TENUE ═ Retrouver les rues de Tokyo était un soulagement après avoir vécu ces heures interminables sur cette île. En fait je n’ai jamais renoncé à l’idée qu’on s’en sortirait indemne, mais c’était tout de même psychologiquement éprouvant, même pour moi, surtout en étant malade, heureusement Gareki a vraiment été d’une aide précieuse. Il fut obligé de prendre l’hélicoptère pour rentrer, lui qui n’aime pas voler dans les airs il n’a pas eu le choix, mais j’ai promis de ne plus le forcer à prendre l’avion. Marchant dans le quartier après avoir acheté quelques trucs à mangé, je me demandais bêtement ce qu’il faisait, dernièrement je me posais pas mal la question, du coup j’avais attrapé mon portable pour l’appeler. Laissant la sonnerie retentir plusieurs fois avant d’entendre décrocher.

« C’est moi ! Qu’est-ce que tu fais ? » ça semble tellement naturel. En même temps ce n’est pas nouveau venant de moi, lui parler, l’embêter, le provoquer, lui imposer ma présence, toutes ses choses je les ai montrés dès notre première rencontre, alors maintenant que notre relation est plus stable et amicale j’en profite un peu. Il caille dehors, mais rien de comparable avec ce que j’ai traversé sur l’île, jouant à balancer mon bras en avant et en arrière, laissant le sachet cogner contre mon genou, je réalise que sans les lumières et décoration de Noël, certaines rues sont vraiment sombres haha. « Comment tu vas ? » on ne s’est pas vu aujourd’hui, donc au moins j’en viens aux questions basiques ! Cependant, après quelques minutes de marche des phares m’éblouissent totalement, la voiture montant sur le trottoir, je pousse un cri de surprise, frôler par le véhicule touchant légèrement mon bras, me donnant surtout une sensation de brulure sur le moment, alors que je la vois s’écraser contre un lampadaire. Dans ma chute, mon portable s’est écrasé au sol et éteint. À part quelques égratignures, il y a plus de peur que de mal, heureusement le conducteur est vivant, mais les secours sont vite appelés par les passants. Restant à l’écart de la foule, mon sachet est totalement foutu, la nourriture écrasée et éparpillée... Zut.

TENUE ═ Je n’ai jamais autant apprécié Tokyo de toute ma vie. Je ne quitterai plus cette ville avant un bon bout de temps, ou alors, je resterai près du sol ou de la mer. Bien que notre vol en l’hélicoptère n’ait pas eu d’accident, je ne garde pas un très bon souvenir de ce voyage dans les airs. Mais au moins, Nai a compris qu’il ne pourra plus jamais m’avoir s’il souhaite me trainer dans les hauteurs. J’ai profité de son temps de repos pour reprendre un peu de force aussi. Je n’ai pas cherché à enfreindre ses règles et je n’ai pas touché à ma crosse depuis un bon moment. Il m’arrivait parfois d’aller faire un tour sur la patinoire et d’enfiler mes patins mais c’était tout. Je n’ai pas forcé mon cœur et je me sens déjà mieux qu’avant. Mes battements sont plus légers. Je respire mieux et je ne me sens plus aussi fatigué qu’avant. Il ne manquerait plus que manger cinq fruits ou légumes par jour et je serai plus sain que jamais - Remarquez l’ironie de ma phrase.

Me cherchant un truc à manger, je déambule les rues de Tokyo. A vrai dire, je n’ai pas très faim alors je me promène plus qu’autre chose. Cette tranquillité est sereine mais peu inhabituelle. Je me demande ce que l’autre est en train de faire. Mon portable sonne et je le sors de ma poche. Quand on parle du loup… Je regarde le nom s’afficher sur l’écran, portable continuant à sonner vibrer dans ma main. J’ignore pourquoi j’hésite à répondre. Peut être parce que je ne sais pas comment lui parler depuis l’incident ? Qu’est ce que je fais ? Je ne vais tout de même pas lui dire que j’étais en train de penser à lui. « Je marche. » Je peux entendre qu’il n’est pas au calme et j’en déduis qu’il est à l’extérieur, tout comme moi. « Ne me dit pas que tu es juste derrière moi ? » Je me retourne immédiatement pour essayer de le surprendre mais non, aucune trace de Nai. « T’es où ? Pour que j’évite cet endroit. » Plaisantais-je. « Mieux. Et toi ? [/b][/color]» Je continue ma marche, tout en ayant le téléphone coller à mon oreille. Je m’arrête brusquement en entendant le cri de Nai. « Nai ?! Nai ! Réponds moi ! » Rien. L’appel a été coupé. Une horde d’émotion s’empare de moi. Je stresse. Je me remémore de l’endroit qu’il a évoqué plus tôt et me mets à courir comme un fou. C’est encore raté pour reposer mon cœur. Arrivé à l’endroit indiqué, je n’allais pas le retrouver puisque c’était là où il était au moment où je lui ai demandé, il a bougé depuis. Je transpire légèrement et regarde les alentours. Je trottine tout le long de la rue, jusqu’à entendre des murmures. J’entends le mot accident. Mon cœur se serre. Je me précipite sur la dame pour lui demander où se trouve la voiture. La vieille femme, apeurée, met, selon moi, trop de temps à me répondre. Mais je ne prends pas la peine de m’attarder sur elle. Dès que j’ai eu la localisation, je sprinte jusqu’à l’endroit. Les secours sont là ainsi qu’une foule de curieux. Bordel… Je bouscule sans la moindre gêne les gens pour me frayer un chemin jusqu’à la voiture. Je pousse, je gueule jusqu’à arriver devant. La voiture est dans un sale état mais je cherche des yeux Nai. Mon cœur s’apaise en entendant que seul le conducteur a été blessé. Mais une vague d’inquiétude m’envahit de nouveau. Putain mais où est Nai ?!

TENUE ═ Je ne pus m’empêcher de rire en écoutant parler Gareki. « Je ne suis pas derrière toi, arrête de psychoter idiot ! » Celui-là alors, même si ses paroles semblent méchantes je n’arrive pas à les voir comme telle, je trouve que ça le rend adorable au contraire. « Alors je ne devrais pas te le dire, ça serait dommage de ne pas te voir. » Je tire la langue, même s’il ne peut pas le voir, je le taquine. Répondant finalement à sa question vaguement sur mon emplacement, les choses se passèrent bien trop vite, mon portable avait rencontré le sol mettant fin à l’appel subitement alors que j’avais poussé comme dernier son un cri de surprise qui n’était en rien rassurant. La voiture qui avait apparemment perdu le contrôle était monté sur le trottoir, me frôlant avant de s’écraser quelques mètres plus loin contre un lampadaire qui se tordis sous l’impact. C’était impressionnant, j’avoue en avoir le cœur qui bat super vite encore pris sous l’émotion. Heureusement seul mon bras a été touché, si je n’avais pas eu de bons réflexe j’aurais été entièrement fauché par l’automobile.

