Tenue ▬ Mes yeux grands ouverts fixant le plafond de cette chambre d’hôtel calme, l'obscurité régnée dans la pièce, seule la lune encore haute dans le ciel éclairé de ses rayons à travers la fenêtre. Je lâchai un soupiré tandis que je me relève pour m’assoir sur le bord du lit, mes yeux se posant sur le réveil installé sur ma table de chevet, lisant ainsi l’heure. Trois heures et demie... Grattant ma tête, ébouriffant mes propres cheveux je me maudissais, pourquoi n’arrivais -je pas à avoir une nuit complète. Râlant à voix haute des mots incompréhensibles, j’observai à l’extérieur le paysage, encore une vue différente... J’avais de nouveau changé d’établissements, mes affaires étaient d’ailleurs encore dans mes valises. Attrapant la télécommande j’alluma la télé m’asseyant au sol, adossais au cul du lit.

Ça faisait plusieurs jours que j’avais rejoint Avici et on avait déjà eu notre première affaire, ça m’avait réconforté dans mon choix et je ne regrettait pas d’en faire partie, puis je m’entends plutôt bien avec Gabriel ! Même si techniquement il est mon patron, il ne m’a pas encore fait de remarque sur mon comportement et c’est ce qui me plaît, tant qu’on me laisse être moi-même je serais le plus opérationnel possible. Perdu dans mes pensées, je repensais à notre petit jeu qui m’avait bien amusé et d’ailleurs je devais avoir ma revanche bientôt ! J’y tenais. Tout ça me donné faim, pensant à tous ses bons gâteaux qu’on avait empressement englouti. Cependant, je fus sorti de mes songes en entendant les informations, au vu de mon métier j’avais pris l’habitude récemment de rester sur la chaine qui les diffusait en direct. Et les nouvelles semblaient pas encourageantes, une histoire de meurtre qui avait apparemment agité les policiers devant des événements inattendus.

Après presque une heure plantée devant le téléviseur, j’avais décidé de prendre une douche pour me détendre, de toute façon je n’avais plus la tête à dormir et même si ça se résumer à deux ou trois heures de sommeil mon organisme était habitué à ce rythme. Ouvrant ma valise pour prendre des vêtements propres, me dirigeant vers la salle de bain, mes yeux se posèrent sur un de mes sacs entreposés dans un coin discret. C’était la pochette de mon sniper. Quelquefois ça me démangé de le sortir et de simplement utiliser le viseur, mais en ville j’en avais pas besoin et depuis mon départ de l’armée je n’avais même pas ouvert une seule fois son étui. Ignorant mes pensées, je continua ma route.

Trainant dans ce bain pendant de longues minutes, quand j’en sortis il était cinq heures. Arrangeant mes cheveux mouillés, j’attrapa mes affaires et sorti de la chambre. Marchant dans les rues de Tokyo, qui malgré l’heure était très animé. Je commençais à comprendre cette allure qu’ils avaient, cet empressement de se rendre à leur boulot, de rentrer pour certains, remarquant quelques « racailles » faisant leur magouilles, ça me faisait toujours sourire. M’installant sur un banc du parc, je tapa la discute avec un homme assis là, à côté de moi. Il devait se demander qui j’étais pour lui causer aussi familièrement, mais ce n'était pas vraiment mon souci. J’étais resté à discuter pendant un petit moment et j’avais même acheté deux cafés. Ber...k. Mais le vieil homme semblait content et son expression douteuse et distante avaient laissé place à un sourire amical. Ça faisait du bien, j’étais assez à l’aise avec les gens, ça pouvait jouer en ma faveur comme me poser pas mal de problèmes.

Il était un peu plus de sept heures quand je le quitta pour revenir à l’hôtel prendre les clefs de ma voiture que j’avais oubliée, je voulais me rendre au boulot aussi, je ne savais pas trop quoi faire tout seul et j’étais presque sûr que Gabriel ne devait pas dormir. Une femme n’arrêter pas de me regarder dans l’ascenseur, ô mes charmes refont surface ! Un beau sourire et elle tombe a mes pieds. Quel salaud je fais des fois... Pourtant ça ne m’intéresse pas et je ne lui accorde rien d’autre, elle doit être déçue la pauvre, mais de toute façon elle semblait revenir d’une soirée au vu de la forte odeur d’alcool qu’elle dégagé. Bien sûr j’avais choisi la bonne heure pour prendre la route... Me retrouvant dans les embouteillages, je mis plus de temps que prévu pour arriver. Passant la caméra de surveillance à l’entrée en faisant des « coucou » montrant que j’étais là, sachant que mon jeune patron avait surement les yeux rivés sur son écran. Entrant à l’intérieur je pose mes affaires dans un coin et le rejoins.

« Bonjour, bonjour ! Ça va? Wow tu n’as pas dormi je parie ? » Je pouvais être très observateur. Ou était-ce simplement que je commençais à le connaitre un minimum. Prenant place à côté de lui je remarqua une odeur qui caressa mes narines, ô oui ce délicieux parfum de pâtisserie remplissez la pièce et mes yeux se posèrent sur les assiettes posées sur la grande table.

« Ahah ! Tu sais comment commencer une journée dans le bonheur toi. » Mes yeux remplis d’étoiles, j’avais bien fait de ne rien manger ce matin, enfin j’avais encore le gout du café que j’avais acheté dans la bouche, mais même si je n’aime pas ça à force je m’y habitue. Attrapant donc une de ces merveilles dans laquelle je croqué avec un plaisir fou, c’était trop bon.

Mes oreilles furent cependant attirées par le son de la télé.

« Ah il parle encore de cette affaire. Tu as fait des recherches dessus ? »

Tenue ▬ Ah ce visage semblant impassible qui me répondait le strict nécessaire j’avais vraiment envie de l’étirer ! De lui agripper les joues et de lui faire zigouigoui... Mais non, j’allais peut-être éviter de me mettre le patron à dos et puis Alfred ne semblait pas être dans les parages. Bon, le connaissant il devait avoir une affaire à régler pour Gabriel, un nouveau sourire sur mes lèvres j’avais simplement répondu.

« Comme toujours, je vais bien ! » Il est vrai que je n’avais pas vraiment de problèmes de santé, je suis plus le genre de personne à être toujours de bonne humeur et à péter la forme, quelquefois un peu trop d’ailleurs... Je ne me souviens pas vraiment de la dernière fois ou j’ai eu un vrai coup de blues et encore moins de celle où j’ai versé des larmes remplies de sueur... Ah ! Si je me rappelle de cette maladie que j’ai attrapée pendant laquelle ma vie a été menacée et où il m’a fallu six mois pour espérer une guérison complète... Satanée défense qui m’avait lâché, mais bon rien de bien grave, je suis toujours là.

