TENUE  ♦ On était bientôt en été, il faut dire que les saisons passent vite, Hyuk et moi nous sommes mis en couple en février, le temps avance et on est de plus en plus amoureux, la « routine » est presque inexistante et ne devient pas pesante, au contraire je n’ai jamais été aussi bien que depuis qu’il est entré dans ma vie. Je connais ses doutes vis-à-vis de sa famille et a contrario je sais que la mienne sera heureuse de le rencontrer, ils verront en lui le rayon de soleil capable de me sauver de l’obscurité tel un messie. Je doute que mon frère leur ai parlé de lui en profondeur ou même en surface voulant surement me laisser leur faire la surprise, j’ai prévenu simplement que je passerai ce weekend un peu improvisé comme voyage, mais je veux que tout ce qui bloque mon amant soit effacé, rayé de son esprit pour reprendre le cours de notre vie sans jamais se retourner sur des craintes ou des peurs qui pourraient nous séparer. J’ai imposé ce voyage à Hyuk sur un coup de tête, mais il a accepté et j’ai qu’une hâte c’est d’arriver en Corée, même si je mentirai en disant que je n’appréhendais pas la rencontre avec son père, elle ne me fait pas peur non plus, quoiqu’il arrive je resterai sur mes positions.

Le voyage s’est passé sans problème, tenant la main à mon petit ami dans l’avion tout en se reposant pour la tempête à venir, même si c’est un cyclone ou un ouragan, mes bras seront toujours son abri. Les pieds au sol, je m’étire un peu content de revenir chez nous, même si j’adore ma vie actuelle, revenir aux sources ça fait toujours du bien. « Ça va, pas trop angoissé ? » Lui demandais-je alors que d’un commun accord nous prenons la route pour ma maison, je n’hésite pas à de nouveau entrelacer nos doigts dans le taxi, m’occupant pas une seconde de ce que pourrait y voir le chauffeur, tant pis s’il comprend qu’on est ensemble, après tout c’est le but de notre voyage, je ne compte pas le cacher. Croisant le regard de l’homme au volant dans le rétroviseur, je regarde Hyuk en disant. « Je t’aime bébé ~ » un coup de frein montrant la surprise de l’homme âgé dans la quarantaine qui tousse pour cacher sa gêne ou je ne sais quoi d’autre me faisant pouffer de rire, détendant ainsi l’ambiance pour qu’il ne se prenne pas trop la tête. Je suis là pour le pousser, le tirer vers le haut et en assumer toutes les conséquences.

Plusieurs minutes plus tard après avoir traversé presque toute la ville, on arrive dans une résidence un peu plus grande, c’est la rue où j’ai grandi, les maisons sont modernes tout en gardant une touche de traditionnel, de beaux jardins et plusieurs étages, parmi ceux-là se trouve celle de mes parents, la voiture s’arrête et je paye sans oublier le petit sourire taquin. Prenant nos affaires, je laisse la voiture s’en aller alors que je me retrouve devant la sonnette. « Tu es prêt ? » J’étais impatient en tout cas. Personne dans la rue, je ne m'approche pour voler ses lèvres furtivement en chuchotant. « Ne t’inquiète pas. » M’en éloignant je ris en rajoutant. « J’ai toujours voulu embrasser la personne que j’aime à l’entrée de chez moi, wow un rêve de réalisé. » Je suis comique aujourd’hui, lui tirant la langue, j’appuie sur le bouton, voyant rapidement la porte s’ouvrir et ma mère courir vers le portail en ne prenant même pas le temps de mettre ses chaussures, non, elle reste en chaussons trop excitée et heureuse de me voir. « Mon chéri ! Bon sang j’ai l’impression que tu as pris quelques centimètres, tu vas bien ? Pourquoi tu ne m'appelles pas plus souvent ? Même en appelant ton frère je n'arrivais pas à t'avoir... » Je sais qu’elle s’inquiète, ça se sent, ça se voit, mais je vais bien et mon large sourire en témoigne sans peine. « Doucement maman, ça fait pas si longtemps que je suis parti~ » Je l’embête et voilà qu’elle fait la moue, rooh, tristesse. Elle pose son regard sur le visage inconnu en le détaillant rapidement. « Oh ! Tu as emmené un ami avec toi ? Bonjour ! Enchanter de te connaitre hum... » Bah oui à trop s’exciter on en perd ses mots. « Mam’ on devrait rentrer, on va faire les présentations avec papa, d’ailleurs il est où ? » Elle approuve en ouvrant grand le portail pour nous laisser rentrer « surement dans le jardin, je vais l’appeler » faisant signe à Hyuk d’avancer, une fois à la même hauteur, je lui lance simplement. « Tu vois le genre qu’est ma mère maintenant ? » Je souris, j’espère qu’il est rassuré, ce n'est pas elle qui va le rejeter. Nos sacs posés à l’entrée je frotte mes mains pour rejoindre mes géniteurs installés sur la terrasse, leurs regards dans notre direction, je tends la main au brun en le regardant avec insistance pour qu’il la prenne « viens chaton ».

TENUE  ♦ Après plusieurs mois à nous construire ensemble et à faire notre petite vie de couple, nous nous décidons enfin à partager la nouvelle avec les familles. Pour certains, cela pourrait être une bonne et merveilleuse nouvelle. Pour d'autres, ça pourrait être une mauvaise et désastreuse nouvelle. ça fait des mois que je me pose la question, que je m'angoisse à ce sujet et que j'en doute malgré moi. Des mois où je me demande si sa famille m'acceptera, si mon père me laissera tranquille, si ses parents sont aussi formidable que son frère, si ma mère serait heureuse pour moi. Tant de chose que je me suis ressassé dans l'avion, la boule au ventre et mes doigts étroitement entrelacés avec ceux de mon amant. J'ai peur, il a dû s'en rendre compte durant les heures de trajet, comme les heures à l'aéroport ou les minutes durant lesquelles il a réservé nos billets. Une peur constante d'être rejeté, incompris, séparer de lui, mise à l'écart de mon nouvel univers. Pourtant, je m'étais juré de ne pas lui imposer cela, d'être calme, confiant et relaxé. Loupé, j'ai été tout le contraire de A à Z, jusqu'à arriver au terminus. à plusieurs reprises, je me suis excusé auprès de lui à cause de mon comportement agaçant, de ma manière de me tordre les doigts entre eux ou de me bouffer la lèvre avec anxiété. Nous sommes trop proche de mon cauchemar pour que je puisse être serein et sûr de moi. J'ai la net impression d'être dans la cage du lion, tandis que le fauve n'est pas encore présent.

Angoissé est un faible mot pour décrire mon état, mais je lui souris en portant mes mains dans mon dos. « Hm, ça va mieux maintenant. » Quel beau mensonge, mais je me vois pas paniquer à nouveau et faire comme dans l'avion quand j'ai dû lui briser les phalanges à tenir fermement sa main pour contrôler ma peur. Kyann n'est pas ce genre de garçon à avoir peur de perdre quelques doigts par ma faute, puisqu'il revient me tenir la main une fois caler dans un taxi. On aurait pu prendre le bus ou le métro, mais il a préféré ce moyen de transport et je n'y vois aucune objection. Mon regard d'abord porté à l'extérieur, revient aussitôt vers mon copain quand je sens l'étreinte se resserrer sur mes doigts, attendant déjà le pire. Quel idiot, sérieux. Il a fait exprès de dire cela, sentant le coup de frein du conducteur qui m'empêche de répliquer. « Idiot... » Je marmonne en sentant mes joues me chauffer, un fin sourire au coin des lèvres. J'ai beau être gêné, je suis bien content qu'il me le dise. « Moi aussi ouistiti ~ » Répondis-je finalement en sentant le regard de l'homme dans son rétroviseur. On doit donner un beau spectacle à mon avis. Je ne devrais pas être gêné par nos déclarations, même si celle-ci fut soudaine et en présence d'une paire d'oeil supplémentaire. à force, je m'y ferais. à la longue, je pourrais même lui rendre la pareille.

Le taxi s'arrête devant un quartier chic et sympa, loin de l'agitation du centre-ville. C'est donc là qu'il a passé le plus clair de son enfance et de son temps ? C'est superbe, différent de chez mes parents qui vivent dans un luxe à part entière, riche et immense pour seulement deux personnes. Prêt ? J'en oublie comment on respire, gardant mon souffle bloquer plusieurs secondes avant de soupirer fortement par le nez. Pas tellement, voulais-je dire avant qu'il ne m'embrasse et que je cligne des yeux, hébété. Qu'est-ce que je voulais dire déjà ? « Je vais essayer... » Je n'ai pas l'air très confiant à m'entendre baragouiner sans motivation, la boule au ventre. Cet abrutis sait détendre l'atmosphère et me faire oublier ma crainte des présentations. « Ravi de réaliser l'un de tes rêves. » Un sourire se place finalement sur mon visage tandis qu'il appuie sur la sonnette pour avertir toute la maison de notre venue. à peine le son s'achève que la porte s'ouvre et qu'une femme débarque en vitesse vers nous. Sa mère ? ça ne peut être qu'elle. Bon dieu, je stresse. Sa mère accueille son fils chaleureusement, non sans parler et montrer son inquiétude vis-à-vis du manque de nouvelle. évidement, cet idiot ne l'a pas appelé en étant à Tokyo. Je me retiens de lui donner un coup de genou, restant droitement à ma place. Un ami ? Ah oui... Elle ne sait pas encore. « Bonjour madame Lee. » C'est difficile de parler avec la gorge sèche et la voix qui part en cacahuète quand je tente d'être « bien ». Kyann rattrape le tir en prenant la parole et je remercie dieu qu'il soit avec moi. Les choses s'enchaînent et je me retrouve dans le jardin de mon copain, perdu et désorienté. « Elle est gentille. Tu lui ressemble, surtout pour la parole. » Humour, je parviens à rire malgré mon angoisse tiraillant mes intestins. Je délaisse mes affaires pour suivre Kyann vers la terrasse, remarquant aussi son père. « Kyann... » Je ne sais pas quoi dire, attrapant sa main d'une manière tremblante, loin de l'image confiante que je voulais donner de moi. Qu'est-ce qu'il va se passer, hein ?

TENUE  ♦ Je ne suis pas dupe, j’ai remarque la tension qui émane de lui, il est en stress totalement tétanisé à l’idée d’affronter les parents, mais c’est une étape à passer, une étape qui nous libérera de toutes ses pensées qui pourrait le bloquer, une fois leur soutient de gagner plus rien ne pourra se mettre sur notre route et même sans ça, je ne lâcherai pas cette main qui s’agrippe fortement à moi, jamais. Il peut me dire que ça va, je fais seulement semblant de le croire, de toute façon quoique je dise je ne pourrais pas arranger son état d’esprit, seule l’affrontation le pourra et c’est pour cette raison que je ne perds pas une seconde pour grimper dans un taxi et prendre la direction de chez moi. Bien entendu ce serait trop beau que je reste calme et sage pendant le trajet, jouant avec les regards du chauffeur jusqu’à lui mettre la puce à l’oreille en me déclarant sans gêne à l’homme que j’aime. Le coup de frein m’amuse alors que le conducteur semble légèrement perturbé et gêné, mon petit ami me souffle des mots qui d’abord me font tirer fièrement la langue avant de sourire amoureusement a son retour, il fait des efforts pour assumer plus ouvertement notre relation et rien que ça, cela fait mon bonheur. Arrivé sur place, le taxi s’en va nous laissant là devant la maison de mon enfance où mes parents demeurent, bien que j’aie aussi vécu aux États-Unis et au brésil, c’est en grande partie ici que j’ai grandi et c’est ici aussi que mon accident s'est produit, pas très loin de là... Mais ce n’est pas le moment d’y penser, plus occupé à m’assurer que mon amant soit prêt à affronter la tempête qui se prépare, je connais ma mère, elle ne va pas s’arrêter de le questionner dès qu’elle découvrira notre relation et même avant, c’est une pile électrique, autant comprendre d’où je tiens mon comportement... Même si elle en abuse parfois surement pour cacher son inquiétude vis-à-vis de moi, ne sachant pas comment me parler autrement qu’en exagérant un peu, mais je ne peux pas lui en vouloir. Enfin pour l’instant je viens surtout réquisitionner les lèvres de mon copain, l’embrassant ainsi sans m’occuper des voisins qui pourraient nous voir, ce sont tous des amis de la famille, il me connaisse et je suis sûr que même eux pourraient voir notre relation comme « normal » en sachant mon tempérament. Détendant alors l’atmosphère comme je peux en voyant qu’il n'est pas vraiment confiant, mais j’ai confiance pour deux, un petit sourire en guise de réponse et voilà que la sonnerie retentie.

Et la tempête arrive, autant dire que je me sois fait prendre d’assaut avec ses questions, mais ça me fait plaisir de la voir, elle remarque mon copain en pensant forcément à un ami, mais cela n’est pas dérangeant, la vérité va être divulguée sous peu, mais pour ça je préfère en parler avec mon père et une fois à la maison, sentant que Hyuk n’est pas encore le plus à l’aise je tente de le rassurer. « Genre, je parle autant ? » Je prends un faux air sidéré, avant de rire de bon cœur, posant les sacs pour rejoindre la terrasse, non pas sans demander la main de mon amant. L’empoignant fortement, je le tire avec moi, dominant le pas.

« Kyann, ça fait longtemps, ta mère a presque failli prendre l’avion pour se ramener chez ton frère devant tes nouvelles quotidiennes. » Un peu d’humour papa et d’ironie ça ne fait pas de mal, je souris et lui tire la langue taquine en retour. « Désolé, j’avais une vie à mener~ » Genre ma boude encore. « Maman ! » Un rire collectif et je regarde le brun alors que mes parents semblent se demander qui il est, de mon côté je souris en ne cachant pas nos mains liées pour leur dire simplement. « C’est la raison de mon bonheur. » Faisant un clin d’œil, je me la joue poète aussi de temps en temps. « Est-ce que c’est... » Ma mère se questionne et je hoche la tête. « Yep ! Maman, papa, je vous présente Kwon Ji Hyuk, mon petit ami~ » ça fait bizarre, c’est la première fois que je dis ce genre de chose à mes parents ne leur ayant jamais présenté personne, le cœur battant et le sourire s’élargissant, un petit calme s’impose avant qu’il ne se lève les yeux brillants. « Aaah ! Je savais que ça ne pouvait pas être juste un ami ! Il est trop mignon ! » S’exclama ma mère alors que mon père tire une chaise en regardant Hyuk, « Assied-toi donc Ji Hyuk, fais comme chez toi~ » Je ris intérieurement, je voyais venir leur réaction, elle est totalement disproportionnée avec celle des gens normaux et c’est bien ça que j’aime avec ma famille, même si encore une fois, je sais que ce qu’il recherche, c’est mon bonheur... Après tout aucun d’eux n’abordera avec sérieux ce qui brule leur langue... Ma blessure.

TENUE  ♦ Je ne peux pas dissimuler la peur panique qui sévit en moi. Kyann a dû la voir et sûrement la comprendre, mais il ne cherche pas à creuser, ni à vouloir me la balancer à la figure comme si c'était embêtant ou facile à contrôler. Dans le fond, je le remercie de faire comme si de rien n'était, et de continuer à vivre sans trop faire attention à mon état d'âme. Qu'importe les mots qu'il pourrait me dire, mon angoisse ne partira pas, elle serait toujours présente dans un coin de mon esprit. Finalement, mon copain attrape un taxi pour nous emmener jusqu'à chez lui, première étape de ce stressant voyage. Je dois sûrement m'en faire pour rien, surtout après les paroles rassurantes de mon amant sur sa famille. D'après lui, ils seront content pour nous et ils m'accueilleront les bras ouvert. Ce n'est pas faute d'y penser encore et encore, jusqu'à imaginer un repas parfait en famille, souriant et amusant. La dure réalité me revient à la face quand Kyann s'éclate avec les réactions du chauffeur, me donnant cette impression de ne pas être accepté par tous.  ça me gêne, mais même si je le traite encore d'idiot, ça ne m'empêche pas de lui retourner sa déclaration avec un sourire. Ce gars-là, je n'aurai à faire avec lui que pour un unique trajet, qu'est-ce que je m'en fiche qu'il pense à mal ou qu'il soit dégoûté. Une fois devant sa maison, j'ai l'opportunité d'observer le monde dans lequel a pu grandir mon petit ami. Lui non plus, il n'a pas été pauvre une seule seconde de sa vie, comme moi. Je me demande à quoi ressemble ses parents et s'ils sont un peu comme les miens, à profiter de la richesse ou d'autre chose. Ma mère n'est pas ainsi, l'argent ne l'intéresse pas autant qu'à mon père. Kyann ne perd pas une seconde pour m'embrasser devant le portail de sa résidence, et j'aurai voulu être plus réticent à son geste pour le rendre en mieux. Je me sens nul pour le coup, perturbé à cause de ce changement de paysage et de la vérité qui risque bientôt d'être dévoilé. à le voir, mon compagnon est détendu pour deux, il gère limite la situation à ma place et ce n'est pas une mauvaise chose. à part tortiller mes doigts et me mordre nerveusement la lèvre, je ne sais rien faire de plus face aux événements qui vont s'enchaîner.

