Tenue. Natsu avait eut du mal à se réveiller ce matin-là. Non pas qu'il ne soit pas particulièrement matinal mais parce que la veille, il avait eut un petit tournois de football avec son club et que, forcément, suite à leur victoire, ils étaient tous allé boire un petit verre après. Il était rentré à 3h30 du matin après avoir fait un petit after chez un de ses amis de jeu et voilà que, ce matin 6h, il devait se réveiller pour se préparer à aller à son rendez-vous professionnel. Il avait une séance photo et il n'était pas le seul. Il y avait Ryoma avec lui, c'est du moins ce qui était prévu. Il se réveilla tôt, pour avoir le temps de se préparer, mais également pour pouvoir déjeuner. Le rendez-vous n'étais qu'à 9h, mais il lui fallait du temps pour remplir son estomac et, vu que ça pouvait potentiellement être une journée chargée, mieux valait prendre tout son temps pour pouvoir manger. Jamais, au grand jamais, Natsu ne sauterait un repas !

Il fila dans la douche après avoir prit ses vêtements dans son armoire, rapidement, sans vraiment se pencher sur les goûts et les couleurs. Il profita de l'eau chaude délicate qui coulait le long de son corps, finissant par se laver au bout de 10 minutes à se prélasser. Une fois fait il en sortit, se sécha, s'habilla et fila en direction de la cuisine. Il n'avait pas l'intention de déjeuner ici. Il avait son petit endroit fétiche. Son endroit de prédilection. L'endroit où il n'hésitait pas à laisser parler sa gourmandise face à tout ses péchés mignons. Il emprunta juste un peu d'eau – quoi qu'il ne comptait pas la rendre en crachant dans la bouteille non plus – et fila dans la ville. Encore une fois, il oublia sa célébrité et il se rendit compte de son erreur monumental quand il rencontra un petit groupe de lycéenne, sûrement en partance pour l'école. Il signa rapidement quelques autographes et s'éloigna aussi rapidement qu'il le put, accélérant le pas jusqu'à l'endroit qu'il rêvait tant. Un coup d'oeil derrière lui lui confirma qu'il avait bel et bien réussi à les semer avant qu'elles n'aient pu alerter la terre entière. Il poussa la porte tout comme il poussa un soupir de soulagement et se glissa à  l'intérieur du salon de thé.

Comme d'habitude, il salua chaleureusement la propriétaire, une femme de la quarantaine qui le connaissait à présent très bien. Il commanda, comme d'habitude, un thé au lait et plusieurs viennoiseries qu'elle lui apporta quelques minutes après. Il paya, lui laissant un bon pourboire, comme d'habitude et pu enfin profiter de sa tranquillité. Il avait toujours la même place, dans un coin du salon, à l’abri des regards indiscrets. Elle avait apprit à ne pas l'exposer, évitant ainsi au salon de thé d'être envahit mais, également, pour lui offrir un peu de répit qu'il ne prenait pas de refus. Il déjeuna en prenant tout son temps et bu son thé jusqu'à ce que le fond de la tasse soit glacé.  L'heure, sur son portable, lui annonça qu'il ferait mieux de se mettre en route avant d'être en retard. Ryoma devait déjà même être sur le point d'arriver là-bas, d'ailleurs. Il attrapa son sac, son portable et trouva même une paire de lunette au fin fond de sa besace qu'il glissa sur son nez. Il appela un rapide taxi au passage et en route pour l'agence.

« Bonjour, désolé. Bonjour. Bonjour, désolé. » Voilà ce qu'il ne cessait de répéter en passant devant chaque personne qu'il rencontra, une fois arrivé à son étage. Il n'avait que très peu de temps pour être dans le timing. Il pu apercevoir vaguement Ryoma plus loin et fut soulagé qu'il ne se soit pas loupé. La coiffeuse, la maquilleuse et le styliste se le déchirait quand à savoir qui pourrait commencer le travail en premier. Il fut habillé d'abord, ayant presque le droit de faire ça seul – vive la pudeur – puis coiffé et maquillé en même temps. Une fois près, il rejoignit Ryoma sur la petite « scène » où ils devaient se tenir pour quelques clichés. « Salut ! J'ai pas vu l'heure passée... » comme si ça pouvait l'excuser. Il lui offrit un large sourire et se pinça les lèvres tout en tournant la tête vers le coordinateur pour savoir comment il devait se placer et comment se placerait Ryo. Des photos de « couple » pour faire perdurer l'avenir du pairing envers les fans. Moment qu'appréciait Natsu sans non plus le crier sur tout les toits. Il du s'installer au sol, sa tête posa contre le genoux de Ryoma qui, lui, devait se trouver sur une chaise. Son bras pendant et Natsu posa délibérément sa main sur la sienne. Le photographe sembla apprécier et commença déjà à les mitrailler.

Tenue ■ Toute la nuit je n’ai pas réussi à dormir, le tic-tac de l’heure qui tourne me semblait si fort, écrasant même ma tête sous le coussin pour tenter de trouver un silence complet, rien n’y faisait, j’étais juste allongé dans mon lit, m’énervant bêtement contre Morphée qui me laissait la porte des songes fermée. Pourquoi alors que je suis du genre à m’endormir n’importe où, n’importe quand, dès que j’en ai enfin l’occasion je suis comme face à la réalité, incapable fermer l’œil. J’avais refusé toutes les demandes pour sortir, sachant que j’ai un boulot assez tôt le lendemain, je préfère me reposer pour être d’attaque, mes yeux se posant sur les chiffres que mon réveil renvoie... 3h 27... Je décide de me lever pour me faire un chocolat chaud, quand quelques minutes plus tard j’entends la clef de la serrure, qui est-ce ? Je me demande qui rentre si tard... Mais par réflexe, je me suis caché derrière le mur, à l’abri des regards je n’eus aucun mal à reconnaitre Natsu, ma tasse entre les mains avec la douce odeur de chocolat émanant de la pièce, ça me fait du bien et ça réchauffe un peu. J’espère simplement que ça me permettra de dormir, ayant rejoint ma chambre en me demandant bien ce qu’a pu faire Natsu jusque-là, je me jette sur mon lit les bras étendus au-dessus de ma tête, admirant le plafond pensif.

Bien que je tente de mettre de la distance entre nous, je déteste le sentiment d’être mis de côté, je suis complètement contradictoire, pourtant je ne peux rien y faire. Fermant mes yeux, je réussis finalement à m’endormir.


Le lendemain matin, mes paupières s’ouvrirent à 7h37, j’avais une séance photo avec mon meilleur ami, ne voyant pas être en retard, je me suis levé tout content, m’étirant de tout mon long avant de glisser hors du lit, les cheveux en pétard et le visage fatigué, mais je pète la forme ! Une petite douche, des vêtements enfilés, un peu de toilette par-ci par-là et me voilà prêt ! Je ne sais pas si Natsu est déjà parti, s’il a pris son déjeuner à l’endroit habituel ou ici, mais à peine sortie de ma chambre je me dirige dans la cuisine avec ma tasse de la veille, la rinçant proprement pour me faire un nouveau chocolat, j’avais bien le temps pour ça. Je bois chaque gorgée en prenant plaisir, c’est toujours aussi délicieux. L’heure tourne malgré tout, je rince de nouveau le verre pour le poser à sa place, attrapant lunette et chapeau, je quitte l’appartement pour me rendre à l’agence. Sur place je m’incline plusieurs fois, saluant tous les membres du staff présents pour rejoindre les stylistes, maquilleurs, coiffeur et compagnie. Natsu ne semble pas être là, je relooke la pièce, mais je ne le vois pas.

Plusieurs minutes après, il vient d’arriver, je l’observe et croise un instant son regard, avant de me concentrer sur nos tenues pour le boulot. Prêt j’attends que le brun me rejoigne pour commencer, à ses mots je souris simplement. « Salut~ T’inquiète au moins tu es arrivé ! » Bah c’est le principal en effet. Le concept de cette séance était de jouer les « couple » ce qu’on a toujours fait en public au final, notre pairing n’est pas populaire pour rien. Suivant les instructions, m’asseyant sur une chaise, je laisse Natsu prendre place, sentant sa main sur la mienne, je souris devant l’objectif qui nous mitraille, nos regards semblent plaire au photographe, en même temps nous sommes semble-t-il doué pour jouer les amoureux, enfin... jouer est un bien grand mot pour moi. Si un docteur pouvait écouter les battements de mon cœur il ne trouverait rien de « joueur » là-dedans.

Finalement une nouvelle pose fut demander, cette fois Natsu assis au sol devait se tenir sur ses mains un peu penché en arrière, tandis que je m’allonge, la tête sur ses cuisses, mon regard vers l’objectif, mon regard vers lui, chacun de mes gestes est pris dans l’appareil, chacun de mes mouvements est prisonnier de cet objet, de ce flash nous mitraillant à plusieurs reprises. Il n’y a aucune gêne entre nous, quoiqu’on nous demande de faire on s’exécutera sans aucune hésitation. Pendant que le photographe regarde les clichés, je profite de cette « pose » pour demander.

« Tu n’es pas fatiguée ? Tu es rentré tard hier soir. » Ou devrais-je dire ce matin ? Mais je suis curieux.

