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En fait, je ne sais plus rien sur mon meilleur ami depuis que nous nous sommes perdu de vue après la mort de Min Ah. Il pourrait être proxénète et recherché par la police que je n'en sais rien du tout. J'ignore tout simplement qu'il est « danseur » dans le même night club que moi, et que nous allons souvent nous retrouver pendant nos heures de travail. Ce n'est que mon premier jour après, j'ai droit à plusieurs surprises par la suite! J'attendrais demain pour en juger et l'étrangler de me l'avoir caché, mais ça, ce sera pour demain. De toute façon, entre lui qui s'affiche à moitié oilp devant des filles en chaleur et moi qui vais servir de l'alcool à des gens plus âgé que moi... Qui est le plus « crade » des deux, hein ? à en juger plus tard, encore une fois. En attendant, je peux toujours critiquer sa taille de mouche et ça reste un plaisir particulier pour moi. Je me souviens encore toute les fois où je lui ai dit de bien boire son lait et manger pleins de carotte pour être aimable -et avoir les fesses oranges!-. Sûr, Dae Jun fait quatre fois ma force, mais mon cerveau est deux fois plus gros que son pois chiche. Je gagne intellectuellement sur son muscle, voilà. J'ai su le faire tomber et l’assommer avec stratégie! Pendant qu'il mourrait sur le bitume à jurer contre son talent en boxe. On aura tout vu, ce soir.

Nous avons un plan du tonnerre de zeus, même si j'espère qu'il fonctionne un minimum sans se faire repérer. Pendant que Dae Jun inspecte mon état pas si pitoyable, je lui donne la mauvaise idée d'en rajouter naturellement un peu plus. « Ce n'était qu'une idée. » Je hausse des épaules en prenant une moue consternée. ça le tente, mais il ne le fait pas. Chaque détail compte dans un plan, non ? Une droite de plus ou de moins, qu'est-ce que ça change à mon compte ? Bon, je ne vais pas insister non plus! Je grimpe rapidement sur son dos en imitant un gamin sur un poney, m'excitant un peu sur mon « destrier ». « Contente-toi de remuer la queue, plutôt. » Respect ? Connais pas. Je vais éviter un mauvais jeu de mot sur le fait qu'il soit mon aîné et plus petit que moi... Je l'ai déjà faite, en plus! Bref, il rit puis m'assure que je ferais mieux d'être « mort » plutôt que joyeux. Aussitôt dit, aussitôt fait. Je m'effondre dramatiquement sur son dos en tirant presque la langue, à moitié achevé par ses coups. J'ai presque l'air au bord du coma avec ma grimace de douleur et mon air contrarié. La suite, je la laisse à Dae Jun. Il me porte comme un chef et s'occupe de communiquer avec un gars du personnel, sûrement mon futur collègue. J'en sais trop rien, j'ai les yeux fermés. Je ne vois absolument rien, mais j'entends tout. Apparemment il a eu ce qu'il voulait et se dirige vers les vestiaires, avec moi toujours sur son dos. Quand vais-je pouvoir ouvrir les yeux ? Je n'ai même pas le temps de réellement me poser la question que je manque de louper le banc... Il m'a laisser tomber dessus comme une merde et je me suis rattrapé de justesse. « Je te donne un 8 sur 10 pour la scène du mort, mais un petit 2 pour les vestiaires, j'ai failli tomber! » Je me redresse doucement en retirant les plis de ma tenue. Sérieux je ressemble plus à rien par sa faute... « Bon, direction la porte de service ? Viens là, daebile. » Je lui fis signe en allant me coller à la porte des vestiaires, l'ouvrant à peine pour y jeter un coup d'oeil. Personne à l'horizon! Je l'ouvre un peu plus et refait signe à Dae Jun de me suivre, avant de m'aventurer dans le couloir pour trottiner rapidement vers la porte du fond. Elle mène directement dehors et derrière la boite, que demande le peuple ?

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« Pauvre petite chose, je pensais que t’avais le postérieur robuste. » Pas comme si leur allure pouvait encore être sauvée. Entre Dae Jun qui avait le crâne ouvert par derrière et Ji Hyuk qui jouait le mort, il fallait clairement laisser tomber l’aspect soigné et propre, ils n’avaient aucune chance d’être crédibles. Pour changer. Ça avait été une chance monstrueuse que leur plan marche aussi bien. Il ne fallait toutefois pas oublié qu’ils n’étaient pas entièrement sortis d’affaire pour le moment. Le plus âgé grogna d’un « Daebile toi-même, crétin. » dans sa barbe inexistante avant de suivre son acolyte. Il suivait le moindre de ses mouvements, copiait son attitude, et ce jusqu’à ce qu’ils se retrouvent dehors. Une fois dehors il prit une grande bolée d’air et se rendit compte que pendant toute l’opération il avait retenu son souffle. Dans un sentiment de liberté il leva les bras et la tête vers le ciel. Un soupir de soulagement passa aussi ses lèvres. C’était comme si être sorti de là signait aussi la fin des emmerdes avec son meilleur ami et le tout le remplissait d’une certaine joie, il n’allait pas s’en cacher.

Et maintenant, maintenant quoi ? L’adrénaline retombée, la douleur s’estompant, l’alcool se faisant moins présent … Tous ces signes laissaient entrevoir une faim de loup venir à grand pas. Quelques secondes plus tard son estomac émit des sons pas vraiment encourageants. Une fois que la bête était réveillée il fallait la nourrir. La nourriture avant tout. Après Ji Hyuk, mais la nourriture était quand même une grande priorité. « Je commence à avoir la dalle mon ptit … Ça te dit on va manger quelque part ? » Maintenant que l’alcool n’avait plus aucun effet sur Dae Jun, son cerveau fonctionnait de manière normale et donc beaucoup plus rapide que précédemment. Si Ji Hyuk était au boulot jusque-là, il était peu probable qu’il ait gardé son portefeuille sur lui. Il n’avait pas non plus été fouillé son casier dans les vestiaires. Le plus âgé l’entraîna avec lui en passant son bras autour de son cou pour le forcer à le suivre même s’il n’était pas nécessaire de vraiment le forcer à venir. De ces souvenirs, Ji Hyuk n’était pas du genre à dire non à un repas quel qu’il soit à une heure pareille. « J’imagine que t’as pas une tune sur toi, pas vrai ? ». Il lui lâcha le coup pour lui donner une tape dans le dos. Il était encore un peu maladroit avec son attitude envers son ami, mais tout allait revenir dans l’ordre sous peu. Il en était persuadé. Déjà après avoir parlé autour d’un bon repas ça devrait se dérouiller. « C’est ton huyng qui invite ! Elle est pas belle la vie ? » S’il lui répondait que non il ne jurerait plus de rien et il lui sauterait au coup pour l’assassiner. On n’emmerde pas l’homme qui vous paye à manger, c’est un principe. Du moins, c’en était un pour Dae Jun. Tout joie, il attrapa finalement le bras de l’autre et marcha en sautillant légèrement dans la rue. Honte ? La rue était quasiment déserte de toute façon, qui irait lui dire comment agir au beau milieu de la nuit si ce n’est Ji Hyuk. Il tourna d’ailleurs la tête vers lui et lui sourit de toutes ces dents pour lui exprimer la joie qu’il ressentait là au fond de lui. Les mots ce n’était pas réellement son fort, contrairement au plus jeune, alors le plus simple était la preuve en image. Ce beau sourire était des plus sincères. C’était une belle preuve de l’amour presque fraternel qui les liait. Il n’aurait pas cru ça possible d’avoir le cœur si léger depuis la mort de Min Ah. Si on le lui avait dit, il aurait sûrement pu commencer une révolution comme quoi il était impossible de revivre après ça, pas seul. Mais il ne l’était plus seul, et Ji Hyuk était la plus belle compagnie qu’il aurait pu rêver pour ce soir. Mieux que n’importe quelle fille facile avec qui il aurait pu finir la nuit, ou pas … Allez savoir.