J’avais de quoi m’éclater le ventre devant moi et rien ne pouvait gâcher cette bonne odeur et cette vision du paradis qui m’était offerte. Je n’ai pas oublié ma petite vengeance que je devrais opérer envers le plus jeune pour la dernière fois, mais ce n’est pas pressé je ne compte pas le quitter de sitôt, ça reste l’une des choses notées sur mon planning, espérons qu’il n’oublie pas, quoique... Ça pourrait être encore plus drôle qu’il ne s’y attend pas. Si jamais je me demandais où se trouvait Alfred, Gabriel m’en donna la réponse. En France hein... Le veinard, ça me rappelle des souvenirs.

« Merci, ne t’inquiète pas je ne suis pas difficile pour la nourriture ! Et puis ça me va à cent pourcent, y a tout ce qu’il me faut. » Me servant un verre de jus d’orange, je voulais changer du café en ayant déjà bu un verre plus tôt. Je repris en continuant ma dégustation. « Tu ne te sens pas seul sans Alfred ? » Je me doute bien qu’il doit avoir l’habitude, mais bon, c’était une question comme une autre. Je ne pu empêcher un rire satisfait d’éclater en le voyant sourire, le sucré avait vraiment des effets incroyables, mais je l’aime d’autant plus. Pourtant ce petit instant de « bonheur » fut légèrement compromis par les informations. J’avais déjà suivi l’affaire de ma chambre d’hôtel et apparemment ça n’allait pas s’arrêter tout de suite. Ce n’est certes pas une enquête comme les autres, mais il n’avait pas arrêté d’en parler sans vraiment avoir de nouvelle preuve ou de nouveaux éléments, je trouvais ça un peu inutile. À la tirade du plus jeune je l’avais écouté attentivement, tenant ma pâtisserie dans les mains. Il connaissait bien l’affaire et cela ne m’étonnait pas du tout. Et à sa question je mords un morceau de mon gâteau et hoche la tête.

« Je sais ce que c’est, en clair chacun a tué la personne que l’autre voulait morte, un truc du genre, non ? J’ai souvent eu affaire a des situations semblable dans l’armée... Enfin bref donc ce serait beaucoup plus complexe que ça en a l’air au premier abord ? » Les choses s’annonçaient assez bizarres, pour ma part je préférais être sur le terrain que chercher les raisons qui ont poussé a une telle histoire. Mais les détails que venait dénoncer Gabriel n’étaient pas inclus dans le rapport d’information et ça me faisait de nouveau sourire de remarquer une nouvelle fois que le plus jeune était vraiment impressionnant, il devait déjà avoir trouvé des infos que la police elle-même n’imagine pas encore.

« Donc la personne qui s'est rendue n’est pas la seule coupable dans cette histoire. Tu penses quoi, on a reçut aucune demande non, tu veux qu’on travaille dessus ? » Demandais-je sérieusement, je le suivais peu importe son choix, je ne sais pas encore où ça mènerait, mais s’il pense que ça vaut le coup de réfléchir et de mettre au clair cette affaire, alors autant le faire.

Tenue ▬ Même si lui et moi étions différents nous avons surement vécu des solitudes identiques dans notre vie. Le fait que nous soyons tous les deux des frères jumeaux cachés, que nos parents nous ont abandonnés, du moins c’est ce que j’avais cru comprendre et puis il ne semblait pas quelqu’un ayant des parents aimant derrière lui. Pour ma part j’avais encore les personnes qui m’ont élevé dans l’armée, mais toute ma vie la « famille » n’a jamais eu le même sens qu’il aurait dû avoir. Mon meilleur compagnon était mon sniper et j’aurais certainement pu déprimer et me sentir seul, maudire ma vie ou devenir distant avec les gens, mais je n’en trouvais pas l’utilité.

Je déteste le silence pour l’avoir trop fréquenté, mais sourire et continuer à vivre est la seule chose qui m’importe aujourd’hui. Gabriel est intelligent, pire que ça. Mais il me semble dans son monde et je suppose que j’aime le voir sourire justement parce que c’est la preuve qu’il n’est pas aussi fermé qu’il en a l’air, cette fine ouverture qu’il laisse paraître je veux un jour l’agrandir et le faire venir dans mon « monde ». C’est surement pertinent de penser ça alors que je ne le connais pas encore assez bien pour affirmer que j’y arriverais et puis dire que nous sommes « amis » sonnerait faux au vu du peux de temps écoulé depuis notre rencontre... Mais commencé par être « partenaire » n’est pas une mauvaise chose et je vais l’aider au mieux, même si je dois risquer ma vie, j’ai l’habitude du danger et je ne suis pas effrayé alors je ne fuirais jamais devant une de ses missions, s'il y a une enquête qu’il veut résoudre, je le ferais avec lui.

Un sourire amusé prenait place sur mon visage suite à toutes ses pensées qui traversaient mon esprit.

« Toujours, d’ailleurs mes affaires sont encore dans ma valise, faudra que je les range ce soir. »  Je n’avais pas encore cherché de logement, l’hôtel me convenait pour l’instant, je sais que je devrais arrêter de me balader un jour où l’autre, mais je ne sais pas si je suis prêt à me « caser » quelque part, seul et si j’arriverais à m’adapter au quotidien et sa routine. Lorsqu’il me demande ce qu’il y a de drôle je le pointe du doigt et réponds avec une expression amicale.

« Toi. »  Dis-je simplement en ramenant mes bras contre moi et les croisant sur la table, rajoutant. « Lorsque tu manges du sucre, ton sourire apparaît. Je me disais que j’aimais de plus en plus les pâtisseries. »  Tirant la langue d’un air taquin et amusé, je repris mon sérieux par la suite pour écouter une nouvelle fois ce que Gabriel me racontait, toujours avec une oreille attentive pour n’oublier aucun détail ni passer à côté de choses importantes. Et à sa question, je le regarde et réponds naturellement.

« Je suis d’accord avec toi, puis je trouve ça amusant ! J’aime les imprévus. »  Je ne savais pas dans quoi on était en train de mettre les pieds, mais Gabriel semblait amusé par la situation et surtout enthousiaste, de plus à nous deux on allait certainement réussir à résoudre cette affaire, ce n’était pas sorcier. C’est pourquoi je finis d'une bouchée mon gâteau et à ses nouveaux mots je me lève en frottant mes mains. L’observant un instant.

