TENUE ■ Cela faisait quelques heures que j'étais enfermé dans cette tente où ils m'avaient soignés ma jambe, bien que l’attelle sous impeccable d'après eux. Ils m'ont refilés des médicaments et forcés à dormir jusqu'à peu. Je me sens à la ramasse, encore assommé par les anti-douleur. Je n'ai pas remis les pieds dans « ma » tente, celle où se démon se trouve... Je refuse d'y aller. Je ne veux pas dormir avec lui, ni lui permettre de me toucher à nouveau, de me violer encore. Je ne serais jamais consentant, je n'y prendrais jamais du plaisir. Allongé sur un sac de couchage, j'écoute mon ventre râler et réclamer à manger, ma jambe toujours aussi douloureuse et enflammée. J'ai mal, mais je ne peux rien faire de plus qu'attendre. Jusqu'à perdre patience et forcer mon corps à se lever, me servant de ma jambe valide pour tenir debout. L'infirmière m'avait laissé une béquille au cas où et je m'en saisis pour faire pencher mon corps dessus, traînant un peu de la patte à travers le camp. Je ne compte pas retourner vers ma tente, surtout quand elle ne m'appartient pas. Je préfère encore vivre dans la nature, sans toit, sans personne.

Mes pas m'amènent vers le côté cuisine, la faim au ventre et les paupières encore lourdes. Je me sens fatigué, mais j'ai encore plus faim que sommeil. L'endroit est calme, le feu est éteint et il ne reste pas grand chose à manger dans les parages... Même rien. Ils ont déjà tous mangés et il n'y aucun frigo, juste quelques glaciers vides. Je râle un peu en farfouillant, ne trouvant rien. Rien de rien, et j'ai la dalle. Ma jambe tire à nouveau et je me retiens à la table improvisée. Combien de temps durent les médicaments avant que la douleur ne soit insupportable ? ça me rend dingue cette situation... Des fois, j'aurai préféré ne pas être là... Disparaître.... Mes yeux se posent lentement sur le plan de travail, redessinant les contours d'un couteau de cuisine. Et si... Je n'ai rien à gagner après ce qui m'est arrivé, rien. Mes doigts se posent dessus, attrapant lentement le manche. Ma tête tourne, je ne sais même pas ce que je fais, ni ce à quoi je pense réellement. J'ai la sensation de n'être plus présent, d'être tout simplement absent.

TENUE ■ Allongé dans la tente j’ai passé une journée plutôt remplie de rebondissement entre Raylai qui se casse la figure dans un trou à s’en déboiter la jambe, ma rencontre avec cet abruti perché dans son arbre et mon coup d’un soir qui m’en apprend des bonnes en me donnant en plus de ça l’occasion de la faire chanter, j’ai de quoi faire dans ce camping. Je vous jure, les gens sont des nids à emmerde, il suffit juste de tendre l’oreille ou d’ouvrir les yeux pour découvrir des secrets qu’ils croient tous bien gardés, les pauvres. Enfin je suis un peu fatigué, mes paupières closes, je change de position avant de regarder en direction de la place où devrait en ce moment même se trouver ma victime préféré, dire que j’aurais pu le laisser tranquille pour la nuit, mais il me fuit surement encore, préférant passer son temps dehors ou dans la tente des soins, quel idiot, il me désespère. Un sourire et lorsque j’entends des pas à l’extérieur de la tente, je me relève pour regarder à travers l’ouverture, autant vous dire de suite que je n’ai pas mis plus d’une seconde à me douter de qui était ce canard boiteux. Ouvrant doucement la fermeture éclair, je sors avec les mains dans les poches, marchant lentement vers l’endroit de la cuisine, là où il semble avoir choisi d’élire domicile, assis je me rapproche de lui, il ne semble pas m’avoir remarqué, une fois derrière lui je demande simplement.

« Tu essayes de chiper dans la marmite maintenant ? » Façon de parler vu qu’il ne semble plus rien y avoir à manger. Posant ma main sur son épaule, je souris. « Je t’attends toujours dans la tente tu sais ? » Ma voix était loin d’être rassurante, même si au fond cette fois-ci je chercher plus à le déstabilisé qu’à réellement vouloir violenter son corps, trop épuisé pour ce genre de manœuvre. Quoique... Qui sait.

TENUE ■ Je me souviens encore de ses mots, ils résonnent toujours dans ma tête comme une douce sentence. Pourquoi suis-je tombé ? Est-ce réellement de ma faute ? Il m'a accusé d'être gauche, mais j'ai persisté à dire que ce n'était pas le cas. C'est lui le coupable pour me faire peur et toujours me pousser à bout, sans ça je ne serais pas tombé aussi bas. Autant dans ce trou, que dans la vie en général. Il m'a donné un coup de pied pour que je m’effondre dans ce gouffre, sans pouvoir en remonter. Et là, dans l'immédiat, je me pose beaucoup trop de question. Ce cauchemar ne prendra jamais fin, pourquoi m'en accommoder et dire Amen ? Je pourrais juste lui retirer son jouet... J'ai une arme entre les doigts, après tout. Ce ne serait pas bien difficile de faire glisser la lame sur mon poignet déjà abîmé et... Ouais, non. J'en perds rapidement ma motivation quand la petite voix dans ma tête me dit d'arrêter. Je comptais déposer le couteau à sa place et retourner me cloîtrer dans un coin, mais il a fallut que sa voix surgisse de nulle part et envahisse ma tête.

Chiper ? Qu'est-ce que je peux bien chiper dans ce trou à rat complètement déserté par une colonie d'étudiant affamé comme des bêtes sauvages ? Je déraille, il me rend dingue. Sa main sur mon épaule est en trop, mes doigts se resserrent autour du manche et je crains faire une connerie s'il persiste. à ses mots, mon sang ne fait qu'un tour et je revois la scène atroce dans ma tête. Il va encore ... Non, je ne veux pas qu'il recommence... Rien qu'entendre sa voix me fait perdre les pédales, et dans un mouvement brusque, je me retourne avec le couteau à la main. Je ne sais pas ce qui m'a prit mais je l'ai enfoncé dans son ventre avec les seules forces qu'il me restait. Suffisamment pour faire couler du sang sur son pull jaune à donuts. Je n'ai pas peur du sang, mais ... Mais je l'ai.... Ma main lâche aussitôt l'arme sans la retirer, perdant l'équilibre même si je me rattrape de justesse à la « table ». Je l'ai planté. J'ai poignardé ce démon qui me hante.

