Eden avait dit qu'il ne deviendrait jamais comme son père, jamais il ne deviendrait un foutu alcoolo ruinant la vie des autres et pourtant, il buvait beaucoup, il était ivre à chaque soirée où il s'enfilait de l'alcool, il faisait des erreurs et ne s'en souvenait plus le lendemain. Mais il refusait de dire qu'il était comme son père, non non il n'est pas alcoolique, il profite simplement de la vie tant qu'il est jeune, il approche dangereusement de la trentaine, un âge où l'on est censé arrêter la débauche et devenir plus sérieux. Il préférait boire, cela l'aidait à se sentir encore jeune mais aussi à réfléchir sur des sujets divers et variés. Il y a quelques jours de cela, il avait encore trop bu. Saoulé à la vodka et au whisky, il aurait pu déblatérer sur la philosophie de Kant ou bien la république selon Platon mais son esprit avait préféré lui jouer un tour, lui donner envie d'assouvir ses pulsions d'homme. Un homme qu'il avait rencontré, une nuit qu'ils avaient partagé. Lorsqu'il est saoul, Eden est le meilleur baratineur du monde, ce don juan ferait tomber n'importe qui, à condition qu'il soit dans un état d'ivresse. Il lui avait promit des choses qu'ils ne pourraient faire, des mots qu'ils ne saurait dire à nouveau. Il était bien romantique mais finalement tout ce que le cino-thaïlandais voulait était une aventure d'une nuit. Le matin même il était de nouveau chez lui, comment était-il rentré ? Il ne l'a jamais su, il avait en souvenir de cette soirée un magnifique mal de crâne. Il pensait qu'il avait fait comme chaque nuit : il avait dû philosopher avec un inconnu. Il était loin du compte.

Ce soir, Eden arpentait les rues de Shinjuku après être sorti d'une réunion avec son éditeur. Ah son éditeur, une grande et belle histoire d'amour, mais tout ceci est ironique ne l'oublions pas. Les bars aux alentours lui faisaient de l'oeil mais il n'irait pas, pas ce soir, demain il devait être d'attaque pour passer deux heures entières avec la pire classe de terminale de royal. Heureusement qu'il était cassant, un autre professeur aurait déjà démissionné à sa place. Qu'importe, il errait sans but dans les rues avant de rentrer chez lui. Peut-être se laisserait-il finalement tenter par l'un de ces nombreux endroit pour boire un verre de whisky ou de sake, il n'était pas bien difficile niveau alcool même s'il préférait le whisky aux autres.

Le philosophe habitait Shinjuku, et pourtant son appartement était assez éloigné de l'endroit où il se trouvait. Il n'avait d'autres choix que d'emprunter le bus pour se rendre à son logement. Finalement, il abandonnait l'idée de s'arrêter picoler dans un bar, il préférait être d'attaque pour en mettre pleins la tronche à un certain élève le lendemain. Il finit par se caler à son arrêt de bus, une clope au bec, attendant que celui-ci arrive pour pouvoir profiter de la chaleur de sa demeure. C'est qu'il commençait à faire froid le soir, lui qui n'était pas censé être frileux. Il s'apprêtait à monter dans le bus lorsqu'il entendit quelque chose qui le fit faire demi-tour. Des cris, assez faibles mais audibles, comme si une personne demandait de l'aide. Personne ne bougeait, les japonais n'en avaient strictement rien à faire. Et lui, pourquoi commençait-il à vouloir jouer les héros d'un coups ? Il reportait cela sur le coups de la fatigue. Derrière lui se trouvait une ruelle, les cris venaient d'ici. Il pouvait brièvement distinguer deux personne, l'une semblait lutter pour ne pas se faire voler ou quelque chose du genre. Eden plissait légèrement les yeux pour mieux voir l'agresseur ainsi que la victime. Quoi lui ? Eden s'apprêtait à sauver ce gosse ? Eden connaissait la victime, enfin connaître était un bien grand mot, le jeune homme était arrivé sans crier garde et lui parlait comme s'ils se connaissaient, comme s'ils avaient vécu quelque chose d'extraordinaire ensemble mais Eden ne l'avait jamais vue de sa vie et l'avait envoyer bouler d'une froideur monumentale. « Non, n'y vas pas il va se faire des films après. » se disait-il, mais il se sentirait tout de même coupable s'il ne faisait rien et se contentait de regarder. « Oh la ferme, fous ta foutue fierté de côté et sauve ce mioche. » se hurlait-il intérieurement.