« Donne moi tout ce qu’il me faut et j’y vais.»  Je suis peut-être un peu trop insouciant et fonceur, mais dans ce métier les doutes n’ont pas de place, je lui fait confiance et je veux tenter le coup. Puis me rendre dans une école ! Haha c’est la première fois, à part l’éducation militaire je n’ai jamais mi de pied dans un établissement public ou privé d’ailleurs. Attrapant donc la casquette que j’enfile, le micro que je cache, le badge et les lunettes je souris au plus jeune.

« J’y vais, envoie-moi l'adresse sur mon Gps. »  Ah lala me voilà parti. Installé dans ma voiture, je teste le micro qu'il m'a donné.

« Tu m’entends ? Je suppose que oui, je compte sur toi pour me guider et m’expliquer tout ça pendant que je conduis, ok ? »  Démarrant j’attends la suite des événements. J'étais vraiment pas gérable, je ne sais même pas où je dois me rendre, mais j'étais pourtant excité comme une puce, décidément rien à faire j'aime vraiment l'action!

Tenue ▬ Je suis sur que Gabriel n’imagine pas à quel point son sourire fait du baume au cœur, la première fois que je l’ai vu déjà je n’ai pas pu m’empêcher de le trouver vraiment mignon ! Et pourtant soyons clair, je ne suis pas le genre de personne à faire des compliments dans le vent, la vérité est la seule chose qui sorte de mes lèvres et quand je dis qu’il est adorable et que j’aime le voir sourire c’est simplement un fait réel. Il affiche une expression que je voudrais voir tous les jours, cette pensée même pourrait être bizarre si je la révélé de cette manière, mais tant pis. Cependant, ce n’est ni le moment ni un sujet que je peux aborder à cet instant, une histoire plus « professionnel » nous appel et j’ai bien compris que j’aurais à faire pas mal de chose sur le terrain guidée par les soins de mon jeune patron. Même si c’était dans le flou total et le plus complet j’avais vraiment envie d’y aller et de faire tout ça au feeling, suivant les instructions certes, mais sans revoir de dossier nuits et jours comme on devrait en temps normal le faire avant de se lancer dans une affaire.

C’est pour cette raison que rapidement équipé j’avais quitté l’agence, aussi vite que j’étais arrivé il ne m’a fallu que quelques secondes pour rejoindre ma voiture et pour recevoir l’adresse que Gabriel m’avait envoyé sur mon GPS. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour agir et ça m’arracha un petit sourire, dans le genre performant je ne sais pas si je pourrais trouver un jour quelqu’un comme lui... Enfin bon je l’entends me prévenir qu’il reçoit 5/5 et me met donc en route écoutant malgré tout ses consignes pour la suite, jetant un œil au trajet qui s’affiche sur mon appareil, heureusement que mon cerveau est assez opérationnel pour gérer plusieurs choses à la fois, je n’ai ainsi pas de problème à me concentrer.

« Ok j’ai compris. Bon ça ne devrait pas prendre de temps je pense, même si la plupart n’auront surement rien à m’apprendre de plus que ce que tu sais déjà. »  Donc il fallait que j’interroge aussi cette Hana. Je me contenterais de faire mon boulot comme il faut, au fond j’espère qu’il y aura de l’action et du rebondissement derrière cette affaire. Aux mots que Gabriel prononça un rire discret s’échappa d’entre mes lèvres avant que je ne lui réponde.

« Je suis un pro pour observer, tu en jugeras par toi-même. »  Il ne fallait pas oublier que je suis « l’as » meilleur sniper de l’armée et avec ça m'a vision n’avait pas d’égal pour débusquer les « ennemis » aujourd’hui encore je sais remarquer les détails et je suis sur que je serais les yeux parfaits pour mon patron, même s’il ne le sait pas encore vu qu’il ne connaît pas tous les détails me concernant. Jetant un œil au GPS je n’allais pas tarder à arriver et une fois la voiture stoppée ma mission allait commencer. Mais Gabriel me posa une question tandis que je patientais au feu rouge à deux rues de l’école.

« Je change tout le temps. Pourquoi ? »  Réponse simple, mais il est vrai que depuis ses derniers mois libérés de l’armée je n’avais pas arrêté d’aller d’hôtel en hôtel sans m’arrêter. Un petit sourire amusé se dessina tandis que je dis d’un ton taquin. « Quoi, tu vas me proposer de vivre avec toi ? »  Je plaisantais n’imaginant pas Gabi me faire une telle proposition, redémarrant la voiture, je finis par arriver et me garer juste devant le portail. Casquette bien remise en place, lunette parfaitement placées, micro opérationnel, la caméra semblait bien fonctionné aussi, donc c’était parti ! Sortant de la voiture je remarque deux hommes se tenant là, murmurant à l’attention de mon partenaire.

« Ce sont eux avec qui je dois collaborer ? »  Sans attendre de réponses j’étais déjà en marche dans leur direction tendant ma main pour une salutation inhabituelle.

« Monsieur Kenmochi et monsieur Oishi, enchanté je m’appelle Kirihara Rikiya. »  Un sourire amical et je repris. « J’aimerais parler à certains étudiants, mais je suppose que vous savez déjà pourquoi je suis là. »  Cela semblait être le cas et après les présentations faites je me concentrais sur tout ce qui nous entourait, observant même en hauteur chaque fenêtre, qui sait si le coupable ou une personne au courant de cette histoire n’était pas entrain de nous regarder sentant venir le « danger ». Rapidement je me retrouve dans cette salle de classe où tous les élèves semblent sérieux et calmes, croisant mes bras adossait au mur, je les observe et trouve ça bien trop « parfait » certes c’est une école spécialisée, m'enfin. Au final discrètement je chope en privé chaque étudiant pour poser des questions, regardant toujours dans les coins et les personnes autour, à l’affut du moindre détail pouvait nous aider. Après ça je marque une pause en m’éclipsant un peu loin des regards curieux pour demander à Gabriel.

