tenue. ∆ Après la neige, vient la pluie. Le truc positif avec ce genre de temps merdique, c'est que les gens n'osent pas sortir de chez eux. Par contre, je serais bien rentré chez moi à l'heure qu'il est, mais je dois aider à ranger le night club pour ce soir. Grosse soirée, pleins de gens, et encore plus de boulot. Ils ne me laissent même pas le temps de me reposer, heureusement que je n'ai pas cours aujourd'hui. à la fin du temps imparti à chaque personne, dont le miens, le temps se fait capricieux et quelques gouttes persistent à mouiller les trottoirs et la chaussée. Les gens se bousculent dans les rues, certains avec leurs parapluies multicolores ou d'autres sans rien, sans capuche et tirant sur leurs vestes. Je rabats ma protection sur ma tête et traîne des pieds dans les rues de Shibuya, tout en pensant au repas du soir. Que fait Kyann à cet instant-là ? M'attends-t-il sagement à la maison ou est-ce qu'il travail ? Je voudrais bien lui envoyer un sms mais j'ai peur de le déranger si jamais il est au parc. Avec cette pluie, m'étonnerait qu'il fasse le mariole bien longtemps. Les nuages redoublent d'épaisseur et la flotte s'accumule jusqu'à trempé mon pantalon. Les voitures ne font pas attention aux piétons et c'est mouillé jusqu'à la moelle que je m'arrête au niveau du parc Yoyogi. L'endroit est désert, c'est bien une première fois depuis que j'ai emménagé dans ce quartier. Y a un truc que j'ai toujours voulu faire mais avec le monde habituel, je n'ai jamais osé. Du coup, je saisis l'occasion pour entrer dans le parc et me trouver un coin à l'abri de la pluie, sous un préau fait d'arbre. ça protège un peu mieux que sous le ciel dégagé et je peux mettre ma musique à fond dans mes écouteurs tout en gardant mon appareil téléphonique dans la poche de mon sweat puma. De toute façon, je chante par dessus et commence une chorégraphie que je tente d'apprendre au club. étant capitaine, je me dois de la savoir par coeur mais aussi de l'expliquer dans le détail près. C'est bien pour cela que je m'exerce un peu partout, dehors, chez moi ou à l'école, même à mon boulot quand le moment me le permet. Ici, avec ce temps de merde, je suis tranquille.

tenue. ∆ Cours finie, enfin, n’ayant pas eu trop cours de toute façon, j’en profitais pour sortir et faire du vélo. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, j’étais toujours dehors de toute façon. Il fallait s’acclimater à tous les temps.  Le jour de la compète on n’aurait pas de cadeau. Casquette sur la tête, masque sur le visage, j’avais envie de m’échauffer un peu avant d’aller au parc. Et rien de mieux qu’un peu de freestyle dans les rues de la ville. Et avec ce temps ce n’est pas les flics qui allaient faire chier. Zigzaguant entre les gens, je m’amusais en faisant quelques figures par ci par là, en faisant attention de ne pas glisser, bien que ce fut le cas pas mal de fois en manquant de tomber. L’habitude de maitriser le vélo et ne pas glisser, j’accélérais franchement avant de filer sur la route et m’accrocher à une voiture pour qu’elle me fasse aller plus vite. Il pleuvait un peu, mais rien de bien méchant. Ce n’est pas la pluie qui allait me faire fuir ou rentrer, oh que non. La lâchant, je tournais en évitant une voiture stoppé, prenant la direction du parc. Les rues étaient moins fréquentées que les jours de beaux temps. Ça m’arrangeait. Les gens préféraient prendre les transports en commun que de marcher ou faire du vélo. Filant dans le parc, je vis personne. Absolument personne. Tant mieux. Ça m’arrangeait d’avoir tout le parc pour moi. Faisant le tour je me stoppais avant de voir quelqu’un dans le préau. Mais qu’est-ce qu’il faisait ce con à gigoté comme un possédé ? L'entendant chanter de là ou j’étais, ou plutôt hurler ? Je n'en savais trop rien, je me rapprochais avant de comprendre qui c’était. Putain mais quel con, il foutait quoi à danser dans la rue comme s’il était en boite de nuit ? Il avait fumé ou ça se passait comment ? Me redressant, poussant sur les pédales j’accélérais pour aller directement sur lui avant de freiner en dérapage et le bloquer dans ses mouvements. Sans attendre je lui enlevais un écouteur. « Je comprends mieux pourquoi il pleut. Si tu danses comme ça, c’est clair qu’il ne va pas faire beau. Et encore. Si tu te contentais de danser... Mais tu chantes comme un pied. » Mon regard plongé dans le sien, je le regardais longuement avant de soupirer. « Ça t’arrive souvent les pulsions de ce genre ? T’sais que t’es dans un parc de skate et bmx ? Pas sur du parquet flottant de danseuse en collant et tutu. » J’ajoutais comme s’il ne le savait pas.

tenue. ∆ La musique guidait mes pas, une sorte de pop-rock assez mouvementée et ereintante. Mes bras ne suivaient pas toujours mes jambes, mais j'évitais les grands gestes brusques pour ne pas glisser sur le sol et tomber. La pluie éloigne les gens mais elle réduit l'adhérence de la route, du pavé. Mes chaussures dérapent facilement sur les feuilles mortes et je peux tourner sur moi-même sans problème, maîtrisant ma trajectoire pour reprendre la chorégraphie dans une souplesse contrôlée. Tout va bien, ma voix porte entre les arbres alors que la musique est seulement dans mes oreilles. Je suis ainsi porté par le rythme, fermant de temps en temps mes paupières comme si je vivais un rêve et que personne ne peut me déranger. Personne sauf lui. J'allais faire un mouvement quand je le vis dans un coin de ma vision, fonçant violemment vers moi. Réflexe, je m'arrête et relève les bras comme si cela pourrait me protéger d'une attaque à vélo. Qu'il est con ce sale décoloré! Retirant furieusement mes écouteurs de mes oreilles, je le fusille d'un regard noir en respirant fortement, la peur au ventre. Mon coeur bat à tout rompre, prêt à filer. Il retire l'un de mes écouteurs et je peux parfaitement l'entendre parler, quelle plaie. « T'es juste là pour m'emmerder ? Non parce que sinon tu peux passer directement ton chemin, je n'ai pas besoin de toi. » Répliquais-je « gentiment » pour ne pas lui en coller directement une dans la figure. Je ne suis pas impulsif, mais avec lui c'est différent. Y a des jours où je le supporte, d'autres pas du tout. « C'est un parc publique, pas seulement pour les gogoles avec une roue d'vélo dans la tête. Je ne porte pas de collant et de tutu! » M'énervais-je en tirant sur le fil pour reprendre mon écouteur. « Si t'es pas content, va voir ailleurs si j'y suis. » Je fais genre de l'ignorer en remettant mon écouteur dans l'oreille, puis la musique. Il ne m'intéresse pas, j'ai autre chose à faire que jouer au ping-pong avec lui.

