TENUE ••• Le fait qu’il gagne ne me rends pas exécrable, on pourrait croire que je suis le plus mauvais perdant des deux, mais c’est totalement faux. Disons que je ne suis pas du genre à prendre au sérieux ce genre d’activité, bien sûr je veux gagner et remporter les défis, mais si je perds alors tant pis et je le prouve à cet instant alors que King m’a battu le troisième round, j’étais trop occupé à rire que je n'ai pas été du genre très résistant sur la fin, mais il est content et je le félicite même. Le voir si heureux d’avoir gagné ne peut que m’amuser, il me fait vraiment penser à un gosse et pourtant nous avons le même âge. Je demande s’il veut me donner mon gage maintenant étant donné que de mon côté je les gardais en réserve. « Je te le donnerai après. » Qu’il ne pense pas que j’ai oublié ou que je ne compte pas lui en donner un. Ce jeu ? Je regarde dans la direction qu’il pointe pour voir un jeu de danse et je grimace un peu, je n’aime pas ce genre de chose tape à l’œil... Mon regard en dit long sur mon envie de le tuer sur place, mais j’ai encore mon gage et il ferait mieux de s’y préparer... Me plaçant à l’endroit voulu, je me fiche des regards des autres donc ce n’est pas ce qui me dérange, c’est juste que je ne suis pas danseur donc ça va vite être vu. Mon avantage est que je peux être concentré sur les choses facilement, donc si c’est une histoire de reproduction je devrais m’en sortir un minimum. « C’est bon ? » Apparemment il a choisi la chanson, elle démarre et je me retrouve à devoir suivre les flèches et mine de rien je ne suis pas ridicule, enfin je crois ? En tout cas j’ai pris le bon rythme, comme quoi même ça j’en suis capable. Je n’écoute pas la musique, je suis seulement concentré sur les flèches jusqu’à la fin de la partie. Ça donne chaud mine de rien, soufflant, je regarde King. « Alors ? Satisfait ? » J’ai réussi mon gage non ?

TENUE ••• Après ? Après quoi ? La fin du monde ? Méliodas est toujours aussi énigmatique, il répond à peine à mes questions et se fait aussi mystérieux que ces personnes dans les séries policières. Roulant des yeux, je n'ajoute rien de plus sur mon gage qu'il se garde en réserve et me contente de réfléchir sur celui que je vais lui donner. Comparé à lui, je ne vais pas attendre « après » pour me décider, puis y a de quoi faire ici. Depuis le temps, je connais suffisamment Mélio pour savoir qu'il n'aime pas les choses voyantes et tape à l'oeil, comme ce jeu de danse qui clignote et brille, de quoi attirer l'attention dès que tu poses un pied dessus. Voilà mon gage, il ne peut pas le refuser. Je m'en fiche qu'il sache danser ou pas, qu'il se fasse bien ou non, nous ne sommes pas là pour montrer nos talents. C'est un gage, un truc qu'il n'aime pas faire ou qui ne le correspond pas, c'est fait exprès. Excité comme une puce, je me donne le droit de choisir la chanson et la danse, un choix qui n'est pas à part non plus puisque ça risque de bouger. « Bientôt ~ » Fis-je avec une voix guillerette, terminant les réglages avant de m'éloigner pour lui laisser entièrement la place. « à toi l'honneur. » Je plaisante, lui faisant un signe de la main pour l'inviter à commencer. Mélio ne perd pas une seconde pour se mettre dans le jeu, suivant l'exemple à suivre avec une dextérité que j'ai connu uniquement au camp. Dans le fond, ça m'amuse de le voir se donner à fond pour un simple jeu de danse. ça m'amuse au point que je l'encourage en tapant dans mes mains, à moitié entrain de rire. La musique prend fin et aux mots de mon ami, je lève mes pouces avec un clin d'oeil. « Très ! » Mon rire se fait entendre une nouvelle fois, mais plus faible. Il peut descendre de la machine, son gage est terminé. « Même dans la danse, tu es doué. » Fis-je remarquer, une moue sur le visage. Qu'est-ce qu'il ne sait pas faire ? Je veux dire, véritablement pas faire. Parce que même sur le jeu de combat, il a réussi à me mettre ko. S'il s'était donné à fond, là aussi il aurait gagné la partie. Est-ce qu'il a fait exprès de perdre pour m'accorder une victoire ? Genre, par amitié ou un truc comme ça ? Je n'espères pas, j'ai horreur que l'on me laisse facilement vaincre.