Eden soupirait en admirant le spectacle, laissons le héro de l'histoire entrer dans l'arène. Il avançait sans grande conviction, passant derrière l'inconnu qui agressait le pauvre jeune homme. Sa main glissait rapidement autour de sa taille sans aucune douceur et son bras venait bloquer son coup juste après avant de laisser le mégot de cigarette s'écraser contre la peau de l'agresseur et entendre son cri de douleur raisonner dans la ruelle.

Pourquoi venait-il de sauver cet inconnu qui l'avait collé il y avait quelques jours de cela ? Eden ne le connaissait pas et n'avait aucune raison de le sauver des griffes de son agresseurs et pourtant il venait de le faire, écrasant son mégot de cigarette contre le cou blanc de l'homme qui venait de s'en prendre au jeune homme. Le cino-thaïlandais ne voulait pas se l'avouer mais s'il l'avait tiré d'affaire c'était pour une bonne raison, il s'était dit que cela aurait pu être sa mère à la place du japonais et dieu sait ô combien Eden est très protecteur envers sa génitrice malgré le fait qu'il ne l'ai plus vu depuis si longtemps. Il refusait de s'avouer qu'il était protecteur et préférait se désigner comme un homme froid et légèrement je-m'en-foutiste sur les bords. Habituellement il aurait demandé quelque chose en échange de ce service mais là, il ne voulait rien en échange, son âme de héros semblait ressortir mais il ne voulait pas en être un. Qu'importe, il regardait l'agresseur souffrir avant de le jeter plus loin. Ce dernier tomba contre le sol et se releva en catastrophe avant de s'enfuir de la ruelle laissant les deux hommes seuls. Elliot – voilà comment se nommait l'énergumène – avait l'air bien mal en point à cause de son agression. Étonnement, Eden semblait s'inquiéter pour lui sans raison apparente. Il croisait tout de même les bras attendant des remerciement de la part du blessé avant de soupirer en entendant ses paroles. Il ne répliquait pas, à quoi bon. Il le laissait s'éloigner avec un léger sourire en coin, amusé de le voir dans cet état à essayer de fuir. Eden était partagé entre l'inquiétude et la moquerie à se moment précis.

Eden regardait le jeune homme s'éloigner de quelques mètres avant de finalement se laisser glisser le long d'un mur à la sortie de la ruelle. Il semblait être aux bords des larmes. Le philosophe ne pouvait s'empêcher de le comparer à un enfant qui venait de se blesser et il trouvait cela étrangement mignon. Pouvait-il le laisser dans cet état et partir comme un voleur ? Non, il ne pouvait pas faire cela. Il n'était tout de même pas un monstre pour laisser quelqu'un à l'article de la mort sur le côté. A vouloir jouer les héros il faut bien en assumer les conséquences. Il soupirait une énième fois et avançait d'un pas lent vers le japonais. Le voilà en face de lui, accroupis devant son maigre corps. Comment pouvait-il l'aider ? Il avait besoin d'être soigné et l'hôpital était assez loin de l'endroit où les deux hommes se trouvaient. Eden cherchait une solution en vain, il n'en trouvait qu'une seule : porter le jeune homme sur son dos et marcher jusqu'à l'hôpital. Il était assez fort pour le faire mais cela ne l'enchantait guère.

« Est-ce que tu peux marcher ? » Demandait le professeur de sa voix grave en regardant la cheville de son interlocuteur. Quelle question stupide, il voyait bien qu'il ne pouvait plus faire un pas. « Lèves-toi, je vais t'emmener à l'hôpital. »

Eden s'étonnait d'être su protecteur envers un inconnu, lui qui était si agressif et froid, il se retrouvait à vouloir aider un japonais qui était persuadé de connaître le philosophe. Le jeune homme ne semblait pas vouloir – ou réussir à se lever, Eden devait donc user de ses bras pour le mettre debout. Il venait passer un bras autour de sa taille et attraper sa main pour le tirer vers le haut. Il le soutenait pour ne pas qu'il tombe et se blesse autre part. Eden fouilla dans sa poche et trouva un mouchoir blanc en tissu que sa mère lui avait offert lorsqu'il était tout jeune, il le tendit rapidement à Elliot pour qu'il puisse essuyer le sang qui coulait de ses plaies avant de prendre la route pour le soigner.