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« Je vais te botter les fesses, ouais. » En toute amitié, un pied au cul n'a jamais tué personne. Qu'est-ce qu'il en savait si mon postérieur était robuste ou pas, hein ? Il ne l'a jamais touché, que je sache. Bon, je ne tiens pas à être tripoté non plus, mieux vaut qu'il garde ses mains dans ses poches. « Ah non désolé, ça ne s'accorde pas avec moi. » Fis-je avec ironie, un sourire hypocrite et sournois au coin des lèvres. ça ne rendrait pas bien un « Jibile » ou un « Hyukbile », rejeté! Puis, j'ai sûrement plus de neurone que lui, déjà parce que je n'ai pas le crâne ouvert et fuyant. J'ai l’ouïe fine, qu'il le sache avant de baragouiner un truc dans mon dos. Finalement, on se casse des vestiaires pour se la jouer ninja dans le couloir réservé aux employés. Il ne faut pas plus de deux minutes pour sortir et sentir l'air frais nous fouetter le visage. Aaah, ça fait du bien de respirer ~ Pas comme si nous nous étions tapés dessus à l'extérieur, de base. Aucune logique, pas grave. à regarder Dae Jun faire son cinéma, on se croirait dans une série à la prison break. Un peu comme si nous nous étions évadés, heureux et fier d'avoir déjoué la sécurité et l'autorité, libre comme l'air, libre de vivre et d'aller où nous voulons. N'est-ce pas un peu le cas, maintenant que nous échappions à la boite de nuit ? « Fais attention de ne pas t'étouffer. » à soupirer si fort.

Bon, c'est bien beau d'être libre mais qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Le ventre de Dae Jun semble décidé pour nous et je le regarde avec désespérance. Il est pire que moi sur ce plan là, mais je ne rechigne pas à manger. Après tout, cette mise en scène m'a creusé l'appétit! « Avec plaisir, ça m'a donné faim de faire le mort. » Sans blague, j'ai l'impression de ne pas avoir mangé depuis des lustres. Mon meilleur ami me connait que trop bien, depuis le temps que nous mangeons ensemble ou que nous sortions squatter les fast food de Séoul. Il n'a pas à me forcer pour le suivre dans sa folle aventure, son bras autour de mon cou. « Bravo, tu t'améliores dans tes compétences de détective, Dae » Je ris en levant mon pouce d'une façon triomphale. Nope, je n'ai pas un sous sur moi, ni même dans le fin fond de ma poche trouée. Dommage pour lui, il va devoir débourser un peu pour m'offrir de quoi caler mon estomac d'ogre. Sans me décoller les poumons, se serait pas mal. Il reprend les mauvais habitudes à me taper dans le dos, surtout qu'il possède plus de force que moi avec ses bras à la hulk. « J'tiens à garder mon estomac, surtout si tu m'invites hyung! » Je sautille déjà de joie, reprenant mon innocence d'enfant. Ce n'est pas moi qui irait le juger d'être joyeux ou de marcher comme un gazelle, surtout si je fais pareil. Nous marchons tranquillement dans la rue, comme on le faisait auparavant chez nous. ça me rappelle beaucoup de souvenir, même si nous ne sommes que deux, et non trois... Min Ah... Je préfère me perdre dans le sourire de mon meilleur ami pour effacer les images de ma jumelle, souriant à mon tour pour cacher tant de chose. Nous sommes heureux, pourquoi se prendre la tête avec un fantôme ? Je n'ai pas envie de rester bloquer dans le passé quand je peux être avec Dae Jun, puis il sourit franchement... N'est-ce pas le plus important ? Moi, je pourrais toujours me cacher plus tard pour broyer du noir, mais pas devant lui. « Bon tu veux manger où ? Et quoi ? J'y connais rien en bouffe japonaise, alors ne me demande pas! » Que ce soit clair, je n'étais pas un bon guide touristique. Je pense plutôt à bouffer mes livres et mes cours, que des plats typiques du pays. Je pourrais lui réciter les lois ou parler politique, mais spécialités japonaises... « Mais au fait, comment tu gagnes des sous ? Je n'ai pas souvenir d'avoir parlé de ça avec toi... En même temps, on se reparle depuis quelques minutes! » Je parle beaucoup, non ? Et encore, je n'ai pas terminé de l'emmerder! Je lui laisse le temps de trouver un restaurant ouvert la nuit et un coin tranquille pour s'installer, après je le bombarde de question. Je veux savoir ce qu'il a foutu pendant des mois et des mois, ici à Tokyo.

