TENUE ••• Je vais bien, je vais très bien. Cela fait des heures que je me répète ces mots, pensant me convaincre moi-même que tout va pour le mieux. Il serait temps que je sorte ma tête du sable et que j'arrête de faire mon autruche, mais aussi d'ignorer Méliodas comme si c'était la peste en personne et qu'il pourrait me contaminer d'un simple regard. J'ai aussi évité Eden, pour ne pas m’enliser dans mon désespoir et voir mes efforts partir en fumée. Faut passer à autre chose, oublier et se dire que ce n'était que des sentiments passager. Durant des jours, je me suis convaincu que Mélio était détestable, indigne de recevoir autant de bonne chose de ma part, qu'il ne méritait même pas un semblant de sentiment amoureux... Puis je me suis mis à chialer dans mon coussin en me traitant d'idiot. J'ai beau en vouloir à ce salopard, impossible de le haïr ou de lui trouver quoi que ce soit à lui reprocher. ça me fatigue simplement d'être comme ça, de déprimer pour quelqu'un qui ne m'aime pas en retour, d'être trop stupide pour m'isoler et ne pas tout balancer. Bref, je vois le haut de la peinte mais je n'arrive pas à la remonter seul. Seul, justement, je suis seul. ça fait trop longtemps que je tue mes heures perdues sans un ami et je commence à me sentir vraiment mal. Au point où j'en suis, je peux bien tenter le tout pour le tout et crever cette boule d'amertume avec l'aide de mon « seul ami ». Quittant mon lit où je m'étais échoué, j'enfile une veste chaude et sors de ma chambre pour aller toquer à celle de Mélio, juste à côté. « Mélio ? Tu es là ? » Demandais-je d'une petite voix hésitante, ne sachant pas si c'est une bonne idée de revenir vers lui maintenant ou si je dois encore attendre de m'en remettre totalement. Pourtant, je crois que le seul moyen de détruire mes sentiments, c'est avec son aide. Plus il me verra comme un simple ami, plus je me ferais à l'évidence de n'être rien de plus.

TENUE ••• Je pensais vraiment que ce n’était pas sérieux, que les sentiments de King envers moi n’était qu’une farce, qu’il serait capable d’oublier rapidement en me disant que c’était qu’une illusion de sa part, mais j’avais tort. Les jours sont passés sans qu’on ne se parle et traine ensemble, ne se croisant qu’une fois en cours. Je surmontait ma vie ici parce qu’il était là, avoir un ami vous change la vie, c’est ce que j’ai appris en revenant du camp, je ne suis pas un cas désespéré, mais presque. J’aurais pu parler avec Eden, surtout qu’il doit encore me faire son compte rendu sur ce que ses parents ont dit me concernant, mais ce n’est pas à ce « jumeau » que je compte me confier ou avec qui je veux rire et de qui je veux me moquer, bref. Je ne peux malheureusement rien faire d’autre qu’attendre que King se décide à revenir seul vers moi. Lorsque je ne suis pas forcé d’aller en cours je m’enferme dans ma chambre, je n’ai envie de voir personne comme d’habitude. Les yeux fermés, allongé sur mon lit me reposant simplement, j’ai cru entendre des voix alors qu’en réalité King me parlé vraiment de l’autre côté de la porte, sans lui ouvrir de suite je me redresse et reste assis fixant la poignée. A-il fini par tourner la page ? Sa voix hésitante me fait moi-même hésiter, mais je ne compte pas le mettre à l’épreuve, depuis le début la balle est dans son camp, pas dans la mienne. Je n’ai rien contre lui, qu’il m’aime ou non je n’ai pas l’intention de le voir comme un inconnu ou de l’ignorer pour ces sentiments qui ont créé un malaise malgré moi. Ouvrant la porte je tombe nez à nez avec mon pote. « Ça faisait longtemps que tu n’étais pas venu frappé chez moi. » Pas si longtemps, mais assez pour que ça m’ait un peu manqué. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Demandais-je simplement et naturellement, essayant de le détendre en montrant qu’il n’y a aucun problème avec moi, je n’ai pas changé en quelques jours, il peut agir comme d’habitude aussi.

TENUE ••• En étant dans cet état-là, je n'ai pas ressenti l'envie ni le besoin d'avoir qui que ce soit auprès de moi, comme malade des autres. Moins j'ouvrais ma bouche, mieux je me portais. Je ne voulais pas non plus m'embêter à les regarder, ni à sociabiliser, juste à rester dans mon coin pour soigner mon coeur en miette. Si je n'ai jamais su ce qu'était de la déprime, aujourd'hui je peux parfaitement le comprendre. Une déprime amoureuse, comme c'est ridicule. Je me trouve minable et bon à rien, y a pas pire dans la vie que de se sous-estimer, mais pour le coup j'en ai très peu de l'estime de soi-même. Sauf qu'à un moment, faut bien que je me sorte les doigts du cul et relève la tête, je ne peux pas rester au fond de mon gouffre à attendre que ça aille mieux. à mon avis, je n'irai jamais mieux, ou pas totalement. Parce que Mélio sera toujours là et que même s'il ne m'aime pas de façon similaire, ça ne change pas le fait que nous soyons toujours amis et que sans lui, rien n'aurait réellement de sens. Prenant mon courage à deux mains, je quitte ma chambre pour aller taper à la porte de Mélio, n'ayant pas de suite de réponse. Que dois-je en déduir ? Qu'il ne veut pas me voir ou qu'il n'est pas là ? Je deviens parano, c'est pas possible. Finalement, il vient m'ouvrir la porte et je prends sur moi pour ne pas fixer mes chaussures à nouveau, forçant un sourire amical. C'est le début, normal que je sois crispé et nerveux, mais ça me passera... Comme tout le reste. Longtemps ? J'hausse vaguement les épaules, ne pensant pas que ça fait si longtemps. « Je t'ai manqué ? » Tentais-je de plaisanter, comme si de rien n'était. « J'ai besoin d'une raison pour venir te voir ? Non parce que si c'est le cas, je peux repasser plus tard. » Ce n'est pas bien difficile de jouer la carte de la blague, finalement. En vérité, je ne sais pas trop ce que je dois lui dire dans un premier temps, ni ce que j'attends là de suite. « Je peux entrer ? » Dans sa chambre.