Sa mère est une furie, mais elle est gentille et vraiment chaleureuse, même si elle parle énormément. Similaire à son fils, pourrais-je dire. C'est étrange de voir Kyann en version femme, aussi belle et enjouée que son stupide gamin. Ce dernier remarque tout à la seconde, de ma gêne aux battements irréguliers de mon coeur. « Tu ne t'en rends pas compte, mais oui. » Depuis que je le connais, j'ai l'impression d'être sage et presque muet. Passe à une époque, c'est moi qui ouvrait le plus la bouche, j'étais un vrai gamin avant de connaître l'amour et de vouloir échapper à mon avenir. Je voudrais ne plus rien prendre au sérieux, sauf notre relation et nos projets futurs. Kyann reprend la marche, déposant nos affaires avant d'attraper solidement ma main pour affronter ses parents. Encore une fois, je lui écrase les doigts entre les siens, ne sachant pas qui, ni où, regarder. Quelle angoisse, j'aurai préféré être une plante dans ce décore.

Il s'entend bien avec son père, je l'envie beaucoup. En vérité, il a la famille que je rêverai d'avoir à mon tour, celle que je voudrais construire avec lui. Son père est amusant, il détend facilement l'atmosphère comme son fils, tandis que sa mère boude puis rit en choeur avec les autres. Et moi, je suis là avec un sourire timide et conquit au bord des lèvres. Bordel, il me fout la gêne. Sa phrase vient de me clouer sur place, mes joues reprenant cette couleur habituelle et chauffante. ça va trop vite pour moi. Pas le temps de savoir qui je suis, qu'ils savent déjà que nous sommes en couple. Mes dents se plantent dans ma lèvre inférieure et je regarde tour à tour son père puis sa mère en ne sachant pas quoi faire. M'incliner ? Saluer ? Sourire ? Je suis un peu paumé avec ma politesse et mes réactions. Sa mère se réjouit en me complimentant, son père m'invite à s'asseoir et moi ... Je reste droit comme un i. « A-ah .. Désolé... Je ... Oui... » Ma langue s'emmêle toute seule. Au final, je m'installe à côté de son père, sur la chaise qu'il a tiré précédemment. Je ne sais vraiment pas quoi dire, ni même ce qu'ils veulent entendre. Mon regard se porte vers Kyann, cherchant presque de l'aide chez lui. C'est la première fois que je rencontre les parents de quelqu'un, la première fois que je me présente comme étant le petit ami de leur fils. Qu'est-ce que je dois faire ?

TENUE  ♦ Revenir dans ce quartier, retrouver les mêmes paysages que j’ai quitté, ça fait du bien et encore plus quand je peux tenir la main de mon copain, j’imagine déjà lui montrer chaque recoin en oubliant le monde qui nous entoure, même le terrain de foot où j’aurai dû passer les nationaux, je veux pouvoir lui faire découvrir ma vie passée pour qu’il n’y ait aucun secret, qu’il puisse voir ce que j’ai vu en grandissant, les gens que j’ai côtoyés, j’ai été chanceux baignant dans l'amour autant familial qu'amical, l’ombre au tableau fut mon accident, avant ça je vivais aussi insouciamment qu’aujourd’hui, aucune prise de tête juste une envie de croquer la vie à pleine dent sans jamais m’arrêter d’avancer. Mais je ne suis plus seul maintenant, je veux l’emmener avec moi où que j’aille, ou que je marche, je veux le tirer en entrelaçant fortement nos doigts. Exactement ce que je fais lorsqu’on doit faire face à mes parents. Dans quelques heures je serai à sa place, je sais que ce n’est pas facile, mais l’avantage c’est que les chiens ne font pas des chats, mon caractère, ma façon d’être, mon mode de vie, mes parents ne sont pas innocents à tout ça.

Mon père est une personne avec un boulot important qui cependant prend le temps de faire les choses qu’il aime, il ne délaisse pas sa famille et aime décompresser loin des obligations professionnelles. Il est un peu comme moi, mais en plus calme. Ma mère a toujours été un petit rayon de soleil, elle est vivante, expressive, adore parler et se fait rapidement des amies, dans le quartier on reçoit toujours du monde, allant d’un jardin à l’autre c’était convivial, ici ou aux États-Unis ça n’a jamais changé, ma famille s’adapter aux environnements comme je le fais quotidiennement. Cependant, la corde s’est brisé avec mes rêves et bien qu’on rit, s’embête et que l’ambiance est détendue, je ne suis pas idiot et si j’ai quitté la maison ce n’était pas seulement pour réaliser des rêves au Japon, ils ont peur d’affronter la chose, ce sont mes parents, mais ils n’arrivent pas à accepter la fatalité de mon avenir brisé. Pour eux, je suis surement triste et je joue la comédie, mais c’est faux et même s’ils me connaissent, cette boule a éclaté grâce à Ji Hyuk, c’est ce que je voudrais leur dire, les apaiser pour qu’ils soient rassurés tout en leur présentant l’homme que j’aime et qui m’a « sauvé ». La phrase est lancée et j’adore la réaction de mon amant, il ne sait pas où me mettre, je savais que cela ferait l’effet d’une bombe, mais mes parents encaissent la nouvelle avec le sourire et la curiosité. Mon père le fait s’assoir, reprenant tous leur place, les yeux de mes géniteurs sont lancé vers Ji Hyuk, attendant surement des mots de sa part ou le détaillant peut-être ? C’est vrai qu’il est mignon en même temps~ Je suis gâté.

« Alors Ji Hyuk, comment tu as connu Kyann ? » Je prends place à côté de lui, passant ma main sous la table pour tenir la sienne sur sa cuisse et dans un sourire je prends la parole. « Il est un peu déboussolé, vu les circonstances je pense qu’il ne s’attendait pas à ce que vous le preniez de cette façon. » Même si je l’avais prévenu c’est surement étrange de le vivre. « Oh, c’est vrai ! Désolé, mais on n’est plus vraiment surpris par Kyann, puis il n’y a pas de honte je pense s'il est bien avec toi c’est ce qui compte pour nous. » Mon père rajoutant derrière d’un ton calme, mais taquin. « Il pourrait même nous présenter un chat comme étant l’amour de sa vie alors bon... » Je regarde mes parents puis Ji Hyuk avant de rire, passant mon bras autour de mon copain en lâchant amusé. « Justement ! C’est mon chaton. » Je lui tire la langue et reprends un air un peu plus sérieux. « Il me rend vraiiiiment heureux, alors ne vous inquiétez pas pour moi. » Un sourire sincère, je les regarde à tour de rôle pour qu’il comprenne où je veux en venir, voyant déjà les larmes de ma mère arriver et mon père soupirer de soulagement en baissant la tête. « Ji Hyuk, pour être honnête mon fils ainé m’a appelé il y a quelques jours... Il ne m’a pas dit pourquoi, mais quand il parlait de son frère il était soulagé et apaisant, disant que Kyann avait réussi à avancer, je comprends maintenant que tu en était la cause. » Elle sourit chaleureusement à mon amant, alors que je souris de mon côté devant ses mots. « Merci de prendre soin de Kyann, il est idiot, un peu fou, il n’en fait qu’à sa tête et a parfois un comportement difficile à suivre, mais il a toujours été sincère et gentil, alors si tu le rends heureux, tu nous rends heureux aussi. » Elle me regarde et je hoche la tête doucement. « Bon et si a fêté ça ! » S’exclama soudainement mon père, se levant de sa chaise. « Coca pour tout le monde ! » Je le regarde s’en allé chercher les canettes en riant. « Moi je vais chercher des petits gâteaux, on a encore pas mal de choses à se dire fufufu. » Rajouta ma mère en disparaissant aussi, nous laissant seul sur la terrasse. Je regard le brun. « Ça va mieux ? »

TENUE  ♦ Jusqu'à présent, j'ai appris de Kyann à travers des paroles, des histoires, des questions. Je n'ai pas encore vu de mes propres yeux les images du passé qui m'a expliqué pendant nos instants de découverte l'un sur l'autre. Je suis curieux de voir où il vit, là où il jouait en étant enfant, l'endroit qu'il préfère ici, les gens qu'il a pu côtoyer depuis des années. Nous étions pas si loin l'un de l'autre, et pourtant nous nous sommes jamais rencontrés avant ce jour dans ce parc, à Tokyo. La vie est étrange, si proche et des inconnus, mais il a fallut qu'on soit loin de chez nous pour se rencontrer, se découvrir et s'aimer. Penser à cela me fait étrangement sourire, mais si je stresse de cette nouvelle épreuve que je dois affronter. Kyann est à l'aise, ce sont ses parents, il les connait et sait comment ils pourraient réagir... Mais pas moi. J'ignore un peu tout d'eux, en fait. Dans quelques heures, la mélodie ne sera pas la même. Je vais encore angoisser pour la réaction de mon père, tandis qu'il sera sûrement trop détendu. Franchement, c'est du n'importe quoi. Je devrais être cool à l'idée de rencontrer les fabuleux parents de mon copain, alors que Kyann devrait stresser de rencontrer mon père porte de prison. Mon petit ami peut au moins se dire que je tiens de ma mère et qu'elle est aussi formidable que moi, en toute modestie. Elle est calme, gentille et chaleureuse, toujours à vouloir aider même sans moyen. J'ai déjà hâte de la revoir, tellement hâte.

C'est gênant de ne pas savoir où se mettre, ni quoi dire. Ils sont sympathiques et accueillants, je devrais sourire franchement et parler sans peine, alors pourquoi suis-je si crispé et à deux doigts de fondre en larme ? J'ai chaud, en même temps mes joues sont en feu et regarder Kyann ne m'aide pas tellement à décompresser. La question de son père me donne un tic bizarre, ma jambe sautillant nerveusement comme si je voulais me lever et marcher. « Dans un parc, par hasard. » Avouais-je en me pinçant la lèvre. Ce serait trop long à raconter, même si nous disposons sûrement de ce temps. Mes doigts se serrent fortement avec les siens, anxieux de mes propres réponses. Et si je dis n'importe quoi ou si je bégaye sans le vouloir ? Franchement non. Mais je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais, en fait. Qu'ils soient d'accord ou qu'ils me jugent, cela ne devait rien changer à notre relation, ni à nos sentiments. Ses parents sont formidables, bon sang. Ils nous acceptent sans se poser de question, simplement heureux que leur fils aille bien. Pourquoi mon père n'est pas ainsi, soucieux de mes envies et de mes humeurs ? Je les regard à tour de rôle, à présent ému par leur entente avec Kyann. Un chat ? étrange, non ? Je ris à sa remarque, pas du tout étonné. Notre proximité me fait chaud au coeur et j'en profite pour déposer ma tête sur son épaule en soufflant de soulagement.

Kyann parle pour deux, je n'ai qu'à le regarder, lui et ses parents, sans trop parler. Un tableau agréable, que j'ai rarement le droit de voir avec les miens. Tout le monde va bien, n'est-ce pas ? Kyann est heureux, ses parents le sont pour lui et moi je me sens bien pour eux. Elle dit cela pour me faire pleurer ? Je savais déjà que notre rencontre était bénéfique, que cela était une bonne chose pour nous deux, mais l'entendre de la bouche de sa mère me rend toute chose. Forcément, ce qui doit arriver, arrive aussitôt. Mes yeux se remplissent de larme et me voilà à chouiner silencieusement devant ses parents. Bon sang, je m'étais promis d'être fort mais ils me font pleurer à parler de mon copain ainsi. Heureusement que son père casse l'ambiance larmoyante et que je parviens rapidement à me ressaisir en essayant mes yeux et mon visage. « Merci... Sans vous, je n'aurai jamais pu rencontrer Kyann. » Un sourire se forme sur mes lèvres et j'incline ma tête devant sa mère, pendant que son père est aller chercher les boissons. Sa mère s'en va aussi et je me retrouve seul avec mon petit ami, les paupières rougies et le sourire aux lèvres. « Oui. Je n'ai pas l'habitude d'être si bien accueillit par des parents. » Dis-je en me grattant la joue à cause de l'embarras. Je profite que ses parents ne soient pas là pour me pencher vers lui, tirant sur son bras pour pouvoir l'embrasser doucement. Une étape de faite, je me sens soulagé à présent. « Quand je vois tes parents, je n'ai pas envie d'affronter mon père. ça gâcherait tout, tu ne crois pas ? » Mais ce serait abandonner la partie avant la fin, et aucun de nous, nous voulons cela. Je dois m'accrocher et croire en nous, jusqu'au bout.

TENUE  ♦ Il est normal que mes parents soient curieux vis-à-vis de notre rencontre, cependant je ne peux pas vraiment leur dire que je n’ai jamais vécu chez mon frère et que c’est justement cela qui m’a permis de le retrouver et de l’aimer ? Quoique ce serait une bonne façon de l’accepter et une jolie histoire bien romantique non ? Je suis sûr que ça passerait bien, mais avant de leur dire je préfère calmer un peu les questions, même si Ji Hyuk répond à mon père, il doit être intimidé, gêné et il aimerait surement être ailleurs que de se faire relooker comme une précieuse œuvre d’art par mes parents. Ce n’est invisible aux yeux de personne, Ji Hyuk est mal à l’aise et finalement je préfère serrer fortement mes doigts aux siens pour qu’il comprenne que je suis là, que ce soit ma mère ou mon père aucun d’eux ne va le juger où lui en vouloir d’être maladroit, au contraire il affronte ça avec moi malgré tout, n’est-ce pas là une preuve indéniable de l’amour que nous partageons ? Puis ma mère se met à parler, elle est touchée et surement émue de rencontrer la personne que j’aime, homme ou femme cela l’importe peu et je le savais déjà, mon bonheur passe avant les préjugés de la société, de plus... Même avant mon accident cela n’aurait rien changé, certes j’ai perdu gros et en contrepartie mes parents n’iront jamais contre mon sens, je me souviens de leur regard à l’hôpital, de leur peur et en même temps ils étaient incapables de trouver les mots, de me soutenir, effrayé de ma réaction, alors je me suis fermé à mes émotions, mais tout cela est terminé, Hyuk m’en a sorti avec une grande facilité. Je souris à sa tête posée sur moi, alors que je sens que les « déclarations » de ma mère le touchent profondément, je suis moi-même touché, je savais leurs sentiments, mais les entendre est encore plus bénéfique, mes parents sont cool et je suis fier d’être leur fils. Je sens de léger tremblement contre moi, remarquant les larmes de mon amant, un sourire chaleureux et amoureux sur les lèvres, je le trouve adorable, cognant doucement ma tête contre la sienne dans un « je t’aime » silencieux devant sa déclaration.

Mes parents s’en vont nous chercher de quoi manger et boire, profitant ainsi d’un moment seul lui et moi. Il est tellement mignon, mes yeux s’illuminent en le regardant, puis il me tire vers lui en volant mes lèvres, avec mon bras je le tire davantage contre moi pour y répondre. À ses nouveaux mots je dépose mes lippes sur sa tempe en le gardant contre moi.

