Le choix n'appartient qu'à soi-même. #YUNRIA

Bae Yun Hua & Heiwajima Astéria

TENUE ••• Le sixième mois, celui où le ventre commence à prendre du volume et s'imposer comme une évidence. J'ai beau mettre trois tonnes de vêtement par dessus pour cacher ma grossesse, cela ne semble pas m'aider psychologiquement. J'ai la sensation que tout le monde m'observe et me juge, qu'ils chuchotent dans mon dos quand je passe devant eux et que les rumeurs vont bon train. Je ne peux pas démentir quand je vois la forme ronde de mon ventre, et plus les semaines s'écoulent, plus ça prend de l'ampleur. Des jumeaux, c'est difficile à dissimuler dans un corps si petit et mince. Aujourd'hui, je ressemble plutôt à une bonbonne ou à un ballon de baudruche. Je ne rentre plus dans mes jeans, à peine dans mes tee-shirt ou mes pulls et j'ai dû me racheter des vêtements adéquates en cachette, pour ne pas attirer l'oeil. Jusqu'à quand vais-je avoir honte ou peur de ma condition ? Peut-être jusqu'à me débarrasser de ses bébés qui grandissent doucement dans mon corps.

La dernière fois que j'ai parlé avec Zero, nous nous sommes disputés au sujet de l'adoption et de la garde. Quand moi je voudrais les donner à une meilleure famille qui pourrait mieux s'en occuper que nous, lui songe à les garder sous prétexte qu'ils sont leurs enfants, qu'ils ont notre sang et que l'on doit l'assumer. C'est difficile. Je ne me sens pas d'élever deux bébés seule, quand lui partira combattre les flammes ou sauver des gens des décombres. Je ne veux pas être ce genre de femme qui attends des heures le retour du père, ses enfants dans les bras à pleurer tout les dieux pour qu'il revienne sain et sauf. Pire encore, Zero est mon meilleur ami, nous ne sommes pas en couple. Qu'est-ce que tout cela va-t-il donné ? Le mieux, ce serait de confier nos bébés à des gens capable de s'en occuper, des gens qui s'aiment et qui pourront les aimer. à la fin, j'ai juste la sensation de tomber encore et toujours plus bas que je ne pensais l'être plus tôt. Si je n'avais pas ma manucure, sûrement que je me serais déjà rongée les ongles jusqu'à l'os, tellement cette histoire m'angoisse et m'effraie. Tout cela ne me permet pas de sécher les cours, pas tant que je suis capable de mettre un pied devant l'autre sans aucun risque.

Combien de mois me reste-t-il avant de pouvoir me reposer et souffler ? Deux ? Peut-être trois, si j'arrive à terme ? Je l'ignore. à six mois, je peux encore marcher et monter les escaliers, m'asseoir sur une chaise et écouter en cours, écrire mes leçons ou faire mes devoirs, apprendre, retenir, tout ça. Je peux même me permettre de manger au self avec d'autres personnes, rester à l'extérieur pour profiter de cette fin d'hiver, bref je peux toujours vivre comme avant, malgré ma conscience qui n'est pas tranquille. C'est l'heure de la pause, les gens se bousculent dans les couloirs ou stagnent devant leurs cassiers, ils rient, ils crient, ils parlent et moi j'observe ce spectacle d'un oeil distrait, jusqu'à tomber sur une silhouette familière. Yun Hua. Je n'ai pas eu le temps de la revoir, mais elle tombe bien ! On dirait qu'elle a perdu du poids depuis la dernière fois, je suppose qu'elle a dû accoucher après autant de mois, mais j'en aurais le coeur net en m'approchant d'elle. Pas à pas, je me faufile parmi les élèves jusqu'à elle, venant tapoter son épaule avec un sourire. « Salut Yun Hua, tu vas bien ? » Demandais-je pour commencer, sans vouloir la brusquer avec mes tonnes de question. Autant y aller doucement et voir ce qu'elle pourrait me dire d'elle-même, avant d'en venir à des sujets plus précis et personnel. Des sujets que je n'aborderais pas dans les couloirs, c'est sûr.

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Tenue ♣ Finalement, les choses ont été plus calmes que prévu à la fac et il semblerait que les étudiants soient trop préoccupés par leurs révisions pour prêter attention à la bête de foire que j’étais devenue quelques mois auparavant. Non pas je m'en plaigne, bien au contraire, et pouvoir me faufiler dans les murs de cette école dans cette masse de gens en toute discrétion est une joie immense. D’où le fait, qu’à part avoir des pics de stress à cause des examens, je suis plutôt d’humeur joyeuse et pleinement positive quant à l’avenir. Incroyable, non ? Je ne sais pas si c’est parce que je me suis habituée – ou résignée – aux crises imprévisibles de Roxas qui deviennent plus ou moins faciles à gérer avec le temps ou que je me sens un minimum utile à l’égard de Ryû pour l’aider à gérer ses problèmes après qu’il a passé plusieurs mois à m’épauler, hébergement inclus, mais le fait est que désormais c’est avec optimisme que je considère les choses. Plus que d’ordinaire dirons-nous, je n’en suis pas encore au stade de sauter joyeusement dans les couloirs, avec un grand sourire sur les lèvres, mais comme je ne broie plus du noir, je dirais qu’il y a un progrès non négligeable à prendre en compte. Avec un peu de chance, j’arriverais à m’en sortir suffisamment bien pour ne pas craindre un quelconque redoublement compte tenu des évènements récents.

C’est donc au milieu de la pause entre mes différents cours que j’en profite pour ouvrir mon casier et essayer d’anticiper les prochaines tâches à accomplir, hormis mes devoirs de jeune maman qui sont quasiment innés maintenant. Devoirs, encore des devoirs, plusieurs révisions, hum, que du bonheur en perspective. J’en avais presque oublié ce que c’était de travailler tiens, mais bon, a priori, si je ne me dépêtre pas trop mal en peinture, ça devrait le faire. On y croit. C’est dingue, à première vue, j’ai l’impression d’avoir retrouvé ma vie banale – ou presque – d’étudiante, comme si rien n’était arrivé. Enfin, ça, c’est avant de remettre les pieds chez Ryû et de retrouver Roxas pour une série de câlins à souhait. A se demander s’il pouvait déjà parler, il ne me dirait pas de le laisser un peu tranquille, enfin, je n’en suis pas encore au point de l’interrompre dans ses siestes, il ne faut pas exagérer. Nul doute qu’il me le ferait regretter en se réveillant – encore – une fois en pleine nuit, car je suis certaine qu’il est conscient de ce qu’il fait dans ces moments-là. On ne réfléchit jamais assez à quel point les bébés peuvent être démoniaques dès leur plus jeune âge.