TENUE ••• Est-ce qu’il fallait le donner de suite ? Pour ma part je préférais attendre et trouver quelque chose d’intéressant plutôt que de juste balancer quelque chose comme ça et puis ça permettait d’enchainer les jeux, mais maintenant que King m’a donné mon gage je pense que je vais devoir lui donner le sien. Il marque un point en m’envoyant danser, j’aime la musique, je jouais beaucoup de piano avant d’aller dans le camp, mais danser c’est autre chose, une activité un peu trop opposée à moi. Je le laisse faire les préparatifs avec ses choix de chanson, pendant que je m’installe, une fois que c’est bon la partie commencée et je me mets de suite dedans, je suis le genre de mec qui a une bonne concertation, donc quand il suffit de suivre un truc je suis assez doué. Je n'ai jamais joué à ce jeu, pourtant je me débrouille bien. Terminé, je le regarde en demandant s’il est satisfait, apparemment c’est le cas, je souris en m’envoyant un peu d’air avec mes mains, ça m’a donné chaud tout ça. « Tu es jaloux de mes talents ? » Je le nargue en gardant mon sourire puis souffle un bon coup. « On va boire quelque chose ? J’ai soif. » Je ne cherche pas à être doué en tout, c’est seulement ce que je suis, mon éducation, mes peines, mon enfance, mes relations, tout ce que j’ai vécu jusqu’à maintenant on fait ce que je suis devenu, comme au camp, j’ai toujours été parmi les meilleurs parce que je fais de mon mieux et que je déteste être sous-estimé ou regardé de haut. Pour le reste c’est un peu de chance et du talent, chose pour laquelle je ne peux rien, c’est comme ça. « Tu sais chanter ? » Je le regarde en lui montrant la machine de karaoké. « Tu m’as fait danser, je te fais chanter. » Tapotant son épaule je m’approche du jeu libre pour voir les différents titres pour en choisir un au hasard. Comme ça il aura eu son gage aussi et on pourra aller boire un truc tranquille.

TENUE ••• Je trouve que mon choix de jeu est plutôt pas mal, c'est la première fois que je vois Mélio danser. Il se débrouille bien pour un novice qui n'a jamais joué à ce genre de jeu, se concentrant plus sur les flèches que sur la musique en elle-même. Faut dire que ce n'est pas trop son truc, mais c'est déjà bien qu'il ne se soit pas ramasser la figure durant la partie. Une fois terminé, il m'interroge et je le félicite pour sa performance, le complimentant au passage. Jaloux ? J'hausse les épaules en faisant la moue. « N'importe quoi. » Je ne suis pas jaloux de ses « talents » comme il dit. Boire ? Pourquoi pas. Cette fois-ci j'hoche de la tête, acceptant volontiers son idée. Qu'il soit doué ou pas, en vérité je m'en fiche. Mélio est Mélio, qu'importe ce qu'il fait, ça restera toujours le même. Au camp, il a toujours été fort et sûr de lui, ça n'a pas changé en quittant cet endroit, ni en rejoignant cette école. Chanter ? Tournant mon visage dans sa direction, je le juge une seconde du regard. « Tu m'as pris pour quoi ? » Chanter, c'est pour les filles ou les idoles, je ne suis ni l'un ni l'autre. Voyant la machine, je grimace. Aie, je n'avais pas prévu cela. « Tu n'avais pas soif ? » Il passe vite du coq à l'âne. Bon, je n'ai pas le choix vu que c'est mon gage. Soufflant un coup, je me rapproche à mon tour de la machine et regarde ce qu'il fait. Le temps qu'il me choisisse un titre au hasard, je prends le micro et le tourne sous tout les angles possibles. Quand la musique commence, je fronce les sourcils et regarde l'écran où s'affiche les paroles. Je n'ai pas tellement l'habitude de chanter, du coup je ne sais pas ce que vaut ma voix. Les premiers mots apparaissant sur la machine, je fais un effort pour chanter, suivant la couleur qui défile le long de la phrase pour donner le rythme. J'ignore ce qu'entend Mélio, mais je n'ai pas l'impression que mon timbre soit si désastreux, plutôt timide et bas, mais pas mauvais.