TENUE ••• Je ne m’attendais pas à ce que King revienne aujourd’hui me trouver, mais je ne suis pas mécontent qu’il ait enfin décidé de sortir de sa déprime solitaire, mine de rien après avoir passé autant de temps ensemble c’est étrange de se retrouver seul à nouveau, et je n’ai aucune envie de trainer avec quelqu’un d’autre que lui pour passer le temps, donc la seule chose que je pouvais faire état d’attendre qu’il aille mieux. La porte ouverte sur mon ami, il me fait face laissant croire qu’il va mieux, en tout cas je ne doute pas que ce n’est pas le cas, pas encore, préférant profiter de ce retour pour ne pas lui montrer que cette histoire a laissé des séquelles dans notre relation, pour moi ça ne change rien à notre amitié et il va bien le remarquer. « Un peu. » Plaisantais-je en retour, mais en même temps c’est normal, perdre certaines habitudes est toujours marquant et perturbant. « Ta raison, repasse plus tard. » Faisant mine de fermer la porte, je ris en jouant de la tête l’air de dire qu’il est con, l’ouvrant entièrement de nouveau je lui fais signe d’entrer. « Fais comme chez toi. Mais pas trop quand même.» Ironisais-je. Ça n’a pas changé en quelques jours. Refermant derrière nous, je retourne me caler sur mon lit en le regardant, attendant de savoir s’il est venue me dire quelque chose en particulier ou juste trainer ensemble, dans tous les cas je ne peux qu’apprécier sa présence dans ce périmètre. « J’ai pensé à casser le mur durant ton mutisme. » Riais-je en lui montrant le mur en question. Remémorant ainsi les paroles échangées le premier jour où on s’est retrouvé ici. Ça prouve bien qu’il m’a manqué ce petit con, mais je suis sûr que c’est réciproque, même si ce n’est pas pour les mêmes raisons.

TENUE ••• Ce n'est pas évident de plaisanter face à son crush qui t'as mit un rateau, mais si je ne fais pas un seul effort, jamais plus je ne pourrais rigoler avec Mélio. ça serait triste, autant pour moi que pour lui. Plutôt que de ne rien dire, je m'amuse de la situation et souris à sa réponse, content malgré moi de lui avoir manqué un peu. à la seconde fois, je ne m'attendais à voir la porte se refermer sur moi, n'ayant pas réfléchi à cette option en lâchant ma vanne pourrie. Or, il ne fait que blaguer à son tour, ce qui me rassure intérieurement. « T'es con. » Râlais-je, lui donnant un léger coup en rentrant dans sa chambre. J'ai vraiment cru qu'il allait me claquer la porte au nez, cette andouille. Faire comme chez moi ? Sans hésiter, je viens me laisser tomber sur son lit, tête dans les draps. Il m'a dit de faire comme chez moi, ou presque, alors je ne me gêne pas pour m'étaler. Casser le mur ... Caché dans sa couverture, je me mordille la lèvre inférieure, priant pour moi-même de ne pas dire n'importe quoi, ni de céder à un quelconque sentiment négatif. Relevant la tête, je vois le mur en question et lâche un petit rire. « à chaque fois tu le dis, mais t'le fais pas. » Tant mieux, où pourrais-je fuir quand je ne vais pas bien ? Finalement, ce n'est pas plus mal que chacun ait sa chambre, sinon je serais dans la merde. « Mais plus besoin de casser un mur, je suis là maintenant. » Et je compte bien rester, même si ça me blesse. « Tu ne t'ais pas fait des nouveaux potes en mon absence ? » Plaisantais-je en me redressant pour m'asseoir en tailleur sur son lit. Je connais Mélio, je sais qu'il préférerait rester seul qu'avec les autres. Je suis la seule exception dans son cercle très restreint d'amis, même si j'ai tenté d'y introduire Eden et que cela a été une première tentative vaine. « Du nouveau ? » Qui sait en quelques jours ce qu'il a pu vivre, je n'étais pas là pour savoir.

TENUE ••• Il est bien le seul que je laisse me traiter de con en le prenant bien, mais en même temps King est une exception sur bien des choses. Je ne sais pas l’effort qu’il fait en revenant vers moi, je ne suis pas assez compatissant ou un truc du genre pour essayant de vraiment le savoir, mais il est là donc c’est qu’il a surement réussi à tourner la page sur ses sentiments, assez pour me faire face en tout cas. Ce n’était que passager, qu’une amourette qu’il a cru sérieuse. Le laissant entrer dans ma chambre je lui parle encore de ce mur entre nous, en même temps je pense souvent que ce serait mieux de le briser, mais quand je vois ce qui s’est passé je suis content de ne pas l’avoir fait et je pense que c’est mieux comme ça, je commence à prendre mon indépendance aussi de mon côté. Je déteste toujours cette solitude dans cette pièce, mais à force on s’y fait et ça devient plus un refuge qu’une prison. « T’aimerais que je le fasse ? » Sa façon de le dire me semblait provocante. « Ouai. » Il est là, mais de toute manière je ne peux rien y faire s’il ne veut pas me voir. Je ris à sa question complètement stupide, il devrait s’en douter sans me questionner. « Je me suis faits une bande d’amis c’est évident. » Le ton est ironique bien entendu, je n’ai aucunement besoin de ça. Assis tous deux sur mon lit, se regardant simplement et se questionnant comme si nous ne nous étions pas vu depuis des mois, je hausse les épaules cette fois. « Non, rien. » Je pourrais mentir, mais même si je suis un con je déteste les mensonges. « Et toi ? » Il est celui qui a dû faire le tri donc peut-être qu’il a besoin de faire le point avec moi, je n'en sais rien.

