Tenue. Les écouteurs dans les oreilles, je soupirais en attendant le bus. L’air frais sur la péninsule du soleil levant se faisait ressentir. Il ne faisait pas réellement froid, mais on ne pouvait pas dire qu’il faisait bon pour autant. Couvert comme il faut, histoire de ne pas attraper froid en ce début d’hiver qui approchait, je croisais mes jambes en posant mes coudes sur mon genou. Dix heures du matin, il était temps que j’aille bosser. Même si je n’avais pas de cours avant cet après-midi, je me devais d’aller à l’université pour préparer mon cours et voir s’il y avait niveau stock de tissu. Fermant brièvement les yeux, je me concentrais sur la musique, Monsta X, Hero, fredonnant faiblement l’air avant de sentir une ombre devant moi. Le bus venait d’arriver. Me levant, je pris mon portefeuille et le passa au-dessus de la borne. Le bip se déclenchait à mon passage, me permettant de le ranger dans ma poche et de m’installer au milieu du bus. Il n’était pas trop remplit. C’était le matin, un peu plus tard que l’heure de pointe, agréable à ce moment-là, même s’il y avait quelque personnes dedans. Soupirant, je posais ma tête sur la vitre, montant faiblement le son histoire de me déconnecter un peu plus du monde et de l’intérieur du bus. J’étais fatigué alors que j’avais dormi toute la nuit et m’était couché tôt. La vieillesse faisait son entrée. J’approchai de la quarantaine après tout. Ce n’était surement pas anodin. Soupirant quelque peu, je me redressais alors que mon corps fut projeté sur le coté alors qu’un énorme bruit se fit entendre. Me retrouvant par terre, ma tête heurtant une barre j’ouvris les yeux en voyant les gens dans le même cas que moi. Enlevant mes écouteurs, je m’agrippais à une barre alors que le bus roulait et tombait sur le côté. Des vitres explosant je me cachais le visage comme je pouvais alors que tout se stoppait. Relevant la tête je regardais sur le devant du bus, pratiquement détruit sous l’impact, de ce qui semblait être un camion. Déglutissant, je me relevais tant bien que mal en portant ma main sur mon visage. Je saignais mais ça n’avait pas l’air des plus dramatiques. Le bus semblait avoir été percuté au niveau du chauffeur ce qui, avait surement sauvé la vie de pas mal d’entre nous, au fond du bus. Bus qui était venu s’encastrer dans un mur de ce que je pu comprendre. Regardant de l’autre côté, au fond du bus, je me penchais vers une personne entre deux sièges. « Ça va ? Pas trop cassé ? »

accident

SAEJIN & SIHYUN

Tenue du jour

Je ne sais pas ce qui clochait pour que j'arrive en retard à mon premier cours. Je ne dis pas non plus que je suis l'élève la plus assidue qui puisse exister, mais ceci avait le don de me stresser. Et vue le début de matinée que j'ai passé Je m'en rendais bien compte. Mon café renversé sur ma tenue que je fus obligé de changer, l'incapacité de remettre la main sur mes cours. Je sentais que la journée risquait d'être mouvementé.

A cette heure, je n'avais juste pas le temps de prendre de risque en prenant le métro. Beaucoup trop loin et je pense qu'il doit avoir pas mal de monde. Tenant maladroitement deux trois cahiers contre ma poitrine, je sortais de chez moi, accélérant le pas jusqu'à l'arrêt de bus prêt de chez moi. De justesse j'ai pu l'attraper. Poussant de lourds soupirs alors que je me postais devant le chauffeur, je me mis à chercher ma carte dans ce gouffre qui me servait de sac -bloquant ainsi l'accès aux autres usagers aussi agacés que moi par la situation- avant que, l'air désespéré le conducteur me laissait passer malgré tout. Il semblait aussi pressé que nous tous. Un sourire aux lèvres je m'inclinais à plusieurs reprises, le remerciant de sa gratitude. Je finissais par m'installer sur le premier siège vide à ma portée. Je ne perdais pas de temps pour prendre des feuilles coincées dans mes cahiers afin de me plonger dans mes cours et ainsi réviser. Comme les enfants je n'aime pas l'école néanmoins je prends quand même ceci très au sérieux. On a rien sans rien dans la vie. Et je sais qu'il fait que je prenne sur moi…

Cependant, je fus vite sortie de ma torpeur lorsqu'un bruit sourd se fit entendre. Sans que je ne sache vraiment pourquoi, mon corps se retrouvait violemment au sol. Ma chute n'étant pas des plus douce, ma tête ne manquait pas d'abord de se heurter à un siège voisin. Sentant le véhicule changer son sens de gravité, je m'accrochais maladroitement et comme je pouvais à la première chose qui me tombait sous la main, à savoir l'accoudoir du siège. S'en suivi un bruit de casse qui durant des secondes entières, mais j'avais plus l'impression qu'il s'agissait d'heures. Des éclats de verre glissaient sur mon dos alors que je tente de me protéger du mieux que je pouvais. Puis tout s'arrêtait soudainement. J'étais complètement sonnée et j'avais presque l'impression de vivre un cauchemar. Avec difficulté, je tentais de me relever, cependant mon poignet endoloris par toute cette agitation n'était pas de cet avis sur le moment. A la seconde tentative, j'entendais les bris de vitre placés sans danger sur mon dos tomber au sol. A l'aide de ma main, j'essuyais ce liquide qui m'aveuglait d'un oeil puis je constatais qu'il s'agissait de sang. Ma respiration haletante, j'essayais tant bien que mal de retrouver mon calme. Une voix grave me fis légèrement sursauter avant que je lève les yeux et vis qu'un homme incliné au-dessus de moi et me lancer ses paroles.