Pourquoi venait-il d'aider ce jeune homme qu'il ne connaissait pas ? Il ne comprenait pas la façon dont il agissait, il ne se comprenait pas lui-même ou du moins il ne voulait s'avouer qu'il était protecteur avec n'importe quelle âme innocente en danger. Sa plus grande qualité, ou bien défaut, faisait de lui un être pas si désagréable que cela finalement. Bien qu'Eden ai répondu froidement aux pseudo-avances du jeune homme la première fois qu'il l'avait rencontré ce dernier se mit à parler à nouveau de leur première rencontre. Il affirmait que le philosophe était ivre et qu'il aurait fait des choses qu'il n'aurait jamais fait s'il avait été sobre cependant l'aîné niait toujours les faits il s'en serait souvenu s'il avait couché avec une quelconque personne, il se serait vaguement rappelé de ce qu'il lui aurait dit. Il était toujours persuadé que l'autre mentait, qu'il faisait erreur sur la personne, après tout il n'avait pas tort cela aurait très bien pu être une erreur de la par du jeune homme, il aurait pu prendre son partenaire pour Eden. Mais le voilà qui commençait à faire le profil du philosophe. Ce dernier le regardait en haussant les sourcils, il se demandait où il avait bien pu pêcher cela, peu-être avait-il raison en fin de compte. Peut-être avait-il été ivre au point de faire tout cela, oh mais il serait trop fier pour se l'avouer à lui-même et encore plus à son interlocuteur.Il soupirait légèrement ne lâchant pourtant pas le blessé alors qu'ils avançaient dans la rue.

« Ma biographie se trouve n'importe où sur le net, mais si ça te fait plaisir de dire que j'étais ivre mort pour attirer mon attention, libre à toi de le faire. » Soupirait-il en se demandant si cela n'était qu'un tissu de mensonge ou la pure vérité. Et voilà l'énergumène qui insiste pour rentrer chez lui, vu son état Eden ne le laissera aller nul part ailleurs qu'à l'hôpital. « Maintenant tu te la fermes et tu viens avec moi jusqu'à l'hôpital/ Tu veux rentrer mais tu peux à peine marcher. »

Il lâchait le jeune homme et posait un genoux à terre dos au cadet. Avec ce geste il tapotait son propre dos pour dire au blessé de s'accrocher à lui. Eden était assez fort pour pouvoir le porter jusqu'au centre hospitalier. Il se surprenait de plus en plus, il semblait bien s'inquiéter pour le jeune homme, lui qui habituellement se fichait du monde qui l'entourait, le voilà à jouer les super-héros pour un pseudo-inconnu qu'il définissait comme un stalker.

« Bon, accroches-toi, magnes un peu. Rester comme ça va te blesser encore plus alors tu magnes. »

Eden avait fait l'effort de bien vouloir porter le blessé, après tout ce dernier ne pouvait plus marcher sans souffrir le martyr, il ne pouvait rester indéfiniment dans cet état là. Eden était bien trop protecteur, il s'étonnait lui même de cette réaction, surtout d'avoir sauvé ce pot de colle, qui semblait inventer une vie au philosophe. Peut-être n'était-ce finalement qu'un simple fan un peu trop admiratif de son travail qui voulait attirer son attention. Le plus vieux n'exclus aucun possibilité cependant il s'en fichait un peu du moment qu'il n'allait pas crier sur tout les toi l'histoire qu'il inventait à propos de son « sauveur ». Il semblait insister, et le thaïlandais refusait de croire ce qu'il disait bien qu'au font ce n'était absolument pas un mensonge mais la vérité. Il était trop fier pour avouer qu'il avait pu être ivre un soir et coucher avec le premier qu'il trouvait ne serait-ce qu'un peu attirant, et qui plus est, lui faire de belles promesses.