TENUE ••• Il est certain que danser ce n’est pas mon truc, mais quand il m’en donne le gage je ne refuse pas de le faire, de toute façon j’ai un modèle à suivre, c’est beaucoup plus simple que s’il m’avait demandé de me la jouer Travolta au milieu de la salle d’arcade, là ça aurait été autre chose. Je n’aurais cependant jamais accepté de faire ce jeu si ce n’était pas King qui me l’avait demandé, de toute manière je n’aurais surement pas accepté de faire des paris avec d’autres gars étant donné que je déteste obéir ou être la proie du ridicule. Je le taquine un peu même si ce serait idiot d’être jaloux de mes talents. Finalement j’ai envie de boire un verre et de me poser quelques minutes, sauf que j’ai toujours un gage à donner, ce que je fais avant de quitter les arcades, lui pointant la machine à karaoké, je pense que c’est un bon challenge après ce qu’il m’a demandé de faire non ? Je ne réponds rien à ce qu’il demande, en même temps je n’ai pas émis d’objection à suivre la sienne cinq minutes plus tôt, donc il n’a pas le choix. « Dépêche-toi de chanter et je pourrai boire.» Choisissant un titre au hasard le temps qu’il se prépare, je ne suis pas très calé en chanson donc il devra faire avec. Les paroles s’affichent et je l’observe, il ne semble pas très sûr de lui, mais quand il commence à chanter, moi qui pensais que ça allait sonner comme une vieille casserole je suis surpris, il n'a pas une si mauvaise voix. Je souris en voulais l’encourager pour qu’il se lâche un peu, on dirait qu’il est rentré dans sa carapace là, mais déjà il le fait donc je n’ai rien à dire. Une fois la chanson terminée j’attends qu’il quitte la machine pour le regarder toujours avec ma légère esquisse. « Ce n'était pas horrible, comme quoi tu as certains talents cachés aussi. La prochaine fois crie plus fort. » Dis-je en tapant sur son torse tout en m’éloignant vers la sortie. Maintenant on peut aller se boire un verre, les gages ont étés donnés.

TENUE ••• Ce n'est pas comme si j'avais demandé à Mélio de se la faire à danse avec les stars ou un truc du genre, où il serait filmé, regardé par des millions de téléspectateur et ainsi de suite jusqu'à s'afficher dans la moitié du globe terrestre. Je ne le filme même pas, pour dire. De toute façon il se débrouille suffisamment bien pour ne pas être la victime des railleries, c'est presque nul. Rien qu'à le voir faire, je me souviens de notre année au camp où il excellait dans quasiment tous les domaines, surtout ceux où j'étais nul. Et autant dire qu'il y en avait beaucoup. Bref, il réussit son gage et je n'ai rien à redire, si ce n'est qu'il est naturellement doué. Mélio parle de boire un verre après sa séance de sport, puis il change de sujet et me montre une nouvelle machine, un jeu de chant. Je ne suis pas fan de musique, enfin chanter n'est pas mon truc. Râlant un peu -pour la forme- mon ami me pousse à le faire sans me laisser le choix de protester davantage. Si ce n'était pas Méliodas, jamais je ne l'aurai fait. Sur le devant de la scène, je ne me