TENUE ═ Au moins il a l’air de savoir qu’elle ne reviendra pas. Mais alors pourquoi est ce qu’il semble faire une fixation dessus. Nai fait de son mieux pour faire comme s’il n’avait rien mais moi, je le vois. Maintenant, ça me parait évident, surtout depuis que je suis découvert sa demeure. Elle représente très bien son propriétaire. Je me demande même comment j’ai fait pour ne pas l’avoir remarqué plus tôt. Enfin, je n’étais pas aussi proche de lui à l’époque et il faut croire que c’est ce rapprochement et le fait d’être constamment ensemble que j’ai appris à voir à travers ses sourires et ses changements de sujets. J’ignore combien de fois je me suis laissé entrainer, sans le savoir, dans ses détournements d’attention. Là encore, je failli me laisser prendre au piège et partir sur un autre sujet. Alors je prends sur moi et le laisse avoir le dernier mot. Je ne dois pas me laisser avoir, c’est pourquoi je reviens immédiatement sur le précédent sujet : sa fiancée. Je vois son malaise, plus il se donne cette peine de faire comme si de rien n’était, plus j’ai envie de creuser. Nai a besoin de se lacher. Je ne pense pas être capable de le libérer et de résoudre son problème mais je suis le mieux placé pour savoir qu’on se sent beaucoup mieux après avoir parlé de ses problèmes. Parfois, nous avons juste besoin d’une oreille. « Ça veut dire ce que ça veut dire. » Il a parfaitement saisi le sens de ma phrase puisqu’il fait une petite moue. Ce gars est tellement têtu ! C’est moi qui devrais soupirer. Je le fixe tout en faisant tourner le verre sur la table. Il commence un peu à s’ouvrir. « Les opposés s’attirent à ce que je vois. » Mais je sens qu’il va bientôt arrêter de m’en dévoiler plus. Je soupire avant d’attraper son doigt et le tirer vers le haut. « Populaire ? Alors pourquoi tu ne t’es toujours pas recasé ?! » Ai-je rétorqué sans réfléchir.

TENUE ═ Je ne voile pas la face, dès l’instant où Moe est morte je savais que jamais je ne pourrais la revoir et cela peu importe ce que je peux faire ou dire. Rien ne changera ce qui s’est passé, que j’en parle ou donne des détails la concernant ne la feront pas revenir et à part me faire souffrir je n’y gagnerai rien. On dit souvent qu’il faut en parler, que ça apaise ou aide à faire son deuil, mais je ne pense pas que ce soit mon cas, de toute façon j’ai laissé trop de temps passé pour être capable de me confier aisément maintenant. Puis je pense qu’il a compris que ce n’était pas dans mon intention ou en tout cas, pas dans mon tempérament de laisser mes faiblesses prendre le dessus. Gareki est borné, même si ce n’est pas une nouveauté le fait qu’il revienne toujours au sujet de ma fiancée me laisse penser qu’il pourrait chercher à m’ébranler et j’ignore pourquoi. J’ai bien compris ce qu’il voulait dire, mais même si je fais une moue, je ne prends pas mal ses paroles, ai-je déjà pris mal quoique ce soit venant de lui ? Je lui confis qu’elle était mon opposé, sans entrer dans les détails. Hochant la tête a sa remarque, c’est une évidence, du moins c’est souvent ce qu’on dit et pour moi c’était le cas. Bien qu’on ne se ressemble pas, on est tombé amoureux et je pense que c’est justement cette différence qui me faisait craquer chez elle.  Lâchant une dernière remarque sur le fait que je sois populaire, je ne m’attendais pas à ce qu’il attrape mon doigt et le tire vers le haut tout en me mettant au pied du mur avec cette question. Pourquoi ? Je le fixe sans un mot avant de lâcher calmement. « Tu es casé ? » Je ne crois pas, alors en quoi est-ce bizarre que je n’ai encore personne dans ma vie ? Je ne veux pas prendre n’importe qui sous prétexte que je dois passer à autre chose. « Pourquoi tu fais une fixation sur mes relations tout a coup ? » J’essaie de rester neutre sur mes émotions, mais Gareki est trop curieux et je ne sais pas combien de temps il faudra pour qu’il arrive à me faire craquer, heureusement j’ai encore le contrôle de la situation et en retournant sa question sur lui je m’accorde encore un sursit.