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La famine frappait déjà aux portes de son estomac et il ne perdit pas une seule seconde pour partager ce fait avec son nouveau vieil ami. Du genre à dire le moindre truc qui lui passait par la tête, Dae Jun n’allait pas passer à côté de cette occasion de dire quelque chose sans intérêt … Quoique pas tant que ça. Le jeunot rejoignit sans plus tarder son aîné dans sa complainte contre le manque de nourriture. Ah c’est sûr, quand on est mort on ne mange plus beaucoup. Même si c’était ridicule, ça donnait une raison de plus à Dae Jun d’offrir un repas à son petit protégé, surtout qu’il ne devait pas avoir un centime sur lui. Les pouces levés de Ji Hyuk le lui confirmèrent. Dans une moue pleine de mauvaise foi, il répliqua d’un « gnagnagna ». Très mature. Toujours. On ne refait pas une équipe qui gagne après tout, on ne pouvait pas enlever son côté gamin au plus vieux. C’était comme ça qu’il était, comme ça qu’il avait toujours été avec ses proches. « Tu pourrais peut être devenir mon Watson avec le temps … » Encore fallait-il savoir si l’autre avait le talent nécessaire. Quelle ironie. Ils auraient tout le temps de voir ça plus tard, vu que Dae Jun n’allait pas quitter son cher petit de si tôt. Un coup sur le dos avant d’attraper son bras et de partir à la recherche d’un restaurant encore ouvert à cette heure. Il n’était pas inquiet et marchait le cœur léger aux côtés de Ji Hyuk qui avait toujours cet air tristoune. Il pouvait bien essayer de le cacher, l’autre ne le connaissait que trop bien. Il tentait tant bien que mal de le dissimuler mais tout ça semblait bien compliqué. Min Ah sûrement … Après tout, ça lui semblait normal que le frère de la défunte garde cette amertume au fond de lui, malgré les explications qu’il venait de recevoir. Pour Dae Jun aussi, le retrouver faisait remonter tous leurs souvenirs d’enfances. Les bons, les mauvais moments, … Tellement de complicités et de naïveté à l’époque. Voilà une époque qui était bien révolue, et c’était fort dommage. Tout est si facile lorsqu’on est un enfant, le passage à l’âge adulte est une grosse tromperie. Un traquenard et malheureusement tout le monde finissait par se faire avoir. Mais il était hors de question de gâcher leur temps, leurs retrouvailles, avec de la morosité et de la tristesse alors l’aîné affichait un sourire rayonnant. Il lui ferait comprendre que tous les deux ils pouvaient être plus forts. Qu’ils allaient transformer la tristesse en de la nostalgie, et que la nostalgie allait être plus simple à combattre qu’un deuil permanent. « J’ai vu un resto de ramens sur la route en venant ! ». Peu importe ce qu’ils allaient manger, tant que c’était chaud et nourrissant. « C’est pas du 5 étoiles mais vu l’heure … Ca allait être compliqué de t’offrir un repas de luxe ». Plus par réflex que pour l’embêter, Dae Jun frotta sa tête contre les cheveux du plus jeune. Tant d’appréhension pour finalement « si peu ». Quel soulagement.

Ils marchaient tranquillement quand survint le sujet fâcheux. Dae Jun se maudit dans sa tête et son sourire s’effaça sans qu’il ne commande quoique ce soit. Qu’allait-il pouvoir répondre à ça ? Il venait tout juste de décider que c’en était fini des mensonges avec Ji Hyuk, il ne pouvait pas déjà en remettre une couche. La meilleure façon était encore d’éviter la question pour le moment. « T’es curieux ma parole ! … Et bavard ! » Son ventre l’interrompit au milieu de sa phrase. La voilà son excuse. « Je ne répondrai de rien le ventre vide … Et estime toi heureux que j’exige pas la présence d’un avocat. » Ils finirent par arriver devant un petit boui boui qui faisait restaurant jusqu’à bien tard dans la nuit. Ah les joies des restaurants de nuit. Il rentra le premier et attira Ji Hyuk à sa suite en le tirant par le bras, salua la petite dame qui semblait s’occuper des clients et s’installa à une table au hasard. A la grande surprise de Dae Jun ils n’étaient pas seuls. Un groupe de 5 amis étaient présent ainsi qu’un vieux monsieur tout seul. Bien, au moins le personnel n’allait pas à subir le questionnaire qui allait s’abattre sur le restaurant d’une minute à l’autre. Il commanda rapidement un énorme bol de ramen et du poulet. Rien de mieux que de la viande pour rassasier son pauvre estomac. Suite à ça il se concentra entièrement à son chouchou. « Alors mon petit … Dis moi tout. Comment t’es arrivé à bosser dans une boîte de nuit comme ça ? T’as pas l’âge légal, si ?! » Et ni une ni deux il enchaîna les questions. « Et tu fais quoi sinon ? Etudes ? De quoi ? » « Les amours, ça va comme tu veux ? » « Aaah tu m’as manqué petit branleur. » Il rit de bon cœur et se retint d’ébouriffer les cheveux de son vis-à-vis, sachant très bien à quel point il détestait ça.

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Il rêve, je ne peux pas être son watson. Sherlock, ce sera moi. Puis, Watson se barre pas avec sa femme plus tard, abandonnant le détective ? Il place beaucoup d'espoir en moi, dis donc. Je devrais lui faire comprendre que je deviendrai sénateur, pas assistant détective. Bah, on s'en fiche. à présent que nous marchons dans les rues, rien n'avait de l'importance. Nous cherchons juste un endroit où manger, sans se prendre la tête, même si je gardais une pointe de tristesse en moi. Min Ah est toujours quelqu'un part dans un coin de ma tête, elle ne peut disparaître si facilement. Dae Jun doit bien le remarquer, mais j'espère qu'il ne dira rien. Autant passer à côté et faire genre que tout va bien, le temps effacera les souvenirs et rafistolera les blessures. C'est simplement difficile de se dire qu'à une époque, on n'imaginait pas finir ainsi. Aujourd'hui, nous sommes que tous les deux, à présent de nouveau ensemble. ça me fait du bien de retrouver Dae Jun, mais en même temps, ça dévoile ce trou dans ma poitrine qui ne cesse de s’agrandir et d'aspirer tout sur son passage. Je me sens vide, sans âme. Mon meilleur ami causera toujours ce trouble chez moi, mêlant joie et tristesse, ramenant les fantômes à la vie pour mieux me hanter. Il y aura toujours de l'ombre avec la lumière, malheureusement. Un jour qui sait, il pourrait tellement rayonner que même la noirceur n'aura aucune chance face à sa clarté, en attendant je ne peux pas lui en demander autant. Un resto, ça tombe bien. « Tu as l'oeil, l'ami. » Il m'étonnera toujours. Comme si j'étais adepte du 5 étoiles et que je m'inquiétais de manger un truc de luxe, sérieux. « Un sandwich m'irait, tu sais ? » Tant que ça se mange, et que ce n'est ni à la noix de coco, ni à la poire. Un petit rire m'échappe quand il frotte sa tête contre mes cheveux, amenant une vague d'amusement et de bonne humeur.