TENUE ••• Ce n'est pas qu'une amourette, mais je suis le seul à le savoir et à le garder pour moi. Si j'en reparle avec Mélio, jamais nous ne pourrons nous en sortir et ce n'est pas ce que je veux de notre relation. Nous sommes bien comme amis, pourquoi vouloir tout gâcher avec mes idioties ? Certes, je suis toujours blessé à l'idée de tout abandonner comme si je n'ai jamais rien ressenti de mes sentiments. Là encore, ce n'est pas le cas et ça me tue de devoir jouer le gars normal qui a tourné la page, mais je dois me forcer pour notre amitié. Le mur entre nous n'est pas là pour rien, finalement. Je n'aurai pas pu vivre ces derniers jours avec Mélio dans la même pièce que moi, impossible. évidement, quand il parle de cette cloison qui nous sépare, je m'amuse à le provoquer sans me douter que c'est encore un peu douloureux. Sa réplique accélère mon rythme cardiaque et je me maudis moi-même d'être si débile. « Va savoir. à toi de le deviner. » Répondis-je de manière mystérieuse. De toute évidence, il n'a plus besoin de le détruire puisque je suis revenu. L'ambiance est encore étrange, du coup je tente des questions idiotes pour faire la discussion et alléger l'atmosphère. « C'est cool pour toi. » J'imite son ton ironique, me doutant qu'il n'est allé vers personne durant mon absence, pas même vers son double. Nous avons l'air de deux potes qui se sont quittés durant des mois ou des années, à se raconter leur vie ou à s'interroger l'un sur l'autre. Rien ? Palpitant. Moi ? Rien. Palpitant. J'hausse les épaules, comme je le fais à chaque fois. « J'ai rangé ma chambre. » à part ça, rien. Je n'ai parlé à personne, vu personne en dehors des cours, je suis resté seul dans ma chambre à tourner en rond pour effacer ce mal qui me rongeait et voilà où j'en suis désormais. Il n'y a rien de nouveau dans ma vie, même pas du côté de ma famille qui ne s'est pas inquiété pour moi. Ma mère s'est calmé avec le dernier incident, retournant à sa petite vie. Voilà, j'ai passé une semaine vraiment seul, à me couper du monde entier. « Tu comptais faire quoi là ? »

TENUE ••• Que ce soit une amourette ou quelque chose de sérieux je ne peux pas le savoir, la dernière conversation qu’on a eue n’a pas été très explicite sur le sujet, j’ai compris où il voulait en venir et le fait qu’il avait besoin de temps, seulement on n'est pas entré dans le détail, comment, pourquoi, à quel point ? Ce genre de chose je l’ignore. Que ce soit par choix ou parce que King n’a pas pu me faire une déclaration plus explicite ça ne change rien, je n’aurais pas pu répondre à ses sentiments quelques soit la façon de se confesser. Aujourd’hui je le retrouve et j’espère que cela est derrière lui, normalement je rentre dans le tas en allant chercher les réponses et je devrais lui dire clairement en face si c’est arrangé, s’il a tourné la page, seulement je crois que ce mec est le seul que je ne veux pas blesser ou perdre d’une certaine façon, du coup je m’abstiens en jouant d’un sujet à l’autre détournant la situation pour tenter d’oublier ce qui nous a séparés durant ses derniers jours. « Je ne pense pas. » Il ne veut pas que je brise ce mur et je crois qu’il ne l’a pas voulu dès le début, de toute façon ça semble insensé comme idée, certes j’en serais capable, mais ce serait une action de non-retour et King semble avoir plus besoin que moi de son intimité. Ironiquement je réponds à sa question, il devrait savoir que je ne suis pas du genre à me faire des amis, en dehors de lui je n’ai besoin de personne, si c’est pour déclencher une guerre il vaut mieux que je reste isolé.  Ici c’est différent du camp, si là-bas je pouvais être sociable et proche de certain gars, ce n’est plus possible dans cet univers de bourge, j’ignore à qui faire confiance et honnêtement, je n’ai toujours pas trouvé ma place.  « Cool pour toi. » Répétais-je en apprenant qu’il a fait du rangement.  Silencieux je reste tranquillement installé sur mon lit.  « Aucune idée, surement dormir ? » C’est ce que je comptais faire, pas ce que je vais faire. De toute façon ce n’est pas comme si j’avais mieux comme occupation. « Tu veux faire quelque chose ? »

TENUE ••• Je n'ai pas pu rentrer dans les détails en sachant que Mélio prenait mes paroles pour des plaisanteries. Peut-être qu'ils ne le prendraient jamais au sérieux et qu'au final, valait mieux oublier et passer à autre chose. C'est beaucoup mieux ainsi, même si ça doit prendre du temps et user de la patience, je saurais me faire à l'idée que nous ne sommes que des amis et que nous resterons que des amis. C'est mieux que rien, comme on dit. Aucun de nous deux n'aborde le sujet sensible et je le remercie intérieurement de répondre plutôt à mes plaisanteries qu'à chercher le vrai du faux. Le mur qui sépare nos chambres est finalement très important pour moi, ainsi j'ai pu me cacher de Mélio durant ma crise et ne pas me montrer sous ce mauvais jour. Lui-même le sait, ce n'est pas une bonne idée de vouloir l'abattre et le faire disparaître. Nous sommes peut-être deux garçons, on pourrait vivre dans la même pièce tel des colocataires, mais connaissant mon coeur, je ne pourrais pas dormir à quelques mètres seulement de lui sans un mur pour m'en séparer. Mélio n'a pas saisi l'opportunité pour se rapprocher des autres élèves et égoïstement, j'en suis bien content. S'il ne traîne avec personne d'autre, ça veut dire qu'il n'a confiance qu'en moi et c'est tellement mieux ainsi. Bon d'accord, ça pourrait me faire du mal et je crois que ça m'en fait certainement, mais ce n'est qu'une question de temps, encore une fois. Notre conversation est plate, plutôt futile, mais je ne sais pas quoi lui dire ou quoi lui demander. ça toujours été comme ça entre nous ? Je ne m'en suis jamais rendu compte avant de le fuir et de m'isoler, en tout cas. Dormir ? C'est encore plus ennuyant que notre discussion dis donc. « Il est tôt. » Fis-je valoir en regardant mon poignet où se trouve une montre imaginaire. J'ignore l'heure, mais il ne doit pas être bien tard. Moi ? J'hausse les épaules. « On pourrait faire le mur et sortir s'amuser en ville ? » J'sais pas, j'ai comme une envie de transgresser le règlement et filer en douce jouer dans une salle d'arcade.