« Tu as remarqué quelque chose ? »

Tenue ▬ « Tâchons de trouver cette preuve alors. » Répondis-je simplement sans trop m’attarder sur le sujet, je n’ai pas vraiment cherché à apprendre plus de détails que nécessaire sur l’enquête avant de partir parce que je sais au fond que Gabriel a certainement fait sa part de boulot de ce côté et ça aurait été une perte de temps que de poser des questions sans aller directement sur le terrain, c’est tout de même mieux pour découvrir des indices et un coupable dissimuler dans la foule. J’ignore si le plus jeune à déjà une idée derrière la tête concernant cette affaire ou des doutes sur la personne en question, mais si c’est le cas je m’en rendrais compte bien assez tôt. J’avais hâte de montrer mes capacités, faut dire qu’il ne connaît pas encore de quoi je suis réellement capable et je n’ai pas trop l’occasion de les mettre à profit je doute même de pouvoir utilisé tout mon talent un jour... Mais j’espère, je veux sentir cette adrénaline qui sommeille en moi. Une esquisse discrète c’était dessiné sur mes lèvres à sa remarque, sans répondre quoi que ce soit d’autre. Mais le sujet dévia sur l’habitation, je suppose que vivre à l’hôtel sans attache et sans chercher de logement fixe pouvait sembler assez insouciant dans un sens, bien que je ne sois pas le seul à vivre ainsi, ce n’est pas vraiment la meilleure solution pour un jeune homme comme moi. Certains diront que c’est de l’argent gaspillé, d'autres que ça fait assez « bouffon » et d’autres encore que c’est triste de ne pas avoir de chez soi... Mais je débute et il me faut encore un peu de temps pour prendre mes marques. Je taquine donc Gabriel, si c’est lui qui me propose de vivre avec lui mes doutes s’évanouiront surement, mais le connaissant, enfin le peu que je sais sur lui je ne l’imagine pas me faire une telle proposition... Mais qui sait. En tout cas sa réponse est au niveau de mes attentes. Un rire naturel résonna dans la voiture et dans le micro.

« Je me disais bien. » Mais finit les taquineries, les choses sérieuses commencent, ayant confirmation de la présence de mes « complices » dans cette infiltration et cette recherche d’indices, je commence donc à me mettre au boulot. Je ne suis pas forcément habitué à passer des interrogatoires, mais j’ai souvent été présent pendant qu’on les faisait passer à des ennemis prisonniers... Là dans un coin de la pièce assis par terre avec mon sniper contre mon épaule, je sais donc comment ça marche, même si les méthodes sont loin d’être les mêmes. Il n’y a ni torture, ni menace au programme, je ne veux simplement découvrir si les étudiants pourraient nous aider à trouver la vérité et bien que je ne sois pas gâté avec leurs réponses toutes plus simple et fuyante les unes que les autres, il est évident qu’ils ont peur ou qu’ils sont au courant de quelque chose, mais il est difficile de faire parler de force quelqu’un qui a surement juré de garder le secret... Bien que certains semblent vouloir marquer des points en divulguant des faits qu’on connaissait déjà, mais au moins ils ont « tentés » de nous aider. Demandant son avis à Gabriel, j’observais toujours dans les alentours restant très discret et presque invisible aux yeux des autres, comme un caméléon se fondant dans le décor, écoutant les paroles qui défilait dans mon oreille. Cependant sans que je ne pus répondre quoi que ce soit de l'animation attira mon attention. Apparemment les élèves avaient plus de choses à se dire que prévu et la victime de l’enlèvement se trouvait là, devant une accusation qui pourrait être tout aussi vrai si on ne chercher pas plus loin derrière cette histoire de rivalité.

Ils étaient motivés dis donc et je souriais une nouvelle fois en regardant le gars pour lequel ces deux filles se battaient... Il semblait avoir du succès et il était plutôt mignon en apparence, mais je ne sais pas si je pourrais faire confiance à son air innocent et gentil, il pourrait tout aussi bien réellement cacher son jeu. C’est bien connu ce genre de gars et si j’étais aussi naïf que les policiers ou les gens pressés de résoudre l’enquête je ne chercherais pas plus loin et conclurais un profil déjà établi. Un soupire s’échappe pendant que je réfléchis quelques secondes. Regardant l’inspecteur suite à sa question, affichant une expression totalement décontractée.

« Qui sait. Peut-être ? » Sortant de l’ombre, je marche dans leur direction attirant l’attention sur moi, je regarde ainsi tour à tour chacun d’eux, prenant la peine de bien les fixer pour que Gabriel puisse voir avec moi si l’un d'eux semble « suspect » et je jette même un œil en direction du professeur qui semblait assez tendu mine de rien d’où le fait que je garde mes « découverte » et celle de mon patron sécrète. Montrant du doigt le gamin, passant mon bras autour de lui sans aucune gêne.

« Tanaka n’est-ce pas ? Je n’ai pas eu le plaisir de te parler tout à l’heure, alors tu t’amuses vraiment avec elles ? Faut dire qu’avec ton physique tu pourrais toutes les avoir, pourquoi te contenter d’une seule. » Je sais que je vais attirer les foudres sur moi, mais c’est le but, je veux faire sortir les choses non dites qu’ils gardent tous en eux. Avançant vers la victime de l’enlèvement, je reprends.

« Et toi... Sakamoto qu’est-ce que t’en pense, ça dois être énervant d’être utilisée non ? » Je restais vague dans mes questions, mais voir leurs réactions et imaginer à l’avance les réponses qu’ils s’apprêtaient à me donner c'était amusant. Mettant les mains dans mes poches je me tourne vers leur professeur le fixant simplement sans un mot, sourire aux lèvres... Sakamoto s’enfuit, tandis que les autres m’observent se demandant surement ce que je cherche ou encore où je veux en venir, c’est intéressant. Murmurant a Gabi le plus discrètement possible.

« Je vais suivre Hana, je te laisse chercher leurs alibis. Il faut savoir si cet enlèvement est vraiment une pièce du puzzle ou juste une coïncidence dans le décor. »

Tenue ▬ « Ok, je te laisse faire. Tu trouveras surement l’indice manquant. »  Avais-je répondu avant de suivre la direction qu’avait pris la jeune fille après avoir jeté un dernier regard aux élèves présents et à ce Tanaka qui n’avait pas encore eu les couilles d’avouer ou non s’être servie de ces deux filles. Pour moi c’était simplement de la lâcheté, mais je suppose que je ne peux pas comprendre leur mentalité n’ayant pas du tout vécu dans leur environnement. Ces gosses ont tout pour réussir, ils sont censés être remplis de rêve et on leur prête un endroit pour les réaliser... Ils pourraient se faire des amis, partager des flirts, rire et pleurer tous ensemble dans les réussites et les échecs... Mais non, s’éliminer et se faire des coups bas semblé beaucoup plus facile et amusant pour ses abrutis. Parfois j’aurais voulu connaitre les sentiments d’aller dans une école et d’avoir des amis, sortir le soir et avoir mes années de lycée comme tout le monde, être diplômé et rencontrer des gens qui marqueraient mon existence... Mais quand je vois ce genre d’étudiant je suis bien content de ce que j’ai eu, car au moins à l’armée personne ne ment, nos vies sont dans les mains de nos partenaires et la confiance est la seule chose qui doit régner laissant tension et rancœur de côté. Comme quoi la belle vie n’apporte pas forcément le bonheur et l’intelligence.