TENUE ═ Ce n’est pas dans ma nature de parler des morts. En fait, ce n’est pas vraiment mon genre de m’intéresser aux autres non plus. Il n’y a que quelques personnes qui suscitent mon intérêt et dont je me soucie. Je dois surement en faire trop avec mes questions mais ça ne me pose pas de problème. Parler ne me dérange pas et je ne fais pas attention à mes mots. Je m’acharne sur ce sujet sans pour autant savoir que ça peut le troubler à ce point. Si je le pousse sans cesse vers ces limites c’est dans le but de le lui faire avouer. Ça ne part pas d’un mauvais fond mais je m’y prends juste très mal et que je ne suis pas prêt de le remarquer. Même si j’ai côtoyé la mort de près, je ne sais pas ce que ça fait de perdre un être cher, surtout pas une fille. Je n’ai jamais connu le grand amour, même si je n’y crois pas. Mais apparemment, cette fille était celui de Nai. D’ailleurs, je ne connais toujours pas son nom. Le footballeur me nargue avec sa soit disant popularité. Il a bien l’audace de parler de popularité devant moi, c’est comme si quelqu’un disait à Bill Gates qu’il était riche. C’est ridicule. Je lui prends le doigt pour éviter qu’il ne fasse trop le malin. Sa réplique me laisse sans voix, je lâche brusquement son doigt. Cet idiot m’a encore une fois eu et ça me frustre toujours autant. Je me sens très con. Je passe la main dans mes cheveux, à l’arrière du crane. C’est trop gênant donc je préfère ignorer sa question. Moi ? Faire une fixation sur les relations ?! « Mais pas du tout. » Je bois d’un coup sec le jus avant de me lever brusquement de ma chaise. « Puisque tu ne veux pas qu’on parle, je peux très bien partir aussi ! » Je m’inquiète pour lui et il n’est pas réceptif, c’est frustrant.

TENUE ═ J’ignore ce qui pousse Gareki à m’interroger ainsi, je regretterais presque de l’avoir invité dans ma maison, c’est surement le déclencheur pour qu’il soit aussi curieux, je me doute qu’il a sa propre vision et se fait sa propre idée voyant parfois au travers de mes sourires. Seulement je suis borné et peut-être pas encore prêt à me confier à quelqu’un, j’ai appris à lui faire confiance donc ce n’est pas à cause de ça que je me tais, il ne peut pas être celui auprès de qui je parle de Moe. De toute façon un donneur est toujours anonyme donc même si je parle d’elle il ignorerait leurs liens, mais je n’arrive simplement pas à l’accepter. Je suis proche de Gareki, de plus en plus, on fait souvent les choses ensemble et même si j’ai beaucoup d’amis il se trouve que c’est le mec qui me comprend le mieux et avec qui je souhaite prévoir des sorties comme d’aller à l’animalerie. C’est bête, mais je me sens bien ainsi et je n’ai pas envie de tout gâcher. S’il apprend la vérité, ne penserait-il pas que notre amitié est reliée à ce cœur ? Au début mon intention était de surveiller ce gars, de voir ce qu’il allait faire de sa seconde chance et quand j’ai vu que c’était un con je me suis lancé une mission, sauf que très vite le jeu a disparu et laissé place à la réalité. J’apprécie le brun pour ce qu’il est et pas à cause de cet organe qui bat dans sa poitrine. De toute façon il n’y a aucune connexion, Moe est morte, même si son cœur bat encore, elle est partie et ça aussi c’est une réalité à laquelle je ne peux rien faire. Il se vexe et est prêt à partir comme ça. « Idiot. » C’est tout ce que je trouve à dire face à son comportement. « Je n’ai jamais dit que je ne voulais pas parler. » Mais me forcer à parler de Moe ne me fera pas me confier pour autant. « Qu’est-ce que tu veux savoir de plus ? » Honnêtement, j’ai répondu à ses questions. Certes j’en ai retourné quelques-unes, mais j’aimerais surtout comprendre ce qu’il cherche à faire.