TENUE ••• King n’est pas rentré dans les détails, mais je ne lui ai rien demandé non plus, l’idée même qu’il ait des sentiments pour moi était suffisant pour arrêter les frais avant de rendre les choses encore plus compliqué. Si je montre de l’intérêt à ce qu’il ressent il aurait pu croire et avoir de l’espoir, or c’est quelque chose que je suis incapable de faire. Donner de l’espoir. Être ami est tellement mieux, je n’ai pas énormément de personne sur qui compter, en réalité je les compte sur les doigts d’une main et la plupart sont loin de cette école alors King est clairement le seul en qui j’ai réellement confiance, je ne veux pas perdre cette relation pour une histoire d’amour qui n’ira nulle part. Je suis bien placé pour savoir ô combien on peut être blessé en se faisant trahir ou en se rendant compte que ce n’est pas ce qu’on espérait et encore une fois, c’est trop me demander. Si je ne tenais pas à King d’une certaine façon je m’en foutrais, mais ce n’est pas le cas et c’est pour ça que je le « rejette ». S’il est là c’est qu’il a pu réfléchir assez longtemps pour me faire face et c’est tout ce qui compte, je ne cherche rien de plus, je ne pose pas question, je ne suis pas curieux non plus. « Je n'ai rien de mieux à faire. » Puis dormir c’est bon pour la santé... Enfin bref, je me faisais chier en clair. Sortir ? Je le regarde avant de sourire, ce n’est pas une mauvaise idée. « Tu m’incites à enfreindre les règles. » Plaisantais-je, mais en réalité je ne suis pas le lycéen qui aime obéir ou exécuter à la lettre un règlement, bien qu’on ait appris à rester droit dans le camp, ici c’est différent. « Allons-y. » Attrapant une veste à capuche, les mains dans les poches je l’attends devant la porte du dortoir pour pouvoir s’en aller ensemble. « Évite de te faire chopper, sinon je t’abandonne. »

TENUE ••• Toute ces choses m'ont prises au dépourvu et je ne sais même pas comment les gérer. Méliodas n'a rien dit là-dessus, mais j'ai clairement compris que mes sentiments étaient de trop, ils ne sont pas à leur place dans notre relation amicale. Malgré le temps, je n'ai pas su effacer ce que je ressens pour lui, mais je tente au mieux de le faire croire en revenant taper à sa porte et discuter comme si de rien n'était, même si c'est difficile et toujours un peu douloureux. Suffit d'y croire et tout se passera bien, c'est tout. En attendant, Mélio n'a rien de mieux à faire qu'aller se coucher et je trouve ça dommage de gâcher cette fin de journée à dormir jusqu'au petit matin, surtout quand je suis là. Dans mon état d'esprit, je préfère sortir d'ici et m'évader pour quelques heures, même si c'est risqué et interdit. Je m'en fiche du couvre feu, des règles, de toute ces choses absurdes que je n'avais pas avant d'entrer dans cette école privée. L'inciter à enfreindre les règles ? « Arrête, tu détestes cette école. » Dis-je, comme s'il venait de me dire la pire connerie au monde. Il ne va pas me faire croire qu'il écoute le règlement et le respecte à la lettre, je le connais suffisamment pour savoir qu'il ne connait sûrement pas les lignes de ce contrat. Finalement, il accepte et je souris, ayant déjà une veste sur le dos je n'ai qu'à récupérer mon portable et de l'argent avant de le rejoindre devant la porte. « Pareil pour toi. » S'il se fait chopper, je l'abandonne. Ouvrant la porte, je mets un pied dans le couloir vide et fais signe à Mélio de me suivre jusqu'aux escaliers. Techniquement, il n'est pas l'heure pour s'enfermer dans son dortoir, donc on peut sortir tranquillement d'ici sans se faire attraper, mais je ne pourrais pas en dire autant du retour. De toute façon, ce n'est pas leurs horaires qui vont me faire peur, loin de là. Sinon je ne serais pas King le roi des cons, non ? J'en ai que faire d'être là avant minuit comme une Cendrillon des temps modernes, puis ce rôle est réservé à Mélio.

TENUE ••• Enfreindre les règles c’est un peu mon quotidien ici, on va dire que je ne supporte pas cet endroit et j’ai déjà dormi à l’extérieur au début, King est le mieux placer pour savoir que je n’ai aucun scrupule à jouer les délinquants et mauvais garçons désobéissants, surtout qu’à la base... C’est ce que nous sommes. J’ignore pourquoi ils ont accepté des gars comme nous dans cette école réputée ni ce qu’ils cherchent en nous faisant étudier ici, mais soit. Si j’étais vraiment contre ou hésitant je n’aurais pas bondi hors du lit en attrapant ma veste aussi rapidement. L’attendant à la porte du dortoir, on n'aura aucun problème pour sortir, mais faudra rentrer discrètement où ne pas rentrer du tout ahah, mais pour le moment ce n’est pas encore au programme. Quittant le dortoir toujours les mains dans les poches on s’éloigne du campus. « Alors, on va où ? » Il veut s’amuser donc j’imagine qu’il a déjà une idée en tête, je pense forcément aux arcades, elles sont ouvertes à cette heure-ci et ce n’est pas mal pour trainer dehors. Faut pas croire que je ne sois qu’un connard ennuyant, je sais m’amuser quand j’en ai envie et selon avec qui je suis, c’est surtout ça. J’ai bien compris que King avait envie de tourner la page et de passer à autre chose pour retrouver notre relation, du coup je l’aide en agissant comme d’habitude, sans question, sans jugement, juste un bon moment entre pote et rien de plus. Marchant jusqu’au quartier où on sent l’animation entre les jeux, le cinéma pas loin, les jeunes adorent trainer par ici et j’en suis un aussi forcément. « Tu veux faire quoi ? » Il a le choix, pour une fois que je demande ses préférences sur l’activité il devrait sauter sur l’occasion.

TENUE ••• Nous ne sommes pas super potes pour rien, je sais à peu près comment raisonne Mélio et ce qu'il pense de la plus part des choses, donc ce n'est pas difficile à savoir qu'il déteste cette école, le trois quart -si ce n'est plus- des élèves et ainsi que les règles de ce bahut. Du coup, filer en douce et rentrer à pas d'heure ne lui posera aucun soucis, ce qu'il affirme en prenant une veste et en quittant sa chambre. J'en profite pour faire un tour dans la mienne, histoire de ne pas partir les poches vides et le rejoins à la porte du dortoir, prêt à partir à l'aventure. « Les arcades ! » C'est l'un des meilleurs endroits de Tokyo pour s'amuser, même si ça ruine sur le long terme. De toute évidence, ce n'est pas l'argent qu'il me manque et je préfère le gâcher en bêtise qui m'amuse que de le garder à de grande occasion qui n'arriveront sûrement jamais. Prenant le chemin vers le quartier animé et branché de la ville, nous ne tardons pas à voir du monde déambuler dans les rues, certains pour rentrer chez eux, d'autres pour sortir s'éclater à l'extérieur tout comme nous. Pour ma part, je me dirige vers l'une des arcades réputées de cette zone, quand Mélio pose une question très pertinente. Que faire ? « Affrontons-nous. Celui qui gagne a droit à un souhait, celui qui perd a un gage. » C'est l'évidence du pari, faut un truc pour le gagnant et pour le perdant. à l'entrée de l'arcade, je regarde vite fait les lieux en cherchant un premier jeu à faire. « Choisissons chacun notre tour ! Je commence ! » Sans hésiter, je saute sur une place qui se libère à un jeu de tir, façon guerre mondiale avec des ennemies à abattre à chaque coin de rue. Nous avons déjà eu des séances de tir au camp, même si j'étais le plus mauvais de tous, mais ce n'est qu'un jeu et les armes en plastique sont beaucoup moins lourdes que celle professionnelles.