Entendant la voix de Gabriel, ça me ramena à la réalité et un sourire amusé trôna sur mon visage, j’avais compris qu’il ne me parlait pas spécialement, mais je pouvais remarquer qu’il était à fond dans ses recherches. Grimpant les escaliers pour atteindre l’étage supérieur, je lâcha un « ok »  pour lui répondre. Remarquant bien trop d’agitation, je commença à monter plus vite pour savoir ce qui se passait, n’ayant pas réagit aux mots de Gabi, seuls les cris d’une élève résonnèrent, atteignant ainsi le toit je jeta un œil en direction de cette fille prête à sauter dans le vide, avec quelques étudiants inquiets éparpillés à distance. Approchant dans sa direction, elle prit la parole sur un ton convaincu et sérieux, elle ne semblait pas rigoler, pourtant je n’affichais pas de visage inquiet ou désolé pour elle. Pour être franc... elle m’énervait. Je ne supportais pas ces personnes prêtes à mettre fin à leur vie pour des raisons aussi futiles et qui plus est, pourquoi mettons-nous nos vies en jeu pour des lâches pareils. Oui je suis énervé, vraiment.

« Tu veux sauter, est-ce que tu sais ce que ça fait de sentir ton corps s’écraser sur le sol ? Il y a des manières plus rapides et classe pour mourir tu sais. » Je devais paraître sans cœur, mais là, je savais très bien ce que je faisais. Regardant le jeune homme qui était monté sur le toit, je ricane en le montrant du doigt. « Tu veux vraiment mourir pour ce genre de mec ? Quoi, il est beau et alors, est-ce qu’il en vaut la peine... Tu penses que tu vas lui manquer, qu’il va regretter si tu sautes ? Tu devrais leur faire fermer leur gueule et montrer que tu es là ! En quoi mourir va arranger tes affaires. Disparaitre sans manquer à personne, c’est ce que tu veux ? Et tes parents eux aussi tu crois qu’ils s’en fichent ? TE FOUS PAS DE MA GUEULE. » Je m’approche lentement en sentant qu’elle baissait sa garde. Une fois quelque mètres gagner je tends ma main dans sa direction.

« J’ai fréquenté la mort bien trop de fois au long de ma vie et crois-moi tu es encore bien trop jeune pour vouloir la rencontrer. Arrête tes conneries et viens ici, on trouvera les coupables. Et puis qui a dit que je ne te croyais pas, un allié est parfois bien plus utile que tu le pense. » Un léger sourire sur mes lèvres, elle semble avoir compris mes mots.

« Vous allez vraiment m’aider ? » Insistant pour qu’elle attrape ma main je rajoute. « Je ne mens jamais, fais-moi confiance. » Lorsqu’elle attrapa ma main et que tout sembla fini, elle glissa et fut rapidement suspendue dans le vide avec ma main gauche comme seul support. Surpris, je mis deux secondes à réagir.

« Aidez-moi ! Ne me laissez pas tomber ! » « Idiote ! Je t’ai dit de me faire confiance non ? » J’étais toujours serein, c’était l’action qui me fallait ! La retenant avec la force d’un seul bras, je passa de l’autre côté du mur pour avoir plus d'emprise. Les étudiants sur le toit semblèrent affolés et j’en profita pour jeter un œil vers eux en lâchant à Gabriel.

« Observe Gabi, je n'ai pas le temps de remarquer les détails ! Je pense que quelqu’un ici est le coupable. » Mais je ne put rester à les fixer bien longtemps, la fille s’impatienta et semblait terrorisé. Dire qu’elle voulait mourir y a moins d’une minute... L’être humain est vraiment quelque chose. Un rire amusé qui ne devait pas être compris par les gens m’entourant résonna, alors que Hana était en pleure, je lui dis.

« Je te remonte, mais j’espère que l’idée de sauter ne te traversera plus l’esprit. » Dans un geste rapide elle finit dans mes bras et je nous fis repasser de l’autre côté du mur sous les soulagements du people. Debout devant elle qui était tombé au sol pas remise de ses émotions, je rajouta.

« Bon. Il est temps de découvrir qui est derrière tout ça. » Un petit clin d’œil, je m’accroupis pour faire un High five avec elle et m’éloigna de la foule sous les regards impressionnés.

« Tu as la réponse ? »

Tenue ▬ Je sais très bien que parfois mon manque de sérieux pouvait être mal interprété mais aussi loin que je me souvienne c’est ce caractère qui me porte dans toutes les situations critique ou non. Je suis peut-être trop insouciant ou même inconscient d’aimer le danger et l’action, mais on ne peut pas me changer je suis né pour ça. Je ne mentais jamais sur mes mots ou mes promesses, tout ce que j’ai dit je le pensais et puis au fond... Pour que je la convaincs aussi vite de renoncer à la mort c’est que même cette fille ne le souhaitait pas et espérait une main tendue vers elle pour la retenir. Mourir pour des gens qui n’en valent pas la peine c’est un billet pour l’enfer, dans tous les sens du terme, regret, tristesse, incompréhension, envie, haine, reproche, jalousie, colère... Toutes ses choses qui vous torturent l’esprit il suffit juste de les balayer pour apercevoir un peu d’espoir, les choses inutiles faut savoir s’en débarrasser. Mais voilà, après une petite intervention la demoiselle était saine et sauve, entourée par ses camarades et professeur qui devait surement encore cracher des mots qu’aucun ne pensait, cependant ça ne me regarde pas. Je ne suis pas ici pour régler les comportements faux-culs des étudiants, mais bien pour aider Gabriel et trouver le coupable. Et lorsque je demande s’il a la réponse, ce qu’il me dit m’arrache un rire amusé.

« Qu’est-ce que tu as contre Superman, il est cool ! » Haha faut croire que je suis assez sélectif dans mes priorités... Mais reprenant mon sérieux je rajoute. « Ok je m’en occupe ». Revenant vers la bande regroupée, je tape des mains pour attirer l’attention.

« Excusez-moi, mais cette affaire n’est pas fini si vous voulez bien rejoindre la salle de classe et ramener vos camarades avec vous, on va mettre au clair cette histoire. » M’approchant de la jeune fille au sol, je souris et lui tend la main. « Je t’ai dit que j’allais t’aider, viens. » Sans hésitation elle s’accrocha à moi, apparemment j’avais réellement gagné sa confiance. Suivit des autres personnes ayant été sur le toit je m’occupe de prévenir les étudiants manquants et rapidement la salle se remplie sous les regards curieux et impatient de la plupart d’entre eux me fixant avec insistance. Gabi m’avait prévenu qu’il allait bientôt arriver, du temps pour les garder tous groupé j’avais répondu à quelques questions que certains m’avaient posé qui ne concerner pas l’affaire, du style.