Tenue. Cette nuit, Natsu était sûrement trop dans le coaltar pour avoir deviné la présence de qui que ce soit. Mais s'il savait que Ryoma l'espionnait, il aurait pu être... content ? Allez savoir. Dans tous les cas, il avait réussi à trouver sa chambre sans mal. Le déshabillage avait été plus difficile avant qu'il ne s'écroule sur son lit pour dormir dans la foulée. Autant dire que si, ce matin avait été vraiment difficile. Arrivé sur les lieux du shooting, Natsu s'était fait discret et professionnel. Il n'avait pas l'habitude d'aller à l'encontre des personnes qui étaient là pour le mettre en valeur. Il était un peu comme un pantin dont on tenait les ficelles, le dirigeant, le manipulant, parfois avec trop de précaution ce qui le faisait sourire. Il ne ressemblait vraiment pas à la poupée fragile typique en porcelaine, mais pourtant, les gestes de la coiffeuse et de la maquilleuse étaient doux. Il se demandait même si elles n'en profitaient pas un peu quand elles laissaient traîner ses doigts dans ses cheveux ou sur son visage pour rajuster certaines choses. Ils parlaient toujours de la pluie et du beau temps, plaisantant parfois. C'était un moment qu'adorait Natsu pour l'avoir vécut à de nombreuses reprises. Jusqu'à ce que, finalement, il ne soit obligé de se mettre dans le bain. Face à Ryoma, il ne pu s'empêcher d'être enjoué, presque excité comme un gosse qui a sa première séance de photographe. « C'est déjà ça, effectivement, mais j'aime pas me presser, tu le sais. La prochaine fois, partons ensemble. » Ryoma n'était jamais en retard, enfin, d'après les connaissances de Natsu. Il n'avait pas à se presser et pouvait profiter comme il le voulait des minutes qui s’égrainaient. Et puis, partir ensemble pour revenir ensemble. D'un coté, Natsu se demanda quand était la dernière fois qu'ils étaient resté collé l'un à l'autre. C'était sûrement loin, et il se surpris à y penser. Depuis quand ils partaient séparément ? Il inclina la tête sous les directives, sourit, ne sourit plus. Bouge la tête, tourne-là. Puis une autre pose, le regard baisser vers Ryoma, relevé vers l'objectif, tourné dans un sens puis dans l'autre. Une jambe repliée, puis les deux à plats au sol. Ryoma devait franchement détester certaines positions tant elles étaient inconfortables. Tout comme Natsu qui, parfois, sentait ses muscles trembler sous l'effort. Le pire était de garder une position immobile en ayant parfois des efforts à faire sur ses mains ou ses jambes. Le plus longtemps possible. Rien à voir quand il faisait du sport.

Une pause leur fut accordée, le temps pour le photographe de faire un point de son côté. Natsu se releva, se tournant vers Ryoma, alors qu'une des maquilleuses venaient faire quelques retouches sur leur visage. « Comment tu le sais ? Je t'ai réveillé en faisant du bruit ? » Il eut une faible grimace sur le visage, s'inquiétant de ce qu'il avait pu faire comme bordel hier soir pour s'être fait entendre. Les maquilleuses s'éloignèrent et il se pencha vers Ryoma, lui chuchotant à l'oreille. « J'étais un peu saoul alors... » Il se recula et eut un petit sourire amusé. Un peu saoul, donc il avait forcément pu faire du bruit. Une façon pour lui de lui donner une excuse s'il l'avait réveillé. C'était une manie, pour lui, d'être saoul et de ne pas se souvenir ? La séance reprenait.

Cette fois, c'était debout, face à face. Le coordinateur demanda à Natsu d'attraper Ryoma par le col de son vêtement, ce qu'il fit, le rapprochant légèrement de lui tout en souriant. C'était un peu comme une « baston entre ami ». Et le pire du pire, fut la photo suivante ou Natsu devait, un bouquet à la main, mettre un genoux à terre en le tendant à Ryoma. Il peinait à garder son sérieux, et la plupart des photos prises trahissait du fou-rire que Natsu s'était prit. C'était pas un peu trop, là ? Un peu trop déclaration. D'ailleurs, pour plaisanter, Natsu ne pu s'empêcher d'offrir un clin d'oeil à Ryoma avant de lui dire « Ryoma, tu veux m'épouser ? » ce qui fit rire les quelques personnes présentes, jusqu'au photographe qui continuait de les mitrailler en donnant parfois l'ordre de tourner la tête, de bouger tel bras ou telle jambe, de se placer plus vers la droite, plus vers l'avant, se pencher, se redresser. Il fallait vraiment suivre et être rapide pour satisfaire l'oeil noir de l'appareil photo. Au bout de cinq minutes, Natsu fut libre de se relever pendant que le photographe passait en revu les photos prises, faisant quelques commentaires avec les autres. Natsu plaqua le bouquet contre le torse de Ryoma. « Pourquoi c'est pas toi qui me l'offre ? C'est toujours mieux si c'est le maknae qui fait les choses mignonnes ! » Une moue étira ses lèvres et il lui sourit, lui tapotant doucement le torse avec les fausses fleurs.

Tenue ■ Depuis quand je me cache devant Natsu ? Depuis quand on ne se câline plus avant de dormir ? Depuis quand on ne se prend pas des fous rire allongés sur nos lits à dire des conneries ? Depuis quand on ne se brosse plus les dents en tentant de se faire rire devant le miroir ? Et depuis quand encore, partons-nous séparer quand on quitte la maison ? Tellement de choses semblent avoir changé et je ne suis surement pas innocent dans tous ses modifications, malgré moi il y a des moments où je ne peux pas lui faire face... Avoir couché avec lui, je me souviens de tout, de son visage, des sensations sur mon corps, de ses caresses, de la douleur et du plaisir, tout m’est resté en mémoire, mais il ne s’en souvient pas... Si avant prendre une douche ensemble était simple et amusant, aujourd’hui c’est difficile et frustrant, je n’arrive pas à retenir mes envies, mes sentiments. Mais à force de le fuir, à force de créer cette distance pour oublier, pour tenter de ne plus l’aimer de cette façon, je vais peut-être perdre ce que j’essaie de protéger. Notre amitié.

Il ne sait pas ce qui se passe dans ma tête, mon esprit est embrouillé, il me connaît depuis des années, mais ce qui est en train de ce passé, ce qu’il m’a fait, il ne pourra jamais le deviner, je maudis son incapacité à tenir l’alcool comme je la bénis pour m’avoir permis de gouter aux fruits défendus, même si ce n’était qu’une nuit, Natsu a été le premier et même si mon cœur est blessé, j’en suis aussi soulagé. Tout est contradictoire, j’ai l’impression de perdre pied, mais je tiens bon et je continue d’avancer à ma façon.

Devant les caméras je ne faiblis pas, devant les gens je joue le jeu, idole jusqu’au bout je ne laisserai pas paraître mes problèmes personnels et agirais comme je l’ai toujours fait, un grand sourire, des gestes taquins et doux, des regards complices, de faux baisers enjoué et des câlins répétés, c’est notre routine en tant que pairing, faire rêver et fantasmer les fans, j’ai certes besoin de temps, mais je ne compte pas mettre un terme à notre complicité ni au fait qu’il sera toujours mon meilleur ami, aujourd'hui ou dans dix ans.

« C’est toi qui est parti avant moi. » Rouspétais-je faussement vexé, comme dit, ici je baisse les barrières. La séance photo débute et comme toujours on devient de vrai pantin aux yeux du photographe, chaque position est guidée par sa voix, chaque regard est positionné selon ses désirs, chaque détail est minutieux et les photos sont prises a la chaines, cliché après clichés, les décors changent, la pose est permise, une petite retouche de maquillage et quelques mèche de cheveux remisent en place profitant de cet instant pour échanger quelques mots et soutirer quelques infos.

« Non, je n’arrivais pas à dormir... » Honnête, mais je n’allais pas lui dire que j’étais caché derrière le mur quand il est rentré ! Puis il vient chuchoter à mon oreille et j’avoue que sa phrase me fait déglutir, je n’aime pas quand il est saoul... Soupirant fortement, je le regarde droit dans les yeux.

« Donc, forcément tu ne te souviens pas de ce que tu as fais... » Ça sonne comme un reproche, mais j’ai le droit non ? Bien qu’il ignore tout, je me demande s’il fait le con avec d'autres, c’est là il couche souvent quand il boit ? Non, non, non chassent toutes ses idées Ryoma... Il est temps de reprendre la séance et continuer les photos, on y passe du temps et c’est fatigant, mais au fond on commence à être habituée à toutes ses obligations en tant que star, les photos dans les magazines, la popularité qui grandit, on ne va pas s’en plaindre ni sans privé. La pose que nous demande le photographe est un peu étrange, voilà que Natsu se retrouve à genoux devant moi, me tendant un bouquet de fleurs, là on est à fond dans le concept ! Manquerai plus que la bague et on marque « le mariage pour tous » en gros au-dessus de nos têtes ! Hahaha. Par contre à sa proposition je le regarde en jouant les mecs surpris, ça passe mieux pour l’audience et voilà qu’on se met à jouer une scène entière mitraillé par le professionnel. Bon c’est fun, on a détendu toute la salle au moins et on s’est pris un fou rire collectif, amen.

« Tu me vois te demander en mariage ? C’est toi l’ « homme » dans notre couple, ce n'est pas ma faute si je suis plus mignon que toi ! » Attrapant le bouquet qu’il tape contre mon torse, je prends une fleur pour me rapprocher de lui, en la déposant derrière son oreille tout en rajoutant. « Mais je peux faire ça, si tu veux~ » Je lui tire la langue, avec un petit air coquin et amusé.