Pas le temps de disserter intérieurement sur le sujet plus longuement, puisqu’à ma grande surprise, on vient me tapoter l’épaule. Non pas que ce ne soit pas commun que des personnes puissent venir me parler, ma vie sociale n’est pas si catastrophique tout de même, je ne pensais juste pas qu’on viendrait me voir à ce moment-là. Et quelle n’est pas ma surprise en voyant qu’il ne s’agit d’autre que d’Astéria, alias ma copine de galère dans la série des étudiantes tombées accidentellement enceintes, mais ne pouvant se résigner à avorter. Oui il faudrait trouver un nom plus court pour résumer tout ça, j’en conviens. En tout cas, je ne cache pas mon enthousiasme en l’apercevant, car oui, même si nous n’avons fait que discuter autour d’un café la dernière fois, je suis contente de la revoir.

« Salut Astéria !, je lance d’un ton enjoué, en refermant mon casier de suite, mon porte-revue en mains, ça va bien et toi ? »

A priori, elle n’a pas l’air d’avoir mauvaise mine mais si j’en crois les couches de vêtements dont elle est vêtue, sa grossesse a bien avancé. Alors que j’ai radicalement dégonflé de mon côté, adieu gros manteaux et gros pulls destinés à cacher mon ventre proéminent. On ne va pas s’en cacher, rentrer de nouveaux dans mes habits d’antan contribue à ma bonne humeur ambiante, ce n’est pas négligeable.

« Tu t’en sors ?, je demande brusquement en regardant la foule de biais, j’espère pour elle qu’elle arrive à gérer sans être trop dérangée par des idiots distraits, pas trop difficile les cours, tout ça ? »

Evidemment, je ne vais pas ouvertement lui demander si ce n’est pas trop dur d’aller en cours en étant enceinte, je ne sais que trop bien combien on peut vouloir rester aussi discrète que possible dans ce genre de situation. Alors les sous-entendus et les questions implicites sont devenues ma spécialité.

« Tu veux qu’on se pose quelque part pour discuter tranquillement peut-être ? »

Sans doute serait-ce plus commode pour elle de me parler à l’écart d’oreilles indiscrètes. On ne sait jamais, elle pourrait encore avoir des questions à poser et des doutes dont elle souhaiterait me faire part.

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TENUE ••• Les examens ne me font pas autant stressé que ma grossesse, ou plutôt les décisions que je devrais prendre à la fin de celle-ci. Être mère ou ne pas être. Pour moi, je me vois déjà signer les papiers d'adoption pour confier ces enfants à des gens responsables et plus vieux que nous, simples étudiants. Du côté de Zero, c'est l'inverse. Il doit déjà s'imaginer père, sans pouvoir se défaire de son rôle de pompier qui risque de laisser deux gamins sans père et une fille veuve. Quoi que, nous ne sommes ni en couple, ni marié. C'est bizarre d'avoir un enfant avec son meilleur ami, alors qu'on jouait encore ensemble quelques années plus tôt. à une époque, tous les quatre jouons au papa et à la maman, mais jamais je n'aurai cru en arriver réellement là. Il n'est pas question de jouer à la dînette, ni de faire semblant de changer un poupon, mais bien de s'occuper de véritable bébé en chair et en os, surtout vivant. Rien que d'y penser, j'angoisse à mort et oublie les cours, les examens, les oraux, tout. Je vais devenir folle avant de passer devant des professeurs ou d'écrire sur des feuilles recto-verso.

Heureusement dans tout ce malheur, je parviens à voir une amie de galère qui semble beaucoup mieux que moi, vu de loin. Yun Hua ne porte plus de long manteau ou de pull trop large, elle ne doit sûrement plus enfiler de pantalon de grossesse comme je le fais en ce moment même. J'ai beau croire, ma tenue ne cache pas mon ventre rond mais la plus part, voir tous, mettront ça sur le fait que je mange toujours pour dix. ça me fait penser que j'ai un creux, tiens donc. Mais je ne m'en formalise pas pour aller à l'encontre de ma camarade, tapotant doucement son épaule pour attirer son attention. Yun Hua paraît rayonnante, c'est surprenant. Je ne l'ai pas imaginé ainsi en pensant à son accouchement, ni au fait qu'elle est pu donner ou garder son enfant. D'ailleurs, j'ignore ce qu'elle a choisi. Un sourire se peint sur mes lèvres. « ça va, oui. » Répondis-je simplement. Je vais bien, si on oublie que je suis ronde comme un oeuf kinder à six mois de grossesse.

à sa question, je regarde rapidement autour de moi et lâche un ricanement, c'est amusant d'imaginer que chaque étudiant ici pourrait être un obstacle pour moi. « C'est un peu le parcours du combattant, mais je survis. » Elle doit déjà savoir ce que tout cela fait, non ? Bien que je ne compte pas arrêter les cours ou l'école jusqu'à ce que mes jambes ne puissent plus me porter. Ou jusqu'à ce qu'on m'interdisse de marcher ou de bouger. « Un peu, je me demande comment tu as fait jusqu'à ce stade. » Pour s'asseoir sur une chaise, par exemple. C'est gênant en cours, quand tu dois te baisser d'une manière lente et contrôlée, histoire de ne pas trop déranger les fœtus.

Yun Hua semble lire dans mes pensées, je la remercie du regard tandis que mon sourire s'élargit un peu plus. « Oui, ce serait mieux de trouver un endroit un peu plus calme. » J'acquiesce à nouveau d'un mouvement de tête, zieutant les gens toujours présent dans le couloir. Trop de monde pour être tranquille, je ne suis pas à l'aise avec un potentiel Royal Shit dans les environs, manquerait plus que ça. Elle a beau savoir pour ma grossesse, elle ignore encore que ce sont des jumeaux et que le père est au courant, ainsi que mes choix à prendre. Bref, j'ai besoin de vider mon sac à quelqu'un qui est capable de me comprendre, de me soutenir et de m'aider à choisir. C'est ma vie, mes enfants, mon corps, mais seule tout devient beaucoup plus compliqué.

