour enlever le maquillage tout en se regardant dans la vitre de son téléphone. Elle semblait avoir changé complétement d'humeur. Ce n'était pas vraiment le cas. Juste son aptitude à sourire et déborder d'énergie quand elle aurait voulu hurler et punching baller le destin.
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Ce message a été posté Sam 13 Oct - 10:52
On se connaît ?
ft Nana
TENUE ••• « Peut-être, mais cela montre aussi, que tu te soucies de ma situation et pour cela je te suis reconnaissant. »
Et coupable aussi de l’avoir faite pleurer. Il avait vraiment gagné le pompom comme on dit. Toutefois, le jeune homme de 26 ans ne voulait rien regretter. C’était sûrement compliqué à comprendre, mais il se sentait coupable par rapport à tous et toutes qui le connaissaient et puis, est-ce qu’il était vraiment ce Kacy ? Pourquoi, est-ce qu’il n’arrivait pas à s’ôter cela de la tête hein ? Cependant, il fut étonné d’apprendre qu’ils ont été ensemble par le passé. Il est surpris qu’il ait pu emballer une telle beauté. Il se demande, si il était si charmant ou sexy que cela pouvait faire concurrence au docteur Mamour de Grey’s Anatomy. Au vu des murmures sur son passage, il pouvait comprendre qu’il pouvait plaire, mais après il n’était pas non plus aveugle. Il avait l’impression qu’il n’aura pas la réponse à sa question et se mit à rire suite à sa question. Il est vrai que son physique n’arrange rien. Toutefois, il finit par la pointer de son index pour lui dire :
« Tes larmes sont la preuve que tu n’es pas un monstre. Tes larmes m’ont paru sincères. »
Il essaie de plaisanter, d’entrer dans son jeu pour continuer sur cette lancée bon enfant. Kacy ne pensait pas non plus qu’il était un homme «bon ». Certes, tous les hommes n’étaient pas des saints non plus. Alors, si elle était vraiment un tyran, alors, leur couple avait dû donner, même s’il ne se pensait pas être le pire enfoiré quoi que… N’ayant aucun souvenir de sa vie d’antan. Quant au fait qu’il était entouré, c’était une question qui le mettait légèrement mal à l’aise. Il y avait du monde autour de « lui », mais en réalité, il ne pouvait s’empêcher de penser à son reflet allongé sur ce lit d’hôpital. Il sentit approcher le geste, mais pas physiquement. De la retenue ? Etrangement, il la remerciait pour cela, car il se serait senti encore plus mal si elle l’avait fait. Pour le fait que sa petite amie actuelle comprend.. Alors ça… Il ne saurait le dire..
« Combien de temps elle supportera ça ? Je ne suis pas certain qu’elle va pas finir par aller voir ailleurs. »
Déjà avec ses horaires de chirurgien, c’est à peine s’ils se voyaient, sans parler qu’il allait aussi courir pour se vider la tête, alors le peu de temps qu’ils passaient ensemble, ils ne faisaient rien et il n’en ressentait pas non plus l’envie. Là aussi, c’était bizarre, car elle était belle, comme la jeune femme assise à ses côtés actuellement, mais il n’avait pas envie de faire quoi que ce soit avec elle. Quant à leurs conversations… Comment dire que c’était bizarre, enfin.. Bref, il demanda s’il était un tombeur et apparemment, c’était ce qu’il fallait pour la faire sourire et surtout rire. Ouais.. Finalement, il était :
« Un véritable Roméo c’est ça ? Je t’ai pas trompé au moins ? Non, parce que si c’est ça.. Je peux te céder une de mes joues pour que tu me frappes. Ne te fais pas prier. Quoi que, je suis curieux sur ce que tu disais sur moi ? Je pense qu’au final nous sommes quittes ! »
Il lui tendit la joue, avant de finalement lui offrit un clin d’oeil à la place. De là, il lui demanda où elle en était et il grimace doucement quand elle lui annonce qu’elle est en instance de divorce. Il répondit simplement :
« Désolé. »
Qu’est-ce qu’il pouvait rajouter d’autres hein ? Il ne sait pas, mais au lieu de rester là assis, au milieu de tout cette foule, le jeune homme l’invite, se relève et attend que la demoiselle fasse de même.
« C’est moi qui ait proposé, c’est moi qui devrais inviter. Puisque, c’est moi qui ait proposé. »
Quant à choisir une boisson.. Il réfléchit un moment et finit par dire :
« Je te laisse choisir. Tu as pas une petite faim ? Donc, une boisson qui d’après toi se marierait bien avec des pâtisseries ? Tu paies le verre, je paie les pâtisseries et j’insiste. »
Kacy était têtu et suivit la demoiselle bien qu’ils s’arrêtèrent devant une boulangerie afin d’acheter quelques pâtisseries ne connaissant pas le goût de la jeune femme et encore moins les siens. Raison pour laquelle, il continua :
« Tu choisis là aussi, je ne connais pas tes goûts et encore moins les miens.. C’est ballot hein ? Et sinon, non.. Pourquoi je devrais avoir honte ? Un peu d’eau sur le visage et on y verra plus rien. »
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