TENUE ═ Je le reconnais, je ne suis pas le plus habile des hommes en ce qui concerne la parole. Je ne fais pas attention ce que les autres peuvent ressentir en entendant mes mots car ça m’est égale. Je ne suis pas emphatique et je ne veux pas l’être. Pourtant je fais les choses que je pense être bonnes. Si je force Nai à me parler à maintes reprises de sa fiancée, c’est parce que je sais qu’il est encore coincé avec elle. Il a dit qu’elle ne reviendra pas mais ça ne suffit pas. Il faut qu’il apprenne à avancer et à vivre dans ce temps présent. Le Nai que je vois n’est pas entièrement heureux et ça me frustre un peu. Ce n’est pas comme si je voulais qu’il le soit grâce à moi mais ne rien faire n’est pas dans mon style. Je suis un gars qui n’aime pas être dans l’attente. Et moi au moins, je me bouge le cul pour faire avancer les choses. Je ne sais pas pourquoi je suis si frustré par son attitude. Je ne devrais pas m’en faire autant pour lui. Je lui ai parlé des choses que je n’avais encore jamais dites à d’autres et je me suis surpris à espérer qu’il fasse de même. Je me sens con car non, il me doit rien. Je dis qu’il m’énerve alors qu’en vraie je suis plus énervé contre moi même. Je me lève brusquement en voyant que je n’y arriverai à rien. Je fais une moue à son « idiot ». D’où je suis un idiot ? C’est lui l’imbécile ! Quoi que, je suis réellement un idiot puisque je me rassois aussitôt. A sa question, je m’avachis un peu sur ma chaise. Ce n’est pas comme si je m’intéressais à sa vie personnelle. Enfin, je me fiche de ce que font ses parents, s’il a des frères ou pas, ce ne sont que des détails sans importance. « Tu veux pas qu’on parle de ta fiancée ? Ok, j’en évoquerai plus un mot.  » Je soupire. «  Elle s’appelait comment ? » Je le regarde pendant un bref instant avant de comprendre que je ne devrais pas insister. « C’est bon, j’ai compris. Je vais arrêter.  » Forcer à le faire dire des choses qu’il ne voudra pas ne marchera jamais avec Nai. « Bon alors, on mange quoi ce soir ? » Oui, « on », parce que cette « interrogatoire » sans succès m’a donné faim.

TENUE ═ La façon de parler de Gareki ou sa façon d’être n’est pas un problème pour moi, le seul truc qui met ma « couverture » émotionnel en danger est le fait de parler de Moe, même si je m’amuse grâce au brun sans face cachée plus souvent qu’il ne le croit, personne la personne qu’on aime est une épreuve, un traumatisme qui reste et est difficile à soigner, parfois impossible. Je croyais avoir trouvé la bonne et que j’allais vivre avec toute ma vie, avoir des enfants et nous épanouir, mais on a peu profité de cette relation dans cette maison, bien trop rapidement arraché à moi, je n’ai rien à dire sur elle à Gareki. Plus il me questionne dessus et plus je trouve des excuses ou répond de façon évasive pour le faire lâcher prise, s’il savait tout, est-ce qu’il comprendrait ma façon d’agir ? Je l’ignore, mais je fais les choses quand j’ai envie et quand je suis prêt, pour l’instant avouer au garçon qu’il a le cœur de ma fiancée n’est pas dans mes projets proches. Souriant quand il se rassoit, content quand même qu’il ne s’en va pas comme ça. À peine dit-il qu’il n’évoquera plus Moe qu’il revient sur le sujet, je lui lance un regard le jugeant d’idiot de nouveau. « Ça t’avancerai à quoi de savoir son nom ? » Devoir parfois faire semblant est assez pesant, sauf que j’y ai pris l’habitude maintenant, je ne mens pas, certes je cache certaines émotions, mais avec Gareki je n’ai pas souvent besoin de faire semblant justement. Et ça fait du bien. C’est pourquoi j’aimerais vraiment changé de conversation pour arrêter de devoir lui afficher cette image que je sais fausse pour cacher ma tristesse ou tout sentiment de faiblesse. « Je pensais me faire livrer une pizza ou chinois, tu préfères quoi ? » De toute façon toutes mes courses ont fini au sol donc autant faire simples et rapides.

