Méfiance ★ Tsubasa et Bei Fang
TENUE ★ Les paroles de Tsubasa tournent dans ma tête depuis des jours. Il m'a prévenu que les gens n'étaient pas tous gentil ou sincère, qu'ils n'étaient pas comme moi et que j'étais trop naïf de voir le monde en rose. Ces paroles m'ont remise en question. Suis-je si naïf ou inconscient ? Devrais-je plus me méfier des gens ? Comment savoir qui est bon et qui est mauvais ? C'est impossible ! Ce n'est pas écris sur leur visage qui ils sont, ni si ils te veulent du bien ou du mal. Je suis perdu. Je pensais que la vie était simple, que malgré le malheur, les gens trouvaient des lumières auquel se raccrocher pour vivre pleinement, mais j'avais tort. Cet homme de la dernière fois avait des mauvaises intentions d'après Tsubasa et il a raison. Je me suis renseigné sur le net, j'ai lu des topics de témoignage et j'ai réalisé mon erreur. En fait, les gens comme moi sont très rare. Personne n'est vraiment innocent. J'ai trop longtemps vécu dans une prison dorée, loin du danger et de la réalité. Mes parents m'ont conditionné au point de faire de moi un bisournours qui ne connait rien de la vraie vie... J'aurai pu me faire enlever par cet inconnu. J'aurai pu ne jamais rentrer chez les Nishinoya. Mes pensées sont chamboulés, dès que je suis dehors, je me sens comme dans une arène. Ce sentiment est étrange, oppressant, c'est comme vivre dans un étau qui se resserre de plus en plus autour de soi, sans échappatoire. Mes pas m'ont mené au métro, désormais je connais plus ou moins les lignes à emprunter pour me rendre à tel ou tel endroit. Je connais la station pour le lycée, celle pour aller faire les boutiques, et pleins d'autres. Sauf que le métro, c'est bondé de monde et la sensation de pression revient quand je vois ces gens autours de moi. Qui est bon ? Qui est mauvais ? Mes yeux se posent partout, sur cette femme en tailleur, sur cet homme qui regarde sa montre toute les deux secondes, sur ces jeunes qui rigolent, sur cette famille souriante, sur chaque être vivant peuplant l'espace d'attente devant les rails. Et je me sens toujours aussi mal. J'ai besoin d'aller aux toilettes, d'arrêter de penser à tout ça. Quittant le quai, je me dirige vers l'un des couloirs où sont indiqué les toilettes, mais rapidement je sens comme une présence qui m'observe et me suis. C'est terrible d'avoir l'impression d'être épié, traqué. Je n'avais jamais éprouvé cela avant maintenant. ça pourrait être n'importe qui, un malentendu, un hasard ou pire.... La peur au ventre, j'accélère ma marche, espérant trouver un refuge dans les toilettes, sans même vérifier derrière moi si il y a vraiment quelqu'un à ma suite.

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Méfiance ★ Tsubasa et Bei Fang
TENUE ★ Je ne voulais pas enlever son innocence à Bei Fang, mais le protéger de cette vision si naïve qu’il a du monde. Je ne peux pas l’empêcher d’être ce qu’il est et je ne voulais pas que les choses changent, juste qu’il soit plus prudent pour éviter que quelque chose comme l’autre jour se reproduise. Lui dire que ce n’était rien, qu’il ne risque rien ce serait faux, il y a des détraqués partout et même ici dans cette ville, ce n’est pas un lieu de bisounours, faut être attentif et ne pas donner sa confiance aveuglément. Je ne veux pas m’inquiéter sans cesse pour lui, bien que pour ça ce soit un peu tard, disons que je ne veux pas qu’il lui arrive un truc et la scène dont j’ai été témoin devant chez moi n’a fait que me rendre inquiet et inconsciemment je cherche toujours le plus jeune du regard pour être sûr que tout va bien. À force de le regarder j’ai pu voir que son attitude avait changé, il semble regarder partout autour de lui et son expression a changé aussi, il se trouve que je suis aussi présent dans le métro, donc je peux garder un œil sur lui à distance, quand il s’éloigne subitement de la foule pour rejoindre les toilettes je le suis. Il semble paniquer et je me sens fautif, mais d’un autre côté je suis content qu’il soit ainsi, cela veut dire qu’il a compris ce que je voulais dire l’autre jour, sauf que je ne souhaitais pas qu’il se ferme complètement ou juge tous le monde coupable, juste qu’il ne suive personne et ne parle pas à des inconnus, un peu comme les enfants et l’éducation qu’on leur donne, je voulais l’apprendre à Bei Fang. Posant ma main sur son épaule une fois a sa portée. « Bei, ça va ? » J’ignore s’il m’avait remarqué avant que je ne le touche, mais je ne voulais pas lui faire peur.