tenue. ∆ C’est pas que je ne l’aimais pas, non en fait, quand je m’y penchais sur la question, je ne le détestais pas au contraire. Mais voilà, il y avait ce genre de relation qui fait que j’avais envie de le faire chier dès que je le voyais. Pas tout le temps non, mais là en l’occurrence aujourd’hui c’était le cas. « T'es juste là pour m'emmerder ? Non parce que sinon tu peux passer directement ton chemin, je n'ai pas besoin de toi. » Posant le second pied à terre, je le regardais droit dans les yeux, sans détourner le regard. Sévère, noir et froid, aujourd’hui ce n’était pas un bon jour ni pour lui, ni pour moi. « C'est un parc publique, pas seulement pour les gogoles avec une roue d'vélo dans la tête. Je ne porte pas de collant et de tutu ! » Il était sérieux là ? « Si t'es pas content, va voir ailleurs si j'y suis. » Le regardant faire, je penchais la tête sur le côté, tout en mordillant ma langue. Faisant un léger bruit de succion, je m’avançais vers lui, avant de l’attraper par les cheveux pour lui tourner la tête vers le panneau du parc. « Parc pour skate et vélo. Y’a pas de danseur sur le panneau. » Dis-je en le lâchant vivement. Essuyant ma main sur mon pantalon, je me mis à secouer la tête. « T’as vraiment aucun respect. Est-ce que je viens faire du vélo dans une salle de danse ? » Je continuais de le regarder avant de poser une pied sur la pédale et partir en trombe. Restant sous le préau, parce que tout à coup le préau était devenu mon meilleur ami, je tournais en rond autour de lui, passant assez près de son corps pour le faire chier. Faisant des dérapages et autres je faisais exprès surtout, de lui envoyer l’eau du sol dessus. Tant que je maitrisais bien mon engin, je savais que je ne tomberais pas. Sifflotant, je me stoppais le regardant faire avant de reprendre ma course et venir à côté de lui pour tirer sur son haut. Quoi ? J’avais envie de le faire chier, fallait pas chercher à comprendre. C’était comme ça et puis c’est tout. « T’as toujours envie de rester danser ici ? »

tenue. ∆ Je ne le déteste pas non plus, en réalité je l'apprécie malgré nos disputes et nos chamailleries, mais y a un truc qui fait que nous nous entendons pas si bien comme nous le voudrions sûrement. C'est comme des amants, ils s'attirent et se rejettent à la fois, sans pouvoir se coller l'un à l'autre. Kyota et moi, nous sommes des aimants. Je l'aime bien, mais seulement quand il dort. Comme ils disent, mieux vaut l'avoir en photo qu'à table. C'est le premier à me chercher et il me lance un regard mauvais, alors qu'à la base je n'ai rien fait pour cela. Il a un soucis de personnalité, je sais pas moi. Il me cherche, il me trouve. Y a cette pression entre nous qui nous empêche d'être proche, qui nous repousse à chaque fois. Les écouteurs à nouveau dans mes oreilles, j'allais recommencer à danser quand je sens ses doigts tirer mes cheveux et m'arracher un couinement de souris. « VA TE FAIRE FOUTRE ! » Gueulais-je brusquement, je recule de quelques pas pour marquer une distance de sécurité avec lui, mes écouteurs pendant dans le vide. Ils sont tombés avec son geste. « Parce que tu en as peut-être ? Tu vas interdire à tous les passants de venir se promener ici sous prétexte que tu as une bicyclette ? Ne me fais pas rire, tout le monde peut mettre les pieds dans ce parc. » Je parlais dans le vide, monsieur est déjà reparti sur son bolide et il commence à me tourner autour. L'eau gicle sur mes vêtements et je râle sans bouger, ni le regarder. Ma jauge de patience ne va pas tenir bien longtemps avec ce con. « Je ne te ferais pas le plaisir de partir. » Cinglais-je en claquant ma langue contre mon palais. Il peut toujours rouler, je n'irai nulle part. « Si tu veux me faire partir, rentre moi dedans. » Un défi, c'est complètement fou et stupide mais je le provoque comme j'aime tant le faire avec les gens. S'il me fonce vraiment dedans avec son vélo, peut-être que je renterai chez moi. En même temps, s'il me fait mal, je n'aurai pas tellement le choix.

tenue. ∆ « VA TE FAIRE FOUTRE ! » Ricanant à son manque de contrôle je mordillais mes lèvres en continuant de faire du vélo tout autour de lui. C’était pathétique et tellement con de faire ce que je faisais, mais c’était juste marrant et je kiffais l’adrénaline que ça me procurait. Y’avait qu’avec lui que j’agissais comme un vrai connard. « Parce que tu en as peut-être ? Tu vas interdire à tous les passants de venir se promener ici sous prétexte que tu as une bicyclette ? Ne me fais pas rire, tout le monde peut mettre les pieds dans ce parc. » Tout le monde oui, pouvait mettre ses pieds dans ce parc, mais pas lui. Aujourd’hui je n’avais pas envie qu’il puisse y venir. Encore moins pour nous faire des mouvements chelou là. C’était une ballerine ? Manquait plus qu’il nous foute un tutu et des chaussons de danse et c’était le pompon ! Rien que d’imaginer ça, j’avais envie d’éclater de rire. Bon sang, il serait tout sauf sexy dans cette tenue. Quoi que, avec une perruque et des cheveux long, il serait peut-être mignonne qui sait. « Je ne te ferais pas le plaisir de partir. » Forcément, le jour où il obéirait du premier coup n’était pas arrivé. Aucun respect pour ses aînés, c’était donc ça la nouvelle génération qui arrivait ? Pour détruire le respect envers les aînés. « Si tu veux me faire partir, rentre moi dedans. » M’arrêtant de pédaler, en faisant un dérapage, je posais un pied au sol, plongeant alors mon regard dans le sien. Amusé, je dévoilais mes dents sous le rictus qui s’élargissait un peu plus. « Alors ? On s’énerve ? On a ses règles la danseuse ? » Non, je ne le provoquais pas du tout. Ce n’était pas du tout mon style. Mais à chaque fois ça partait en couille comme ça. Descendant de mon vélo, je le posais délicatement contre le mur du préau en me tournant à nouveau vers le plus jeune. « Si toi tu veux me rentrer dedans, fais, je suis descendu du vélo. Fais-toi plaisir. » Je le provoquais à mon tour en m’approchant de lui, sans le quitter du regard, totalement amusé de la situation.