sens pas très à l'aise, même pas du tout en vérité. Ma voix me paraît banal à souhait, presque sur le même timbre du début à la fin, mais j'ignore vraiment ce qu'il entend. C'est peu rassuré que je chante, prenant confiance que vers la fin de la chanson, une fois que ce n'est plus très utile. C'est sûrement le sourire de Mélio qui m'a encouragé à ne pas me braquer contre la machine à karaoké ou contre le micro, mais ça n'empêche que je ne suis pas si fier de moi pour autant. Redonnant le micro à la console, je m'éloigne d'un pas ou deux, lançant un coup d'oeil à mon camarade. « Tu trouves ? » Pour le talent caché. Bon, ce n'est clairement pas en chant que je voudrais exceller, mais disons que c'est mieux que rien. Le sport me fait défaut, les études aussi, alors bon. Tout compliment est bon à prendre, même venant de Mélio. « Il y aura pas de prochaine fois. » Je lui donne un petit coup de poing dans le bras, lâchant un « tch » dédaigneux. Suivant l'autre vers la sortir des arcades, je ne dis plus rien jusqu'à trouver un coin tranquille où se boire un verre. « Tu voudras faire quoi après ? » Demandais-je distraitement, le regard perdu dans la foule. Il y a encore pas mal de monde à cette heure-ci, même s'il n'est pas encore très tard. Le couvre-feu n'est même pas dépassé, si ce n'est pour dire.

TENUE ••• Danser n’est pas une activité que j’aime, tout comme chanter d’ailleurs, je n’ai pas vraiment la musique dans le sang, la seule chose que je sache faire c’est jouer du piano et ça me suffit, le reste c’est inutile de m’en parler je n’ai aucun intérêt pour ça. Du coup suite à son gage je lui ai demandé de chanter et même s’il ne va pas devenir chanter demain, disons qu’il n’a pas une mauvaise voix non plus, bien qu’hésitant ça se laisse entendre, je suppose que c’est un talent malgré tout, perso je ne sais pas ce que ça donnerait si je chantais et je n’ai aucune envie d’essayer de toute manière. « Sinon je ne le dirais pas. » Est-ce que je suis du genre à parler pour rien ou à donner des compliments gratuits ? C’est très loin d’être mon genre et il devrait le savoir. Je souris à sa tape, j’imagine qu’il n’a pas envie de recommencer, dans ce cas il devrait s’abstenir de me faire danser à l’avenir, c’était une petite expérience, mais une fois suffit aussi. Maintenant que c’est fait on peut aller se boire un verre tranquille, je n’ai aucune idée de ce qu’on fera après, donc à sa question je hausse simplement les épaules et commande une eau de coco, c’est frais et bien hydratant, pendant ce temps je regarde autour, je ne tiens pas compte des gens réfléchissant simplement à une occupation autre que les arcades à cette heure-ci. « Il est encore tôt, il y a quelque chose que tu veux faire ? Sinon on va finir par rentrer, ce serait dommage de ne pas louper le couvre-feu. » Plaisantais-je en souriant légèrement, je n’ai pas vraiment envie de quelque chose en particulier, rester boire mon verre là me convient pour l’instant, mais je ne refuserais pas de le suivre s’il a une meilleure idée.