TENUE ••• King est la personne qui me connaît le mieux ici, on n'a pas besoin de se fréquenter depuis des années pour ça, le temps passé ensemble a suffi et il faut dire que je ne suis pas du genre à me lier avec n’importe qui. Je lui fais confiance et il sait comment je vois les choses, donc ainsi je n’ai pas à perdre du temps pour expliquer ou me justifier dans toutes les situations. Maintenant qu’on a décidé de sortir pour aller aux arcades autant faire les choses bien et s’amuser. C’est rare que je sois d’humeur à suivre ses envies, mais aujourd’hui je suppose qu’on doit fêter nos « retrouvaille » donc autant lever le pied et laisser mon sale caractère au placard. En chemin on reste assez calme avant d’arriver dans le bon quartier où l’animation nous tombe dessus, les voix des gens, leurs rires, les regroupements, la joie, que sais-je, mais ce qui m’intéresse c’est de savoir ce qu’il veut faire maintenant qu’on a les différentes machines a disposition. « Tu es sûr de toi ? » Je sourire légèrement, plus pour le faire douter en laissant planer le fait que je vais gagner, mais je ne suis pas devin, je pourrais tout aussi bien me faire avoir, je ne suis pas un habitué de ces lieux après tout. « Vas-y. » J’attends qu’il choisisse le jeu avant de voir qu’il me fait un énorme cadeau, les jeux de tir ce n'est pas difficile quand on a déjà tenu une arme et contrairement à King je l’ai fait plus longtemps et avec de meilleurs résultats dans le bataillon des délinquants, mais là encore, même en étant confiant je préfère ne rien dire, attrapant l’arme dans ma main droite. Le regardant pour être sûr qu’il est prêt j’appuie sur START et le jeu se lance, concentré sur la partie, c’est facile... un peu trop j’imagine, mais les niveaux devraient devenir plus durs les uns après les autres, voyant seulement le score grimper. « Je prends de l’avance. »

TENUE ••• Ce n'est sûrement pas le genre d'endroit qui attire le plus Mélio à cause de l'animation et de la foule, de tout ces gens qui s'agglutinent à plusieurs endroits, rendant parfois l'ascension difficile et les voies restreintes, mais je trouve que c'est le meilleur lieu proche de l'école où on peut s'amuser. Une fois sur place, y a plus qu'à choisir un jeu, jouer, puis choisir un autre et ainsi de suite jusqu'à en avoir marre et partir. En attendant, je lui lance un défi enfantin, basé sur le perdant a un gage et le gagnant obtient ce qu'il veut. « Sûr à cent pour cent ! » Il peut penser ce qu'il veut, je ne compte pas me laisser faire et jouer jusqu'à la victoire. Au camp, je n'arrivai jamais à la cheville de Mélio, ni même du trois quart des pensionnaires, mais nous ne sommes plus au camp et il ne s'agit pas de faire des épreuves de force ou de courage. Ayant lancé l'idée, je prends la décision en premier et propose un jeu de tir. D'accord, je n'excelle pas dans les armes à feu, mais ce n'est qu'un jeu. Qui sait, je suis peut-être meilleur avec un pistolet plus léger et qui ne te détruit pas les mains à chaque pression sur la détente. J'avais horreur de ça durant nos entraînements, entre ça et la douleur dans les bras à force de les garder droit, levés et immobiles. L'arme à la main, j'hoche la tête pour lui donner mon feu vert et me concentre à fond dans la partie, tirant sur tout ce qu'il bouge. Comparé à la moyenne des jeunes présents dans ces arcades, je gère beaucoup mieux qu'eux, mais comparé à Méliodas, non. Son score grimpe plus vite que le mien et rien qu'à le voir me dépasser, j'en perds mon fil et loupe plusieurs cibles. Dans un juron, la partie se termine sur la victoire de mon ami. « Tu m'as déconcentré ! » Mauvais perdant, ça ne se change pas. Bon, du coup il doit choisir ce qu'il veut, ainsi que le prochain jeu sur lequel on pourrait s'affronter. Je suis peut-être un mauvais perdant et un mauvais joueur, mais je tiens toujours à ma revanche.

TENUE ••• Il est certain que si l’idée serait venu de quelqu’un d’autre j’aurais refusé catégoriquement de venir ici, ou même d’aller ailleurs, faut dire que même si King peut m’énerver parfois ou qu’on se prend la tête bien souvent pour rien, c’est ce qui fait aussi qu’on est ami avec les hauts et les bas, pouvant cependant compter l’un sur l’autre quand les choses ne vont pas. Je l’ai prouvé à plusieurs reprises, rien que sur l’île et il me l’a rendu, c’est ce qui créer une amitié. On a commencé dans un milieu hostile, le camp n’était pas le meilleur endroit pour les activités de notre âge, mais c’est surement cette ambiance défavorable qui nous a permis de nous focaliser sur des priorités qui n’aurait jamais été les nôtres en liberté. On a toujours besoin de quelqu’un, même moi. Et c’est aussi ce qu’il m’a appris durant cette année et encore aujourd’hui. il veut jouer, alors je vais jouer, mais même s’il propose un défi je ne compte pas le ménager et sur cela il doit bien le savoir, je n’abandonne jamais. Surtout qu’il choisit un jeu qui est clairement dans mes capacités, je n’ai peut-être pas la main sur de faux pistolet, mais j’ai la pratique et ça me permet rapidement de faire grimper le score et de battre King sans trop de difficulté. « Tu aurais peut-être dû choisir un autre jeu. » Le narguais-je avec classe. Mais il a perdu et j’ai gagné, c’est une réalité. « Si tu le dis. » Je hausse les épaules, mauvais perdant qu’il est. Je regarde les alentours pour voir un peu les jeux qu’ils proposent, cherchant quelque chose qui me désavantage un peu plus, sinon je n’ai aucun challenge. Si dans la réalité je suis un bon combattants ayant de nombreuses fois créer des bagarres, dans les yeux vidéo c’est une autre histoire... Du coup je pointe du doigt un versus fighting où sont proposé plusieurs jeux de combat, style street fighter et compagnie, c’est un gros handicape que je me donne, mais je ne vais pas pour autant partir perdant.