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Entre les cours dans lesquels j’essaie de me faire toute petite et les devoirs à rattraper – en plus des nouveaux qui pleuvent, à croire que les professeurs ne sont pas au courant que la fin d’année est synonyme d’examens finaux stressants – je n’ai plus eu vraiment le temps de songer à Astéria ou au fait qu’elle avait peut-être besoin de moi ou de conseils en général. Sans oublier de mentionner mon nouveau rôle de maman à plein temps avec le père qui s’est absenté pendant une bonne semaine. Moi qui n’aime pas m’ennuyer ou rester à rien faire, on peut dire qu’en ce moment, je suis servie et que la caféine m’est plus que jamais nécessaire pour tenir le coup. Cela dit, à choisir, je préfère largement ça au fait de devoir encore rester clouée dans un appartement qui n’est pas le mien, sur le lit ou le canapé, parce que mon hypertension ne tolère pas une activité trop importante. Autant dire que bouger comme il se doit est devenu un véritable plaisir depuis qu’un peu de temps s’est écoulé après l’accouchement, et ce n’est certainement pas moi qui me plaindrais de devoir me lever pour aller en cours, sauf au sujet du fait qu’il faut traverser les couloirs remplis d’étudiants médisants pour cela. Heureusement qu’il y a des têtes amicales et sympathiques pour contrebalancer et m’aider à garder espoir au sujet du genre humain.

A première vue, elle a l’air de bien aller, comme on peut se porter à plusieurs mois de grossesse en étudiant dans cette école bien entendu. Je suppose qu’elle doit être un peu fatiguée, surtout si elle continue d’aller en cours malgré tout. Je ne sais pas où elle va chercher ce courage et cette volonté, mais si elle s’en sort, je suis contente pour elle. Aussi je ne manque pas de lâcher un petit rire à l’évocation de son « parcours du combattant », point duquel je ne doute pas une seconde. C’était assez pénible pour moi également les derniers jours où je me suis rendue en cours et je ne regrette pas un instant de ne pas avoir poussé l’effort plus loin, non seulement pour ne pas trop alimenter les rumeurs – même si une absence soudaine n’aide pas forcément en y repensant – et parce que je ne me sentais plus la force de me lever et d’aller jusqu’aux salles de classe, d’écouter le cours sans être exténuée à la fin de la journée. Et je ne pouvais plus vraiment continuer le club de cheerleaders non plus.

« Ce n’est pas bien compliqué, je réponds en haussant les épaules et roulant des yeux, j’ai renoncé à me rendre en cours à ce moment-là. Ça devenait trop épuisant et trop voyant aussi. »

Il n’y a rien à faire, au bout d’un moment, on aura beau superposer des couches de vêtements, mettre des habits une taille au dessus et très amples, cela finit par se remarquer. Après tout, Astéria n’a pas eu l’initiative de m’aborder dans le magasin en se fondant uniquement sur les rumeurs de Royal Shit, c’était assez visible. Et j’aurais pu trouver la meilleure excuse du monde, elle ne m’aurait pas cru, c’est certain. Lorsqu’elle acquiesce suite à ma proposition, je comprends immédiatement qu’elle a besoin de parler, qu’elle a quelque chose dont elle aimerait bien m’entretenir, ce qui n’est pas sans éveiller ma curiosité. Réfléchissant un peu, je finis par la prendre par le bras, le plus naturellement du monde, et par l’entraîner un peu plus loin, dans un coin éloigné du couloir, qui contrairement à ce dernier est désert. Quand on veut avoir la paix, on finit par devenir un agent hors pair pour trouver des endroits tranquilles, hors de la foule et du tumulte de la fac, auquel on n’a pas forcément envie de prendre part. Ou de se retrouver plongé sans rien avoir demandé.

« Voilà, on sera au calme ici, j’énonce en la lâchant, prenant appui contre un mur, pour une raison que j’ignore, personne ne vient ici, à croire qu’ils pensent que ce doit être hanté. »

Bon, je ne pense pas qu’il y ait des histoires de fantôme qui puissent véhiculer ici, mais sait-on jamais, je pourrais être surprise. L’important, c’est que les étudiants n’y passent que très rarement et ne s’y arrêtent pas à ma connaissance, alors si Astéria a quelque chose à m’apprendre, elle n’aura pas à craindre que des oreilles indiscrètes traînent par-là. De toute façon, je fais le guet pour vérifier que personne ne viendra nous importuner.

« Alors, raconte-moi tout, je reprends, avant de croiser les bras, il s’est passé quelque chose, n’est-ce pas ? Tu en as parlé autour de toi ? »

La dernière fois, elle avait gardé cela pour elle et j’avais dû batailler à coups d’arguments biographiques pour la convaincre de prévenir le père. Autant commencer par voir si la situation a évolué sur ce point, cela l’aidera peut-être si elle souhaite me parler d’autre chose par la suite.

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TENUE ••• Où parvenais-je à trouver ce courage pour avancer ou rester debout ? Surtout dans cette école. D'ici peu de temps, la rumeur courra rapidement comme quoi je suis enceinte, mais le pire serait de savoir de qui ou de combien d'enfant. Le doute s'envolera dès l'instant où les autres seront pour les jumeaux, y a pas des masses de porteur de ce gêne ici, à part mon meilleur ami. Quelle grossière erreur, mais si il ne regrette pas, moi je me pose encore la question. Si pour l'instant c'est faisable de venir à l'école sans être la cible, ce ne sera bientôt plus le cas et nous risquons d'en souffrir tous les deux. Je trouverais bien un moyen pour éviter un tel scandale, il me reste au moins trois mois avant le jour J. Disparaître de la circulation serait sûrement la meilleure idée pour s'épargner bien des problèmes, mais je ne saurais que faire durant ce temps là. Autant venir à l'école tant que je peux, j'aviserai au moment voulu. « Tu n'as peut-être pas tord, je ferais mieux de prendre des vacances. » Où irais-je surtout ? Je ne me vois pas squatter h24 chez ma tante et les parents de Zero ne sont sûrement pas au courant pour nous et cette histoire. Puis, avec la dernière dispute, ce ne serait pas la meilleure solution du monde. Tant que je ne saurais pas quoi faire, je ne peux pas rester trop longtemps avec lui sans revenir éternellement sur le sujet. C'est lâche, mais je préfère l'éviter pour l'instant.