tenue. ∆ J'avais bien compris qu'il en avait après moi aujourd'hui, il a dû se lever du pied gauche pour vouloir me faire dégager. En temps normal, nous nous entendons bien, nous sommes même amis et il arrive que ce soit moi qui le colle le plus souvent, mais là il a décidé autrement dès le départ. Je rentre aussitôt dans sa zone de conflit, montant sur mes grands chevaux pour m'imposer et ne pas me laisser marcher dessus. C'est un malheureux réflexe, un tempérament de merde, un comportement absurde mais c'est plus fort que moi. Quand il débute, je termine. Puis merde, je danse sur de la pop ou de l'odorite, pas du classique ou du ballet! Il comprends rien à la danse de toute manière, pourquoi je m'énerve comme ça ? Je ne comptais pas lui obéir, aîné ou pas aîné, il reste un idiot qui cherche juste à m'emmerder et je n'accepterai pas cela. Il peut faire ce qu'il veut, continuer à me tourner autour ou même me foncer dedans, je ne baisserai pas les yeux. Je n'aime pas son sourire, autant que je déteste ses mots. « Je t'aurai déjà prévenu si j'étais une fille. » Bah ouais quand même. Au pire, je l'emmerde si j'ai mes règles comme il dit. Ah, monsieur descend de son bolide pour me faire face, enfin. Il n'est pas si inéquitable finalement, même s'il a perdu quelques minutes à être con. « Faut pas me le dire deux fois. » Il s'approche et je fais de même, un sourire en coin. Il m'a cherché en premier, j'ai le droit de répliquer à ma guise. à deux mètres de lui, je précipite le pas pour le pousser brusquement, les deux mains sur son torse. Je serre déjà mon poing, prêt à lui foutre une droite dès qu'il reviendra à la charge. Si moi je suis une danseuse étoile, lui il va être un punching-ball.

tenue. ∆ « Je t'aurai déjà prévenu si j'étais une fille. » « Ah ouais ? Merde j’pensais que c’était le cas. T’es mignonne après tout. » Provocation sur provocation, voilà ce que c’était. Pourtant, ça ne rimait strictement à rien. Mais c’était juste l’adrénaline, le plaisir, allez savoir. Moi ça me plaisait, et à chaque fois c’était la même chose. Descendant de mon vélo, je le provoquais. Je ne pouvais plus tenir. Fallait que ça sorte, fallait laisser parler son corps et c’est bien ce que je fis là. « Faut pas me le dire deux fois. » Passant ma langue sur mes lèvres je m’approchais alors qu’il se mit à me pousser de ses deux mains. Reculant sous la force qu’il employait, un rire s’échappa de mes lèvres. Mon regard virant taquin, je serrais franchement le poing droit, faisant craquer mes articulations au passage. Sans perdre de temps je me jetais sur lui, le poing partant pour atterrir sur la pommette, l’autre s’agrippant à son haut pour le retenir. Un cri sorti de ma bouche, dévoilant la haine que je venais de mettre dans ce coup. Le poussant, je secouais ma main qui elle souffrait un peu sous le coup. « Ah putain ! » Lâchais-je en passant ma main sur mon visage. Je n’étais pas le style bagarreur, non du tout. C’était même surprenant de pouvoir me voir me battre. Mais Ji Hyuk tout était différent avec lui. « Pas trop mal j’espère ? Je n’ai pas trop forcé. » Et en plus je la narguais. « Allez. Viens. » J’arrangeais ma veste qui elle, était descendu légèrement sur mes bras, avant de passer une main dans mes cheveux pour m’approcher de lui. Main à nouveau fermée, j’étais prêt à lui en coller une seconde s’il le voulait. Ou même une troisième, tout dépendait de son envie. Et de la mienne.

tenue. ∆ Aujourd'hui Kyota me sort par les yeux, je ne peux même pas le regarder sans voir rouge. Pourquoi ? J'en sais rien. C'est juste la journée sans. Celles avec, c'est quand on déconne et qu'on se marre pour rien. Les sans, c'est justement quand ça dérape et que l'on gueule à la moindre occasion. « Quoi, tu as des vues sur moi maintenant ? » Beurk non, manquerait plus que ça! Kyann risque surtout de lui dégommer sa gueule de poupée, mais je sais par avance que ce n'est pas du tout son cas. C'est déjà un miracle si parfois nous nous apprécions, alors ressentir une quelconque attirance, jamais de la vie. Pieds à terre, je ne perds pas de temps pour répondre à sa provocation et le repousser brusquement avec toute la force que je possède. Il recule facilement, pour mieux revenir à la charge et abattre son poing dans ma pommette qui craque sous le choc. Ma lèvre s'ouvre et un goût de sang se répand aussitôt dans ma bouche, me faisant grimacer de dégoût. C'est immonde, mais je glisse ma langue sur le coin de mes lippes pour l'essuyer négligemment. « Bah quoi ? C'est tout ? Tu te fais mal en plus, t'es nul. » Ouais non, ce n'est pas écrit « maso » sur mon front, quand même pas ou juste avec mon copain. Il relance l'action et je me reviens sur lui tel un chat sauvage pour agripper sa veste qu'il venait de remettre en place. Je tire dessus vers le bas et donne un coup de genou dans son ventre, puis un coup de poing dans son menton. J'enchaîne deux coups rapides avant de reculer pour marquer une distance de sécurité, le sang perlant à nouveau. « ça fait du bien! » Je clame haut et fort, même si je me prend les coups, ça n'empêche pas que les rendre et cent fois mieux. « Allez Arashiro. » Viens donc tâter de mes poings.