Mes courses éparpillées au sol, je me suis relevé pour jeter un œil vers le blessé, ramassant seulement mon portable en me tenant le bras, mon pull est déchiré à l'endroit de la blessure, je saigne, mais ça ne semble pas grave. Je n’ai pas de suite pensé à ce que Gareki a pensé de cette coupure téléphonique soudaine, en réalité je n’ai pas imaginé une seconde qu’il pourrait être inquiet au point de me chercher. Rallumant pour téléphone, l’écran est fissuré, je vais devoir le changer ou le faire réparer. Tentant de le rappeler pour lui expliquer la situation, a la première sonnerie j’entends un portable sonner pas loin de moi, je ne fais pas le rapprochement de suite, jusqu’à ce que mon regard se pose sur le brun au milieu de la foule. Attendant qu’il réponde sans savoir s’il m’a vu de l’autre côté de la voiture accidenté, sur le trottoir. « Je croyais que tu voulais éviter l’endroit où je me trouve ? » Je souris de manière incontrôlable, j’ignore pourquoi je suis content de le voir ici, comprenant qu’il s’est inquiété pour moi, j’en ai le cœur qui bat plus vite, est-ce encore l’accident ou autre chose de plus profond et insoupçonnable ? Je l’ignore.

TENUE ═Je n’ai jamais été le genre de gars à parler au téléphone avec les autres. Disons aussi que je n’avais pas réellement des amis avec qui faire de conversations. Même si je fais le mec agacé, je dois avouer que c’est assez marrant de se parler ainsi. Je me retourne et inspecte les environs pour vérifier si Nai est réellement derrière moi. « Tu n’imagines même pas comment tes apparitions fantômes m’ont traumatisé.  » finis-je par avouer, riant par la même occasion de mon comportement. Je continue à marcher avec un sourire accroché à mes lèvres. Il me parle de son emplacement, enfin, surtout des boutiques autour de lui, mais honnêtement, je ne pensais pas que cela m’allait être très utile alors je n’accorde pas trop d’importance à son emplacement. Mais la conversation se coupe d’une manière inquiétante. J’entends Nai crier puis plus rien. Les battements de mon cœur s’accélèrent en imaginant le pire. J’ignore pourquoi je tiens à le rejoindre, d’ailleurs, je ne sais même pas où il est mais je cours. Je cours sans retenu jusqu’à que la nouvelle d’un accident arrive à mes oreilles. Je stresse et j’ai peur. Je me rue sur les témoins, à la recherche d’indices. Je faillis insulter la dame si je n’étais pas aussi pressé.

Une mini foule est déjà bien présente sur le lieu de l’accident. Mais je m’en fou, je fonce dans le tas et bouscule tous ceux qui sont devant moi. Faut croire qu’ils ont commencé à avoir peur de moi quand ils ont remarqué que je m’en foutais royalement de marcher sur leurs pieds puisque je réussi sans problème à me hisser jusqu’aux premières loges. Nai n’est pas impliqué dans cet incident et je me sens déjà un peu mieux, même si l’inquiétude persiste. J’ai fait tout ça pour rien, mais je préfère ça que de le voir dans une voiture d’ambulance. Cependant, je suis quand même un peu déçu de ne pas l’avoir retrouvé. Mon téléphone sonne, je comptais l’ignorer mais en voyant le nom s’afficher sur l’écran, je décroche immédiatement. « T’es où ?  » lui criais-je à travers l’appareil alors qu’il était en train de me parler. J’ai eu tellement peur. Je fronce les sourcils en me concentrant sur ce qu’il venait de me dire. Je lève les yeux et commence à parcourir les environs. Si j’ai bien compris ce qu’il voulait dire, cela signifiait qu’il était dans le coin. Mes yeux finissent par se croiser avec ceux de Nai. Je suis tellement rassuré. Gardant mon air sérieux, je marche en ligne droite jusqu’à Nai. Des policiers ont voulu me repousser mais ils se sont arrêtés en plein milieu, me laissant champ libre. «  Qu’est ce qu’il t’a pris ? T’as cru que c’était drôle ?  » Parce que je ne trouve pas ça du tout marrant. Je remarque la blessure de Nai et mon expression change complètement. Je m’accroupis pour être à sa hauteur. « T’es blessé ?!  » Je me relève d’un coup et me tourne la tête vers les ambulanciers. « Faites votre boulot merde ! Pourquoi personne s’occupe de lui ?  » Nai saigne et personne est en train de le soigner. Ça m’agace.

TENUE ═ Mes apparitions fantômes ? C’est comme ça qu’il les voyait ? Je ne peux pas m’empêcher de rire devant cet aveu, il est certain que j’ai souvent eu l’occasion de me retrouver devant lui sans qu’il ne s’y attende, donc je fois bien avouer qu’il n’a pas tort, ça y ressemble fortement. Sauf que là ce n’est pas le cas, je ne suis pas derrière lui ! Sinon en toute honnêtement je n’aurais pas téléphoné, je lui aurais directement rentré dedans pour lui parler, content de le voir à quelques pas de moi. Le temps de rire puis tout s’arrête suite à l’accident. Je n’ai rien vu venir et j’avoue que Gareki de son côté n’a surement rien compris non plus. Je me suis retrouvé sur le chemin de cette voiture, certes je n’ai été que légèrement blessé au bras, mais mon portable fracassé au sol et mes courses elles, n’y ont pas survécu. Mon cœur bat vite encore sous le choc de cette situation inattendu, mais par chance je ne suis pas du genre à m’effondrer simplement sous la peur, non, je suis surtout soulagé que le conducteur soit vivant après avoir percuté le lampadaire tordu par la force et la vitesse de l’automobile.

Plusieurs minutes plus tard alors que les secours sont sur place, je finis par reprendre mon portable et appeler Gareki pour le rassurer, sauf qu’il se trouve sur place. Surpris, je le fixe du regard en lui rappelant ce qu’il m’a dit plus tôt, je ne sais pas pourquoi je ressens ce sentiment en le voyant inquiet pour moi, mais ça me fait bêtement sourire. Il m’agresse à peine répondu, mais il comprend que je ne suis pas loin, cherchant autour de lui jusqu’à me trouver, le laissant s’approcher, se fichant complètement des gens, celui-là alors... Il ne change pas. « Drôle ? » Je ne comprends pas de suite pourquoi il dit ça, l’interrogeant du regard. « Ce n’est rien. » Dis-je en regardant mon bras. « Gareki ! » Il n’a pas à appeler les secours pour moi... « Je vais bien, c’est qu’une égratignure, la voiture m’a à peine effleuré. » Bon je saigne, ça pique un peu et mon pull est foutu, mais je ne vais pas mourir, le conducteur a plus besoin d’aide que moi. « Tu étais inquiet ? » Je souris, demandant ça avec mon petit ton taquin. Le voyant déjà nier en bloque.

TENUE ═ Le cri de Nai, l’appel coupé, l’accident de voiture, l’ambulance, le bruit de fond des murmures des passants…Tout ça me porte à croire que Nai est dans une sale situation et je n’arrive pas à ne pas imaginer le pire. Je traverse la foule en espérant de ne pas voir Nai de l’autre côté. Je soupire de soulagement en voyant que cet abruti n’est pas la victime de l’accident. Je me sens con d’avoir imaginé le pire mais je suis maintenant rassuré. Mais je ne reste pas calme bien longtemps car je n’ai toujours pas la moindre idée de sa localisation actuelle. Mon téléphone sonne comme par magie. Je ne réfléchis pas et décroche immédiatement en voyant son nom affiché sur l’écran. Après toutes ces émotions dont j’ai été victime, il trouve quand même l’occasion de plaisanter en reprenant mes mots. Il ne m’aura fallu qu’une seconde pour comprendre la vraie signification de ses mots. Il veut dire que je suis près de lui. Je cherche aux alentours et le vois de l’autre côté de la voiture. Ça le fait rire en plus ! Je suis énervé, cet abruti m’a fait peur et ça l’amuse ?! Je me dépeche de le rejoindre. J’ai parcouru je ne sais combien des centaines de mètres en je ne sais combien de temps pour lui alors qu’il était simplement assis par terre ?! Je m’emporte et commence à l’engueuler jusqu’à ce que je remarque sa blessure. Inquiet, je me penche pour voir l’état de son bras. Ça saigne et son pull est déchiré. C’est con, je suis le premier à savoir que personne ne va mourir pour ce genre de blessures - puisque tout le monde pisse le sang à la fin d’un match de hockey, mais cette vue me glace le sang. Ma colère change de cible et je crie pour que les secours viennent s’occuper de Nai. Je me retourne vivement vers lui. « Quoi ?! La voiture t’a touché ?! Je vais porter plainte contre le conducteur ! » M’en fou s’il est déjà dans un sale état. Qu’est ce qui lui a pris de blesser mon ami ! Inquiet ? J’ouvre la bouche mais aucun mot ne sort, totalement ahuri par sa question. D’où j’étais inquiet ?! Il est con, ce n’est pas son bras qui a été touché mais son cerveau. « Pas du tout ! » Je passe ma main dans mes cheveux avant de soupirer. Je me remets à sa hauteur. « Tu vas vraiment bien ? » Ma voix est plus posée, disons qu’il s’agit de la première question qui vient directement du cœur.

