TENUE ••• Lourd, je me sens tellement lourd, il semblerait que mon voyage en Inde fut plus éprouvant cette fois, je n’arrive pas à reprendre mes forces depuis que je suis rentré, je me sens si fatigué. Me levant du lit j’ai la gorge sèche, je ne sais même pas quelle heure il est, est-ce qu’il fait jour ou nuit ? Je l’ignore, marchant tel un zombie vers la cuisine, descendant les marches en manquant d’en loupé tous les trois pas, j’arrive finalement dans le lieu recherché, ouvrant le frigo, mes muscles sont douloureux, j’ai l’impression d’être complètement faible jusqu’au bout des doigts, tirer sur la poignée en fut même difficile, mes yeux se ferment tout seul, ma tête joue du tamtam en continu, mais je vais bien... Je vais bien, c’est juste un gros coup de fatigue, rien de plus, buvant quelques gorgées à la bouteille, ma gorge semble en feu à chaque fois que je déglutis. Il fait froid, mais j’ai chaud et je suis en t-shirt, le changement de température d’un pays a un autre me fait perdre toute notion de saison et je ne sais plus comment me vêtir à force. Tentant de reposer la bouteille elle me glisse des mains dans un « boom » retentissant, résonnant surement devant le calme presque pesant qui domine la maison, c’est étrange et je n’ai toujours pas regardé l’heure bon sang, ma tête... Je pose la paume dessus mon front en m’appuyant à la table de la cuisine la faisant reculer de quelques centimètres, c’est affreux, je n’arrive même pas à avoir une vision claire, j’ai l’impression qu’un tremblement de terre s’apprête à se pointer tellement tout semble bouger autour de moi ou est-ce moi justement qui tremble ? Je ne sais pas. Je devrais retourner me coucher, mais à peine deux pas effectués que je perds l’équilibrent, me rattrapant à la chaise, elle n’est pas assez solide et s’écrase au sol avec moi, j’ai dû déranger toute la cuisine sous mon passage, mais je suis las, j’ai plus de force et j’ai mal bon sang.    

TENUE ••• Les enfants sont à l'écoles depuis deux bonnes heures déjà et j'ai eu l'occasion de faire quelques courses au supermarché du coin. Le coffre pleins de sac, je soupire devant ce boulot monstre tandis que je suis garé devant la porte du garage. évidement, y a jamais personne pour m'aider. C'est devenu une habitude dans cette famille. Les parents profitent de leur boulot, les enfants de l'école et moi je galère à tout gérer. Noël n'est pas loin, j'ai saisi l'occasion pour fermer le salon quelques jours et posé mes jours au club. Libre, mais pas trop. J'entends encore ma mère parler de sa liste, tout en enfilant ses talons puis sa veste de tailleur. Parfois, je la déteste. Je ne suis pas la bonniche dans cette baraque, mais aucun ne se le met dans le crâne. Les mains prises, je me sers de mon coude pour ouvrir la porte d'entrée. Hinata est rentré, je n'ai pas eu la rancune de l'enfermer à clé en partant ce matin, puis ça me facilite grandement la tâche. Les sacs tapent un peu dans le mobilier, mais rien de grave... Pas autant que la cuisine! Bon sang, la porte du frigo est ouverte, une bouteille renversée au sol, sans parler de la table et des chaises. Je n'ai même pas vu Hinata, étalé sur le sol. J'en lâche un peu précipitamment mes sacs, inquiet malgré moi. « Hey! Ce n'est pas l'endroit pour dormir! » Ma main sur son épaule, je le secoue légèrement en espérant qu'il se bouge, mais non. Je porte mes doigts vers son front et grimace aussitôt, il est brûlant de fièvre. « Contamine pas tout le monde, sérieux. » Grognais-je comme un ours en attrapant son bras pour le relever sur ses jambes et le déposer sur une chaise. Il n'a pas l'air de tenir droit, puis je m'en fiche s'il me répond. Qu'est-ce que je fais ? Est-ce que je nettoie d'abord son bordel ou je l'amène en premier dans son lit ? Je suis partagé, regardant d'abord la flaque puis mon demi-frère. « Mais pourquoi tu n'es pas resté en Inde ? » Je grommelle dans ma barbe inexistante, me frottant les yeux avant de me pincer le nez sous l'effet de l'agacement. Franchement, il n'en manque pas une pour m'ennuyer celui-là, ça devient aussi une fâcheuse habitude avec Hinata.    