TENUE ■ J’avoue que depuis toutes ses années à être le maitre chanteur d’un nombre incalculable de gens on aurait pu penser que je serai la victime de plusieurs tentatives de meurtre ou pris aux pièges dans mes propres « magouilles », mais toutes ses personnes que je fais chanter ont trop à perdre, les preuves que j’accumule ne leur laisseront jamais la paix, s’il m’arrive un truc ce sont des centaines de personnes qui tomberont et personne n’est prêt à prendre se risque, peux importe ce que je fais, les tortures psychologiques que j’instaure dans chacun d’eux pour les commander et en faire des jouets incapables de me résister. Raylai est un peu l’exception, même s’il m’obéit, il me donne de l’intérêt et j’aime en jouer, le chercher, le blesser, le voir trembler en s’imaginant mes futurs projets.

Je ne m’attendais pas du tout à ce que ma peau soit alors transpercée par une lame de couteau, au début la sensation fut net et pas vraiment douloureuse, mais je ne suis pas un surhomme... Je suis peut-être connu comme un démon, le diable en personne, mais je ne vais pas rire devant quelqu’un qui vient de me poignarder, une vague froide parcours mon corps alors que je commence à avoir des sueurs, la tâche de sang s'agrandit et le couteau est toujours planté, je serre les dents en attrapant le manche et en le retirant d’un coup sec, me faisant tomber à genoux. Ma main plaquée sur la blessure je lève les yeux vers Raylai...

« Bien joué... Tu aurais dû frapper plus ... fort si tu voulais me tuer. » Ayant retiré l’arme je perds deux fois plus de sang, mais il est hors de question que perde la face... « N’oublie pas. J’aime la douleur. » Je prends sur moi en souriant tel un sadique psychopathe, même si intérieurement je crache du sang. Déjà fatigué, je perds surement des couleurs de secondes en seconde, mais je reste conscient, ma volonté n’est pas la plus faible à ébranler. « Tu te sens commen.. » Je ne pus finir ma phrase, mordant mes lèvres en lui lançant un regard aussi froid que possible, mais ce qu’il a fait il va le payer.

TENUE ■ La violence n'a jamais été mon point fort, même quand j'ai voulu taper sur Dakota, je me suis fait battre à plate couture. Il n'avait pas mit moins d'une minute pour me maîtriser et m'arrêter, et en dehors de cela, j'ai toujours évité les coups grâce à ma petite taille. Alors tenir ce couteau à la main en pensant à des choses malsaines, ce n'est pas une première depuis plusieurs jours, mais ce n'est pas non plus une chose fréquente chez moi. Je me sens perdu, et quand l'autre fou débarque dans mon dos sans prévenir, mon corps agit de lui-même en repoussant ma conscience. Fuir, c'est la seule chose à laquelle je pensais réellement en me retournant aussi brusquement face à lui, larme en main. Je ne comptais pas le planter pour le tuer, loin de là. Je ne suis pas meurtrier... Je n'aime pas faire réellement du mal aux gens. Quand je vois la lame à moitié incrusté dans son ventre, je ne sais plus quoi faire. J'en perds mes moyens, mais aussi mon équilibre. à ce rythme-là, je ne peux pas fuir, ma jambe est toujours douloureuse et difficile à supporter.

Il est maso, en plus d'être sadique. Je m'en doutais un peu, mais de là à apprécier un coup de couteau... J'en reste figé sur place, mes mains ancrées au bois de la table. C'est quoi ce sourire et ce regard ? N'a-t-il pas mal ? Qu'est-ce que j'ai fais, bon sang... Je ne suis pas un assassin, je ne veux pas qu'il meurt non plus. Pas à cause de moi, pas sous mes mains. Prit de conscient, j'écarquille les yeux en le regardant, me demandant ce qu'il voulait dire. Comment je me sens pour quoi ? De l'avoir blessé aussi gravement ? Pas bien. Je me sens vraiment pas bien.

« Tais-toi. » Je grince des dents en me redressant, évitant au mieux de m'appuyé sur ma jambe invalide. S'il meurt, je serais accusé... Alors je me rapproche de lui après avoir attrapé un torchon qui traînait sur le plan de travail pour l'appuyer contre sa blessure. « Merde... ça saigne trop... » Quel débile, je n'aurai jamais dû toucher à ce couteau, sauf contre moi-même. Mais pourquoi je tiens tant à arrêter le sang de couler ? S'il se vide, je n'aurai plus aucun soucis. C'est tentant, non ? Mais quelle liberté gagnerais-je à vivre avec la mort sur la conscience. « Je ne veux pas être un meurtrier... Même si tu es un gros connard. » Je suis franc encore une fois, plongeant mes yeux mi-paniqué, mi-sérieux dans les siens. S'il meurt, je suis dans la merde.

TENUE ■ En toute honnêteté la douleur est forte, je n’ai jamais été poignarder et j’avoue que se faire trouer la peau avec un couteau de cuisine n’est pas le meilleur moyen de tenter l’expérience, mais malgré tout je ne perdrai jamais la face, j’aime faire mal, j’aime torturer les gens et bien que je ne laisse personne en faire de même avec moi, je suppose qu’une petite voix me dis simplement « tu as ce que tu mérites assume » alors je retire ce couteau en sachant que c’est loin d’être la meilleure chose à faire, la lame empêchant le sang de coulé, bloquant toute hémorragie, mais je l’ai fait en connaissance de cause. Je souris face a ce lancement aigu dans mon ventre, il aurait simplement dû me tuer s’il en avait envie, parce que je n’arrêtais jamais de le blesser, en a-t-il seulement conscience ? Je suis déjà fatigué, mais la perte de sang m’épuise, j’ai l’impression que parler deviens difficile, mais je force dessus, même sans finir mes phrases, j’arrive à le regarder sans montrer mes faiblesses, enfin... je suis bien obligé devant la sueur et le mal palpable, mais je suis un démon, je survivrai.

En tout cas j’espère vraiment que cela lui a fait du bien, je ne m’y attendais pas, habituellement j’aurais pu éviter le coup, j’aurais pu simplement attraper son poignet et l’empêcher de le planter dans mon ventre, mais il l’a fait et il m’a eu. C’est lui qui me demande de me taire ? Depuis quand les rôles sont-ils inversés ? Je l’observe, les lèvres pincées, m’accroupissant, perdant doucement la force de rester debout. Qu’est-ce qu’il fait avec son torchon là ? Ma main ensanglantée attrape la sienne pour la repousser. « Arrête... » Lançais-je. Je ne lui ai pas demandé de m’aider à ce que je sache . Mettez ça sous le coup de la fierté où tout ce que vous voulez, mais je ne suis pas tombé assez bas pour avoir besoin d’être secouru par un de mes jouets... Sérieusement.