TENUE ═ Il n’a pas fallu longtemps à Gareki pour me voir de l’autre côté de l’agitation, un peu isolé sur le trottoir, il me gueule dessus et comme d’habitude ça me fait rire. Il semble plus inquiet que je n’aurais pu le croire, en réalité je sais très bien qu’il l’est même sans le dire de vive voix tout comme lorsque nous étions sur l’ile, ce sont ses actes qui parlent pour lui-même. Rien qu’à voir comment il est remonté contre le conducteur parce qu’il m’a touché, je garde le sourire, hochant la tête en ne le quittant pas des yeux. « Idiot. » C’est la seule chose qui me vient à cet instant. « Pourquoi ce serait toi qui porterais plainte à ma place hum ? » Je le taquine, mais on dirait réellement qu’il est impliqué dans l’histoire, alors que c’est moi qu’on a blessé. « Hum, je me disais aussi. » Il ne l’avouerait pas, même sous la torture, c’est pourquoi ça reste un idiot. Le suivant du regard quand il se retrouve à ma hauteur, j’affirme d’un geste de la tête. « Je vais bien. Tu me connais non ? » Ce n’est pas une égratignure qui aura raison de ma bonne humeur. « Je peux soigner ça sans problème. » Dis-je en montrant la plaie. « Par contre mon repas risque d’être léger ce soir. » Visant mes courses au sol. Je commanderai quelque chose à manger au pire, mais pour l’instant je me relève en jetant un œil vers l’accidenté. « Au moins il a survécu, c’est rassurant. » L’impact était violent, on peut dire que c’est un miracle. « Tu étais occupé non ? Je vais bien, si tu veux rentrer. » Je n’ai pas l’intention de le forcer à rester avec moi, de plus je compte rentrer chez moi, endroit où je n’ai jamais mené Gareki.

TENUE ═ Idiot ? Ce n’est pas moi l’idiot mais le conducteur qui ne sait pas conduire. D’ailleurs, je remarque l’état de la voiture ainsi que le lampadaire plié. Ça me donne des frissons rien qu’à l’idée d’imaginer Nai être pris dans un tel accident. Comment peut il garder ce sourire alors qu’il a failli se faire tuer ? Mais bon, si n’est pas du genre à se plaindre, je le ferai à sa place. Pourquoi ? Mon attention revient vers le blessé. « Je suis ton responsable. » J’ai sauvé sa vie et j’ai naturellement un petit droit sur lui. Ok, mon excuse pue parce que je refuse de lui avouer que je le considère comme un précieux ami, tout comme je refuse de lui dire que je m’inquiétais pour lui. Je nie cette vérité de tout mon être. Nai me frustre à pointer là où ça fait « mal ». J’ai l’impression qu’il lit en moi comme dans un livre ouvert. Néanmoins, je préfère tout de même m’assurer qu’il ne souffre pas. « C’est bien parce que je te connais que je te le demande. Tu as tendance à en faire trop.   » J’espère qu’il n’a pas oublié ce que je lui ai dit la dernière fois. Je suis là et il suffit qu’il demande pour que je l’aide. Je regarde la blessure. J’ai vu pire en fin de match de hockey mais bizarrement, je n’arrive pas à supporter cette vue sanglante. Je jette un coup d’œil aux courses écrasées de Nai. Dire que ça aurait pu être lui à la place de ses courses… Cette pensée suffit à raviver la colère contre le conducteur. Je claque la langue contre mon palais tout en jetant un sale regard lorsqu’il évoque le fautif. Le vrai miracle ici, c’est que Nai ne soit pas plus blessé que ça car j’aurai fait regretter à ce conducteur d’avoir survécu. Me relevant à mon tour, je mets mes mains dans les poches de ma veste. Je prends un air désinvolte. « J’ai faim aussi. On a qu’à rentrer chez toi pour que tu te soignes et on commande à manger en attendant.   » Comme ça, je vérifierai de mes propres yeux qu’il va se soigner. « C’est la moindre des choses, j’ai couru plus de vingt rues pour te retrouver.   » avouant sans le remarquer l’état de stress que j’ai eu après l’appel coupé.

TENUE ═ « Mon responsable ? » Il m’amuse définitivement avec sa façon de s’exprimer. Même blessé et mal en point je suis certain qu’il arriverait à me faire sourire, tout comme il fait à cet instant. Certes ce n’est pas difficile pour moi de paraître amusé ou détendu malgré la situation, mais Gareki a le don de me faire « oublier » les sentiments qui avec les autres ne font qu’être dissimulé. Je n’oublie pas Moe, mais disons que je suis plus honnête avec le brun qu’avec les autres, je devrais surement le remercier de réussir un tel exploit malgré qu’il n’en ait surement pas conscience. « Empêche-moi d’en faire trop alors. » Je le taquine, déjà entrain de me relever, je vais bien et je ne compte pas enquiquiner les secours pour qu’il me soigne, ça saigne, mais ce n'est pas comme si j’allais perdre mon bras si je n’avais pas les premiers soins immédiats. Maintenant j’ai plus qu’à rentrer et me commander à manger, vu que ce qui se trouve au sol est loin d’être récupérable. « Tu aurais pu dire que tu allais me soigner. » Plaisantais-je en ricanant doucement, il a dit que je pouvais compter sur lui non ? Enfin pour le coup j’avoue hésiter un instant à le ramener chez moi, je n’ai plus invité personne depuis la mort de Moe, il y a encore des décorations qu’on avait faites ensemble et des photos d’elle, je suppose que je devrais tout enlever à un moment donné, j’en ai juste pas la force, j’aurais l’impression de lui donner le sentiment de réellement l’oublier et de passer à autre chose. « Avoue que tu veux voir où habite ton stalkeur ? » Je souris avant qu’il ne me donne l’information attestant qu’il s’est réellement inquiété pour moi. « Je t’avais pourtant dit d’y aller doucement. » Avec son cœur. « Viens me dire que je me fais de fausse idée après. » tapotant son épaule avec mon bras sauf. Je suis content, malgré tout, même si j’ai été surpris par cet accident j’ai l’impression qu’il n’est pas arrivé pour rien lorsque je nous vois ou l’écoute, plus honnête surement qu’il le voudrait. « Allons-y, faudrait s’arrêter à une pharmacie, je n’ai rien pour me soigner chez moi. » Enfin, en dehors des aspirines et cachets en vente libre, je n'ai aucun bandage ou désinfectant pour les plaies. « ça me rappelle cette fois-là où tu as été blessé a l’épaule. » J’ai l’impression que ça date, alors que ça ne remonte qu’à quelques mois.