TENUE ••• Je ne sais pas pourquoi je me sens aussi faible, j’allais bien pourtant en revenant ou alors ça ne c’était pas encore développé ? J’ignore totalement ce que j’ai, mon corps ne répond plus comme si la liaison entre mes muscles et mon cerveau était rompue, bu est un supplice, j’ai chaud... Trop chaude, la tête tourne et rapidement je m’écroule au sol en perdant l’équilibre, je n’ai même pas la force de me relevé, allonger sur le sol froid les yeux fermés je ne sais pas les heures il est et j’entends à peine la porte de la maison s’ouvrir totalement dans les vapes, une voix m’atteint cependant, se rapprochant de moi, tentant d’ouvrir les yeux je vois flou surement à cause de la fièvre... « La ferme... Je vais... bien. » Ça se voit en effet, qui vais-je convaincre dans cet état alors que j’ai du mal à aligner une phrase correcte sans bouffer les mots dans des murmures effacés. Assis sur une chaise je tangue ne pouvant tenir droit, ma tête cognant contre le vendre de Raijû, je n’ai même pas la force de réalisé, suffocant du manque d’air, agitant comme je peux mon haut pour contrer cette chaleur insoutenable. Je n'ai pas la force de lui répondre, je ne suis pas en état pour entrer dans notre guerre habituelle, m’agrippant à lui pour tenter de me redresser sous les jambes en coton, j’ai le tournis... « Je vais... » Je finis par ma phrase me décrochant pour avancer un pas devant l’autre au rythme d’un escargot estropié, me tenant au mur comme si ma vie en dépendait, je suis lamentable, mais j’en ai même pas conscience. « Je vais bien... Je vais bi...en. » Soufflais-je dans des murmures répétés pour me convaincre moi-même, me voilant totalement la face. 

TENUE ••• Quelle surprise de rentrer chez soi et de découvrir un cadavre par terre. Je me serais presque cru dans ces jeux stupides qui traînent sur les réseaux sociaux où il faut trouver des objets sur une scène de crime. Je n'ai pas trop le temps pour ça, surtout parce que Hinata va mal et que voir quelqu'un affalé par terre n'est jamais très agréable. Toujours le mot pour faire plaisir, je n'écoute pas sa phrase qui sonne tellement fausse à mes oreilles et le relève sans peine pour l'asseoir sur une chaise. Il ne manquait que ça! Qu'est-ce que j'en fais ? Je l'enterre dans le jardin ? Ce ne serait pas correcte, puis quelqu'un va sûrement le retrouver. Mes yeux se posent sur lui quand je sens sa tête contre mon ventre, l'observant en réfléchissant. Je ne suis pas médecin, encore moins infirmier. J'ai déjà veillé les cadets quand ils étaient malades, ça ne devrait pas être bien différent avec lui. Oui, j'envisage de l'aider même si ça m'emmerde grandement. Hinata est têtu, il répète ses mots en essayant de se lever et je le laisse faire. Il s'accroche à moi et tente d'avancer à la vitesse d'un paresseux. ça risque d'être long, et je crains qu'il ne termine par tomber dans les marches. « Tu dis ça parce que tu me prends vraiment pour le dernier des cons ou juste pour te débarrasser de moi ? » Dans les deux cas, c'est à chier. Sans me presser, je le suis sans le perdre des yeux, jusqu'à passer devant lui et bloquer sa route. « Bon écoute. Je n'ai aucune envie de t'aider mais si je ne fais rien, tu vas sûrement te faire mal et je n'ai pas envie d'être accusé de non assistance à personne en danger. » Un effort, ce n'est pas la mort. Je fais exprès de mettre mon pied contre le siens pour qu'il chute et tombe vers moi, de là je l'attrape comme un sac à patate et monte les escaliers. Dans le couloir, je croise mes rongeurs qui s'agitent dans mes jambes et manque de me faire tomber. La chambre de Hinata n'a jamais été aussi loin qu'aujourd'hui, c'est éprouvant.  

TENUE ••• Être malade n’est pas agréable, mon corps est lourd, tellement lourd, je n’arrive même pas à me relever, mes muscles me font un mal de chien, mes yeux peinent à rester ouvert, j’entends les choses à distance comme si mon ouïe avait diminué de moitié, je suis juste complètement épuisé... Quelle merde est-ce que j’ai attrapé, ici, en Inde ? J’ignore encore ce qui m’arrive, mais je ne peux pas laisser Raijû m’aider, je ne veux pas... Essayant de l’en dissuader en voulant le convaincre que je vais bien, ça semble être peiné perdu, il me relève et je m’écrase la tête contre lui, ça montre bien que je suis faible et malade, en temps normal je ne laisserai pas une telle proximité entre nous excitée, mais je suis têtu, bien trop têtu, répétant encore que je vais bien, du moins dans la mesure du possible, me relevant en me tenant à lui avant de tenter dans un effort difficile et qui me semble juste insurmontable de me rendre dans ma chambre a pas de tortue... Ma tête tourne, je vois flou, fermant les yeux contre le mur, je me sens tellement nul... Pourquoi fallait que ce soit lui hein ? Peu importe ses mots je hoche juste la tête dans tous les sens, ne sachant que dire, ne sachant que faire, je souffre bordel, mais je ne veux rien lui devoir, s’il m’aide j’aurais les sentiments de lui être redevable et même dans cet état cette idée ne m’enchante pas, ça me frustre. Pourtant je n’ai pas le choix il parle, me coupant la route, je n’entends qu’à moitié ses paroles avant de tomber sans comprendre pourquoi contre lui, il m’attrape et me porte d’une façon loin d’être agréable, j’ai envie de vomir putain ! Tapant contre lui sans aucune force, je finis par juste capituler, de toute façon je n’ai pas la force ni la tête à rouspéter... La fièvre me tue lentement et j’ai l’impression que je vais juste mourir, mais je ne m’endors pas pour autant, priant pour arrivée très vite dans ma chambre.