TENUE ••• Notre lien s'est crée en étant au camp, même si les débuts n'étaient pas des meilleurs, mais tout a changé par la suite. L'histoire de l'île n'a fait que renforcer cette amitié, bien que mes sentiments soient encore une fissure et que je me dois de la consolider avant que tout ne s'effondre. Mélio est d'un tempérament calme avec moi, il accepte beaucoup de chose venant de ma part, mais je me demande jusqu'à quand il va tenir ainsi sans péter une durite. Ce n'est pas non plus évident pour moi, je ne peux pas contrôler ces choses-là, ni mes émotions, ni ce que je ressens pour lui, ni mon comportement habituel. Mon idée n'est pas un moyen de s'affronter purement et simplement, mais plutôt de s'amuser ensemble sans se prendre la tête. Je ne veux pas qu'il repense à mes paroles, aussi confuses soient-elles. Je veux qu'il oublie ce que j'ai pu raconter par le passé, quelques jours plutôt. Hélas, ça risque d'être compliqué si moi-même je ne parviens pas à effacer mon intérêt et mes envies démesurées. Le premier jeu choisit n'est clairement pas un avantage pour moi et j'ai cru l'espace de trente secondes pouvoir le battre, mais faut croire que rien n'a changé depuis le camp. Nous n'avons plus pratiqué depuis des mois, du coup nous sommes toujours à ce même niveau, à ce même écart. Mélio a des meilleures capacités que moi pour le combat, l'effort, pour les entraînements, pour à peu près tout dans la vie. C'est triste à dire, mais je n'arrive pas à la cheville de mon ami. La partie se termine sur sa victoire et ma défaite, boudant tel un gosse. Une revanche, j'ai besoin d'une revanche. « Je vais me rattraper. » Grognais-je, le laissant choisir le prochain. Ce n'est que le début, j'ai le temps de remonter les scores. Mon ami met un certain temps à se décider, j'aurai presque cru qu'il choisirait quelque chose à son avantage, et en vérité j'ignore si c'est le cas ou pas. J'ai déjà joué à ce type de jeu sur console ou sur l'ordinateur, mais rarement dans une arcade. Les manettes ne semblent pas bien compliqué à voir sur les autres, et ça ne paraît pas plus difficile une fois face à l'écran. « Tu vas prendre qui ? » Comme personnage, non parce qu'il y a du choix.

TENUE ••• Je n’ai aucun intérêt à me souvenir des sentiments de King, pas que je veux les ignorer ou le blesser en ne voyant là rien d’intéressant ou d’important, juste que dans notre amitié il vaut mieux mettre de côté les choses qui risquent de nous froisser. La conversation qu’on a eue l’autre jour est une d’elles, à cause de ses aveux on a perdu du temps ensemble et je l’ai blessé malgré moi alors je ne veux pas que ça se reproduise. Qui aime faire du mal a un ami ? Du coup je fais comme si j’avais oublié, nous savons tous les deux qu’on ne peut pas vraiment le faire disparaitre, mais en tout cas l’enfermer à clef dans un coin et ne plus le ressortir c’est possible. Aujourd’hui il veut s’amuser et je réponds présent, bien que ce ne soit pas vraiment mon terrain de prédilection je suis aussi un adolescent donc je ne refuse pas de me prendre au jeu. Le premier je l’ai gagné sans difficulté, il faut dire que tenir une arme je l’ai fait pendant un moment, s’entrainer quotidiennement et j’ai doué, donc mes réflexes même à travers un jeu vidéo sont toujours là et me donnent une victoire écrasante. « Fait donc. » Je le provoque sachant que ça va surtout l’encourager à réellement tout faire pour me battre, j’aime les challenges donc je n’attends que ça. J’ai un gage à lui donner, mais je choisis de le faire plus tard, choisissant d’abord le prochain jeu, il ne m’avantage pas du tout mais je suppose que ce ne serait pas drôle si je ne m’impose pas quelques handicaps. Les jeux de combat ce n'est pas mon fort, même si je sais me battre là c’est avec les touches et je ne connais pas du tout les manettes ou même les personnages, alors forcément quand il me demande qui je vais prendre, je le regarde en souriant. « Le hasard. » C’est simple, je n’ai pas à choisir et puis de toute façon je m’en fiche, quitte à se tirer une balle dans les pieds autant le faire jusqu’au bout. « Tu es confiant ? » Je l’interroge en garde mon petit air imperturbable comme si j’avais confiance à 100% en la victoire, mais ce n'est pas le cas, je bluffe pour voir sa réaction.

TENUE ••• Ce n'est pas la faute de Mélio si j'ai mal et que j'ai été blessé, mais entièrement de la mienne et de celle de mes sentiments. Si je ne ressentais pas tout cela pour lui, alors j'irai très bien. Mais même si ce n'est pas à cause de lui, mon ami tente par divers moyens de me soigner, de panser cette plaie encore ouverte et j'ignore si c'est bon ou mauvais. Dans un sens, je le remercie d'être ainsi, mais dans l'autre je lui en veux un peu. En tout cas cette soirée ne devrait pas me toucher, ni me causer du soucis. On va s'amuser, rigoler, se battre comme deux amis. Deux meilleurs amis. Si j'y crois, ça ira. Si je fais l'effort d'y croire, au moins. Pourquoi ai-je choisi un jeu de tir en sachant que Mélio est super fort et plus doué que moi ? Une fleur, sûrement. Je lui donne la première victoire inconsciemment, sans me rendre compte que c'est dû à ces débris d'émotions qui me restent. En même temps, je me demande bien ce qu'il pourrait réclamer de ses parties gagnées. Qu'attendrait-il de moi ? Que voudrait-il que je fasse ? Je suis curieux de ma défaite, c'est le plus étrange. Certes, je ne le sais pas moi-même et c'est mon insouciance qui me guide sur cette voix, mais en même temps, je veux gagner par esprit de compétition et parce que mon égo est toujours plus supérieure que ma conscience. Je veux gagner, je dois gagner, mais en même temps, je voudrais perdre. M'encourage-t-il ? Ou me pousse-t-il simplement à jouer le jeu ? C'est de la provocation, mais je ne sais comment le prendre. Le hasard ? Mélio est plutôt confiant. J'aurai presque l'impression qu'il sait super bien jouer à ce genre de truc et qu'il sait manier tous les personnages. Du coup, j'hésite. Bah, c'est lui qui a choisi, donc je n'ai pas le choix. « Plutôt, ouais. » En fait, pas du tout. Je ne bluffe pas, je mens. La nuance est si infime que même moi je ne vois pas la différence. Du coup, je laisse faire le hasard et me retrouve avec une fille chinoise. Génial, une nana. La partie se joue en trois manches, celui qui a le plus de ko perd. Tout bonnement, y a pas à chercher midi à quatorze heure. Dès que la partie commence, je me jette sur le joystick et les boutons, appuyant parfois au hasard. Les combos me sont encore inconnu, mais du moment où je parviens à enchaîner, tout va bien.