« Je... Oui je.. je crois que ça va »

Dit-je d'une voix tremblante. J'empoignais à nouveau le siège, tenant difficilement de me mettre sur mes deux jambes, gémissant et grimaçant de douleur.

« Et vous, est-ce que vous allez bien ? Vous avez l'air blessé »

Je ne pouvais pas m'empêcher de lui poser la question voyant son visage dans le même état que le mien. Mes yeux scrutaient l'endroit un instant puis je sentais un noeud au creux de mon ventre.

« Mais... Qu'est ce qu'il s'est passé. Est-ce qu'il y a des blessés »

Je regardais la scène mais c'est comme si je ne voyais rien, qu'un brouillard m'avait ôter la vue. Je ne réalisais pas vraiment ce qu'il s'était passé je crois. Je sentais mes jambes se flageler. Je finissais par m'accroupir m'agrippant au dossier d'un siège. Tout ceci était tellement surréaliste...

electric bird.

hrp:

Tenue. J’étais encore sonné par tout ce qu’il venait de se passer. L’accident avait été assez brutale en soit. On ne s’y attendait jamais. Qui s’attendait à avoir un accident ? Il fallait être totalement fou pour ça. Et je ne l’étais pas. Pas que je sache. Les pieds sur la vitre qui avait l’air brisée, je me redressais tant bien que mal en regardant autour de moi. Cette fille juste à côté de moi, saignait. « Je... Oui je... je crois que ça va » Elle avait l’air d’avoir du mal à se lever. L’aidant, je posais délicatement mes mains sur sa taille pour l’aider à tenir. Le choc nous avait tous chamboulé. Sans compter les coups qu’on avait pris. Un miracle qu’on soit vivant dans un bus qui s’était retourné. « Et vous, est-ce que vous allez bien ? Vous avez l'air blessé » Clignant des yeux à sa question, je passais machinalement la main sur mon visage en soupirant. Elle avait raison, j’étais blessé, mais ça n’avait pas l’air d’être grave. Juste une égratignure, je n’avais même pas mal en fait. Ou alors c’était le choc qui prenait le dessus sur la douleur ? « Mais... Qu'est ce qu'il s'est passé. Est-ce qu'il y a des blessés ? » Tournant le regard pour regarder autour de moi, je soupirais. Il semblait même y avoir bien plus. Je ne donnais pas cher du conducteur… Au vu de son corps… Déglutissant, je me tournais vers elle en fronçant les sourcils. « Tu es élèves à RPS non ? Je suis un des professeurs. Si Hyun. Appelle-moi Si Hyun. Et toi ? » Dis-je en touchant doucement ses cheveux pour les tirer en arrière et voir sa blessure. Ça n’avait pas l’air bien grave non plus. Prenant un mouchoir dans ma poche, je le sortis du paquet et tamponnais doucement sa blessure. Ça ne semble pas bien grave. Tu vas bien quand même ? Pas de tête qui tourne ? Rien ? » Demandai-je en Me penchant pour aider un type à se relever. Il semblait bien aussi. Pas le temps de demander quoi que ce soit qu’il partit à l’avant du bus pour aider. « Essaie d’appeler les secours et dis leur qu’il y a des blessés assez sévère dans le bus. » Dis-je en allant voir devant comment ça se présentait. Le conducteur était bel et bien décédé. Plissant les lèvres je soupirais en regardant le type aider une femme très mal en point. Entendant une femme gémir j’écarquillais les yeux en la voyant au sol entre deux sièges. « Aidez-moi. Je crois que… Je vais accoucher. » C’était pas je crois. Elle avait perdu les eaux… « Hey. Hey Viens m’aider vite. » Dis-je à l’élève de RPS. Je n’étais pas gynéco, mais c’était une femme. Elle pourrait surement aider non ? Fallait qu’on fasse un truc… Et vite.

