TENUE ■ Mince ? Est-il déçu que je ne le lâche pas dans une ruelle en pleins milieu de la nuit ? à moins que ce soit pour les sms ? Il y tient réellement à ses textos, c'est dingue. Je n'ai jamais vu un gars aussi persistant, pire qu'une tâche de gras sur un tissu blanc. Je roule des yeux, abasourdit par son manque de maturité et sa curiosité maladive. « Quel détail ? » Je ne vois pas trop de quoi il parle, ou je dois être largué pour le coup. à quel genre de détail fait-il référence, au juste ? Autant ne pas trop chercher à comprendre, puis il ne perd vraiment pas le nord ce gamin. « Parce que tu veux toujours mon numéro pour m'envoyer des messages. » L'informais-je au cas où il n'aurait pas comprit pourquoi je disais cela. Sérieux, nous sommes dans le même campus, dans la même école et carrément dans la même ville. Je ne peux pas lui échapper, surtout qu'il est collant dans son genre. Impossible de fuir ce gosse, et en même temps je m'amuse sans me l'avouer à moi-même. Phoenix me permet un peu de sortir de mon contexte répétitif entre études, clan et famille. C'est une touche d'originalité dans mon quotidien similaire à hier et pareil qu'à demain.

« Même si je dis oui, tu ne changeras jamais de comportement. » Alors oui, il me dérange, mais je sais qu'il s'en fiche et continuera encore à le faire. En aura-t-il marre un jour ou l'autre ? Trouvera-t-il un autre mec à emmerder ? J'ai du mal à y croire. Je préfère le prévenir pour ne pas qu'il se fasse des films et surtout pour être tranquille à l'avenir. Je n'ai pas besoin de lui pour sortir, et je n'ai pas envie de le supporter à chaque fois! « Je ne peux pas m'amuser en jouant les babysitters. » C'est assez clair comme ça ou je dois lui faire un dessin ? Comment draguer en soirée s'il me colle, hein ? Est-ce qu'il a toujours été chiant avec les gens ? Même lui ne le sait pas, pour dire. Bon, il flatte mon égo sans savoir qu'il est emmerdant. « Tu me saoules. » Lâchais-je en buvant une grosse gorgée de mon sirop fraise. Comment être méchant avec un tel môme, sérieux ? Il veut être mon pote, mais je n'ai aucune raison de le repousser... Je m'agace tout seul. Phoenix ne tient pas en place et je l'observe gesticuler en buvant à mon tour, puis réclamer un autre verre.

« Mets les glaçons sur ton poignet, ça te fera du bien. » C'est seulement pour l'aider. à mon tour, je termine ma boisson mais n'en redemande pas. « On pourra retourner à la boutique quand tu auras terminé ton verre. » En attendant, je demande l'addition à la serveuse qui ramène la commande de Phoenix, déposant ce qu'il faut sur la table. Plus qu'à attendre Phoenix et on file me racheter un portable, j'en ai bien besoin.

   

TENUE ■  « Bah de ta soirée ? » Ce n'était pas logique ? Enfin il faut dire que je suis quand même un type étrange de toute façon avec mes remarques il vaut mieux ne pas chercher à comprendre, après il ne me laissera pas dans une ruelle pour aller rejoindre son patron, donc tout ça n’a aucun sens. Bien sûr, je voulais son numéro, en même temps si je l’ai c’est bien pour le joindre, prendre des nouvelles, proposer des sorties, s’amuser, faire plus connaissance. Enfin je suis content de pourquoi parler avec lui, après je ne me demande pas si c’est réciproque, plus occupé à n’en faire qu’a ma tête de toute façon. « C’est vrai, j’ai qu’à faire en sorte qu’un jour tu ne penses plus que je te dérange !» Positivons, je suis un mec naïf, mais optimiste. Ça ne me blesse pas, je suis habitué à ce qu’on veuille m’évincer ou au fait que je sois saoulant, mais ça ne m’a jamais changé pour autant, je suis moi et je compte bien le rester. « Je ne suis pas un bébé ! » Tout de suite les grands mots, en plus on c'était bien hier non ? « Tu peux pas t’amuser avec moi ? » Je ne mesure pas forcément l’ampleur de mes mots, mais ça me paraît tellement simple, moi je suis content d’être avec lui, donc quoi qu'il veuille faire je le suis volontiers. Un large sourire innocent sur les lèvres, je commande une autre boisson, souffrant de ma blessure à cause encore de mon idiotie répétitive. Je le regarde quand il me parle de glaçon, ceux dans mon verre ? Je réfléchis, ne comprenant pas vraiment ce qu’il veut dire, du coup je le regarde avec cet air interrogatif. Hochant la tête alors qu’il a terminé son verre, je prends le second qu’on vient de m’apporter pour boire plusieurs gorgées le vidant de moitié en une salve. Puis disant. « Pas de souci, on va pouvoir te l’acheter ton téléphone héhé ! » Je suis plus content que lui, c’est fou quand même, mais en même temps je vais autant en profiter de cet achat que le propriétaire, même s'il risque de me maudire d’autant le traquer, mais tant pis, je ne suis pas un mauvais garçon, juste un peu collant et persistant -un peu- hein ? Mais quand je tiens à quelqu’un je ne fais pas semblant, n’est-ce pas un bon point pour moi ?
   