Où trouvait-il cet argent, je me le demande bien. C'est une question existentielle à mes yeux, comme si Dae Jun était capable de me cacher encore des choses. Après tout, n'a-t-il pas fuit dans un autre pays pour pas m'apprendre la vérité sur la mort de ma soeur ? Il pourrait aussi me cacher comment il gagne son fric. Je ne doute pas de lui, j'ai même entièrement confiance en mon meilleur ami, mais je me pose quand même des questions à son sujet. à sa remarque, je lui tire la langue comme un gosse. Le fourbe, il échappe à ma question avec son excuse bidon -notons là ce magnifique jeu de mot, bidon bidon, non ? ok- et je me retiens de le fusiller sur place. « Très bien, monsieur Im. Ce n'est qu'une question de temps, je  vous aurai! » Quelle comédie, on se croirait au théâtre devant une pièce à suspense. Finalement, Dae Jun retrouva son fameux restaurant 5 étoiles et je lui emboîte le pas tandis qu'il tire mon bras avec lui. Installé à une table, mon regard se balade un peu n'importe où, détaillant les gens avec minutie. Des jeunes, des moins jeunes. Bref, pas trop intéressant. Dae Jun est beaucoup plus intriguant pour moi, reportant aussitôt mes pupilles félines sur lui. Ses questions sont étranges, parfois un peu inutile, parfois indiscrète. Je souffle en croisant mes bras sur la table, déposant mon menton dessus sans le lâcher des yeux. « J'ai donné des faux papiers à mon patron, officieusement j'ai vingt ans. » Plus franc, tu meures. Ce n'est pas fini, comme dans la pub. « Il cherchait un barman, j'ai fait un faux CV et je me suis présenté, voilà tout. Une amie m'a appris à servir, ça m'a beaucoup aidé pour les piéger. » Je ne parle pas fort, pour ne pas me trahir non plus. « J'étudie ... Les sciences politiques, tu sais, pour être sénateur. » Il devrait savoir que mon père ne lâche toujours pas l'affaire et que je suis moi-même piégé. Quant à sa question sur l'amour, je roule des yeux sans y répondre. Je n'ai personne, et je ne pense pas m'intéresser à cela de si tôt. « Et toi, qu'est-ce que tu fous ici ? Tu n'as pas glandé depuis ton arrivée, quand même ? » Ce n'est pas possible de vivre seul, sans boulot. « Toi aussi, tu m'as manqué petit con. » Je souris en me redressant, m'étirant tel un chat. Mes « moustaches » frémissent à cause de l'odeur du poulet et je pourrais presque miauler. « Je pourrais manger un éléphant! J'ai trop l'dalle~ » Chantonnais-je joyeusement en regardant vers les cuisines, attentif à l'animation des lieux. J'ai hâte de manger, et que Dae Jun me réponde aussi.

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Alors qu’ils marchaient bras dessus bras dessous vers le restaurant de pas luxe de Dae Jun, ce dernier évita avec franc succès la question de son cadet. Hop un problème en moins pour l’instant. Il répondit à son tirage de langue, histoire de bien rester mature et si le sujet revenait sur le tapis à un autre moment, alors peut être allait-il se décider à y répondre avec le plus de sincérité possible. Il ne commettra plus deux fois la même erreur. Ils arrivèrent très rapidement au restaurant, ce qui ne laissa pas le temps au silence pesant de s’installer entre eux après l’esquive du plus âgé. Assis, commande passée, Dae Jun enchaîna les questions avec une vitesse fulgurante. Il ne pensait pas lui-même avoir autant de chose à demander …L’appétit vient en mangeant, les questions doivent venir en parlant aussi. Tout ça suivrait une certaine logique après tout. Il ne quittait pas Ji Hyuk des yeux le temps qu’il réponde. Et quelle réponse. Il avait au moins le mérite d’être franc, ce n’était pas le cas de tout le monde … Eumh. « Que ce soit pas une raison pour te sentir supérieur hein ? » Il força le bout du nez et écouta le reste de son histoire sur ce boulot de barman. Qu’est-ce que ce gosse avait mal tourné sans le soutien d’un être supérieur tout de même. Quelle tristesse. Dae Jun bomba un peu le torse pour bien tenir son rôle de hyung, protecteur et moralisateur. « T’es devenu un vrai délinquant en fait … Aaaaahlala. Je vais devoir m’occuper de ton éducation mon ptit gars ». Il secoua la tête de mécontentement pour faire marcher un peu Ji Hyuk –comme si ça pouvait marcher- et ria de bon cœur ensuite. Fêtard comme il était, et strip teaseur qu’il était, ce n’était pas la meilleure personne pour lui faire la morale. Il en avait bien conscience et c’est aussi ça qui le faisait rire. Il ria un peu moins lorsque le géant évoqua ses études. Mh. Evidemment. Son père n’avait toujours pas lâché l’affaire. Il ne fit pas grand commentaire la dessus, pensant que son expression exprimait déjà suffisant la compréhension et la compassion. De la même façon que son roulement d’yeux voulait tout dire. Ok, il le taquinerait plus tard avec ça. Et il n’oublierait pas de le faire.

La nourriture arriva rapidement après leur entrée en matière, pile après la remarque d’éléphant de Ji Hyuk. Et après c’était Dae Jun l’estomac vivant ? C’était pas un peu l’hôpital qui se foutait de la charité là ? « C’est que du poulet et des ramens … Mais avec un peu d’imagination ça peut devenir un éléphant … Après tout, pourquoi pas ? » Il attaqua son repas du milieu de nuit avec un appétit non dissimulé. Si Ji hyuk crevait de faim, il n’était pas le seul. On aurait pu entendre le ventre de son compagnon gargouiller dix kilomètres à la ronde, un concert solo à lui tout seul. Il engloutit la moitié de ce qu’il avait devant lui avant de faire une pause et répondre aux interrogations du plus jeune. « Je fais du journalisme … Ca avait l’air cool. C’est un peu barbant finalement mais je sèche pas tant que ça ! » Il lui adressa un clin d’œil et hésita avant d’enchaîner. C’était peut-être le moment de lui dire qu’ils allaient être collègues de boulot non ? Il avala une énorme bouchée de ramen pour se donner du courage et s’éclaircit la gorge pour ne pas avoir à se répéter. « Sinon, on va être collègue de boulot … Je bosse là-bas aussi. » C’était suffisant comme explication non ? Ouais sûrement. Et finalement ce n’était pas si insurmontable. Il se sentit obligé de se justifier. « C’était un jour de repos aujourd’hui mais ça reste quand même une super boîte pour s’éclater alors … » Un haussement d’épaule et il clôt le sujet. Voilà ca c’était fait, maintenant passons à autre chose. Il reprit son repas beaucoup plus tranquillement avant de relever la tête. « Ton père est toujours autant sur ton dos alors ? … » Il en était désolé, mais ils avaient tellement tout partager pendant des années qu’il voulait savoir où leur relation en était. Ce n’était rien de bon probablement, mais il fallait au moins qu’il se tienne au courant.