tenue. ∆ « Quoi, tu as des vues sur moi maintenant ? » Levant les yeux au ciel, je souris en coin. « Prends pas tes rêves pour une réalité. J’suis pas gay. » Crachai-je doucement en plissant le nez. Mais soit ce n’était que secondaire. Y’avait plus important que savoir qui plaisait à qui ou quelle orientation sexuelle on avait. Non, le plus intéressant était le fait que ça allait partir en couille. Au second degré bien évidemment. Baston en clair. Et nous n’attendions pas cent ans pour commencer. M’avançant, je lui collais mon poing dans la figure avant de secouer ma main. Ah. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas battu. Ça faisait un bien fou. « Bah quoi ? C'est tout ? Tu te fais mal en plus, t'es nul. » Lui lançant un regard noir et rempli de haine, je passais ma main sous mon nez, inspirant grandement avant de revenir vers lui. Mais cette fois pas de chance pour moi. Coup de genou dans le ventre plus coup de poing, e restais sur place alors qu’il reculait. Portant ma main sur mon menton, je crachais avant de tâtonner la blessure. Je m’étais mordu en même temps et ça ne faisait pas du bien. « ça fait du bien ! » Reniflant je souris largement avant d’enlever ma veste et la jeter. Une fois, pas deux. Je n’étais pas non plus fou. « Allez Arashiro. » … Lui lançant un regard mauvais, je me jetais sur lui avant de donner un franc coup de pied dans son ventre pour le faire reculer. Sans attendre une seule seconde je le plaquais au sol avec hargne avant de lui coller deux grands coups de poings dans la face. A califourchon sur lui, je le tenais par le col le poing levé, prêt à le frapper à nouveau. « Ça fait toujours autant de bien ? T’aime ça ?! Tu veux que je te frappe encore ?! » Dis-je d’un ton narquois.

tenue. ∆  « J'aurai pensé le contraire. » Je le regarde de haut en bas avec un sourire mesquin au bord des lèvres. Je me demande bien combien de meuf il attire. De toute façon, il sait très bien que je suis déjà en couple et que cela ne sera jamais possible, même une fois mort. L'ambiance change radicalement après ça, et le premier coup part sans attendre, dans ma figure. Je l'ai provoqué, poussé et il a répliqué aussitôt. ça fait mal, mais qui est-ce qui souffre le plus ? Il secoue sa main et je me moque ouvertement, sans pression. Je continue la provoque, toujours plus maso et dérangé. C'est juste pour alimenter sa haine et poursuivre la bagarre, l'attrapant par sa veste pour lui donner un coup de genou, puis un coup de poing. J'ai l'habitude de me battre depuis que je vis à Tokyo, cela est supportable. Kyota retire sa veste et je souris après mon petit surnom. Il a bien une tête de cycliste. Le coup de pied s'en va et je perds l'équilibre, tombant à la renverse pour permettre à Kyoto de m'écraser et d’asséner d'autre attaque. Le sang me monte au visage et s'échappe par mon nez, collant vers ma joue à cause de ma position. Il gueule mais pour seule réponse, je lui crache au visage. Un sourire se peint sur mes lèvres mais je ne cherche pas à répliquer, restant allongé au sol en réalisant que ça fait mal... J'ai le visage en feu et le nez qui pique, le souffle court et la vision flou. « Tu frappes comme une fillette. » J'aime bien dire ça durant une bagarre, ce n'est pas la première fois que je sors cette phrase. « Vas-y, frappe. » Soufflais-je en le fixant les yeux dans les yeux.

tenue. ∆ « J'aurai pensé le contraire. » Le foudroyant du regard, je passais brièvement ma langue sur mes lèvres en crachant au sol. Il m’énervait. Plissant le nez, je m’approchais de lui pour régler nos comptes une bonne fois pour toute. Autant aller dans le tas et ne plus réfléchir. Donnant le bon mot à la situation, baston. On se battait purement et simplement. Pas de jaloux chacun de nous recevait des coups et j’avais clairement envie de l’écraser, de l’enterrer et de m’en débarrasser. Comme à chaque fois que l’on se cherchait. C’était devenu une sale habitude, surement puéril mais c’était comme ça. On y pouvait pas rien. Le plaquant au sol je le frappais deux fois avant de le provoquer un peu plus en gardant le poing levé. « Tu frappes comme une fillette. » Et je n’étais pas le seul à aimer ça apparemment. Plissant le nez je souris un peu plus. « Vas-y, frappe. » Et en plus il aimait bien faire dans le vif. Passant ma langue sur mes lèvres, je me préparais à le taper avant d’entendre du bruit non loin de nous. « Qu’est-ce que vous faites ?! Arrêtez tout de suite ! » Les flics ! Me redressant, c’était pas le moment de se faire embarquer, je l’aidais à se relever avant de filer à toute vitesse sur mon vélo, je récupérais ma veste au passage. « Monte vite ! » Dis-je en lui indiquant de monter sur le guidon. Pied sur la pédale, je le laissais monter avant de partir à toute vitesse pour fuir. De toute évidence ils ne couraient pas assez vite. Même avec Ji Hyuk sur le vélo ça ne me posait pas de souci pour aller assez vite. Ça serait le comble pour moi de me faire arrêter en vélo par des flics à pieds. Suivant mon instinct sans trop savoir où j’allais, je suivais plus ou moins la route avant de me stopper dans un endroit calme sans trop de monde. De toute façon il pleuvait un peu trop pour que le monde soit dehors sans raison valable. « Toujours là quand il faut pas ces cons. » Râlais-je en mettant mes mains dans mes poches.

tenue. ∆ Il n'en fallait pas plus pour que les coups partent et qu'on s'en prenne pleins la tronche. Un mot de travers et c'est le nez qui terminait de travers. Je ne retenais pas tellement ma force, tapant sans rien contrôler. ça soulage mine de rien, ça fait même un bien fou et insoupçonné. Certes, on ne devrait pas être autant violent entre « pote » mais je crois plus aucun lien nous relie dans ces moments-là. Nous sommes juste deux étrangers qui se cherchent la baston et cela se termine avec des ecchymoses. Le coup de trop et je me retourne allongé au sol, essoufflé et tordu par la douleur. Il frappe fort, quand même. ça n'empêche pas que je le provoque librement, me fichant pas mal qu'il m'écoute et tape à nouveau. Kyota était prêt à le faire, le poing serré mais un élément perturbateur vient tout gâcher. Au son de leurs voix, je suppose que c'est la police. J'ai déjà suffisamment d'ennuie comme ça pour m'attirer ces cons, Kyota doit penser comme moi puisqu'il réagit au quart de tour. Merde, je suis épuisé pour rien ... Heureusement qu'il ne m'abandonne pas là et m'aide à me redresser, peinant à faire ce qu'il me demande. « J'tiendrai jamais! » Gueulais-je en attrapant son guidon, pas du tout rassuré. Les pieds calés là où je pouvais et les doigts crispés au guidon, je sens mon coeur se jeter jusqu'à mes pieds quand il met à pédaler rapidement dans le parc. Bon dieu, comment je fais pour tenir sans tomber ? J'ai vécu un instant atroce à serrer mes jointures sur les poignées, souffrant en silence tandis que la pluie m'a inondé le visage. ça dégouline de partout au point où on ne voit plus trop la différence. « Je vais être malade... » C'est trop pour moi, je suis mieux les deux pieds sur terre. D'ailleurs j'ai du mal à bien les reposer contre le bitume, une main toujours sur son vélo. « Putain ... Pourquoi tu ne me laisses pas danser en paix ? » Je me plains, passant ma main contre mes lèvres. La pluie s'est occupée de nettoyer mon visage, arrêtant le saignement par la même occasion. Bon, qu'est-ce qu'on fou maintenant ?