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Méfiance ★ Tsubasa et Bei Fang
TENUE ★ Les avertissements de Tsubasa résonne encore dans ma tête, résonnant comme un écho dans une montagne, prêt à déclencher une avalanche sur les sommets enneigés. Je suis perturbé, à l'afflux du moindre danger, mal à l'aise, dans la peau d'un lapin traqué par un chasseur. Depuis quand suis-je capable de ressentir ces émotions oppressantes et désagréables ? Depuis quand je sais à quoi ressemble la peur, l'angoisse ou la tension d'être ainsi observé ou suivi ? Avant que mon ami ne me parle de la partie chez les êtres humains, je ne soupçonnais pas que celle-ci existait... Désormais, j'ai la sensation de voir le mal chez la moindre personne qui me frôle ou qui croise mon regard. C'est stupide, ce n'est qu'une impression, une crainte sourde qu'à déclenché Tsubasa en voulant me préserver des mauvaises intentions de certaines personnes, mais pas de tout le monde. Fuir est mon seul échappatoire, j'accélère le pas comme si ma vie en coûtait, comme si je pourrais échapper à l'ombre dans mon dos. J'en deviens parano sans connaître la vraie détresse, ni sans savoir à quoi ressemble vraiment un piège, un guêpier. La fois dernière avec cet homme était un petit exemple, mais à mes yeux ce n'était rien de bien inquiétant. Les toilettes sont à deux pas de moi, encore quelques pas et je serais à l'abri ... Sauf qu'une main se pose sur mon épaule et que je sursaute, manquant de faire un arrêt cardiaque. J'ai dû lâcher un petit son d'effarouchement, sans m'en rendre compte. « Tsubasa ? » Couinais-je d'une petite voix, le coeur dans la gorge et battant si fort que je le sens jusque dans mes cheveux. « Tu m'as fait peur. » Il faut bien l'admettre. J'ai réellement ressenti de la peur, moi qui ne connaissais pas ce terme. « ça va... » Je crois. Je n'en suis pas si sûr. Rien n'est plus très clair à mes yeux, depuis que je me torture l'esprit avec ses réprimandes et mises en garde.

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Méfiance ★ Tsubasa et Bei Fang
TENUE ★ Je ne pensais pas que mes paroles auraient pu faire autant de dégâts dans l’esprit de Bei Fang, mais d’un autre côté j’espérais que cela lui fasse prendre conscience du danger. C’était ça, mon but. Je ne veux pas qu’il soit blessé ou qu’en croyant aveuglément aux gens il se fasse piégé, c’est normal non ? Son innocence est adorable, ça lui donne son charme, mais d’un autre côté l’être trop c’est être naïf et s’attirer des ennuis, faut savoir avoir une certaine limite. Le voir au loin me donne une drôle d’impression, je me suis approché en posant ma main sur son épaule et sa réaction me prouve que j’avais raison. Bei Fang a eu cette expression de panique une seconde, je le regarde en silence, inquiet de l’avoir rendu ainsi, comme s’il était parano de toutes les personnes qui l’entourent, ce n’était pas ça que je voulais. « Désolé. » Dis-je simplement quand il m’annonce que je lui ai fait peur de vive voix, je l’avais remarqué, mais en réalité je ne sais pas quoi dire d’autre sur le moment, poussant un soupire en regardant autour de nous. Je n’ajoute pas un mot, perdu dans mes pensées, je reste juste à côté de lui avant de pouvoir prendre le transport et rentrer chez moi, une fois a l’intérieur, je fais exprès de pousser Bei Fang à une place libre, restant devant lui debout, ainsi personne ne lui tournera autour et il sera rassuré d’une certaine façon. En chemin je garde mon regard sur lui en silence, durant plusieurs minutes, avant de finalement lui demander. « On dirait que ma leçon t’a complètement effrayé. » Bien que cela n’était pas mon intention, je ne pense pas qu’il va comprendre si je lui dis qu’il n’a pas à s’inquiéter des gens, je préfère le laisser gérer ça et juste voir comment ça va se développer ensuite.