TENUE ═ Peut être que je ne saurai jamais pourquoi Nai est comme ça. D’un côté, ça « m’arrange », moins j’en sais, moins je m’inquiète pour cet idiot. Enfin, si seulement les choses étaient réellement comme ça. Ne pas savoir me démange mais je ne peux rien y faire. Ce n’est pas la première fois que je me confronte à l’entêtement de ce con et quand il ne veut pas, personne ne peut le forcer. Je ne comprends pas, je lui ai déjà confié ce que j’avais sur le cœur quand ma mère m’a plus ou moins renié alors pourquoi est ce qu’il refuse toujours de me partager ses secrets ? J’étais prêt à partir mais j’ai fini par rester. Je soupire avant de déclarer forfait…Mais j’essaye une dernière fois en lui demandant le prénom de sa fiancée. A ce stade, je me demande réellement si c’est parce que Nai ne veut rien me dire que j’ai encore plus envie de savoir. « Pourquoi tu veux pas me le dire ? » Autant qu’il me dise clairement qu’il ne veut pas en parler au lieu de me faire tourner en bourrique. Commençant à avoir faim, je lui demande ce qu’on mange. Je doute bien qu’il va se commander un truc. « Pizza. » Avec son bras blessé, il ne pourra pas tenir des baguettes, alors qu’avec des pizzas, il pourra toujours manger avec l’autre main. « J’en veux une avec beaucoup de viande. » Il se débrouillera pour me choisir la bonne pizza. « Elles sont où tes toilettes ? » Je me lève de ma place pour me diriger vers le couloir, tout en attendant qu’il me dise la direction. J’en profite pour regarder discrètement les photos. Elle était jolie et lui heureux. Mais bon, ce n’est pas mes oignons et j’ai bien compris que Nai ne voulait pas en parler.

TENUE ═ J’ai de plus en plus conscience que Gareki voit à travers mon « jeu », mais si je veux protéger notre amitié je ne peux rien dire sur la mort de ma petite amie. J’ai appris à cacher ma peine derrière des sourires qui aux yeux des autres paraissent plus vrais que jamais, seulement il commence à me connaitre et j’ignore combien de temps je pourrais jouer la comédie s’il continue de toucher aux cordes sensibles. Je suis assez fort pour être maitre de moi et garder les cartes en mains, seulement c’est un terrain glissant et personne ne sait quand je vais tomber. Il accepte d’abandonner, mais reviens encore sur le sujet, j’ai la sensation que Gareki est incapable de lâcher l’affaire et il pourrait me questionner n’importe où et n’importe quand, je dois rester vigilant. « Si je te dis comment elle s’appelle, tu arrêtes d’être curieux ? » C’est un gros risque, mais je doute que Gareki ait dans l’idée de faire de rechercher sur elle, je pense que c’est plus à cause de moi que pour vraiment avoir des informations sur ma fiancée qu’il est aussi persistant. « Moe. » Dis-je en souriant. Le dire à voix haute est étrange, je l’appelais tous les jours et d’un coup son prénom n’est plus que présent dans mes souvenirs, comme tout le reste. C’est horrible et j’ignore comment je fais pour garder la face, mais je le fais. « Va pour des pizzas. » J’ignore que son choix est basé sur ma blessure, mais il ne me le dira pas clairement non plus. « Toujours aussi exigent. » Le taquinais-je en cherchant le numéro pour appeler. « Tu ne veux pas choisir toi ? » lui montrant le papier, je pourrais toujours demander des suppléments de viandes par la suite si monsieur le souhaite. « Prends le couloir, elles sont en face. » Dis-je tout en regardant les différentes pizzas proposées, j’ai bien envie de prendre une capricciosa, j’ai faim. « Tu veux quoi à boire ? » il y a les boissons sans alcool habituelles, du vin ou des bières, donc je préfère lui demander.

TENUE ═ Mais c’est quand même bizarre que Nai ne veuille pas me parler de sa fiancée morte. Je ne vois pas où le mal à me parler d’elle avec un mine triste. Est-ce si dur pour lui de ne pas sourire un instant ? De se montrer faible ? Personne ne va lui donner une médaille parce qu’il a su gardé le sourire alors qu’il meurt d’envie de « pleurer ». Etre humain, c’est savoir rire mais aussi avoir des faiblesses, des mauvaises phases. Il est chiant à vouloir faire semblant. Ou alors, il devrait être plus performant parce que j’y vois plus ou moins clair à travers cette façade. J’aurai bien voulu faire semblant de ne rien voir mais ce n’est pas dans mon caractère. « Oué. » Avec au moins une réponse, ça calmera peut être ma curiosité. Bah voilà, quand il veut ! Est-ce qu’il en est mort après me l’avoir dit ? Non !  « Moe. » Je répète sans réelle signification. Mon choix se porte sur les pizzas mais je le laisse commander. Du moment qu’il y a beaucoup de viandes, il peut prendre n’importe laquelle. « Non, débrouille toi pour prendre une qui va me plaire. Par contre, je veux une pizza à pâte épaisse. » Je ne veux pas d’une crêpe avec de la viande dessus. Je me dirige vers le couloir. Je peux enfin mettre un prénom à cette fille. J’avance dans le couloir pour aller jusqu’à la salle de bain. « Coca. »  Je m’éclipse dans la salle. Cet endroit me parait bien grand pour lui mais je vais arrêter de faire une remarque.  Après quelques instants, je ressors des toilettes pour le rejoindre. « T’as commandé quoi ? Ça arrive dans combien de temps ? » Parce que je commence à avoir très faim. Je m’installe à la table. « Bon alors, tu t’es décidé à avoir un chien ou un chat ? »