« Je n’ai pas peur d’affronter ton père, même s’il me lance des regards meurtriers ou me rejette, j’y vais pour assumer notre relation, honnêtement je me battrais pour avoir son approbation, mais celui avec qui je veux faire ma vie ce n’est pas ton père, aucun de ses mots ne me brisera bébé. » Je le regarde dans les yeux, puis toujours avec un sourire. « Profite d’être ici pour ne pas y penser, mes parents t’adorent alors ne t’inquiète pas ! Après on ira faire un tour tranquille du quartier pour promener puis je t’emmènerai dans ma chambre~ On se préparera tranquillement à la tempête qui nous attend, ok ? » Après tout on est seulement à quelques minutes de sa famille en partant d’ici, on n'aura pas vraiment le temps de gonfler notre mental sur le trajet.

TENUE  ♦ Faudrait pas que je vendes la mèche et fasse comprendre à ses parents qu'il ne vit pas avec son frère mais seul dans un appartement, bien que je le squatte souvent et inversement chez moi. Je dois faire attention à mes mots quand je répond à ses parents, bien que mes réponses soient courtes et bref, pour ne pas dire n'importe quoi sans le vouloir. ça me rend bizarre de devoir parler de moi ou de nous avec des adultes, bien qu'ils ne me jugent pas et qu'ils acceptent leur fils ainsi. Je suis content de tomber sur une telle famille, fier d'être le petit ami de Kyann. Mon mal être se voit beaucoup trop, mais je fais en sorte de me contrôler pour ne pas inquiéter les autres. J'ai l'impression d'être un animal proche de l'abattoir, même si je suis doublement plus conscient qu'une vache ou un poulet. Les choses se font naturellement et surtout grâce à Kyann qui m'aide à ne pas m'éparpiller dans mon angoisse, tenant fortement ma main tandis que je dépose ma tête contre lui. Les mots de sa mère me font plaisir, autant qu'il me retourne comme un crêpe. Je suis sensible avec ce genre de chose, il ne faut pas s'étonner si je verse ma petite larme ou un flot d'eau salée. Mon corps tremble doucement contre celui de mon amant, il m'est impossible de cacher mes émotions ou de les retenir. Elles sortent d'elles-mêmes, débordent sur mon visage et coulent jusqu'à tâcher mon t-shirt. à côté de moi, je sens la tête de Kyann se poser sur la mienne et mon sourire s'élargit à sa déclaration silence que je réponds en embrassant sa main portée à mes lèvres avec délicatesse. Je voudrais que ce soit toujours ainsi, avec douceur et romantisme, sans aucun soucis pour noirci ce magnifique tableau.

à présent seuls après le départ de ses parents, je profite de la situation pour embrasser amoureusement mon copain et le sentir me tirer contre lui pour répondre au baiser. Je suis heureux d'être là avec lui, de pouvoir s'embrasser sur la terrasse de ses parents sans avoir peur d'être découvert. Je vis un rêve les yeux ouverts, c'est merveilleux. Son bisou sur ma tempe, je ne peux retenir mes craintes, m'exprimant d'une manière détournée et presque résignée. Kyann est fidèle à lui-même en m'encourageant et en disant que mon père n'est pas une menace pour lui. Pourtant, j'ai toujours peur qu'il me force à m'éloigner et cela contre notre gré.

Ses mots me font doucement sourire, bien que je garde ma peur au fin fond de moi jusqu'à l'affrontement. Il m'expose un programme que j'accepte d'un hochement de tête. ça me va tout ça, même si je n'attends qu'une seule chose, que la tempête passe et laisse peut-être place au beau temps. « Je ne veux pas qu'il te fasse du mal, tu comprends ? Je n'ai pas envie qu'il nous sépare, même si je m'en fiche qu'il soit d'accord ou qu'il approuve notre relation. Je t'aime, Kyann... Mais promet moi de ne pas l'affronter. » Mon père est plus fort que nous, il a le pouvoir qu'il désire entre les mains pour faire légale ce qu'il veut. Je ne veux pas que Kyann perde quoi que ce soit pour moi, même si je serais prêt à fuir avec lui. « D'accord~ Tu me présenteras tes amis du quartier ? » Je ne parle pas vraiment des êtres humains habitant ici, mais plutôt des bêtes qu'il pourrait connaître. Déjà à Shinjuku, Kyann nourrissait ce chat noir qu'il a surnommé billy the cat, je ne serais pas étonné qu'il fasse de même ici. « Faudra qu'on se change pour aller chez moi. » Dis-je en regardant sa tenue décontractée. Pour une fois, il va devoir laisser sa désinvolture de côté pour être classe et « riche ».

TENUE  ♦ Mes parents n’étaient pas idiots, après avoir vu les larmes de mon copain et la manière dont je le regardais quitter les lieux ensemble était aussi un moyen de nous laisser quelques minutes seules pour encaisser tout ça. Ils sont les premiers à savoir que ce genre de choses n’est pas facile à avouer, à vivre et Ji Hyuk leur à prouvé qu’il pouvait le faire malgré les craintes qui le peser. Je suis fier de mon copain, tellement fier que rien ne me fait peur. Son père ? Il peut avoir tous les pouvoirs du monde il n’aura jamais aucune emprise sur mon cœur, cet organe battant qui s’affole au son d’une seule voix, d’un seul visage, d’un seul sourire, d’un seul regard, d’un toucher, ce cœur qui ne répond qu’à son nom. Hyuk en est le maitre, il en dispose la clef et il est l’unique personne capable de choisir s'il veut le voir battre ou s’arrêter, il domine mes sentiments, je suis épris sous son emprise, mon seul et unique amour. Et aussi « gnangnan » que cela puisse être, je me fiche bien que le romantisme soit de « trop » entre nous, à mes yeux il ne le sera jamais, car tout ce que je dis, tout ce que je fais, tout ce que je ressens, ne sont que réalité. Échanger un baiser dans cette maison où j’ai grandi, où j’ai couru ballon au pied, ou j’ai ri, c’est vraiment génial, je peux partager des choses du passé avec Hyuk à mes côtés. Exposant un programme pour nous détendre avant la tempête.

« Je n’ai pas peur d’avoir mal, je n’ai besoin que de toi, si tu me promets de rester fort je te promets de faire un effort et de ne pas chercher à l’affronter. Mais si ton père me demande de rester loin de toi où quelque chose du genre, je ne pourrais pas approuver, l’écouter ou même accepter sa demande, je ne suis pas du genre à fuir Hyuk, je veux faire les choses bien et si cela tourne mal, alors je prendrai ta main et je t’emmènerai loin d’ici. » Je veux que son père accepte notre relation, surtout pour mon petit ami, au final ça reste son père... Mais je ne peux pas vivre sans lui et si je dois choisir entre me séparer de l’homme que j’aime ou l’enlever à sa famille, alors je serai égoïste pour cette fois et je le kidnapperai sans hésiter.

« Si tu veux~ » Je lui souris amusé, alors qu’il me prévient qu’on devra se changer, a ses mots je souffle en imaginant déjà ma dégaine de petit homme riche. « L’habit ne fait pas le moine, ton père ne connaît pas cette expression ?» Je ris doucement avant de le serrer contre moi de nouveau. « Pas de souci, je me mettrai sur mon 31, je serai tellement beau que même ton père pourra pas me résister ! » Je suis con, je sais. Ma mère revient et mon père aussi, on prend le temps de manger, parler, boire ensemble, mes parents questionnant encore mon petit ami, l’ambiance était assez légère malgré tout et le temps s’écoule.

« On va sortir un peu. » Dis-je en regardant mes parents avant de jeter un regard à mon amant, lui montrant ma main pour qu’il l’attrape. « On y va chaton ? » Malheureusement nous sommes ici avec un but précis, on n'a pas vraiment le temps de s’éterniser toute la journée dans mon jardin.

TENUE  ♦ Je l'avais promis, pour lui j'affronterai n'importe quoi. Quitte à déplacer des montagnes, je le ferais à la force de mes bras. Pour lui, j'irais décrocher les étoiles, voyager sur la lune ou bronzer sur le soleil. Je lui ai fait la promesse d'avance et non l'inverse, c'est bien pour cela que je suis ici à parler avec ses parents malgré les larmes qui me brouillent la vue. J'ai eu tellement peur de leurs regards, qu'ils puissent être dégoûtés par la préférence de leur fils, mais ils ne sont pas tous comme mon père. Je suis content d'avoir prit mon courage à deux mains pour venir chez lui et me présenter à son père et à sa mère. Ils m'acceptent, m'apprécient d'avance sans réellement me connaître et me remercient même de faire le bonheur de leur enfant. ça me rend faible d'être ainsi à l'aise, les larmes témoignent de mon état, même si je suis rassuré par la situation calme qui s'offre à nous pour le moment. Ici, je suis bien. Il me tient tout contre lui, sa chaleur réchauffant doucement mon corps tremblant et encore sous tension. ça va aller, me répétais-je pour moi-même. Je n'ai jamais été aussi amoureux de lui qu'en cet instant, seul sur sa terrasse, à partager un moment en solo pour reprendre notre souffle et calmer les battements de mon coeur qui ne cesse de marteler ma poitrine. ça m'a rendu dingue, mais maintenant j'y crois davantage, nous allons réussir même là où j'ai peur d'échouer. Ce baiser n'est que plus savoureux en étant échangé ici, lieu de son enfance et de son adolescence, où il a grandit et apprit la vie. J'aurai voulu le voir petit, courant de partout, ramenant toute sorte de chose à ses parents avec un sourire conquis et amusé. Rien que de l'imaginer, j'en souris bêtement. Il a dû en passer des belles années ici, entre ses parents aimant et son frère formidable.

Il me promet de ne rien faire contre mon père, tant que je reste fort. Comment ferait-il si mon géniteur me demande de m'éloigner de lui, et non l'inverse ? S'il empêche Kyann de revenir chez moi ou dans ma vie, en m'enfermant dans ma prison dorée ? « Si jamais il n'accepte pas ou qu'il cherche à nous séparer... Je fuirai avec toi. » Un doux sourire se dessine sur mon visage et j'attrape sa main pour enlacer nos petits doigts en guise de promesse. Aucun de nous deux doivent briser cet accord, sinon il ira en enfer. Haha, les trucs pour gamins. Dans le fond, j'aimerai que mon père m'accorde sa bénédiction et m'accepte tel que je suis, sans chercher à me changer. J'espère encore que cela arrive et que tout rentre dans l'ordre, que notre histoire soit parfaite malgré les embûches. Je veux rester avec lui tout ma vie, qu'importe si on cherche à nous séparer ou à briser notre couple. Je suis plus fort qu'eux, nous le sommes tous les deux.

Face à mon père, faut être parfait et propre sur soi. Une tenue adéquate pour un gosse de riche, même si ça ne colle pas à Kyann qui porte très bien le short et les tong, je n'en doute pas. « Mon père méprise les moines, tu ne devrais pas lui sortir cette expression. » Il méprise la moindre chose qui n'est pas comme lui, au pouvoir ou riche. Les moines, les clochards, les pauvres, etc .. Il n'aime pas tout ça. C'est bien pour cela que je n'ai jamais rien dit sur mon compte, au risque d'être rapatrié à Séoul en deux secondes. Quel idiot ce macaque, mais il me fait rire tandis que je le serre contre moi. « N'abuse pas trop sinon je vais être jaloux. » Je le taquine, tirant aussi ma langue à sa façon. Ses parents reviennent et je me détache de lui pour reprendre une place correcte. Finalement, ils sont gentils et agréables, je me sens à l'aise avec eux. Plus nous parlons et plus je me décoince pour rire et discuter à mon tour, sans être trop intimidé ou gêné.

Sortir ? Je regarde Kyann, avant de ramener mes yeux vers ses parents avec un sourire timide. Mes pupilles reviennent vers lui et j'attrape sa main pour me lever, répondant aussitôt avec un grand sourire. « Oui! Allons-y ouistiti~ » Ils vont nous trouver étrange avec nos surnoms débiles, mais je ne parviens pas à perdre mon sourire, tandis que je m'incline pour saluer ses parents. Je suis content de les avoir rencontrés et j'espère m'attarder encore avec eux plus tard, pour un moment plus long. Finalement, je suis Kyann en enlaçant mes doigts aux siens, heureux et impatient. Après cette promenade dans la quartier, il va falloir qu'on rentre pour se préparer. Je vais pouvoir voir sa chambre aussi, découvrir un peu plus de mon copain et ça, c'est génial.

TENUE  ♦ Est-ce que des parents peuvent être la cause du malheur de leur enfant ? Oui, même si c’est dur à croire je m’en rends compte avec celui de Ji Hyuk, son père le pousse toujours à suivre ses pas sans chercher à savoir si c’est ce qu’il veut vraiment, il pourrait ne pas accepter notre relation, ce qui est même certain sans se dire que ça briserait le cœur de son gosse, il y a des familles qui ont un sens des priorités à revoir, pour ma part qu’il soit d’accord ou non de toute façon, je ne me plierai pas à ses exigences, jamais. J’aime mon petit ami et s’il venait à sortir une connerie du genre « vous êtes jeune ça vous passera, autant arrêter tout ça maintenant » en version plus froide et méchante, je n’hésiterai pas à lui sortir les quatre vérités, mon monde actuel tourne autour de l’homme que j’aime et un homme aussi important soit-il ne pourra pas changer ça.

« Une fuite en amoureux, c’est excitant non ? » Je lui tire la langue avant de l’embrasser subitement, je veux lier ses lèvres aux miennes, par envie, par nécessité, je veux sans arrêt le toucher surtout après ce signe de promesse qu’il me fait faire, liant nos doigts pour marquer le coup, ce qui m’a bien amusé tout en me rassurant aussi. Pas que je sois inquiet, mais je connais Hyuk, il est fort et pourtant vulnérable, bien que je lui fasse confiance, je sais qu’affronter son père le mine bien plus qu’à moi, ce qui est normal. Je comprends aussi que je ne pourrai pas me pointer chez lui habiller décontracté, bien que mes vêtements ne montrent pas ma « richesse » je ne suis pas pauvre, plus que l’argent de mes parents j’ai mes propres économies et elle ne sont pas minces. Pourtant il semblerait qu’aux yeux de son géniteur l’apparence face tout et du coup je dois me mettre sur mon 31. « Ton père est bizarre. » C’est sorti tout seul, mais sérieux ce n’est qu’une expression... M’enfin, je souris quand même en jouant un peu de la situation. « J’aime quand tu es jaloux tu sais bien~ » mon ton se veut provocant et taquin.

Finalement notre petit instant en amoureux s’achève avec le retour de mes parents, les petits gâteaux ont toujours l’air aussi délicieux, quant aux boissons ça tombe bien, je commencer sérieusement à avoir la gorge asséchée. Mais les minutes passent et bien qu’on partage tous ensemble un moment convivial à parler de tout et de rien, jouant les curieux sur notre relation, d’ailleurs je n’ai même pas pu leur dire que je ne vivais pas chez mon frère encore, mais je leur dirais plus tard, pour l’instant autant ne pas leur donner une raison de nous retenir car j’aimerai sortir et faire le tour de quartier avec mon amant, lui montrer les lieux que j’ai fréquenté rapidement avant de monter dans ma chambre nous préparer pour le combat suivant.

Je ris doucement en voyant le visage de mes parents devant nos surnoms, ma mère se moque légèrement, quant à mon père il semble approuvé... merci la famille ! On dirait que tout le monde est d’accord pour dire que je suis un singe, c’est malgré tout amusant et me connaissant j’en ris facilement. Main dans la main je salue mes parents, les laissant faire leur propre commentaire entre eux pour tirer Hyuk a l’extérieur de la maison.

« Alors, ça fait du bien non ? » De voir qu’il s’entend avec ceux qui m’ont mis au monde. Longeant la rue, je regarde sur les murs cherchant à croiser quelques chats que je « fréquenter » mais il semble tous avoir disparu, surement un endroit à l’abri des gosses un peu trop turbulent. « Tu veux que je te montre le terrain où je jouai au foot ? » Je le regarde avec un doux sourire, avant de l’atteindre on passera par l’endroit où j’ai « perdu » ma jambe, mais je veux rien cacher à mon copain, qu’il puisse voir chaque recoin dont ma mémoire se souvient.