Je le repousse avec mon bras pour le faire tomber sur ses fesses, appuyant sur ma blessure en soupirant, je perds beaucoup de sang en effet, c’est dangereux... Levant le regard vers Raylai, je n’arrive même pas à être froid en le regardant, tout ce que je peux dire c’est :

« Je te violerai encore... Je te blesserai encore... quoi que tu fasses, tu es à moi, tu ne penses pas que c’est mieux d’être un meurtrier plutôt que de subir tout ça ? » Je le mets en garde, le provoque, mais c’est la vérité, son corps et son esprit m’appartiennent, quoi qu'il fasse je n’arrêterai jamais de le torturer. À quoi bon m’aider ?

TENUE ■ Mon cerveau est complètement retourné. Je viens d'utiliser une arme tranchante contre quelqu'un, contre un être humain même s'il a des gênes de démon. Je ne me sens pas si bien d'avoir voulu me débarrasser définitivement de mon cauchemar. Dans cette société, ça reste un crime, un meurtre, et je risque une peine de prison avec mon geste. Je ne veux pas me retrouver à nouveau enfermé et accusé. J'ai échappé à l'incendie de l’entrepôt, ce n'est pas pour être agresseur juste après. Mais où est-ce que je vais ? à croire que je suis condamné à être un criminel. Dakota ne cesse de parler alors que son sang s'écoule de sa blessure, tâchant de plus en plus ses vêtements jusqu'à couler sur le sol. Qu'ai-je fait ? D'accord, j'ai toujours voulu qu'il disparaisse, qu'il me fiche la paix, mais pas de là à le tuer de mes propres mains... Je ne sais que faire, perdant lentement mes moyens. Il fait le fort, l'insensible, mais je vois parfaitement bien qu'il a quand même mal. Aurais-je réagi trop rapidement ? J'en sais rien... Je le voulais sur le coup, mais je réalise que ce n'est pas bien.

Pas bien, un peu comme mon état. S'il arrêtait de parler aussi! Il perd suffisamment de sang comme ça. Je ne sais pas quoi faire, surtout quand il manque de s'écrouler par terre. Empêcher le sang de couler, empêcher... Mais avec quoi ? Je cherche et trouve rapidement un torchon, tentant au mieux de retenir le flot qui s'échappe de son corps. Jusqu'à qu'il me stoppe et que je sursaute en sentant sa main sur mon poignet. ça me fait peur, mais je ne vais pas me mettre à chialer non plus. Il me repousse et je tombe sur les fesses, serrant aussitôt les dents en sentant ma jambe se réveiller. Je l'avais oublié... Autant que ce regard mauvais qu'il me lance, suivit d'un dialogue qui me fait tressaillir. Que dois-je dire ? Il me menace, mais peut-être que je le mérite.

« Je ne serais pas un meurtrier. » Répétais-je avec plus d'entrain, les poings serrés. Le message est bien passé et je crois que jamais je ne pourrais lui échapper. « J'abandonne. » Dans quoi est-ce que je m'embarque en disant cela, hein ? Mais je ne laisse pas mes aveux sur un simple mot, poursuivant; « Viole-moi. Frappe-moi. ça m'est égal. Tu peux m'étrangler avec ce collier, continuer à me détruire, mais je ne serais pas un tueur. » à tâtons, je cherche la béquille pour essayer de me redresser, bien décidé à trouver de l'aide. Quelqu'un pourra le soigner, l'emmener à l'hôpital ou que sais-je encore. Je m'en fiche, tant qu'il ne crève pas. S'il doit mourir, ce ne sera pas aujourd'hui et à cause de mon coup.

TENUE ■ Bien sûr, je reste fort, même si je m’écroule, même si je perds conscience, même si je rends l’âme, je ne versement aucune larme, ne demanderai aucune pitié, ni aucune aide, toute ma vie je ne me suis débrouillé seul, toute ma vie j’ai dû créer un chemin dans lequel je trouverai la place qui me convient, je suis un salaud, un enfoiré, un démon, mais je l’assume complètement et je ne joue aucun rôle, la vie est mieux quand on est le méchant, il n’y a pas de faux-semblant. Un jour ou l’autre peut-être que j’aurais fini par être blessé, un de mes jouets aurait pété un câble et m’aurait tué ou tenté du moins, parce que je ne suis généralement pas celui qui peut se faire avoir avec facilité, Raylai le sait... Pourtant la surprise m’a piégé, ce couteau planté laissera une belle cicatriser sur mon corps, si seulement le sang voulait bien s’arrêter de coulé, mais je suis le seul en tort, cette hémorragie je l’ai créé, difficile de la stopper et de parler en même temps, pourtant c’est ce que je fais.

Pourquoi tente-t-il seulement de m’aider, il est le coupable, celui qui m’a poignardé, alors pourquoi maintenant que le mal est fait faudrait que je le laisse jouer les héros à vouloir me sauver ? C’est quoi cette blague, il est stupide ce gosse, il faut qu’il assume ses actes a la fin. Je le repousse avec les forces que j’ai, l’empêchant de continuer son petit manège de bons samaritains, il a qu’à s’en aller, s’éloigner, partir et me laisser, je ne lui ordonnerai pas de m’aider, je pourrais, mais je suis assez grand pour ça, je me voile peut-être la face en ne prenant pas vraiment cette situation au sérieux, mais je connais mon corps, mon esprit, je suis le bourreau, je ne vais pas mourir pour un trou dans le ventre.

Puis finalement je lui fais à la mesure du possible un topo sur ce qui est la réalité, quoiqu’il fasse rien ne va changer, je continuerai de le torturer, de violenter son corps et son âme, qu’il se mette bien ça dans le crâne. Fatigué, mes paupières commencent à doucement se fermer, mais j’entends ses mots, chacun d’eux. Un léger sourire prend place, alors que je tente de le regarder, mais ma vue deviens flou, pourtant je ne laisse rien paraître, tout en appuyant fortement sur ma blessure pour contenir le sang.