Spoiler:

Tenue. « Je m'appelle Ryu Sae Jin… » Je souris doucement avant de caresser sa joue avec douceur, comme pour la réconforter. Il n’avait pas l’air d’aller bien. Ce que je pouvais parfaitement comprendre au vue de la situation. Qui pourrait péter la force en ce moment ? Personne, mais je devais ne rien montrer. Pourquoi ? Car j’étais professeur, plus âgé qu’elle mais aussi, car j’étais un homme. C’était une question de fierté aussi. Lui demandant d’appeler les secours, j’essayais de voir ce qu’il se passait dans le bus. Je ne préférais pas m’occuper des gens qui malheureusement étaient morts. Ce n’était pas le but. Malheureusement ils nous avaient quittés, on ne pouvait plus rien faire pour eux. Et c’est là, que je tombais sur elle. Cette femme. Elle était enceinte et … Avait clairement perdu les eaux. Je n’étais n’y gynécologue, ni obstétricien, mais il fallait absolument faire quelque chose, que ça soit pour la vie du bébé, comme de la mère. S’il sortait et resté bloqué, il allait manquer d’oxygène et mourir. « Vous... vous n'êtes pas sérieux, sensei ? On va pas faire accoucher cette femme ici... on... on devrait peut-être attendre l'ambulance » Je voyais bien qu’elle était terrifiée. Mais nous n’avions pas le choix. Son cri de douleur nous fit sursauter à tous les deux, mais elle avait bien plus peur que moi. Elle était jeune, ça se comprenait. La voyant s’approcher de la femme, je me penchais un peu pour tenter de voir ce que nous pouvions faire. « Vous... vous avez déjà pratiqué ce genre de choses ? » Je me pointais du doigt, comme s’il y avait quelqu’un d’autre à qui elle pouvait parler. Mais non, il n’y avait que moi. Mais non, je n’avais même pas de femme, alors comment pouvais-je savoir ? J’étais le petit dernier de la famille en plus ! Impossible de savoir. Je n’avais jamais vu ou vécu un accouchement. J’étais trop jeune pour être papa. Je secouais la tête négativement. Trop choqué pour pouvoir parler. Et je n’étais même pas sûr de pouvoir endurer la vue de…. Bref. J’étais un homme à femme pourtant mais là… « On devrait sûrement la positionner dans un endroit moins dangereux pour la maman et le bébé, qu'en pensez-vous ? » « Oui, tu as raison, on devrait l’amener au centre du bus, il n’y a pas trop de sièges, on pourra l’allonger. » Dis-je même si l’allonger sur des vitres brisées ce n’était pas tip top comme idée. On devait trouver de quoi protéger. Il y avait bien des gens avec de quoi couvrir non ? « Omo... votre veste devrait faire l'affaire pour l'instant » La regardant choqué, je me reculais en tenant ma veste. « Tu sais combien elle coute ? C’est une édition de seulement vingt pièces dans le monde… Ta vie entière ne pourrait pas la payer. » Dis-je horrifié. Le styliste en moi parlait. Non mais. Oui, j’aurai pu, mais pas celle-là. Jamais. Non. Me tournant je regardais autour de moi, avant de prendre tout ce que je trouvais. Gilet et autre qui trainaient par terre. Merci aux gens qui enlevaient les vestes une fois dans un bus. Posant le tout par terre, je me mis à faire un tas avant de demander s’il y avait un médecin dans le bus. Sait-on jamais. Au vu du silence, je compris que non. Une petite dame s’approcha difficilement de nous. Regardant ce qu’il se passait, elle s’approcha de la dame. « Je ne suis pas infirmière mais j’ai trois enfants. Je peux aider. » Ok. Enlevant ma veste, pour ne pas la tacher, oui égoïste pour le coup. J’attrapais la femme enceinte pour la porter un peu plus loin, là où j’avais posé l’amas de vêtement. Adosser contre un siège pour ne pas être totalement allongé, je laissais la petite mamie soulever la robe de la femme et lui retirer collant et tout ça. Bon dieu… Enlevant mon écharpe, je la posais sur le front de la femme. Il faisait froid, mais elle transpirait la pauvre. « Sae Jin… Euh… On va suivre les conseils de mamie. Et… Euh… Voilà. Ecoute, soutiens la femme. Je vais aider la mamie. T’es aussi pâle qu’un fantôme. » Dis-je en posant mes mains sur son visage pour mieux regarder sa blessure. « Tu n’as pas de pansement dans ton sac ? Les femmes n’ont pas ça dans leur sac ? » Demandais-je un peu inquiet pour elle quand même.

accident

SAEJIN & SIHYUN

Tenue du jour

Tout se passait tellement vite dans ce bus. Je n'ai même pas eu le temps de souffler et remercier Dieu de m'avoir épargné une fois de plus que les problèmes s'enchaînaient. Très franchement, mon cerveau était en ébullition. Tout ceci était tellement éprouvant. Et je crois que mon professeur s'est bien rendu compte de ma panique. Heureusement qu'il était là pour me rassurer. Ou du moins essayer. Bien sûr que je ne le blâmais pas, bien au contraire. Enfin passons….