Tenue. C'est pendant cette séance de photos que Natsu se rendait compte qu'ils étaient à nouveau proche. Il avait un petit sentiment, en lui, qui lui donnait l'impression de ne pas avoir vécut autant en plusieurs semaines. C'était comme si quelque chose avait changé, un petit quelque chose dont il n'arrivait pas à en savoir la cause. Mais ça n'était pas le moment de se poser de telles questions, il y réfléchirait plus tard, c'était pas si grave après tout, ils avaient du travail et il en était conscient. Il ne pouvait plus se permettre d'être toujours ensemble comme ils l'étaient en primaire ou au collège. Là, c'était le bon vieux temps, c'était à se rendre nostalgique en repensant à tout ses moments passés. Il faudrait peut-être que Natsu prenne le temps, un jour, de ressasser tous ces bons souvenirs avec lui.

Il y a quelques jours, Natsu était tombé, par hasard, sur un sujet étrange. Les fanfictions. Oh, bien sûr, il savait que ça pouvait exister mais il ne savait pas qu'il pouvait déjà en exister sur leur groupe. Il y avait Shun avec Miyuki – ça l'avait bien fait rire d'ailleurs les situations cocasses des fans. Puis il avait, sans savoir pourquoi, chercher s'il pouvait y en avoir sur lui et sur Ryoma. Les pairings étaient déjà tous formés et les fans l'avaient bien compris. C'est, surpris et curieux, qu'il commença à les lires. Enfin une pour commencer. C'était soft mais étrange de s'imaginer avec Ryoma, bouche contre bouche. Au début, il avait rit, mais ensuite, il avait changé rapidement d'attitude. Il n'avait pas pu lire la suite. Il avait fermé la page dès qu'il avait lu « Ryoma s'approcha alors de Natsu et posa ses mains sur sa chemise, la déboutonnant lentement, son regard ancré dans le sien [...] » Non, il n'avait pas pu continuer. Il avait sentit ses joues en feu et s'était levé de sa chaise après avoir effacé l'historique de l'ordinateur, comme s'il effaçait la scène de crime. Par la suite, il n'y avait plus pensé et n'avait plus cherché de telles histoires.

Au début, il s'était sentit mal à l'aise face à Ryoma mais maintenant, c'était passé. Il était redevenu presque aussi proche de lui qu'au premier jour. Si ce n'est que Ryoma n'était jamais autant disponible pour lui qu'il ne l'était de Miyuki par exemple et, intérieurement, il s'en sentait vexé, jaloux, frustré. Alors il profitait de cette séance photo pour se rapprocher de lui, faire ce qu'ils faisaient à chaque fois sur scène. Il appréciait ces moments de complicité et s'en délectait, il fallait l'avouer. « Oui, je suis partis avant, je sais, c'est bien pour ça que je te dis que maintenant, on partira ensemble. » Il pinça la joue du Ryoma bougon et se remit au travail. Puis la pause bien mérité qui s'en suivit, lui permettant de s'abreuver à l'aide d'un bouteille qu'on lui offrit tout comme à Ryoma. C'était pas particulièrement éprouvant ce genre de travail mais ça demandait des efforts et de la concentration, mine de rien. Si c'était une partie de plaisir, c'était aussi intense, il fallait être toujours parfait. Si Ryoma n'était pas parvenu à dormir, il espérait qu'il n'ai aucun soucis. Il était rare pour Natsu de ne pas pouvoir dormir et, généralement, quand ça arrivait, c'est que justement il avait un soucis. Il plissa les yeux, suspicieux et se dit que, peut-être, il lui demandera la cause de son insomnie. Le plus surprenant fut son ton accusateur quand au fait qu'il ne se souvenait pas. C'était quoi cette façon de lui dire la chose ? Natsu échappa un petit rire et balaya l'air de sa main. « Si, si, je me souviens mais j'ai peut-être été plus bruyant que d'habitude, c'est tout. Te moque pas du fait que je ne tienne pas l'alcool Ryo' ! » Il lui donna une petite tape sur l'épaule et s'en retourna à la séance photos.

Et voilà, la séance est terminé sur la dernière touche d'humour. Celle-là, il était sûr que les fans allaient se l'arracher. Ils avaient apprit à assimiler ce que toutes ses filles aimaient : du contact et des mises en scène. Il manquerait plus qu'ils se passent la bague au doigt, Ryoma déguisé en mariée. Rien que cette idée fit pouffer de rire Natsu, ne partageant pas ses pensées à son meilleur ami. « Plus mignon que moi ? Je suis le visage du groupe, c'est moi le plus beau. » Ni l'un ni l'autre, il paraît que c'était Shojiro... M'enfin, avec tout ce qu'on entendait, ça changeait vite. « Mais j'aime bien l'image de l'homme viril donc j'accepte notre couple comme il est ! » Notre couple. C'était franchement étrange dit comme ça. Mais ils plaisantaient, ils pouvaient donc se le permettre. Imaginez qui était l'homme de la femme dans les autre couples, il supposait que Shun était celui qui portait la culotte, même si la diva n'en était pas moins très... diva. Natsu fut tiré de ses pensées de pairing – encore – par la main de Ryoma venu se glisser contre son oreille. Il porta ses doigts contre les fausses pétales et plissa le nez en adoptant une petite grimace. « T'as pas fini de me ridiculiser ? » Il rit et retira la fleur avant de la coincer entre ses dents, attrapant les épaules de Ryoma pour la lui donner... de bouche à bouche, bien sûr, leurs lèvres ne se frôlant même pas. Et hop, dernière photo prises par surprise et tout est bouclé. Mince, ça commençait à lui plaire de faire du fan service en public, soit dit en passant, pour les maquilleuses et les stylistes qui ricanaient comme des dindes. Natsu se recula et s'étira longuement. Un coup d'oeil sur sa montre. Déjà ? Tant de temps ? « On va grignoter quelque chose ? » De 9h, il était maintenant 11h. Deux heures à passer sous l'objectif, il faudrait qu'il pense à se nourrir de temps en temps – même s'il ne faisait que ça. Il sourit et passait déjà son bras autour de la taille de Ryoma, l'attirant avec lui dans l'espace « changement de vêtements » pour pouvoir enfiler ses propres habits et rendre les autres à la styliste, sans attendre d'approbation de la part de son meilleur ami. Il suffirait juste qu'il le kidnappe s'il ne voulait pas après tout.

Appuyé contre le mur à la sortie de l'étage photographie, il attendait Ryoma, faisant tourner et retourner son porte-clé autour de son doigt, passant sa main dans ses cheveux pour les replacer à sa convenance. Il y avait, un étage en dessous, une sorte de cafétéria, ils n'auraient qu'à aller là.

Tenue ■ Partir ensemble de la maison ? Ce matin lorsque je me suis levé,  quand je me suis demandé s’il était encore là, je n’étais pas déçu qu’il ne m’ait pas attendu, par déçut non plus de faire le chemin tout seul. Nos moments passés ensembles me manque, mais je mentirai si je disais que j’arrivais à faire abstraction de tout ce bazar que je vis au quotidien, j’ai l’air d’un gamin sans problème faisant des farces et pour ceux qui me croisent le soir, je suis juste un allumeur pervers qui recherche un coup d’un soir, je sais que j’ai ma réputation à tenir, je connais les endroits que je fréquente, mais si je suis devenu ainsi, c’est parce que je suis complètement perdu entre l’amour et l’amitié. Ça ferait une bonne chanson à reprendre tient ! Je devrais peut-être écrire les paroles de mes états d’âmes du moment, ça serait un succès j’en suis certain, mais je ne suis pas encore prêt à les montrer, les divulguer, en parler ou même qu’on comprenne que je ne suis pas « bien », hésitant, imprudent, insolent, ignorant, j’ai parfois des humeurs difficile à supporter, est-ce que j’arriverai à surmonter ça derrière les caméras ? C’est ce que je me demande souvent, combien de temps me faudra-t-il avant que cette « bêtise » ne devienne qu’un souvenir ? Ça fait déjà un bon moment que c’est arrivé et rien n’a changé.

Pourquoi n’ai-je pas réussi à dormir ? Est-ce que je pense trop ? Est-ce parce qu’il n’était pas à la maison ? Je ne sais pas pourquoi, mais dès que je l’ai vu il m’a fallu quelques instants pour que les portes de Morphée me soient de nouveau ouvertes, me poser des questions ne mène à rien, tout ce qu’il semble me falloir c’est du temps et de la distance, c’est ce que je crois. Loin des yeux loin du cœur ? Mais difficile quand on vit avec la personne qu’on tente désespérément d’oublier sentimentalement parlant. Et Natsu m’agace, il n'existe pas une cure pour ceux qui boivent mais n’en garde pas de souvenir ? Je sais pas, quelque chose pour faire revenir les images dans leurs esprits ? Non... Tant pis.

« Je ne m’en moque pas, crois-moi... Je trouve juste ça... Naze ? » Je souris quand même, ne voulant pas casser l’ambiance avec mes sautes d’humeur, passant ça sous le coup d’une moquerie non dissimulée. « Et puis tu te souviens jamais de rien, ment pas ! » Ou alors je le frappe ! Levant le bras pour mimer un coup, je gonfle les joues avant de rire doucement, oubliant pour l’instant ma frustration. La séance arriva à sa fin et la dernière scène mit du baume au cœur de tout le monde en provoquant un fou rire collectif, ça fait du bien mine de rien ! Puis voir Natsu me demander en mariage, quelle image ! Je ne peux pas lui dire que cela ne m’a pas plu, mais je ne peux pas lui dire le contraire non plus.