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Il dit que je suis bavard et curieux, mais il ne s'est pas vu dans un miroir avant de parler. Dae Jun ne s'arrête plus de me questionner, cherchant à savoir je ne sais quoi sur ma vie. Si lui n'est pas franc envers moi -ce que j'ignore encore-, moi je suis des plus sincère en répondant sans détour. Une question vaut toujours une réponse, non ? Pourquoi mentir, sérieusement. Quoi que, j'ai déjà détourné la vérité plus d'une fois pour protéger mes arrières ou simplement parce que j'avais honte. En règle général, je me cache derrière des réponses brèves, courtes et rapides, sans trop de mot, ni de révélation. Cette fois-ci, Dae Jun ne pourra pas dire que je suis malhonnête ou impoli, puisque je discute franchement avec lui, avec le plus de sérieux possible. « Je n'ai pas besoin de ça pour me sentir supérieur. » Je fais le coq en bombant le torse et en redressant l'échine, l'air de me pavaner devant lui. Il m'en faut peu pour plaisanter, même si j'ignore vraiment si je rigole ou pas. Dae Jun ne pige pas qu'être barman est la solution rapide pour un emploi rapide ? On ne perd pas de temps à être barman! ça ne demande pas d'année d'étude, ni un diplôme quelconque... Juste du savoir faire et de l'habilité. Je suis rapide avec une bonne mémoire, ils gagnent à m'avoir dans leurs rangs. Par moment, Dae Jun en rajoute beaucoup trop. « J'ai juste besoin d'argent, Dae. Ce n'est pas toi qui va me fournir un loyer et de quoi bouffer... » Qu'il ose dire le contraire ou que j'ai tord, et je lui fais sa tête au carré. Cette seconde de réprimande dura réellement une seconde, avant que Dae Jun ne se mette à rire et passe aussitôt à autre chose. Tant mieux! Je n'ai aucune envie de m'attarder sur le pourquoi du comment. Quant à mes études, bah, elles sont nulles. Je pourrais lui étaler des tonnes et des tonnes de commentaire négatif pour qu'il comprenne que j'ai horreur de la science politique et que j'ai toujours voulu danser. Il sait que j'aime danser, parce que c'est de sa faute si je danse! Mais bon, il sait aussi que mon père est stricte et que je n'ai jamais su lui tenir tête... Alors me voilà au pied du mur, avec un meilleur ami compatissant.

L'espace de trente seconde, j'ai visualisé un éléphante dans mon bol... Et ce n'était pas si charmant. Ouais, restons en au poulet, c'est mieux ainsi. « J'sais pas si ce serait meilleur que du poulet. » Remarque, je n'irai pas tuer un éléphant pour savoir, hors de question. Y a des animaux qui ne se mangent pas à mes yeux, mais laissons brigitte bardot de côté. Mes ramens me font déjà de l'oeil et je ne perds pas de temps pour me jeter dessus et m'empiffrer à mon tour. Deux goinfres. De toute façon, j'ai toujours faim quand il s'agit de manger, ce n'est pas nouveau. Je pourrais dire « je suis pleins » et piquer dans l'assiette d'un autre deux secondes après. Pourtant, le poulet ne cale pas ma curiosité, il ne répond pas non plus aux questions à la place de mon meilleur ami. Ce n'est pas en fixant mon bol que je pourrais tout savoir. Dae Jun et sa noble volonté d'y arriver dans la vie, ça ne me surprend pas tellement. « Tu as cru rencontrer des célébrités en étant journaliste ? Faire des voyages au bout du monde ? écrire un article qui serait publier de partout ? Mais finalement, tu te rends compte qu'écrire est trop difficile et que ton cerveau n'est pas assez volumineux pour enregistrer autant d'information ? » Je le taquine, bien sûr. Quoi que, peut-être n'ai-je pas tord sur certains points ? J'étais tranquillement entrain de manger un morceau de poulet quand il prononça sa phrase... Et je crois que j'ai recraché dans mon bol sans le vouloir. « Quoi ?! » Collègue qu'il dit ?! Il ne m'a rien dit depuis tout à l'heure, l'enfoiré ?! Re-Quoi ?! Enfin non, c'est son jour de repos, cool. « Tu m'as laissé faire le mort devant des collègues de boulot alors qu'ils te connaissent ? T'es inconscients ou quoi ?! » Quoi ? ça va s'arrêter là et on en parle plus ? Aish, saleté de ... Aish! Pour le peine, je remange mon poulet en grommelant dans ma barbe inexistante. Mon père. Pourquoi faut-il qu'on parle de lui ? « Quand le tiens tue des gens, le miens me pourri la vie... Chacun son truc, non  ? » ça sonne très mauvais, aie. « Désolé... Mais ouais, toujours sur mon dos. » Je soupire un bon coup en faisant une pause dans mon repas, regardant ailleurs avec désintérêt. « Si je suis là, c'est juste pour échapper à ses ordres et sa présence... Mais il est toujours aussi envahissant, pire encore avec la distance. Je ne sais pas ce qu'il va me faire si j'échoue dans mes études et n'arrive pas à être sénateur, Dae. » Je crois ressentir une certaine peur à cette idée, avalant difficilement ma salive. Qu'est-ce qu'il va advenir de moi si j'échoue, hein ? « Et toi ... Ta mère va bien ? » à croire que nos mères sont les seules bonnes choses dans notre vie.

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Il était là, à faire le beau, le fier, tel un coq au milieu de ses poules. Il serait peut-être temps qu’il s’en trouve une de poule d’ailleurs. Mais passons, chaque chose en son temps. Et si l’amour véritable tardait trop pour le plus jeune, Dae Jun pourrait toujours lui présenter quelques beaux spécimens. Quoi ? On est amis ou on ne l’est pas. Quoiqu’il en soit, il le laissait faire son beau, si ça l’amusait. Il serait bien assez tôt de remettre les pendules à l’heure plus tard et lui montrer qui était le véritable être supérieur des deux. Il prenait peut être Dae Jun pour un simplet, mais qu’il se méfie un peu plus de l’eau qui dort. Pour ce qui est de son boulot, Dae Jun savait très bien ce que c’était de devoir gagner du fric rapidement. Et franchement, vu sa propre situation il était vraiment le dernier à prendre ses paroles au premier degré. Sérieusement, d’où un strip teaser comme lui pouvait aller faire la morale à un gosse comme Ji Hyuk qui n’avait pas fait grand-chose de mal –à sa connaissance-. Il soupira alors. « Je sais bien Ji Hyuk … Je suis pas sérieux, tu penses bien … ». Il se retint de faire une remarque sur son cas personnel, se disant que tout sera révélé bien assez tôt à son goût. Peut-être même un peu trop tôt. Et sans avoir le temps de réfléchir plus longtemps à tout ça que leur nourriture fit son entrée fabuleuse à leur table. Le ventre de Dae Jun chanta Hallelujah et ses papilles se délectèrent sans plus attendre de ce repas. Un délice. La faim rend tout appetissant de toute façon. Quoique de l’éléphant … « Perso, j’irai pas tester de l’éléphant. Les valeurs sûres mon cher, les valeurs sûres … »