La réaction de mon professeur m'a bizarrement pas étonnée quand j'évoquais le fait d'utiliser sa veste comme support. Je me mettais à rouler les yeux… C'est vrai que c'était une jolie veste mais, bon, il semblerait que Si Hyun ait un petit côté fashinosita pour penser à tout ceci dans notre situation. Tandis que je laissais mon sensei s'occuper de préparer un endroit plus approprié pour cet accouchement de fortune. Je préférerais laisser le jeune homme se charger de tout ça parce que l'état de choc dans lequel j'étais, me connaissant, je pense que j'aurais fait connerie sur connerie. Et puis une partie de moi pensait qu'il était préférable que je reste avec la jeune maman, même si elle était en train de détruire ma main qui était déjà blessée par l'accident en la serrant de toutes ses forces due aux contractions je suppose. Mais pour l'instant, je ne pouvais que grimacer de douleur. Je devais prendre sur moi. Et puis bon, je devais rassurer la maman même si j'étais plus effrayée qu'elle a l'idée qu'il n'y ait pas quelqu'un de compétant pour l'aider dans cette situation des plus compliqués. Cependant, vu qu'une maman se proposait à nous aider, ça pouvait faire l'affaire. Trois enfants, elle doit savoir “comment ça marche” à l'instar de mon professeur et moi.

Nous aidions difficilement la future maman à s'installer pour mettre au monde ce bébé. Si Hyun sensei me conseillait de rester auprès de la jeune femme. C'est vrai que je ne pense pas qu'émotionellement j'aurais tenu le coup. J'en suis presque encore à apprendre comment faire des bébés. Et cette inquiétude qui semblait flagrante malgré moi ne passait pas inaperçue aux yeux de Si Hyun. Je me sentais quand même impuissante à cet instant. Voire inutile… j'avoue que quelque part tout ceci me frustrait énormément. Si je pouvais avoir plus de courage même dans ce genre de situation. Sa main sur mon visage, je ne pouvais pas m'empêcher d'être touchée de voir qu'il pouvait s'inquiéter ainsi alors qu'il me connaissait à peine. Voire s'inquiéter pour tout le monde ainsi. Ça devait être quelqu'un de bienveillant même en dehors de ce carnage. J'effleurais rapidement avec mes doigts ma plaie qui était encore ouverte. Je n'avais même pas remarqué qu'elle s'est remise à saigner

« Alors je ne dois pas être une fille comme les autres. Je n'ai rien de tout ça dans mon sac »

Si il savait tout ce qu'il pouvait trouver dans mon sac, il se demanderait vraiment si c'est le sac d'une femme sensée. Je lui adressais un maigre sourire, histoire de le rassurer

« Mais ne vous inquiétez pas pour moi… Je vais bien. Pour l'instant on devrait se concentrer sur la maman »

Je commençais à éponger le visage de la femme qui suait à grosse goutte. Il semblerait que les contractions étaient de plus en plus rapprochées à l'entente des cris de douleur qui devenaient de plus en plus persistant. Et la manière dont elle serrait ma main qui était déjà meurtri par l'accident. Ouais je voyais enfin de mes propres yeux qu'un accouchement n'est pas une partie de plaisir.

« Dès que vous sentez une contraction vous devez pousser »

Et la maman ne se fait pas prier pour le faire comprendre quand il y en a une qui se pointait. Je vous assure que l'entendre hurler était bien plus flippant. C'était presque avec plein de frayeur que je regardais mon professeur avant d'attraper de ma main de mon professeur, prise de panique sentant les larmes me monter aux yeux.

electric bird.

hrp:

« Alors je ne dois pas être une fille comme les autres. Je n'ai rien de tout ça dans mon sac » Pinçant mes lèvres à cette révélation, je soupirais doucement. Il fallait vite qu’on trouve quelque chose. Fouillant mes poches, j’en sortis un paquet de mouchoir en papier pour en prendre un et tamponner légèrement sa plaie. Saigner à la tête ce n’était jamais bon. Jamais. Pour que ça s’arrête c’était toujours la misère. « Mais ne vous inquiétez pas pour moi… Je vais bien. Pour l'instant on devrait se concentrer sur la maman » Elle avait raison, mais je ne pouvais pas laisser une élève dans cet état pour autant. J’étais peut-être parfois, voir souvent, un enfoiré avec les femmes, il n’en restait pas moins qu’elle était jeune, elle était dans l’école ou j’enseignais, et c’était mon âme de professeur qui reprenait le dessus. Me tournant vers le « spectacle » si je puis dire, je me mordis les lèvres, en ne sachant pas quoi faire. Ce n’était vraiment pas facile. C’était assez trash comme vu, et plus je regardais ce qu’il se passait, plus je me disais que la pauvre étudiante, je l’avais embarqué là-dedans sans me demander si elle pouvait, émotionnellement, tenir le coup. Le fait qu’elle me prenne la main, me donnait la réponse à ma question silencieuse. M’abaissant vers elles, pour pouvoir être au même niveau, je m’installais sur mes genoux ignorant les bouts de verres qui trainaient encore par-là, pour la prendre dans mes bras et la consoler comme je pus. « Pleure pas. » Susurrai-je contre sa tempe avant de l’embrasser doucement. Il ne fallait pas pleurer. Ça allait angoisser encore plus la mère non ? Les cris qu’elle poussait montraient simplement la souffrance qu’était un accouchement. Certains s’approchaient de nous pour voir ou c’en était. D’autre, essayaient de faire des issus afin de pouvoir sortir de ce bus. Apparemment les secours n’allaient plus tarder à arriver. On espérait tous pouvoir sortir de là rapidement. Soupirant, je baissais le regard vers leurs mains avant de froncer les sourcils. Contournant Sae Jin, je défis sa main de celle de la femme, avant de lui donner ma main l’air de rien. Elle avait la main blessait et saignait. Ça ne devait pas être agréable. Passant mon bras libre sur les épaules de l’étudiante, je la serrais contre moi en soupirant longuement sous la force de cette femme, qui me broyait la main. « Poussez, je commence à voir la tête. » Plissant le nez à cette révélation, je n’osais pas me pencher en avant pour voir quoi que ce soit. Frissonnant rien qu’à l’idée, je tournais le visage vers la jeune fille à mes côtés. Penchant mon visage vers le sien, je soupirais doucement. « Tu n’as pas trop froid ça va ? Tu veux ma veste ? » Proposais-je en frottant son épaule de ma main en la collant un peu plus contre moi. Le fait qu’il fasse si froid dehors n’arrangeait rien, surtout avec les vitres qui avaient explosées. Et si ça continuait, cette femme aura accouché avant même que les secours ne soient là. Dramatique, pour une ville telle que Tokyo. Pourtant, à cette pensée, on commençait à entendre les sirènes des ambulances et des pompiers arriver au loin. Pas trop tôt. Pas que je sois pressé de partir, mais il y avait des blessés bien plus grave qui eux, espérait pouvoir être sauvé avant de crever ou autre. Et dans cet état, je ne donnais pas cher du petit, on avait rien pour s’occuper de lui. A part peut-être le réchauffer avec des vêtements… Mais pour ce qui était du reste…