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Méfiance ★ Tsubasa et Bei Fang
TENUE ★ J'ai trop souvent été négligent, c'est vrai. Mes parents m'ont couvé jusqu'à être un adolescent et maintenant que je peux enfin découvrir le monde, je me retrouve sans aucune connaissance du danger environnant. C'est comme lâcher un animal élevé en captivité dans la nature, il ne saurait se débrouiller seul ou par lui-même. Tsubasa m'a donné un bon coup de pied aux fesses avec ses paroles, mais désormais je ne sais pas où est le bien du mal chez les gens. Certains ont l'air tellement gentil, mais n'est-ce qu'une façade ? J'en ai regardé pas mal aujourd'hui en me demandant quelle était leur histoire. Des gens banals, des citoyens ordinaires, des ados comme Tsubasa et moi, ou des grandes personnes comme nos parents. Aucun n'avait l'apparence d'un fou, aucun ne m'a vraiment inspiré de la crainte, mais dès que je commence à douter de mes propres analyses, mon coeur se serre et j'étouffe lentement. Tsubasa m'a fait peur en posant sa main sur son épaule, je ne le cache pas, j'ai frôlé l'arrêt cardiaque. Il s'excuse, bien qu'il n'ait rien fait de mal. C'est moi qui devrait être désolé. Je l'ai pris pour ... Pour je ne sais quoi. J'ai paniqué à la simple idée d'être suivi. à présent qu'il est là à côté de moi, je me sens moins anxieux ou perturbé. Le métro s'arrête à notre hauteur, rentrant à l'intérieur en restant proche de mon ami, quand celui-ci me pousse sur un siège libre, se plaçant devant moi. Levant la tête, je le regarde avec cette lueur curieuse dans les yeux. Pourquoi faire ça ? Pour me protéger ou me rassurer ? C'est étrange, ce sentiment... Je n'ai pas de mot pour le décrire, mais je me sens confus. Son regard me gêne, au point de détourner le mien et d'observer les lignes de métro. Sa leçon ? « Un peu ... » Avouais-je, encore plus embarrassé. « J'ai vraiment été naïf. » Depuis tout ce temps, j'aurai pu suivre n'importe qui, n'importe où. Si Tsubasa ne m'avait pas fait la leçon, qui sait où je serais. « Pourquoi c'est si compliqué ? » D'être ce que nous sommes, de vivre comme tout le monde, de faire confiance et d'avoir des amis, d'aider son prochain et être généreux. à la base, ça me paraissait si facile, je n'avais qu'à être moi-même et sourire, être gentil et prêter main forte à ceux dans le besoin ... Mais qui est vraiment sincère et qui ne l'est pas ?

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Méfiance ★ Tsubasa et Bei Fang
TENUE ★ Mon intention était de le mettre en garde pour qu’il soit prudent, pas qu’il remette tout le monde en question et qu’il craigne chaque personne croisant sa route. Je ne m’en veux pas de lui avoir fait cette leçon parce qu’il en avait grandement besoin, sa naïveté aurait porté préjudice un jour ou l’autre et je préfère qu’il soit trop prudent que pas assez. Je ne veux pas le changer, simplement lui faire prendre conscience que nous ne vivons pas dans le monde des bisounours. Une fois dans le métro je me place devant lui en l’observant, le protégeant des regards, je me contente de rester ainsi debout face à lui, le détaillant en silence. Si ma présence le rassure et lui fait oublier ce qui l’entoure alors je ferais ce que je peux pour qu’il soit apaisé et non angoissé et effrayé par le monde. J’ai confirmation que c’est ma leçon qui l’a rendu ainsi, même si je le savais déjà, mais comme je disais, je ne regrette pas de l’avoir faite. Je souris quand il dit de lui-même qu’il fut naïf. « Tu es juste une personne innocente qui n’a jamais connu le danger d’un monde extérieur. Si tu étais vraiment naïf ce que je t’ai dit ne t’aurais pas fait réfléchir à ce point. Tu as été surprotégé, mais je ne veux pas prendre de risque à te laisser vivre dans ce monde de bisounours. » Je continue de le regarder pendant que je parle, finissant par lever le regard vers l’extérieur qui défile à toute vitesse. « Pourtant, je ne t’ai pas dit cela pour te couper du monde, tu peux continuer à croire et voir les gens comme avant, je veux juste que tu sois prudent, si on te demande de venir avec eux, si on t’invite, si on te lance des regards étranges, tu sentiras plus le danger si tu en as conscience. » Je reviens sur lui avec une nouvelle esquisse. « C’était ça, ma leçon. » Pas de le faire douter de tout et tout le monde.