Il attendait, l'autre ne montait toujours pas sur son dos. Finalement, il sentait le pied du blessé s'écraser contre lui, Eden ne s'attendait pas à une telle réaction, si bien qu'il tomba vers l'avant. Il jura entre ses dents, il venait de le maudire alors que sa tête s'écrasait contre le sol. Il se relevait peu après, un liquide rouge s'échappant de sa joue droite. Il se retenait de courir après le jeune homme pour se venger. Il épousseta sa veste et fit comme si rien ne s'était passé. Cependant il alla tout de même chercher le blessé, il pouvait lui arriver quelque chose de grave et sans savoir pourquoi, Eden s'en sentirait responsable. Il décortiqua la rue de fond en comble mais aucune trace de lui, il le cherchait jusqu'à apercevoir sa silhouette au coin d'une petite ruelle. Il semblait bien mal en point et surtout inconscient. Eden se dépêcha de venir près de lui, il s'accroupit à ses côtés et examina sa jambe, elle n'était pas très belle à voir. Il soupira longuement tout en le secouant légèrement, aucune réaction. Pourtant il ne pouvait le laisser dans cet état, agonisant dans une ruelle où il pouvait se passer les pires choses imaginables.

Il passait le bras du blessé autour de ses épaules et essayait de le relever, en vain. Il avait l'air fin mais il pesait son poids tout de même. Eden finit par le porter en passant un bras sous ses genoux et le tenant comme une sorte de princesse. Il n'allait pas le laisser moisir ici. Il devait l'emmener à l'hôpital le plus vite possible. Serait-ce possible que le philosophe puisse s'inquiéter pour quelqu'un ? A croire que oui. Il sortait de la ruelle avec Elliot dans les bras, marchant quelques minutes avant de se décider à arrêter un taxi. Il ne pouvait pas continuer à le porter jusqu'au centre hospitalier, il était trop lourd pour cela. Une fois installé, il donna l'indication du lieu au chauffeur, posant son regard sur le jeune homme qui ne bougeait pas près de lui. Il venait à se demander pourquoi ce dernier semblait si attaché à l'aîné, après tout Eden était persuadé de ne pas le connaître, il ne trouvait que l'excuse du fan pour qualifier les agissements du plus jeune.

Il était désespérant, Eden ne comprenait pas pourquoi il s'obstinait à aider un jeune homme qui refusait son aider. Pourtant ce dernier en avait bien vu l'état dans lequel il était, il ne pouvait pas le laisser agoniser comme une vieille loque sur le sol en plein milieu de la capitale nippone. Ce ne serait pas humain de l'abandonner à son triste de sort, bien qu'il soit, selon le plus jeune, un connard fini, il ne pouvait pas se résoudre à l'abandonner, surtout pas dans cet état là. Alors il l'avait porté comme une princesse, appelé un taxi pour pouvoir l'emmener jusqu'à l'hôpital le plus proche mais il se réveilla avant d'avoir pu entrer dans le véhicule. Elliot tomba à terre, le philosophe lâcha un long soupire. Il se retourna vers le chauffeur de taxi et lui dit que finalement il pouvait continuer sa route, il n'aurait qu'à prendre le prochain car décider le cadet ne serait pas une chose facile et pourrait bien prendre plusieurs heures.

L'aîné s'accroupi devant le pauvre blessé, il n'allait pas se moquer de lui cette fois-ci mais l'autre lui disait de se la fermer. Il arquait un sourcil avant de venir lui ébouriffer les cheveux, autant se montrer sympathique avec lui pour ne pas rendre les choses encore plus compliqués, s'il se montrait à nouveau odieux, Elliot ne voudrait certainement pas le suivre jusqu'à l'hôpital. « Tête de mule » pensait-il en regardant Elliot avant de passer un bras sous les genoux du blessé et une nouvelle fois le porter comme une princesse qu'il viendrait de sauver.

« Je m'en contre-balance que tu ne m'aimes pas ou que tu ne peux pas me voir en peinture, ça ne change rien au fait que tu es blessé. Alors maintenant tu arrêtes de faire le gamin capricieux, tu ne bouges plus, je t'emmène à l'hôpital, que tu le veuilles ou non. » Lui disait-il avec un regard des plus sérieux.

