loukas aimait aller à l’université et étudier. mais il aimait encore plus le week-end, lorsqu’il pouvait rester chez lui, passer sa journée en jogging et sweet à capuche un peu trop grand pour lui, accompagné de sa tasse de thé qu’il remplissait toutes les heures. et surtout, il avait beaucoup plus de temps libre pour écrire. c’était ce qu’il préférait faire par dessus tout, pendant le week-end. alors, pendant que l’après-midi était à son apogée et que l’heure du goûter allait bientôt sonner sur l’horloge mural accroché dans le petit salon de l’appartement, loukas était assis à son bureau dans sa chambre. une de ses jambes était repliée de sorte à ce que son pied soit posé sur la chaise et son genou au niveau du bureau. les manches trop longues de son sweet cachaient sa main gauche, et les doigts de sa main droite dépassaient assez pour tenir le stylo. la tasse ghibli, recouverte d’un graphisme du chateau ambulant, reposait dans un coin du bureau, et le thé vert de noël qui la remplissait avait perdu sa chaleur. loukas était bien trop inspiré et concentrait sur son écriture qu’il l’avait oublié. il grattait sur le papier, à chaque inspiration un mot s’alignait, à chaque expiration un autre se formait, si bien qu’au bout de plusieurs secondes une phrase était formée. et ainsi le temps s’écoulait dans le petit appartement vide et calme de loukas.

mais le silence fut troublé par la sonnette d’entrée qui se mit à retentir dans l’appartement. loukas était tellement plongé dans son écriture qu’il en sursauta et son pied perdit son emprise sur l’assise de la chaise ce qui lui valut de se cogner le genou contre le bureau. il grogna d’énervement, mais s’étonnait qui pouvait bien sonner chez lui à cette heure-là. jetant un coup d’œil à sa tasse, il se dit que le thé devait être froid maintenant et il la prit entre ses mains cachées par ses manches. il se dépêcha de remettre la bouilloire en route et de poser la tasse à moitié pleine à côté avant d’aller ouvrir la porte. mais loukas n’avait pas prévu de se retrouver face à un de ses plus ou moins amis de classe, adrian. il le regarda, étonné, incapable de se souvenir s’il avait prévu de se voir pour un projet ou même s’il avait donné son adresse à adrian. concentrer toute la capacité de son cerveau dans l’écriture pendant plusieurs heures pouvait avoir cet effet sur loukas, il lui fallait de longues minutes avant de se souvenir de sa vie réelle. ses deux mains tenant le côté de la porte et sa tête appuyée dessus, loukas baissa les yeux vers les bagages qui trainaient aux pieds du jeune homme en face de lui. « c’est à toi tout ça ? » loukas n’en revenait pas qu’une seule personne pouvait avoir autant d’affaires. il releva son regard vers le visage d’adrian et son sourire légèrement agaçant. « et, tu fais quoi là au juste ? parce que j’ai pas que ça à faire, donc si c’est une blague, au revoir. » malgré les paroles de loukas, sa voix était douce et quelque peu rauque à force d’être resté muet depuis presque vingt-quatre heures maintenant. alors, il fronçait les sourcils pour se donner un air sérieux.

loukas pencha la tête sur le côté, réfléchissant quelques secondes aux paroles d’adrian. l’annonce. mais bien sûr ! loukas avait complétement oublié qu’il avait fait passé une annonce comme quoi il cherchait un colocataire. il n’aurait juste jamais pensé qu’adrian serait intéressé. il n’avait même jamais pensé qu’il pourrait un jour l’avoir en tant que colocataire. le silence du jeune homme lui donna des frissons, et il baissa la tête, se grattant l’oreille, signe qu’il commençait à être nerveux. « ah, oui, l’annonce, euh… » puis quand adrian se plaint du froid, loukas se recula un petit peu. « attend, faut que je range un peu, je pensais pas que quelqu’un viendrait en fait. » c’était faux. il n’y avait presque jamais de bazar chez loukas. mais avec la personnalité d’adrian, il n’avait juste pas envie qu’il fouille ne serait-ce qu’un peu et trouve ce que loukas était en train d’écrire à l’instant. loukas n’aimait pas que d’autres personnes lisent ses écrits. pas avant qu’il ne soit prêt psychologiquement à les partager.

alors que loukas était en train d’hésiter à  lui refermer la porte au nez pour aller rapidement ranger son travail, il vit adrian prendre en main ses bagages. mais l’une d’entre elles s’ouvrit et se renversa sur le sol. loukas baissa le regard. peut-être quelques dizaines de manga s’échappaient de cette valise, et certains s’étaient retrouvés à ses pieds. alors, il se pencha et en attrapa un, le regardant. un petit sourire en coin s’afficha sur son visage. « je savais pas que tu lisais ça, toi. » dit-il, mais au fond cela ne l’étonne pas. il respecte tout choix de lecture. il a lui même une petite collection de manga, mais il n’avait jamais pensé auparavant à lire des yaoi. loukas entendit adrian dire quelque chose, mais il lui était impossible de comprendre. « hein ? » mais loukas haussa les épaules. après tout, il s’en fichait un peu. il aida adrian à ramasser les mangas, mais au lieu de les remettre dans la valise, autant les emmener à l’intérieur, si adrian était son nouveau colocataire. puis, il se retourna et jeta à nouveau un regard aux autres bagages derrière adrian. « j’y crois pas. » murmura-t-il pour lui-même. puis il monta un peu le ton pour que le jeune homme l’entende. « ne compte pas sur moi pour t’aider à amener toutes tes valises dans ta chambre. »