TENUE ■ Je ne veux même pas savoir ce qu'il s'imagine à l'instant présent. « Oublie. » Marmonnais-je. Qu'il peut être vraiment enquiquinant quand il s'y met. Phoenix veut mon numéro à tout prix, alors qu'il a déjà réussi à l'avoir une première fois. Franchement, il en fait des tonnes pour pas grand chose. Ce numéro, il l'aura quand même de toute évidence. Pourquoi ? Je l'ignore, mais je me doute qu'il parviendra à me le piquer d'une manière ou d'une autre. « Et comment vas-tu procéder ? Je suis curieux là. » Quand je ne le repousse pas, je le cherche ouvertement. Il dit faire en sorte que je ne sois plus déranger par lui, mais je tiens vraiment à voir comment il va s'y prendre pour que je l'accepte. Ah non ? Il se comporte comme un gamin pourtant, de quoi le traiter tel un bébé. Un rictus au coin des lèvres, je pointe ma paille vers lui en répondant d'une voix lente. « Pourquoi je m'amuserai avec toi ? » J'attends qu'il soit convainquant, histoire de m'emballer un peu, puis je lui parle de glaçon quand il commande son second verre. à voir sa tête, il n'a pas compris où je voulais en venir... J'aurai dû m'en douter, tiens. D'ici qu'il termine, on pourra bouger voir pour ce portable mais en attendant, j'attrape mon verre pour le pencher contre ma bouche et récupérer un glaçon. J'hoche la tête à ses paroles, déposant le carré gelé sur ma main en me redressant pour venir le caler dans le torchon, contre son poignet. Là, il comprends mieux ? Pour un mec qui veut s'en débarrasser, je prend trop soin de mon cadet. Je refais ça avec les deux autres glaçons qu'il me reste, me fichant pas mal des regards autour de nous. « ça devrait le faire. » Lâchais-je avec un sourire, attendant qu'il termine son verre pour régler l'addition et quitter ma chaise. Bon, il serait temps que j'aille m'acheter ce portable et récupérer une puce. Son verre terminé, je lui fais signe de me suivre et retourne vers la boutique qui s'est un peu vidé. ça prendra déjà moins de temps que précédemment, tant mieux. « Je te donne mon numéro à une condition. Que tu arrêtes de parler de mon patron. » C'est réglo non ? Il oublie ma relation avec lui, et je lui refile mon nouveau numéro.

   