TENUE  ♦ Serais-je triste d'être la risé de mon père ou l'erreur de la famille ? M'en voudrais-je d'être un garçon aimant un autre garçon ? Serais-je déçu de moi-même si je brisais les attentes de mon père ? Oui et non. Je serais sûrement affligé si mon propre père me renie et me juge comme un animal bon à mettre à l'abattoir. Je serais même peiné qu'il puisse me juger sur mes préférences en me traitant de monstre, d'abomination. Je serais sûrement déprimé qu'il ne me considère pas comme son fils et me mette à la porte. Quoi que, ce scénario serait le meilleur à venir. Qu'il décide de me jeter sans plus vouloir de mes nouvelles, qu'il me laisse vivre avec Kyann sans se poser des questions. En même temps, j'aimerai qu'il ait de l'attention pour moi, qu'il éprouve une once d'amour paternel et se dise qu'un truc cloche dans notre relation pour qu'elle soit aussi désastreuse. Je voudrais qu'il ouvre les yeux, me prennent dans ses bras et s'excuse de toujours en vouloir trop, d'être aussi égoïste après tout les efforts que j'ai fait pour lui. Moi aussi j'ai le droit de vivre ma vie comme je l'entends, sans un marionnettiste dans mon dos pour en tirer les ficelles. à ma place, il pourrait le comprendre non ? Mon père ne voudrait pas être dérigé par un autre, alors moi non plus. Je vais devoir lui expliquer en long, en large et en travers, pour que l'information rentre dans son petit cerveau étriqué. ça risque d'être dure, long et déprimant, mais pour ma vie de couple et mon copain, je ne baisserai pas les bras.

Une fuite en amoureux. Je ris à cette idée, nous imaginant filer en courant à travers les rues de Séoul, sans savoir où s'échapper réellement. « ça me donnerait presque envie de le faire. » Mon rire ne cesse de revenir, avant d'être tut par son baiser soudain. Je viens à peine de lier nos petits doigts pour une promesse qu'il prend ma bouche d'assaut pour la dévorer dans un échange doux et amoureux. Il me connait mieux que quiconque, quoi que je dise, il sait que je ne suis pas aussi fort que je le prétend et qu'un rien pourrait me faire du mal. J'ai déjà subit beaucoup de mésaventure jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à trouver le pilier sur lequel me reposer et souffler un bon coup. La mort de ma soeur, la fuite de mon meilleur ami, les attentes de mon père, le manque de ma mère. J'en ai assez d'être toujours affecter par tout ça, je voudrais m'en tenir qu'à Kyann et fermer les yeux sur le reste. Tourner définitivement la page pour me dire sans mensonge que je vais bien, parfaitement bien. Pourtant, je suis dans mon pays natal à attendre la confrontation inévitable entre mon père et moi, mon père et mon couple. Pour cela, mon copain va devoir se changer et se faire beau, quitte à ressembler à un prince. « Et encore, le mot est faible. » Dis-je pour me détendre, je sais déjà que mon père est bizarre et un peu à la ramasse pour notre époque. Il est idiot, mais plus que fournir une réponse orale, je viens lui mordre la lèvre inférieure en lâchant un grognement de chat pas content. Qu'il ne s'amuse pas avec ma jalousie.

Ses parents de retour, je me dois de me séparer de mon copain pour ne pas donner une image trop dévergondée ou inappropriée, et surtout par respect pour eux. Je me replace correctement, un sourire timide sur les lèvres. Avec le temps, je parviens à me décontracter et à être plus naturel, sans forcer un sourire ou une réponse à venir. Je participe plus facilement, je ris sans retenu et je parle sans secret. Les gâteaux tombent à pique, avec mon stresse précédent je meurs de faim. J'en profite aussi pour boire et me requinquer un bon coup, avant de continuer la conversation jusqu'à que Kyann se décide à bouger. Nous ne sommes pas là pour prendre du bon temps avec ses parents, même si ça m'enchanterait d'en savoir beaucoup plus à leur sujet. C'est une nouveauté pour moi de faire la connaissance de mes « beaux parents » si puis-je les nommer ainsi. Après tout, nous sommes ensemble, donc ces gens-là font aussi partie de ma nouvelle famille. Si seulement Kyann pouvait en faire ainsi avec les miens, ce serait formidable.

Notre moment détente entre parents-fils-gendre touche à sa fin. Ils semblent amusés par nos surnommes et moi aussi, le sourire toujours collé à la face. Pourquoi croient-ils que je le surnomme ouistiti ou macaque ? Kyann a une façon particulière de se comporter, on dirait un vrai singe. C'est mignon, un ouistiti. Qui sait, il pourrait être un gorille ou un orang-outan ? Finalement nous quittons la terrasse main dans la main, remerciant et saluant ses parents qui ont été formidable avec moi. « Je n'aurai jamais pensé être autant à l'aise avec tes parents, je suis content. Merci de m'avoir emmener jusqu'ici, Kyann. » Je lui souris doucement, fier et heureux à la fois. Comment mon père pourrait penser deux secondes à nous séparer, hein ? Faudrait être fou pour vouloir briser notre couple si parfait et agréable.

Séoul ne m'a jamais semblé si impressionnant qu'aujourd'hui, accroché à la main de mon amant qui marche à mes côtés. Nous ne croisons aucun chat sur la route et je suis attristé de penser qu'ils puissent être partit ou bien pire encore. Après tout, cela fait quelque temps que je n'ai pas revu Billy the cat, l'ami vagabond de Kyann. Le terrain de foot ? Mon regard se dépose sur lui, peu rassuré. Veut-il vraiment qu'on aille sur un endroit susceptible de lui rappeler des mauvais souvenirs ? Après tout, il ne peut plus jouer au foot... « Bien sûr! » Je ne peux pas me résigner à le questionner sur son choix, ni à savoir si il est sûr ... Je veux juste qu'il partage un truc qu'il aime -ou aimait- avec moi, qu'il en soit fier et content aussi. « Dire que je passais devant chez toi sans même savoir que tu existais, c'est étrange non ? » Riais-je en parlant, mes doigts se serrant aux siens. « L'homme de ma vie était là sous mon nez mais je n'ai jamais prêté attention à cela. Qui pourrait prédire l'avenir de toute façon~ » Si c'était possible, ma soeur ne serait jamais morte, mon meilleur ami serait en couple avec elle et moi... Je n'aurais jamais rencontré Kyann. Comme quoi, les choses sont ainsi pour le meilleur comme pour le pire.

TENUE  ♦ Pour être complètement libéré j’ai précipité ces rencontres, mes parents, les siens. Tout se passe très vite, mais c’est aussi comme ça que l’on peut voir que nous sommes sérieux l’un et l’autre, on ne doute pas de notre amour au point de faire face et d’aller le dire fièrement à nos proches. Certes je sais depuis le début que de son côté cela n’a jamais été aisé, son père dominé ses pensées avant que je ne le rencontre, je me souviens encore de notre « première fois » certes nous n’étions pas en couple, mais il a eu du mal à se laisser aller, à accepter ce qui était en train de naitre entre nous, tout comme une fois nos sentiments avoués il m’a fui parce qu’il ne pouvait assumer, a chaque fois la personne en cause était son père, ses exigences, son ombre qui le suivait jusque dans ses études, je l’ai vu et je le sais. Mais aujourd’hui c’est terminé, il peut douter, mais c’est la dernière fois, je ferai face pour deux s’il faut, mais je repartirai pas de la Corée sans avoir mis un terme à son « calvaire » il est heureux, je suis heureux, pourquoi aller chercher plus loin, sa vie lui appartient, il faudra bien que son géniteur s’en rende compte tôt ou tard.

De toute façon comme je viens de lui dire, s’il refuse ou tente quoique ce soit je prendrai sa main et je m’enfuirai au loin, nous sommes jeune, amoureux, une fuite est romantique pas vrai ? Je n’ai besoin que de Ji Hyuk pour exister et ça c’est ma réalité. Je souris devant sa réponse, de toute façon main dans la main le monde entier nous appartient. Malgré notre âge on a connu tous les deux des passages rudes et difficiles, lui a perdu sa sœur, moi j’ai perdu ma jambe, comme je lui ai dit les deux choses sont différentes, mais au fond on a été marqué d’une façon identique. Bien que j’ai dissimulé pendant longtemps ma peine et ma blessure et qu'aujourd’hui j’aime ce que je fais, rien ne pourrait réellement surpasser le football, je ne reviens jamais en arrière, mes pensées sont toujours ancrées vers l’avant, mais si je devais me poser deux minutes et me demander ce qui me manque dans ces années où mon rêve était tracé, je répondrai que le toucher de la balle quand je courrais poussé par le vent en fait partie, je ne me souviens plus vraiment de la sensation quand on cours a toute vitesse, de toutes nos force à en avoir rapidement des goute de sueur. Marquer des buts et encore les gradins s’exciter en gueulant notre nom, mes meilleurs souvenirs sont au Brésil, le pays du foot, là-bas les gens ils vivent ce sport et si j’étais rempli de regret je dirai que j’aurai dû y rester et que rien de tout cela ne serait arrivé... Or... je ne regrette pas et avance la tête haute, tant pis si sur ma route la chance m’a quitté, c’est grâce à cela que j’ai pu rencontrer mon petit ami, l’homme de ma vie et ça, je briserais mes deux jambes s’il fallait, mais jamais je ne l’échangerai contre la capacité de pouvoir à nouveau jouer.

Mais pour cette rencontre avec son père, il y a aussi une autre condition, la tenue vestimentaire. Je ne suis pas vraiment habitué à me mettre sur mon 31, mais puisqu'il le faut je ferais un effort pour être encore plus beau. J’aime quand il joue les jaloux et je lui tire la langue devant son mécontentement de chaton, il est tellement mignon. Au retour de mes parents je suis forcé de retenir mes envies de l’embrasser encore, pas par pudeur, mais par respect, je sais que Hyuk serait mal à l’aise, bien que mes parents n’y verront surement là qu’une vision « adorable » de notre amour. Après un moment ensemble on quitte les lieux, je veux lui faire visiter un peu ou plutôt marcher dans le quartier vu qu’il n’a pas vécu bien loin d’ici, il ne va pas en découvrir beaucoup plus.

« Merci de m’y avoir suivi~ » Je lui souris, l’expression amoureuse posée sur mon visage ne diminuant pas, nos doigts entrelacés on commence à marcher dans les rues qui me sont si familières. Mais il n’y a pas un chat dans les parages, quel dommage. Du coup à défaut de chercher mes amis les bêtes je lui propose de me suivre jusqu’au terrain de foot où je jouai, qu’il ne s’inquiète pas, je vais bien.

« C’est les surprises de la vie, c’est pour ça que j’aime vivre au jour le jour sans savoir de quoi sera fait demain et ne pas regretter ce qui s’est passé hier. » Je lui souris alors que l’étreinte de nos doigts se resserre, a ses nouveaux mots je m’arrête et le force à me faire face ancrant mon regard dans le sien, ne m’occupant pas de qui pourrait nous voir, nous observer.

« C’est parce qu’on ne se connaissait pas à cette époque qu’on est ensemble aujourd’hui. Nos malheurs à tous les deux ont été la cause de notre bonheur actuel et peu importe ce que je dois affronter, tu es le seul dans cet univers que je n’abandonnerai jamais. » Je colle nos fronts en closant mes paupières. « Personne n’a la force de nous séparer, garde bien ça en tête bébé. » Me reculant doucement, je soupire en faisant un signe de la tête, sans regarder pour qu’il voit ce mur au coin de la rue, soufflant simplement et soudainement.

« C'est ici que je me suis fait piégé. » Je continuais de sourire, mais en levant les yeux, je pouvais revoir la scène, la sensation de me faire écrasé et ma jambe se craquer, je suis fort, mais en ressentir encore les effets après tout ce temps ne me semble pas une bonne chose, secouant la tête, je le tire pour reprendre notre marche. « Allons-y~ »

TENUE  ♦ Je pourrais faire un remake de Roméo et Juliette si cela peut nous aider à vivre dans un meilleur monde, sans la fin dramatique bien évident. Juste fuir en amoureux, se cacher aux yeux des gens qui ne nous acceptent pas ou pensent cela impossible. Je serais ses ailes et il sera mon souffle de vie, je serais son ange et il sera mon démon. Je n'ai pas besoin de plus pour me sentir en vie, si ce n'est de l'avoir pour toujours à mes côtés, jusqu'à mon dernier souffle. Je m'en fiche des avertissements, des interdits, des paroles blessantes et des mots tueurs, ils n'auront aucun impact sur moi ou sur mon couple. J'ai peur d'affronter mon père, mais je  ne veux pas non plus me laisser écraser par lui. Je serais résistant, imbattable, fort et droit. Qu'importe mon âge ou mon expérience, je prouverai à mon père que je vaux mieux que ses attentes et ses envies. Je ne suis pas un pantin, il va devoir le comprendre quoi qu'il dise ou pense. Chacun de nous a perdu quelque chose. Kyann a dû abandonner le foot après la blessure à sa jambe et j'ai dû dire adieu à ma soeur après qu'elle soit morte. Chacun de nous vivons avec une enclume au coin de la conscience, mais ensemble, on parvient à alléger nos soucis en partageant notre bonheur et notre amour. Kyann me fait oublier que ma soeur était plus qu'une moitié pour moi, qu'elle était mon monde et mon avenir. Je me voyais faire tellement avec elle, quitte à monter notre entreprise ou à supporter notre père ensemble. Ses sourires, ses blagues, ses rires, ses mots, sa voix, ses mains. ça me manque de ne pas la prendre dans mes bras, de ne plus l'embrasser sur la joue en me réveillant le matin, ni de manger avec elle à s'en balancer notre nourriture dessus en riant comme des gamins. ça m'a tué durant des mois, durant plus d'un an, mais je retrouve avec mon copain les choses qui m'ont manqués à une époque, je revis. Si passe à un temps j'aurai sacrifié ma vie pour ma jumelle, aujourd'hui je ne donnerai plus rien pour l'échanger et perdre mon plus précieux cadeau. Min Ah ne doit pas être un regret, ni un remord. Elle doit vivre dans mon coeur, sans embrouiller mes pensées. Tout comme Kyann doit vivre avec sa jambe blessée sans pouvoir courir à nouveau, sans le regretter non plus. Chacun doit vivre avec les nouvelles choses acquises, en oubliant le reste.

Je n'ai jamais vu Kyann en costard cravate, ce serait peut-être une occasion pour changer la donne ? Une première dans ma vie que de voir mon petit ami sur son 31, j'ai drôlement hâte même si le contexte m'angoisse toujours. Au moins, j'aurai été un homme comblé dans ma vie, pour avoir vu mon copain sous toute ses coutures, avec ou sans vêtements. De nouveau à quatre, nous nous devons d'être sage devant ses parents, alimentant la conversation avec joie et sourire, sans pression ni doute. Cela dure un moment avant que Kyann ne trouve l'occasion de filer pour une visite dans le quartier. Malgré ma nouvelle entente avec son père et sa mère, je suis bien content de pouvoir partir avec lui, juste tous les deux. Ce quartier n'est pas le miens mais j'y ai déjà mit les pieds plus d'une fois sans réellement me rendre compte. à une époque, je passais par là pour me rendre à tel ou tel endroit, que ce soit avec ma soeur ou mon meilleur ami d'enfance. Comme quoi, c'est une pure coïncidence. « Je te suivrai partout, tu le sais bien. » Un sourire apparaît sur mon visage, je suis sincère même s'il s'en doute déjà.

« J'aurai voulu vivre comme toi, juste pour profiter de mes années avec Min Ah. » Je n'ai pas eu l'occasion de jouer beaucoup avec elle en étant enfant, du moins pas autant que j'aurai réellement voulu. Je n'ai pas pu profiter de Dae Jun avant le drame non plus, mais j'essaye de me rattraper aujourd'hui, maintenant que les événements semblent à peu près rentrés dans l'ordre. Vivre au jour le jour est encore compliqué pour moi, mais j'apprend de mon copain, à mon rythme. Main dans la main, les doigts fortement entrelacés, je le sens s'arrêter pour me faire face et me parler. J'ai dit un truc qui me passait pas la tête, sans vraiment réfléchir. Il a les mots juste pour me faire rougir et battre mon coeur à la vitesse de l'éclair. Bravo Kyann, tu me rends fou d'amour. Mon front collé au siens, j'observe son visage tandis qu'il ferme ses paupières, souriant doucement à son aveux. C'est vrai, personne ne pourra nous séparer. « Mais si nous nous connaissions sans le savoir, tu crois que ça ne marcherait plus entre nous ? » Je plaisante, bien sûr. D'ailleurs, j'affiche un large sourire en penchant ma tête de côté, montrant bien que je ne suis pas sérieux. Je tire même ma langue en plissant les paupières, amusé par ma bêtise.