J'accepte aussitôt l'idée de trouver un endroit beaucoup plus calme pour discuter et lui avouer pour les jumeaux. Ce n'est pas une mince affaire, j'ignore même dans quoi je m'embarque mais j'ai besoin d'une personne compréhensive pour cela. Yun Hua ne tarde pas à me prendre par le bras pour tirer hors du couloir, vers un coin éloigné du tumulte et où aucun élève semble s'aventurer. ça me rassure d'être là et de voir la foule s'agiter plus loin, tandis que je peux entendre mon coeur battre ou ma respiration se calmer doucement. Je ne risque rien ici, c'est sûr. à l'abri des regards ou des oreilles indiscrètes, je peux me confier ouvertement à ma cadette. « Merci, c'est gentille. » Souriais-je en glissant ma main dans mes cheveux pour les rejeter en arrière. C'est toujours le geste de trop qui soulève ma masse vêtement, mais c'est un tic. La petite remarque de Yun Hua me fait rire et j'observe le coin dans lequel nous sommes. « Faudrait sûrement une raison pour venir là, comme nous. » Je ris à nouveau, ramenant mon regard vers Yun Hua. ça tombe bien que personne ne vienne là, à dire vrai. Il suffit de quelques pas pour revenir à la normale, tandis que là nous sommes à l'écart.

Si cet endroit était hanté, je serais venu depuis longtemps. L'école est trop récente pour héberger des esprits, à moins que j'ignore les mauvaises histoires sur la mort d'un ou plusieurs élèves ? Quoi que, ce ne serait pas étonnant dans une grande école comme celle-ci. Yun Hua ne tarde pas à ouvrir la conversation importante et je déglutis en prenant mon courage à deux mains. ça ne devrait pas être bien difficile de parler de ça avec elle, puisque nous l'avons déjà fait par le passé. à sa dernière question, je rougis et tousse, un peu gênée. « Je l'ai dit à ma tante et... Au père... » Commençais-je, avant de perdre mon sourire à l'énoncer du père. Je ne devrais pas, il l'a même super bien prit. C'est juste moi le soucis. « Il est super content d'être père... Je devrais être contente, hein ? Alors pourquoi ça me pose un problème ? Il accepte et je suis encore plus confuse. » Je baisse mon regard vers le sol, tandis que je me triture les doigts et me mordille nerveusement la lèvre.

« Zero a toujours voulu une vie de famille malgré son métier de pompier, mais je déteste vraiment son boulot. » Relevant la tête, je jette un coup d'oeil vers le couloir, avant de souffler et de reprendre d'une voix plus basse. « Je veux les faire adopter, mais il veut les garder. » Je ne me rends même pas compte que je parle de ma grossesse au pluriel, révélant ainsi un gros détail. De façon, elle aurait su à un moment ou à un autre, que je le dis clairement ou pas.

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Je ne sais plus très bien comment j’en suis venue à dénicher cet endroit, ou même la raison qui m’a poussée à m’aventurer ici en premier lieu. Sans doute lors d’une promenade hasardeuse dans les couloirs pour tuer l’ennui, faute de travail à achever, car oui ça peut arriver de temps à autre. Le fait est que ce petit coin m’est plutôt utile quand j’ai envie de souffler, de faire une légère pause avec cet univers de fous et que je n’ai pas forcément envie d’être entourée de paires d’yeux indiscrètes qui me dévisagent de haut en bas. Autant dire que c’était mon lieu préféré quand j’ai appris que j’étais tombée enceinte et que je venais m’y réfugier avec joie pour faire un break et repartir avec une expression de battante. Alors que j’avais juste l’impression d’être au fond du gouffre. Peu étonnant donc que ce soit le premier lieu qui me soit venu à l’esprit quand il s’agit d’avoir une discussion privée avec Astéria, qui se trouve confrontée en grande partie aux mêmes problèmes que moi. Sauf qu’a priori, elle a au moins eu l’intelligence de ne pas tomber enceinte d’un enseignant, c’est toujours ça de pris pour dédramatiser. Ce qui ne veut pas dire non plus que c’est forcément plus simple pour elle, sinon elle ne se serait pas embêtée à m’accoster la première fois qu’on s’est vues, déjà que je n’arrive pas bien encore à réaliser comment elle a pu penser que je pourrais être un modèle en matière de conseils, il fallait vraiment qu’elle soit en pleine panique.

A sa remarque concernant le fait que peu de monde vienne par ici, je me contente de hausser les épaules, n’ayant jamais eu d’opinion bien précise sur la chose. A vrai dire, ça n’a jamais réellement touché ma curiosité, et loin de moi l’envie de mener une enquête ou un sondage là-dessus. Tout ce qui m’importe, c’est que c’est tranquille et isolé, ce serait presque l’endroit idéal pour dealer, et donc que si j’en ai besoin, je peux m’y rendre pour quelques instants sans risquer d’être dérangée. En y réfléchissant bien, je n’aurais pas songé un jour utilisé cette solution pour entretenir une conversation secrète avec quelqu’un, je ne sais même pas si j’ai déjà recouru à cette astuce avant d’y venir avec la jeune femme. En tout cas, le premier que j’aperçois en train d’essayer de nous épier, je lui envoie un bon coup de pied là où je pense, et si c’est une fille, je me ferais une joie de casser ses talons. Et de ruiner sa coiffure. Et je ne devrais pas me montrer si hostile d’avance alors qu’il n’y a absolument personne pour l’instant, mon interlocutrice risquerait de prendre peur.