TENUE ═ « Oué ton responsable. » Et puis, vue sa tête de gamin, je dois être plus âgé que lui. J’ai donc tous les critères requis pour être son responsable. N’empêche, je n’aurai jamais cru que j’aurai été capable de dire une telle chose. Je m’étonne moi-même. D’ailleurs, c’est aussi très stupide de ma part mais quitte à être ridicule, autant l’être fièrement et assumer la « bêtise ». Je suis prêt à immobiliser tout le personnel médical présent pour vérifier l’état de Nai. Mais ce dernier m’empêche d’appeler les secours en m’affirmant qu’il n’a rien. Pff, il dit ça mais il a tellement pris l’habitude de se forcer que je ne crois pas trop à ce qu’il dit. « C’est ce que je fais. » Je m’apprête à gueuler une autre fois mais me retiens en le voyant déjà debout. Je suis assez perplexe. Il compte rentrer chez lui et se soigner dans son coin puisqu’il me chasse. Il est hors de question que je le quitte sans savoir s’il va réellement bien ou pas. Qui sait, peut être qu’il va s’écrouler à la seconde où je me retourne ? En tout cas, j’invente une excuse pour le forcer à me laisser l’accompagner. « Très bien, je vais te soigner. » J’ai pris sa remarque comme un défi et le relève sans réfléchir. Je ne suis pas un professionnel mais si je m’en sors pas si mal que ça. Après tout, je ne pouvais compter que sur moi-même après les violents matchs de hockey. Maintenant que j’ai accepté, il ne peut pas me laisser. Je hausse nonchalamment les épaules. « Aussi. » Comme ça, ce fera une pierre deux coups. Et l’empêcher de refuser, je lui avoue, dans le feu de l’action, mon inquiétude de tout à l’heure. Remarquant ma connerie, je frotte ma main sur mes cheveux, me décoiffant légèrement. Je me suis trahi bêtement et je me maudis pour ça. Il me taquine et je garde le silence, rageant contre ma stupidité. Heureusement, Nai est d’accord de me laisser l’accompagner. « Ok. » Il doit bien avoir une pharmacie quelque part dans le coin. Il me parle de ma blessure à l’épaule, où il a du me soigner dans un vieil endroit. Comment oublié ?! « Ah oui. Je n’ai jamais été dans un endroit aussi pourri de ma vie. Juste parce que monsieur n’a pas voulu me montrer où il habite. » A moins que ce ne soit le contraire, mais je préfère voir ce dont j’ai envie de croire. « La chance a tourné. » Cette fois ci, c’est lui qui est blessé.

TENUE ═ J’ai quelqu’un qui se sent responsable de moi, je ne sais pas si c’est une bonne chose ou non, mais je trouve ça amusant donc je l’accepte simplement. Je sais parfaitement que je semble toujours en faire trop, surtout quand ça me concerne, il est difficile de savoir quand je suis sérieux ou non, si je force ou non, est-ce que j’ai mal ou non ? Est-ce que mon sourire est honnête ou forcé, c’est le genre de choses que j’ai apprises à dissimuler aux regards de tous, une façon pour moi de pouvoir vivre en gardant cette joie et cette bonne humeur qui plaisait à mon entourage. Je ne mens pas, je vais bien. De toute façon j’ai l’impression que Gareki serait capable de savoir si c’est la vérité ou non, il m’a demandé de compter sur lui, de ne pas être seul et m’a sauvé la vie, alors j’accepte de m’appuyer sur lui plus que sur quiconque, même si ce n’est pas encore facile de le faire naturellement, habitué à me débrouiller seul. Il doit m’empêcher d’en faire trop, comme je le fais avec lui, si c’est vraiment ce qu’il souhaite. « Vraiment ? » Je disais ça pour plaisanter mais il compte vraiment me soigner ? Je le regardais avec ce sourire sur mes lèvres qui ne disparaît pas. « D’accord. » Je vais lui confier cette tâche vu qu’il doute que je puisse m’en occuper sans lui. Seulement ça veut aussi dire que je dois le ramener chez moi et l’autoriser à mettre les pieds dans mon intimité. Je prends le risque, de toute façon qu’est-ce que j’ai à perdre, il m’a montré où il vivait, c’est à mon tour maintenant. Cependant, je n’ai rien pour me soigner chez moi, on devrait s’arrêter à la pharmacie du coin. Me remémorant un de nos nombreux souvenirs. « C’était plutôt toi qui ne voulais pas que je te raccompagne chez toi, tss. » Il change les choses comme ça l’arrange, mais ça ne m’étonne pas. Tenant mon bras, le sang coule encore, ce n'est pas une plaie grave, mais ça m’a quand même bien ouvert. « Pour toi c’est donc une chance que je sois blessé ? » Le regardant, prenant un faux air vexé. « J’ai déjà payé pour ça idiot. » Sur l’île j’ai failli y rester quand même. « Jamais deux sans trois, tu crois qu’il m’arrivera quoi la prochaine fois ? » Même si j’ai été blessé plus que nécessaire en peu de temps. « Je pourrais vraiment mourir qui sait. » Plaisantais-je sans le regarder, marchant sur le trottoir à la recherche de la pharmacie.

TENUE ═ Finalement, je suis prêt à accepter n’importe quoi pour être sur qu’il va se soigner et ne pas se négliger. Nai doit être le premier surpris par mon non refus. Il a appris à me connaitre mais je suis sûr qu’il n’avait pas prévu cette réaction. Je suis fier de mon coup, en plus de l’avoir rendu si joyeux. Je tente de dissimuler un sourire victorieux mais c’est un pur échec, surtout si c’est quelqu’un qui me connait aussi bien que Nai qui est en face de moi. En tout cas, il n’a plus aucun droit de me rejeter et heureusement, il ne le fait pas. Mais avant d’aller chez lui, il faut faire un passage à la pharmacie. En parlant de pharmacie, il évoque la fois où on a du y faire un passage rapide à cause de mon bras blessé. Je ne me rappelle plus trop de la raison pour laquelle je m’étais blessé. Tout ce dont je me souviens, c’est d’être allé dans un piteux établissement. Et comme ce n’est jamais de ma faute, je mets ça sur le compte de l’actuel blessé. Révolté par ce qu’il venait de dire, je dramatise la situation en le regardant, faussement, de travers « Je crois réellement que ton cerveau a été touché pendant l’accident. » Il doit avoir un traumatisme crânien ou un truc dans le genre. Je poke son front, comme si j’allais pouvoir le savoir en le tâtant ainsi. Je claque de la langue en le voyant mal interprété mes propos. Il fait ça pour rire, mais quand même. « C’est une chance que je ne sois pas blessé patate. » Egoïste jusqu’au bout, égoïste mais jamais totalement méchant. Je soupire discrètement. Dire qu’il a failli mourir à cause de ma stupide idée. Même si je ne montre rien, j’ai été profondément affecté par ça. Il est sérieux quand il croit qu’un autre malheur s’abattra sur lui ? Je le fixe deux secondes. « A t’entendre parler, on pourrait croire que tu veux mourir. » dis-je d’un ton neutre avant de regarder le chemin devant nous. N’a-t-il pas un but dans sa vie ? Il prend la vie et la mort à la légère. Certes tous les vivants finissent par mourir mais quel est l’intérêt de penser à la fin alors qu’on vient à peine de commencer ? Je suis terrifié à l’idée de mourir et Nai en parle comme si de rien n’était. Pendant les mois où j’attendais d’avoir ma greffe, j’étais en panique totale. Il n’y avait personne à mes côtés et j’étais prêt à tout pour vivre ne serait-ce qu’un mois de plus. Je mets les mains dans la poche de ma veste. « Tu déteste autant ta vie que ça ? » C’est parfois l’impression que je ressens en le voyant, malgré tous ses sourires accrochés sur son visage. Mon visage se tourne vers Nai, attendant une réponse de sa part.