Il capitule hein ? S’abandonne à moi ? Il ne sait pas ce qu’il dit, pas ce qu’il fait, ce gamin m’agace, si je le violais là, il dirait amen ? Il ne se défendrait pas ? C’est ça qu’il dit n'est-ce pas ? Soit, je devrais juste essayer, mais avant... Je tends le bras pour le retenir, attrapant son poignet à nouveau, le fixant comme je peux, je ne sais pas ce que je fais non plus pour le coup, lui dire de m’aider ? Hors de question, pourtant s’il s’éloigne je sens que je vais m’écrouler, combien de sang ai-je perdu ? Je suis fatigué, bon Dieu, ce gosse m’énerve... Il m’énerve vraiment.

TENUE ■ L'aide n'est pas dans mes intentions. Qu'il crève m'importe peu, mais je ne veux pas être le coupable. Je ne veux pas être celui qu'on accusera ou pointera du doigt. Je ne suis pas innocent, certes, mais je ne veux pas à nouveau emprisonné et traité pour ce que je ne suis pas. Du moins, ce que je pourrais devenir si le pire arrivait. Dakota ne devait pas mourir, ce sang devait s'arrêter de couler même si je n'ai aucune envie de le sauver ou de l'aider. Je pourrais partir, m'enfuir, l'abandonner à son sort. Pourtant, ils sauront que c'est moi. J'ai touché le couteau, j'ai laissé des empruntes... Je suis coupable malgré moi. J'ai agis en connaissance de cause, en voulant me débarrasser de lui et j'ai conscience bien trop tard que ce n'était pas la meilleure solution. Qu'est-ce que j'y gagne à part une culpabilité éternelle et un poids sur les épaules ? Je souffre en permanence par sa faute, mais le tuer n'allégera jamais ce fardeau. Finalement, je ne peux m'empêcher d'essayer, même s'il me repousse en me regardant avec amertume et haine.

Ses menaces sont justifiés après ce que je viens de lui faire. Je l'ai poignardé sans hésitation, même si je m'en veux d'avoir agis à la manière d'un criminel, d'un vaurien. Je sais qu'il n'a aucune estime pour moi, qu'il veut me détruire mais... Je n'ai pas voulu faire ça, pas réellement, pas maintenant que j'y songe sérieusement. Il dit qu'il continuera son manège, qu'il ne me laissera jamais tranquille et je capitule par remord. Je me sens coupable de sa blessure, des idées noires qui me passent sans arrêt par la tête. Alors j'abandonne. Il peut faire ce qu'il veut de moi, je ne tenterai pas de fuir, ni de me débattre. J'en ai marre de ce jeu, de ce calvaire, de me battre... Même un coup de couteau n'a pas raison de lui, rien ne pourra me libérer.

Malgré tout, je ne tiens pas à le voir clamser par ma faute, alors que je tente de me redresser pour aller chercher de l'aide. Pourquoi il me retient ? Je pose mes yeux sur lui, sans comprendre. « Laisse moi... » Je me pince les lèvres, paralysé sur place. Si je reste là, il sera trop tard. Je songe réellement à l'assommer pour fuir, partir chercher de l'aide et lui sauver la vie malgré ma haine. « Je ne m'excuserai pas pour ça, tu peux toujours courir. » Dis-je en repoussant brusquement sa main pour me relever en tremblant. Je suis en colère, mais contre moi-même. « J'aurai préféré que tu disparaisse de ma vie... Mais qu'est-ce que ça changerait maintenant ? Tu as réussi ton petit jeu. Mort ou vivant, ça ne changerait plus rien. » Je ne vais pas pleurer devant lui, juste... Lui donner un coup de béquille au niveau de sa blessure, pensant qu'il perdrait connaissance.

Je suis seul dans cette galère. Il m'a eut, de toute évidence. Alors je m'en fiche à présent d'être secoué, traîné, jeté. Je le fixe de mon regard vide, croyant qu'il tomberait vite dans les pommes, prêt à taper une seconde fois, la béquille relevée. Je m'en fiche, je m'en fiche, je m'en fiche. Ma tête va exploser mais je ne lâcherai pas le morceau. Il ne doit pas mourir, pas par ma faute.

TENUE ■ Qu’il veuille me tuer pour me libérer je peux le comprendre, mais qu’il assume, qu’il dise tout ce qu’il a envie de dire, qu’il s’enfuit ensuite et me laisse pourrir, à quoi bon me blesser pour regretter et vouloir me sauver ensuite, je trouve ça encore plus lâche. Je ne déteste pas Raylai, j’aime simplement le voir souffrir, le voir pleurer, le blesser, le voir m’obéir et perdre pied, mais je ne le hais pas. Je ne l’aime pas non plus, il est ma possession, mon objet, mon jouet. Il m’appartient et ça rien n’y changera, sauf s’il me laisse mourir là ! Mais je ne vais pas crever, je ne le permettrai pas, je me bats, reste conscient, malgré ma faiblesse et ma perte de sang, je le regarde, je vois flou, je n’ai plus de force, mais je le retiens. Pourquoi ? Je ne sais pas, je l’écoute parler. Le laisser ? Je le tiens toujours. Il lui suffit d’un geste pour que je lâche prise, je n’ai plus aucune force, je n’arrive pas à parler, je suis à deux doigts de sombrer, mais je suis toujours là, tenace. Je n’ai aucune envie qu’il s’excuse, encore une fois je préfère qu’il assume, ce gosse ne comprend rien, il est vraiment stupide... Qu’est-ce qu’il veut dire ? Je n’entends pas, je... Le coup sur ma blessure me fait grimacer et le sang continue de couler, je me vide littéralement, mais je lève le regard vers lui conscient, un sourire sur mes lèvres alors qu’il a sa béquille relevée, je lui souffle...

« Fr- Frap-pe. Dé-défoule-toi. » Je parle alors que je ne devrai pas, mais je le pousse à ses limites. « Tu ... » Je tousse devenant encore plus pale. « Tu comptes leurs dires que tu m’as poignardé ? ... » C’est vrai peu importe l’aide qu’il ira chercher il sera toujours un « coupable » tentative de meurtre, accusé et emprisonné, en a-t-il conscience ? Tout est entre mes mains encore une fois et si j’en étais capable je jubilerai surement à cet instant, mais là, je m’écroule simplement, il voulait que je perde conscience ? Voilà... C’est fait.