TENUE ••• Je ne sais même pas pourquoi je l'aide. Je pourrais faire genre qu'il n'existe pas, tracer mon chemin et continuer ma vie comme s'il n'était pas mourant dans la cuisine. Mais non, j'ai une âme de grand frère qui me pousse à l'aider. J'aurai dû être fils unique, peut-être que tout cela ne se produirait pas. Hinata ne tient même pas sur ses jambes, il tangue comme s'il était bourré et je vois bien qu'il ne comprends rien à mes paroles, à moins qu'il fasse exprès de ne pas m'écouter. Dans tous les cas, je ne peux pas partir et l'ignorer. C'est plus fort que moi, je me dois un minimum de lui venir un aide, même si ça pourrait me tuer à l'avenir. Mon demi-frère est têtu, il me repousse et s'enfuit dans le couloir avec une allure de film au ralentis. Ce serait presque comique, mais je n'ai pas le coeur à rire. Faut toujours qu'il n'en fasse qu'à sa tête quand je suis trop gentil avec lui. Tant pis pour sa pomme, qu'il le veuille ou non, je l'aide à rejoindre sa chambre. Sans compter qu'il faut grimper les marches, et tout seul, il ne pourrait jamais y arriver. Heureusement que je suis là, même si ça ne l'enchante pas. Ainsi sur mon épaule, je peux entreprendre de monter jusqu'à l'étage où se trouve nos chambres, mais l'épreuve se révèle difficile quand mes rongeurs se mêlent à la partie. Il me faut bien cinq minutes pour parcourir l'allée et ouvrir la bonne porte, sans me casser la gueule. Pauvre Hinata, c'est un miracle qu'il n'est pas encore vomit. « Meurs pas. » Lançais-je en mettant un pied dans sa chambre, puis je me dirige vers son lit où je le dépose sans trop de délicatesse. Faut pas trop m'en demander non plus, malade ou pas. « Bon, qu'est-ce que je fais de toi maintenant ? » Je soupire longuement, voyant mes animaux monter sur le lit pour se caler en boule contre Hinata. Traîtres. Je me fais une liste mentale, à commencer par trouver les bons médicaments et lui préparer un bouillon. C'est bon le bouillon pour faire descendre la fièvre. « T'enfuis pas, je vais chercher un truc. » Dis-je en quittant sa chambre pour trouver une bassine d'eau froide et un gant, que je ramène dans sa chambre. Le gant mouillé et essoré, je le dépose sur son front en soufflant à nouveau. ça m'enchante tellement de m'occuper de lui.

TENUE ••• Je n'ai vraiment pas envié qu’il s’occupe de moi, déjà même cette pensée ne m’enchante pas, mais malheureusement mes idées deviennent floues et je n’ai plus aucune notion, que ce soit le temps, la douleur, ma vision, tout est si instable, je me sens porté par ses soins, même là je n’ai aucun moyen de lui résister, mes forces m’ont abandonné, mes muscles me donnent l’impression de se briser, je vais mourir, je vais vraiment mourir... Ne meurs pas qu’il me dit, mais je suis déjà entrain de laisser ma conscience s’en aller à cet instant, bien qu’avant de m’évanouir je sois tellement secoué que je reste éveillé, jeté sur mon lit accompagné d’un grognement et d’une plainte mécontente, s’il veut m’aider qu’il le fasse bien cet enfoiré... Il m’agace, même dans cet état j’ai envie de le tué, il m’énerve tellement avec ses grands airs, qu’il profite, je ne vais pas le remercier pour ce qu’il pourrait bien « faire de moi » de toute façon. Les paupières closes, j’ai un mal de crâne horrible, j’ai l’impression de littéralement bouillir de l’intérieur. Les animaux sont collants, je ne les regarde même pas, tendant juste le bras sur lequel ils viennent se frotter et réclamer des caresses. Quel con... J’ouvre les yeux à ses paroles l’air de dire «Tu crois que je suis en état de m’enfuir abruti ? » mais aucun mot ne sort, patientant simplement de le voir revenir, chose faites, le revoilà avec un gant et une bassine, il va vraiment s’occuper de moi . Il est sérieux là . La fraicheur au contact de mon front me fais soupiré, ça fait du bien... Je laisse ma tête s’écraser contre le coussin, ouvrant les yeux. « Ne t'occupe pas de moi. » J’ai beau être dans un état lamentable... « Je ne veux rien te devoir, garde ta pitié et dégage de là... » Mes mots sont soufflés comme je peux, assez faible et certain disparaissent en chemin, mais je suis têtu, trop peut-être....