TENUE ═ Je n’ai aucune envie de voir cet accident comme un malheur, certes j’ai été blessé, mais je vais bien. Je saigne et surement que mon bras va me piquer quelque temps, mais ce n'est rien d’extrême, il n’y a pas de mort, seulement de l’agitation et malgré tout ça je suis heureux. L’inquiétude de Gareki devrait me laisser de marbre ou ne pas créer d’émotion de ce genre, pourtant ça me fait plaisir de voir qu’il a fait tout ce chemin en courant parce qu’il a eu peur pour moi. L’épisode de la pharmacie me replonge quelques mois auparavant, quand les rôles étaient inversés, sauf que mon ami semble vouloir se rappeler de ce qui l’arrange, pour changer. « Quelle malchance. » Me moquais-je sens pour autant chercher à lui donner tort, de toute manière Gareki restera ancrée sur ses positions et n’avouera pas la vérité, je le connais assez maintenant. En fait je crois que je l’ai cerné depuis le début. Il parle de chance et je m’amuse à interpréter ses paroles comme j’ai envie. « Patate ? » Il est comique quand il veut. «égoïste. » Ricanais-je, en même temps il n’y avait aucune raison pour qu’il soit blessé. Je le savais déjà de toute manière c’est pour ça que je ne vois rien de méchant dans ses pensées, contrairement aux autres qui ne se priveraient pas de le juger. Je ne mesure surement pas mes mots, en même temps pourquoi devrais-je craindre la mort ? Elle m’a déjà pris la personne avec qui je comptais vivre, c’est comme m’inciter à avancer seul. « Qui veut mourir ? » Dis-je simplement à ses mots haussant les épaules, cet air désinvolte est incontrôlable. Je m’arrête de marcher quand il me questionne de nouveau, le regardant en tenant toujours mon bras, couvert de sang. « Si je la déteste, qu’est-ce que ça changerait ? » Mon sourire s’est effacé l’espace d’une seconde avant de revenir comme si je venais simplement de faire une mauvaise blague. « Tu devrais profiter, c’est toi qui as eu une seconde chance. » Lançais-je en rentrant dans la pharmacie, en voyant le sang des gens s’affolent en s’approchant de moi, je les rassure en disant que ce n’est rien, demandant simplement de quoi soigner la plaie, une fois nettoyé ce sera beaucoup moins impressionnant. « Y a mon porte-monnaie dans ma poche. » Il peut le prendre pour payer, je vais le salir si je le prends moi. On sera chez moi d’ici quelques minutes, ça va aller.

TENUE ═ Qui veut mourir ? « Toi bien sur. » Je n’ai pas eu un nouveau cœur pour vouloir mourir. Il est si imprudent. Il considère sa vie comme si elle n’était pas importante, comme si la mort ne lui fait pas peur. Je suis même pratiquement sur qu’il pourrait l’accueillir à bras ouvert si l’occasion se présentait. Il a surement appris à me connaitre et c’est la même chose pour moi. J’ai réussi à cerner quelques points secrets de sa personnalité. Il fait genre que rien ne l’atteint mais il cache quelque chose. Je ne l’avais pas remarqué à notre première rencontre car je m’en foutais mais cette impression se renforce avec le temps que je passe avec Nai. Son expression a changé pendant une petite période mais je l’ai remarqué. Même s’il ne l’a pas affirmé, je prends sa réponse comme une affirmation. Il m’a parlé de la mort de sa fiancée. Serait ce à cause de ça ? A cause d’une fille ? Je soupire. « Rien. » S’il ne veut pas être honnête avec moi, je ne vais pas le forcer. Pas encore en tout cas. « Justement, je suis très bien placé pour dire que cette deuxième chance n’arrive pas à tout le monde. » C’est lui qui devrait profiter. J’entre en deuxième dans la pharmacie et toise du regard les autres. Quoi, ils ont jamais vu un mec avec le bras en sang ? Je suis de près Nai et le laisse réclamer ce qu’il veut. Je soupire en entendant sa demande. Il est chiant mais je glisse la main dans sa poche de pantalon pour aller récupérer son porte monnaie. J’attrape l’objet et le retire de sa poche. Je sors l’argent et le tend à la caisse. Sans le vouloir, je récupère spontanément par la même occasion le sac. « Allez go. » Je garde le porte monnaie dans ma poche pour éviter de lui remettre la main dans sa poche.

TENUE ═ Je ne souhaite pas mourir, je vis simplement sans avoir peur que ça arrive, c’est différent je suppose . Pour l’instant je n’ai rien à quoi me rattacher à part la douleur, bien entendu ça va mieux et ce serait mentir que de dire que Gareki n’y ait pour rien. Je m’amuse et chacune de nos rencontres a son lot de surprise, j’adore ça. Il est vrai que je lis à travers lui, mais finalement ne le fait-il pas aussi pouvoir que je cache des choses ou réaliser certaine facette de mon comportement ou de mes pensées sans que je ne les lui dise ? Lui aussi commence à me cerner, il met plus de temps, mais ça arrive. « Je n’ai pas besoin de seconde chance, je suis vivant et je ne suis pas suicidaire. » Je le rassure en riant, arrivant devant la pharmacie, pour payer mon argent se trouve dans ma poche, seulement je suis plein de sang donc je demande tout simplement à Gareki de le prendre, ce qu’il fait et prends le sac avec les bandages et le reste. « Tu comptes m’arnaquer mon portefeuille ? » Je plaisante, le taquinant surtout avec mon éternel sourire. « Je n’habite pas très loin d’ici. » Au cas où il se poserait la question. Prenant une rue calme, on arrive au bout de quelques minutes devant des résidences, ma maison est un peu plus loin, isolée des autres, préférant avoir mon intimité. Devant le portail je sors les clefs, ne voulant pas obligé Gareki à refouiller dans mes vêtements, j’attends qu’il entre pour refermer, il y a un petit jardin à l’avant et un peu plus grand sur les côtés, une terrasse extérieure aussi, mais ça n’a pas d’importance, ouvrant la porte d’entrée, tout est sombre, appuyant sur l’interrupteur je laisse une trace de sang dessus, faudra que j’essuie plus tard. Le guidant dans le salon, je n’ai pas refait la déco, tout est encore neuf de toute façon, les photos sur la cheminée et un peu partout son visible aux yeux du brun, la télé est couverte par un drap, je ne la regarde pas souvent donc je la protège de la poussière et de la température. Le canapé est assez grand pour trois personnes. C’est assez sobre, une de mes couettes se trouve au sol contre le mur, j’aime me poser là, on pourrait croire que j’ai un chien, mais non. Allant dans la cuisine, j’allume la lumière. « Tu veux boire quelque chose ? » Ce n’est pas comme si fallait s’occuper de ma blessure en premier, non bien sûr.