tenue. ∆ « J'tiendrai jamais! » « Mais si ! Ne bouge pas ! » Lâchai-je en pédalant avec force. Parce que si j’avais l’habitude de pédaler, je n’avais pas forcément l’habitude d’avoir un second corps sur mon vélo. Je me débrouillais pourtant très bien, puisqu’on réussit à les semer. Enfin, je réussis à les semer. Lui n’avait fait qu’être assis sur mon vélo, sans rien faire. Stoppant le vélo une fois assez loin, et totalement sûr qu’on n’aurait aucun souci, je posais les pieds au sol en soupirant fortement. Ça m’avait complètement asséché. « Je vais être malade... » Le regardant descendre du vélo, tout en se tenant à celui-là, je secouais la tête. On avait pas fait un tour de manège non plus il exagérait… On était allé vite et ça s’arrêtait là. J’osais même pas savoir comment il était si on allait dans un parc d’attraction. Il allait gerber sur tout ce qui passait. « Putain ... Pourquoi tu ne me laisses pas danser en paix ? » Roulant des yeux, je lui fis signe de lâcher le vélo. Descendant, je le posais contre le mur avec précaution, histoire de pas l’abîmer. « T’es con. » Dis-je simplement en passant une main dans mes cheveux. J’étais complètement trempe avec ces conneries. Putain. « Suis-moi. » C’était un ordre et ça sonnait très bien comme tel. Prenant mon vélo, sans monter dessus, marchant simplement, je partis en direction de la petite superette au loin. Posant mon vélo devant j’entrais en soupirant. Il faisait chaud ça faisait du bien. Ignorant le regard de la fille derrière la caisse je partis dans les rayons de la petite boutique avant de prendre une serviette et me sécher. J’en balançais une sur Hyuk avant de partir prendre de quoi bouffer et boire. Payant le tout je mis tout à réchauffer dans le micro-onde. « Tu veux la sauce piquante dans tes ramens ou pas ? » attendant sa réponse, je versais deux sachets de sauce piquante dans les miennes avant de poser mon cul sur une chaise.

tenue. ∆  Qu'il est marrant cette tête de chamallow, comme si je pouvais tenir à moitié avec son guidon dans les fesses pendant qu'il pédale comme un taré. Et si mon pantalon s'agrippe dans la roue, hein ?! Je ne vais pas seulement me manger le trottoir mais finir le cul à l'air, merci bien. à part gueuler comme une vierge effarouchée, je n'ai rien fait pour aider Kyota à semer les policiers, j'avoue. Mais voilà, nous sommes à l'abri maintenant! Bien que je râle pour la forme et parce que j'ai vraiment eu peur pour ma vie durant plusieurs minutes. Non, moi j'aime danser sur le sol, pas faire du vélo sur la roue avant! Je râle toujours en descendant de son bolide, pleurnichant à moitié tel un gamin tandis qu'il soupire et me juge sûrement. Qu'il ne me parle même pas de parc d'attraction, à part la grande roue, je ne tolère pas grand chose. Le dernier truc que j'ai fait remonte à l'année dernière durant la saint valentin, et c'était un parcours bateau avec Kyann. « Merci. » Raillais-je à son doux compliment sur ma petite personne. Je suis bien obligé de le suivre, maintenant qu'il m'a fait rouler je ne sais où. Tokyo n'est pas encore dans ma poche, je ne connais pas tout de cette ville malgré ma seconde année à vivre ici. Je le suivais donc jusqu'à une supérette où il entra pour piquer des serviettes dans un rayon, ainsi qu'à manger. Je rêve où il paye tout sans rien me demander ? Je souffle mais m'installe quand même, hochant doucement de la tête. « Ouais, vas-y. » Je pousse mon pot de ramen vers lui pour qu'il s'amuse à doser, bien que je ne sois pas fan du piquant. Quand cela est fait, je ramène mon plat vers moi et plante mes baguettes dedans pour remuer distraitement. En relevant la tête, je tombe sur sa face abîmé et souris, avant de rigoler comme un con. « Tu as perdu de ton charme, c'est dommage. » Petite moquerie, mais je détourne les yeux pour chercher le rayon pansement et soin. J'abandonne deux secondes mes nouilles pour saisir du coton, du désinfectant et des pansements que je ramène là où nous sommes, après avoir réglé les articles. « Tu me nourris, je te soigne. ça te va comme ça ? »

tenue. ∆ Payer des nouilles à Ji Hyuk ne me dérangeait pas. Dans un sens j’étais l’ainé, alors je me devais aussi un tant soit peu de prendre mes responsabilités. Ok, on partait souvent en couille, on avait ce genre de relation assez bizarre qui faisait qu’on se disputait souvent. Le genre de dispute inutile qui pourrait amplement être évité. Mais nous, on aimait ça. Se disputer se provoquer et se fighter. C’était surement une sorte d’exécutoire. Dans tous les cas, ça nous allait et jusqu’à présent ça ne nous dérangeait pas pour après se parler, presque comme si de rien était. Comme si c’était normal. Ce n’était pas normal, lui comme moi le savions. « Tu as perdu de ton charme, c'est dommage. » Haussant un sourcil, je tournais le regard vers lui, avant de ricaner doucement. « Heureux de savoir que tu me trouves charmant. » C’était ironique bien évidemment. Mais quand même. C’était bizarre à entendre de lui. Le voyant s’en aller, je le suivis rapidement du regard avant de me mettre à manger. Les ramens c’était bon quand c’était chaud, pas tiède ou froid. « Tu me nourris, je te soigne. Ça te va comme ça ? » Manquant de m’étrangler, je toussais en crachais le peu de nouilles que j’avais en bouche. « J’vais me soigner tout seul alors. »[/Color] J’attrapais ce qu’il avait pris pour commencer à me soigner. Manquerait plus qu’il me désinfecte et tout devant les gens. Bon ok, il n’y avait personne hormis le cassier, mais… ça faisait putain de chelou si un homme s’occupait de mon visage, non ? Mais en fait, tout seul, je n’arrivais pas très bien à me démerder. « Bon, je ferais ça plus tard, mes nouilles vont se ramollir. » Attrapant mes baguettes je me remis à manger sans perdre de temps. « Mange, tes nouilles vont être molles et froide. » Manquerait plus qu’il râle sur ce fait là.