Finalement, je suis son mouvement de tête pour voir le fameux mur au coin de la rue. Oh... Ses paroles ne me réjouissent pas, mais il doit le voir à la tête déprimante que je tire. Il sourit et pas moi... je dois me reprendre, quitte à me forcer un peu pour ne pas l'attrister. « Tu as du courage pour revenir jusqu'ici. » Je tire doucement sur sa main pour agripper son bras avec ma seconde main, me collant doucement à lui. Je n'aurai jamais pensé que ce tremblement de terre puisse autant enlever à quelqu'un d'aussi formidable que Kyann. Où étais-je à ce moment-là ? « Je l'ai vécu ce tremblement de terre. » Avouais-je doucement en me rapprochant du terrain. Je m'en souviens de cet endroit aussi, j'y jouais à des rares occasions avec Dae Jun. « Je suis déjà venu ici... Avec Dae. » J'ai trop de chose à dire d'un coup, et je sais pas si je dois sourire face à cette nostalgie.

« J'étais chez moi ce jour-là, quand la terre s'est mise à trembler. Ma mère m'a hurlé de rester dans un coin de la pièce avec ma soeur, mais nous n'avons rien eu. Ni nous, ni notre maison. » Heureusement, mais nous n'avons pas tous eu cette chance malheureusement. « Et toi tu étais là à souffrir pendant que je me réjouissais avec Min Ah d'être saint et sauf... Pour nous, ce n'était rien puisque nous n'avons rien eu... » Personne de mon entourage n'avait été blessé, personne sauf Kyann.

TENUE  ♦ « J’espère bien » Je lui tire la langue, s’il me suit partout c’est aussi mon cas, de toute façon ça ne pas en être autrement. Je suis fier de l’avoir présenté à mes parents, qu’ils aient pu voir l’homme que j’aimais, l’homme pour qui je damnerai s’il le fallait, celui qui a su me voler mon âme autant que mon cœur et mon corps pour les faire sien, tout en moi lui appartient, tout en lui m’appartient, c’est ainsi qu’on avance main dans la main. J’ai une façon de vivre qu’il a dû affronter au début avant d’être emporté par mon ouragan, mais jamais je ne le laisserai quitter ce vent qui est le mien, nous envolant selon nos envies, nos désirs, vivant en profitant de chaque jour, chaque instant. À ses nouvelles paroles je lui souris tendrement, avant de finalement nous arrêter sur le chemin pour qu’il me fasse face, je sais que je ne pourrais jamais remplacer sa sœur, on le sait tous les deux et c’est tant mieux, je ne veux pas prendre sa place, je n’ai pas le même rôle non plus, tout ce que je cherche c’est pouvoir l’aimer sans compter et combler à jamais son cœur, sa vie et qu’on puisse se dire que notre existence fut nécessaire l’un pour l’autre. Mon monde a changé depuis que je l’ai rencontré, je vois la vie beaucoup plus coloré, je ressens la joie à ses côtés et le manque séparé, il est ma drogue au quotidien, si on a tous une histoire, la mienne a arrêté d’être unique à l’instant où Ji Hyuk en a fait partie, ce n’est plus mon histoire, ni son histoire, mais la nôtre.

« Idiot. » Soufflais-je doucement en souriant, je ne pense pas qu’on se soit connu de toute façon, j’ai vécu quelques années aux États-Unis avant de venir ici, puis je suis partie au Brésil et quand je suis revenu, j’ai eu mon accident, donc... Je ne vivais que pour le football a cette époque, ça me rendrait presque nostalgique. Mes amis de l’époque ont surement dû rejoindre la sélection aujourd’hui et être dans l’Équipe nationale, mais je ne les envie pas, si ce jour fatidique j’ai pleuré autant pour la douleur que pour mon rêve que je sentais m’échapper aujourd’hui j’en tiens un plus beau, plus grand, plus solide, plus fort, plus génial encore entre mes mains. Ji Hyuk.

Mais en pensant au lieu de l’accident j’ai bien remarqué qu’on y était arrivé et je le montre d’un signe de la tête avant de lui expliquer que c’était là où ma jambe fut brisée. Si je souris, je vois que Hyuk est plus expressif que moi sur le coup, il affiche peut-être ce que je devrais ressentir au fond de moi, mais je reste calme bien que je suis un humain normal, un jeune garçon certes complètement fou, mais je n’ai que 19 ans et cette blessure m’a hanté durant des années... Alors oui, je ne suis peut-être pas si calme au fond de moi contrairement à ce que je montre. « Tu crois ? » Je souris tristement malgré moi en fixant les lieux alors que je le sens se tenir à mon bras, ses paroles me font poser le regard sur lui, je suis surpris, mais en fait c’est logique maintenant qu’on pense au fait qu’on vivait proche l’un de l’autre, ce jour-là c’est une grosse partie de la Corée qui a tremblé. Mais je reste silencieux alors qu’on se rapproche du terrain, écoutant chacun de ses mots. Il m’explique ce qu’il faisait ce jour-là et quand il eut fini, je pris finalement la parole.

« C’est du passé. Je suis content que toi et ta famille vous en soyez sorti indemne, je me dis que je n'ai juste pas eu de chance, je me souviens encore de la douleur, de cette sensation de me faire écrasé, je pensais ne plus être capable de marcher, je n’ai surement jamais autant pleuré que ce jour-là haha... Mais c’est du passé. » Répétais-je alors.

« Ne te sent pas coupable d’avoir été heureux Hyuk, on ne se connaissait pas. Aujourd’hui je suis l’homme le plus comblé et ça ne changera pas. » Je dépose subtilement mes lèvres sur les siennes, avant de le tirer par la main jusqu’au centre du terrain, il n’y a personne, je m’accroupis pour toucher la pelouse, elle est propre et nettoyer, quelqu’un doit surement l’entretenir régulièrement ça fait plaisir. Me laissant tomber en arrière pour m’allonger sur l’herbe dans un soupire bien mérité, ça fait du bien ! Mes deux bras tendus de chaque côté, mes jambes écartées, position d’une étoile de mer, je regarde mon petit ami. « Ressource toi aussi, on va en avoir besoin. » Je lui tire la langue en tapotant mon bras pour qu’il vienne me rejoindre au sol... Une petite pause, personne ne va nous la reprocher.

TENUE  ♦ Kyann ne pourra jamais prendre la place de Minah, mais ça je le sais déjà et depuis bien longtemps. Nous avons longtemps parlés sur ce sujet, pour qu'il soit clair entre nous. Minah est une image du passé qui ne doit pas brouiller mon présent, ni pourrir mon futur. Kyann occupe une place différente, une place qui n'était pas celle de ma jumelle et qui ne pourrait pas être la sienne non plus. C'était ma soeur, il est mon copain. C'est rentré dans l'ordre, ainsi que dans ma tête. Je ne pourrais jamais comparé les deux, ni même demander à mon copain de remplacer ma soeur, c'est impossible. Son rôle est plus puissant, puisque je vivrais avec lui jusqu'à la fin, sans excuses, sans me forcer, sans effort. Je ne me retournerais plus pour regarder les scènes qui se sont déroulées jusqu'à aujourd'hui. Je ne serais plus ce garçon du passé, ni celui qui cours après des souvenirs. J'ai Kyann maintenant. J'ai une personne sur qui compter et avec qui partager, je n'ai pas besoin de plus pour vivre et me sentir entier. Mon renouveau, je le vis avec mon petit ami. C'est notre histoire, il faut être deux pour la raconter et la vivre pleinement.

Il désapprouve, je pense. S'il me traite d'idiot, c'est que je raconte n'importe quoi. Sa réponse me fait sourire, parce qu'il n'a pas tord. Je suis idiot de penser à une telle chose, alors que ça ne changerait rien à notre rencontre ou à notre histoire. Je préfère même pas penser à des « et si » inutiles, la vie est ainsi, pourquoi vouloir la changer. à cette époque, Kyann n'avait des yeux que pour sa passion et sa place dans une parfaite équipe de foot. à cette époque, je tentais d'être normal en reliant la vie extérieure avec la présence de ma soeur et de mon ami d'enfance. De toute façon, nous n'aurions jamais pu nous rencontrer, ni même nous croiser. J'étais dans une prison doré, tandis qu'il vivait la parfaite aventure. Maintenant, je suis libre et ma liberté se nomme Kyann.

Cet endroit me donne le bourdon, mine de rien. C'est là où Kyann a perdu sa faculté de courir et de jouer au foot. Là où il a enterrer sa passion après avoir fait une grosse croix dessus. ça ne me rend pas tellement souriant d'être ici, de regarder les lieux avec un pincement au coeur comme si j'éprouvais à la place de mon amant. ça me rend triste d'imaginer la souffrance qu'il a pu ressentir par le passé, quand c'est arrivé ou les mois qui ont suivi. Je suis triste pour lui et ma mine déconfite doit en dire long. « Je ne crois pas, j'en suis sûr. » Il est courageux, à ne pas en douter. Je voudrais être comme lui et me pointer devant la tombe de Minah avec le sourire, un bouquet de fleur et des gâteaux. Pourtant à chaque fois que j'y vais, je me met à pleurer comme une fontaine. Son regard triste me peine, parce que je ne voulais pas qu'il réalise le vrai sentiment à ressentir dans ce genre d'instant. Il le prend bien, c'est un miracle. N'importe qui serait dévasté de revoir un point sombre de son histoire, sans pouvoir le contourner.

Ce jour-là, je vivais encore à Séoul et j'ai subis le tremblement de terre comme la quasi totalité de la population. J'ai beaucoup moins perdu que Kyann, à dire vrai, je n'ai rien perdu à ce moment-là. Je me sens coupable d'être en pleine forme et pas lui, comme si j'aurai dû être à son niveau pour mieux le comprendre. évidement, c'est agaçant et Kyann doit aussi le ressentir comme tel. Il me raconte cela avec une telle légèreté que je reste scotché à ses yeux, étonné qu'il puisse tourner la page si facilement. « Je t'admire, tu es formidable d'encaisser les choses aussi facilement. » Alors que je ne parviens pas tout le temps à me dire « c'est du passé » en pensant à elle.

Ses mots me font du bien et je ne peux m'empêcher de sourire, heureux de l'entendre dire. « Moi aussi je suis comblé, je n'ai pas besoin de plus. » Répondis-je avant de lui rendre délicatement son baiser, bien plus que comblé. Sa main tenant la mienne, je me retrouve rapidement au centre du terrain, mes yeux se baladant sur la belle pelouse verte et flamboyante. a-t-on le droit d'être là à piétiner l'herbe fraîche et bien entretenue ? Kyann ne doit pas s'en préoccuper, déjà allongé dessus en position étoile de mer, m'intimant de le rejoindre. Un sourire aux lèvres, je me laisse choir au sol en venant me coller contre lui, caler dans le creux de son bras. « C'est donc ici que tu passais le plus clair de ton temps. » Remarquais-je en caressant doucement l'herbe, conquis par ce terrain. C'est là qu'il a dû vivre les meilleurs moments de son adolescence et de son enfance.

« Salut terrain de foot, moi c'est Jihyuk. Je te pique ton meilleur allié, tu ne m'en veux pas trop ? » Quel idiot, je ris de mes bêtises avant de rouler pour être face à Kyann, mon sourire jusqu'aux oreilles. « De toute façon, je ne partage pas mon copain. » Dis-je faiblement, mes pupilles ancrées aux siennes. Une pause ne nous fera aucun mal, surtout quand nous sommes seuls dans un endroit désert.

TENUE  ♦ Les personnes qui ne sont plus là gardent toujours une place au fond de nous, je sais très bien que sa sœur sera toujours là au fond de son cœur, mais elle doit rester un doux et heureux souvenir sans lui pourrir la vie, Hyuk doit avancer et à mes côtés, si je ne prends pas la place de celle qu’il a tant aimée, j’ai réussi à m’y faire la mienne, une plus forte et imposante qui ne s’en ira pas, parce que je suis vivant, je suis là pour passer le reste de nos jours ensemble. C’est l’un dans l’autre que nous trouvons notre bonheur et personne ne doit nous barrer la route, mort ou vivant c’est notre chemin qu’on trace, sans l’aide de personne on suit la voie qu’on a créé pour nous deux et uniquement nous deux. Si j’ai le courage de revenir à l’endroit qui m’a le plus blessé, c’est parce que quoique je fasse c’est arrivé et c’est du passé. Je veux que mon copain puisse partager mes souvenirs, les endroits qui m’ont marqué en bien ou en mal, qu’il ne dise plus jamais « tu sais plus de choses sur moi que moi sur toi » au début c’était vrai, il m’avait parlé de sa vie en inconnu, je connaissais des choses que seuls ses proches devraient savoir, mais maintenant il me connaît mieux que personne, s'il y a encore des choses à découvrir on a la vie devant nous pour le faire. Je souris devant les mots de mon petit ami, je ne sais pas si je suis courageux ou juste insouciant, je n’aime pas être bloqué par ce qui a pu arriver dans le passé, pour avancer on doit faire abstraction des douleurs et se dire qu’on l’a surmonté, la vie est courte et je ne veux pas regretter, je pourrais tant avoir à envier et en vouloir au monde entier, mais ce qui est arrivé n’est pas ma faute et ce n’est la faute de personne, le destin a choisi ce chemin et finalement je me rends compte que c’est celui qui me convient.

Hyuk était aussi proche d’ici quand le tremblement a sévi et je suis soulagé que lui et sa famille n’ont rien eut, je ne veux pas être soulagé en pensant « je ne suis pas le seul à avoir souffert et à avoir perdu quelque chose » non, je ne serai jamais heureux d’entendre ça, je suis juste rassuré d’avoir été le seul justement. Je lui parle en faisant face à cet événement, le regardant ensuite dans les yeux pour croiser les siens et ses mots me font doucement sourire, me rendant un peu fier faut l’avouer.

« Tu m’as aidé à les encaisser Hyuk, sans toi j’aurai toujours des sentiments enfouis cachant le mal qui me rongé. » Je suis comblé aujourd’hui, j’ai une vie qui me plaît et un petit ami parfait, je n’ai pas besoin de regretter le passé. Partageant un baiser, je finis ensuite par le tirer au centre du terrain. Il n’y a personne ici et l’herbe est toujours bien entretenue. Me jetant au sol en mode « étoile de mer » j’aime la sensation de l’herbe sous mon corps, c’est agréable et reposant, autrefois après les matchs on se jeter toujours au sol pour se ressourcer, se reposer, j’ai toujours aimé ça. Mais je veux partager ces moments avec mon homme, lui intimant de venir me rejoindre, alors qu’il se laisse tomber sur la pelouse, coller contre moi allonger sur mon bras, je réponds simplement « Exact~ » à sa question. Je suis surpris par ses mots, mais heureux aussi. Je me souviens qu’on disait souvent que le terrain et le ballon étaient nos alliés, ça me rappelle de bons souvenirs et il me fait juste toujours autant craquer pour lui. Face à face je lui tire la langue. « Possessif.» Je le taquine d’un sourire heureux et chaleureux alors que je referme mon bras sur lui pour le coller contre moi. « On est bien là. » Je ferme les yeux, c’est reposant. « Quand tu seras prêt, emmène-moi rencontrer ta sœur Hyuk. » Je voulais lui parler aussi, lui dire que son frère était entre de bonnes mains, je ne veux pas juste convaincre ses parents au fond, même si sa sœur nous voit, je veux faire les choses bien pour prouver que tout ça est bien concret, qu’on puisse créer notre nid en étant vierge du passé.