TENUE ═ C’est surement ce qui me fait peur. Montrer mes faiblesses et laisser voir le monde ma détresse, ce n’est pas par fierté que je le fais, seulement j’ai l’impression qui si je commence à craquer je ne saurais pas comment faire pour m’arrêter. Je n’ai aucun moyen de deviner si je serais assez fort pour affronter la réalité de manière officielle. Seul je peux baisser les armes, mais je n’arrive pas à accepter que quelqu’un d’autre puisse voir la détresse dans mon cœur et les SOS derrière mes sourires, je suis comme ça. Je préfère garder cette image de garçon marrant, heureux, souriant, déterminé et parfois idiot plutôt que de lever le rideau sur le Nai qui a été détruit et mis en mile morceaux. Je ne voulais pas lui donner son nom car si Gareki venait à découvrir des informations sur elle, le jour de sa mort, le fait qu’elle était donneuse d’organe, dans quel hôpital, ce genre de choses le ramènerait surement à lui et je sais qu’il n’est pas idiot. Du coup en donnant son prénom j’espère surtout qu’il s’en tiendra à ça et ne cherchera rien de plus, je suis convaincu qu’il essaie seulement de me faire parler sans réellement s’intéresser aux réponses. Moe. L’entendre de sa bouche est encore plus étrange. « Encore plus exigeant. » Ajoutais-je, il me fait rire au moins, j’imagine que c’est son caractère a la con qui me permet de me détendre, si d'autres voient seulement un mec hautain et prétentieux, je sais très bien aussi que ce n’est pas que ça derrière ses grands airs? Puis de toute façon même au début, je l’ai toujours affronté et cela ne changera pas avec le temps. M’occupant de passer commande pendant qu’il va aux toilettes, j’ai pris ma pizza et une a la viande pour monsieur, j’ai même demandé des suppléments à côtés, s’il n'est pas content avec ça je pourrais toujours le manger pour lui. « Une pizza avec de la viande et une pâte épaisse. » Je le fixe avant de rire. Je pourrais lui donner le nom, mais j’aime bien l’embêter. « Dix a vingt minutes. » Je le rejoins à la table, m’installant à côté de lui je touche mon bandage, ça pique un peu, mais c’est normal. Levant le regard sur Gareki à sa question je jette un œil à la maison. « Tu préfères les chiens non ? » Je souris en m’adossant à mon dossier. « J’imagine que ça serait plus joyeux avec un chiot, puis j’ai un grand jardin donc il pourra courir même quand je ne suis pas là. » Faudrait juste que je fasse attention avec la piscine, mais de toute manière depuis la mort de Moe je ne l’ai plus entretenue. « Rien ne m’empêchera de prendre un chat plus tard. » Dis-je avec un nouveau sourire, ce n’est pas comme si quelqu’un ici avait une objection à faire vu que je vis seul.

TENUE ═ Je ne suis pas bien placé pour faire la morale à Nai. Je ne fais pas confiance aux autres et j’ai tendance à tout garder pour moi aussi. Mais je ne sais pas pourquoi, ça m’agace de le voir se forcer et faire semblant d’aller bien alors que ce n’est pas le cas. Je déteste quand les gens sont faux. Le cas de Nai est différent mais ça ne me laisse un gout amer quand même. En fait ça me turlupine beaucoup même. Au moins, il a bien voulu me dire le nom de la défunte. Ça ne me changera rien de le savoir mais j’ai l’impression d’avoir fait un grand pas. Chercher de mon côté ce qu’il s’est passé ne présente aucun intérêt. Ce que je veux c’est qu’il finisse par me l’avouer. Mais vu ma patience, s’il continue à ne pas répondre à mes questions, peut être que je finirai par engager quelqu’un pour faire des recherches sur Moe et Nai afin de savoir quel est le secret qu’il me cache. Je suis capable de tout quand je veux avoir quelque chose et si, dépenser un peu d’argent est la solution, je ne m’en priverai pas. Mais d’ici là, j’ai encore le temps. Je passe rapidement aux toilettes avant de revenir à la salle à manger. Je lève le coin de ma lèvre supérieure pour le répondre. Il ne perd jamais un instant pour m’embêter celui là. « Super, au moins je sais que tu n’es pas sourd. » répliquai-je. Dix à vingt minutes. Ça va, on n’aura pas à attendre trop longtemps même si je commence réellement à avoir faim. « Comment tu le sais ? » Je lui ai déjà dit ? Si c’est le cas, j’ai complètement zappé. « Mais tu parles comme si ça allait devenir notre animal. Choisi en fonction de tes gouts non ? » Je n’ai aucunement envie de m’occuper de son futur animal. « Si tu le dis. » Je n’ai pas vu le jardin mais lorsqu’on a une si grande maison, un chien rendrait, effectivement, ces lieux plus vivant. « T’as intérêt à bien t’en occuper. »