tenue. ∆  Nous ne sommes pas normaux, je l'avoue. La minute d'avant nous nous tapons encore dessus à renfort d'insulte sans queue ni tête et celle d'après, nous mangeons ensemble en discutant tranquillement comme si rien n'était arrivé. Je ris même à sa réplique, secouant doucement la tête sous le coup de l'hilarité. Ouais, il a un charme naturel mais je ne l'envie pas pour autant. Bref, je m'enfuis dans un rayon pour prendre de quoi nous soigner, parce qu'on est vraiment pas beau à voir. Puis je n'ai pas envie de m'expliquer auprès de Kyann, il risque de s'inquiéter en voyant ma tête amochée. Revenant vers lui, je propose de le soigner mais cet idiot s'étrangle avant de repousser mon aide. Sale con, je grogne après m'être assis de nouveau sur ma chaise, agacé par son comportement. Pendant qu'il se désinfecte, je lui envoie mes baguettes dans la tête pour me venger. Non mais oh, je suis gentil et tout, mais monsieur n'est même pas ravi. Ce n'est pas rare que je boude pour rien, puis je m'en fiche de ses ramens! « J'ai plu de baguette... » Bah oui, je l'ai attaqué avec, du coup je n'ai plus rien pour manger mes nouilles. Attrapant le bol à deux mains, je l'apporte à mes lèvres pour manger comme ça, dosant la quantité pour ne pas m'étouffer avec. Les nouilles n'auront pas le temps de refroidir ou de ramollir, qu'elles seront déjà dans mon estomac. La bouche pleine, je relève les yeux vers lui tout en essayant de parler. « Pourquoi tu es toujours aussi chiant ? » La plus part du temps, c'est lui qui vient m'enquiquiner et pourrir mon espace vital, tandis que je reste à l'écart pour le narguer silencieusement. Il me rentre dedans et ensuite je réplique, aussi bête soit-il.

tenue. ∆ Alors que je me soignais tranquillement, sans trop y parvenir non plus parce que ce n’était pas réellement pratique, je me reçus des baguette en plein visage. Merci, j’adorais ce genre d’attaque. « J'ai plu de baguette... » « Fallait réfléchir à deux fois avant de me les lancer dessus baka. » Je roulais des yeux en le regardant longuement. Et voilà, il avait vite trouvé la solution pour manger ses ramens. En buvant le bouillon tout en avalant les nouilles. C’était aussi un moyen de s’étrangler, mais il était assez grand, il n’allait pas s’étouffer en mangeant des ramens de la sorte. « Pourquoi tu es toujours aussi chiant ? » « Ah…. On ne peut vraiment pas manger en paix dans ce monde. T’as décidé de jouer le chiant à ma place ? » Dis-je en posant mes baguettes pour le regarder et soupirer. « Et puis je suis pas chiant. Et puis au pire, je suis venu avec cette option-là, c’est à prendre ou à laisser. » ajoutai-je en fronçant les sourcils. Le regardant longuement je tendis la main pour lui enlever un bout de nouille de sur la lèvre du dessus. « Tu ne sais même pas manger correctement… T’es bien un gosse ma parole. » je ruminais plus pour le plaisir qu’autre chose. Mais ce n’était pas méchant du tout. Me levant, j’allais acheter des onigiris en triangle, tout un tas, pour le poser sur la table et m’en défaire un pour croquer dedans. C’était tellement bon. Je pourrais manger que ça. Si mon manager me voyait, il allait me tuer. « Plus sérieusement pourquoi tu dansais là-dessous ? T’as pas d’endroit où danser ou quoi ? » Genre à son boulot par exemple … ? Il avait le temps de danser là-bas. Ou alors il avait changé de boulot ? Non, pas que je sache.

tenue. ∆  Oui, je sais que je n'aurai pas dû les lancer, merci bien. C'était un malheureux réflexe à la con, mais bon. Ce n'est pas la fin du monde, je peux toujours manger mes nouilles avec ma bouche, alors voilà le problème est réglé. Je n'ai plus l'âge de m'étrangler avec des nouilles, ni de les recracher par le nez. Par contre, j'ai l'âge pour râler et me plaindre sur quoi que ce soit et là en l’occurrence, c'est sur lui. « Je ne suis pas chiant. » à d'autre, mais je défends ma cause. Lol, la bonne blague. Je ris à son commentaire, secouant doucement la tête. « J'aurai préféré à laisser. » Il tend le bâton, ma foi. Je reste figé quand il rapproche sa main pour virer un truc de ma lèvre, fronçant aussi les sourcils. Non mais qu'il garde sa main pleine de doigts de son côté! « Je suis venu avec cette option-là, c'est à prendre ou à laisser. » Répétais-je mot pour mot, avec la même expression. Kyota quitte sa place et pendant ce temps, je termine mon bol de nouille à la vitesse grand V. Ce mec est un puits sans fond, mais je ne vais pas m'en plaindre, prenant un onigiri. Je croque dedans, m'appuyant sur le dossier de ma chaise. « Je danse où je me sens bien. La pluie m'inspire, le parc aussi. » Une nouvelle bouchée et je soupire. « Puis toi aussi tu fais bien du vélo par ce temps. » Je ne danse pas au club, je sers seulement des boissons. Quoi qu'il m'arrive de me faufiler sur la piste pour faire des miennes, puis même si j'ai le club de l'école en plus, je préfère l'extérieur et la nature. « Je danse si mal que ça ? » Il me fout le doute, ce con. Un capitaine de club doit savoir danser, puis j'aime bien inventer des pas pour faire des nouvelles chorégraphie.