TENUE ■ Je suis lâche, je n'ai jamais dit le contraire. Je l'ai poignardé en rêvant qu'il meurt et que ma vie redevienne comme avant, mais ce serait me voiler la face. Ma vie ne sera jamais plus comme avant, par sa faute. Il m'a trop touché pour que je puisse me reconstruire correctement. Ma vie était déjà bien instable, il a juste réussi à donner le coup de grâce pour faire s'effondrer les quelques murs qui me restaient. Je me sens vide de l'intérieur, comme si mes remparts étaient déjà toute en ruine, à nu et seul à découvert. Je regarde le sang qui continue de s'échapper entre ses doigts tandis qu'il me retient là, sur le lieu du crime. Pourquoi faire ? Je persiste à ne pas vouloir être un tueur, ni à le voir mourir. J'ai été stupide d'agir aussi précipitamment mais je ne regrette pas de l'avoir planté. Tant qu'il ne crève pas par ma faute, je ne regrette pas. Agacé, je lui donne un coup de béquille pour qu'il me lâche, prêt à taper une seconde fois pour qu'il tombe dans les pommes. Quelle ténacité, franchement! Dakota continue de parler, le visage livide et les yeux à moitié dans le vague. Pourquoi s'accroche-t-il autant ? Frapper ? Me défouler ? Ce n'est pas l'envie qui manque, croyez moi, mais je ne fais rien au final. J'abaisse la béquille en soupirant, ses mots me percutant doucement. « Oui. » Répondis-je simplement. Je suis coupable, pourquoi mentir ? Ils se rendront compte que j'ai fauté, et mentir ne ferait que m'enfoncer. Dois-je dire qu'il m'a violé, frappé et humilié ? à quoi bon, je n'ai aucune preuve rentable... à part mes blessures. Finalement, il a tourné de l'oeil et je me retrouve avec un corps inconscient sur les épaules, quelle plaie.

Quelques heures sont passées entre le moment où je suis allé cherché de l'aide vers les professeurs, le moment où ils l'ont emmener d'urgence dans la tente des soins pour le soigner au mieux et celui où je me suis retrouvé dans la tente comme un idiot à attendre je ne sais quoi. Dakota est toujours dans les vapes, une perfusion à son bras. Ils ont quand même pensé à cela, à croire qu'ils attendaient des blessés mortels. Je souris à cette pensée, lâchant un soupir juste ensuite. « Dommage que tu sois encore vivant. » Dis-je pour moi-même. Je n'ai pas réussi à expliquer l'histoire aux adultes, et ils ont décidés de me laisser un temps pour ça. Je vais devoir me dénoncer cette fois-ci, dire que je suis coupable et tendre les bras pour me faire emprisonner. J'ai peur, mais je me demande ce qui m'effraie le plus. « En prison, tu ne me pourras plus me toucher.... C'est sûrement mieux. » Je parle tout seul, suis-je devenu cinglé ? à m'entendre ricaner, oui. Je suis timbré par sa faute.

TENUE ■ Il ne veut pas me laisser mourir, mais même vivant il reste de subir le même traitement, au final le fait qu’il m’ait poignardé est un crime, il pourrait se retrouver avec le même jugement, à quoi bon m’aider, me sauver, si au final il n’a rien à y gagner, je ne comprends pas ce gosse, je n’ai pas vraiment la tête à réfléchir de toute façon, mais je mets les choses aux clairs avec lui, est-ce qu’il compte seulement dire la vérité ou non ? Sa réponse est simple, mais stupide. Il est trop honnête, il devrait juste arrêter, ce n’est pas parce qu’on dit la vérité qu’on sera épargner au final. Mais je n’ai pas la force de rajouter quoi que ce soit, mes paupières se ferment et mon corps devient lourd, je ne sens plus rien et je tombe simplement dans l’inconscience, trop de sang perdu et de force gaspillée, je ne sais pas ce qui s'est passé ensuite...

Combien de temps ai-je dormi ? Je reprends doucement conscience, on dirait que je suis vivant, la voix du blond m’atteint avant même que je n’ai ouvert les yeux, je suis trop dans le coaltar encore pour pouvoir sauter de joie, rire ou simplement réagir avec un grand enthousiasme à ses premières paroles, puis sa nouvelle phrase prononcée, je ne prends pas la peine de soulever mes paupières ni de le regarder, répondant simplement d'une voix encore enrouée et fatiguée, mais pas pour autant moins direct.

« D’autres le feront à ma place. » Il faut être honnête, je penche ma tête vers lui, ouvrant finalement les yeux, ma main posée sur ma blessure, je jauge l’endroit, détaillant ce qu’ils m’ont fait et où je suis, comprenant rapidement la situation, je reprends.

« Tu penses qu’en prison tu seras protégé ? Mignon comme tu es ce n’est pas une personne qui viendra violer ton petit cul, mais ils feront la queue pour ça dans les douches, pendant que tu feras ton travail, à manger, n’importe quand tu seras leurs proies. » Je souris, passant outre la douleur qui a pu se calmer grâce aux médicaments.

« Ne penses-tu pas que tu es mieux entre mes mains ? » Il peut penser que je plaisante, mais c’est la vérité, la prison est surement un enfer bien plus grand que celui que je lui fais vivre, moi je suis seul, il est mon jouet exclusif, là-bas ce sont des morts de faim.

« Alors, tu leur as dit que tu m’as fait ça ? »

TENUE ■ Qu'importe ce que j'ai fait, je vais devoir y répondre. Ce n'est pas un geste anodin ou quelque chose d'innocent, loin de là. Je lui ai quand même ouvert le ventre avec un couteau de cuisine. Défense ou non, j'ai plus la tête du coupable que lui. Malheureusement, ils ne trouveront sûrement rien contre cet enfoiré et je serais envoyé en prison pour des années lumières. à quoi ? Ce n'est pas comme si j'y avais déjà échappé par le passé, bien que ce ne soit qu'une maison de redressement où les gamins ne pensaient qu'à faire leur loi en tapant à plusieurs. La prison, ça doit être différent. Dans le fond, je ne sais même pas ce qui pourrait être le mieux pour moi, échapper au diable ou finir derrière les barreaux. ça me rend dingue, mais à part regretter sa mort, je ne peux rien faire. j'aurai pu être un fugitif en fuyant le pays, mais je sais d'avance que je n'ai pas la carrure ni le mental pour cela. à quoi bon réfléchir plus ? Je ne trouverais pas de solution à mon malheur.