TENUE ■  Je n’ai pas trop le choix que d’oublier de toute façon, alors que je hoche la tête pas vraiment convaincue, droite gauche, haut bas, faut savoir, mais tant pis je ne vais pas insister sur les images qui traversent mon esprit rempli de curiosité, changeant rapidement de sujet. Comment vais-je procéder pour qu’il ne soit plus dérangé par moi ? Je le fixe en essayant d’en trouver une réplique imparable, mais tout ce qui me vient c’est quelque chose du genre : « On dit souvent qu’avec le temps on finit par s’habituer non ? Comme une chanson qu’on n'aime pas, à force de l’écouter on finit par l’apprécier et la connaitre par cœur, tu vois ? Moi, je serais ta chanson. » Un sourire amusé sur les lèvres, je n’ai aucune limite de toute façon, je le collerai et un jour il faudra bien qu’il accepte ma présence. Je suis un gosse tenace. « Pourquoi pas ? » Réplique de gamin, mais pour le coup je me demandais ce qu’il pourrait trouver à redire à s’amuser avec moi ! Bien que le sens du « amusé » soit surement interpréter de plusieurs façons dans cette situation. Pour ma blessure je ne comprends de quoi il me parle, mettre les glaçons ? Je tente de suivre son idée sans réel succès avant que Berry ne s’en occupe de lui-même, l’observant faire en souriant fièrement, un « héhé » franchissant mes lèvres content de cette attention, il peut dire ce qu’il veut il prend toujours soin de moi. « Merci ! » Belle innocence. Nos verres terminés on peut enfin quitter les lieux pour rejoindre cette boutique où nous étions allé plus tôt, il faut encore qu’il puisse acheter son portable et qu’il me donne le numéro, excité comme si c’était moi qui aller changer de mobile, je garder cette expression impatiente avant de franchir les portes de la boutique, écoutant les mots de mon camarade je le regarde avant de faire une mine réfléchie. « Pourquoi ça te dérange d’en parler ? C’est un truc tabou ? » Je suis con. Mais je finis par me résigner en hochant la tête. « Ok ! Si je peux avoir ton numéro le premier je ne parle plus de ta relation avec ton patron. » Mais même si je suis idiot je n’oublie pas de rajouter. « Mais tu dois me répondre aussi ! Sinon je te harcèlerai vraiment. » Je ne lâche pas l’affaire, mais j’aurais mes échanges avec Berry, je suis trop têtu pour abandonner.

Pénétrant dans le magasin il nous fallut quelque bonnes minutes pour acheter le portable à mon ami, il avait semble-t-il trouvait son « bonheur » rapidement, conseiller par les professionnels, à peine sorti je sors mon tel en le pointant vers lui. Il doit comprendre sans mot ce que j’attends n’est-ce pas ?
   

TENUE ■ Il est marrant ce Phoenix. Je le sonde quelques secondes avec un regard sidéré, l'air de dire qu'il est complètement stupide. Que fais-je faire de lui, franchement ? « Donc, tu te considères comme une chanson que je n'aime pas mais qui va me rester dans la tête ? » Ce n'est pas très flatteur pour lui-même, mais s'il le dit, n'allons pas le contredire. Sauf que j'ai horreur d'avoir une chanson que je n'aime pas en tête. Déjà qu'à cause de lui, j'ai souvent des génériques d'anime en tête ... Ce n'est pas vraiment sa faute, mais je l'accuse toujours puisqu'il est fan de manga. « D'après toi, je vais finir par te connaître par coeur ? Tu ne vois pas un peu trop grand ? » Malgré moi, je souris en parlant. Il est incroyable comme gosse. Phoenix s'impose sans même penser qu'il pourrait encore plus me déranger. Il répond à ma question par une question, sale fourbe. La bouche ouverte, prêt à lui répondre, je la referme parce que je ne trouve rien à répliquer. C'est chiant quand un gamin nous rabat le caquet comme ça. Je ronchonne dans ma barbe inexistante, pas content d'être ainsi maîtrisé par cet idiot. Faut toujours qu'il se fasse mal, en plus! Et quand je lui dit un truc, il comprend rien. Du coup, je me retrouve à lécher des glaçons pour les glisser dans la serviette, histoire de rafraîchir sa blessure. Il rit bêtement avant de me remercier, mais je ne dis rien, juste un soupir. Nos verres terminés, nous pouvons partir et retourner à la boutique de téléphone, là où je dois me racheter le miens. Phoenix ne me quitte pas d'une semelle, continuant de me suivre alors que je réfléchis à un deal. Je trouve rapidement, l'imposant à mon camarade sans vraiment lui laisser le choix.  

« Contentes-toi de dire oui. » Soufflais-je pour éviter de lui répondre. Ce n'est pas tabou, mais je n'ai pas envie qu'il sache pour moi. Il est d'accord et j'affiche un sourire franc. Bien, c'est déjà ça de gagner avec lui. « T'inquiète, si tu tiens parole, je te répondrais. » Seulement s'il tient parole, sinon il peut dire adieu à mon numéro. J'ignore dans quoi je m'embarque, mais ce n'est rien de bon. Cela dit, je parviens à trouver ce que je cherche après plusieurs minutes d'attentes et de conseil.  Celui-ci en ma possession, je vois Phoenix sortir le siens, sûrement dans l'intention d'avoir mon numéro. J'attrape l'objet pour enregistrer les chiffres et noter « berry », bien qu'il puisse le changer à sa guise. « Voilà, maintenant on rentre. » Dis-je en lui rendant son portable. Il doit encore passer une radio pour son poignet, ça non plus je ne l'oublie pas, mais on verra ça plus tard.