TENUE  ♦ à présent, je ne pourrais pas redire « tu sais plus de chose sur moi, que moi sur toi » c'est impossible quand il se donne la peine de me montrer cet endroit si douloureux et source de mauvais souvenirs. Parfois, je me trouve vraiment stupide, même si c'était justifié au départ. Rien que d'y penser, je me sens bête. Aujourd'hui, j'en sais autant sur lui que lui sur moi. Puis, j'ai rencontré ses parents, je me suis lié avec eux en étant le copain de leur fils, donc leur gendre en quelque sorte. Je ne peux réellement plus penser à cette phrase, comme une douce illusion du passé. N'empêche, il a du courage pour revenir ici et m'en parler aussi. Est-ce que j'aurai du mal à lui présenter Minah, face à la pierre tombale portant son nom ? Je l'ignore encore. Peut-être serais-je serein, peut-être perturbé ? Je ne peux pas savoir à l'avance, malheureusement. Kyann me donnera sûrement la force d'affronter le pire, sans fermer les yeux sur les choses qui me perturbent et me rendent triste. Je crois en lui, alors je peux aussi croire en moi. C'est ainsi que l'on fonctionne dans un couple, basé sur la confiance et le partage de soi. Faut aussi dire qu'il sait facilement me rendre le sourire et qu'il participe à mes éclats de rire. Kyann est un magicien pour les relations humaines, quitte à faire sortir un lapin de son chapeau pour rendre la joie de vivre à n'importe qui. Si je l'aime, c'est bien parce qu'il est parfait en tout point.

Ce tremblement de terre lui a beaucoup prit, alors qu'il ne m'a rien retiré à moi. C'est idiot de ressentir du reproche sur une chose aussi importante, mais j'ai mal pour Kyann. Il s'est relevé, mais j'ai la sensation de creuser trop loin sans raison. Il va bien, c'est juste moi qui m'inquiète de trop...Mais mieux vaut trop que pas assez, non ? Puis, il me rassure et je peux exprimer mon admiration à son sujet. Il encaisse, que ce soit grâce à moi ou à personne, il encaisse quand même. « Je suis content de t'avoir aidé et de continuer à le faire. Compte sur moi pour chasser ce mal! » Je le promet sur ma tête, plus jamais il ne souffrira de quoi que ce soit. Je le promet sur notre baiser, plus jamais il n'ira mal. Au centre du terrain, je me rend compte que c'est bien la première fois que je foule un tel endroit. Auparavant, je n'ai jamais été aussi loin avec mon meilleur ami, parce que nous étions trop jeune et trop banal pour taper l'incruste ici. Avec Kyann, je me sens suffisamment grand et fort pour y venir, même pour m'allonger sur l'herbe fraîche et sentir l'odeur particulière qui vole dans l'air. Dans le creux de son bras, face au paysage, je peux communiquer avec le terrain qui s'offre à moi. Je me présente et impose directement ma marque sur mon copain, ex-joueur de foot qui a partagé des instants forts ici. ça fait du bien de parler avec soi-même, de mettre les choses au clair avec le vide, puis Kyann sait maintenant que je suis entièrement à lui comme il est entièrement à moi. Possessif, et pas qu'un peu.

Son bras se referme sur moi et je lui souris tendrement, acquiesçant ses paroles. Ma soeur ? Je met un temps de pause avant de réaliser ses mots, d'abord surpris, puis heureux. Un large sourire se dessine sur mon visage, j'hoche doucement la tête avec des étoiles dans les yeux. « Je t'amènerai la voir quand nous aurons parlés avec mes parents! Elle sera contente de te rencontrer ~ » Même si ce n'est qu'une tombe, rien de chaleureux, ni de joyeux. Je préfère me dire que Minah est heureuse pour moi, qu'elle sourit de là où elle est. « J'aurai bien voulu te voir jouer au foot. Tu ne peux plus rien faire, même sans courir ? » Je le regarde dans les yeux, cherchant une once de tristesse à cause de ma question. J'aimerai voir de quoi il est capable, même sans parcourir le terrain comme un fou. Peut-il encore dribbler avec le ballon ou juste tirer des buts ? Je voudrais savoir, jouer un peu avec lui, partager un domaine que je peux atteindre aussi. « On pourrait se mater des manga sur le foot, si tu veux ? » Je le cherche un peu, même si ce n'est pas marrant. Finalement, je roule sur lui pour le surplomber avec un grand sourire, revenant amoureusement l'embrasser. Je suis réellement content d'être là, qu'importe le nombre de souvenir que cet endroit peut lui ramener. « Tu sais de quoi j'ai envie ? D'une glace à l'eau ~ » Celles qu'on peut couper en deux et partager, celles que l'on trouve dans les petites bicoques des quartiers défavorisés. Avec Minah, on trouvait toujours le moyen d'en manger en douce, quand nos parents ne faisaient pas attention à nos petites fuites.

TENUE  ♦ Les endroits que j’ai aimés, les lieux que j’ai fréquentés, les personnes que j’ai rencontrées, les joueurs avec qui j’ai joués, tout ce qui a fait de moi ce que je suis j’aimerai les partager avec mon petit ami, lui montrer d’où je viens, où j’étais, mes bonheurs et mes malheurs, j’aimerais l’emmener au Brésil aussi, lui faire découvrir ce monde où j’ai trouvé rapidement ma place, ce pays où je respirais le foot, mais aussi les gens souriants, aimant, sociables, malgré la pauvreté, ils se donnent toujours à fond, il aime ce qu’ils font et donner aux autres, la réalité là-bas est plus belle que tous les endroits que j’ai pu voir jusqu’à maintenant, j’aimerais vraiment y retourner maintenant que j’ai grandi, quand je m’y suis rendu j’étais encore un jeune joueur, je partageais ma passion avec des professionnels, attaquant dans l’équipe juniors et je passer mes journées ballons aux pieds, c’était chouette. Je veux que Hyuk prenne conscience qu’il est le seul qui me connaîtra autant tout au long de ma vie, si mes parents connaissent ses endroits qui m’ont marqué, s’ils savent qui je suis, eux ne me verront jamais les regarder avec ses yeux amoureux qui le fixent sans arrêt, ils ne savent pas comment je suis dans l’intimité -et Dieu merci heureusement -, ils ne vivent pas au quotidien avec moi, je ne veux pas passer ma vie avec eux, mais seulement avec ce garçon qui me fait face, il sait comment je peux être avec lui, avec les autres, ce que je suis, comment je suis, il n’y a pas de secret entre nous, il est le seul que j’aime, le seul que j’embrasse, le seul que je touche et qui me rend fou, le seul qui sache comment je me sens réellement... Si au début il pensait ne pas me connaitre autant, aujourd’hui c’est révolu depuis longtemps. J’espère qu’il s’en rend compte vraiment.

« Je compte déjà sur toi, tu le fais parfaitement au quotidien. » Je lui souris tendrement avant de l’embrasser dans une promesse silencieuse, c’est juste si simple entre nous, on est libre de nos pensées, de nos mouvements, soudé et prêt à tout affronter. Au centre du terrain les souvenirs me reviennent, c’est apaisant, l’odeur de l’herbe légèrement humide, propre, passer mes doigts à travers les feuilles est relaxante. Avoir Hyuk contre moi allonger sur cet étendu vert qui à frôler mes instants de joie comme de déception par le passé me fait sourire, la vie est étrange, mais c’est ce que j’aime découvrir. Les surprises qu’on rencontre tout au long de notre existence. Alors que mon petit ami fait un monologue avec le terrain je souris conquis par ce bonhomme qui fait mon bonheur, le traitant de possessif devant ses belles paroles, il est adorable et je suis bien content qu’il soit ainsi, si je ne le prête à personne, si je le garde pour moi fortement aux creux de mes bras, je sais qu’il en fera de même me concernant. L’amour est ainsi, on est ivre que de notre moitié, je ne vois que lui, il ne voit que moi, n’est-ce pas parfait ainsi ? Cependant plus que de voir ses parents de les convaincre je veux aussi pouvoir rencontrer sa sœur, que ce soit une tombe ou non, je lui parlerai quand même, tout comme Hyuk vient de s’adresser au terrain, je ferai un monologue pour que mes mots rejoignent les cieux. Je suis content qu’il le prenne bien, j’ai eu peur un instant de le blesser avec ma demande égoïste. « Tu me rassures ! J’ai hâte de la rencontrer. » À sa question je le fixe avant de laisser un sourire s’afficher sur mes lèvres.

« Je peux toujours te montrer quelques tours, mais malheureusement courir est obligatoire dans ce sport, même en sachant encore jongler ou tirer des buts, ce n’est qu’un détail et je suis loin d’être aussi agile qu’avant. J’ai perdu la mobilité de ma jambe, je n’ai plus autant de force étant donné que je n’étais pas destiné à remarcher haha. Mais je peux utiliser celle encore « safe » pour t’épater ! » Je lui tire la langue totalement insouciant, bien que je ne sois plus aussi doué qu’avant s’il veut me voir avec un ballon je ferai l’effort pour lui. Juste pour lui, car au fond, c’est difficile de voir la balle à mes pieds sans pouvoir réellement jouer. « Tu regarderais ça avec moi ? » Je lui souris plutôt emballé par l’idée. « Je ne pense pas que ce soit quelque chose que tu apprécies pas vrai ? » Le foot j’entends.

Le regardant rouler pour se retrouver au-dessus de moi, je passe les bras sous ma tête pour le fixer en l’écoutant de nouveau après qu’il soit venue m’embrasser. « Ah les doubles bâtons ? Maintenant que tu en parle j'ai bien envie d'en acheter aussi. » Lui  faisant un rapide clin d’œil, je le fait basculer pour m’affaler à moitié dessus, mon bras gauche sous sa tête et l’autre autour de son ventre pour déposer mes lèvres sur les siennes à mon tour. « À quoi tu aimais jouer quand tu étais petit ? »

TENUE  ♦ Il y a encore des nombreuses choses que je voudrais apprendre de Kyann, surtout sur sa passion qu'il a tut jusqu'à aujourd'hui à défaut d'être encore mentalement blessé par sa jambe. En même temps, je n'ai jamais cherché à creuser ce sujet, par peur de raviver la plaie et de ramener des souvenirs enfuis à la surface. Je l'aime trop pour le voir pleurer ou regretter son passé, bien que je me doute qu'il ne ferait jamais ça. Je l'ai compris, cette vie lui plait autant qu'à moi. Même si je voudrais devenir une idole, danser et chanter quand ça me plait, je sacrifierai ma carrière en pleine ascension pour lui, pour prouver que je l'aime bien plus qu'une passion. Je serais content de voyager, voir un pays dans lequel il s'est séjourné durant un certains temps, où il connait sûrement les coutumes et la gentillesse des habitants. Je voudrais tout découvrir avec Kyann, même l'irréalisable comme voyager dans l'espace ou marcher sur la lune. Ce serait une première pour l'homme, du moins en partie parce qu'ils flottent déjà dans l'espace les astronautes. Tant que ça le concerne, tout me va. Tant qu'il garde ces yeux amoureux braqués sur moi, je suis comblé et au paradis. Il n'y a rien de mieux que se sentir aimer et d'aimer en retour, surtout quand ça ne concerne pas un membre de la famille et que cette personne est encore plus précieux qu'eux. Une personne que je peux embrasser sans honte, que je peux toucher sans peur, que je peux ressentir sans hésitation. C'est ma réussite, ma fierté, mon but atteint. Il est ce que j'ai toujours rêvé secrètement d'avoir, quand je voyais par la fenêtre ma soeur et mon meilleur ami flirter ensemble dans un coin caché de la résidence. à présent, c'est moi qui fricote avec mon petit ami dans l'ombre des gens, mais aussi au devant de n'importe qui. Il est loin le temps où je tremblais face à leurs regards, quand je pliais le dos sous leurs critiques injustes. Aujourd'hui, je m'en fiche d'être un paria ou un reclus de la société au cerveau restreint quand je sais que je connais la même chose au monde, l'amour.

Un doux sourire se dessine sur mes lèvres au son de ses paroles. Je suis fier de l'entendre dire ça, même si je le sais déjà. Au quotidien je veille sur lui, je fais attention à ce qu'il mange bien, qu'il soit en forme et qu'il ne se blesse pas. Des fois, j'ai plus l'impression de materner un enfant plutôt que chérir un copain, mais n'est-ce pas un tout dans un couple ? Il est enfant et l'homme à la fois, je dois être le parent et la fiancé en même temps ? Dans tout les cas, nous sommes bien ensemble. Sur la pelouse du stade de foot, logé dans ses bras après un court monologue avec le terrain, je me sens réellement bien dans cette situation. J'impose ma marque, ma possessivité, mon appartenance. Personne n'a le droit de me prendre mon kyann, c'est mon précieux que j'affectionne tout particulièrement. Il peut bien confirmer mon comportement, je ne le cacherais pas pour autant. Au contraire, j'en souris fièrement. Le premier qui ose l'approcher, je le bouffe sans hésitation. De là à vouloir rencontrer ma soeur, ça me fait chaud au coeur, je n'aurai jamais eu l'idée d'aller voir Minah pour lui présenter Kyann et faire un nouveau monologue dans un endroit sacré. ça me fait plaisir de l'entendre dire, au point que je pourrais me remettre à pleurer... Sauf que  je pleure trop, alors je vais me calmer. ça ne me blesse pas de parler comme si Minah pourrait toujours être vivante, ça ne me blesse plus du moins. Un nouveau sourire peut revenir illuminer mon visage, approuvant ses mots qui résonnent comme une énième promesse.

« Tu m'épates déjà à tenir debout, sale macaque. » Oh que ce surnom me manquait, à croire que je ne l'ai pas dit depuis des lustres. « Mais épates-moi avec ta jambe valide, j'attends de voir ça. » Un sourire en coin et un haussement de sourcil provocant, et le tour est joué. Il m'a déjà parlé de son accident et de l'état de sa jambe, mais je ne sais pas jusqu'à quel point elle est inutilisable. C'est déjà bien qu'il marche sans tomber, qu'il n'est pas non plus des périodes de faiblesse ou autre truc dans le genre qui pourrait lui causer des soucis. Dans ce cas, je ne tiens pas à le blesser pour voir son talent. « Bien sûr. Je ferais tout avec toi. » Absolument tout, même l’impensable. Pourquoi dit-il ça ? Je gonfle mes joues dans une fausse moue boudeuse, avant de souffler fortement. « Je suis un mec, j'ai déjà joué au foot comme tout les autres mecs, monsieur. Ce n'est pas ma passion, mais je n'ai rien contre non plus. » Je voudrais pas qu'il pense le contraire, même si je n'ai jamais été bon en foot. Je sais courir après une balle, mon talent se résume à ça.

Retournement de situation, je viens me caler au dessus de lui, toujours coller à son torse pour voler ses lèvres dans un nouveau baiser. Suite à ça, je parle de glace et de mes souvenirs d'enfant. « Oui! On ira s'en acheter sur la route ~ » Un immense sourire prend place sur la moitié de mon visage, heureux à l'idée de manger une glace à l'eau avec lui. C'est tellement enfantin, mais source d'un futur bon souvenir à deux. Finalement, c'est moi qui me retrouve au dessous et qui subit la moitié de son poids, lâchant un couinement de souris. Je lui rend rapidement son baiser en fermant les paupières, mordillant légèrement sa lèvre avant de lui répondre. « à chat. J'étais le plus petit, alors c'est moi qui courais toujours après Minah et Daejun... Des vrais sadiques. » Je ris bêtement en les revoyant se cacher dans des endroits impossibles, et Dae se moquer de moi parce que je pleurais encore, quant à Minah, elle disputait le second. « Quand mon père partait pour son boulot, on jouait à cache dans la maison. Ils me trouvaient jamais, mais j'ai compris parfois qu'ils ne me cherchaient pas non plus. » C'est amusant quand j'y repense, même si je chouinais deux fois plus en étant abandonné que pas retrouvé. « Et toi ? Tu jouais à ça avec tes amis d'enfances ? »

TENUE  ♦ Il y a tant à faire, tant à voir, j’aimerais emmener Ji Hyuk dans tous les endroits où j’ai pu mettre les pieds comme tout ceux où je rêverai d’aller, mais je veux aussi découvrir son monde, ses lieux qu’il affectionne et ceux qu’il aimerait parcourir, on a la vie devant nous et on est jeune, je ne veux pas qu’on se prive de quoi que ce soit. Je pourrais facilement me contenter de notre maison, notre nid d’amour et notre petit quotidien tranquille, mais j’aime aussi voyager, seulement tous les deux dans des endroits qu’on ne soupçonnerait même pas d’exister, vivre à fond sans nous arrêter, s’aimer sans tabou, sans limite et se donner l’un à l’autre sans compter, depuis que je suis avec Hyuk s’est devenu ma définition du mot « exister ». Je respire pour être à ses côtés, je vois pour le regarder, j’ai l’odorat pour le sentir, et la capacité de ressentir pour le toucher. Tous mes sens sont tourné seulement dans sa direction, parce qu’il est le centre de mon univers, le nombril de mon monde, s’il est heureux je le serais, s’il est triste je le consolerai, s’il est jaloux je le rassurerai, mais quoiqu’il arrive je ne cesserai pas une seule seconde de l’aimer.