Eden ne supportait pas que l'on fasse passer sa fierté avant sa propre santé, même si c'était ce que lui ferait habituellement, il préférerais crever que de demander de l'aide à quelqu'un. Qu'importe, les blessures du jeunes hommes étaient importantes il ne fallait pas prendre cela à la légère. Même si, bien que le philosophe le trouve exaspérant, il était assez adorable lorsqu'il lui prenait la tête et qu'il faisait le fier. Venait-il tout juste de le trouver mignon ? Non, il avait dû rêver ce n'était pas dans ses propres habitudes. Qu'importe, il appela à nouveau un taxi, gardant un œil sur le blessé, espérant bien entendu que celui-ci ne se décide pas encore à faire des siennes et sauter brusquement des bras musclés du professeur.

Eden refusait de se faire à l'idée qu'il pouvait apprécier le jeune homme ou du moins s'inquiéter pour lui. Finalement le philosophe n'était pas si pourri car au final, s'il agissait de la sorte c'était simplement pour se protéger, il ne voulait pas faire les même erreurs qu'avant, il ne voulait blesser personne alors il agissait comme une raclure pour que les autres de l'approchent pas. Après tout s'ils savaient tous le passé du thaïlandais, ils ne l'approcheraient définitivement plus. Mais il commençait à s'accrocher à un jeune homme, le jeune blessé qu'il venait de faire monter dans le taxi direction l'hôpital. Pourquoi s'accrochait-il à lui ? Il semblait des plus niais et énervant mais Eden ne retenait que le côté mignon de celui-ci. Cependant il ne pouvait se résoudre à se l'avouer à lui même. Il ne se l'avouerait sûrement jamais.

L'aîné prit l'initiative de payer le chauffeur à l'avance, il regardait ensuite le pauvre cadet avec un sourire amusé. Il semblait bouder comme les enfants, il ne relevait pas ce que ce dernier venait de lui dire. Il se contentait simplement de lui coller une légère pichenette sur le front, rien de bien méchant en soi. L'hôpital n'était pas bien loin, ils auraient pu y aller à pied mais Eden n'aurait certainement pas tenu tout le long du chemin avec Elliot sur le dos ou dans les bras. Bien qu'il avait une carrure imposante et une grande force, il n'en était pas pour autant hulk car malgré que l'autre soit maigrelet, il n'était pas si léger que cela.

Il ne prenait pas la peine de remercier le chauffeur en partant, il se contentait de porter le blessé comme une princesse, à nouveau. Il ne voulait pas prendre le risque de le poser à terre pour le blesser encore plus. Eden accélérait le pas, et entrait en trombe dans l'hôpital, s’apprêtant à appeler une infirmière lorsque celle-ci se dépêcha d'appeler les renforts pour le plus jeune. Le philosophe devait se résoudre à poser celui-ci sur le sol, allait-il attendre qu'ils aient fini de le soigner ? Peut-être après tout il en serait bien capable mais il se demandait pourquoi il ferait cela pour lui. Qu'importe voilà que le jeune homme s'excuse et Eden ne répondait pas, après tout qu'aurait-il pu bien dire ? Quelque chose comme : « Ne t'excuse pas. » ou bien « Bon débarra. » ? Non, il préférait garder le silence laissant les infirmiers s'occuper de lui. Il s'en alla régler les papiers administratif et à sa grande surprise il vint à attendre Elliot, faisant les cent pas près de la salle, comme s'il était inquiet. Il ne pouvait se dire qu'il l'était mais au fond cela crevait les yeux qu'il s'en faisait pour le plus jeune. Il aurait pu repartir, soulagé que l'autre lui foute enfin la paix mais il restait là à faire les cent pas attendant désespérément qu'une infirmière vienne lui annoncer qu'il était soigné comme il le fallait. Dans un sens, ce serait une sorte d'excuse de la part du plus vieux pour l'avoir laissé en plan comme cela la dernière fois. Des excuses ? Non, en fait, il faisait juste cela car il s'inquiétait pour le jeunot.