« Rêve pas ! » Dis-je en lui donnant des petites claques. « Heureusement, je n’ai pas vraiment envie que les gens m’imaginent en dominant, c’est glauque... » Ouai faut croire que j’aime bien être le soumis... Non mais je suis con parfois, sérieux ! Trop pervers pour mon visage d’ange. Mais je n’ai pas fini d’embêter mon meilleur ami, prenant une de ces fausses fleurs pour la mettre derrière son oreille, mélangé a ses cheveux couleurs de jaie, c’est superbe, j’applaudirais si je n'avais pas les mains prises ! Quoique... Je pause le bouquet et le fait juste pour l’emmerder ! À sa question je hoche négativement la tête en même temps que je laisse échapper trois mois : « Non, non non ! » Ouai, très varié et constructif, mais au moins c’est clair non ? Puis ça correspond bien au maknae chiant que je suis généralement, mon rôle me colle à la peau. Enfin c’était sans compter sur les idées farfelues de Natsu qui me fait face pour me donner la rose bouche-à-bouche, nos lèvres ne se touchent pas, mais mon cœur a reçu quelques soubresauts dont il se serait bien passé. Malédiction. La photo a été prise, les fans vont devenir folles, j’ai hâte de lire les commentaires sur internet !

« Grign... » Je n’ai pas le temps de lui répondre qu’on est déjà parti dans les « loges » se changer, remettant nos tenues initiales, démaquillés et remis à neuf tels que nous sommes arrivés, je ne sais pas trop ce que je fais, manger un truc ça ne doit pas être compliqué, mais dès que le « pairing » n’a plus de spectateur j’ai tendance à ne plus vraiment savoir comment me comporter, le fuyant, l’ignorant, qu’est-ce je dois faire ? J’aurais du refusé, mais Natsu est têtu, tellement chiant... Sortant de la salle, je vois mon best contre le mur, m’approchant de lui sans rien dire, je descends les marches jusqu’à lui et le regarde ouvrant la bouche comme pour laisser quelque chose en sortir, mais rien. Je soupire et continue la descente jusqu’à l’étage suivant, c’est vraiment étrange, je sais... Et je ne sais même pas quoi manger, ils n'ont pas de chocolat par hasard ?

Tenue. Naze. Comment pouvait-il trouver ça naze ? Lui, il n'avait pas ce problème-là, alors il pouvait juste éviter de pointer du doigt les points faibles de Natsu. Un soupire passa la barrière de ses lèvres, un peu vexé par sa façon de lui parler. Naze. Franchement ? Il lui donna une tape sur son épaule, évitant d'utiliser son poing pour ne pas lui faire un bleu. Il aurait l'air de quoi si on l'accusait de battre son maknae ? « Si ça se trouve, c'est parce que je ne veux juste pas me souvenir de certaines choses ! » Comment excuser ses blackouts quand il bois ? En trouvant une excuse bidon. Sans savoir qu'il donnait une excuse qui pourrait franchement blesser Ryoma. Non mais, il n'en savait rien lui, de ce qu'ils avaient pu faire et s'il l'avait su, croyez-moi qu'il n'aurais jamais dit ce genre de chose. Certes, il aurait été choqué, profondément, mais jamais il n'aurait trouvé ça dégueulasse ou... ou … en fait, ça lui aurait plut. Mais ça, il ne pourrait jamais y penser puisque, pour lui, rien ne s'était passé. Il avait juste été bourré et il avait été amené au lit, point.

Ryoma en dominant ? Il l'étudia longuement avant de hocher de la tête, il était d'accord avec lui. Ryoma, dominant, c'était deux mots qui n'allaient pas ensemble, c'était même pas crédible ! Il l'imaginait plutôt timide, prude, à se tortiller et barrer sa bouche pour éviter de... Natsu ! A quoi penses-tu ?! Il rit nerveusement, se cognant lui-même l'arrière de la nuque. Quitte à se donner encore plus aux dernières photos avant de retourner dans les « loges » pour se revêtir et se donner une allure moins photoshopé. Non, il n'avait pas attendu l'approbation de Ryoma. Depuis quand attendait-il son autorisation pour faire quelque chose avec lui ? Il avait toujours été celui qui prenait les devants, qui tâchait de tout partager avec lui. Il avait été son premier et seul ami jusqu'à ce qu'ils aient les membres du groupe avec eux. Il était le premier à qui il se confierait si quelque chose venait à le perturber alors autant que Ryoma en fasse pareil, non ?

Il l'attendait dans le couloir, son portable à la main en train de pianoter quelques sms aux autres membres, ne pouvant s'empêcher de taquiner Shun dans un de ses textos. Puis il releva la tête, suivant Ryoma des yeux. Il se décolla du mur, attendant ce qu'il avait à lui dire et fut perturbé qu'il ne lui adresse aucun mot. C'est quoi cette attitude ? Cette façon d'être tout à coup qui rendait l'air ambiant plutôt froid ? Il sourit et, son portable en main, le mit devant le visage de Ryoma qui continuait à descendre. Un petit clic et Natsu observa la photo qu'il venait de prendre. « C'est quoi cette tête Ryo ? » Il lui montra le cliché et descendit rapidement deux autres marches pour se placer devant lui, l'empêchant d'aller plus loin. « T'es trop silencieux à chaque fois qu'on est seul. Y'a quelque chose qui ne va pas ? Tu me le dirais si tu n'allais pas bien, hein ? » Il se pinça les lèvres, suspicieux. A moins que ça ne soit lui le problème ? « Je t'ai contrarié quelque part ? » Il releva son regard dans le sien, soudainement très inquiet. Est-ce qu'il l'avait froissé un jour ? Est-ce qu'il ne lui avait pas dit pour ne pas lui faire de peine, gardant tout pour lui jusqu'à ce que ça s'envenime trop dans sa petite tête ? Qu'est-ce qu'il n'avait pas fait ou qu'est-ce qu'il avait dit pour être à ce point contrarié ? Voilà, maintenant c'est lui qui se faisait des films dans sa tête, prenant l'attitude de Ryoma comme étant de sa faute.

Il avança sa main et la posa, comme il en avait l'habitude, sur le sommet du crâne de Ryoma, lui caressant le dessus de la tête. « Tu sais que tu peux tout me dire, depuis le temps, c'est ce qu'on a toujours fais, non ? » Il laissa glisser sa main le long de sa tête jusqu'à ce qu'elle soit stoppé par l'épaule de Ryoma, son index venant chatouiller faiblement le creux entre son cou et la base de son épaule. Soucieux mais toujours aussi attentionné envers lui, il ne lâcherait pas l'affaire, pas tant qu'il n'était pas sûr que tout allait bien. Si Ryoma n'allait pas bien, il n'irait pas bien, c'était comme ça depuis qu'ils étaient petit. Ça ne pouvait pas changer du jour au lendemain...

Tenue ■ Je viens de me prendre un coup de poignard, pas une éraflure, mais un bien piquant où ça fait mal, mon cœur battant commence à devenir douloureux, les mots de Natsu se veulent taquin, amusant, provocant, mais pour moi ils sont blessants, torturant et méchant. Pas se souvenir ? Il m’a pris ma première fois, tous deux on a uni nos corps, quand je ferme les yeux et revois la scène, quand... Je suis en colère, en colère contre moi-même d’être aussi sensible, en colère de réagir comme un idiot, je devrais vraiment oublier, vraiment ne plus y penser, qu’est-ce que faire l’amour de nos jours c’est vrai... Il s’en ficherait surement même s’il savait, au fond je me prends surement la tête tout seul pour des conneries, continuant de fuir, continuant de ne pas faire face, pourtant je perds toute ma détermination à ouvrir ma bouche impossible d’avouer une telle chose, je ne peux pas. Je ne comptais pas répondre, je n’avais rien à dire, pourtant inconsciemment je ne pus que balancer un :

« Lâche. » Assez sec. Remarquant le ton, un nouveau sourire contrat ce sentiment qui m’avait submergé, mais Natsu n’y était pour rien, ce n’est techniquement pas sa faute, bien qu’il soit coupable à mes yeux, coupable de m’avoir fait tomber amoureux de lui, coupable d’avoir couché avec moi sans me laisser croire une seconde qu’il puisse y avoir des sentiments dessous ses actes, non bien sur. L’alcool est vraiment une saloperie. Finalement on se change chacun dans notre loge avant de se retrouver dans la cage d’escalier, j’avoue que j’agis bizarrement comme souvent ses dernier temps, plus distant, plus froid, l’ambiance s'est refroidie, mais encore une fois je ne sais pas comment faire, comment agir. L’époque où nous étions des enfants innocent, insouciant, elle me manque vraiment, ces premières années à apprendre le chant ensemble, à former le groupe, tout était si simple, si beau, aujourd’hui j’en viens à le fuir pour des sentiments qui se sont manifesté alors que je ne leurs avait rien demandé, aimer, ça craint. Je descends les marches, avant de voir et loucher sur l’appareil photo du portable à Natsu, le flash est parti, le cliché est pris, OK, il m’a eu, je lui lance un regard l’air de dire « idiot » sans rien rajouter. Et en plus il me questionne, silencieux ? Que veut-il que je dise ?