J’abandonnerai tout pour lui, j’ai déjà perdu un rêve, mais à côté de lui le prix n’est pas cher payé, alors quoique je doive abandonner, qu’on me traite d’idiot, d’imbécile, d’aveugle, je sais ce que je ressens, ça n’a pas de mot réel, le bonheur, sa vie, l’amour aussi. Hyuk fait de moi un homme heureux qui peut avancer malgré un passé douloureux, il me comble au quotidien et je me fiche bien du reste, tout ce qui m’importe c’est pouvoir éternellement le tenir contre moi, entouré de mes bras. Cet endroit m’a pris ma jambe, mais Ji Hyuk m’a accepté, il n’a jamais rien dit sur cette cicatrise qui surplombe ma cuisse, il me soutient comme je le soutiens, pour le meilleur et pour le pire. Allongé sur ce terrain je craque un peu plus pour lui en le voyant faire la conversation avec ce terrain qui a connu mes meilleurs jours, j’aime qu’il me montre que je suis à lui, même si je le sais, j’aime l’entendre, j’aime qu’il proclame haut et fort que je suis à lui, tout comme je le fais sans arrêt le concernant, parce qu’il est à moi et que j’en suis fier. Je ne laisserai personne me l’enlever, plutôt mourir que m’en séparer, je veux continuer à voir son sourire, à entendre à voix, à l’observer quoi qu'il fasse, à le toucher et l’embrasser, sans Hyuk je n’ai plus d’oxygène pour respirer.

Je veux pouvoir montrer à sa sœur que son frère et entre de bonnes mains, que je le rendrai heureux quoiqu’il se passe, je veux la rencontrer pour la rassurer où qu’elle soit et montrer à Hyuk que je suis là, que je respecte celle qu’il a aimé le plus avant moi, je ne veux pas qu’il la mette de côté, je ne veux pas la virer de ses pensées, juste qu’il continue de vivre en la laissant reposer où elle est. Parce que jusqu’à ce qu’il la retrouve ce sera avec moi qu'il vivra, avec moi qu’il vieillira, telle une promesse éternelle, comme un contrat de mariage avant l’heure j’imposerai ma présence à ses côtés au monde entier, ses parents, Minah, les miens, ils devront tous s’y faire parce qu’avec ou sans leur accord ce sera le seul dans ma vie. Quand il me questionne sur le foot, je souris en lui expliquant que je peux encore faire des choses, mais beaucoup moins qu’à l’époque, ce qui est forcément logique. Riant devant sa remarque.

« Je passerai ma vie à t’épater Hyuk'chan » il doit ce souvenir que lorsque je l’ai fait rentrer chez moi pour la première fois je l’appelais souvent comme ça, l’embêtant un peu j’avais trouvé cela amusant à ce moment-là et à cet instant j’avais envie de le faire à nouveau en lui tirant la langue ouvertement.  « Bien, alors faisons-le quand on sera chez nous ? » Une autre promesse, il comprendra bien que « chez nous » n’est pas dans nos appartements séparés, mais je compte bien le voir emménager avec moi, ensemble dans un avenir proche, arrêtant de passé d’une porte à l’autre, je veux qu’on concrétise notre relation en passant l’étape suivante, pas pour le montrer aux gens, non... Mais parce que je veux vraiment habiter avec lui, même ses chiens seront heureux et ne seront plus seul la plupart du temps vu que mon petit ami est souvent chez moi. « Ai-je dis que tu n’en étais pas un ? » Je viens choper ses lèvres de façon taquine en les relâchant presque immédiatement. « Il y a des mecs qui ne jouent pas tu sais~ mais je ne veux pas t’imposer ça si tu le fais juste pour moi. » C’est plus dans le sens où il n’a pas à se forcer, le foot est derrière moi et même si j’aime toujours ça, on peut faire des tas d'autres choses, mais ça me fait plaisir qu’il me le propose et je nous imagine déjà allonger sur le fauteuil le tenant dans mes bras devant quelques épisodes, comme lorsqu’on regarde un bon film, c’est vraiment des moments agréables à partager dont je ne me lasserai jamais. Le sentant se caler sur moi, je le regarde avec cet habituel regard amoureux, alors que ses lèvres viennent se plaquer sur les miennes pour un nouveau baiser, c’est tellement naturel maintenant, on peut s’embrasser n’importe où, n’importe quand. Il me donne envie avec sa glace, ça me rappelle des souvenirs, après les entrainements on allait toujours en acheter, même avec Jun Ho et Jae Woo. « Hum ! Autant profiter de ce que nous sommes là pour se goinfrer haha. » Je le fais rouler de manière à me retrouver à moitié sur lui, le regardant, nos visages proches, le tenant entre mes bras, il est tellement mignon que c’est surement un crime de me rendre fou à ce point. Échangeant un baiser, je pince doucement ses lèvres entre les miennes en prenant le temps de savourer cet échange. Le questionnant curieusement sur ses activités quand il était plus jeune, que faisait-il principalement, je veux en savoir davantage encore et toujours plus.

Je fus un peu surpris par ses paroles, mais collant mon front au sien dans un « paf » je ferme les yeux en lui susurrant. « Moi je t’aurai toujours retrouvé, où que tu sois je serais venue te chercher~ » ouvrant les yeux pour les plonger dans les siens. « Mais je le ferai à l’avenir, si dans le passé je n'ai pas pu partager toutes ses choses avec toi, à partir de maintenant c’est différent. » Je lui souris en frottant nos nez ensemble dans un rire amusé. Avant de m’écarter pour poser mon dos sur la pelouse, gardant Hyuk contre moi, le regard plongé dans l'étendue bleue nous surplombant. « Non, j’ai peut-être joué de temps en temps, mais je passais mon temps à courir après le ballon, jusqu’à ce que j’entre au lycée c’était ma vie donc je n’ai pas vraiment joué à tous ses jeux dont les gosses raffolent. » Je lui tire la langue, décidément je vivais vraiment pour le foot, je le savais déjà, mais je m’en rends encore plus compte avec ses questions.

« J’ai juste envie de rester là avec toi pendant des heures, juste à parler comme ça... Mais on devrait y aller, le temps passe et on doit encore acheter notre glace~ » Je me redresse lentement, restant assis sur le terrain, regardant les cages devant moi. « Tu sais quelle position je jouais au fait ? » Je ne parle pas beaucoup de ça, c’est surement la première fois qu’on en discute aussi naturellement, alors qu’au fond je pense que ça me fait plus de bien que ce que j’ai pu penser. Le regardant avec un air taquin je lui lance un simple. « Devine~ » en lui tirant la langue, il devrait deviner facilement avec les informations qu’il a eu plus tôt, je pense.

TENUE  ♦ Sa cicatrice ne m'a jamais fait peur. Sa jambe ne m'a jamais fait fuir. J'ai toujours accepté Kyann tel qu'il est, avec ses blessures, ses plaies et ses défauts. J'aime tout chez lui, du mauvais au bon, bien qu'il ne possède pas tant de négatif. Comparé à lui, j'ai énormément de défaut et de creux à combler, même s'il a déjà rebouché la plus part des trous parsemant mon organe vital. Il a su recoudre les entailles et panser mes plaies, éloignant ainsi l'infection qui rongeait mon coeur. Qu'il soit handicapé ne me dérange pas, qu'il soit fou ne me pose aucun problème. Il m'a accepté bien avant de me réparer, tandis que j'étais cassé en mille morceau, bon à la casse. Il m'a redonné un coup de neuf, avant de m'aimer davantage comme il le fait aujourd'hui. Je suis content d'avoir tenu avec lui, de m'être raisonné à plusieurs reprises quand je voulais l'éloigner de moi par crainte de mon père ou par peine face à la mort de ma soeur. Kyann a toujours été là, et je ne pourrais jamais faire mieux que lui. Je me répète, mais je l'aime qu'importe son état, qu'il soit en pleine santé ou malade. Tant qu'il m'aime, je ne pourrais jamais m'en passer. Puis il m'amène dans des endroits qu'il affectionne et connait bien, comment ne pas tomber pour lui ? Je suis raide dingue de cet idiot, quitte à discuter avec un terrain de foot ou un brin d'herbe se balançant au rythme de la douce brise caressant nos visages. C'est reposant, tellement calme.

Son terrain passe à présent au second plan pour Kyann, parce que je m'impose comme la première chose à laquelle il doit faire attention, qu'il doit regarder, qu'il doit penser en premier et sans arrêt. Je deviens égoïste en sa présence, prédateur et possessif. Il m'a reconstruit, mais il pourrait aussi faire l'inverse. Si je ne reprend pas le dessus, je ne risque pas d'être entreprenant, ni envahissant. Dans le sens où il m'aura toujours pour lui, qu'importe l'instant ou la scène, je ne pourrais pas le lâcher. C'est ma source d'énergie, l'auberge où je peux me réfugier, le coeur où mon nom est inscrit et où il bat pour moi. Tout comme lui chez moi, prenant rapidement de l'ampleur à l'intérieur de ce petit corps. Sans lui, je serais comme une bouteille à la mer, perdu dans l'immensité de l'océan sans jamais trouver d'île pour m'échouer. Kyann est mon repère, ma bouée, mon île où j'ai posé bagage pour y vivre jusqu'à la fin. C'est avec lui que je veux passer mes jours, avec lui que je veux me coucher chaque soir et partager mes repas, mes douches, mes moments en amour. Aussi guimauve que cela puisse paraître, il est tout pour moi et cela depuis qu'il m'a tiré à la surface pour redorer mon nom et mon existence. Ce n'est pas seulement mon sauveur, il est carrément ma lueur.

Quelle bonne idée de vouloir se présenter à ma soeur. Je n'avais pas pensé à cela avant qu'il n'en parle, comme si je l'avais mise de côté depuis ma relation officielle avec Kyann. Il gagne des nombreux points en voulant se présenter à la première personne que j'ai aimé de tout mon coeur. C'est le copain parfait, je suis ravi qu'il propose sans mon aide, qu'il s'impose complètement dans ma vie jusqu'à vouloir se recueillir un peu sur la tombe de ma jumelle. Il pourra voir la ressemblance avec la photo qui décore la pierre tombale et je pourrais fleurir à nouveau cet endroit que je trouve toujours triste à chaque visite. Kyann fait battre mon coeur comme un malade. Il me permet de penser à Minah sans qu'elle ne soit trop présente, ni envahissante. Il me donne la chance de l'avoir dans mon coeur sans qu'elle ne soit trop dans ma tête. J'y pense, mais ce n'est plus une maladie infernale comme par le passé, quand je versais des litres de larme pour elle. Chaque pensée est belle, sereine, elles ne me font plus mal comme avant. J'ai l'impression de revivre depuis que je ressens autant de chose pour lui, depuis que je partage ces sentiments avec Kyann. Minah doit être fière de moi, de nous deux même.

Que ressent-il depuis que le foot est une histoire lointaine pour lui ? Je voudrais le voir pratiquer un peu, même sans courir après la balle. Il m'épate déjà de tenir debout, d'être toujours là à la rescousse. ça demande beaucoup d'effort, presque la perfection même. Kyann est parfait de toute évidence, je ne doute plus là-dessus. « Continue alors. » Je lui souris amoureusement, avec une pointe de provocation dans la voix. Hyuk'chan, c'est tellement gnangnan comme surnom. Je ne l'ai jamais appelé Kyann-chan, non ? Chez nous. ça résonne à merveille dans mes oreilles, m'arrachant un grand sourire rayonnant. J'hoche de la tête, approuvant à 100%. Quand est-ce que nous aurons un chez nous, hein ? Je serais presque lassé de nos vieux appartements l'un en face de l'autre. Je veux du nouveau, du neuf, du commun. « Et le chan alors ? » Je grogne après qu'il m'ait chopé les lèvres, les sourcils froncés dans une moue boudeuse. « Aaah! Tais-toi idiot! » Je préfère faire ma sourde oreille que l'entendre contester mes décisions, non mais oh! Si je veux regarder du foot, c'est bien parce que j'aime ça quand même. Au pire des cas, je pourrais toujours dormir dans ses bras durant une mi-temps ou en pleins milieu d'un match, parce que je ne comprendrais pas grand-chose au déroulement et qu'au fond, ça ne m'intéresserait pas tant que ça. Je veux juste partager un truc qu'il aime avec lui, tout simplement. Que j'aime ou pas, là n'est pas la question, je m'en fiche.

Au dessus de lui, j'obtiens plus de droit qu'en étant simplement à ses côtés. Je peux le regarder et l'embrasser aussi. Cette histoire de glace me met l'eau à la bouche, mais aussi des souvenirs pleins la tête. En y pensant, on partage les mêmes trucs sans se connaître à l'époque. Lui aussi a dû connaître ces glaces que l'on coupe en deux pour partager avec un ami. « Ouep! Bon programme, ouistiti! » J'approuve encore à 100%. Finalement, je reviens à ma place de base... En dessous, ou celle du soumis, bien que je sois toujours calé dans ses bras protecteur. Tant que je peux le regarder sans soucie, ça me va. Nouvelle position, nouveau baiser. Nos lèvres se joignent à nouveau et je souris contre sa bouche en partageant l'échange, avant de replonger un temps dans mes souvenirs d'enfance. Dae Jun, Min Ah, nos parties de cache-cache, le chat et la souris, ça me revient rapidement en mémoire. « Tu aurais dû être mon ami à cette période là, pour ne pas me faire poireauter dans une armoire. » Riais-je alors que mes yeux se plongent aussi dans les siens.

« Tu me retrouveras si je me cache ? » Demandais-je avec innocence. Son geste avec nos nez me fait largement sourire, même rire tel un enfant. On en revient à notre première position, l'un à côté de l'eau, bien que je sois toujours dans ses bras, le ciel face à moi. « C'est dommage, tu as loupé un truc formidable. Sans parler des goûters, des feux d'artifices, des fêtes foraines et... Tout ces trucs-là. » Il a toujours pensé qu'au ballon ? Si ses amis partageaient la même passion que lui, ce doit être sûrement normal. Je trouve juste ça normal qu'il n'est pas pu jouer aux mêmes jeux que moi. « Moi aussi, tu as raison... Mais on ne peut pas s'éterniser ici, malheureusement. » à mon tour, je me redresse en glissant une main dans mes cheveux pour me recoiffer vite-fait. Quelle position ? Je connais vaguement les places, du moins les plus évidentes. « Défenseur ? Tu es du genre à protéger ce que tu aimes sans vouloir te battre violemment, tout en finesse ~ » ça me paraît si évident que je ne peux le voir autrement. Ai-je deviné juste ? Pourtant, le Kyann que je connais est différent sur ce terrain de foot. à bien y réfléchir, un défenseur ne cours pas après le ballon, il le défend seulement. « Je dirais plutôt attaquant, pour le côté persévérant et qui ne lâche jamais rien. » Je viens lui faire une pichenette sur le front en souriant, avant de me relever complètement pour épousseter mes vêtements.

« On marche ? » Je ne veux pas le presser, ni le faire quitter le terrain aussi vite, mais on doit acheter notre glace avant de rentrer chez lui pour nous préparer. Je réalise pas encore que je vais affronter mon père, je préfère ne pas y penser tant que je ne serais pas dans sa chambre, sur le départ. Là, je profite de mon copain, de Séoul, de ce moment tranquille à deux.