TENUE ••• Quoi que je fasse, Hinata ne sera jamais content. Si je suis doux et patient avec lui, il va se plaindre qu'il m'en doit une ou un truc dans le genre. Et quand je suis brusque et indélicat, il n'est toujours pas content et râle à nouveau. Franchement, autant garder mon image du mauvais grand frère tout en l'aidant, au moins je ne perds rien de mes habitudes envers lui. C'est déjà bien qu'il ne soit pas dans la cuisine à dormir par terre, j'aurai très bien pu le laisser là-bas sans état d'âme. Ce mec me saoul, toujours à l'ouvrir ou à faire son grand, même quand il a besoin d'aide. Il devrait arrêter de ronger son frein, un jour ça va partir tout seul sans qu'il puisse le retenir. Il devrait être heureux, mes animaux cherchent à le tenir au chaud en le collant carrément, mais je sens déjà que tout cela l'agace davantage. Tant pis pour lui, il n'a qu'à être plus prévoyant quand il change de pays ou voyage autant. L'ironie flotte dans l'air, mais je ne m'en gêne pas pour autant. Comme s'il était capable de fuir, mais sait-on jamais avec cet ingrat d'Hinata. Quand les autres vont mal, c'est toujours moi qui m'en occupe, alors pourquoi ne le ferais-je pas avec mon cadet ? D'accord, on ne s'entends pas du tout et j'ai toujours envie qu'il s'en aille d'ici, mais ce n'est pas pour autant que je vais souhaiter qu'il clamse ou le regarder souffrir sans rien faire. J'ai été assigné comme étant son grand frère et je dois respecter ça. Hinata peut bien se plaindre ou m'insulter, je m'en contre-fiche royalement comme de ma première couche. J'ai lu pas mal de bouquin grâce aux plus jeunes souvent malade, du coup je sais qu'il faut faire baisser la fièvre avec de l'eau froide. Le gant déposé sur son front, je réfléchis à la suite. « Je crois que j'entends mal, dommage. » Ironisais-je encore, l'air de m'en foutre. « T'inquiète pas, je ne te demanderai rien en retour. Je n'ai pas pitié. » Je suis sérieux, son état m'inquiète quoi qu'il dise, quoi que je pense. C'est ma famille, même sans partager le même sang. Ma conscience reviendrait au galop pour me sermonner et il sait ô combien je ne peux tenir tête à ma conscience. Bon, on oublie le bouillon pour le moment, je vais lui faire une tisane. C'est plus rapide! D'un mouvement de tête, je lui fais comprendre que je reviens et m'en vais dans la cuisine pour préparer une tasse fumante et très peu sucré. La boisson prête, je remonte dans la chambre mais passe d'abord par la salle de bain pour récupérer la boite à médicament et reviens dans sa chambre. « ça devrait te faire du bien. » Dis-je en déposant la tasse sur la table de chevet, puis je prend une chaise pour m'asseoir dessus et fouiller la boite.  Y a du boulot.

TENUE ••• Comment je pourrais être content alors qu’il est en train de m’aider, on se déteste et le seul qui s’occupe de moi c’est mon ainé. Je pense que je n’ai simplement pas envie de lui être redevable, puis je ne saisit pas ce qu’il gagne à prendre soin de ma santé, il aurait pu tout aussi bien me laisser crever dans la cuisine où me déposé sur mon lit et se casser, pourquoi il prend la peine de faire plus que ça ? Ça me donne mal au crâne d’y réfléchir, je suis sur le point de vomir, j’ai mal partout, mais malgré ça je continue de le chercher, le narguer lui répondre à se ses paroles ironiques, tentant de le faire déguerpir d’ici, mais mon « frère » est tenace ça je ne peux pas le contredire... Il met même un gant frais sur mon front pour la fièvre et ça fait un bien fou, même si la température de mon corps est bien trop haute pour baisser si facilement. Je le sens comme si j’étais en train de bouillir sur place, je transpire et ses animaux qui se collent à moi, je me sens mal, tellement que je voudrais mourir pour ne plus rien ressentir à cet instant. Il joue le sourd et je n’ai même pas la force de rire devant ses propos, genre il n’a pas pitié ? « Alors pourquoi tu m’aides ? » S’il me sort le truc du grand frère je le tape, nous n’avons tous deux rien du tout de « fraternel » que ce soit le sang ou le comportement, Raijû n’est pas mon frère... Il ne l’a jamais été. Surement que sa conscience le pousse à m’aider, mais est-ce que ça ne revient pas à de la pitié au final ? Je soupire le laissant partir je ne sais où, les paupières fermer, je déglutis, l’entendant revenir après quelques minutes d’absence avec une tasse et une boîte, ouvrant seulement une paupière pour le regarder. « Qu’est-ce que tu cherches ? » Avec tous les médicaments qu’il y a dedans, il pourrait me tuer avec des calmants... Je me redresse un peu non sans grimacer et gémir sous cette douleur incessante, attrapant la tasse entre mes mains je manque de la lâcher, n’ayant plus de force, mais je la rattrape de justesse et soupire en la regardant, la fumer qui s’en dégage me donne encore plus chaud, mais je sais qu’il a raison, ça ne peut que me faire du bien...