TENUE ••• Je ne sais pas ce que j'aurai préféré, chanter ou jouer des claquettes ? à bien y réfléchir, ma voix n'est pas si moche. N'oublions pas que je possède deux pieds gauches, incapable de savoir faire quelque chose de mes jambes, surtout quand celles-ci s'emmêlent et me font chuter. Non, chanter a du bon. Au moins je ne risque pas d'être malade ou de rendre mon petit dej'. Bref, les gages sont fait et je ne veux plus en parler. Compliment ou pas, de toute façon je ne chanterai pas à nouveau. Passons. Nous quittons les arcades pour aller se boire un verre et souffler un peu. ça fatigue de s'amuser, mine de rien. Commandant un jus de pomme, je m'autorise une boisson sucrée sans avoir peur de tomber sur du gluten. Au pire, notre soirée se soldera sur un allé simple à l'hôpital. Installé à une table, je sirote doucement mon verre, la baille entre les lèvres. Que pourrions-nous faire d'intéressant à cette heure-ci ? Je réfléchis, zieutant les gens qui déambulent devant nos yeux. « Je ne veux pas rentrer maintenant. » ça je le sais, j'en suis même plus que sûr. Je ne veux pas rentrer aux dortoirs tant que le couvre-feu n'est pas dépassé, sinon ce n'est pas marrant de faire le mur en respectant les horaires du campus. « Allons jouer au Pachinko ! » Quitte à être dans l'illégalité, autant se trouver une petite machine à sous dans le coin, non ? Bon, je suis persuadé que l'idée ne plaira pas à mon ami, puis nous sommes mineurs. Du coup, je reprends le cours de ma réflexion et cherche quelque chose d'autre. « On peut toujours traîner dehors et manger un truc ? Y a des vendeurs ambulants un peu partout. » Bon, ça réduit mon choix puisque je ne peux pas tout manger, mais c'est mieux que de ne rien faire. La nuit est plutôt réservé aux adultes, aux majeurs, pas à des gamins. « Allons nous taper des balles ! » ça, je peux le faire sans problème ! Je ne suis pas le meilleur batteur au monde, mais ce n'est pas comme si j'allais disputer un match de base-ball devant une foule en délire. Juste de quoi s'amuser et se défouler à la fois.

TENUE ••• Maintenant qu’on a tiré un trait sur les gages ont à plus qu’à trouver une autre occupation, pour l’instant je me contente de commander à boire dans le bar dans lequel nous nous sommes installés, ignorant totalement l’agitation et le monde présent. Les boissons servies je peux boire une gorgée, c’est frais et hydratant, tout ce qu’il me fallait. Comme King je n’ai aucune idée précise de ce qu’on pourrait faire ensuite, surement parce que je n’ai pas vraiment prévu cette soirée et que ça s'est passé rapidement sans avoir le temps de réfléchir à un quelconque programme, bien entendu ce n’est pas mon genre d’en établir un, mais j’aime me faire une idée des lieux dans lesquels je souhaite aller malgré tout, là j’en ai aucun qui me traverse l’esprit. « C’est bon à savoir. » Au moins on sait qu’on n’est pas sur le chemin du retour, de toute façon je ne vois pas l’intérêt de faire le mur si c’est pour passer par la porte de devant. Le voyant siroter sa boisson, je me demande ce qu’il a commandé, n’ayant pas entendu plus tôt. « Tu as pris quoi ? » Dis-je en me penchant pour gouter directement sans aucune gêne, ça aurait été quelqu’un d’autre je ne l’aurais jamais fait, mais là ça ne me pose aucun souci, agissant sans réfléchir et naturellement. « Pomme. » Je glisse mon verre sur la table. « Tu veux gouter ? » C’est de l’eau de coco, mais c’est bon. Je connais son allergie au gluten et il y en a pas dedans donc aucun risque. « Je préfère aller taper des balles que jouer au pachinko, c’est trop bruyant et je risque de me battre avant la fin de la soirée. » Je me connais, c’est le genre d’endroit où je trouve des embrouilles facilement, King ne m’a pas encore vu quand mon impulsivité prend le dessus dans ce genre de situation, ce n'est pas beau à voir, je ne m’arrête pas facilement.