Ce n’est pas une surprise, je ne peux retenir un sourire quand elle mentionne avoir annoncé la nouvelle au père du bébé – ainsi qu’à sa tante mais bon ça, c’était déjà acquis de ce que j’avais compris – et il va de soi que je m’interroge sur ses inquiétudes. S’il le prend bien, où le problème ? J’avoue ne pas vraiment la suivre, enfin soit, ça m’interpelle un peu qu’il puisse sauter de joie à l’idée de devenir père, mais c’est plutôt positif, non ? Il ne semblerait pas du point de vue de la demoiselle, qui m’apprend au passage qu’il est pompier – et qu’il s’appelle Zero, sérieux ils se sont donnés le mot pour les prénoms bizarres ? – et j’en reste bouche bée. Un pompier quoi. Ce n’est pas commun et pour le coup, je suis surprise qu’il puisse exercer ce métier et en plus souhaiter être un père présent. Enfin, Astéria ne tarde pas à m'exposer leur désaccord quant à la décision à prendre pour les bébés. Parce que oui, je ne suis pas sourde j’ai bien entendu « les » par deux reprises. Des fois qu’un seul à la fois serait trop simple, ahlàlà.

« « Les » hein ?, je répète avec un sourire en coin, il y en a plusieurs maintenant ? C’est quoi, des jumeaux, des triplés ?, rien que d’y penser je la plains, je me pensais déjà incapable de m’occuper d’un enfant mais alors de plusieurs, j’en tremble, ça ne va pas rendre les choses plus facile. Aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur. »

Parce qu’avec mes recherches assidues sur les risques possibles, je sais bien que ça implique non seulement un ventre plus prononcé, ça, il n’y a rien à faire, deux ou trois bébés prennent plus de place qu’un seul. Et ça peut aussi fatiguer davantage, quitte à être forcée à rester parfaitement inactive vers la fin de la grossesse, genre un peu comme moi avec l’hypertension, mais en pire. Je n’arrive toujours pas à croire qu’avec ça à l’esprit, elle s’obstine à se rendre à la fac, mais bon, je n’ai pas encore tous les éléments, pour l’heure, autant se focaliser sur ceux qu’elle me donne.

« Je vois, il n’est pas d’accord pour que tu les laisses, je reprends en soupirant, évitant bien d’utiliser le terme « abandonner », un peu trop brutal à mon goût, et tu n’as pas non plus envie d’endosser le rôle de mère par la force des choses. Je comprends. Ce n’est pas parce qu’il est plein de sentiments paternels que tu dois te sacrifier alors que tu n’en as pas envie. Surtout si tu ne te sens pas prête. »

Honnêtement, je ne sais pas ce que j’aurais fait si Ryû avait d’emblée voulu m’imposer sa décision de garder le bébé. Est-ce que j’aurais accepté de le laisser s’en occuper tout seul ? Ou est-ce que j’aurais absolument insisté pour qu’il soit adopté ? Dans un sens, heureusement qu’il y a eu le déclic commun après l’accouchement, on aurait peut-être dû en arriver à jouer la décision à pierre-feuille-ciseaux, ce qui est franchement moyen pour planifier l’avenir d’un enfant.

« Mais, si tu veux mon avis, ne te ferme pas trop à l’idée immédiatement. Je ne dis pas que tu dois te forcer à les garder, c’est à toi seule de prendre la décision, comment tu le ressens tout ça. Mais on s’y attache, tu sais. Pour ma part, je n’ai pas pu me résoudre à m’en séparer finalement. »

Des périples et des galères m’attendent assurément à l’horizon maintenant, mais il est certain que je ne regretterai pas ma décision. Roxas est devenu trop important à mes yeux au moment où j’ai croisé les siens et j’aurais été prise d’une sensation de vide immense si je l’avais laissé être emmené loin de moi.

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Bae Yun Hua & Heiwajima Astéria

TENUE ••• Cet endroit est idéal pour discuter de sujet fâcheux et sensible avec Yun Hua. Je suis rassurée à l'idée que personne ne puisse nous surprendre ou écouter notre conversation, sinon l'école entière serait au courant pour ma grossesse. Celle de ma camarade a déjà été à moitié dévoilé à cause de ce royal shit, je ne voudrais pas qu'il fasse de même avec moi et me balance à cette bande vautour. J'en rapidement à mes moutons quand je dis à Yun Hua que ma tante et mon meilleur ami sont au courant, je lui avoue aussi que le père est heureux de ce rôle mais que cela ne me satisfait pas. Je voudrais laisser ces enfants à des gens responsables et disponibles pour eux, des adultes en sommes, mais c'est difficile quand l'homme de la situation se met au travers de ma route. Zero est autant tête que moi, mais à force de se heurter, on va finir par se faire sérieusement mal. J'ai été dégueulasse en lui disant de les garder pour lui, d'avoir une copine pour les élever et par la même occasion, de me foutre la paix... Mais je regrette ces paroles. Ce ne fut que du venin, que des insultes pour mon ami d'enfance. Il a sa part de responsabilité dans l'histoire et il l'assume beaucoup mieux que moi. Je m'en veux d'être une piètre meilleure amie et une piètre mère aussi. Je ne vaux pas un quart de son courage et de son optimiste, pourtant ça ne change en rien ce doute qui me trouble. Que devrais-je faire pour convaincre tout le monde sans m'écrouler sous le poids de ce fardeau ? J'ai l'impression de ne plus respirer depuis quelques mois, comme si j'allais mourir avant la fin de ma grossesse.

Yun Hua est au courant, même pour les jumeaux. Je parle du bébé au pluriel, notant bien qu'il n'est pas seul là-dedans. Les gênes du père, comme si un n'était pas suffit à gérer. Elle ne me rassure pas, mais je crois que je ne suis pas là pour me rassurer. « Des jumeaux, comme le père. » Soufflais-je tout bas, peu ravie. « Je savais déjà que ce ne serait pas facile, qu'il soit seul ou à deux. » à mes paroles, je pose ma main au niveau de mon ventre et aborde une mine contrariée. Ils me donnent du fil à retordre, ils vont vraiment me donner des cheveux blancs. Je n'ose imaginer la galère que je vais vivre pour revenir à l'école chaque jour, sans parler de mon ventre qui va grossir et de ma peau qui va s'étirer. Mon corps ne sera plus jamais le même, adieu ma taille de guêpe. Il me reste plus de trois mois pour agir et me décider, mais aussi pour arrêter un instant les cours. Je ne voudrais pas me fatiguer inutilement et peiner à faire quoi que ce soit à cause de ma condition physique. Je m'obstine pour l'instant, mais jusqu'à quand ? Il y a bien un jour où je cesserai d'être têtue pour m'enterrer dans un coin jusqu'à la fin de ce mauvais passage.