TENUE ••• Il est à deux doigts de se prendre mon pied dans la tronche s'il continue à être aussi invivable. Je l'aide à guérir plus vite, où est le soucis ? D'accord, on se déteste à mourir et il préférerait sûrement mourir plutôt que je le soigne, mais je ne changerais pas d'avis. J'ai décidé de l'aider, je l'aiderai. Hinata peut être têtu mais je ne suis pas du genre à lâcher l'affaire, pas tant que j'ai terminé ma tâche ou que je suis sûr qu'il ira mieux. Il ne comprend rien à mon comportement, mais moi je sais qu'il reste ma famille, que je le veux ou pas. à un moment, faut être raisonnable et savoir déposer les armes. Notre guerre ne pourra pas reprendre s'il se sent mal, non ? C'est une sorte de motivation, pour ne pas que je l'abandonne dans son lit et à l'article de la mort. Même s'il a beaucoup de fièvre, il ne faut pas le laisser à découvert et prendre le risque d’aggraver son cas. La chaleur est bonne, quoi qu'on en pense et mes animaux sont inquiets pour lui. Le gant froid sur son front chaud, je lui avoue que je ne fais pas ça par pitié. Pourquoi ? « Parce que tu es mon frère ? » Non ce n'est pas vraiment cela la bonne réponse, mais au pire je m'en fou. « Frère ou pas frère, tu es un humain et si tu ne te soignes pas, ça sera pire. Prends cela pour de l'altruisme. » Il est content là ? Va-t-il me lâcher la grappe et me laisser faire, maintenant ? Je m'éclipse rapidement dans la cuisine pour lui faire une tisane et chercher la boite de secours dans la salle de bain, puis je reviens vers lui. « Des médicaments, cela ne se voit pas ? » Il me prend vraiment pour un con. Du coin de l'oeil, je l'observe se redresser et prendre la tasse, plutôt résigné. Bien, bon chien. « J'ai déjà soigné les plus jeunes, rassures-toi. Ton heure n'est pas encore arrivée, malheureusement. » Une pointe d'ironie et je continue à lire les boites qui défilent entre mes doigts. Pour l'estomac, pour empêcher de vomir, pour la toux, le rhum. Ah! Un truc pour la fièvre, génial! Je le garde de côté, cherchant un anti-inflammatoire. Après tout, j'ignore la cause de son mal-être, il peut avoir n'importe quoi. Je devrais appeler un médecin si la fièvre ne part pas avec tout ça, d'ici demain.

TENUE ••• C’est chiant de compter sur un gars qu’on n'aime pas et en même temps c’est surtout de la mauvaise foi parce que dans mon état s’il ne le fait pas je vais mourir, mon crâne me fait mal, je crève de chaud et de froid en même temps, je suis fatigué, épuisé et je vois flou... Mais je continue de le chercher, le provoquer et surtout le repousser, mais je ne suis pas diable, c’est comme un gosse qui dit le contraire de ce qu’il pense, avec Raijû j’ai parfois cette sensation et pourtant je ne peux pas m’en empêcher. Lorsque je lui demande pourquoi il fait ça si ce n’est pas par pitié, sa première réponse me surprend et je tente de le regarder pour lui balancer encore un truc peu aimable, mais il reprend pour dire autre chose, me faisant soupire alors que mes paupières lourdes se ferment, le gant sur ma tête me fait du bien et en même temps j’ai des frissons dans tout le corps c’est tellement désagréable... Je ne réponds pas à ses raisons, gémissant simplement. Il s’en va et revient avec une boîte de médicament, je demande ce qu’il cherche, mais je grimace à sa réponse, il me prend pour un con en plus... « Très dr... » Je tousse, déglutissant en me penchant en avant, argot. C’est douloureux. Je respire fortement attrapant la tasse pour boire une gorgée, j’entends qu’à moitié ce que Raijû me raconte et en toute honnêteté... « je m'en fiche. » Il peut me donner ce qu’il veut, m’empoisonner, me tuer, qu’est-ce que je peux bien faire dans cet état ? Pas grand-chose. Je bois encore, mais je m’étouffe avec la boisson, manquant de la renverser sur mon lit, je tends la tasse à mon « ainé » pour éviter la catastrophe, réflexe lent, mais intelligent. Je tape sur ma poitrine, putain c’est quoi cette merde...

TENUE ••• C'est vrai, Hinata est mon petit frère. Quoi qu'on dise, c'est ma famille. J'ai beau ne pas l'aimer et le chercher, je ne peux pas le laisser aller mal. à qui vais-je lancer des piques s'il lui arrive un truc ? Sérieux, je n'aurai plus cette sale tête d'abruti sur qui me défouler verbalement. Il devrait me remercier d'être attentif avec lui et de ne pas l'abandonner comme un enfoiré. Bon d'accord, ce n'est pas tellement pour lui que je fais ça, mais il connait mon côté altruiste et ma bonne conscience. Je risque de me prendre la tête si je ne serais pas intervenu. Bref, maintenant qu'il est là dans son lit à mourir lentement et que je suis à côté pour trouver une solution, autant continuer sur cette voie. Après être cherché une tasse de thé, j'ai récupéré la trousse à pharmacie au passage, fouillant dedans à la recherche d'un truc pour le soigner. Je me donne du mal, il ne pourra pas dire le contraire. Très quoi ? Je ne relève pas, prenant ce qui m'interpelle le plus. Il s'étouffe seul, ça lui apprendra d'être si désagréable. « Merci, je vois que mon aide est apprécié. » Je grince un peu des dents, lui lançant à peine un regard. Il ferait mieux de boire ce truc avant que je lui fasse manger la tasse avec. « étouffes-toi en silence, j'essaye de lire. » Fis-je en dépliant une notice, voyant qu'il me donne la tasse. Je la récupère et la dépose sur sa table de chevet avant de reprendre ma lecture. D'accord, ça il peut le prendre. « Bon, on va commencer par faire baisser cette fièvre. Prends-ça. » Je lui dépose la boite sur les genoux, saisis à nouveau la tasse et attends qu'il la prenne. « Je téléphonerai au médecin demain si ça ne va pas mieux d'ici là. » Parce qu'à part le gaver de médicament approximatif, je ne peux rien faire de plus.