Ce n’est qu’après être un minimum rassasié qu’il répondit aux questions de son cadet. Il l’avait prévenu après tout : il ne répondrait pas le ventre vide. Ce n’est qu’après avoir ingéré la moitié de son repas qu’il se reprit en main et commença à répondre aux questions de l’autre. Bien sûr il aurait pu simplement lui répondre qu’il s’était laissé mourir – ce qui n’était pas totalement faux – mais déjà, c’était déprimant, et ensuite il n’avait tout de même pas chômé. La vérité est qu’il faisait de son mieux pour rester occupé et ne pas penser à leur histoire commune. Mais ouais … Journalisme. « Mon cerveau t’insulte aimablement ! » Non mais. Vraiment aucun respect ce petit. Il se retint de lui faire un commentaire du style « toujours mieux que les sciences politiques » mais à pas grand-chose. « Nan … Mais je me suis surtout rendu compte que c’était un métier de gros mouton hypocrites. Désillusion quoi … » Mais ça ce n’était que le début de sa nouvelle vie. La bombe arrivait à grand pas. Et il la lâcha. Elle explosa. Sur Ji Hyuk. Mais il n’aurait jamais cru qu’elle aurait réellement l’effet d’une bombe. Finalement il avait eu raison de s’en méfier de cette nouvelle. Il regarda avec dégoût le plus jeune recracher sa viande dans son plat. Quel charmeur dis donc … Inconscient lui ? Pardon mais qui avait commencé la bataille ? Que chacun se remette à sa place et les hippopotames seront bien gardés. Non mais je vous jure. « C’est bon on va se calmer ! Je suis pas si con que tu penses. Déjà j’ai parlé qu’à une personne. Et je le connais même pas ! Alors ZEN. RESPIRE. Y’a pas mort d’homme. » Et si jamais ils rencontraient des problèmes au boulot à cause de cette affaire, Dae Jun s’en portait garant, il n’arriverait rien à Ji Hyuk. Il trouverait bien une solution au problème, comme toujours … Presque toujours. Pour éviter au sujet il bascula sur un autre sujet. Pas beaucoup plus joyeux mais qui lui tenait à cœur. Eh ben … S’il s’attendait à une telle réponse. On peut dire que Ji Hyuk savait remuer le couteau dans la plaie, et il n’y allait pas avec parcimonie. Dae Jun lui adressa un regard glacial, et le garda afficher sur son visage même après les excuses du plus jeune. « Mh. » était tout ce qu’il lui avait répondu. Il pouvait comprendre que le sujet pouvait fâcher, mais était-ce une raison pour lui balancer ce genre d’atrocité ? On choisit pas sa famille.  Il soupira et essaya de se détendre. « T’échoueras pas Hyukie … T’es intelligent, tu bosses dur. Je suis sûr que ça va aller. Je crois en toi … ». Sa mère ? Mh, ça allait oui. Il hocha la tête en guise de réponse positive avant d’ajouter. « Elle va bien, ma sœur aussi … On s’appelle souvent. Mais je les comprends pas … Après tout ça … Rester là-bas, avec lui. Enfin bon, c’est un sujet qu’on évite tu vois. » Silence. Douloureux silence. « Et la tienne ? »    

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A-t-il déjà été sérieux une fois dans sa vie, au moins ? à ce moment-là, pourquoi je m'inquiète de ses paroles ? Je pourrais les prendre au quatorzième degrés et ne jamais m'en inquiéter. Pourtant je cherche toujours à me justifier, à trouver une raison à telle ou telle chose. Si je fais ça, c'est à cause de ça ou pour ça. Enfin bref, je n'en finirai jamais avec mes explications de trois mètres de long. Puis, la bouffe arrive, alors je n'ai plus tellement envie d'y réfléchir. Juste m'empiffrer comme un porc et oublier le pourquoi du comment j'en suis là. En tout cas, le poulet est exquis. Cette histoire d'éléphant pourrait presque faire le tour du monde, si on se lançait dans un beau débat. « Tu as déjà goûté toi ? Pour dire que c'est une valeur sûre, faut connaître le goût, non ? » Cherchez pas, je pose toujours des questions compliquées et chiantes à répondre. Dae Jun a l'habitude depuis le temps, mais j'aime toujours autant voir sa tête quand je m'emporte dans un débat passionnant. Cet éléphant ne me pourrira pas mon repas, en tout cas. Je mange comme si ma vie en dépendait, bien heureux de me remplir l'estomac, au point que je pourrais le chantonner joyeusement entre chaque bouchée. J’exagère, mais c'est tout comme.

En plus de six mois, il a dû en faire du chemin, non ? Dae Jun n'a jamais été le genre de garçon fainéant qui se laisse facilement abattre par les événements. Même si la mort de Min Ah est quelque chose de réellement douloureux et que je comprendrais s'il n'a pu remonter la pente. Après tout, j'ai passé plusieurs mois à broyé du noir, avant de prendre les voiles vers un nouveau continent. J'ai suivis mon Hyung, espérant réussir à quelque chose avec cette méthode. Nous nous sommes revus, n'est-ce pas déjà un très bon point ? Puis, je m'en doutais qu'il ne s'était pas laisser trop abattre malgré tout, et malgré ses études dans un domaine qu'il n'apprécie pas tellement. J'aurai dû m'en douter, là aussi. Journalisme, c'est beaucoup trop compliqué pour un cerveau d'huître. à sa remarque, je lui tire la langue et fais une grimace comique, avant de reprendre un minimum de sérieux. « Tu ne le savais pas ? Un magazine raconte toujours n'importe quoi. » C'est la base de la base, un peu comme les mannequins et photoshop quoi. Quand la bombe tomba droit sur moi, mon poulet ne resta pas  longtemps dans ma bouche. Je m'attendais à tout de sa part, sauf ça. Je me doutais bien qu'il cachait un truc, mais je ne pensais pas qu'il soit si gros! Nous sommes collègues de boulot quand même! De toute les night club de Tokyo, fallait qu'on tombe sur le même. Il lui manque des baffes à cet idiot, je vous jure. « C'est la tienne de mort qu'il va y avoir! Aish! Ils vont dire quoi demain en nous voyant débarquer comme des fleurs, hein ? » Je m'inquiète vraiment de tout. Puis sérieux, je n'ai pas envie de perdre un énième boulot et voir mon premier appartement s'en aller. Si ça arrive, j'étrangle cet abruti qui me sert de meilleur ami. Même si le sujet change, l'un ou l'autre met toujours les deux pieds dans le plat. C'est à mon tour d'être mesquin et de faire mal, me rendant rapidement compte de ma gourde. Dae Jun n'est pas amical pour ce coup-là, me lançant un regard qui me glace le sang. Je le mérite, vu ma boulette. ça fait chier d'être aussi con, j'aurai dû me taire que sortir une phrase aussi horrible que celle-ci... Mes yeux s'abaissent et je fixe mon bol à moitié vide avec amertume. Cette histoire me coupe l'appétit. « Oui, hyung... » Mais je n'étais pas tellement convaincu, doutant toujours de moi. Doucement, je bifurque sur sa mère, tenant à avoir des nouvelles. « Peut-être qu'elles n'ont pas le choix ? » Un sujet qu'on évite, qu'il dit. à sa question, je relève les yeux vers lui et ravale difficilement ma salive. C'est étrange de parler d'elle, après tout ces mois sans la voir. « Je lui parle souvent au téléphone mais elle me manque... Ce n'est pas pareil sans elle... Je me sens seul. » Pas les larmes, saleté de petit merdeux. M'insulter moi-même ne changera rien à ce flot qui monte jusqu'au bord de mes paupières et dégringole sur mes joues. Pourquoi je chiale, d'abord ? Pour ma mère ? Pour le fait que je me sens seul et vide ? Qu'elle me manque ? J'ai l'impression que ce n'est pas seulement question de ma mère, pour le coup. « Pardon... Je gâche tout à faire le bébé... » Mon bol repoussé depuis quelques minutes, je cache mon visage rougit entre mes mains, mon front contre la table. Je ne veux pas qu'il me regarde dans cet état, ni même qu'il est pitié de moi. Je me sens tellement ridicule.