Spoiler:

« Je vous l'ai dit, je vais très bien sensei. Ne vous inquiétez pas » Je souris faiblement en voyant son sourire. Elle était vraiment mignonne. Si seulement Ayeong pouvait être pareille, ça m’arrangerait pour pouvoir me rapprocher d’elle. Mais fallait croire que pour Ayeong, être douce et gentille ne faisait pas partie de son vocabulaire. Soupirant légèrement, je resserrais mon étau sur elle, en frottant doucement son frêle corps pour la réchauffer. Il faisait vraiment un froid de canard. Et malgré l’adrénaline et la peur, le froid lui ne s’en allait pas. Cette fille était tout de même très forte. Il n’y avait pas à dire. La sentant me prendre la main, je la laissais faire, resserrant simplement mes doigts aux siens, comme pour lui donner un peu de force. Je ne pouvais pas paniquer. J’étais le professeur, et un homme de surcroit. Je ne pouvais pas faire ça. « Allez, vous y presque, c'est bientôt fini. » « Plus que quelques efforts oui. » Ajoutai-je pour l’encourager encore plus à pousser un peu plus. Ça devait faire un mal de chien, et j’étais bien content d’être un homme pour le coup. Je ne me voyais pas traverser cette douleur abominable pour ma part. Soupirant, j’essayais de regarder la petite dame qui s’était improvisée sage-femme, qui lui intimait de pousser plus fort en gardant le même équilibre au niveau de la respiration. Je ne comprenais rien, j’aurais peut-être dû écouter les cours de sciences quand j’étais à l’école pour pouvoir comprendre le système de poussé et de respiration. Mais bon, je n’étais qu’un homme et qui plus est, sale cancre. Mon physique avait fait le reste. « Prenez ça sensei, on va couvrir le bébé avec ça » Se détachant de moi, elle me donna sa veste alors que la fin approchait. La regardant partir, je tournais le regard vers la femme qui poussait encore plus. Me penchant pour voir ce qu’il se passait plus au sud, je me reculais instinctivement. La vue de la tête du bébé en train de sortir, très peu pour moi. Déglutissant pour le coup, je fermais brièvement les yeux, alors que les dernières poussées n’étaient plus très loin. Bon dieu. « Sensei, je n'ai trouvé que ça pour couper le cordon, mais je ne sais pas si ce sera bon » Baissant furtivement le regard vers ce qu’elle me montrait, un bout de verre, je soupirais. « Ça devrait le faire. De toute façon, rien n’est stérile ici. Un morceau de vitre est surement mieux qu’une paire de ciseau. » Ciseau qu’on avait tendance à utiliser pour tout et n’importe quoi. Enfin, la vitre était touchée par de millions de gens… Allez savoir depuis quand les vitres n’ont pas été lavées. Si tant est qu’un jour elles aient été lavées. Entendant le cri de l’enfant, je me tournais vers eux avant qu’elle ne me donne le bout de verre. Apparemment trop pour elle de le faire. Regardant le cordon, je déglutis avant de le prendre du bout des doigts et de mon autre main le déchirer avec le bout de verre. La dame plus âgée pris la petite veste de Sae Jin pour enrouler le bébé dedans alors que celui-ci, s’époumonait à fond. Les gens applaudissaient dans le bus. Ouais, vous auriez pu aider. Lâchant le bout de verre, je fronçais les sourcils en voyant du sang sur ma main. « Est-ce… Est-ce une fille... ou un garçon ? » Je n’étais pas blessé pourtant. « C’est un magnifique petit garçon. » Me tournant vers l’étudiante j’attrapais sa main en soupirant. Lui donnant une pichenette sur le haut de son crâne, je pris un bout de mon écharpe pour essuyer doucement sa main. Tant qu’elle n’avait rien dans sa blessure ça irait, non ? « Les secours sont là ! » Cria un homme alors qu’on entendait du bruit dehors. En effet, on pouvait entendre des gens nous parlait de l’extérieur, nous demandant de garder notre calme et qu’ils allaient bientôt nous sortir de là. « Une femme vient d’accoucher. Dépêchez-vous ! » Hurlai-je assez fort pour qu’ils puissent entendre, et accessoirement la faire sortir en première. Des gens commençaient à se bouger de devant le bus. Apparemment, ils allaient casser la vitre pour pouvoir passer par là en attendant de trouver une autre solution. Je me tournais vers l’étudiante, enlevant cette fois-ci ma veste, pour la lui mettre sur les épaules et l’enrouler autour d’elle. Elle allait attraper froid. « Ça va toi ? Tu veux qu’on s’éloigne un peu ? » demandai-je à voix basse alors que je regardais sa blessure à la tête, qui n’avait plus l’air de saigner. Le sang avait coagulé.