TENUE ═ Jusqu’à Gareki personne n’a vu ce qui se cache derrière mes sourires, peut-être parce que personne n’a essayé de comprendre ? Je n’ai jamais rien fait en espérant qu’on trouve ce que je tente de dissimuler, je n’aime pas la pitié ou ce genre de sentiment. Quand Moe est morte je ne voulais pas en parler, entendre des paroles se voulant réconfortantes, mais qui me blessé davantage, les choses sont ainsi. Je suis comme ça et il est difficile de passer les barrières que j’ai mises en place, parce que je suis têtu et borné, le brun a eu le temps de le remarquer. Après que j’ai passé commande et qu’il me demande ce que j’ai pris je l’embête en disant exactement ce qu’il m’a demandé de commander. « Hehe. » Je souris fier de moi. On n'a pas énormément à attendre après la livraison, quelques minutes seulement, ça va passer vite. Parlant d’animaux je me souviens qu’il préfère les chiens. « Sur l’île tu me l’as dit. » Je me souviens de tout, même s’il voulait juste me garder conscient j’ai pu apprendre quelque truc durant cette épreuve de survie. « Toi par contre, je sais que tu as mauvaise mémoire. » Plaisantais-je. Si Moe était là on aurait vu l’adoption d’un animal ensemble, mais elle n’est plus là et inconsciemment je fais ça avec Gareki. « Tu as raison, mais je pense qu’un chien est une bonne idée. » Confirmais-je, c’est mon choix. « Pourquoi, tu doutes de ma capacité à en prendre soin ? » Je le juge du regard, je suis une personne capable de m’occuper des autres, puis je pense que ça me permettra aussi de ne pas m’effondrer à chaque fois que je suis seul, au final cette future acquisition est une manière de faire un pas en avant. Soufflant je laisse ma tête aller en arrière sur le dossier de la chaise les yeux rivés au plafond, me balançant sur mon siège en évitant de tomber. « Faudrait voir quand on pourrait y aller. »

TENUE ═ Je ne souvenais pas du tout d’avoir parlé de ça avec lui. Je savais juste que j’ai accepté d’aller avec lui pour prendre un animal. Et encore, c’était parce qu’il me l’avait rappelé un peu plus tôt que ce souvenir m’est revenu en tête. Sinon, je ne sais plus de quoi j’ai parlé avec lui ce jour là. Il faut dire que je disais tout ce qui me passait à la tête dans le but de le maintenir éveillé. En y repensant, ce con n’arrête pas de m’inquiéter. J’ai cru à deux reprises qu’il allait mourir. « J’ai une mémoire sélective. » Précisai-je en utilisant un ton confiant, comme s’il s’agissait de la meilleure excuse possible. Je cache mon sourire fier en entendant la confirmation de Nai. Je hausse les épaules avant de tapoter un instant des doigts sur la surface de la table. « On verra bien si tu arriveras bien à t’en occuper. » Etre responsable d’une vie, ce n’est pas facile. Moi en tout cas, j’aurai été incapable de prendre bien soin, seul, d’un animal. « Quand ton bras sera guéri ? » Comme ça, ça lui laissera le temps de se préparer mentalement et d’acheter le nécessaire pour l’arrivée du chien. « Tu as déjà une race en tête ? La tranche d’âge ? » Puis comme si je venais d’avoir la question du siècle, je m’exclame en me redressant sur ma chaise avant de lui faire des coucou de la main pour attirer son attention du plafond. « Et le nom ?? » Ohlala, rien d’y réfléchir à tout ça, ça me donne mal au crâne. Et puis, pourquoi je prends cette histoire très à cœur ? Bordel, j’étais sensé juste l’accompagner, pas devenir son consultant. J’ai même l’impression d’en faire plus que lui. Je me gratte l’arrière du cou pour dissiper mon embarra.