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Il le regardait faire son beau, son petit branleur qui se foutait de tout. Ca l’agaçait autant qu’il aimait le voir comme ça. Au moins il était encore vivant, il avait encore de l’énergie à revendre et mieux valait ça que de le voir abattu ou déprimé. Il haussa les épaules à la remarque de Ji Hyuk. Si. Bien sûr que si il savait que la plupart des journalistes étant des gros mythos qui pensaient qu’à garder leur job et s’en fichait éperdument des conséquences. Mais Dae Jun voyait ça autrement. « J’ai eu l’espoir de croire qu’une tête pensante pourrait faire changer les choses … Mais bon, regarde moi. J’ai pas vraiment la carrure hein. » Autant se dévaloriser avant que le plus jeune ne le fasse, parce qu’il savait qu’il était du genre à faire ce genre de remarque « T’es con en même temps » « Faudrait savoir réfléchir pour ça ». Ce genre de truc de collégien. Mais il y avait plus important que ça et rapidement il remit les pendules à l’heure, risquant le tout pour le tout ce qui n’avait pas l’air de faire bon effet. « Essaye ouais, j’te défonce mon petit. Et puis on risque pas d’arriver en même temps. Tu dois commencer ton service avant moi, … On bosse pas tous les deux au comptoir donc devrait pas y avoir de problème. » Il se racla la gorge voulant resté aussi vague que possible. Il ne voulait pas descendre davantage dans l’estime de son meilleur ami. Jusque là, les réactions qu’il avait affronté en dévoilant qu’il était strip teaseur c’était des mines de dégoût ou bien un intérêt certain pour son corps. Comme si sa profession faisait de lui une pute. Chacun à sa place quand même. « Et si par malheur il arrive quoique ce soit j’en prendrai la responsabilité. Alors relax Hyukie. » Il était à deux doigts de lui dire « pète un coup ça ira mieux » mais se retint, comprenant que la situation ne devait pas être agréable pour le plus jeune. Pourtant Dae Jun était convaincu qu’il ne se passerait rien. Il s’en portait garant alors il fallait se détendre maintenant.

Dae Jun voyait bien que le sujet qui suivit mit son acolite vraiment mal. Il devait sûrement free à deux doigts de repousser son repas vu le regard qu’il lui lançait. En tout cas le plus vieux était sincère dans ses paroles : il avait confiance en Ji Hyuk, il croyait en ses capacités. Il n’avait jamais vu ce morveux se planter une seule fois depuis qu’ils se connaissaient, c’était un vrai petit chef qui se démenait pour que les choses soient faites. De ce point de vue il n’y avais pas grand risque à ce qu’il soit source de déception pour son paternel. Mais il n’allait pas insister, il avait dit ce qu’il avait à dire et ne voulait pas que Ji Hyuk ne tire trop la tête. Il avait déjà une face qui faisait trois mètres de long alors … Quand aux proches de Dae Jun « C’est facile à dire … Si elles se sentent pas en sécurité elles n’ont qu’à partit, comme toi et comme moi. Si elles restent c’est que ça leur va. Et ça me dégoûte … » Il retourna la question, voulant savoir comment se portait la mère de son ami. Elle avait toujours été si gentille avec lui, une gentillesse qui lui manquait en quelques sortes. S’il s’attendait à avoir ce genre de réaction de la part de Ji Hyuk il s’en serait passé. Voyant les yeux brillants du plus jeune, Dae Jun eu un pincement au coeur. Qu'est-ce qu’il devait faire ? Il était archi nul avec les larmes, les sentiments, tout ces trucs là … « T’es plus tout seul maintenant. On va se soutenir tu verras, on va encore se casser les couilles et faire des conneries tout les deux. Tu peux compter sur moi, je te lâcherai plus » Trop de mièvreries. Ca lui en foutait la chair de poule, c’était tellement pas lui. Mais Ji Hyuk n’en menait pas large alors il ne pouvait pas juste rester en spectateur tout de même. « Hey, Ji Hyuk … » Il ne pensait pas que tout ça allait se transformer en véritable chagrin. Il était totalement perdu pour le coup. Il se sentait aussi un peu mal de trouver son ami si mignon dans cette situation. Il esquissa un rapide sourire, attendri de le revoir sans sa carapace de cassis, avant de passer sa main dans les cheveux bruns de l’autre.  Il caressait ses cheveux doucement en espérant que ça réussis à le rassurer, mais ne s’arrêta pas là. « Pour te consoler t’es quand même un bébé hyper beau … Pas bouboule et tout, je pourrai presque t’adopter. » Il ne savait pas trop si son intervention allait bien passé auprès du bébé en question, il voulait juste détendre un peu l’atmosphère. Tout ça devenait trop pesant, et ils avaient bien trop de temps à l’avenir pour se laisser pourrir par ça aujourd’hui. Il ébouriffa les cheveux de Ji Hyuk énergiquement, déposa un léger bisou sur le dessus de sa tête et lui vola son bol pour le terminer. Chez les Min, pas de gâchis, on finit tout. Et il se doutait bien que l’autre ne finirait pas son dîner alors à quoi bon se priver. « Aller petit homme, te laisse pas abattre. » ajouta-t-il la bouche pleine. « On peut se battre ensemble maintenant. Et puis chsuis sûr que t’as plein de potes trop top ici nan ? Sociable et casse couille comme tu es ! » Il termina rapidement leur repas et s’éclipsa pour aller payer l’addition à la bonne madame qui tenait ce restaurant, agrémentant le tout de beaux compliments sur leur repas du soir qui avait été délicieux. Une fois retourné à la table il renfila sa veste. « C’est quoi le programme maintenant ? Si tu me dis que tu veux retourner bosser tu me décevrais à mort tu sais ? … »