« Vous sortez avec quelqu’un ? » « Vous avez quel âge ? » « Vous étiez trop cool sur le toit, c’est quoi votre boulot !? » En fait je restais très évasif sur la dernière question et celle qui me fit rire fut ; « Pourquoi vous portez une casquette et des lunettes ? » J’avais fixé la personne du style « en quoi c’est dérangeant ? » Mais parce qu’elle m’avait amusé je lui avais répondu.

« Pour cacher ma beauté et éviter les cœurs blessés. » Haha je sais parler aux filles ! Bon je n’allais pas avouer que j’avais la même tête que leur prince héritier ou encore plus connu sous l’acteur Toshinomiya Tatsuya. Mais il y avait de l’agitation de l’autre côté de la pièce et je lâcha un soupire m’apprêtant à les calmer à ma façon quand Gabriel entra. Assis sur l’un des bureaux je laisse mon partenaire expliquer la situation calmement en ne manquant pas de lui sourire content de le voir débouler sur les lieux. Pendant qu’il résumait toute l’histoire en ayant nommé le coupable qui ne me surpris pas du tout, je continuais d’observer les réactions des élèves. Hana semblait en accord avec les mots prononcés par Gabriel et surtout assez paniquée d’apprendre la vérité. Je semblais toujours aussi désinvolte de la situation, j’avais même décidé de me lever et de me diriger vers les policiers à l’entrer qui n’allais pas tarder à devoir arrêter cet homme. Mais un coup de feu retentit et le voilà qu’il tient une arme braqué sur la jeune fille. Le policier blessé, je secoue la tête.

« Maji ?» Un soupire et discrètement je prends l’arme de l’autre policier sans attiré l'attention, je m’approche quand il pose son regard sur moi en me hurlant de ne pas approcher je souris gardant le pistolet dans mon dos.

« Vous savez sensei, j’ai promis à cette fille de la protéger et d’être son allié, si je brise cette parole en vous laissant la tuée je ne vaudrais pas mieux que vous. » Mon regard est devenu noir d’un seul coup et sans que personne ne puisse réagir un coup de feu avait de nouveau retenti, avec la vitesse de tir dont j’étais doté j’avais fait un trou dans sa main qui tenait l'arme, cette dernière tombant au sol. Des soupirent de soulagements se mélanger aux cris du professeur blessé. M’approchant de lui comme si ce que je venais de faire n'était rien, je le fixa avec ce visage sérieux que je n’affiche qu’en « mission » pointant mon arme sur lui sans intention de tiré, mais simplement de l’effrayer je rajouta dans un murmure seulement pour qu'il soit le seul à entendre.

« Je ne perds jamais une arme à la main, imbécile. » Souriant en renvoyant son arme à son propriétaire je pris soin de demander à Hana comment elle allait et ses remerciements étaient bien plus que suffisant, j’espérais que cette enfant se relève et s’en sorte, parce qu’à partir d’ici nos chemins allaient se séparer. Revenant vers Gabriel, je lui souris et d’un ton enjoué lui demanda.

« Alors, impressionné ? » Tirant la langue, je m’étire et termine en disant. « On a fini plus vite que je le pensais. » Les policiers et les renforts venues après le coup de feu allaient surement s’occuper du reste.[/font][/color]

Tenue ▬ Au fond de moi je sais que quoi que je fasse je ne pourrais pas perdre certaines habitudes de soldats qui m’ont bercé ses 20 dernières années, j’ai une certaine aisance à m’occuper des nuisances et pourtant je ne suis pas du genre à penser être « invincible » ou « intouchable » mais je ne supporte pas ces personnes qui peuvent tuer sans raison valable et automatiquement mes envies de meurtres reviennent, enfin... Façon de parler, disons que j’agis différemment lorsque mon esprit est rempli d’un désir de protection et où la rapidité et la précision sont importantes. Deux atouts que j’ai développés et acquis à la perfection et qui à cet instant sont mis a l’épreuve, rapidement je fais comprendre à ce professeur que ses menaces ne mèneront à rien, je suis un type du genre « actif » et non passif, je n’attends pas de voir évoluer la situation pour agir, je le fais avant même que les autres s’en sois rendu compte, l’art et le secret de ma réussite c’est dans cette aptitude qu’elle repose.

Si mon regard à changé et si je suis aussi sure de moi en avouant être imbattable avec une arme, c’est bien parce que sans cette confiance je ne serais pas aussi utile et performant. Ma vie entière repose sur la gâchette d’un pistolet, bien que le gabarie, la taille et la précision de tir ne soient pas du tout la même, ce n’est pas l’arme qui guide l’homme, mais l’homme qui guide l’arme. En tout cas toute cette histoire est terminée et le coupable est arrêté. Cherchant louange auprès de mon patron sur un ton amusé je reçois une réponse assez surprenante à laquelle je me pointe du doigt moi-même d’un air faussement choqué.

« Moi ? Je ne vois pas de quoi tu parles. » Me rappelant de ses paroles je repris.  « Ah, ça veut dire que tu m’as quand même trouvé « classe », goog good. » Je le narguais un peu, mais bon n’est-ce pas une bonne occasion de le faire et puis on ne me changera pas. M’asseyant sur le bureau lorsqu’il me prévient qu’il doit encore faire une dernière chose avant de se « retirer ».

« Ok je bouge pas de là. Et oui allons fêter ça je pense qu’on le mérite. » Lorsqu’il me remercie d’avoir sauvé une vie je retrouve mon sérieux, mais garde mon sourire en hochant la tête l’air de dire « pas de problème ». Après tout n’était-ce pas mon travail ? Sans m’y attendre je reçois une tape dans le dos et écarquille les yeux écoutant les mots de l’inspecteur en le remerciant, il avait l’air enthousiasmé le vieux. Je n’avais même pas eu le temps de dire quoi que ce soit qu’il avait déjà disparu de notre champ de vision et le fait qu’il ébouriffe les cheveux de mon jeune patron me fit bien rire. Le rejoignant toujours amusé je remis une mèche de ses cheveux en place sans aucune gêne.