« On t’a jamais dit que tu posais trop de questions ? Si je suis silencieux, tu es un vrai moulin à paroles ! » Je ne suis pas agréable, même quand j’essaie, mais... mais... Voilà quoi ! Et maintenant il se remet en question, ma tête va exploser, contrarié ? Est-ce qu’il m’a contrarié ? Je le fixe en soupirant, un peu blasé. « Il n’y a rien Natsu, je suis juste un peu... fatigué. » Elle a bon dos la fatigue, mais il sait que je n’ai pas beaucoup dormi ça peut marcher en ma faveur.

Sentant sa main sur ma tête je ferme les paupières et l’incline doucement, j’entendis sa question et je sentis sa main glisser, ses doigts dans mon cou, un frisson me parcourt et je « rejette » son bras pour continuer à marcher simplement.

« Les choses... changent. » J’avais parlé très bas, assez pour que je sois le seul à l’entendre,  mais je ne voulais pas à le blesser en agissant ainsi, c’est juste plus fort que moi, je suis prisonnier dans une cage dorée et je ne sais pas comment en sortir, comment tout faire redevenir comme avant, je suis un petit oiseau tournant en rond, totalement perdu. « Allons manger, c’est pour ça que tu m’as invité pas vrai ? » Je lui offre quand même une esquisse avant d’arriver à la cafétéria, faisant la queue pour commander, je regarde le menu puis une fois la commande passée, je pense à mon dessert, chocolat, chocolat, oh il y a même des desserts à base de... rhum... l’alcool... Je jette un regard à Natsu automatique comme un idiot, avant de souffler bruyamment allant m’installer à une table isolée, surement suivi de près par mon meilleur ami.

« Dis-moi que tu n’as pas commandé de poulet ! » Non sérieux avec Shoji je n'en peux plus de cette volaille. Bon faut trouver un truc à dire avant qu’il me dise que je suis bizarre et qu’il me coince avec ses questions auxquels je ne pourrais apporter de réponse, voilà pourquoi je ne veux pas être seul avec lui, j’ai l’impression d’être un livre ouvert en sa compagnie, heureusement qu’il ne lit pas dans mes pensées et encore moins dans mon cœur, sinon ça fait longtemps qu’il aurait pris peur et se serait enfui loin d’ici. Surement...

Tenue. Lâche ? Son ton avait été sec et l'avait vraiment surpris. D'accord, il déconnait mais il avait besoin d'être autant à fleur de peau ? On dirait vraiment qu'essayer de plaisanter n'est pas son fort aujourd'hui. Natsu pensa, d'ailleurs, à ne pas relevé la chose. Si Ryoma n'était pas de bonne humeur, il ne valait mieux pas le titiller. Éviter les sujets qui pouvaient le mettre en colère. Notamment le sujet de l'alcool, apparemment, ça ne lui plaisait pas de parler de ça puisqu'il était assez froid dès qu'ils en parlaient. Natsu prit vite la poudre d'escampette, prétextant avoir faim – ce qui était vrai – et lui proposant de l'inviter au moins pour le détendre. Avec une peu de chance, il y aurait du chocolat quelque part dans le menu et il pourrait en offrir à Ryoma, de sorte à lui remonter le moral et à le rendre de meilleur humeur. Vraiment, ne pas assez dormir le rendait bougon à tel point que Natsu s'assurerait qu'il dorme suffisamment ce soir !

Ils descendent les escaliers mais Natsu est préoccuper par l'état de son meilleur ami. Qu'est-ce qui peut le mettre dans un tel état ? La fatigue ? Ils avaient souvent fait la fête et avait souvent plus ou moins mal dormit et jamais Ryoma n'avait été aussi exécrable. Il tenta même de trouver un moyen pour le faire parler mais rien. Il mettait justement ça sous le compte de la fatigue et Natsu commença à y croire. Peut-être rentrerait-il plus tôt de sorte à ce que Ryoma puisse faire une sieste ? Ça ira sûrement mieux après. « Tu es bien moins mignon quand tu es dans cet état. » Il tenta de lui offrir un sourire, histoire de lui en soutirer un mais c'était presque peine perdu. Les sourires qu'il tentait de lui offrir en échange ressemblait à des grimaces tant ils étaient forcés. Natsu aurait pu en rire mais non, il n'en avait pas envie. Voilà, maintenant il était préoccuper. Préoccuper par ce qui pourrait faire du mal ou gêné Ryoma. S'était-il disputé avec un des autres du groupe ? Inconsciemment, il pensa à Miyuki et se dit que ça ne serait pas plus mal qu'il se soit légèrement disputé. Il ne souhaitait pas le malheur mais les savoir si proche s'était intenable, un peu comme si Ryoma le remplaçait tout doucement et ça le titillait légèrement dans son orgueil... ou bien parce qu'il tenait trop à son amitié. Son bras retomba le long de son corps et il se tourna pour suivre Ryoma, sans ajouter un mot de plus. Depuis quand évitait-il sa main ? Depuis quand évitait-il ses caresses ? Il se mordilla la lèvre, son regard planté sur la nuque de Ryoma, son cerveau commençant à bouillir sous toutes ses questions sans réponses. « Hm ? Oui. Allons manger. » Il descendit les dernières marches rapidement pour être à ses côtés et ils s'en allèrent jusqu'à la cafétéria.

Il observa le menu, grimaçant dès qu'il vit le poulet. Avec un peu de chance, il éviterait de se transformer en volaille à force d'en manger... il prit du bœuf, la nourriture qu'il favorisait et qu'il mangeait bien trop rarement. La faute à celui qui prenait toujours du poulet en repas... Pas de dessert, étonnant n'est-ce pas ? Il avait commandé un gâteau au chocolat, dans l'idée de l'offrir à Ryoma. Il n'abandonnerait pas son idée de le rendre plus joyeux. Il était là pour ça après tout. Il suivit son ami et s'installa face à lui, son buste s'écroulant sur la table comme une grosse larve. « Boeuf. J'ai trop envie de bœuf. » rien que d'y penser, il en avait l'eau à la bouche. Il posa son menton sur son bras replié, son regard levé sur le visage de Ryoma. « On rentre après ? On va se faire une bonne sieste bien mérité. Si t'es fatigué, faut que tu dormes. Ton sourire et ta bonne humeur me manque. » Il lui tira la langue, taquin et se redressa sur sa chaise, collant son dos contre le dossier, droit comme un i, balayant la salle du regard. Bien vite, leur plateau leur fut apporté et il observa le bœuf, fumant, dans le bol face à lui. Déjà, ses yeux pétillèrent de bonheur. Le gâteau au chocolat, il le poussa en direction de Ryoma. C'était comme s'il avait besoin de se faire pardonner de l'avoir mit de mauvais poil.

Le silence était lourd. Trop pour Natsu qui ouvrit la bouche après avoir avalé la bouchée de bœuf. « Tu t'es pris la tête avec Miyuki ? » Sa voix avait été sérieuse mais avec une pointe de... de jubilation ? Depuis quand était-il heureux que les membres du groupe se disputent ? Non, c'était pas vraiment ça. C'était juste que ça l'arrangerait si Miyuki et lui ne se collait plus autant... en vérité, il sentait poindre, jour après jour, une once de jalousie envers Miyuki. Parce que Ryoma était son meilleur ami et qu'il l'avait connu bien avant, il était donc normal que Ryoma soit plus proche de lui que de Miyuki. Il se racla la gorge, chassant rapidement le petit sourire au coin de ses lèvres en enfournant dans sa bouche un autre morceau de bœuf.

Tenue ■ Je n’aime pas être distant, être méchant avec Natsu, le repousser me fait mal, quand je repense à tous nos moments passés, nos rires partagés, nos câlins spontanés, nous sommes des âmes-sœurs, il est mon meilleur ami, mon frère, ma famille, c’est un tout et depuis qu’on se connaît ça n’a jamais changé. Pourtant des sentiments non désiré mettent à l'épreuve notre amitié, pourquoi suis-je le seul à avoir reçu cette flèche perdue, cupidon et ses conneries, je suis maudis. Il est parfois difficile de se faire une raison, j’avance en essayant de me protéger, de sauver notre relation, mais au fond je la mets en danger inconsciemment, je ne peux aller contre mes émotions, je deviens impulsif et fuyant, Natsu ne mettra pas longtemps à comprendre que je l’évite, qu’une chose s’est brisé, mais c’est tout le contraire... Rien ne s’est brisé, c’est juste « trop », trop pour moi, mon cœur ne le supporte pas, mon corps semble parfois m’être inconnu, les seuls changements résident en moi et en ce que je ressens. Natsu est le coupable autant que la victime, tout comme je fus la victime avant d’être le coupable, la seule différence est que lui ne le sait pas, vivre dans l’ignorance doit être simple, mais se souvenir pour deux est une malédiction dont je ne pourrais me détacher.