« Non ça va… Je veux rester avec la maman et le bébé. Je veux m'assurer qu'ils vont bien. Je m'inquiète vraiment pour eux » Le sourire aux lèvres, je regardais la jeune Sae Jin en élargissant mon sourire. C’était bien tout de même d’être tombé sur une fille comme elle. Je n’aurais surement pas supporté de tomber sur une pleurnicheuse, qui n’aurait pas su garder son self control. Hochant simplement la tête, en guise de réponse, j’enlevais ma veste, la posant alors sur ses épaules. Elle devait avoir froid de la sorte. Ce n’était pas bon du tout pour elle. La voyant se retourner, je la regardais faire, suivant sa main qui s’approchait de mon visage. Me touchant, je la fixais, sans quitter son visage de mes yeux. « Vous avez oublié que vous aussi vous avez été blessé » Haussant un sourcil, je souris un peu plus. « C’est vrai. Mais c’est rien du tout pour ma part. » Dis-je simplement. Ce n’était que la stricte vérité. Ce n’était rien du tout. « Vous avez assuré sensei… Je ne pense pas qu'on aurait su gérer si vous n'étiez pas là. Vous avez réussi à prendre les choses en main » Souriant un peu gêné quand même de par sa révélation, je lui fourrageais un peu les cheveux. « Je suis sûr que si, mais merci quand même, c’est gentil. » soupirai-je doucement. Un bruit de vitre se fit entendre. Les secouristes étaient enfin là. Soupirant, soulagé, je les regardais s’emparer de la mère avec délicatesse et du bébé. Ils faisaient ça si vite et si bien, c’en était presque déconcertant. C’était leur boulot après tout. S’occupant après des blessés bien plus graves, on nous fit sortir parmi les derniers. Une fois dehors, je soupirais longuement en me dirigeant vers les ambulances. On devait être examinés de ce que je compris. « Tenez, il ne faudrait pas qu'on endommage un peu plus votre veste » Prenant ma veste je souris. « Ne t’inquiète pas, je suis un dur à cuir. Toi, ne tombe pas malade. » ça serait bien plus dommage pour elle que pour moi. Suivant les ambulanciers, me retrouvant donc à côté d’elle, je me laissais soigner la tête puis examiner rapidement. Je n’avais pas d’autres blessures apparentes et c’était tant mieux. Ecoutant pour la demoiselle, je vis qu’elle avait le poignet foulé en plus de sa blessure à la tête. « Dites s'il vous plait vous voulez bien m'accompagner ? Je sais que je vous en demande trop… Mais je n'ai vraiment pas envie d'y aller seule » « D’accord. Je vais venir avec toi. Et arrête de me vouvoyer. » Dis-je doucement en fourrageant à nouveau ses cheveux. Ecoutant l’ambulancier, je montais avec Sae Jin dans l’ambulance, alors qu’il nous enfermait dedans. Partant en direction de l’hôpital, je soupirais longuement en écoutant le bonhomme annoncer la venue d’une fille avec le poignet foulé. « Tu n’as pas de la famille à prévenir ? Tu devrais le faire, histoire qu’ils ne s’inquiètent pas trop, non ? » Dis-je doucement en fronçant les sourcils. Et moi je devrais peut-être prévenir l’école. Passant un rapide coup de fil, j’annonçais la nouvelle à la secrétaire, donnant aussi le nom de l’étudiante avec moi, histoire qu’ils sachent pourquoi nous étions absents. Une fois l’ambulance arrivée à l’hôpital, on descendit, suivant alors le bonhomme pour aller aux urgences. Laissant Sae Jin avec le monsieur, je parti en direction du bureau pour l’enregistrer rapidement. Ne sachant pas toutes les informations, je m’excusais auprès de la secrétaire, avant de retourner vers elle. Assise dans un box d’attente pour passer une radio, je présume, je posais mes fesses sur le même lit qu’elle en soupirant longuement. « Tu vas bien ? Tu veux que je t’achète quelque chose à boire ? Manger ? » Proposais-je alors. Elle avait peut-être faim ou quoi.