« On dirait qu’il t’aime bien. Allons-y. » déjà prêts à partir on est stoppé par Hana qui c’est approché de nous, à sa demande je regarde Gabriel pour lui demander de m’attendre et à sa remarque je lui lança un regard du style « je ne suis pas un don juan ! » me retenant de rire une nouvelle fois. J’observe la jeune fille qui semble assez embarrassée ou je ne sais pas trop, croisant les bras en attendant qu’elle prenne la parole. Elle commença par me remercier encore et faire part de sa gratitude avant de me demander avec hésitation si on pouvait se revoir... Chose à laquelle je répondis.

« C’est mieux pour toi que tu recommences une vie en oubliant toute cette histoire. J’ai fait mon travail, à toi de te reconstruire maintenant, mais si un jour tu as besoin d’aide tu peux me contacter. » Je n’allais pas la repousser et briser cette confiance qu’elle avait mise en moi, cependant je ne pouvais pas la voir comme une « fille » à mes yeux elle était une victime qu’on a aidée et je n’ai aucune envie de lui donner des espoirs inutiles.

« Et assures-toi de sortir avec des personnes en qui tu as confiance, ne juge pas sur l’apparence, discute et découvre. De cette manière tu ne seras plus aussi blessée que tu l’as été ok ? » Elle m’offrit un sourire et me remercia de nouveau, je m’inclina pour la saluer et sortie de la pièce pour rejoindre mon partenaire. L’approchant je mis ma main sur son épaule pour témoigner de ma présence et le regarda en souriant.

« Ça va ? Ma voiture est là-bas, tu viens. » Je commença à marcher, mais gardant le rythme de Gabriel, ça ne me dérangez pas de l’attendre au contraire.

« Alors, tu veux aller où ? Je veux manger pleins de bonne choses et boire une bonne bière ! Ça te dit de tout acheter et de faire une fête privé à l’agence ?» Je pense que Gabi sera plus à l’aise et je veux qu’on puisse se détendre et profiter tous les deux, puis si je bois je préfère éviter les endroits publics.

Tenue ▬ Pour être honnête je ne pensais pas vraiment être le genre de type dont les filles pouvaient s’enticher aussi facilement, je ne me pose jamais ce genre de question c’est pourquoi ça m’amusait un peu au fond, même si... De mon point de vue le mystérieux Gabriel était plus mignon. Une bonne chose que je ne sois pas quelqu’un de faible devant les atouts féminins ou encore leurs avances, je ne suis pas aussi désespéré ni facilement intéressé. C’est ainsi après avoir mis les choses au clair que je l’avais rejoint pour lui proposer une petite soirée entre nous, chose qui semblait lui plaire et tout ça me convenait parfaitement. Ayant acquiescé d’un large sourire annonçant que j’étais partant, je laissai mon jeune patron s’installer dans la voiture avant de tourner les clefs sur le moteur, le poste se mit en marche une fois le contact allumé et je ne me préoccupe pas vraiment de savoir si c’était le genre de chanson qu’écouté Gabriel, même si au fond je savais déjà la réponse, ou en tout cas j’avais un doute énorme sur ce qui pourrait le brancher. À sa proposition je jeta un rapide coup d’œil dans sa direction avant de lui répondre.

« Ô je veux gouter ta cuisine ! Tant qu’on n'a pas besoin de faire les courses c’est parfait. » Sérieusement il m’aurait demandé d’aller au magasin ça n’aurait pas été possible... Pour moi les courses c’est le plus gros calvaire que j’ai connu dans ma vie, sérieusement... D’où le fait que vivre à l’hôtel n'est pas si mal au fond, j’ai juste à appuyer sur un bouton et me faire livrer, c’est la belle vie. Sauf que je ne mange pas vraiment de la nourriture très « saine » vu que je commande la plupart du temps seulement des gâteaux haha. Quelques minutes plus tard je me gare sur le parking du KFC, je ne suis encore jamais entré dans ce genre de fastfood. Je ris légèrement en voyant à quel point on est perdu, c’est un peu gênant au vu de la queue créé et des railleries qui commencent à se faire entendre, bien que je les regarde pour faire comprendre qu’il fallait patienté, comme si ce genre de choses pouvait m’atteindre. Écoutant les mots de Gabriel, je fis ce qu’il dit en commandant plusieurs trucs au hasard, ne sachant pas trop ce que ça allait donner, mais tant pis... Qui ne tente rien n’ont rien comme on dit. Sortant de ce restaurant soulagé que ça soit terminé je pris la route pour m’arrêter quelques minutes plus loin afin de faire le pleins de pâtisseries à la boulangerie du coin. L’odeur était un délice, autant celle des gâteaux que du pain chaud. C’est la plus belle invention culinaire que je connaisse !

Le silence dominé dans la voiture, jusqu’à ce que quelques secondes avant d’arriver à l’agence Gabriel le brise et ses mots me surpris un peu, il avait deviné rapidement mon poste dans l’armée, même si je ne souhaitais pas plus que ça le cachait et que ça pouvait paraître logique après le tir que j’ai effectué, qu’il me demande ça de cette manière m’a un peu pris au dépourvu et je n’ai pas répondu tout de suite. Je pense que j’étais encore dans mes pensées et au final avant que je ne le réalise on était déjà arrivé à notre destination. Écoutant les nouveaux mots que prononça Gabriel je garda ma réponse pour moi, ce qui ne voulait pas dire que je n’allais pas en parler. Ça ne me dérangeait pas du tout de lui communiquer certains secrets, je pense que c’est à partir de là que la réelle confiance peut se mettre en place, bien que je ne doute pas de lui, de ce qu’il est et représente, on est encore des inconnus l’un pour l’autre et étant partenaires... C’est peut-être aussi notre principal défaut.

Prenant les affaires, je le suivis à l’intérieur. J’avais posé les sacs sur la table basse, avant d’enlever mon gilet que je posa sur une chaise. Prenant une des canettes de bière que Gabriel avait emmenée, je bus plusieurs gorgées la descendant rapidement en laissant sortir un son de satisfaction, ça faisait du bien de boire ! Observant le plus jeune je demanda.

« Ça te fait mal ? » Je me doutais que cette blessure devait souvent le lancer... J’étais content qu’on soit rentré je sais qu’il se serait forcé et je n’aime pas cette idée. Posant la bouteille j’attrape un des sacs où se trouvent toutes nos commandes et les exposent sur la table, attrapant un morceau de poulet que je mangea d’une seule bouchée.

« Hum, c’est bon ! » M’exclamais-je avant de sourire et de reposer mon regard sur le plus jeune, lâchant un léger soupire en m’adossant au dossier du canapé.