Mettre tout sur le coup de la fatigue, ignorait ses paroles, il peut me trouver moins « mignon » je ne peux pas changer ça, je me force à sourire, à essayer d’être comme avant, mais je n’y arrive pas. Seuls les gens, les caméras peuvent changer ça, le privé me fait simplement retomber dans mes pensées et dans la réalité, le rideau bouclé je redeviens perturbé et agacé. La cafétéria atteinte, on finit par commander nos menus avant de s’installer, pas totalement muet je le questionne sur la viande qu’il a prise en priant pour qu’il ne me sorte pas le poulet, on pourrait finir par faire une overdose à cause de notre cher leader totalement accro à ce volatile de pacotille. Du bœuf hein ? J’ai hésité entre la viande rouge et la viande blanche, mais j’ai pris du porc. Le regard perdu et vide, je ne regarde même pas Natsu qui finalement attire mon attention quand il se remet à parler. « désolé. » Simple hein ? Mais que puis-je dire, que dois-je faire ? Je n’ai même pas répondu à sa question, j’ai l’air simplement absent et totalement distant, je ne suis pas là, il n’est pas là... je le vois pourtant, mais je maudis son ignorance, je suis blessé et il ne le sait pas, il ne comprend pas, il... Je soupire simplement, me maudissant aussi, ça n’arrête pas, quand je suis avec lui mon esprit est encombré, totalement remplis des visions du « passé » et ça me détruit que davantage, me frustrant et me faisant regretter tout simplement.

« Hein ? » Première réaction normale, me prendre la tête avec Miyuki ? Pourquoi ? Je le regarde comme s’il venait de dire la plus grosse connerie au monde, surtout qu’il semble... content ? Je ne comprends pas, je le fixe sans un mot tentant de deviner ses pensées, mais c’est sans espoir.

« Non. » Très constructif, je vois alors le gâteau qu’il a poussé vers moi et je souris devant le chocolat, c’est bien mon péché mignon, ma faiblesse et il le sait, attrapant le gâteau je serai tenté de le manger avant le repas qu’on vient de nous emmener, mais je le pose à côté en disant simplement d'un ton tout de même plus enjoué que précédemment « Merci ! Tu aurais dû prendre un dessert pour toi aussi. » Wow enfin une phrase ! Coupant un bout de ma viande, je finis par reprendre.

« Pourquoi tu pensais que je m’étais disputé avec Miyuki ? C’est impossible tu sais bien. » Impossible hein ? Je sais que ça ne l’est pas, mais inconsciemment j’ai l’impression qu’un truc le dérange et j’appuie dessus comme si je voulais faire mal ou toucher un point sensible... Je suis un monstre.

Tenue. Il n'en peut simplement plus. Même s'il ne le ressentait qu'un tout petit peu, c'était trop pour lui. Ryoma agissait comme s'ils s'étaient disputés et, à sa connaissance, ça n'était pas arrivé. Il y avait une tension qu'il n'arrivait pas à deviner et il imaginait que c'était de sa faute. En tout cas, si Ryoma était aimable avec tout le monde sauf avec lui, c'est qu'il avait un soucis avec Natsu. Même dans l'espoir d'en apprendre plus sur son état d'esprit, rien ne changeait. Il était sans cesse renfrogné avec ce même sourire qu'il devinait forcé. Depuis quand Ryoma avait besoin de faire les choses de façons forcées avec lui ? Il ne le montrait pas mais l'inquiétude qui grandissait en lui allait finir par exploser à un moment donné...

Natsu commença à déguster son repas, se régalant de son bœuf mariné. C'était un plat tellement délicieux qu'il aurait pu payer de son corps pour en avoir ! Ça change tellement du poulet que leur leader ramenait tous les jours. Ils allaient finir par tous se transformer en petit poussin à crête rouge. Non mais vraiment, c'est pas parce qu'une personne avait une nourriture favorite qu'il fallait forcément qu'ils mangent de ça tous les jours, si ? Il faudrait penser à faire un roulement sur celui qui se chargerait du repas. Natsu, c'était certains, apportera toujours du bœuf. La réponse de Ryoma le surpris autant par son intonation que par son attitude. Il semblait surpris qu'il puisse penser ce genre de chose. Pourtant, c'était bel et bien ce qu'il avait espéré à un moment donné. Que lui et Miyuki pouvait s'être enfin séparé. Oh mon dieu, il pensait d'eux comme d'un couple. Il aurait pu en rire si la réponse n'avait pas résonné dans son crâne. Non. Ça n'arrivera jamais. Jamais ? Vraiment jamais ? Natsu avala difficilement la bouchée de bœuf. Il le regarda et haussa les épaules, observant son plat qui, soudainement, ne lui faisait plus envie. « On sait jamais... ça se pourrait que tu te sois disputé avec lui. En même temps, à rester toujours coller ensemble, ça peut apporter des tensions. » Il ne sait pas vraiment si c'est le ton un peu froid qu'il avait employé ou cette façon d'essayer de lui faire comprendre qu'ils étaient trop ensemble, mais Natsu s'était lui-même surpris. Il soupira et attrapa son verre d'eau pour le boire d'un trait. Heureusement que ce n'était pas de l'alcool.

Il se racla la gorge et reporta son regard sur Ryoma, un court instant, avant de reprendre l'observation des oignons frits baignant dans la sauce. « Miyuki est parfois un peu exigeant. Il a des envies quelques peu personnelles, il ne te ressemble pas vraiment. » Il sourit et posa ses baguettes sur son plateau. Voilà, il n'avait plus faim après avoir mangé la moitié de son plat. Son dos se cogna après le dossier de la chaise, posant sa main sur son ventre comme s'il avait trop mangé, ce qui était faux, il n'avait juste plus faim. Il allongea ses jambes et ses pieds vinrent se placer entre ceux de Ryoma, poussant même légèrement sa jambe pour s'y faire une place. C'était pas vraiment gênant ce genre de contacts, ils en avaient souvent eux, surtout que c'était assez innocent et sans arrières-pensées mais du côté de Ryoma, ça pourrait être encore plus perturbant. Avouez qu'il jouait avec le feu sans même s'en rendre compte !

« Bon, et ce dessert ? » Il attrapa la cuillère de Ryoma et lui vola un petit bout de gâteau au chocolat, laissant un instant fondre la gourmandise sur sa langue. C'était délicieux. Il reposa la cuillère, pas vraiment décidé à lui voler son dessert. Il savait parfaitement que c'était son péché mignon et il serait capable de lui en offrir plein juste pour être sûr de voir encore ce sourire et ce regard pétillant. Ryoma le rendait dingue de par son comportement. Allez, on inspire, on expire, on oublie la mauvaise humeur du maknae et on avance. Ça ira peut-être mieux demain ?

Tenue ■ Parfois j’ai cette envie de lui faire mal, je ne suis pas sadique, la perversité et le sadisme sont différents, je veux le blesser sans lui faire mal, je suis indécis et totalement perdu dans mes propres idées, perturbé par mes agissements tout comme les siens, il est toujours le même, mais pas moi. Sait-il que je sors souvent la nuit, combien de personnes je laisse toucher mon corps ? En a-t-il seulement idée à quel point je veux que tout redevienne comme avant ? Je veux oublier et arrivé à avancer pour retrouver réellement notre complicité, je veux rire de ses blagues, le câliner sans avoir d’arrière pensé, je veux pouvoir l’appeler pour rien et dormir dans son lit blottit contre lui en toute innocence, mais peut-être que c’est impossible. Tout comme je lui dis qu’il est impossible que moi et Miyuki on se dispute, il sait que nous sommes proches, on fait nos coups ensemble et on passe beaucoup de temps tous les deux, mais je suis le premier qui devrait savoir que rien n’est impossible. Peut-être que j’espère une réaction de sa part, que cela le fasse chier, qu’il soit jaloux, qu’il... est-ce vraiment impossible ? Mon corps me semble douloureux, non... c’est surement cet organe qui l’est, je mange, je suis là assis, mais je n’ai qu’une envie c’est de partir, de m’échapper, de fuir encore une fois cette fatalité.

« Comme nous ? » Je regrette immédiatement mes mots... mais j’avais l’impression qu' il me passé un message à travers cette phrase alors que non, je suis réellement proche de Miyuki, mais je suis un abruti, me giflant mentalement, si je lui donne des indices je ne m’en sortirais jamais. Je garde mon regard dans mon plat, l’air de rien, mangeant ma viande tranquillement. À ses nouveaux mots je lève les regards vers Natsu et lui dis simplement. « Les contraires s’attirent tu sais ? » Bordel, mais ferme là Ryoma ! Je me frapperai si je le pouvais, mais cette tension c’est moi qui l’ai créé, j’en ai marre, je suis fatigué. Je soupire attrapant une nouvelle bouchée de ma viande alors que ma main lâche soudaine la fourchette perdant toute mes forces, cette dernière résonne dans un bruit assourdissant en entrant en contact avec la table, j’ai l’air « choqué » plus que surpris par son geste, mon corps frisonne, ces attentions qui autrefois étaient anodines ne le sont plus. Natsu... ne me fait pas ça. Il peut bien gouter mon dessert, le manger s’il veut, mais me toucher de cette façon, je suis à fleur de peau, je combats contre toutes ses tentations, combien de fois ai-je eu envie de lui dire, de lui crier ce qu’il a fait, ce qu’on a fait... combien de fois ai-je voulu qu’il l’apprenne, qu’il m’accepte, qu’il ... me prenne. Je rêve de ses doigts me touchant, de ses lèvres contre les miennes, de sa peau épousant mon épiderme, de nos voix s’usant sous la passion du plaisir, j’ai peur de mes propres pensées, de ce qu’un jour je pourrais faire. Natsu doit me voir comme un idiot, ne rien comprendre à mes agissements, me trouver bizarre et plus encore, mais... mes raisons ne sont-elles pas suffisante pour que j’ai le droit d’agir de cette façon ?