C'est exactement ça. Il n'y a nullement besoin de dessin pour le comprendre, Zero veut garder les enfants, tandis que je voudrais les faire adopter. C'est un gros problème, autant pour les bébés que pour nous, notre amitié, tout ce qu'on a construit jusqu'à aujourd'hui. Yun Hua saisit rapidement le soucis, pour mon rôle de mère que je ne désire pas endosser, pour les sentiments paternels de Zero et pour tout le reste dont elle n'a pas mentionner mais qu'elle doit sûrement penser. Suis-je autant transparente ? J'hoche positivement la tête à chacune de ses paroles, telle une évidence. Je veux me décharger, me libérer, mais mon meilleur ami et ces enfants me retiennent enchaîner. Je ne sais plus quoi faire, ni où donner de la tête. « Que dois-je faire ? » Demandais-je d'une voix peinée et affligée, les yeux rivés vers le couloir où personne ne fait attention à nous. « Je ne veux pas perdre mon meilleur ami... Je tiens beaucoup plus à lui qu'à eux. Qu'est-ce que je dois faire pour ne pas le perdre ? » Le poids s’alourdit brusquement sur mes épaules quand je réalise l'ampleur de cette question. Je vais devoir faire des tonnes de sacrifice pour garder Zero, mais ferait-il la même chose pour moi ?

Son aveu me perturbe dès l'instant où l'information atteint mon cerveau. Elle a gardé son bébé ? Qu'est-ce qu'elle veut dire par ne pas me fermer à cette idée ? Je la regarde un instant, tout en réfléchissant, mais je ne trouve aucune réponse satisfaisante. C'est comme si rien ne me convenait, ça me désespère. « Qu'est-ce qui t'a donné envie de le garder ? » Je voudrais savoir son secret, peut-être que je pourrais mieux me faire à l'idée d'être mère. Cela reviendrait à abandonner l'idée de l'adoption pour m'occuper de ces bambins, tout en gérant ma scolarité. C'est difficile de choisir aussi rapidement et seulement en discutant avec une personne, qu'elle est pu être dans mon cas ou pas. « D'ailleurs tu ne m'as pas parlé de lui. Comment s'appelle-t-il ? C'est une fille ou un garçon ? » Je l'interroge, éloignant un peu mon cas pour m'intéresser au siens. ça devrait me détendre, me faire oublier à quel point je suis angoissée par tout ce qu'il m'arrive. Yun Hua pourrait m'aider à me décider, à prendre des décisions au bon moment. Peut-être qu'il faudra attendre le dernier moment pour savoir, mais je ne dois pas me résoudre trop rapidement à baisser les bras. Je dois penser à Zero, aux bébés, mais aussi à moi-même.

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le choix n'appartient qu'à soi-même

C’est étrange comme l’université peut se transformer en repaire secret quand on prend le temps de chercher les bons coins à cet effet. Si ça se trouve, beaucoup de magouilles ont lieu dans cet endroit précis, cela dit, je préfère ne pas imaginer ni être au courant de ce qui peut réellement s’y tramer. En ce qui me concerne, discuter de sujets strictement confidentiels réservés aux personnes présentes dans ce refuge n’est pas illégal que je sache et est parfaitement compréhensible dans cet univers de dingue. Ces regards qui nous épient sans cesse et prêts à dégainer une once de jugement terrible ne favorisent pas tellement les échanges discrets qui ne les regardent en rien. Surtout quand on a une nouvelle de taille à annoncer comme Astéria. J’ai du mal à concevoir que son ventre abrite, non pas un, mais deux petits êtres comme elle vient de me le confirmer, et ce, même en dévisageant intensément ce dernier. Il ne me paraît pas excessivement gros à première vue, ou alors les couches qui le couvrent sont plus efficaces que je ne le pensais. Il n’en demeure pas moins que cela reste un détail non négligeable qui peut apporter bien des préoccupations, enfin encore plus qu’en étant enceinte d’un seul bébé je veux dire. S’occuper d’un nouveau-né est déjà épuisant mais alors de deux à la fois, je n’ose pas imaginer la galère.

D’où le fait que je comprenne aisément les réticences de la jeune femme à vouloir les garder ces bébés, même si le père est favorable à cette idée. Ce ne doit pas être agréable de subir une telle pression quand on a un point de vue contraire et je peux comprendre qu’elle se sente désemparée. Dans un sens, j’ai eu de la chance que Ryû et moi ayons été tout autant perdus quant à la décision à prendre concernant l’enfant jusqu’au moment fatidique de la naissance, il est vrai que le brun ne m’a jamais imposé une décision arrêtée sur le sujet. Parce que dans un tel cas, il n’est pas possible d’ignorer l’avis du père sur la question pour se faire le sien, tout en est aussitôt changé. Ce n’est pas comme si imaginer le paternel élever seul les enfants parce qu’on ne se sentait pas à la hauteur était aisé à concevoir, ce serait comme les voir par-ci par-là, en sachant qu’on les a mis au monde, sans qu’eux en aient conscience. Le calvaire. Sans compter l’enjeu émotionnel supplémentaire qu’Astéria ne manque pas de me stipuler. Elle ne veut pas se mettre son meilleur à dos, mais en même temps, doit-elle sacrifier sa propre décision pour autant ?

« Hey, tu ne vas pas le perdre parce que vos points de vues diffèrent, non ?, je tente de la rassurer en posant ma main sur son épaule, s’il tient vraiment à toi, je pense qu’il peut comprendre que tu ne te sentes pas une âme de super-maman en un claquement de doigt. Discutez-en calmement, je pense que c’est la meilleure solution. »

Pas besoin d’être diplômé de la Royal pour en venir à une telle conclusion. Ça peut lui sembler rébarbatif à force, mais le dialogue entre les futurs parents est vraiment essentiel dans ces circonstances. Dans mon cas, ça a été salvateur. Il ne faut pas qu’ils s’éloignent parce qu’ils n’ont pas la même vision quant au futur des bébés, surtout quand il y en a plusieurs en jeu. C’est une décision qu’ils devront prendre ensemble et sur laquelle ils ne pourront plus revenir ensuite. Quand bien même je n’ai pas pu me résoudre à abandonner Roxas, je comprends tout à fait qu’Astéria préfère les faire adopter, après tout, j’y ai moi-même songé dans un premier temps. Je ne peux retenir un sourire quand elle me demande justement pourquoi j’ai retourné ma chemise.