TENUE ••• Nous n’avons jamais parlé de nos relations amoureuses, sexuel ou autres, en fait ce n’est pas un sujet qui nous a semblé primordial dans notre relation jusqu’ici. Certes, il sait que j’ai une ex qui a causé mon envoi indirectement au camp, mais en dehors de ça on s’en tient a une amitié sans prise de tête sur des sujets sérieux et barbants. Seulement voilà, il m’a déclaré ses sentiments et j’avoue que même aujourd’hui j’ai du mal à comprendre ou à le croire. Ce n’est pas le fait qu’il soit un mec, c’est plutôt parce qu’il est mon ami et que je n’ai jamais envisagé une seule seconde qu’on se retrouve dans ce cas de figure qui nous a conduits à mettre notre amitié en pause ces derniers jours. Mais cela est derrière nous, du moins c’est ce que je crois en le voyant agir ainsi avec moi, préférant penser aux jeux sur lesquelles on va s’affronter, je gagne le premier et j’avoue ne pas avoir d’idée sur ce que je peux lui demander, mais je le garde de côté. Je suis assez malin malgré mon tempérament impulsif, préférant réfléchir et passer au jeu suivant, un de combat. Je parais surement confiant, mais je ne suis pas doué avec une manette alors pour le coup je lui fais une faveur sans qu’il ne sache, installé je prends le hasard, tombant sur une personne bizarre, je ne sais pas trop ce que c’est. « Cool. » S’il est confiant ça me va. S’il bluffe ça me va aussi. C’est ce que je fais dans le naturel le plus total donc. La partie commence et je tente de toucher un peu à tout, mais je pige pas trop ses techniques, on va dire que je me débrouille grâce à la chance, mais c’est loin d’être facile d’enchainer, voyant ma vie descendre, la sienne aussi, c’est assez amusant en fait et sans m’en rendre compte je me mets à sourire et à rire en tentant vraiment de le battre, mais a deux doigts la victoire me passe sous le nez et je continue de rire. « C’est quoi ce jeu. » En fait c’est fun, ou peut-être que c’est le combat qui était amusant ? Surement, cette petite rivalité qui persistait m’a motivé.

TENUE ••• Même aujourd'hui, après ce qu'il s'est passé la dernière fois, je n'ai aucune envie d'interroger Mélio sur ses relations précédentes. Son ex ne m'intéresse pas, ni ce qu'il a pu faire avec. à dire vrai, je suis plutôt égoïste parce que je me préoccupe seulement de mon cas, pas ceux des autres. Les gens autours de Mélio sont inexistant à mes yeux, puis faut dire qu'il n'a pas tellement d'amis en dehors de moi. ça réduit les soucis. Désormais, je dois juste m'occuper de moi, de ce que je pourrais faire demain et oublier ces sentiments que j'ai éprouvé pour lui. Ce fut bref, mais intense. Ayant remporté le premier, Mélio choisit le second et décide de s'affronter sur un jeu de combat. Pour ma part, je ne suis ni bon ni mauvais à ces trucs-là, disons que je me débrouille au possible et la chance fait le reste, si jamais je possède un minimum de chance. Ma confiance est mitigée, mais je ne peux pas le dire à Mélio sinon il va réussir à prendre le dessus et me battre à nouveau. Le combat est lancée, je commence aussitôt à appuyer sur toute les touches, trouvant parfois des combos intéressants que j'utilise à plusieurs reprises pour faire baisser la vie de son personnage. Il tient la route, les deux barres se vidant à une vitesse folle, presque à la même allure, mais au dernier moment je parviens à asséner un coup puissant qui le met ko. Le rire de Mélio est transmissible, même si je cris ma victoire. « Enfin un domaine où je suis plus fort que toi ! » Raillais-je en pointant mon doigt victorieux dans sa direction, un grand sourire sur le visage. Il m'a fallut du temps pour le battre au moins une fois dans ma vie, mais c'est enfin chose faite ! Voilà, je peux mourir en paix désormais. « Il reste deux rounds. » Je le préviens, lui montrant l'écran où il faut valider pour continuer. J'espère ne pas avoir crié victoire trop vite, sinon j'aurai franchement honte. La moitié de l'espace bondé a dû m'entendre gueuler comme un fanfaron, donc bon. Je risque de mourir enterrer si je perds les deux prochaines manches.

TENUE ••• Il n’a pas vraiment de concurrence, je n’ai pas énormément d’ami autour de moi et encore moins des prétendantes, sauf lorsqu’on me confond avec mon jumeau physique, Eden. Ce n’est pas l’apparence qui les fait fuir, mais mon caractère, je suis loin d’être agréable et encore plus avec tous ses enfants riches, à mes yeux ce sont tous des opportunistes. C’est loin de me déranger, je préfère être seul que faux-cul à faire semblant de les apprécier, ce ne serait pas moi. En tout cas c’était une bonne idée de venir ici, les tirs c’était déjà cool, mais là le fait de ne rien maitriser et finalement de perdre contre King au combat me fait rire. J’aime les défis, j’aime gagner, mais là je me suis amusé à tenter de frapper en appuyant sur tous les boutons et mine de rien c’est un petit coup de pression quand la vie descend, je trouve ça intéressant. « Une première, félicitation. » Me moquais-je un peu.Enfin j’imagine que le battre partout ailleurs est un bon lot de consolation et que je devrais l'encourager un peu. En tout cas il est motivé pour annoncer sa victoire, deux rounds ? Sauf s’il me bat au prochain, mais je ne vais pas me laisser faire. « Bien allons-y alors. » J’ai compris un peu les boutons maintenant, je m’adapte très vite, du coup ça ne sera pas simple pour King de m’étaler deux défaites ! Je souris en me concentrant sur l’écran, appuyant sur la star pour annoncer que je suis prêt, c’est son tour et le compte à rebours démarre. C’est parti ! De nouveau on ressemble à deux gros bourrins en se cognant dessus, personnellement je m’acharne sur les boutons et la vie de son perso descend plus vite que la mienne ! « Alors, t’as une baisse de régime ? » Je me moque de lui, mais c’était trop tentant.