Eden n'était pas méchant, au contraire, il avait un grand cœur, un cœur d'or même cependant certains événements durant son enfance l'ont poussé à enfermer sa bonté dans une cage de glace. Le changement d'identité n'avait pas aidé, il était passé de l' « adorable » Jin Hui au tyrannique et très philosophique Eden, comme s'il était devenu une autre personne essayant de laisser ses mauvais souvenirs au placard. Mais il se pourrait que la cage se mette à fondre de temps à autre, après tout il ne peut pas résister à l'idée d'aider les autres même s'il essaye de se dire qu'il n'en ai rien, qu'il est juste un bloc de glace, froid et blessant. Mais comme on dit, chasser le naturel, il reviendra au galop. Non il n'est pas du genre à s'inquiéter, non il n'est pas celui qui fera le super-héro à aider son prochain dans la rue, il n'est plus Jin Hui, il est celui qui passe ses soirées à boire avec des collègues, à discuter philosophie, à finir bourré le lendemain. Après il disait ne jamais vouloir devenir comme son père mais il fallait bien avouer que c'était légèrement raté mais contrairement à lui, Eden était quelqu'un de bien, il fallait simplement chercher au plus profond de cet homme pour trouver une once de gentillesse. Il fallait savoir comment attirer son attention, et sans le savoir Elliot avait trouver comment bien qu'il soit un jeune homme collant, il n'était pas bien méchant.

Il attendait faisant les cent pas devant la chambre, il continuait ainsi une heure avant de finalement s'asseoir non loin de la porte interpellant un médecin pour lui demander l'état du jeune homme ce dernier lui expliqua ses blessures mais le rassura en lui disant qu'il irait bien, qu'il fallait seulement qu'il se repose. Eden était légèrement soulagé à présent mais attendit un moment avant d'entrer dans la chambre du plus jeune. Finalement il franchi la porte, attrapant une chaise pour la mettre près du lit où il pourrait s'asseoir. Là, il surveillait le bel endormi, il n'allait pas l'abandonner comme cela, même si lui-même ne savait pas pourquoi il faisait cela, il s'en fichait pas mal dans un sens. Il restait là, assis, fixant le cadet avant de s'endormir sur la chaise, les bras croisés.

Eden aurait très bien pu ne pas dormir de la nuit pour surveiller le jeune homme mais il fallut que son organisme en décide autrement et le fasse s'endormir Cependant, il restait toujours près du blessé, par gentillesse ? Par pitié ? Non ce n'était pas de la pitié mais bel et bien de la gentillesse de sa part, cela ne l'étonnait pas car il refusait de se l'avouer pour lui il agissait par... Il n'en savait trop rien mais cela crevait les yeux qu'il s'inquiétait pour le plus jeune, c'était flagrant qu'il voulait le protéger et pourquoi ? Se pourrait-il qu'il l'aime ? Non, impossible il n'en est pas capable, enfin c'est ce qu'il se répète à longueur de journée.

Eden était épuisé, il n'avait dormi que très peu la nuit dernière, il s'était encore retrouvé dans un bar à descendre les bouteilles d'alcool avec ses collègues et cette nuit il avait joué aux justiciers pour sauver un pseudo-inconnu d'une agression au coin d'une ruelle sombre. Mais il n'était pas le plus à plaindre, ce n'était pas lui qui était allongé dans un lit d'hôpital en train d'essayer de se remettre de ses blessures, non bien sûr que non, c'était le jeune homme qu'il avait sauvé. Et pourquoi était-il resté ici à l'attendre ? Attendre son réveil comme s'il comptait à ses yeux, comme s'il était une personne proche pour lui. Il n'en savait trop rien, il ne cherchait pas tellement à comprendre le pourquoi du comment après tout c'est ce qui faisait son charme, Eden était un homme des plus imprévisible pouvant surprendre n'importe qui. Il s'était donc contenté de s'asseoir près du lit du blessé et s'endormir alors qu'il voulait veiller sur lui. Mais étant épuisé il n'avait pas pu lutter contre le sommeil. Il n'avait dormi que quelques heures et pourtant il s'était réveillé aux alentours de dix onze heures pour prendre l'air et sans savoir réellement pouvoir il avait acheté un bouquet de fleur au pauvre Elliot qui était toujours endormi. Pourquoi autant d'attention à son égard ? Pourquoi est-ce que le philosophe faisait tout cela pour le cadet ? Serait-il en train de tomber amoureux de sa personne ? Non impossible, cela faisait longtemps qu'il avait abandonné ce sentiment et pourtant, il ressentait en partie ce qu'il ressentait pour une personne avec qui il était sorti. Mais qu'importe là n'était pas le plus important, il agissait surtout au gré de ses envies alors il ne cherchait pas réellement à savoir pourquoi il faisait tout cela.