tenue. ∆ « Je ne suis pas chiant. » Ouais, ben ça c’était à revoir. « J'aurai préféré à laisser. » Je roulais des yeux, sans rien répondre. Que ce gosse était chiant ma parole. Le regardant, je secouais la tête en ruminant. Et en plus d’être chiant, il ne savait pas manger ! Fallait tout leur apprendre ma parole ! Ce n’était pas possible… Je me dépêchais de lui enlever la nourriture qu’il avait sur les coins des lèvres. Comme un grand frère ou un parent le ferait à son enfant. Qu’est-ce qu’il me faisait pas faire sérieusement ! Même ma petite sœur ne me faisait pas faire ça… « Je suis venu avec cette option-là, c'est à prendre ou à laisser. » Relevant le regard vers lui, d’un air blasé, je soupirais longuement. Ah j’abandonnais. Il était vraiment désespérant. Y’avait pas d’autre terme pour le coup. Me levant j’allais chercher des onigiris les posant sur la table avant de m’installer à nouveau et continuer mon repas. « Je danse où je me sens bien. La pluie m'inspire, le parc aussi. » Mouais, la pluie l’inspirait. On dirait un drogué qui parlait là. Il ne voulait pas une petite dose de crack par hasard ? « Puis toi aussi tu fais bien du vélo par ce temps. » Ouais enfin… Faire du vélo c’est déjà bien plus naturel que danser dans la rue… Qu’on ne me dise pas le contraire ! « Je danse si mal que ça ? » Croquant dans mon onigiris, je le regardais sans plus bouger. Le regard sérieux, quelque peu strict, bon mon regard de tous les jours quoi, je levais ma main gauche avant de lever le pouce en l’air. « Tu danses bien sale gamin. » Dis-je la bouche pleine, avant de finir d’avaler ce que j’avais en bouche. « J’suis peut-être chiant, mais je sais encore être franc. Tu danses bien. Je t’aurai cassé les jambes depuis longtemps si tu ne dansais pas si bien que ça. » Quoi ? Autant arrêter le massacre direct quoi. Mais lui n’en avait pas besoin. « T’as pas de salle ou quoi pour t’entrainer le soir avant de bosser ? » Fallait bien qu’il s’entraine et qu’il créé. Oui, je le concevais mais… Il pourrait avoir une salle pour ça quand même.

tenue. ∆  Il tend la perche, le Kyota. Je ne peux être autrement que chiant, surtout quand il parle ou tente de faire son grand frère. Je ne peux pas manger salement en paix ? Puis de toute façon, je n'ai pas à lui plaire, donc je peux bien m'en mettre partout sans aucune honte. Il me fait la morale, mais c'est étrange, ça rentre par une oreille et ressort aussitôt par l'autre. Désespéré, Kyota a quitté la table pour aller chercher des boulettes de riz qu'il dépose sur la table, à portée de main. Je critique son appétit, mais je ne me gêne pas pour manger non plus. Puis je parle de ma passion pour la danse, sans me douter de l'image que je pourrais renvoyer à mon ami. J'aime juste la danse et la pluie, je trouve que ça donne une atmosphère différente que sous le soleil ou en salle, devant un miroir. Là, je dansais sans mon reflet, juste en imaginant... C'était magique! Je commence à me remettre en question avec ses paroles, mais il vire le doute qui s'est installé quelques secondes plus tôt, me redonnant le sourire. Donc, je ne suis pas mauvais. « Dans ce cas laisses-moi tranquille quand je danse. » Dis-je en grignotant un coin de mon onigiri, tandis qu'il déborde de grâce avec sa bouche pleine. Une salle ? « J'ai la salle du club à l'école ou chez moi, mais le parc est à l'air libre. Tu ne peux pas comprendre tout ça, toi. Tu ne fais pas du vélo d'appartement, si ? » Ce serait marrant à imaginer, Kyota sur un vélo sans roue. Je peux danser un peu n'importe où, là je voulais être dans le parc, c'est tout. « J'en ai marre de danser systématiquement en salle ou devant un miroir. » Voilà que je raconte ma vie, pour le plus grand plaisir de Kyota.

tenue. ∆ « Dans ce cas laisses-moi tranquille quand je danse. » Je roulais les yeux en soupirant. Il n’était jamais content ce gosse. Quoi qu’on dise, il voudrait toujours avoir le dernier mot de toute façon. Ma foi, c’était plaisant, c’était plus sympa ça, que d’avoir quelqu’un qui obéissait au doigt et à l’œil, comme un simple soumis. « J'ai la salle du club à l'école ou chez moi, mais le parc est à l'air libre. Tu ne peux pas comprendre tout ça, toi. Tu ne fais pas du vélo d'appartement, si ? » J’haussais un sourcil à sa question. Bien sûr que si j’en faisais. Bon, ce n’était pas aussi excitant que le bmx. Mais j’en faisais. Surtout avec les programmes qu’il y avait sur les vélos d’appartement. Comme si nous étions en condition de course, ou de randonnée, les pédales devenaient plus difficiles à pédaler suivant le niveau… Comme l’impression de monter et de descendre une pente. La technologie, c’était tout une histoire. « Désolé de te décevoir mon pote, mais je fais du vélo d’appartement. » Ouais, il allait surement me prendre pour un alien, ou j’sais pas. « J'en ai marre de danser systématiquement en salle ou devant un miroir. » Posant mon coude sur la table, je bus un coup avant de soupirer longuement. J’étais pleinement rassasié pour le coup. « Je vois. T’aime pas les habitudes quoi. Fin t’aime la nouveauté et tout ça. » ça pouvait se comprendre, en clair il n’était pas quelqu’un de casanier, il avait envie de nouveau pour pouvoir se régaler. « J’espère que t’es pas pareil en couple sinon ça craint. » Sait-on jamais. Mais bon ça ne voulait rien dire pour autant. « D’ailleurs, pourquoi tu bosses dans ce bar ? Tu devrais changer de métier. Genre, prof de danse. Tu sais que ça cherche pas mal dans ce domaine-là ? » Bon je n’étais pas son frère ni son père, mais c’était juste une idée comme ça.