« Vous... Vous avez raison. Je vais le faire de ce pas. » J’avais toujours raison. Et puis mieux valait qu’elle le fasse oui. Elle était légèrement blessée et puis ça aurait pu être grave. Elle devait prévenir sa famille afin qu’elle vienne la chercher et s’occuper de tout le reste. Surtout qu’elle était jeune. Pas que je n’avais plus de famille parce que j’avais dépassé la trentaine mais j’étais le seul sur le territoire japonais. Ils étaient tous sur Ulsan, bien loin, en Corée. La laissant faire, je la regardais au loin, avant de plonger mes mains dans mes poches. C’était une sale journée quand même, qui commençait de façon terriblement merdique. Pour certains c’était bien pire. Pour nous, ça allait. On avait eu la chance d’être dans le fond du bus. Ça aurait pu être plus grave. Bien plus grave. Ça me rappelait la scène de docteur house ou le bus a aussi un accident. Bien plus grave même. Revenant auprès de moi, je lui demandais si elle avait faim, ou si elle voulait boire quelque chose. « Non ça va... Je vous... te remercie » Me donnant un faible coup d’épaule, je la laissais faire en souriant en coin. Elle commençait un peu à se détendre. C’était bien. « Tu ne penses pas que tu en as déjà fait beaucoup pour moi ? » Non, sans plus. Et puis c’était normal non ? Je n’allais pas l’abandonner, encore moins, parce qu’elle était une élève de l’école ou j’enseignais, et en tant que professeur je devrais prendre mes responsabilités. Je ne pouvais pas l’abandonner au profit de ma propre survie. Hors de question, je n’étais pas comme ça. « C'est bon, j'ai prévenu ma grande sœur de ce qu'il s'est passé. Je vais bientôt pouvoir te libérer de tes chaînes qui te lient à moi » Pinçant mes lèvres, je la regardais longuement avant de sourire un peu plus. Si je n’avais pas été épris d’Ayeong, peut-être que cette fille m’aurait intéressé. Mignonne, douce, légère, elle était plaisante en fait. Sa présence était agréable. « Mais toi, est-ce que tu vas bien ? Tu as été ausculté par un médecin rassure moi ? Tu n'as rien de grave » Tapotant doucement sa tête évitant bien évidemment de la toucher là où elle était blessée, je caressais ses cheveux, les arrangeant par la même occasion. « Ne t’inquiète pas pour moi, tout va bien. » Soupirai-je en mettant mes mains dans mes poches. « Et puis ces fameuses chaines là, qui a dit que j’allais te libérer ? On est dans la même université. Certes tu es une élève et moi un professeur, mais je viendrais te voir de temps en temps. Tu sais que si jamais tu veux parler, ou tout autre raison, tu peux venir me voir ? D’accord ? Ce n’est pas forcément facile ce qu’il s’est passé aujourd’hui. » Ça pouvait être en effet traumatisant pour certains. Je savais que pour ma part d’ici quelques jours tout irait bien. Je n’étais pas le genre à me bloquer sur ce genre d’évènement. « Hum, je suis en section stylisme et mode. Y’a pas mal de beaux gosses là-bas. Qui sait, tu trouveras peut-être l’amour de ta vie en venant me voir. » La taquinais en lui donnant à mon tour un faible coup d’épaule. Passant ma langue sur mes lèvres, les humidifiant légèrement, je me mordillais doucement avant de soupirer. Cette journée commençait à peine mais j’étais extrêmement fatigué. « Tu vis donc avec ta grande sœur ? Tu viens d’où de Corée ? Je viens d’Ulsan pour ma part. »