TENUE ••• C’est énervant de devoir compter sur le « grand frère » pour prendre soin de moi, je n'aurais pas dû descendre dans la cuisine dès le début et mourir dans mon lit plutôt que vivre ce genre de chose, mais c’est ma mauvaise foi qui s’impose tout simplement. Des fois je me demande ce qu’on est, ce qu’on doit être, des ennemis, des étrangers, des membres de la même famille, je suis fatigué de le détester, de le chercher, de le provoquer, de me battre avec lui et pourtant dès que l’occasion se montre je saute dessus sans hésiter, peut-être qu’on est simplement né pour ne pas s’aimer et se mettre des bâtons dans les roues. Alors pourquoi il prend cette peine pour me guérir, je suis malade, pas mourant. Enfin je crois ? Je ne sais pas la merde que j’ai attrapée, mais ça ne doit pas être bien grave, du repos et je serai sur pied... Il pourrait juste m’abandonner et vaquer à ses occupations, pourtant il ne semble pas décidé à décoller d’ici, si ce n’est pour chercher du thé ou des médicaments forcement.

Je tousse et m’étouffe, mais son amabilité à cet instant me rassure, j’ai presque failli voir une auréole sur sa tête de gentil grand frère, mais non, je préfère ça. « Va lire ailleurs. » C’est ma chambre, si j’ai envie de faire du bruit j’en fais, il a cagué des papillons ce soir ou quoi . Mais quand je manque de renverser la tasse je la lui donne pour éviter le pire, qu’il bouge ses fesses et se rende utile un peu. Je soupire, mon mal de crâne ne s’arrange pas et je clos mes paupières jusqu’à l’entendre me dire de prendre un cachet, je le fixe, pas vraiment confiant... Mais au point où j’en suis-je me résigné prenant la tasse et avalant le médicament. « Pas la peine. » Je veux pas de médecin, je dois juste me reposer, j’ai un vol dans trois jours, aucune chance que je l’annule, je ne dois juste reprendre des forces.

TENUE ••• Hinata est loin de ses peines, qu'il soit descendu dans la cuisine ou resté dans sa chambre, je l'aurais découvert tôt ou tard. Il ne serait pas descendu à l'heure du repas et ce n'est pas seulement moi qui me serait inquiété, mais toute la famille. Ma mère aurait pu le transporter à l'hôpital pour une simple fièvre, parce qu'il a beau dire, elle tient énormément à lui. Pas de chance, il est tombé sur moi mais je ne laisserais pas mourir même si c'est tentant comme idée. Je ne sais même pas pourquoi je me comporte ainsi avec lui, je pourrais arrêter et le considérer comme un frère mais je sais d'avance qu'il ne fera pas cet effort. On se renvoi la balle, sans trouver d'arrangement, ni de gagnant. Hinata n'a pas souvent eu affaire avec mon caractère borné, mais il risque rapidement de s'y frotter. Je ne lâcherais pas l'affaire, pas tant qu'il va mal et qu'il est sous ce toit. Ici, c'est chez nous. Et chez nous on prend soin des membres de sa famille, qu'importe la bataille que l'on mène.

Par contre, je ne perds pas mon côté salopard avec lui, puisque je le somme de s'étouffer en silence. Il est sympa à son tour et je souris presque franchement. « Non. » Il peut toujours rêvé pour ça, maintenant je suis là, je reste là. Qu'est-ce qu'il ferait sinon ? Sa tasse serait déjà renversée sur sa couette ou il se serait brûlé avec. Heureusement, je la rattrape et la pose à côté, le temps de choisir les bons médicaments. Je trouve un truc contre la fièvre et lui ordonne presque de le prendre, tout en redonnant la tasse. « Oh, tu préfères que je m'occupe de toi ? Pas de problème! » Bonne blague, mais je me demande s'il n'y a pas une part de sérieux dans mes paroles. « Bon, je vais jouer le médecin dans c'cas. Où as-tu mal ? Que ressens-tu ? Vas-y, décris-moi tout. » Je souris, mais ça n'a rien de rassurant. J'attends qu'il termine son thé pour récupérer la tasse et la remettre sur sa table de chevet. Il pourra s'allonger comme ça.

TENUE ••• Ça m’énerve tellement de compter sur lui, surtout qu’il fait de son mieux malgré ses paroles et ça m’agace encore plus, pourquoi je dois avoir un bon samaritain comme grand frère ? Je suis de mauvaise foi, mais dans mon état j’en viens à me poser des tas de questions, comme « où mène notre guerre ? » Je sais que j’aurai du mal à l’arrêter parce que ça fait partie de notre relation depuis toujours, mais à cet instant je me le demande pourtant. Je le regarde et je ne me souviens même pas par où tout a commencé, tout semble si naturel, s’envoyer des merdes, des piques, se détester, tout ça semble juste si... normal, mais l’est-ce vraiment ? On a réussi à parler l’autre jour avant mon voyage, mais je réalise à chaque fois que je veux lui tenir tête, l’énerver, le provoquer, c’est difficile d’en comprendre le sens, mais j’aime juste... cette situation, les éclairs s’écrasant entre nous, même les « coups » qu’on pourrait se donner, tout ça me donne peut-être une sensation supplémentaire d’exister, quand j’ai perdu ma mère, quand mon père s’est remarié, quand la famille s’est agrandi, je pense que je me suis simplement rattaché à ce lien explosif qui a pris forme dès le premier jour pour garder cette place et avoir cette attache, aussi négatif qu’elle soit. Il ne semble pas vouloir aller lire ailleurs, quel chieur. Je soupire agacé, mais trop épuisé pou répondre quoi que ce soit. Je ne veux pas de médecin bon sang, ce n'est pas la peine d’en faire tout un plat. « crève. » Je dis seulement quelque mot, court et précis, mais peut-être qu’il n’a pas tort, Raijû est surement celui qui veut le plus me voir « mort » en contrepartie je pense que je peux, bien que je ne le dise pas, lui faire confiance pour mes soins.