TENUE ═ Il n’est pas suicidaire. C’est déjà ça de gagné. En tout cas, je ne le vois plus comme un idiot heureux. Idiot peut être mais heureux, j’en suis plus très sur. Il cache quelque chose malgré ses sourires niais accroché h24 sur ses lèvres. Je ne devrais pas me prendre autant la tête avec ça mais c’est plus fort que moi. Ça me perturbe et ne pas savoir me démange. Mais je sais comment il est, il ne me dira rien à moins d’être au pied du mur. Et encore. Ce gars est têtu. Il faut que je sois derrière lui pour qu’il prenne soin de lui. A la pharmacie, je le laisse réclamer ce dont il a besoin mais ne voulant pas tacher son pantalon, je m’occupe de récupérer le porte feuille. Je sors les billets et les donne au pharmacien en échange de son sac de soin. « Ton argent ne suffirait même pas pour la toilette de mon chien. » Je n’ai pas de chien, mais façon de parler hein. J’affiche un sourire arrogant afin de le taquiner à mon tour. « Tant mieux. » En fait ça ne m’a même pas traverser l’esprit de savoir si c’était loin ou pas. J’étais prêt à marcher sans savoir jusqu’à quand juste pour être sur qu’il se soigne. Quelques minutes après, on arrive devant des maisons. Je ne suis pas très paysage alors je ne regarde pas les alentours, me contentant de suivre Nai. Le seul détail que je remarque est que sa maison est un peu plus loin des autres. Il ouvre le portail et j’entre. J’admets que je ne suis pas une personne qui aime la décoration mais la résidence de Nai me parait étrangement vide. Elle reflète bien le contraste entre ce qu’il veut montrer et ce qu’il ressent vraiment. Je garde mon silence et le suit jusqu’à la cuisine. Je lève le sac en l’air. « Tu as pas oublié un truc ? » Je soupire. « Je ne suis pas la pour visiter ton chez toi. » Même s’il n’y a rien à voir puisque tout est assez monotone. Encore pire que chez moi. « Assis toi. » Je vous l’avais dit, faut tout que je fasse moi-même. Je suis prêt à le foudroyer du regard s’il compte répliquer. Je m’approche de lui et sors les produits du sac. « Ton bras.  »

TENUE ═ Gareki semble clairement m’avoir cerné, même s’il ne le dit pas ou si je ne laisse rien paraître, j’ai la sensation qu’il est de plus en plus capable de comprendre comment je fonctionne, autant que je le comprends de mon côté. C’est vrai que c’est étrange, mais je ne compte pas baisser ma garde pour autant et lui détailler mes faiblesses. Dans la pharmacie je lui laisse sortir le portefeuille avec mon argent pour payé tout ce qu’il me faut pour soigner mon bras, le voyant gardé mon bien je ne peux que le taquiner dessus. « Depuis quand t’as un chien ? » Je vous jure celui-là. « Quel sale type arrogant. » Lâchant un rire, je le taquine aussi. On arrive très vite chez moi, c’est rare que je ramène quelqu’un, en réalité c’est même la première fois en dehors de mes parents, ceux de Moe ne sont plus venu depuis sa mort, surement que c’est encore dur pour eux de réaliser qu’elle n’est plus là. Allumant la lumière je le laisse faire ce qu’il veut avant de lui proposer à boire, sauf qu’il n’est pas là pour ça de base et qu’il me le rappelle, j’ai encore le sang qui coule sur mon bras et ma main entièrement recouverte, si la blessure n’est pas grave, elle saigne beaucoup et c’est surement ce qui va m’affaiblir si on ne la soigne pas rapidement. « Quel sérieux. » Je le rejoins et m’installe sur une chaise pour le laisser jouer au docteur. « Tu comptes le faire sans que je retire mon pull ? » Non parce que ça risque d’être difficile... Je me moque de lui un peu, avant de l’enlever doucement réclamant son aide et le poser sur la table, pouvant mieux voir la plaie ouverte. « T’es bien pressé pour me soigner, il n'y a pas si longtemps tu t’en serais foutu que je saigne ou perde un bras. » Je l’embête encore, mais ça met un peu d’ambiance, je préfère parler de nous que l’entendre poser des questions quelconque sur les lieux ou autres.

TENUE ═ Pour éviter de devoir remettre ma main dans sa poche, je garde son porte feuille. Mais Nai ne me lâche pas avec ça et en profite pour me taquiner. Je remonte le nez et grimace quand il me questionne sur mon chien. Je sais parfaitement qu’il sait que je n’ai pas de chien. Pourtant, il me questionne sur ça. Quel gamin ! Sa remarque me donne encore plus envie de me montrer arrogant. Il n’y a pas de mal à montrer que je suis riche. C’est une vérité qu’on ne peut changer. On continue de marcher jusqu’à arriver dans le quartier de Nai. Il avait raison, ce n’est pas très loin mais je ne me situe pas géographiquement. Je me suis contenté de le suivre sans trop regarder. Après tout, je ne compte pas revenir une autre fois. Si je vais chez lui, c’est pour l’obliger à se soigner. Parce que ce crétin est du genre à laisser sa blessure telle quelle et à ne pas voir la gravité de sa plaie. Ses actions attestent mes pensées puisque la première chose qu’il fait en rentrant chez lui est de demander si j’ai soif. Je soupire devant cette négligence. Il n’est peut être pas suicidaire mais il a l’air de se foutre de sa vie. Je l’ordonne de s’asseoir et de me passer le bras. Je claque de la langue. « C’est parce que monsieur ne se donne pas la peine de se soigner que je le fais à ta place.  » Et il ose me critiquer. Je vais finir par laisser se débrouiller s’il continue ! Quoi que, non. Si je le laisse il va rien y faire. Putain c’est chiant. Il enlève doucement son pull et je viens l’aider à lui retirer la manche. Je prends le désinfectant. « Tu veux que ça redevienne le cas ? Parce que tu continues à me chercher, c’est moi qui vais te casser le bras. Tais toi et laisse moi faire. » Menace en l’air. Malheureusement. De toute façon, je crois que je perds toute crédibilité avec lui. C’est chiant. Je lui nettoie la plaie puis prends les bandages. Je jette un coup d’œil aux environs et rompt le silence. « Mais tu habites vraiment ici ?  » lui demandai-je tout en commençant à mettre le bandage. Cet endroit n’est pas très vivant. Mais d’un côté, ça n’a pas l’air de vraiment m’étonner puisque c’est bien ce dont je pressentais.

TENUE ═ Je sais qu’il n’a pas de chien, mais il est le premier à l’avoir évoqué donc si je le cherche dessus en le questionnant sur l’animal c’est bien dans l’intention de l’embêter, tout comme je le fais en soulevant son côté arrogant qui fait partie de lui, et cela depuis le début, donc je ne peux pas dire que je déteste cette partie-là chez Gareki, au contraire je pense que ça fait aussi sa personnalité et je trouve ça marrant de le voir confiant face à son argent, ce n’est pas pour cette raison qu’il a payé mes médicaments hein ! De toute façon je ne l’aurais pas laissé faire, si j’avais eu envie qu’il entretienne ma blessure je ne lui aurais pas demandé de sortir le porte-monnaie de ma poche pour payer. Arrivé chez moi j’oublie légèrement qu’il est là pour ma blessure, déjà prêt à faire autre chose comme lui servir à boire haha, mais le brun compte bien me rappeler à l’ordre et ça m’amuse, m’obligeant alors que je m’installe à lui faire une remarque sur le fait qu’il soit bien pressé pour me soigner. Je ne suis pas habitué à ça, du moins plus habitué. Même quand je joue au foot et me blesse, je ne laisse rien voir chez notre manager pour éviter d’être pris en charge, c’est assez idiot, mais je suis comme ça. « Tu en serais capable ? » Je le fixe du regard sans le détourner une seconde en attendant sa réponse. Je ne pense pas que nous soyons capables de revenir en arrière, cette relation qu’on a créée est peut-être incertaine ou étrange, mais j’ai réussi à briser sa carapace et je doute que tout le monde puisse le faire. « Oui docteur. » Me moquais-je en le laissant faire, malgré la douleur je ne grimace pas, gardant le sourire sur mes lèvres, la plaie finira par guérir, tout finit par cicatriser un jour. Certaines choses mettent simplement plus de temps. « Pourquoi, tu trouves que c’est trop grand pour moi ? » Je sais que ce n’est pas dans ce sens-là qu’il voit les choses, mais je préfère plaisanter sur la situation, si je suis vivant, ma maison est mon opposé et je suppose que ça peut aisément me trahir, alors je ne dois rien laisser paraître, comme toujours.