TENUE  ♦ Moi et Ji Hyuk on pourrait surement se dire des mots d’amour en longueur de journée, en fait c’est surement ce qu’on fait que ce soit avec des mots, des gestes, des regards ou même quand on s’embête, se cherche et se provoque, nous sommes constamment entrain de rechercher à partager l’un avec l’autre. C’est plus qu’un besoin, c’est vital, si on doit sortir tous les deux avec nos amis on les rendrait jaloux de notre amour, il se moquerait surement aussi de notre façon de nous coller, de nous afficher, mais ce serait plus fort que moi, je me fiche des remarques, des taquineries qu’on pourrait recevoir, a chacune d’entre elles ça ne ferait que confirmer mes sentiments, les rendre encore plus fort, plus puissant. J’imposerai ma façon de voir les choses, ma façon de l’aimer au monde entier, ennemis ou alliés tout le monde pourra être témoins de mes sentiments. J’ai envie de l’épater, de lui montrer mes anciens talents, de le voir s’émerveiller les yeux brillants, ce n’est pas par bouffonnerie, mais je veux qu’il soit fier de moi, comme je suis fier de lui, si on s’assume ensemble je serai toujours prêt à hausser le niveau, à en faire davantage pour qu’il soit toujours fou amoureux de moi, qu’il tombe encore plus, je veux qu’il me regarde toujours avec ce regard, cette lueur dans les yeux qui montrent mon importance, cette flamme qu’on partage ensemble et qui ne cesse de s’enflammer davantage jusqu’à bruler de mile feux. Je souris en hochant la tête, l’ayant taquiné avec ce suffixe que j’ai utilisé par le passé, ça m’amuse de me souvenir de petites choses qui semblent si lointaines aujourd’hui, les mois sont passés et notre relation à évolué à un stade que je n’aurais surement jamais soupçonné. Je veux qu’on habite ensemble rapidement qu’on prenne une maison tous les deux, qu’on puisse dire « chez nous » je ne veux plus de «  on dort chez toi », « on dort chez moi » ou « vient chez moi », « je viens chez toi » non... j’aimerais pouvoir rentrer et le voir à la maison ou attendre qu’il m’y retrouve impatiemment, ce serait le rêve n’est-ce pas . « Quoi, tu n’aimes pas mes surnoms ridicules~ » Je lui tire la langue le taquinant rapidement alors que je viens de choper ses lèvres, pour reprendre. « Chaton, bébé, mon cœur a détrôné le « chan » depuis longtemps tu ne penses pas ? » Je souris simplement en laissant mes iris se plonger dans les siens. Il me traite alors d’idiot, mais pour moi c’est pourtant logique, il n’a surement jamais pensé à regarder du foot avant de me rencontrer et mon passé ou mes passions ne doivent pas lui faire prendre ce genre de décision s’il n’aime pas ça. Pourtant si c’est pour l’avoir dans mes bras et le tenir contre moi pendant qu’on regarderait ensemble des épisodes ou même un match complet, je serai surement partant de mon côté, du coup je lui souris simplement en me disant qu’une fois chez nous on aura tout le loisir de profiter de nos soirées et de nos heures libres comme on le désire.

On parle de glace, prévoyant ensemble d’aller s’en acheter une pour la partager comme on l’a tous fait dans notre enfance. Le faisant basculer je l’embrasse tendrement, nos lèvres s'épousant toujours à merveille avant de le questionner sur ses jeux d'enfances, l’écoutant je ne peux que lui dire que si j’avais été là je l’aurais retrouvé, peu importe où il est je retournerai le ciel pour ça. « Bien sûr. » Je n’ai aucune hésitation à répondre à sa question, direct et sûr de moi, je n’ai aucun doute là-dessus. Riant ensuite alors que je frotte nos nez l’un contre l’autre. « Je profiterai de tout ça avec toi, vaut mieux tard que jamais et puis je n’aurais pas été aussi heureux avec mes potes. » Je lui tire la langue alors que je le tiens à nouveau contre moi, on ne devrait pas tarder à y aller, même si j’ai envie de rester là à parler ensemble pendant des heures, on a encore à faire. « On reviendra de toute façon~ » Je lui souris alors que je me suis redressé, le questionnant sur la position que j’avais sur le terrain. Défenseur ? Il a raison pour ce qui est de mon caractère, mais sur le terrain on se bat avec un ballon, j’ai déjà joué libéro donc je faisais les deux, mais la bonne réponse est celle qu’il donne en se reprenant. Hochant la tête pour lui affirmer qu’il a raison, me relevant à mon tour. « Ouep, allons acheter la glace avant de rentrer. » Je lui tends la main pour qu’il l’attrape, quittant lentement le terrain, quand j’ai eu mon accident je pensais ne jamais avoir assez de cran pour y revenir, comme quoi les choses changent et je suppose que ma façon d’être, m’aide à passer outre tout ça en plus d’avoir Ji Hyuk pour me soutenir et me donner encore plus de force et de courage.  Maintenant c'est bientôt le moment d’affronter la bête, mes batteries rechargées après ce moment plus qu’agréable ensemble, je suis prêt à y aller !

TENUE  ♦ Je suis déjà fier de lui. Kyann est ma fierté, ma plus belle victoire, mon magnifique trésor, mon sublime trophée. Il n'imagine pas à quel point je peux être heureux avec lui, autant qu'il est avec moi. Je suis fier d'être son copain, fier qu'il le soit pour moi aussi. Il n'a pas idée ô combien je trouve notre relation parfaite, qu'importe les hauts et les bas. Je suis bien avec lui, il est bien avec moi, c'est le plus important dans un couple. Je ne peux pas imaginer mieux, je n'ai même plus peur de demain bien qu'il soit toujours aussi incertains. à mes yeux, nous serons toujours ensemble, demain, dans une semaine, dans dix ans, dans cinquante ans, bref jusqu'à mon dernier souffle. Je voudrais ne jamais le voir souffrir, ne jamais le sentir mal, ne jamais le perdre. Mon amour pour lui brillera toujours de mille feux, il sera toujours aussi intense et visible, par mes mots comme par mes regards. Il sera éternellement ma perle rare, celle que je ne veux partager avec personne, mon essentiel, ma vie, mon coeur. Quoi qu'il fasse, je ne perdrais pas une miette de mes sentiments, bien au contraire, ils ne feront que doubler de volume et prendre toute la place. Nos surnoms en disant long, nos yeux racontent une belle histoire et mon sourire ne fait que confirmer ce que je ressens pour lui. Je voudrais que les mois ne passent pas aussi vite et que je profite de lui davantage. Bientôt nous serons chez nous, nous partagerons le même lit, la même chambre, la même cuisine. Il n'y aura pas deux frigos, ni à savoir où on range les courses. Ce sera « là » et nulle part ailleurs. Un commun pour vivre ensemble, pour tout partager, de la salle de bain, au jardin en passant même par les toilettes. « Toi-même tu dis qu'ils sont ridicules, ce n'est pas très flatteur pour moi. » Soupirais-je en faisant la moue, comme un gosse. Il en profite pour attraper mes lèvres, avant de poursuivre. « Appelle-moi comme tu veux, Kyann, j'aimerais tout si c'est toi qui le fait. » Un sourire rayonnant se peint sur mon visage, plissant doucement mes yeux rieurs. Il est idiot, je pourrais me mettre au foot si cela lui fait plaisir. Je suis prêt à tout pour lui, même à regarder un match en mangeant des pop-corns, allongé sur ses jambes. Il ne peux pas s'imaginer à quel point je serais prêt à tout par amour. Je m'en fiche, tant que je partage avec lui et qu'il aime cela, ça me convient amplement. Il ne devrait pas tenter de me dissuader, surtout quand je suis d'accord et heureux à la fois.

Nos baisers sucrés sont vraiment une drogue pour moi, échangé sur une herbe verte et fraîche, après avoir discuté pour s'acheter une glace. Franchement, nous vivons une alliance parfaite, un duo du tonnerre. Je parle de mon enfance avec le sourire, me souvenant de toute ses fois où Dae Jun et Min Ah m'ont oubliés ou qu'ils en ont profité pour être seuls. C'est étrange de penser à eux, ensemble... Pourtant je m'y fais. C'est ainsi, je ne peux pas revenir en arrière, ni même guérir mon meilleur ami de ce manque. Chacun passe à autre chose et ce n'est pas plus, surtout pour ne pas rester bloqué à l'époque précédente. à leur place, Kyann m'aurait déjà retrouvé et d'ailleurs, il le fera si jamais je me cache ou que je disparais. Pour cela, j'ai une valeur sûre. Il me fait sourire, rougir même, au point que je m'en mordille la lèvre avec un partage de gêne et de joie. ça me fait rire de voir ô combien nous sommes complices, frottant son nez contre le miens tandis que je ris doucement. « On a plus l'âge de jouer à cache-cache, mais on peut toujours profiter autrement ~ » Je le rendrais heureux, beaucoup plus qu'à l'époque où il pouvait encore courir et jouer au foot. Je serais meilleur que son sport, plus important que son ballon. Revenir, c'est une excellente idée. Je souris à sa remarque, serré contre lui. « Quand tu veux, je serais content de revenir. » Glissais-je avant de me redresser aussi, de bonne humeur. à mes yeux, c'est un défenseur. La dernière fois qu'il s'est retrouvé dans une bagarre, Kyann a accusé les coups sans broncher. ça m'a énervé sur le coup et je ne comprends toujours pas qu'il se laisse autant faire, mais en même temps... Il ne lâche jamais le morceau, c'est un battant à façon, un attaquant. J'ai raison et je fais le fier avec un grand sourire. « Oui! C'est moi qui offre, haha! » J'attrape sa main pour le suivre hors de terrain, balançant doucement mon bras avec le siens. Quand je réalise que ces moments-là sont précieux, importants et revigorants, je n'ai aucune envie d'y mettre un terme. Père ou pas, je me battrais pour préserver mon couple et nos sentiments. En attendant, je nous dirige vers un commerce où ils vendent des glaces, lâchant la main de Kyann pour ouvrir le congèle à l'extérieur de la petite boutique, en tirant un sachet avec un énorme rictus. « Parfum coca! » M'exclamais-je tout content, ouvrant le sachet pour tendre une moitié à Kyann en tenant un bâton, attendant qu'il la casse avec moi pour la manger. En même temps, je fouille mes poches pour en sortir de la monnaie, donnant le tout au vieux vendeur qui nous salue. « Ah, c'est froid! » Normal, c'est de la glace. Me voilà à rire bêtement en léchant mon bâtonnet à l'eau, posant mon regard sur Kyann en me retenant de rigoler davantage. Autant profiter de ce calme, avant de subir la tempête.

TENUE  ♦ Si personne ne me fait peur c’est bien parce qu’à mes yeux il n’y a qu’une lumière qui brille, Hyuk est la seule lueur qui m’importe vraiment, celle qui surpasse toutes les autres, je n’ai besoin que de lui et notre couple est parfait ainsi. On partage une relation que je ne pensais pas possible avant de le rencontrer, l’amour semble toujours si « surjoué », mais maintenant j’ai compris qu’il y avait du vrai, on peut réellement aimer au point d’en devenir des guimauves, je fonds pour lui, je ne fais jamais aucune promesse en l’air, quand je dis que je vivrai ma vie avec lui je suis ancré sur mes positions, quand je dis que j’affronterai son père je le ferai sans aucune hésitation. Pourquoi avoir peur ? Nous sommes humains, tout autant que nous sommes, l’argent, le pouvoir ? Pour moi ce sont des choses qui ne valent rien à côté de nos organes qui battent à l’unisson, si pour son père notre amour est insignifiant, s'il ne vaut pas un sou, alors c’est simplement qu’il a oublié son humanité quelque part et va falloir l’aider à la retrouver. Les sentiments n’ont aucun prix, il pourrait me menacer, me payer pour me séparer de Hyuk, ma réponse sera toujours négative, à quoi bon devenir riche si je meurs derrière ? Je préfère vivre une vie dans un taudis avec mon petit ami, que dans un château sans lui.

Question surnom j’avoue que parfois je le taquine un peu des petits suffixes mignons, mais j’ai pris l’habitude maintenant de l’appeler « bébé » ou « chaton » principalement, notre relation est à un stade où on aime se montrer qu’on s’aime encore et toujours, même si on le sait. Ces petits mots sont agréables et j’aime les dire autant que les entendre. « Tu es adorable bébé~ » je lui tire la langue en épousant rapidement ses lèvres imaginant déjà ce moment où on s’installerait sur notre canapé, chez nous devant devant un match, pizza, bière... ah non, si je bois de l’alcool je risque de tout gâcher haha, on se contentera des boissons sucrées. On parle de tout est de rien, de notre passé, des jeux qu’on faisait, apprenant des choses l’un sur l’autre, comme quoi on en apprend toujours c’est ça qu’est génial. Il a raison, cache-cache ce n’est peut-être plus de notre âge, mais après... « Il n’y a pas d’âge pour s’amuser non ? Chez nous on pourra toujours y jouer avec une récompense à la clef~ » mon ton se veut provocant et même tentateur, ayant des idées précise derrière la tête, un sourire explicite et je ris de bon cœur. Avec lui tous les jours sont merveilleux, je suis heureux et je ne veux pas laisser quelqu’un m’arracher ce bonheur.

Cependant, il faut qu’on bouge, on a assez profiter de notre « pause » en amoureux, on doit reprendre les choses sérieuses. Je le ramènerai ici, on reviendra et je jouerai pour lui. Marchant tranquillement vers le marchand de glaces, sortant du terrain, ça m’a fait du bien de revenir ici, de revoir ces endroits qui ont connu un autre Kyann, une version différente... Mais j’aime celui que je suis devenu, parce que je peux me consacrer entièrement à mon couple, entièrement à Ji Hyuk et ça me convient. Je ris lorsque mon petit ami sort une glace en exprimant le gout tout content, levant le pouce pour approuver son choix ! Le laissant ouvrir j’attrape le second bâton en tirant dessus, coupant ainsi la glace en deux en l’emmenant directement dans ma bouche en laissant un son satisfait sortir de mes lèvres, ça m’avait manqué ça aussi, c’est juste une glace, mais ce sont celles de notre enfance.

« C’est vrai ? » Je me moque de lui, mais je ris avec alors que j’attrape sa main de libre sans aucune gêne, souriant au vendeur, il ne semble pas choqué et de toute façon c’est tellement naturel que je ne fais même plus attention aux réactions des gens. « Fait gaffe qu’elle ne coule pas ~ » Je souris, alors qu’on marche lentement vers chez moi, il est temps de rentrer pour se préparer. « Hum, je me demande ce que je vais mettre n’empêche... il va falloir que tu m’aides à choisir, tu connais plus les exigences de ton père que moi. » Je ne suis même pas affolé, stressé ou autres, parlant de ça normalement, bien sûr que je vais surement m’inquiéter quand on sera à deux pas de chez lui, je suis humain. Mais je ne vais pas fuir et je garderai la tête haute en toutes circonstances ! Après tout j’y vais pour imposer mon amour, pas pour qu’il tente de m’en dissuader. Arriver chez moi, la glace terminée je garde le bâton en souvenir, le mettant dans la poche de mon pantalon, avant de rentrer, je pousse Hyuk contre le mur pour l’embrasser partageant le goût coca qui est resté dans nos bouches, souriant ainsi contre ses lèvres avant de m’en séparer doucement. Faisant un signe de la tête pour l’inciter à pénétrer de nouveau chez mes parents, on monte directement dans ma chambre après avoir signalé notre présence. Ouvrant la porte, il peut voir le sanctuaire d’un footballeur. Des photos de moi sont exposées partout en tenue, ballons aux pieds sur mes étagères avec des vedettes de ce sport ou avec mon ancienne équipe portant le maillot coréen, brésiliennes, Américain, peu importe l’endroit où j’ai joué j’avais toujours la tenue assortie. Au mur il y a des posters, des souvenirs du passé, puis j’ai mes petits trophées dus aux compétitions que j’ai faites, moins importante que les nationaux, mais j’ai participé à de nombreux tournois, on était fort à l’époque. Bref, on remarque tout de suite que ma vie tournée autour de ça. Ma valise à mes pieds et mon armoire ouverte je m’assois sur mon lit peu convaincu...

« Tu as emmené un costume toi ? » Mes parents sont assez hauts dans la société et j’ai dû déjà mettre ce genre de tenues habillées par le passé, mais rien qu’à l’idée de la portée ça me déprime un peu, enfin pour Hyuk je mettrais n’importe quoi !