TENUE ═ J’étais dans un sale état sur l’ile, pourtant je me souviens de ce qu’il a pu me dire, faut croire que j’ai une bonne mémoire, en tout cas je me souviens qu’il aime les chiens, j’ignore si cela m’a influencé dans mon choix, mais j’ai décidé de partie sur cette idée en premier. « Je vois ça. » Ce genre de truc ne devait pas être important pour lui, surtout que je sais très bien qu’il a autant parlé pour éviter que je m’endorme et meurs de froid, je lui en suis encore reconnaissant donc je m’en fiche qu’il ne se rappelle pas de ce genre de détails. « Je ne suis pas irresponsable ! » Grimaçais-je avant de rire, il m’a pris pour qui ? Je saurais m’en occuper, si je m’engage ce n'est pas que je suis prêt à le faire. Je me demande quand nous pourrions y aller, mais il marque un point, je ne peux pas y aller avec mon bras dans cet état, entourant ma main sur mon poignet, je souffle en hochant la tête. « Ça ira mieux dès demain ! » Mais oui, je suis trop optimiste non ? Enfin je ne pense pas que ça prendre longtemps à guérir, ce n’est pas non plus la pire blessure que j’ai eue. « Hum, je ne sais pas, je pense que j’irais au feeling quand je les verrais ? Mais je veux un jeune chien ou un chiot, ça serait parfait. » Je regarde Gareki, pouffant avant de rire devant sa façon d’agir et son enthousiasme ! Je ne peux que trouver ça adorable. « T’es mignon. » L’embêtais-je en continuant de rire. « Ça va dépendre de son sexe. Pourquoi tu as des prénoms en tête ? » Je le détails du regard avant d’entendre sonner à la porte. « Ah, les pizzas ! » Je me lève et pars récupérer l’argent, ouvrant la porte je récupère les cartons pilés sur mon bandage, mais je supporte bien, ce n'est pas lourd. Laissant la monnaie je reviens vers la table pour les déposer, secouant doucement mon bras, c’était chaud. « Tiens, ta pizza épaisse à la viande ! » Je me marre à le taquiner comme ça.

TENUE ═ Le « séjour » sur l’ile n’a pas la même importance pour lui que pour moi. Certes, je ne voulais pas qu’il meurt mais ça m’a paru naturel de faire ça alors je n’ai pas prêté plus d’attention. Surtout que je préfère oublier ce que j’ai fait dans le but de le maintenir en vie. Mais maintenant qu’il me le rappelle, les souvenirs embarrassants me remontent à la mémoire. Cependant, si on me donnait le pouvoir de remonter le temps, j’aurai fait exactement la même chose pour le sauver. « Alors insouciant ? » Qu’il me dise pas le contraire. Je n’ai jamais vu de mec d’aussi insouciant, ou alors il doit être la seule que je remarque. La preuve, il avait failli prendre un animal avec un bras en moins. Je lève les yeux. Je vous jure celui là. « Idiot. » Qu’est ce que je vous avais dit. Ce gars est insouciant. Il a cru qu’il était superman ou quoi ?! Faire au feeling est pas mal aussi. Ça évite de trop réfléchir. « C’est mignon les chiots. » Je crois que c’est impossible de résister à ces bestioles. Et je me sens con de me sentir si impliqué dans ça alors que je lui avais dit que c’était son chien. Mignon ?! Moi ? Indigné par cette remarque, je relève immédiatement la tête et le vois étouffer de rire. «Je suis pas mignon.  » Il doit être la première personne à me dire que je suis mignon. Enfin, non mais dans ce sens là oui. Je secoue la tête de droite à gauche. « Non, aucune idée. Les prénoms, c’est pas mon truc. » Je me redresse quand la porte sonne. Nos pizzas sont arrivées et Nai se débrouille tout seul pour récupérer les cartons. S’il continue à se donner tant de mal avec son bras, il va jamais avoir son chien. « Tais toi. » dis-je en le toisant du regard. J’ouvre la boite et l’odeur pizza parfume mes narines. J’ouvre ensuite la boite de Nai et pour cacher l’intention de mon geste, je lui pique une part de pizza et la mets dans ma bouche. C’est chaud mais elle est bien bonne. Elle n’a pas autant de viandes que la mienne mais je la mange quand même.