« Je ne suis jamais sorti du camp militaire, sauf pour me battre. Et tu as raison, j’étais sniper. » Dis-je simplement avant d’attraper un sandwich et de croquer dedans... C’était vraiment trop bon, je crois que je retournerais manger là-bas plus souvent maintenant. Mais pour en revenir à tout ça, j’étais trop occupé toutes ses années à faire la guerre, à m’entrainer que la vie extérieure ne m’avait jamais réellement attiré. Du moins jusqu’à il y a quelques mois et c’est pour ça que j’ai surement encore des manies enfantines lorsque je rentre dans des endroits pour la première fois ou que je vois des choses que je n’avais jamais vues... Je ne suis pas idiot, c’est juste que j’avais une vie coupée du monde voilà tout.

« Je savais que tu finirais par le deviner, bon ce n’est pas un secret que je voulais spécialement garder, je n’en ai pas parlé parce que tu ne m’as rien demandé et que j’en voyais pas l’utilité. » Au fond le poste que j’occupé ce n'était pas le plus important même si je n’avais pas précisez que mon rôle était un peu différent ou encore parlé de ma renommé, j’étais doué aussi en combat rapproché. Je bois les dernières gorgées de ma bière avant d’aller en reprendre une, aujourd’hui j’avais décidé de ne pas être « raisonnable » de toute façon ce n’est pas comme si j’allais me souler avec quelques bières. Revenant à côté de Gabriel j’ose poser une question qui pourrait paraître déplacé tout en ouvrant ma canette.

« Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? » Montrant sa jambe du regard. Je sais que je ne devrais pas demander ce genre de chose, mais s’il ne voulait pas répondre alors il n’avait pas à le faire, c’est tout.

Tenue ▬ « Je vois. » Avais-je simplement répondu lorsqu’il me parla de sa douleur, je pouvais imaginer que ne pas pouvoir faire comme tout le monde à son âge ne devais pas toujours être facile à vivre, mais commençant à le connaitre je me dis que ce n’est pas ce qui l’arrête, la preuve est que bien que blessé et handicapé il me semble plus fiable que n’importe quelle personne en bonne santé. Pour moi cela ne changer rien au fait qu’il était mon patron et que c’était une personne incroyable, si d'autres juge par les capacités physiques, moi je préfère faire à ma manière et suivre mes propres sentiments et mon feeling.

Boire de la bière et manger du poulet, sachant que pleins de trucs sucrés nous attendaient encore pour après c’était un bonheur que je ne pouvais pas dissimuler. Après une matinée pareil, se détendre ainsi il n’y a rien de mieux. Cependant j’avais tout de même décidé de répondre à ses questions posées dans la voiture et auxquelles j’étais resté muet. Je ne pense pas que parler du passé soit une mauvaise chose, certes on a tous nos secrets, mais petit à petit j’aimerais que le fossé visible entre nous se resserre pour ne plus exister. Le temps que ça prendra m’importe peu, mais je veux ressentir qu’on fait partie de la même équipe jusqu’au bout, qu’on peut se faire confiance et tout se dire sans peine, un jour... C’est ce que je voudrais, même si Gabriel me semble tellement mystérieux que ses secrets semblent tout aussi difficiles à révéler. Cette allure, son caractère et le fait qu’il ne soit pas à l’aise entouré de mondes prouve que son passé n’est pas des plus joyeux, puis comme moi il a un jumeau qu’il ne peut rencontrer ni révéler et pour le vivre je sais que ce n’est pas une situation facile.

Lorsqu’il m’expliqua suite à ma question son histoire avec le pitbull, je ne put m’empêcher d’imaginer la scène et de trouver que c’est vraiment injuste de voir les ravages que pouvait faire une morsure. Et accessoirement je maudissais en silence le chien, même si je n’en savais pas plus sur les raisons ou la manière dont ça c’est passé et ce n’est pas grave, je n’insisterais pas pour en savoir davantage, j’avais eu ma réponse.

Offrant simplement un sourire chaleureux, ne souhaitant pas rendre cela compatissant ou prendre pitié de lui, je pense qu’il n’en a pas besoin et que cela ne lui ferait pas plaisir, de plus ce n’est pas mon genre. Continuant de manger, remplissant cet estomac qui n’en avait jamais assez, j’avais relevé la tête pour le regarder lorsqu’il me posa plusieurs questions à la suite. Avalant ce qui se trouver dans ma bouche terminant ma deuxième canette de bière pour ensuite répondre sur un ton décontracté et qui pourrait paraître presque désintéressé, bien que ça ne soit pas le cas.

« J’ai eu des parents adoptifs et un frère aussi. Mais il est mort en combat. Mon père est aussi un sniper, le meilleur. Même si je l’ai surpassé depuis longtemps ! » Tirant la langue sur un ton taquin, je repris immédiatement. « Ma mère s’occupe des avions et de la mécanique à l’armée, enfin ils sont plutôt intéressants, même si c'est surement pas le genre de choses qui t'importe... Mais j’ai découvert qu’à ma naissance ma véritable mère a dû se débarrasser de moi pour pas qu’il y est la guerre des héritiers ou je ne sais quoi. Depuis ma naissance je vis à l’armée, je ne connais que l’éducation militaire. »  Prenant la bière que Gabriel me donna, je ris légèrement en buvant sans hésitation, avant de trouver une nouvelle occasion de l’embêter en lui offrant un clin d’œil.

« Merci pour le baiser. » Indirect certes, mais c’était fun de l’embêter et moi ce genre de détail ne m’échappe pas facilement contrairement au plus jeune. Je ne suis pas si innocent. N’empêche qu’il me donnait envie avec son sucre... J’étais bien tenté de lui demander de me faire boire dans sa canette et de lui rendre la monnaie de sa pièce, mais... je voulais pas le traumatiser haha ha ! Terminant mon sandwich, je me frotta les mains en écoutant ce qu’il dit une nouvelle fois.

« Je vois, ce n’est pas plus mal. Je n’ai pas envie forcément d’être connu pour avoir été l’... un membre de l’armée, j’ai eu ce privilège lorsque j’en faisais partie. Je pense que j’ai besoin de découvrir aussi qui je suis sans l’uniforme militaire. Continue donc de faire tes observations à l’avenir et n’hésite pas à les dire, j’aime assez qu’on me jette mes qualités ou mes défauts à la figure. » Un nouveau sourire et je me tapota mon ventre pas encore rassasié, mais je voulais faire une petite pause. Continuant de boire la canette de bière de Gabriel je rajouta.

« Si je continue à boire comme ça, il se peut que je reste dormir ici ce soir. » Bien qu’on y était pas encore, vu comme j’étais lancé et bien installé c’était surement ce qui se passerait.