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Méfiance ★ Tsubasa et Bei Fang
TENUE ★ La leçon de Tsubasa m'a sauvé la mise l'autre jour face à cet homme. J'aurai pu me faire enlever et qui sait où j'en serais aujourd'hui, mais rien de tout cela n'est arrivé grâce à lui. J'en suis reconnaissant envers mon ami de m'avoir aidé et évité des complications, mais depuis ce jour, je ne sais que penser du monde qui m'entours. Mes parents ne m'ont jamais appris à avoir peur, ni à douter des autres. Ils m'ont couvés si fort que je voyais à peine le monde extérieur au-delà des limites de notre résidence. C'est si peu, mais je m'en rend compte que maintenant. Mon jardin n'était qu'une poussière dans ce monde immense, sur cette énorme planète. Je pensais l'avoir découvert et compris en arrivant à Tokyo, mais j'avais tort. Ce n'est rien, Tokyo est petite face aux autres villes et aux continents réunis. Tsubasa m'a poussé dans le wagon, sur un siège, pour se placer debout devant moi et me protéger ainsi des gens, mais surtout de mes appréhensions. Il a raison, tout ce qu'il dit est vrai. J'ai été surprotégé par des parents effrayés à l'idée que leur fils disparaisse ou s'envole de ses propres ailes... Ils auraient dû prévoir qu'un jour je grandirais et souhaiterais partir de moi-même. évidement que je ne veux pas me couper du monde, ni arrêter mon voyage. Je ne veux pas retourner en Chine, chez moi, ni broyer du noir. « Je ne veux pas... Je veux continuer à voyager et voir des gens comme toi ou tes parents. » C'est vrai que cet homme, additionné avec les paroles de Tsubasa, m'a vraiment terrorisé, mais... à la base, je n'ai pas eu peur de mon ami, ni de sa famille, ni de notre voisinage ou des élèves de notre école. Cette peur irrationnelle n'a pas lieu d'être, c'est un pourcentage minime comparé à celui de l'amitié et de la bonne entente. « Je comprends. » Répondis-je en lui rendant son sourire. Je peux saisir cette leçon comme je suis parvenu à comprendre les autres. Mon japonais s'est amélioré, ma vie sociale aussi, mais pas seulement. J'ai appris à douter et à sentir le danger. Maintenant je dois faire la différence entre tout ça et le retenir sur le bout des doigts.

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Méfiance ★ Tsubasa et Bei Fang
TENUE ★ Tous les enfants sont surprotégés ou presque, c’est le rôle des parents de préserver l’innocence de leurs « bébés » mais parfois ça a tendance à devenir un piège de cristal. Je n’ai malheureusement pas pu vivre dans cette insouciance lorsque j’ai perdu mon père. Cet accident m’a fait faire face à la dureté du monde, je me suis retrouvé sourd et sans mon père qui m’avait sauvé au péril de sa vie. Comment être innocent dans ce genre d’épreuve ? Je ne me suis pas voilé la face, le monde est dur, faut être prêt à faire face aux épreuves que la vie met sur nos routes et puis je ne suis pas naïf, je sais que les gens ne soient pas tous blancs ou noirs, il y a des cons, des gentils, puis ceux qui peuvent berner leur monde avec des sourires. Je ne veux pas que Bei Fang continue de vivre dans cette illusion, pour le protéger je brise cette bulle qui l’entoure et j’espère avoir raison et que cela ne lui portera pas préjudice, mais à mes yeux c’était la seule option. À ses paroles je souris en hochant la tête. « Si c’est ce que tu veux personne ne dois t’en empêcher. » C’est aussi simple que ça. Après je pense que c’est une bonne chose qu’il prenne conscience de cette vérité. Finalement j’explique mon point de vue pour qu’il comprenne justement que mon but n’était pas qu’il se ferme au monde, mais qu’il pense, réfléchisse et ne fonce pas tête baissée devant le danger car c’est ce qu’inconsciemment il faisait jusqu’à maintenant. Il comprend ? Cette simple réponse me fait sourire, je suis rassuré. « Tant mieux. » Ajoutais-je en venant ébouriffer ses cheveux comme pour le détendre en me fichant qu’on attire le regard des passagers voisins. Au moins on a pu en parler et régler cette histoire, je suis fier et content d’avoir été utile à son « évolution ».

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