TENUE ═ Ça a toujours été comme ça entre lui et moi. Il me fait faussement chier et je m’énerve sans jamais être pris au sérieux. C’est un fait qui ne pourra être changé et ça donne un peu de punch dans cette relation. Je suis arrogant et lui chiant. Ça donne une drôle de combinaison mais je ne peux pas dire qu’elle ne marche pas. Quoique, nous sommes un duo qui ne cesse de se blesser. Un coup, c’était moi puis un autre, lui. Mais dans les deux cas, l’indemne finit toujours par soigner l’autre. Et même si au début je ne m’aurai jamais cru en être capable, cette fois ci, c’est bien moi qui le force à m’accompagner jusqu’à chez lui pour être sur qu’il se soigne. Et quand j’ai quelque chose en tête, il est difficile de me la faire enlever de la tête. Donc faire le coup de l’hôte poli et de me proposer une boisson, c’est raté. Je ne manque pas de lui faire la remarque et l’oblige de s’asseoir tranquillement devant moi. Sa question et son regard me laisse une seconde sans voix. Je ne réponds pas et me contente de le regarder sans bouger. Je ne peux pas dire que j’en serai capable mais il est hors de question que je dise que le contraire. C’est trop humiliant. Je détourne le regard avant de me concentrer sur soigner sa blessure. Voulant faire changer le sujet, je lui parle de sa maison et de sa piètre décoration. « J’ai plus l’impression que c’est ton cercueil que ta maison. » Je fais un dernier tour et attache le bout pour éviter que tout se démêle. Je m’appuie sur la table derrière moi. J’ignore d’où me vient cet esprit de génie – surement à cause des photos que j’aperçois au loin, mais je fais le lien entre ce qu’il m’a dit sur sa fiancé et le vide ressenti dans cette maison. « Vous viviez tous les deux avant ? » Je bascule la tête pour remettre les cheveux en place. « Avec ta fiancée. » Je préfère préciser pour éviter qu’il ne détourne la question.

TENUE ═ Il y a des choses qui ne changent pas, lui et moi avons nos caractères, notre façon de voir les choses et d’être l’un envers l’autre. Quand j’ai approché Gareki c’était parce qu’il avait eu le cœur de ma fiancée, j’avais eu vent du fait que c’était un vrai connard et j’ai simplement eu en tête de le changer sans jamais abandonner. J’aurais pu depuis le temps, mais je ne l’ai pas fait et aujourd’hui j’ai presque oublié ce genre de détail. Je n’oublie pas Moe, ni le fait qu’une partie d’elle vit en mon ami, mais à force de passer du temps avec j’ai bien compris qu’il n’était pas juste un sale con et qu’en creusant on pouvait voir quelqu’un de bien plus appréciable. Il n’est pas honnête, il cherche toujours la merde et est arrogant, seulement je ne suis pas honnête non plus et pourtant je sais lire dans les réactions et les expressions de Gareki, c’est surement parce que je l’ai observé ou parce que j’ai un don pour ça en général, mais s’il me trouve chiant ce n’est pas pour rien. J’ai vu son inquiétude tout a l’heure, il s’est lui-même trahi et sur l’île j’aurais pu mourir sans lui, alors forcément, notre relation n’a plus rien à voir avec celle du début, nous sommes véritablement amis. Sauf que sa fierté l’empêchera de l’annoncer aussi clairement. Encore une fois il m’a suivi jusque chez moi pour être certain que j’allais me soigner, je ne peux pas m’empêcher de le taquiner sur cette envie de me voir prendre soin de ma blessure. Malheureusement il fallait qu’il entame un sujet sur lequel je n’aurais pas grand-chose à dire, ma maison. Mon cercueil ? Je ris presque a cette remarque, alors que je le regarde terminer le bandage. « Tu m’as pris pour un vampire ? » J’ai bien compris ce qu’il voulait dire, mais il sait comment je suis, je détournerais toujours les choses qui m’atteignent personnellement ou pourrait montrer d’autres facettes que je ne souhaite pas laisser voir. Je le regarde en le remerciant pour le soin. « Tu veux boire quelque chose maintenant ? » Il m’a soigné donc je peux proposer non ? J’ai évincé un peu ses questions, mais vu qu’il semble vouloir une réponse, je hausse les épaules doucement. « Exact, mais j’ai l’impression que ça remonte à loin maintenant. » Mensonge. C’est comme si c’était hier en réalité. Et la présence de Gareki est étrange quand on y pense, cette fille sur les photos lui a sauvé la vie et pourtant il l’ignore totalement. « Tu vois pourquoi je veux prendre un compagnon, ça animerait un peu. » Plaisantais-je à nouveau en riant comme si de rien n’était.

TENUE ═ Je termine de nettoyer le sang et y mets un bandage pour éviter que la plaie continue à saigner. Le mieux ce serait qu’il aille voir un médecin mais le connaissant, il n’ira pas de son propre chef. Ce gars est pire que moi. Mais au moins, il accepte de me laisser s’occuper de sa blessure. Forcément, dès que je lui parle de quelque chose qui ne le plait pas, il détourne encore le sujet et ne me prend pas au sérieux. « Ça expliquerait pourquoi tu apparais toujours là où je suis. » Je dois rentrer dans son petit jeu pour ne pas m’énerver. Des fois, ça marche, d’autres non. Heureusement, je suis suffisamment calme pour ne pas encore lui gueuler dessus. Si je le prends trop au sérieux, je perds. Je soupire un coup. « Donne moi ce que tu as. » J’aurai pu partir de suite mais j’ai soif, alors autant rester un petit peu. Et puis, il ne m’a toujours pas répondu à mes questions.  « Ça fait longtemps qu’elle est décédée ? » Je lève les yeux vers lui comme si je venais de poser une simple question. Enfin, pour moi ça l’est mais ça ne l’est surement pas pour lui. Et c’est fait exprès. Je veux tester ses réactions, définir ses limites. S’il est réellement passé à autre chose, ça ne devrait pas être difficile à répondre. Par contre, s’il est toujours coincé avec ça je le verrai de suite. Nai est le calme avant la tempête. Et des fois, il vaut mieux que ça pète que de laisser cette illusion perdurer. Je préfère qu’il se lache que de faire semblant d’aller bien. « Un chien ou un chat. » C’est vrai que je lui avais promis d’aller l’aider à choisir un compagnon. «  Tu la connaissais depuis quand ? » Mais même si on parle de son futur animal de compagnie, je continuerai à lui demander des choses sur sa fiancée. Je sens que j’ai touché un point sensible et ce nœud a besoin d’être dénoué.