Automatiquement je recule ma chaise sans discrétion, éloignant sa jambe des miennes, je ne le regarde pas, je regarde mon dessert qu’il a gouté, cette cuillère qu’il a léchée, je... si je pouvais simplement m’enterrer dans un trou et attendre que tout ça se tasse. Je souffle et termine rapidement mon repas, je me force à le finir, je suis comme ça. Le dessert je risque de faire un truc qui va le choquer, mais j’essuie la cuillère... je l’essuie devant ses yeux comme s’il avait la gale, comme si je n’avais plus envie d’avoir de contact avec lui, depuis quand dois-je agir aussi violemment, pourquoi suis aussi faible.

Désolé... désolé. De centaines de désolé résonnent dans ma tête, des milliers même. Désolé Natsu, désolé de te faire ça, désolé de te laisser dans l’ignorance, désolé de te blessé, désolé d’être un lâche, désolé...désolé. Et d'un autre côté je suis accusateur de ce qu'il me fait.

« On devrait rentrer... » Je termine le dessert dont j’ai dégommé autant le mien que le sien, le chocolat ne fait pas long feu avec moi, ça me donne envie de sourire et d’en commander d’autre, mais mon esprit est préoccupé et même ça, je ne suis pas sur de pouvoir l’arranger avec mon addiction.

Tenue. C'est quoi son jeu, là, hein ? Où il veut en venir pour être comme ça ? Il a quelque chose à dire, qu'il vide son sac plutôt que d'agir de cette façon. Tout ça commençait vraiment à lui être insupportable. Un pas en avant pour Natsu, deux en arrières pour Ryoma si ce n'était pas plus. Il commençait sérieusement à monter en pression, comme une cocotte minute qui finiraient bien par exploser à un moment donné. Il aurait même préféré que l'abcès soit crevé plutôt que ça dur de cette façon. Il avait l'impression de n'être plus qu'un étranger. Non, une connaissance. Voilà, une connaissance avec qui il passait juste quelques heures sans plus. Bon dieu, où était leur amitié ? Où était passé ce qu'ils avaient vécut ? Envolé comme une feuille morte au vent. Son regard était rivé sur celui de Ryoma qui, lui, ne semblait pas vouloir assumer ses paroles. Comme eux. Comme eux parce qu'il y avait une tension, là ? Qui la créait ? D'après Natsu, c'était purement et simplement son meilleur ami. C'est lui qui était étrange alors que lui voulait juste le faire sourire un peu et oublier ses tracas. Il n'aurait jamais pensé que Ryoma puisse agir ainsi, surtout en voyant tout ses efforts. « Parce qu'il y a une tension ? Où ça ? » Il voulu encore user d'un peu d'humour en jetant un regard tout autour de lui, souriant seul face à sa connerie mais bien vite, Ryoma le remit à sa place. Trop vite il redescendit sur terre. Les contraires s'attirent ? Parce que Miyuki et lui s'attirait ? D'où ? Dans quel sens ? Comment ça pourrait être autrement qu'en amitié, hein ? Pourquoi est-ce qu'il en venait même à penser qu'il pourrait peut-être s'agir d'autre chose ? « Tu vas pas un peu loin ? C'est juste notre ami. » Ou alors il voulait juste s'en persuader. Non, Miyuki était trop après Shun, c'était autre chose avec Natsu. Il ne pouvait pas simplement lui voler son meilleur ami comme ça.

Ses doigts s'étaient crispés sur son pantalon, au niveau de ses genoux et c'est la douleur de ses muscles qui lui fit rappeler cette position. Il desserra ses doigts, les bougeant un peu en faisant même craquer ses os et posa ses paumes sur la table tout en s'étirant jusqu'à ce que ses pieds le touche, le frôle, s'immisce entre ses jambes. Juste comme ça, posé. Et encore une fois, Ryoma eut une réaction un peu exagérée. Un sourire crispé, forcé, comme s'il cherchait à lui montrer que ça l'amusait alors que ça le blessait. Essuyer cette cuillère comme s'il était malade alors qu'ils avaient déjà même partager une bouteille d'eau ! Non, Ryoma avait quelque chose contre lui. Ses narines tressaillirent, se gonflèrent alors qu'il prenait une forte inspiration silencieuse. C'était le signe évident qu'il était sur le point de craquer, ouvertement. Ses lèvres se refermèrent et se pincèrent. Il ne vit même pas le gâteau finir dans la bouche de son meilleur ami, il était... ailleurs. Y aller ? Un court instant, Natsu se demanda où mais il retrouva rapidement ses pensées. Il se leva, poussant sur l'arrière de ses jambes pour pousser la chaise. Il attrapa son plateau et passa devant le nez de Ryoma, toujours avec cette même mine. Il attendait juste de ne plus être dans la cafétéria pour s'expliquer pour de bon. Cette fois, il ne tournerait pas autour du pot. Le paiement effectué, il sortit, en compagnie de son meilleur ami mais à peine celui-ci eut-il passer la porte de la cafétéria qu'une main lui agrippa le bras. Tout se passa très vite. Deux corps qui se glissent dans les toilettes, et la porte qui se referme sèchement sous le poids de Ryoma s'y faisant littéralement plaqué, sans vraiment de douceur. Clic. Porte close. Ses deux mains posées de chaque côté de sa tête, Natsu avait son regard rivé dans celui du plus jeune. Il ne pourrait pas s'échapper sans lui donner d'explication. Si leur amitié était gâchée, autant que ça soit avec de bonne raison ! « J'en ai marre Ryoma. Qu'est-ce qui se passe ? T'as intérêt à tout me raconter, tu peux pas juste te contenter de me jeter des piques dans la figure sans que je n'en sache la raison. Je t'ai fais quoi ? C'est quoi le soucis ? » Cette fois, son air grave annonçait clairement qu'il n'allait pas juste le laisser filer. Il le laisserait filer quand il saura, point barre. « Franchement, ton amitié avec Miyuki, je m'en fous. Mais que tu me mettes de côté, ça par contre je m'en fous moins. T'es vraiment froid avec moi ça fait un moment. Je pensais juste que c'était ton humeur, le boulot, tout ça mais ça dure trop. Et y'a qu'avec moi que t'es comme ça. T'es bien sur scène et après tu m'évites. T'en a marre de notre pairing ? Si c'est ça, change, prend qui tu veux, prends Miyuki ! » Okay, là, ça sonnait clairement comme de la jalousie et il avait un peu élevé le ton de sa voix au prénom de Miyu mais tant pis, c'était fait. « Mais juste arrête d'être comme ça avec moi. » Parce qu'il ne le supporterait pas plus longtemps. Il finirait vraiment par péter un plomb de le voir si loin de lui.

Tenue ■ Je parle trop, je laisse trop mes sentiments s’afficher, le problème c’est qu’en connaissance de cause Natsu n’a pas le « droit » d’être en colère contre moi, sauf que justement il ne sait rien, mes agissements pour lui sont incompréhensibles et il va vouloir des réponses, je le connais... oh oui, je le connais et il ne va jamais lâcher, il ne s’enfuira pas comme moi je le fais. Quand il me questionne sur la tension je l’ignore, quand il me demande si je ne vais pas trop loin je l’ignore, mes lèvres restent fermées, comme dans l’incapacité de répondre à ses questions, que puis-je dire pour le satisfaire au fond ? Rien, je ne peux rien dire. Finalement après avoir agi de manière encore plus soupçonneuse devant mes gestes de repousses consécutives, je vois venir la colère de Natsu à des kilomètres, je suis prêt à la prendre de plein fouet quand il en aura marre, mais je ne peux pas lui avouer mon problème, je ne peux pas non plus faire comme si de rien n’était, j’ai besoin de temps, mais il ne comprendra jamais... Une prise de tête difficile, je propose simplement de rentrer, je deviens méchant, cruel et repoussant envers mon meilleur ami, tout ce que je voulais éviter et tout ce que je chercher aussi, lui faire mal, le blesser, ai-je réussi ? Je suis un salaud, un idiot, un gamin, un... Je ne sais même plus ce que je suis au final.

Mais à peine mes pieds quittèrent la cafétéria que je fus tiré par le bruit dans les toilettes avant d’être plaqué sans douceur contre la porte. Prisonnier. La porte fermée, je fais face à Natsu, rempli d’incompréhension, de colère, il ne me laissera pas m’en aller, il ne le fera pas, pas vrai ? Je déglutis devant toutes ses questions, je tente de baisser les yeux, de baisser la tête, de dévier son regard, mais impossible... J’ai envie de pleurer, je veux pleurer, je veux... Je pince mes lèvres me retenant d’être emporté par mes émotions, mes sentiments, je ne suis pas aussi faible bordel ! Je ne peux pas être aussi lamentable.

« Tu n’as qu’à te souvenirs... » Mes mots étaient faibles, mais finalement mon regard devient plus froid, plus direct, plus déterminé. « Si tu veux des réponses, tu n'as qu'à deviner... pour toi tout est facile. » Je ne dirai pas ce qu’il veut entendre, je ne lui donnerai pas mes raisons, mais...

« Arrête de faire une fixation sur Miyuki ! Qu’est-ce que ça peut te faire que je sois proche de lui ou pire encore, ça t’embête, ça te fait chier, tu es jaloux ? » L'entendre parler ainsi me fait mal, mais je suis pire encore et je le sais...  Je suis méchant, mais je dois contrer la douleur par la douleur, c’est le seul moyen. Pourtant sans crier gare des larmes coulent sur mes joues, je ne les remarque pas, laissant simplement un : « Je ne peux pas... » s’échapper. Il se posera d'autres questions, il tentera de comprendre, mais je ne veux pas qu’il le fasse, juste qu’il me laisse seul, qu’il m’oublie pour l’instant, je vais finir par lui faire trop de mal, mes mots, mon comportement je ne veux pas blesser celui que j’aime, c’est trop cruel. Ça doit cesser...