TENUE ═ Même si ce qu’on a vécu sur l’île est embarrassant pour lui, pour moi ça a pris tout un autre sens, bien sur qu’être collé à un mec nu ce n'est pas vraiment une habitude, seulement il m’a sauvé la vie et le fait qu’il l’ait fait m’a prouvé bien des choses sur son compte, derrière ses apparences je savais déjà que Gareki n’était pas un salaud, mais il est aussi quelqu’un sur qui je peux compter bien au-delà de ses mots et cette expérience fut enrichissante pour comprendre ça et en prendre conscience. Insouciant ? Je souris. « En quoi je suis insouciant ? » Je ne dis pas que je ne le suis pas. J’en donne une preuve avec mes prochaines paroles, comme si je pouvais être guéri demain. Je tire la langue à son « idiot » pour une fois que ce n’est pas moi qui le traité ainsi. « Je trouve aussi. » On est d’accord, je prendrais surement un chiot, j’espère juste trouver mon bonheur dans l’animalerie, mais je n’en doute pas, ils ont surement du choix. Voir Gareki si impliqué m’amuse et je le trouve mignon, ce que je ne me fais pas prier pour le lui dire de vive voix. « Tu vas rougir ? » Je le cherche encore, mais c’est ma façon d’être, puis bon qui aime bien châtie bien non ? « Je verrais quand j’aurais le chiot en main. » Pour le prénom, ça viendra tout seul. Allant chercher les pizzas à la porte une fois que le livreur à sonné, je les ramène sur la table en lui donnant la sienne, détaillant encore ses exigences. « Haha. » Le temps de me réinstaller le brun a ouvert les deux boîtes à pizza, même la mienne et m’a piqué une part, je le juge du regard. « Ne te gêne pas. » Rien que pour ça je pique une part de la sienne, elle est blindée en viande, j’ai bien fait de préciser des suppléments. « Elle est bonne ! On échange ? » Je le taquine, la mienne me va parfaitement, mais c’est marrant de voir sa tête si j’étais sérieux. Je lui passe son coca aussi et ouvre le mien pour le posé à côté du carton, cherchant les serviettes pour partager en deux, tout est parfait comme ça.

TENUE ═ « Tu l’es c’est tout. » Je ne ressens même pas la peine de lui donner une preuve. Ça me parait tellement évident. C’est comme s’il me demandait de prouver que la Terre était majoritairement fait d’eau. Ça n’a pas de sens puisque tout le monde le sait. Lui aussi, il doit savoir qu’il est insouciant, ou alors il est juste idiot. Ou peut être les deux. Et quand je peux lui traiter d’idiot, je le fais sans m’en priver. Cet idiot me tire la langue et je soupire en guise de réponse. Faussement agacé par sa réaction de gamin. Nai prendra donc un chiot et je ne peux qu’être d’accord avec lui, puisqu’apparemment c’est moi qui lui ai lancé cette idée. Parler de chien m’a peu trop enthousiasmé et je me fais avoir avec ma propre réaction. C’est de sa faute aussi. Mais je ne vois pas comment il peut me trouver mignon. Un chiot c’est mignon. Pas moi. « N’importe quoi. » Il manquerait plus que ça tiens ! « Tu peux dire que je suis beau, mais pas mignon. » Je me fais toujours avoir et lui donne les réactions que je veux mais je ne peux pas faire autrement. Je suis comme ça. « Pour ça, faut que tu guérisses. » Vu l’état de son bras, je dirais qu’il en aura pour deux bonnes semaines pour que son bras soit à nouveau fonctionnel. Les pizzas arrivent et Nai va les chercher. Mais s’il continue à ne pas faire attention, il ne pourra jamais avoir son chiot, et ça c’est moi qui le dis ! J’ouvre les deux boites et pique une part de la pizza de Nai. J’ignore son regard et mange sans aucun scrupule. « Yah ! » D’où il me prend ma pizza ?! Je récupère le carton pour l’éloigner de la menace que représente Nai. « Non. C’est ma pizza épaisse à la viande ! » Dis-je avec un air sérieux… qui disparait à la seconde où ma phrase s’achève. Ma phrase est ridicule et ça me fait rire.
Le reste du diner se déroule dans cette même ambiance. Et lorsque je termine ma dernière part de pizza, je suis parfaitement calé. Ranger ne vient même pas à mes esprits puisque je ne suis pas habitué à ce genre de chose, alors après m’être lavé les mains, je montre la porte du doigt. « Bon aller, je vais y aller. Appelle moi quand tu iras mieux pour le chiot. » Même si je ne doute pas qu’on se verra avant le tour à l’animalerie.