Lorsqu'il était revenu dans la chambre, Elliot dormait toujours, alors Eden déposa le bouquet sur sa table de nuit avant de s'installer à nouveau sur la chaise. Il aurait pu le surveiller à nouveau cependant il s'endormi encore une fois, la fatigue avait à nouveau pris le dessus, mais dans un sens ce n'était pas plus mal car lorsqu'il se réveillerait, le blessé serait peut-être levé depuis un moment. Les bras croisés, la tête baissée il était endormi depuis un moment, alors que le blessé s'était réveillé, lui ne bougeait toujours pas enfin pas avant qu'il ne sente une douce main se poser sur sa joue. Devrait-il ouvrir les yeux maintenant ou attendre un peu ? La seconde option était meilleure que la première, il attendait que le jeune homme retire sa main pour ouvrir les yeux et passer sa main sur son visage à peine réveillé avant de relever la tête dans un soupire. En voyant que le plus jeune semblait aller mieux, Eden esquissa un bref sourire aux coins de ses lèvres avant de se lever de la chaise. Comme il semblait aller mieux, Eden n'avait plus rien à faire dans cet endroit et pourtant il n'avait pas non plus envie de partir.

« Tu as meilleure gueule qu'hier. » Lui dit-il en venant simplement ébouriffer ses cheveux. « La prochaine fois, trimbales-toi avec quelque chose pour te défendre, je ne serais pas toujours là pour jouer au héro. »

Eden s'apprêtait à partir, il n'avait plus rien à faire dans un tel endroit à présent qu'il savait que le plus jeune allait mieux, bien mieux que la vieille. Il n'allait pas rester jusqu'à sa sortie, non il en était hors de question pour lui, ce n'était pas son genre d'habitude de s'occuper de quiconque hormis lui-même, disons qu'Elliot était une exception à la règle. Il se pouvait que le plus vieux commençait à s’amouracher du pauvre blessé, mais il n'était pas ce genre de gars qui se collait à l'être aimé et lui disait des mots doux au contraire. Il était déjà sorti avec quelqu'un il fut un temps, une femme, très belle et adorable, lui avait été des plus protecteur avec elle sans être l'homme le plus romantique et collant du monde. Il restait toujours à une certaine distance, à regarder, à surveiller et protéger, des baisers rares, des étreintes encore plus, lui il montrait son amour à travers cette promesse de veiller sur la personne qu'il aimait.

Elliot venait de lui prendre le poignet, que voulait-il encore ? Eden se retourna face à lui et le regardait allongé dans son lit d'hôpital. Il restait un moment silencieux et s'il ne s'était finalement pas décidé à lui poser une question, Eden aurait certainement dégagé sa main sans aucune douceur. Pourquoi avait-il veillé sur lui cette nuit ? La réponse semblait évidente pour tout le monde mais même Eden n'en était pas sûr de ce qui le poussait à rester près de lui. Quand voudra-t-il se rentrer dans le crâne qu'il commençait à tomber amoureux ? Têtu comme il était, le philosophe semblait nier les faits.

« Est-ce que j'ai besoin d'avoir une raison valable pour te surveiller ? T'as vu l'état dans lequel tu es sérieux ? Et après tu oses me demander pourquoi je reste près de toi, c'est tellement évident, non ? » Lui dit-il sur un air de reproche. « Bon, tu m'excuseras, j'ai des cours à préparer alors je vais devoir te laisser. Reposes-toi et écoutes ce que te disent les infirmières. Si tu as un problème appelle moi. » Il attrapa un stylo posté sur la table de chevet et ouvrit la main du blessé pour écrire son numéro sur sa paume. Avant d'ébouriffer une énième fois les cheveux. Il était tant pour lui de s'en aller laissant le garçon seul dans la chambre.