TENUE ••• C'est peut-être le fait que nos caractères soient similaires qu'on se comprends si bien. J'ai toujours été un sale petit con, mais depuis le coup foireux de l'autre connard, j'ai commencé à voir les gens d'un mauvais oeil ou avec méfiance. Il y a vraiment avec très peu de personne que je m'entends bien, d'abord avec Mélio, puis avec Eden. Du reste, j'en ai rien à faire. Aussi, il n'y a qu'avec Mélio que je peux venir dans ce genre d'endroit pour m'amuser et disputer des combats, à la recherche de la victoire à tout prix. Nous nous éclatons plus que nous nous affrontons, mais c'est ça qui est bien. Si l'un gagne le premier jeu, l'autre remporte le premier round du second. Ma confiance monte en flèche quand je vois le K.O porté au personnage de mon ami, haussant un peu la voix sous le coup de la joie. « Tch, je te battrais encore. » Désormais, je crois en moi-même. Mélio est prêt pour le second tour, appuyant sur le bouton start pour lancer le combat et attaquer aussitôt que nos personnes sont en mouvement. Mes doigts n'arrêtent pas de bouger une seule seconde, cherchant la bonne combine, le coup fatal. Pourtant ma vie baisse beaucoup plus vite que la sienne, m'alarmant au passage. Le commentaire de Mélio me fout un coup de pression, et même si je parviens à égaliser notre jauge, mon côté arrive à zéro avant le sien, m'arrachant une plainte frustrée. « Ne me déconcentre pas ! » Râlais-je en le fusillant de mon regard sévère, comme celui d'un gamin. « Il reste un tour, je t'aurais sur celui-ci. » Les manches retroussées, je n'attends pas qu'il soit préparé pour appuyer sur star et recommencer une dernière fois. Concentré à fond, j'essaie de paré les coups de mon adversaire avant de revenir à la charge, gagnant une légère avance sur Mélio. Si je continue ainsi encore quelques secondes, j'aurai gagné ! Plus confiant que jamais, je n'abandonne pas et lâche des bruits de guerrier en donnant des coups à l'autre, à fond dans la partie. Les gens autours doivent se demander quelle mouche m'a piqué pour m'égosiller de la sorte face à l'écran de jeu, forçant presque sur les boutons tellement je me ruine les doigts dessus.

TENUE ••• Du moment que l’on s’amuse le reste n’a pas d’importance, en réalité je ne fais attention à personne autour de nous, qu’on nous regarde ou autres, je n’en ai absolument rien à faire. Il a gagné le premier round et plutôt que de râler je préfère le féliciter, c’est une première je dois bien lui accorder un peu de gloire. « Fais le si tu peux. » Dis-je non sans un petit sourire provocant. Le second round débute et je me suis mieux débrouillé cette fois, du coup avec quelques techniques découvertes au hasard j’ai remporté le second, sans un mot je parle avec le regard. Je me doutais qu’il allait me rejeter la faute de sa défaite dessus, soupirant je hausse les épaules. « Tu es trop faible. » Le narguais-je ouvertement, King est le genre de gosse qu’on aime emmerder, parce qu’il a des réactions enfantines justement. « Oui oui, courage. » Je lui tire la langue, j’ai presque envie de le laisser gagner tellement il a le désir de me battre, mais ce n’est pas dans mon tempérament. Il n’attend pas que je sois prêt, prenant déjà de l’avance, mais je dois avouer que pour le coup c’est lui qui me déconcentre et me fait rire avec son acharnement, même en perdant la partie, je continue de rire après le KO à l’écran. « Petit con. » Dis-je en levant le regard vers lui. « Bon, tu m’as battu, faudra fêter ça. » Me redressant j’ébouriffe ses cheveux en guise de « bravo ». « Tu veux me donner mon gage maintenant ? » Si moi je n’avais pas d’idée tout à l’heure, peut-être que lui en a une. En tout cas ce jeu était bien amusant, j’ignore si je retrouverais la même chose avec les suivants, mais ça m’a donné soif de rire autant.

TENUE ••• La victoire m'est trop vite montée à la tête, sautant de joie et narguant mon adversaire. Or, dès que le second round est perdant, je perds aussitôt mon sourire triomphant et affiche une tête agacé, comme si c'était la faute à Méliodas. Il me faut bien un fautif, après tout. Malgré tout, je ne perds pas espoir, surtout pas à ses paroles et ses regards provocants. « Tu vas voir si je suis faible ! » Rouspétais-je, les sourcils froncés et les doigts sur les touches, prêt à lancer la dernière manche. Cette fois-ci je ne perdrais pas, sinon je regretterai officiellement mon idée d'être venu ici. Son encouragement ne me fait pas du tout l'effet d'un encouragement, justement. J'ai plutôt l'impression qu'il me dit « c'est ça, tente toujours. » et qu'en vérité, il s'octroie déjà la prochaine victoire. Pour une fois que je ne me démotive pas à la seconde où je m'agace, c'est un miracle. Je ne suis pas lassé, au contraire, j'ai envie de lui foutre une raclée et de continuer à me pavaner comme un paon. « YES ! » Criais-je, voyant le K.O s'afficher sur l'écran. Agitant mes bras de haute en bas, je lâche des « hun hun » joyeux en faisant une petite danse. Son geste m'arrête de suite, déposant mes yeux sur lui. Il me félicite ? « Tu ne m'as pas donné le mien tout à l'heure. » J'ignore pourquoi, mais il ne m'a rien demandé. Ce n'est pas mon cas. « Joue à ce jeu. » Dis-je en pointant un jeu de danse. Le plateau surélevé est constitué de flèche, les mêmes indiqués sur l'écran de la machine. « Je suis sûr que tu vas faire un malheur. » Lui qui paraît si froid et si coincé, je veux le voir danser sur une chanson amusante et rythmé. Attrapant son bras, je le tire jusqu'à la machine, le forçant à se placer dessus. « C'est moi qui choisi. » La moindre des choses. Pour la peine, je sélectionne quelque chose de bien gniangnian, avec des voix de fille trop criardes et énervantes.