« Il m’a suffi de croiser son regard. De le tenir contre moi. En fait, je ne saurais pas te l’expliquer concrètement, mais j’ai ressenti un attachement si profond pour lui que je ne pouvais pas le laisser. C’était comme abandonner une partie de moi. C’est bateau je sais, et je ne pense pas que toutes les femmes ressentent nécessairement une connexion avec leur bébé, mais ça peut tout faire basculer. »

Plus j’y pense et plus j’en parle, plus je me rends compte à quel point ce bébé a pris une place considérable dans ma vie, et qu’il aurait laissé un vide immense si j’avais décidé de le faire adopter. J’aurais certainement songé à ce petit être tous les jours, en me demandant ce qu’il faisait, s’il allait bien et ce qu’il allait devenir, parce que je ne le verrais pas. Pour autant, je ne suis pas certaine que je vais mieux m’en sortir que s’il était dans une famille adoptive, mais au moins, j’aurais pris mes responsabilités et je vais faire de mon mieux pour qu’il aille bien et qu’il ne manque de rien. C’est déjà une bonne chose, non ? Surtout quand le père se montre coopératif, quoiqu’un peu distrait et idiot par moments. Ce n’est pas le plus grave dirons-nous.

« C’est un petit garçon, je réponds avec un sourire niais, en cherchant mon téléphone, afin de lui dévoiler mon fameux dossier de photos verrouillé par un mot de passe, il s’appelle Roxas. Et voici sa petite bouille. »

Je fais défiler les photos devant son nez, une à une, afin qu’elle admire toute la beauté dudit bébé. Plus sérieusement, cela lui donne une idée de ce à quoi peut ressembler un nouveau-né en l’occurrence et de quoi a l’air le mien plus exactement. Fou comment je suis bien moins réticente à l’idée de partager ces éléments avec les gens dernièrement, Suki, et maintenant Astéria, alors que j’aurais tout fait il y a quelques temps pour préserver cela autant que possible. Il faut croire que j’ai besoin de transmettre mon euphorie quant à cette naissance et je remarque à peine l’air niais qui s’affiche sur mon visage en revenant sur le menu de mon portable.

« Voilà, tout ça pour te dire qu’il faut y réfléchir. Même jusqu’au bout. Je ne te dis pas de le garder coûte que coûte, ça ne sert à rien si tu n’es pas sûre que c’est ce que tu veux, je reprends en haussant les épaules, si tu n’as pas envie d’être mère, rien ne sert de te forcer à le devenir. Mais ces bébés sont les tiens et tu dois prendre ça en considération, quoique tu décides, parce que malgré tout, c’est toi qui vas devoir les mettre au monde. »

Et mine de rien, c’est une sacrée épreuve. Je ne sais même pas s’il y en a de comparable dans une vide à vrai dire, pas en ce qui me concerne du moins.

Le choix n'appartient qu'à soi-même. #YUNRIA

Bae Yun Hua & Heiwajima Astéria

TENUE ••• Certaines femmes ont un ventre énorme avec un seul bébé, d'autres gardent un ventre plutôt plat malgré la grossesse. Je dois être un cas particulier pour n'être ni grosse, ni trop ronde alors que je porte pas un, mais deux bébés à l'intérieur. ça ne veut rien dire, peut-être que d'ici quelques semaines supplémentaires, je serais tellement monstrueuse que je ne pourrais plus passer une porte ou m'asseoir correctement sur une chaise. Je ne l'espère pas, mais en même temps je n'ai pas trop l'espoir de rester aussi mince à l'avenir. Mes vêtements cachent mon ballonnement, appelons ça ainsi pour le moment. On dirait juste que j'ai trop mangé, mais voilà tout. J'ai de la chance sans trop en avoir, je verrais plus tard si je peux encore prier ma bonne étoile de me laisser « banale » aux yeux des autres, mais d'ici là je serais sûrement incapable de marcher ou de me lever. Ce sera aussi l'instant favorable pour me cloîtrer chez moi, enfin chez ma tante. Ce n'est vraiment pas pratique quand aucun des deux ne possédons un appartement ou un logement à soi. Zero est vraiment fou et irresponsable de vouloir garder ces enfants sans un toit ou une chambre, sans rien pour les élever convenablement. Où iraient-ils ? Chez ses parents ? Est-ce sa mère qui s'en occupera à ma place quand je devrais retourner à l'école ? Mais... Est-ce que je retournerais en cours justement ? Je me pose trop de question, rien qui m'aide à m'en sortir, qu'importe le sujet abordé. Que ce soit les bébés, mon meilleur ami, nous ou mes études. Non, je ne peux pas concevoir l'idée que Zero puisse s'en occuper seul, surtout pas avec ses boulots, bien qu'il ait des parents ou un frère, mais là non plus je ne ferais pas entièrement confiance à son double. Dawn n'est pas méchant, mais il serait aussi enfantin que nos bébés.

Yun Hua n'a peut-être pas tord, je ne vais pas perdre Zero parce que nos points de vue divergent mais ceux-ci pourraient amener à des disputes invivables et c'est ça qui me fait peur. Discuter, c'est la meilleure solution pour elle... Mais discuter de quoi ? Du fait que je ne m'assume pas dans le rôle de mère ? Ou que c'est une mauvaise idée de vouloir être parents à notre âge ? Ou alors je ne sais pas quoi d'autre qu'il pourrait me sortir au moment voulu. J'en sais rien, je suis perdue. « Tu as raison, je ne vais pas le perdre aussi facilement. » J'ai l'impression de dire cela plus pour me rassurer que me convaincre, mais c'est mieux que rien. « De quoi pourrais-je discuter avec lui ? Nous nous sommes déjà prit la tête à cause de nos choix différents... Je ne sais pas comment faire, ni comment m'y prendre. » C'est un cauchemar, un véritable enfer, mais je veux bien croire Yun Hua et discuter calmement avec le père. ça me réconforte qu'elle soit là, qu'elle me parle ou juste qu'elle dépose sa main sur mon épaule, telle une amie.