« Natsu, laisse-moi partir. »

Tenue. Qu'il lui dise ce qu'il avait à lui dire, c'était aussi simple que ça. A quoi ça servait de tourner autour du pot ? Qu'est-ce qui était assez important pour qu'il n'ouvre pas sa bouche pour sortir une phrase normalement constituée, avec un sujet, un verbe, un complément, bref, le truc normal pour pouvoir le comprendre. C'était juste ce qu'il lui demandait, rien d'autre. Mais ça semblait trop compliqué pour Ryoma visiblement puis qu'il lui demanda de... de se souvenir. Là était le problème, se souvenir de quoi ? Il commençait à lui courir sur le haricot à présent. Il tiqua, ses doigts se crispant sur le bois de la porte. « Parce que je dois deviner en plus ? J'ai pas envie de jouer à ça Ryoma. Si tu as quelque chose à me reprocher, faut que je sache de quoi ! Tu peux pas te contenter de me balancer des indices... enfin là, y'a aucun indices d'ailleurs. »

Jaloux. Oui, il était jaloux. Jaloux d'imaginer Miyuki avec Ryoma, partageant les délires qu'ils avaient partagés, partageant les fou-rire, les boissons, les gâteaux, les peines, les colères. Si ça se trouve, Miyuki était même au courant de l'attitude de Ryoma envers lui. Si ça se trouve il en connaissait les moindres détails ! Une vague l'enveloppa et à un moment, il cru qu'il avait frappé la porte mais non. Il était resté bien immobile, le regard rivé sur lui. Pire qu'une amitié ? Pire qu'être proche ? Ça voulait dire quoi ? C'était quoi, pour Ryoma, d'être pire que proche. Est-ce que c'était... non... quand même pas, hein ? Le maknae ne pouvait pas faire ses choses avec Miyuki... Il n'était pas contre l'homosexualité, mais il n'était pas d'accord que Ryoma le soit. Enfin non, c'était pas ça. En fait, il ne supporterait pas que quelqu'un le touche de cette façon là. Cette façon intime. Cette façon perverse et sexuelle. Quelqu'un d'autre, non. « J'suis pas jaloux... » Mais sa voix sonnait pourtant comme l'inverse de sa pensée. Il l'était. Il était vraiment jaloux. Il le sentait, il n'y avait plus aucun doute. C'était tout au fond de lui mais il arrivait à l'entrevoir. Il pouvait même palper cette jalousie et, avec un peu de chance, il pourrait la tasser pour ne pas qu'elle remonte trop à la surface. Pourquoi être jaloux ? Parce que Ryoma ne lui appartenait pas. Il n'était pas qu'à lui. Il n'était à personne. Son souffle le quitta un instant, manquant de peu de faire une asphyxie. Ses lèvres se tintèrent légèrement mais plus sous la force de ses dents. Ne lui dit pas que tu es jaloux... « Je suis... » Il n'eut pas le temps de lui avouer sa jalousie que les larmes de Ryoma le bouleversèrent complètement. Il pleurait ? Depuis combien de temps ne l'avait-il pas vu pleurer à part lors de fin de concert, lors de remerciement ou d'hommage ? Il pleurait, seul, face à lui. Ça n'était plus un jeu et Natsu le comprenait très bien. Il avait mal, il souffrait et lui... lui il était incapable de le consoler parce qu'il ne connaissait pas la cause. Pour la première fois, il se sentit démunit, impuissant face à sa blessure. Il s'adoucit aussitôt, sa colère retombant d'un coup. Les larmes de Ryoma avait cet effet coup de poignard qu'il se recevait en plein cœur. « Je... »

Il le regarda un moment avant de ne plus pouvoir se contrôler. Ses mains glissèrent de la porte pour se loger dans le dos de Ryoma et l'attirer contre lui, contre son corps. Il le serrait si fort qu'il serait impossible de lui arracher son meilleur ami maintenant. Son souffle était à mi-chemin entre le lent et le rapide. C'était chaotique, autant dans son souffle que dans son cerveau. « J'suis désolé Ryoma. Pour ce que j'ai pu faire, dire ou même ne pas faire ou ne pas dire. Je sais pas ce qui se passe mais je suis désolé. Pardon... Vraiment Ryoma, si c'est par ma faute que tu es dans cet état, alors oui, je suis impardonnable. Laisse-moi une chance de réparer mes erreurs, s'il te plaît. » Il remonta une main sur sa nuque, caressant la base de ses cheveux, comme il l'avait très souvent fait avec lui. Ses cheveux, il ne pouvait jamais s'empêcher de les lui toucher. Qu'il ne s'enfuit pas vers un autre. Que ça soit Miyuki, Shun ou un total inconnu. C'était lui. C'était eux. Personne ne pouvait douter de ça, pas même les principaux concernés. Qu'il le laisse partir ? Ce fut à son tour de refuser. « Je ne peux pas... » Non, il ne pouvait pas le laisser partir, ni même desserrer ses bras de son corps. Il avait mal. Ryoma pleurait et c'est le cœur de Natsu qui se brisait instantanément. Comment pourrait-il se regarder dans une glace maintenant qu'il savait qu'il était une cause inconnue à la douleur de son meilleur ami ? Comment il pourrait fermer l'oeil de la nuit maintenant qu'il savait que c'était plus qu'une simple égratignure. On ne pleure pas pour une griffure... on pleure pour une plaie béante.

Tenue ■ Je devais me calmer, je supportais cette situation depuis un moment maintenant, c’était passé, j’avais trouvé comment m’occuper et j’arriver doucement à gérer... Enfin c’est ce que je croyais, mais au final je ne faisais que fuir la réalité et ça a simplement éclaté, je ne dirai rien, je peux pas répondre à toutes les questions qu’il se pose et je ne peux que regarder dans ses yeux l’incompréhension devant mes actes égoïstes. Lui demander de se souvenir est cruel... Il ne se souviendra jamais, comment pourrait-il seulement penser ou imaginer ce qui s'est passé entre nous, non... ça ne fera que nous mettre dans l’embarras et encore plus nous détruire lui et moi. Des indices ? Je ne veux pas lui en donner, je sais que j’aurai dû la fermer et c’est d’ailleurs ce que je fais, je ne dis plus rien, je reste muet. À part pour lui demander concernant Miyuki, il semble jaloux de ma relation avec lui, surement est-ce une possessivité amicale, nous étions les premiers, nous étions toujours ensemble, cette distance doit l’agacer et je le comprendre, ses sentiments sont erronés, c’est juste sa fierté qui est blessée de cette distance que j’ai crée, voilà tout... Il n’y a rien de plus à penser, rien du tout.

Même s’il me dit qu’il n’est pas jaloux avec une voix contradictoire, je préfère croire ses mots, imaginé qu’il ne l’est pas vraiment plutôt que d’être blessé à avoir trop d’espoir en vainc, je suis un idiot, mais mon cœur a assez souffert, je ne suis qu’un gamin au fond, je ne comprends rien. J’entends ses mots hésitant, mais sans que je ne le remarque ce sont mes larmes qui font irruption, je ne les sens même pas, elle coule sur mes joues comme si elle voulait retranscrire ce que mon cœur ressent sans même m’en demander la permission, la peine, la colère, les blessures, cette douleur, tout est si facile à exprimer avec des pleurs, je ne voulais pas me montrer faible, à quoi bon lui faire face avec un visage larmoyant alors qu’il restera toujours ignorant.

Rapidement je sens le mouvement de ses mains glissé, au début je pensais qu’il capituler, me laissant m’échapper, m’en aller sans chercher à me faire parler, mais c’est dans mon dos qu’elles viennent se loger, me tirant vers lui, mes bras pendant le long de mon corps, serrant mes poings sans savoir quoi faire, surpris et... Je mentirai si je disais que cela ne me faisait pas du bien, sentir ses bras m’enlacer, ma tête posée au creux de son cou sentant cette odeur familière, je...

Réparer ses erreurs ? C’est impossible... On ne peut pas revenir en arrière, il ne peut pas changer mes sentiments ni même me rendre cette nuit, je ne le veux pas. Il ne peut pas s’excuser, je suis en tort car je ne veux pas les accepter, j’aimerais qu’il se souvienne, j’aimerais qu’il comprenne par lui-même, pas qu’il me demande pardon, je ne peux pas juste « oublier » j’ai essayé, mais je n’ai aucune garantie que cette distance m’aidera, je suis encore perdu, réfléchissant entre ses bras rassurant et réconfortants, mais... Doucement je remonte mes mains pour les poser sur son torse et dégager une pression pour m’en séparer, j’ai vraiment besoin de remettre mes idées aux clairs, je veux juste être seul et mon regard se veut suppliant, juste un moment, qu’il accepte de me laisser partir...

Désolé Natsu, c’est ce que mes lèvres mimèrent sans prononcer aucun son, ne lui laissant pas le temps de réagir ou de me retenir, j’ouvris la porte quittant les toilettes pour m’enfuir comme un lâche, où je vais, ce que je fais... ? Je ne sais pas, je dois juste m’isolé, j’ai besoin de reprendre mes esprits, de ne plus me torturer... nous torturer.