TENUE ••• En quittant les dortoirs, je n'avais que les arcades en tête, donc j'ignore complètement où on pourrait se rendre ensuite. Au pire, nous n'avons pas joué longtemps, on pourrait y retourner et continuer à s'amuser quelques heures en plus. J'en sais trop rien, mais je n'ai pas envie de rentrer de suite au campus. Ce que j'ai pris ? Je n'ai pas le temps de décrocher mon attention de la foule pour la reposer sur lui qu'il a déjà sa tête proche de la mienne, goûtant ma boisson à même ma paille que j'ai relâché quelques secondes plus tôt. Surpris, mon visage brûle d'un coup, tel un feu de forêt un jour de tempête. Mon coeur bat si fort que j'ai cru tomber à la renverse et perdre connaissance ... Goûter son verre ? Non. Je reste interloqué, le fixant avec des yeux ronds avant de froncer les sourcils. ça ne va pas. J'ai de nouveau mal à l'intérieur de ma poitrine, comme s'il venait d'attraper mon palpitant et le serrer fort, très fort, trop fort. « Non merci. Je n'ai plus soif. » Lâchais-je brusquement, repoussant mon verre par la même occasion. Il a touché ma paille de ses lèvres, je ne peux plus boire avec... Je pense vraiment de la merde, mais je suis tellement affecté par son geste. Aux paroles de Mélio, je ravale difficilement ma salive et quitte ma chaise. « Allons taper des balles. » Avant que ce soit moi qui lui déclare une bagarre pour violation de mon espace vital. Sans lui laisser le temps, je quitte l'endroit où nous sommes pour retourner dans la rue, le visage toujours chaud et rouge. Merde, j'avais réussi à oublier l'espace d'une heure mes putains de sentiment de m-. Fallait qu'il s'amuse à faire ça, tout en sachant ce que je ressens pour lui. J'ignore s'il me suit ou non, mais je me suis déjà engagé sur le chemin à la recherche d'un batting center. Il doit y en avoir pas loin des arcades, quoi que j'en sais rien. Je ne sais même pas ce que je fous ici. ça m'énerve tellement. Pas contre Mélio, même si ça m'a stupéfait et agacé sur le coup, mais contre moi-même. Pourquoi est-ce si difficile d'effacer des sentiments ? Pourquoi faut-il que ça revienne sans prévenir et me blesse à nouveau ? J'ai envie de chialer, mais je me retiens au point de respirer fortement. Si une seule larme me monte aux yeux, je ne réponds plus de rien.

TENUE ••• Ce n'est pas bien grave si nous ignorons quoi faire, on trouvera bien au fur et à mesure, pour l’instant on est encore installé à nos chaises pour boire notre boisson, donc ce n'est pas comme si on devait partir dans l’immédiat. Je ne sais pas pourquoi et j’avoue n’avons aucunement pensé aux sentiments qu’a ressentis King pour moi quelque temps avant en venant boire dans son verre, utilisant même sa paille, mais ça me paraissait pas si « grave » proposant même au garçon à gouter la mienne. Plus soif ? « Déjà ? Ton verre est encore plein. » Faut croire que je peux être « idiot » parfois pour ne pas voir les ravages que je peux faire ou les dégâts causés par mon geste. Pourtant je vois bien qu’un truc le dérange soudainement, la façon de répondre, la distance, le fait qu’il repousse son verre, tout montre qu’il y a quelque chose qui cloche. « Je n'ai pas fini de boire... » Il a déjà quitté son siège et pars vers la sortie, je soupire en buvant rapidement ma boisson, il est frustrant quand il s’y met. Le rejoignant quelques instants plus tard, je ne vais jamais dans un batting Center, mais ça pourrait faire du bien de se défouler un peu, même pour lui. Le suivant en regardant son dos je m’arrête en gueulant. « Yah ! » Pour qu’il s’arrête aussi et que je puisse savoir ce qui se passe subitement. « Qu’est-ce qui t’arrive d’un coup ? » C’est parce que j’ai bu dans son verre ? « Si ça t’a dérangé j’aurais pu commander un autre verre, t’es pas obligé de bouder. » Franchement je le comprends pas, certes je n'ai pas de problème avec ça, mais je réalise que ce n’est pas son cas, au moins je le saurais à l’avenir, mais ce n'est pas drôle s’il agit de cette manière.