TENUE ═ La blessure est vite soignée grâce à l’efficacité de Gareki, il a fait passer les soins avant mon insouciance et c’est souvent le cas. Enfin, je parle de ma façon d’agir sans tenir compte des situations critiques ou d’être capable d’en rire sans aucun problème. C’est un trait de caractère qui fait partie de moi, difficile de le dissimuler étant donné que c’est surement ce qui est le plus visible dans mon cas et qui n’a pas échappé au joueur de hockey. Quand il apporte sur le sujet le manque de vie dans ma maison je ne peux qu’essayer de jouer sur l’humour, c’est assez ironique de voir cet endroit comme un cercueil, mais peut-être est-ce le cas ? Quand on a du mal à faire complètement le deuil d’une personne comment on peut être pleinement vivant ? Sauf que ça, c’est comme la face cachée de la lune, chez moi elle ne se voit pas non plus. « C’est juste que tu es prévisible. » Le taquinais-je en allant chercher à boire, ramenant deux verres empilés l’un sur l’autre avant de retourner prendre le jus de fruit, mon bras me faisant encore mal pour pouvoir porter avec. Puis ça me permet aussi de laisser trainer le sujet qu’a lancé Gareki, restant apparemment très curieux sur ma fiancée. Je n’aime pas ça, mais je garde le contrôle, je ne veux pas qu’il découvre quoique ce soit ni qu’il puisse voir la moindre faiblesse contre l’autre jour. Souriant en haussant les épaules. « C’est important ? » La date, le jour, le temps, ça ne changera pas le fait qu’elle est partie et ne reviendra pas. En réalité je ne veux pas répondre, pour deux raisons. La première est que j’aimerais autant qu’on passe à autre chose car c’est sensible pour moi et la seconde c’est qu’elle est décédée quand Gareki a été sauvé. Belle coïncidence non ? « Tu m’as promis d’y aller avec moi, ne te défile pas. » Croire qu’il lâcherait l’affaire serait une erreur, le voilà qu’il me questionne toujours plus sur Moe. Servant calmement les verres, surement que quand j’y pense mon expression change quelques instants, comme devant le cimetière. Avant de le regarder de nouveau et sourire l’air de rien. « Au lycée. » Une réponse vraie, c’est à cette époque que j’ai rencontré Moe et qu’on est tombés amoureux. « Tu es bien curieux, ça t’intéresse vraiment ? » Le connaissant je pense qu’il se fiche pas mal d’une personne morte, alors pourquoi se torturer ainsi, est-ce moi qu’il veut atteindre en faisant ça ? Je le fixe en essayant de comprendre avant de sourire à nouveau et boire une gorgée de mon jus de fruit.

TENUE ═ Mine de rien, j’ai quand même un côté terre à terre et je sais ce qui est important ou pas. De toute façon, je sais qu’une vie est précieuse, du moins, je sais que ma vie l’est et que celle de Nai l’est plus ou moins pour moi aussi. C’est pourquoi je prends mon rôle de soigneur très à cœur. Mais je ne suis pas un beau parleur et je dis les choses telles quelles. Ça m’a paru tout à fait normal de pouvoir décrire cette résidence comme un cercueil puisque c’est l’effet que je ressens. Même si mon appartement est terne, il n’est pas mort. Cet endroit est dénué de vie, de chaleur. Je lève les yeux lorsqu’il me traite de prévisible. Ce n’est pas la première fois qu’il me qualifie et je crois qu’il a malheureusement pris cette habitude de le faire. Il se lève de sa chaise et ramène dans un premier temps les verres puis la boisson. Je m’occupe d’ouvrir le jus avec mes deux mains valides et verse le jus dans mon verre. Je le vide d’un coup, je crois que j’avais bien soif, ce qui n’est pas si étonnant vue la course que je me suis tapée. Je hausse les épaules avant de reposer le verre sur la table. « A toi de me le dire. ? » Ce n’est pas la mort de ma fiancée mais la sienne. Si elle n’est pas importante pour lui, je ne vois pas pourquoi elle le serait pour moi. Mais sa réponse me prouve encore une fois qu’il cherche à fuir la question. « Pourquoi je me défilerai ? » Je n’ai peur de rien, pas même de poser les questions qui fâchent. Je le laisse remplir les verres pendant que je l’observe faire. Je suis sur la bonne voie, il a légèrement changé d’expression. « Oui. Ça ne se voit pas ? » Même si je suis plus curieux envers Nai que sa fiancée. « Je me demandais juste quelle genre de fille pourrait tomber amoureuse de toi. »

TENUE ═ Cet endroit était beaucoup plus vivant il n'y a pas si longtemps. J’entretiens toujours le jardin car Moe adorait les fleurs et je ne peux pas les laisser mourir comme elle, c’est surement la touche la plus vivante en ces lieux. La piscine est recouverte, je n’y ai plus mis les pieds et l’intérieur de la maison est tout simplement à l’image de mes sentiments, triste et sombre. Je ne veux y emmener personne justement parce que ça ne correspond pas à ma personnalité, seulement je ne suis pas idiot... Même si je ne montre rien, si je continue de sourire sans arrêt, mon cœur n’est pas aussi joyeux que mes expressions et Gareki l’a surement déjà compris, bien que je n’abandonne pas pour autant mon masque protecteur. J’aurais préféré qu’il ne parle pas de ma fiancée, j’aurais voulu qu’il ne sache jamais pour elle, car sa vie est liée à sa mort et c’est perturbant, blessant, parfois troublant. Je ne veux pas qu’il découvre ce lien et pour cela je dois feinter et garder mes réponses en renvoyant d'autres question, une manière comme une autre de dire d’évincer le sujet. « Ça ne la ramènera pas. » Dis-je simplement en affichant une esquisse peut-être plus faible, mais en parler ou savoir quand elle est décédée ne me la ramènera pas. Parlant d’animaux je suis surement plus à l’aise sur ce genre de sujet que sur celui que tente de percer mon ami, lui rappelant qu’il m’a promis d’y aller avec moi. « Pourquoi pas ? » Ce serait surement son genre, du moins ça l’aurait été il y a quelques mois, il n’aurait même jamais promis de s’y rendre avec moi de toute façon, mais aujourd’hui c’est différent. Remplissant les verres, je profite de m’occuper pour garder les yeux posés sur la couleur du jus et boire une gorgée, essayant de ne pas être trop expressif ou laisser une faille me trahir. « Vraiment ? » Je doute que ça l’intéresse donc j’insiste avant de lever les yeux vers lui. « Ça veut dire quoi ? » Faisant une fausse moue avant de rire et finalement soupirer. Passant d’une pensée à une autre, d’une émotion a une autre, d’un souvenir a un autre... « J’imagine qu’elle était mon opposé. » J’étais extravertie et elle était calme, c’était un peu celle qui me servait de frein quand j’allais trop vite, elle m’encourageait lors de mes matchs, c’était mon amie, mon amante, ma moitié, mais aujourd’hui je me retrouve esseulé sans personne pour me freiner. « Et pour ta gouverne je suis très populaire. » Concluais-je en le pointant du doigt d’un air faussement outré en réponse à son dernier commentaire.  Me forçant comme toujours a gardé mon sourire, c’est devenu automatique chez moi, je ne dois pas rester sérieux longtemps, sinon je vais perdre ma crédibilité et ma couverture pour laisser apparaitre le fait que je sois un gars brisé.