D'autres ? Je n'avais pas remarqué qu'il était réveillé, enfin façon de parler parce qu'il a toujours la même gueule que tout à l'heure. Je fronce doucement les sourcils en le regardant, attendant une suite valable. Il n'a pas tord. Je n'y avais pas pensé surtout... Là-bas, je risque bien pire qu'avec lui. Quel désastre, ça ne m'aide définitivement pas à faire un choix ou à me résigner d'être coupable. Je ne sais pas, je ne sais plus. « Je ne sais pas faire à manger... » Ne trouvais-je qu'à dire pour seule réponse. Mieux ? Je ricane d'une façon outrée, genre ce serait beaucoup mieux entre ses griffes.

« Pas encore... » Je souffle en baissant la tête, les yeux rivés vers mes jambes. Je suis assis par terre, un genou plié et l'autre tendu sur le côté. « Je ne sais pas quoi faire... C'est ta faute. » Ouais, j'ai besoin d'un coupable, de rejeter la faute sur quelqu'un. Il le mérite, de toute façon, comme ce coup de couteau. Pourtant ça ne répond pas à ma question, prison ou lui ? Être un morceau de viande ou un jouet ? J'en sais rien, ça devient trop compliqué.

« Et si c'est moi qui disparaissais ? » Un fin sourire se peint sur mes lèvres pulpeuses, comme si c'était une énième solution à mon problème. Si je ne peux m'échapper de lui en l'attaquant et si je n'ai d'autre solution que la prison... Pourquoi ne pas me débarrasser de moi-même ? Putain, je deviens cinglé!

TENUE ■ Je ne peux m’empêcher de lui parler à peine réveiller, être en position de faiblesse n’est pas vraiment la chose que je préfère, allongé dans ce lit sous cette tente, branché a une perfusion, je retrouve doucement des couleurs et des forces aussi après avoir un peu dormi, mais je ne peux m’empêcher de lui rappeler la dure réalité, il pense qu’en prison il pourrait m’échapper ? Ce serait pire qu’ici, pire que l’enfer, je suis un démon, mais là-bas c’est des dizaines de démons qu’il rencontrera. Affamé de la chair fraiche et attirée par les jeunots, ils utiliseront son cul comme réservoir et il subira des tortures plus nombreuses que celles que je peux lui infliger. Il va souffrir avec moi, mais il souffrira plus encore là-bas , autant qu’il en prenne conscience. Sa réponse me désespère dans un soupire explicite...

« Ils s’en fichent que tu saches cuire un œuf ou non abrutis ! Tu auras le temps d’apprendre là... Aah-h. » Je grimace, hausser la voix ça n’arrange pas mon cas, je souffle pour calmer la soudaine vague douloureuse, je crois qu’ils ont un stock limité de calmant ou quoi ? Bref. Ma faute ? Oui, mais je continuerai même en étant le fautif de ses problèmes, je n’ai pas guidé sa main pour qu’il me poignarde, je lui en ai peut-être donné l’envie, les raisons, mais c’est le seul à avoir pris cette décision.

« C'est vrai, je t'ai pris la main et je me suis planté, je pense qu'ils vont gober cette histoire en effet. » Ironie. Je souris simplement, avant de m’appuyer sur mes bras pour tenter de me redresser et le regarder assis au sol. « Je ne t’ai pas ordonné de disparaitre. Tant que je ne te libère pas tu es à moi, combien de fois devrais-je te le dire pour que tu comprenne ? N’as pas tu dit que tu abandonnais, que tu accepterais que je te viole, te fasse mal, tu as capitulé, ton corps est mien et ton esprit n’y peut rien. » Je tends le bras vers lui. « Viens ici. » Dis-je simplement, lui ordonnant de mon calme et ma domination habituel.

TENUE ■ La cruauté de la prison, je n'y avais pas songé en réalité. J'ai juste supposé que Dakota ne pourrait pas m'avoir là-bas, pas que je sois la cible des plus gros pervers du Japon. Réflexion faite, je ne sais pas comment m'en sortir, ici ou derrière les barreaux... ça revient presque au même, ma vie est fichue de toute évidence. Que faire à part dire une connerie hors contexte, hein ? Je me sens blasé, piégé. Je sais qu'ils s'en ficheront de mes talents culinaires, autant que je me doute de mon avenir en prison. Alors qu'est-ce que je dois faire ? à son haussement de voix, je me suis pitoyablement ratatiné sur moi-même, les yeux baissés. C'est sa faute si j'en suis là, sans lui je n'aurai jamais pensé à une telle chose. « Tu m'as poussé à le faire. » Raisonnais-je à nouveau pour me convaincre moi-même qu'il était véritablement le fautif.

Si je pouvais, je me serais reculé loin de lui quand il s'est redressé sur ses coudes, l'air sur la défensive. Il n'a pas apprécié que j'opte pour une autre solution plus radical que la précédente et je déglutis difficilement en l'écoutant parler. ça m'énerve qu'il décide ainsi de ma vie. « Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Je fais ce que je veux de ma vie... » Je serre les dents en reprenant mon souffle, hésitant à ses derniers mots. Pourquoi faire ? Il compte me taper ? J'attends encore quelques secondes, avant de me rapprocher difficilement de lui.

« Pourquoi tu fais tout ça ? Qu'est-ce que tu trouves d'intéressant à me brutaliser ? » Maintenant qu'il est dans l'impossibilité de me courir après et à moitié mort, je peux bien l'emmerder avec des questions, non ? Il en fait tout un plat, que je termine en prison ou que je décide d'en finir moi-même avec tout ça. Pourquoi ? Parce qu'il perdrait un jouet, une victime à martyriser ? S'il a tant besoin que ça de se vider les couilles, autant qu'il aille aux putes, je sais pas. Pourtant, j'ai bien capitulé l'autre fois, à croire que j'en pouvais plus de ce manège. « Tu as mon corps, mais c'est tout. » Concluais-je en étant le plus proche de lui, ma jambe tendue dans l'autre sens pour ne pas qu'elle me gêne.

TENUE ■ Qu’est-ce qu’il compte entendre en me rejetant la faute dessus, qu’est-ce que ça peut faire que je l’ai poussé à le faire, je n’ai pas tenu le couteau qui m’a planté, je ne lui ai pas ordonné de le faire, ce sont ses propres choix, ses propres envies. Il a voulu me planter, me tuer, mais il est trop naïf, trop gentil, un abruti qui n’arrive pas à assumer ses propres actes et voilà. Il semblerait qu’il n’ait même pas réalisé à quel point la prison est dangereuse, c’est un terrain glissant sans fond, il n’aura aucune possibilité de se relever et même si avec moi c’est déjà le cas, je suis le seul à le torturer, puis je le viole, mais je suis beau gosse pas vrai ? Là-bas son corps sera dominé par des vieux barbus puants et poilus, des brutes sans hygiène seulement affamée et attirée par l’odeur de chair fraiche qui vient d’arrivée. J’ai des « potes » en prison, je sais comment ça se passe la moitié du temps, je n’invente rien pour le faire rester, ce ne sont que des faits, une vérité, à lui de réaliser à quel point il est piégé. Ce coup qu’il m’a porté est la signature d’un contrat à vie, cette cicatrice sur mon corps est la preuve de ses actes, si je peux le blesser, il n’a aucun droit sur moi, cette erreur lui sera fatale, il m’appartiendra et ça quoiqu’il décide de faire, Raylai ne pourra définitivement pas m’échapper.