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Une tête pensante, je me retiens de lui rire au nez. Ce ne serait pas gentil, ni fair-play. Je souris simplement, prenant un air désolé. « Peu d'homme réussisse à changer le monde seul, malheureusement. » Je soupire avec fatalité, avant de reprendre en riant faiblement. « Tu veux dire par là que tu n'as pas la carrure d'une tête pensante ? J'approuve, tu serais plutôt l'inverse. » Moquerie gratuite, je lui donne une tape dans l'épaule en ricanant comme une hyène. Dae Jun n'est pas bête, j'en suis plus que sûr. J'aime juste le taquiner, surtout quand il me tend des perches. Quant au boulot, je suis à deux doigts de les mettre dans ses yeux, histoire de le rendre aveugle. Il n'a pas tord, nous ne sommes pas de la même heure, ni des mêmes horaires. « Je vais te faire confiance, mais si jamais ça foire.... » Je laisse ma phrase en suspens, le laissant imaginer par lui-même. Si son boulot n'est pas glorieux, le miens non plus. Dae Jun danse et profite de son physique avantageux. Moi, je sers de l'alcool et profite des autres, je les saoul, les rend sûrement stupide et dangereux pour le monde entier. N'est-ce pas mieux de se déhancher sur une scène que de servir des boissons illicites ? Relax. Ouais, je devrais lever un peu le pied. Je hoche la tête pour approuver, et me calme doucement. Pour combien de temps ? Dès l'instant où le sujet change, mon humeur suit avec. Mes études et tout le tralala qui va avec. Dae Jun doit savoir ô combien ça me tracasse depuis que nous nous connaissons. Y a pas un jour où je n'ai pas arrêté de bosser, même si je tentais toujours de m'enfuir à la barbe de mon père pour jouer avec lui et ma soeur. Il sait que je suis obéissant à mon vieux, et que je ne peux pas réellement me défiler. ça me rend mal, évidement... Mon père me rendra toujours mal.

Mais ce n'est pas seulement de moi que je voulais parler, mais aussi de lui, sa famille, les gens qu'il aime. Qu'est-ce que devenait sa mère et sa soeur ? Apparemment, elles ne quittaient pas son père et cela le dégoûte. Je le comprend parfaitement, même si le miens n'a jamais tué personne... Je ne pense pas. Ma mère ? Aaah, ma mère... Sujet sensible pour un être aussi fragile, ce n'est pas étonnant que je sentes les larmes me monter et mon nez me piquer. La seconde suivante, le flot s'écoule par mes paupières, incapable d'être plus fort que cela. J'embête Dae Jun, j'en suis bien désolé. Pendant qu'il me réconforte, je m'essuie le visage avec mon vêtement, me fichant pas mal de me salir au passage. J'ai l'air d'un gosse, alors que je ne suis pas plus âgé que lui. « Merci Dae... T'es vraiment le meilleur des potes. » Je me jetterais presque dans ses bras pour réclamer un câlin, mais je me contiens par fierté. Sa main dans mes cheveux est largement suffisante, cela apaise mes sanglots et me permet de reprendre mon souffle et de mieux articuler. « Te moque pas, idiot... » Un sourire m'échappe, et je souffle en ravalant mes larmes, tentant de repousser doucement sa main de ma tête avant qu'il ne me décoiffe fortement la tignasse. Dae Jun en profita pour me voler mon bot après un bisou sur le front, je ne râle pas, déjà rassasié. De toute façon, je n'ai plus faim. « Tu postillonnes ton riz... » Fis-je savoir, avant de rire bêtement. Lunatique ? Non, pas du tout. Parlant bataille, je lui balance mes baguettes dans la figure puis hausse mes épaules. « Pas plus que ça, en fait. Ils ne sont pas comme toi, c'est difficile. » En même temps, dure d'obtenir une amitié d'une vie en six mois. Dae Jun s'en alla payer le repas et je laisse mon regard voyager dans la pièce en silence, réfléchissant en son absence. Le programme ? Je ramène mes orbes vers lui et souris. « Et si on allait emmerder le monde ? Aucune envie d'aller bosser, t'inquiète! » Je lui fais mon sourire sournois et mon regard de chat, puis je me relève en sautant de ma chaise, attendant qu'il fasse de même. « Allons dessaouler les gens! Doit bien y avoir un distributeur de capote et un robinet d'eau dans le coin, hin hin. » Retour en enfance, je ne dois pas dépasser les cinq ans d'âge mental. Des bombes à eau avec des capotes, quoi de plus amusant ? Les gens bourrés ne doivent pas s'attendre à être arrosé de la sorte. Aussitôt mon idée en tête, je sors du restaurant en souriant franchement, prêt à m'amuser à ma façon.

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A le voir en train de pleurer, il avait rarement été si désemparé face à Ji Hyuk. Il se sentait comme un crétin sur les toilettes alors qu’il n’y avait plus de papiers ou bien aussi frustré qu’en mangeant des spaghettis trop cuites. C’était un mélange des deux, mais c’était vraiment déstabilisant. Il voulait le réconforter mais ne savait pas vraiment comment faire alors il passait la main dans ses cheveux en se disant que ça lui passerait peut être. Il avait du être en proie à beaucoup de stress dernièrement et sa famille devait vraiment lui manquer … La bonne partie de sa famille en tout cas. Le plus jeune devait sûrement avoir besoin d’évacuer tout ça, il ne pouvait que comprendre. La plus grosse surprise pour Dae Jun fut de se voir glorifié de meilleur pote. Il était à un rien de rougir. De honte surtout, mais aussi tellement cette annonce ne cessait de le réjouir mais qu’il fallait bien le cacher par fierté. Les hommes et leur fierté, c’était toute une histoire. Dae Jun reprit rapidement le dessus sur ses émotions en sortant des phrases sincères quoique que vraiment bateau pour remonter le moral de son protégé le tout en récupérant le reste du repas de ce dernier, se permettant même de parler la bouche entièrement pleine. Il n’avait pas vraiment fait attention au fait de salir la totalité de son environnement proche, mais afficha une grimace peu attirante lorsque l’autre lui en fit la remarque. Niveau glamour on repassera. Le tout avaler, faisant bien gaffe à ne pas s’étouffer avec la nourriture, il alla payer pour laisser aussi Ji Hyuk reprendre pleinement ses esprits avant de repartir à l’attaque. Il voulait savoir les plans de la soirée parce que même s’il voulait aller bosser, il l’attacherait par le calbut si nécessaire pour l’empêcher de retourner à la boîte. Dieu soit loué, il n’aurait pas besoin d’utiliser la force pour le raisonner, Ji Hyuk était toujours le petit branleur que Dae Jun avait toujours connu. AMEN. Et le meilleur de tout ça c’est que ses idées étaient toujours mémorables. Un génie ce gosse. Ni une ni deux il suivit le mouvement, se leva à son tour et attrapa de nouveau le bras de son meilleur ami pour sortir du resto et partir déjà hilare chercher tout leur matériel. Cette soirée n’était pas si mal. Elle avait certes commencé sur les chapeaux de roues, mais pour un bonheur indescriptible par la suite.