TENUE ••• Il n'y a rien qui aurait pu me perturber ce soir, rien avant que Mélio ne vienne boire à ma paille, puisant dans le breuvage doré. Ce simple geste m'a heurté comme un coup de massue dans le ventre, manquant d'étouffer sous la surprise. Quand il me propose son verre, je me renfrogne et manque de l'envoyer bouler, prenant sur moi pour être « sympa ». à la place, je parais subitement froid et distant, ne cherchant pas à répondre à sa réplique comme quoi mon verre est encore plein. Il m'a coupé l'envie de boire. Encore une fois, je l'ignore et m'en vais en premier, me fichant pas mal qu'il ait fini ou pas sa boisson. Je veux partir. Le visage rouge, je me mordille la lèvre en marchant rapidement, priant secrètement pour le semer et me cacher loin, très loin. Sauf qu'il m'interpelle avec brutalité, mes pieds se scotchant sur le bitume. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Il ose vraiment me poser la question ? Il sait ce que je ressens pour lui, il sait que c'est tout frais... Mais il ignore que je ne vais pas mieux. Mon mensonge me rattrape, me prenant à la gorge. J'ai envie de hurler, de lui crier dessus, de pleurer, de taper. « J'ne boude pas ! » Criais-je, me tournant vers lui. Je respire par le nez, ce qui me ferait presque ressembler à un taureau en colère. « Pourquoi tu fais ce genre de truc ?! Tu sais très bien ce que je ressens ! » La vérité éclate en mille morceaux, résonnant douloureusement à mes oreilles telle des lames de rasoir. Je l'ai dit. Ce que je ressens. Et non, ce que je ressentais. Je parle au présent comme si mes sentiments étaient toujours là. « Je n'y arrive pas ... C'est trop dure... » Me plaignais-je, prenant ma tête entre mes mains. Je vais devenir fou s'il continue à être ainsi avec moi. Rien que le fait de l'avoir sous les yeux ne m'aide pas, je deviens dingue. Un flot de sentiment remonte à la surface et m'étrangle, un sanglot bloqué dans la gorge. Je ne veux pas pleurer, pas dans la rue, pas devant lui. « Je n'aurai pas dû sortir... » De ma chambre. J'étais bien enfermé dans cette pièce, dissimulé entre quatre murs. Fallait que je veuille revenir vers lui, retrouver mon amitié, mes instants passés avec lui ... Mais rien n'est plus comme avant.

TENUE ••• Je ne souhaitais pas le perturber ou autres, j’ai agi naturellement, j’ignore pourquoi je l’ai fait seulement je ne pensais pas que ça allait heurter King à ce point. Au camp on buvait dans des gourdes et se les prêter souvent, donc en quoi est-ce différent ? Peut-être que je résonne différemment ? J’en ai oublié les sentiments qu’il « avait » pour moi, à mes yeux ce n’était pas sérieux donc ça n’a pas vraiment percuté dans mon esprit, même face a sa réaction je ne juge pas cette dernière dans ce sens, me demandant réellement ce qui se passe. En le rattrapant quelques pas derrière lui, je le questionne, il boude et j’aimerais savoir pour quelle raison au juste, ce n’était rien de bien grave si ? « Tu veux faire croire ça à qui ? » Pas à moi j’espère, parce que je le connais... Sa tête, ses expressions, ses mimiques et cette moue, je sais quand il fait la gueule et là c’est clairement le cas. Haussant un sourcil face à ses mots je l’observe un peu suspicieux ne comprenant pas où il veut en venir ou peut-être que je ne veux pas le voir ? « Ce que tu ressens ? » Je l’interroge en cherchant des réponses claires, je déteste le mensonge donc je veux savoir où je mets mes pieds. « Qu’est-ce qui est trop dur ? » Je me rapproche de quelques pas avant de m’arrêter. J’ai conscience que ce qu’il pourrait dire risque de nous ramener au point de départ, mais voir King aussi désespéré et troubler, voir blessé ne m’enchante pas. C’est mon meilleur ami. « Je n’aurais pas dû boire dans ton verre. » Dis-je en réponse à sa dernière remarque. Tout était bien, je ne voulais pas gâcher ça, mais parfois il suffit d’un geste maladroit pour que cela change l’évolution des choses.