« Alors je peux dire que tu m’as poussé à te violer ? » Donnant-donnant. Il m’a provoqué, chercher, agacé, sa punition est tombée, c’est sa faute pas vrai ? La douleur se réveille, mais je passe outre, la perfusion va calmer tout ça, c’est simplement parce que je force dessus, me relevant sur mes coudes pour le regarder. Me relevant encore plus pour m’assoir carrément en laissant mon ventre tendu à cause de la douleur, je le fixe froidement avant de répondre.

« Ta vie m’appartient. » Simple et net, plutôt radical comme réponse. « Dès l’instant où tu es devenu ma victime tout de toi est à moi, tu n’as pas encore compris ? » Sérieusement il est long à la détente. Lui ordonnant de venir près de moi je ne répète pas mes mots, attendant qu’il s’exécute simplement, sachant qu’il allait le faire, il n’a pas le choix et il le sait.

« Je ne pense pas t’avoir autorisé à me poser des questions ? » Tendant la main pour le tirer d’un geste sec et rapide contre moi, nos visages assez proches, il est presque affalé sur moi, je fais encore une fois abstraction de la douleur en gardant mon sérieux et évitant toute grimace du poids de Raylai qui pèse dessus, pour lui dire en gardant son poignet prisonnier entre ma main.

« Avoir ton corps me suffit pour l’instant... » J’appuie mes mots en laissant ma main libre venir caresser ses fesses, pour finalement venir lui chuchoter. « Mais bientôt, j’aurais plus que ça~ » Je lui lance un regard qui en dit long, à travers toutes mes attentions, mes tortures, raylai ne verra que moi, je ne réalise pas encore pourquoi je désire à ce point cette exclusivité, mais je la veux, je veux lui faire mal, qu’il me déteste assez pour ne plus se passer de moi, voilà tout.

TENUE ■ Je n'ai jamais voulu tout ça, il le sait. Je n'ai jamais voulu le rencontrer, ni parler avec lui, encore me battre pour au final être sa marionnette. Il le sait que trop bien que je le déteste au point de vouloir le tuer. C'est un instinct de survie, une envie irréfutable d'être libre et en pleine possession de mes moyens. Pourtant, ça n'a pas fonctionné.  Dakota est toujours là, bien vivant et encore plus menaçant qu'avant. Je me doute qu'il voudra sa revanche, me faire payer mon geste au centuple et je risque fortement de souffrir dans les jours à venir, dès qu'il sera rétabli. En attendant, nous pouvons discuter « tranquillement » même si je n'ai aucune envie de parler avec un gars pareil. Un sale type qui me répugne à chaque nouvelle altercation. « Q-quoi ?! Mais non! Je ne t'ai poussé à rien du tout! » M'énervais-je aussitôt en le fusillant du regard. Puis quoi encore ? Il ne veut pas dire que je l'ai voulu, aussi ? Sérieux, il me fout les nerfs cet enfoiré.

Ma mâchoire se serre jusqu'à faire ressentir les veines de mon cou. Je lui appartiens. ça m'agace encore plus de l'entendre dire. Si ça ne tenait qu'à moi, je lui arracherais sa perfusion pour qu'il souffre un peu plus, mais je me tiens à distance pour éviter d'empirer la situation. Compris ? Je ne veux pas le comprendre, c'est tout. Je ne réponds pas, évitant rapidement le sujet en détournant les yeux, contrarié et las. Il me saoul comme ce n'est pas permis, de toute évidence. S'il croit que je vais m'excuser pour mon coup et la blessure, il peut toujours attendre. Je m'approche parce qu'il me l'a « demandé » mais je ne lui accorderais pas les mots qu'il attend. Je m'en fiche qu'il aille mal, qu'il est mal, ou n'importe quoi d'autre.

Ah. Il faut toujours des autorisations avec ce con, c'est dingue ça. Je serre encore les dents, m'évitant la peine de répliquer. Saoulant, saoulant, saoulant. Je ne m'attendais pas à être tiré contre lui, les yeux écarquillés à cause de son geste rapide et surprenant. Il est trop proche, c'est... Gênant. Ma salive a du mal à passer, se bloquant dans ma gorge pour former une boule difficile à avaler. Une vive douleur vient de remonter dans ma jambe à l'instant même où il m'a tiré, mais je n'ai pas fait attention à cause de la stupéfaction. J'ai beau bouger mon bras, je n'arrive pas à récupérer ma main qu'il retient. « Tu es complètement fou. » Marmonnais-je en sachant qu'il entend à cette distance.

Sa main sur mes fesses me force à crisper les muscles de mon corps, ça me fait peur mais je ne dis rien sur cela, prenant difficilement sur moi. « Plus que ça ? Que veux-tu de plus ? » Je fronce les sourcils en le regardant sérieusement, ne sachant pas où il voulait en venir. Dégoûté, je tente de me défaire de lui en reculant, mais je ne parviens pas à grand chose. « Tu perds ton temps, Dakota. » Grognais-je en m'appuyant sans le vouloir sur sa blessure, cherchant encore à me redresser malgré ma jambe douloureuse. ça me saoul, je ne le supporte plus.

TENUE ■ J’aime voir ses réactions, malgré tout notre relation n’est dictée que par l’obéissance qu’il me doit et sa rébellion, maître et esclave, maitre et servant, je commande et il obéit, c’était ainsi que le contrat devait initialement marcher. Que je le blesse, le torture, lui fasse mal ou viole son corps en pénétrant dans sa chair, le faisant pleurer, gémir et mourir entre mes mains, c’est mon droit, je le prends et le reprendrai à chaque envie que j’aurais de le baiser. Je ne suis pas gentil et il le sait, une fois sur pied les rôles reprendront et il subira ma vengeance pour ce coup de poignard qu’il a planté, ce coup qui laissera une marque et que je devrai expliquer au boulot... En tant que danseur on est souvent torse nu, la chaleur, les chorées, je me fond d’une certaine façon dans la masse pour ne pas que les soupçons sur celui que je suis réellement ne remonte inutilement aux oreilles de curieux mettant à défaut mes plans, je déteste les troubles faits.