« Ne… Ne dis pas des trucs comme ça. C’est le dernier de mes soucis voyons. » Ah bon ? Pourquoi c’était le dernier de ses soucis ? Elle n’était pas branché amour et tout ça ? Bon après tout ce n’était pas la seule et il paraitrait même que le Japon vivait dans une ère ou l’amour et tout ça se mourrait. Je trouvais ça dommage, tout être humain avait besoin d’amour et d’eau fraîche. Et puis la jeunesse n’était-elle pas le meilleur moyen pour en profiter ? « Pourquoi ? Tu veux profiter de ta liberté avant de t’enticher ? Ah… Tu sais l’amour… Pas besoin de ça pour le cul. Enfin. Pardon. Je m’égare là. » Manquerait plus qu’en fait elle soit vierge, innocente et tout ça et j’allais passer pour le dépravé du coin. Ce n’était pas non plus le but voulu. Je ne voulais pas la choquer et la faire fuir. Mais bon nous n’avions pas le même âge. J’avais trente ans passé, et elle, elle devait avoir à peine la vingtaine, alors forcément nous n’étions pas de la même génération, et ça y jouait. Changeant de sujet je vins sur ses origines. Elle avait un nom coréen, alors je ne pouvais pas ignorer. Entre compatriote, fallait bien se soutenir non ? Je me demandais d’où elle pouvait venir en fait. « Euh… En fait, je ne vis plus avec ma soeur depuis plus d’un an. Je vis à Shibuya. Et même si mon nom atteste mes origines coréennes, je n’ai jamais mis les pieds la bas. Je suis originaire de Kyoto, moi. » Ah bah, elle n’était pas du tout coréenne, en effet. Son prénom était totalement trompeur pour le coup. « En fait, je ne parle même pas un mot de coréen » En plus ? Wow. Il était temps qu’elle remédie à tout ça ! La Corée était un très beau pays, fallait qu’elle aille voir ses racines, de là ou elle venait. Parce que malgré qu’elle soit Japonaise, ses ancêtres eux étaient coréens, alors elle avait tout de même une part coréenne en elle. Ce n’était pas non négligeable. « Et vous ? Vous êtes venue de Corée seulement pour enseigner ou vous avez un peu de famille ici ? D'ailleurs ça fait combien de temps que vous êtes ici ? » Je souris doucement avant de lui pincer la joue. « Un coup tu, un coup vous. Faudrait que tu te décides. » Je la taquinais bien évidemment, elle avait du mal à me tutoyer, ça je l’avais bien compris. « Tu devrais un jour, aller en Corée, je te promets c’est beau. C’est à voir. Pour ce qui est de la langue… C’est dommage, t’as jamais voulu apprendre le coréen ou autre ? » Mais si elle n’était pas réellement curieuse sur ses origines, autant en effet, ne pas apprendre le coréen. « Je n’ai pas de famille ici. Je suis venu ici il y a quelques années quand j’ai eu trente ans. J’ai plus ou moins pris ma retraite de mannequin pour enseigner. Disons que je suis bien plus posé. Je fais encore quelques défilés mais je préfère être stable. Tu sais les mannequins passé la trentaine… On est des vieux. » Dis-je en riant. C’était la triste vérité. « Je créé des vêtements maintenant, c’est tout aussi mieux. »

« J'arrive vraiment pas a m'y faire. Je suis une éternelle indécise. Mais ne me demande pas de t'appeler par ton prénom par contre» Je ne pus m’empêcher de sourire. Elle était tout de même marrante. Enfin, moi ça m’amusait de la voir dans cet état, simplement pour une question de tutoiement et de vouvoiement. Y’avait pire comme sujet à stress, mais apparemment pour Sae Jin, c’était beaucoup trop. Ca la rendait mignonne en tout cas. Même si elle n’avait pas besoin de ça pour paraitre mignonne, bien au contraire même. « Hum… C’est bête, j’allais justement te proposer cela… Je n’ai donc pas le droit ? » Je voulais la taquiner en plus. Parce que ça me faisait plaisir, et parce que le sérieux, je ne connaissais pas. « Et bien, je me suis jamais vraiment penchée dessus. J'ai toujours été très fière de mes racines coréennes, mais j'avoue ne pas avoir cherché un peu plus loin. » Beaucoup de gens étaient dans le même cas que Sae Jin, que ça soit des coréens ou autre. On était tous un peu pareil quand on se retrouvait avec deux origines distinctes. On avait toujours une attache sur le pays ou on est né et où on a vécu. Mais quand on ne visite pas l’autre, ou n’en parle jamais… Autant dire que c’était difficile de s’y faire une idée, de faire un choix. « C’est le moment ou jamais. » Enfin, elle avait le choix, je ne la forçais en rien bien évidemment, mais elle avait encore toute la vie devant elle, elle était jeune, elle pouvait encore faire quelques voyages et visiter ce pays qui était aussi le sien en quelque sorte. Soit, on se mit à parler de moi, et du fait que je sois venu au Japon. Je lui expliquais alors la raison. Rien de bien méchant, juste une envie de me poser, de profiter un peu plus de la vie et puis surtout parce que passé un âge, le mannequinat n’était plus pour nous. M’enfin, ça ne me dérangeait pas tant que ça. « Tu es encore très beau pour trente ans t'en fais pas. Je suis sûre qu'il y a beaucoup de filles qui te courent après… » Amusé par sa réponse, je passais l’air de rien une main dans mes cheveux. Bon c’était juste pour déconner, mais c’était plaisant d’entendre ça de sa part. « Surement oui. Même des garçons parfois. » Avec tout ce que e sortais à l’époque, j’avais eu droit aux hommes aussi. M’enfin ce n’était pas pour autant que j’avais viré de l’autre côté. Embrasser des gars pour le fun oui, aller plus loin, non. « Je traîne des fois dans le département mode pour voir une autre prof. Je passerais désormais te faire des petits coucou » Fourrageant ses cheveux je lui fis un doux sourire. « Attention, j’ai bonne mémoire. Si je ne te vois plus, je viendrais te chercher. » Bon je la taquinais, mais j’en étais bel et bien capable aussi… Mais bon je n’allais pas non plus la kidnapper. Je n’étais pas un taré. « Et puis si tu as des soucis à la fac, n’hésite pas. Je t’aiderai. »