TENUE ••• Au camp, je n'avais pas encore mis de mot sur mes sentiments. Au camp, il ne savait pas non plus ce que j'éprouvais pour lui. Au camp, tout était différent d'aujourd'hui. Je l'appréciais comme un ami, bien que je sois parfois perdu. Désormais, je l'aime différemment et ça me bouffe de l'intérieur. Il m'a recalé, préférant sûrement garder notre amitié intacte, mais je me prouve moi-même que ce n'est pas possible. Je l'aime différemment qu'un ami. Ayant fuis à la seconde où il m'a débusqué, j'ai dû m'arrêter quelques mètres plus loin, à contre coeur. Bouder, comme si je boudais. Non, je suis furieux. Je ne boude pas, je m'énerve. Contre moi, contre lui, contre tout le monde. ça toujours été ainsi, tout le monde m'énerve dans ces moments-là. Il ne peut pas comprendre. Quoi que si, il peut sûrement comprendre ce que ça fait. Après tout, il a tabassé un type pour une fille. « Arrête d'me prendre pour un idiot. » Il n'a toujours pas compris ? Il m'a repoussé, mais il ne sait pas ce que je ressens ? La bonne blague. Putain, il me saoule à m'interroger comme un idiot ne voyant pas l'évidence devant ses yeux, sous son nez. « D'être avec toi ! » Répondis-je, d'un ton plus furax que je ne l'aurais souhaité. Il se rapproche, mais je m'éloigne d'un pas. Je ne veux pas être à une distance réduite avec lui, pas quand je suis comme ça. Un mur s'est élevé entre lui et moi, d'un coup. Il répond à ma remarque et je serre les poings. Non. « Tu n'aurais pas dû. » Je répète, mes épaules s'affaissant. Non, il n'aurait jamais dû être gentil avec moi. Il n'aurait jamais dû chercher à me comprendre. Peut-être qu'il n'aurait pas dû être mon ami, tout simplement. Je me déteste de penser une telle chose, mon coeur remontant dans ma poitrine jusqu'à me donner la nausée. Je me sens pas bien. J'ai juste envie de rentrer aux dortoirs. « Je rentre. » Je ne serais d'aucune utilité, d'aucun plaisir à venir avec lui. Taper dans une balle ne changerait pas mes pensées, ça ne gommera pas ma peine et mon envie de tout foutre en l'air. Y a rien dans ce fichu monde qui pourrait faire un tel miracle, alors autant rentrer et m'enfermer à nouveau dans ma chambre.

TENUE ••• Je ne suis pas idiot, je ne le prends pas comme tel non plus, j’ai simplement pensé qu’il n’y avait plus de problème et c’est surement mon erreur. Je ne voyais pas les sentiments de King de façon sérieuse, je n’imaginais pas qu’il puisse réellement m’aimer donc boire dans son verre ne m’a pas posé problème. Ce n’est qu’en l’interrogeant que je commence à voir ma bêtise, mais je ne peux pas revenir en arrière, il boude et est en colère alors que dans ma vision des choses je n’ai rien fait qui puisse le heurté de cette façon. Apparemment être avec moi est trop dur et je déteste ça. Je peux ressentir la détresse dans ses mots, dans le ton qu’il emploie, King est sérieux. J’avance et il recule, me stoppant donc dans ma tentative de me rapprocher je l’observe en regrettant d’avoir agi de cette manière, réalisant que rien n’est pareil et rien ne sera plus jamais comme avant, à cet instant j’ai déjà perdu mon meilleur ami. « Si c’est trop dur alors arrêtons là pour de bon. » Dire ces mots me fait plus mal que je pensais, il est la seule personne de qui je suis proche et en qui j’ai confiance, mais s’il souffre par ma faute alors je dois penser à lui avant d’être égoïste. « Fais attention en rentrant. » Je ne le retiens pas, il n’a aucune envie que je le fasse et de toute manière je n’ai aucune raison de le faire, cela ne changera rien. Soupirant, déçu et agacé que les choses tournent ainsi je prends la direction opposée, après tout être avec moi est trop dur pour lui non ? C’est blessant à entendre, mais faut croire que je ne suis pas destiné à avoir des personnes proches de moi, c’est comme ça.