« C’est toi qui le dis~ Après tout tu viens toi-même de dire que je t’ai poussé à me poignarder non ? Alors que je ne t’ai poussé à rien du tout. » Je joue sur les mots, mais ce gosse m’agace avec ses accusations, je me fiche bien qu’il veuille me faire du mal, qu’il m’en fasse tout simplement et je lui en referai en retour, mais qu’il assume le fait qu’il m’a planté et que je ne lui ai pas tenu la main pour le faire, peu importe la douleur, la colère et le reste, on a toujours le choix et j’assume entièrement les miens. D’où le fait que je suis tenace sur le sujet, je sais très bien qu’il n’a pas demandé à être violé, mais je l’ai fait et je recommencerai, point. Puis ce n’est pas parce que je suis un peu bavard qu’il doit en profiter, je suis toujours celui qui tire les ficelles et je ne lui ai clairement pas autorisé à poser des questions pas vrai ? Il en a assez demandé jusque-là.  Le tirant simplement sur moi, bien qu’il écrase ma blessure et que cela me redonnerait presque des sueurs en retenant de montrer ma douleur, mon regard lui reste ancré dans le sien, lui faisant de nouveau comprendre certaines choses qui ne semble pas rentrer dans sa petite tête blonde. Fou ? Je pourrais être vexé de ce simple mot, je ne suis pas « fou » je suis bien pire et un sourire se dessine sur mes lèvres comme si tout semblait normal, comme si la situation l’était, si je n’avais pas mal, ne répondant rien d’autre de cette simple expression explicite.

« Ne pose pas de question, tu le remarqueras bien avant moi~ » les énigmes, les défis, j’adore ça. Je ne sais pas vraiment moi-même ce que je « veux » de plus que son corps, tout ce que je veux c’est le blesser, le détruire et l’empêcher de nuire, devenir mon esclave pour le restant de sa vie et qu’il ne puisse plus se passer de moi c’est un bon planning non ? Il peut tenter de m’échapper, même dans cet état j’arrive à l’empêcher de se libérer, le gardant près de moi, grimaçant devant son geste qui écrase davantage l’entaille de ma blessure, il allait surement la refaire saigner en mettant son poids dessus, mais je reprends contenance dans un visage impassible et franc.

« Quand je perdrais mon temps... tu le sauras. » Le relâchant, je le repousse pour qu’il « libère » mon corps de cette douleur, je peux tout surmonter, je ne suis pas un surhomme, mais je déteste la faiblesse et je ne compte pas lui montrer. Lui jetant un regard froid, je dis simplement.

« Ne dis rien. C’est un ordre. Maintenant va te coucher, je ne suis pas en état pour te faire quoi que ce soit ce soir, on en reparlera demain. » Il n’y a aucune place pour la négociation dans mon ton, qu’il obéisse un point c’est tout.

TENUE ■ Ce mec est un enfoiré, combien de fois l'ai-je dit depuis le temps ? Il retourne mes mots contre moi, il détourne mon excuse pour se l'approprier et je le déteste encore plus pour cela. Qu'est-ce que je dois dire ou faire ? Je ne peux pas l'accuser encore d'être le fautif de mon coup de couteau, comme il ne peut pas m'accuser d'être la cause de son crime. Je suis piégé à nouveau et ça m'énerve. D'accord, je l'ai poignardé sans hésitation, en un quart de seconde, mais maintenant ça me perturbe. Dois-je me dénoncer ? Garder cela secret ? Que faire à présent que le mal est fait ? J'ai l'impression de tourner en rond, d'être enfermé dans une cage à chercher une sortie de secours, une ouverture. C'est impossible, Dakota ne me laissera jamais sortir de cette prison, qu'importe combien de fois je tente de mordre ou que j'y parviens réellement. ça me rend fou d'être à sa merci, d'être son esclave, son jouet, son petit chien. Est-ce que cela va durer éternellement ? Quand est-ce que ça prendra vraiment fin ? Je me pose trop de question, perdu dans mes pensées.

Jusqu'à terminé à moitié sur lui, effrayé à l'idée qu'il tente quoi que ce soit contre moi. Respire, Raylai. Il est à moitié mort, que voulez-vous qu'il me fasse ? Un simple coup et il lâche prise, j'en suis sûr. Il est complètement timbré, ça fait longtemps que je le sais mais je le répète encore et encore. Sérieusement, qu'est-ce qu'il attends de moi ? Il a déjà mon corps, que lui faut-il de plus ? Il m'a détruit, réduit à un moins que rien, qu'espère-t-il encore ? Je ne sais pas, et j'ai bien peur de ne jamais le savoir. « Impossible. » Murmurais-je pour moi-même, sans le lâcher des yeux. Je ne remarquerais rien avant lui, lui non plus et voilà tout.

Fuir, je pense toujours à cela quand je suis avec lui. Fuir le plus loin possible, comme si je pouvais y arriver. Dakota me retient malgré moi, même si je m'appuie sur son entaille en prenant le risque de l'ouvrir un peu plus. Ce n'est pas voulu, j'ignore même que je l'écrase à ce point. Mais lui aussi me fait mal en me forçant à rester dans cette position, ma jambe appuyé maladroitement contre le sol. Hein ? Comment pourrais-je le savoir ? Il est stupide! Aussitôt qu'il me repousse, je prend le maximum de distance pour ma sécurité, reprenant mon souffle. Je n'aime pas être si proche de lui, je déteste ça même.

Ne rien dire ? D'accord, je pince mes lèvres en gardant cette mine énervée, les sourcils froncés et la mâchoire serrée. Reparler demain ? Il se moque de moi. Il n'a pas besoin de « parler » avec moi et il le sait très bien. Plus qu'en colère, je me démène pour sortir de la tente en traînant ma béquille, puis je m'en sers pour me relever une fois dehors. Qu'il crève durant son sommeil, tch. De tout façon, je m'en fiche de son sort. Du coup, ce soir je pourrais récupérer la tente qui nous a été prêté, même si l'idée qu'il puisse y venir me donne l'envie de retourner me cloîtrer dans la forêt. Tant pis, pour ce soir ça ira.