« Ça ne te va pas d 'tout. » Je ferme les yeux en l’imaginant docteur, il n'a pas du tout le profil pour jouer les médecins, sale gros tatoué ! Bon... il inspire confiance au moins. Mais passons. « Je dois vraiment te dire tout ça ? » Je soupire encore en le regardant. Levant ma main sur mon front pour montrer la tête, puis la gorge pour la sécheresse et les douleurs des glandes salivaires, je vois flou aussi, mais c’est surement la fièvre, donc a la peine de lui dire. Mes muscles sont lourd, mais peut-être la fatigue ? Je ne sais pas, je n'ai pas envie de lui faire un bilan complet merde.

TENUE ••• C'est une sorte de trêve dans notre guerre. Juste parce qu'il est malade, j'évite de trop l'emmerder, j'essaye même de le soigner. N'est-ce pas une première depuis que nous nous connaissons ? Auparavant, soit je ne l'ai jamais vu malade, soit ma mère s'en occupait. Aujourd'hui, je suis seul à la maison avec lui et je met de côté nos conflits pour le rétablir. Ce serait dommage de me chamailler avec un zombie, à quoi bon gagner contre un faible. Je prend sur moi à chaque seconde, cherchant les bons médicaments tout en lisant les notices, sans vouloir quitter sa chambre. Hinata ne veut pas de médecin, j'en déduis qu'il me préfère ? Mais non, son commentaire me fait sourire et j'hausse les épaules. « J'espère que ton truc n'est pas contagieux. » Pour ne pas crever comme il le désire. On ne devrait jamais souhaiter la mort à quelqu'un, pourtant nous le faisons souvent entre nous deux. C'est une sorte de rituel entre chaque match, bien qu'aucun ne tient à voir l'autre réellement dans la tombe. En tout cas, c'est ce que je pense vis à vis de mon demi-frère. Je m'en voudrais s'il passait l'arme à gauche.

J'endosse donc le rôle du docteur, même si ça ne me va pas. « Je n'ai jamais tenté. » Avec tout les boulots que j'ai enchaîné, je n'ai jamais pensé à la médecine, en même temps faut des années d'études que je n'ai pas. à part faire des piqûres, je ne serais pas bon. « Si tu veux guérir oui. Je ne suis pas à ta place, je ne peux pas te refiler un truc si tu n'as pas les bons symptômes. » Expliquais-je calmement en montrant deux boites à la fois, une pour les problèmes intestinaux, l'autre pour la gorge. S'il ne ressent rien de tout cela, autant ne même pas m'en préoccuper. La tête ? Je regarde les médicaments et récupère les dolipranes. « Je vais te reprendre de l'eau. » La tasse à la main, je lui laisse les comprimés pour filer remplir le contenant de flotte, puis je reviens vers lui. « Tu ferais mieux de te reposer, prends deux comprimés et je te fous la paix. » Il devrait être content comme ça, mais avant je lui donne la tasse d'eau.

TENUE ••• Je préfère encore lorsque je pète la forme et lui aussi pour qu’on puisse se chercher, s’emmerder comme on le fait depuis toutes ces années, mais c’est chiant parce qu’on finit par se demander si on va continuer ainsi longtemps où finir par être lassé de cette relation. Je ne peux pas me forcer à l’aimer et lui non plus, mais si je venais à partir d’ici on ne se verrai plus et peut-être que nos guerres seraient oubliées avec l’absence de présence, bien que je sois souvent absent justement, on continue pourtant à se rendre fou et à montrer ô combien l’autre est une nuisance dans la vie de chacune, mais aujourd’hui que je suis malade, allongé sur ce lit et pas en état de faire la moindre chose tout seul, c’est celui qui prend soin de moi et je me mets à me poser des questions, on se déteste, mais il me guérit, pourquoi toujours me donner tant de mal, aurais-je fais la même chose pour lui ? Je ne sais pas, je ne peux pas dire si j’en aurais été capable et c’est surement pourquoi je ne peux pas comprendre. « Qui sait. » Je vais peut-être crever et lui aussi pour être à mes côtés, lié dans la vie est dans la mort, quelle malédiction. « Ne le fais pas. » Je souris face à cette simple phrase qui montre à quel point je ne peux l’imaginer en tant que médecin. « Quoique avec les enfants tu aurais du succès... grand frère ours. » Je me moque gentiment de lui, c’est une première, mais je le pense vraiment. « Tu pourrais me refiler n’importe quoi, je n’irais pas vérifier si c’est du poison de toute façon. » S'il veut me tuer je ne serais pas très résistant. Mais je finis quand même par montrer ma tête, la gorge et le reste, je ne sais même plus où j’ai mal à force, je suis juste super-faible, super-fatigué, j'ai des sueur tout le corps, mes muscles sont lourd et douloureux et ... « de l’eau ? » Je le regarde sortir et revenir assez vite, me redressant non sans un soupire, prenant les cachets dans la paume de ma main et la tasse dans l’autre. Avalant les médicaments, grimaçant face au mal de gorge qui picote. « Je les ai pris. » Confirmais-je comme si ce n’était pas déjà évident.