tenue. ∆  Je ne suis pas le genre à vouloir le dernier, mais juste à vouloir danser en paix. Peut-être que je n'insisterai pas autant si c'était un autre sujet, qui ne me tient pas autant à coeur que ma passion. Je suppose qu'il ferait pareil à ma place pour le vélo. Je lui explique rapidement pourquoi je danse dehors et non en salle, ce n'est qu'une question d'overdose et d'étouffement. J'ai besoin d'air comme 90% de la population. Bon, je ne suis pas calé en vélo mais je n'ai jamais imaginé Kyota sur ceux d'appartement. Il brise le mythe... Difficile de ne pas rire, même un tout petit peu. « T'es un grand sportif, en fait! » Mon petit rire devient moins petit, mais ce n'est pas méchant ni moqueur. Il me surprend, moi qui le voyais délinquant dans l'âme à pédaler n'importe où dans Tokyo. Voilà, il a compris comment je fonctionne! Je n'aime pas tout ça ou j'aime autre chose qui sort de l'ordinaire. « Ouais, c'est exactement ça. » Souriais-je fièrement en buvant à mon tour comme si je me calquais sur lui. « Yah! J'suis pas polygame! Ni infidèle! » J'ai failli lui balancer ma bouteille à la figure, mais je me retiens au dernier moment. Professeur de danse ? Oh, je n'ai jamais songé à cela. « Je ne sais pas... Ce boulot m'a beaucoup aidé jusqu'à présent et qui sait, je ne suis pas sûr d'avoir les compétences ou l'âge pour devenir professeur de danse. » Un soupir et je dépose ma joue contre le dos de ma main, tandis que mon coude est sur la table. Je pourrais y penser, si jamais je perds mon travail au club. « Et toi, à part les compétitions ? Tu comptes faire cela toute ta vie ? ça existe professeur de vélo ? » ça doit être marrant d'apprendre le vélo à quelqu'un, genre comme les enfants avec les deux petites roues à l'arrière. à voir comme ça, Kyota n'a rien d'un professeur de quoi que ce soit, mais je ne sais pas trop dans quoi l'imaginer en réalité.

tenue. ∆ « T'es un grand sportif, en fait! » Haussant un sourcil, je souris doucement. S’il savait… Mais ce n’était pas réellement un choix, mais une sorte d’obligation. Il fallait être endurant en vélo, et ça, peu de gens le savaient. Mais il fallait être musclé, et les cuisses ne suffisaient pas. Il fallait avoir tout le corps de musclé… Et puis en freestyle, pas de bras, pas de figure. « Si tu savais le nombre d’heures que je passe en salle de musculation, tu serais étonné. C’est vraiment chiant. Surtout quand mon manager est avec moi. » C’était un acharné, il ne me laissait même pas respirer ou boire de l’eau. Mais c’était un mal pour un bien. Cette année il y avait les Jeux Olympiques et les sélections étaient pour bientôt. Mon rêve allait surement se réaliser mon dieu. Mais soit. Lui il avait l’air d’être quelqu’un qui n’aimait pas la routine de ce que je comprenais de ses paroles. « Ouais, c'est exactement ça. » J’avais bien juste. Je n’étais pas si aveugle que ça pour voir comment était une personne. « Yah! J'suis pas polygame! Ni infidèle! » Je rigole doucement en le voyant s’énerver tout seul. Tant qu’il ne me jette pas cette bouteille d’eau dessus, ça me convient. Manquerait plus que ça, qu’il m’assomme avec une bouteille. « On se calme olalala. Mais c’est cool, les gens fidèles tout ça. J’sais pas comment tu fais. Fin, je ne suis pas infidèle … mais j’ai tendance à… négliger mes copines. Elles me larguent toutes car je suis trop dans mon bmx. » ça ne me dérangeais pas tant que ça dans le fond. Je n’étais pas le gars accro aux relations, que ça soit sentimental comme sexuelle. Je pouvais m’en passer. De toute façon j’étais bien trop occupé avec le bmx pour penser au cul. Parlant de son boulot, je lui demandais pourquoi il n’envisageait pas d’être professeur de danse. « Je ne sais pas... Ce boulot m'a beaucoup aidé jusqu'à présent et qui sait, je ne suis pas sûr d'avoir les compétences ou l'âge pour devenir professeur de danse. » Je fronçais les sourcils en buvant un dernier coup avant de soupirer. « T’es majeur non ? Alors tu l’as. Te suffit de passer un test d’accès dans un conservatoire et après je ne sais pas combien de temps, tu deviens professeur de danse. » Il me semblait que c’était un truc du genre. Mais je n’étais pas totalement sûr. Je n’étais pas spécialiste en danse, mais j’en avais entendu parler à la fac. « Et toi, à part les compétitions ? Tu comptes faire cela toute ta vie ? Ça existe professeur de vélo ? » Je réfléchis quelques instants avant de soupirer. « J’en ferai jusqu’à ce que mon corps me dise stop. Je pense qu’après je passerai plutôt du côté des juges de compétition et tout ça. Peut-être créer une école de bmx ? Y’en a pas assez… J’aimerai que ce sport soit plus reconnu. » Et ça serait pas facile.

tenue. ∆  Finalement, nous ne sommes pas bien différent. Faut bien se porter pour faire certaines danses, surtout quand tu utilises autant tes bras et tes mains que tes jambes et tes pieds. J'aime juste le sport, autant que j'aime me dépenser. Je ne fais pas cela par obligation mais bien parce que ça me plait d'être toujours en mouvement, en action. C'est marrant à imaginer un Kyota surveillé par un bonhomme pendant qu'il soulève des poids ou fait du vélo en salle. « Je devrais venir le faire avec toi. » Pour passer le temps avec quelqu'un tout en faisant de la musculation. Effectivement, je n'aime pas trop la routine ni les journées répétées. Kyota marque un point, malgré ce qu'il pense de moi. Peut-être qu'on ne dirait pas comme ça, en voyant ma tête ou quoi, mais je suis bel et bien fidèle à mon petit ami. Y a que Kyann qui compte. « Tu sais, être fidèle ne devrait pas être une qualité mais quelque chose de normal chez tout le monde. » Je ne juge pas, Kyota peut bien aimer plus ses vélos que ses copines. « Peut-être qu'elles ne comptent pas suffisamment pour toi ? J'aime beaucoup la danse au point de vouloir en faire un métier, mais je sais que Kyann sera toujours plus important que tout ça. » Parce que c'est LA personne qui compte le plus pour moi, bien avant mes passions ou ma mère. Chacun a ses priorités, lui pour le bmx et moi pour mon copain, puis la danse. « Tu en sais des choses, dis donc. » Même moi je l'ignorais. Il m'en apprends une bonne, je devrais me renseigner pour être fixé là-dessus. à mon tour, je m'intéresse à lui et à son passe-temps pour le vélo. Wow, il a beaucoup d'ambition dans la vie mais ça ne me surprend pas vraiment. Nous aimons tout deux un univers donnant du choix, tel que juge ou professeur. « Je voudrais bien voir à quoi ressemble des cours de bmx. Tu pourrais m'apprendre deux trois trucs ? » Je lui fais mes yeux de chaton, battant des paupières pour mieux l'amadouer. Allez, craque ~ Même si on se chamaille pour rien, ça ne m'empêche pas d'être curieux et de vouloir plus en apprendre.