« Cool, ta raison fous moi la paix. » Pourquoi je m’énerve d’un coup moi, m’allongeant en fermant les yeux, ça me frustre, mais il peut s’en aller, j’ai qu’à dormir, tout ira mieux après et je pourrais de nouveau partir d'ici.

TENUE ••• Que se passera-t-il quand je partirai ? Le jour où je trouverai quelqu'un pour vivre avec moi et m'éloigner de ma famille pour fonder la mienne, est-ce que notre lien sera toujours aussi désastreux ? Les choses vont-elles changer avec le temps et l'absence ? Chacun oubliera l'autre et la vie continuera sans qu'on se reprenne davantage la tête. Plus nous grandirons, plus nous perdrons de notre hargne et le combat ne sera plus équitable, il n'aura plus lieu d'être. Pour le moment nous sommes toujours debout et au front, à attendre que l'un attaque pour riposter ou que l'un passe à l'offensif et fasse mal. Aujourd'hui, l'état de Hinata ne permet pas de se disputer, nous pouvons à peine nous chamailler et encore. Le cadet est rapidement mit hors jeu et je me retrouve à faire le médecin gratuitement. Ouais, gratuitement parce que je ne gagne rien à perdre mon temps dans sa chambre, tout en cherchant les bons médicaments pour le soigner. Cette situation n'a rien d'habituelle, Hinata doit penser la même chose que moi. Mourir à ses côtés doit être une sacrément belle aventure, même dans la mort on continuera à se battre. Bon, c'est pas marrant et il ne faut jamais souhaiter la mort, même la sienne. Hinata me conseille d'arrêter et j'hausse encore les épaules. J'arrêterai après, quand il aura prit de quoi guérir. « Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à prendre soin des autres. » Dis-je simplement. Si lui ne veut pas de mon aide, les autres ne diront jamais non. « Je dois prendre ça comment ? » Bien ou mal ? Est-ce que je dois comprendre qu'il a confiance en moi ou pas du tout ? Bah au pire, ça ne change rien. Hinata m'explique rapidement là où il a mal et je regarde en même temps les boîtes... Bon, c'est compliqué en réalité. Je ne suis pas docteur, mais je reste à l'écoute de mon jeune demi-frère. Je quitte la chaise pour aller chercher de l'eau et revenir aussitôt, je ne le force pas à prendre les médicaments, puis il le fait seul. « Bon garçon. » Je reprend la tasse pour le laisser se replacer et lui donne un dernier conseil.

« C'est ce que je vais faire. » Je commence par me lever en gardant la tasse en main, beaucoup plus serein que lui. Je ne sais même pas pourquoi il s'énerve comme ça, mais on s'en fou. La chaise toujours proche du lit, je me dirige vers la porte de sa chambre et lui lance un dernier regard. « Je te laisse Snow et Summer, si tu as un problème, fais les venir vers moi. » Mon altruisme va me tuer un jour, mais je quitte sa chambre pour qu'il puisse se reposer tranquillement.

TENUE ••• On verra bien demain ce que je penserai de tout ça, peut-être que la fièvre, la fatigue et le fait qu’il prenne soin de moi alors qu’on se déteste me fait me poser trop de questions inutiles, je le hais ça je le sais, au moins quelque chose que je ne perds pas de vu, mais peut-être que cette haine diminue malgré tout avec la distance ou l’indifférence. Je soupire à ses paroles comme s'il me blase à être aussi « gentil », mais je hausse les épaules en soufflant non sans tousser et manquer de m’étouffer. « J’ai dit que c’était mal ? » s'il veut devenir docteur c’est son problème. « Comme tu veux. » Ce n’était pas un reproche, je pense que si je n’étais pas aussi borné je le trouverais rassurant et malgré les apparences, bien qu’on soit des ennemis, c’est justement pour ça que j’ai confiance en lui. C’est stupide, mais quelqu’un qui vous haïssent ne mentira pas et dira les choses telles qu'elles sont, j’ai plus confiance dans les paroles de Raijû qu’en n’importe qui, mais ça ne veut pas dire que c’est positif, vu que c’est ma haine qui mène à cette situation. Je prends les cachets sans broncher quand il ramène l’eau, maintenant il peut se casser et garder son « bon garçon » pour lui putain, il me donne encore plus mal à la tête.

Je ne dis rien, même lorsqu’il parle de ses deux bestioles je fais juste un mouvement d’épaule sans aucun son prononcé, les yeux fermés, je tente maintenant de trouver le sommeil, j’en ai besoin, dans cet état je ne vaux rien, je n’ai aucune envie de dépendre encore de mon demi-frère, vivement que je me remette sur pied et reprenne du poil de la bête, parce que là ça ne me correspond pas du tout...