Je me souviens d'une époque où nous parlons de faire adopter nos bébés, mais Yun Hua n'a rien fait de cela. Je suis étonnée qu'elle ait gardé son enfant, alors que j'imaginais tout le contraire. Pourquoi ? Je voudrais tant savoir la raison de son changement d'avis. Peut-être que moi aussi je serais capable d'en arriver-là, avec un peu plus de réflexion et de temps. Son regard ? Elle a ressenti une connexion avec lui, comme si les neuf mois passés dans son ventre furent bénéfique. Jusqu'à présent, je n'ai pas trop eu l'occasion de « parlementer » avec les embryons dans mon ventre. à dire vrai, j'ai toujours fait comme s'ils n'existaient pas, malgré les événements qui s'enchaînent autour de ça. « Je vais devoir attendre leurs naissances pour savoir ? Ce serait cruel si la connexion ne se faisait pas entre nous. » Je souris, même en éprouvant une profonde désolation à cette idée. Et si je voulais davantage m'en débarrasser en voyant leurs têtes ? Pas qu'ils soient moches ou beaux, mais juste qu'ils refléteraient beaucoup trop de responsabilité ou de mauvais souvenir. Je ne dois pas oublier le malheur de ma famille, la peur que tout cela a engendré aussi. Je souffle finalement, plutôt triste. Je ne veux pas faire de mal à ces bébés, ni être une mauvaise personne.

Un petit garçon du nom de Roxas, c'est mignon. Je ne m'attendais pas à la voir sortir son portable pour me montrer des photos de son petit garçon, restant un peu abasourdi. Mes yeux se déposent sur l'écran où défile les photos du bambin, voyant enfin à quoi ressemble le fameux Roxas. Je ne sais quoi en penser, ni quoi dire. Mon coeur est subitement lourd en pensant que cela pourrait être l'un des miens, puis j'imagine mon portable saturé par des photos de bébé sous différents angles. Et là, je souris. C'est adorable de voir autant de photo dans son téléphone, pire encore quand je relève la tête et examiner son visage. Elle a l'air heureuse, ce que je ne suis pas de mon côté avec mon choix. Que faire ? Et si garder les bébés me rendait aussi niaise et amoureuse ? Je l'ignore, encore une fois je suis dans un épais brouillard. Yun Hua n'a pas tord, je ne peux pas me forcer à être mère mais ce sont mes enfants, c'est moi qui vais devoir souffrir pour les mettre au monde, pas une autre femme. Ce sont ma chaire, mon sang, celui de Zero aussi. « Réfléchir, je suis capable au moins de faire ça. » C'est possible, malgré tout. Je ne vais sûrement pas changer d'avis à la seconde, mais j'ai encore du temps devant moi pour m'organiser et savoir quoi faire le jour J. « Merci Yun Hua, tu m'aides vraiment dans cet enfer. » La remerciais-je avec un fin sourire sur les lèvres. Je devrais vraiment lui offrir quelque chose, mais je n'ai rien prévu pour elle ou son enfant. J'y penserais la prochaine fois que je sors en ville pour faire les boutiques, surtout pour la féliciter. D'ailleurs... « Félicitation pour Roxas, je suis contente pour toi et le bébé. » C'est sincère, je suis réellement heureuse pour elle et j'espère qu'elle va continuer à s'en sortir à l'avenir.

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le choix n'appartient qu'à soi-même

Tous ces doutes, toutes ces hésitations, je ne les connais que trop bien, moi aussi ils m’ont hantée pendant des mois, sans jamais trouver de réponse arrêtée ou même un semblant satisfaisante. Une grossesse imprévue est compliquée et même en s’armant de grands idéaux convenus comme le fait que donner la vie soit la plus belle chose au monde, ce n’est aussi aisé. Encore moins avec des études à finir et donc une situation qui n’est pas encore entièrement stable, et pire encore quand le père n’est ni son petit-ami ni l’homme avec lequel on vit. Avant la grossesse j’entends, squatter son logement après coup, avec le bébé comme prétexte ne compte pas. Il va de soi que je me suis parfois prise à songer qu’en fin de compte, l’avortement aurait été une solution plus simple. Mais aussi plus radicale et sans appel, et avec mon propre vécu personnel, je n’aurais pas pu me résoudre à recourir à cela, ça aurait fini par me peser sur la conscience, alors que je conçois volontiers que ça puisse être légitime pour certaines femmes. Je ne voyais pas simplement en passer par-là, encore moins maintenant en ayant choisi de m’occuper du bébé malgré tout. Et c’est bien parce qu’Astéria a choisi de mener cette grossesse jusqu’au bout également qu’elle a besoin de moi, ou du moins, de quelqu’un à qui parler, qui a eu un parcours similaire et qui pourrait éventuellement l’aider dans ses interrogations. Même si je doute toujours être un modèle de référence, même pour les futures mères en détresse.

En revanche, je suis bien plus incertaine quant à la démarche à lui indiquer en ce qui concerne son meilleur ami, si ce n’est d’établir un dialogue entre eux. Qui suis-je pour savoir comment il faut se comporter dans ces moments-là avec ses amis ? J’ai opté pour le silence radio à l’égard des quelques-uns que j’ai, j’ai choisi de leur cacher ma grossesse, parce que j’avais trop peur, autant de la chose elle-même que de leur réaction. Cela dit, je peux toujours l’aiguiller à son égard pour ce qui est de son statut de père des jumeaux à naître, ça, je connais à peu près. Et l’entendre relater le fait qu’ils se soient pris la tête concernant la décision à prendre me fait esquisser un petit sourire malgré moi, quand je repense aux nombreuses engueulades que j’ai eues avec Ryû pour différents sujets. C’en est presque effrayant que ça me fasse sourire à présent.

« Ne sois pas si défaitiste. Les prises de tête ça arrive, ça ne veut pas dire que l’échange est scellé définitivement pour autant, j’énonce avec un air d’encouragement, si tu savais le nombre de prises de tête que j’ai pu avoir avec lui…, je poursuis d’un air songeur, bref, ne baisse pas les bras. »

Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, non ? Et en l’occurrence, ça fait exactement trois vies dans un même corps, alors elle ne peut être que remplie d’optimisme. Même si en réalité ce n’est pas si évident. Le fait même de ne pas savoir ce qui se passera le jour J est angoissant, mais après tout, elle a encore le temps je crois pour se faire son avis. Cinq mois ça fait je crois ? J’avoue qu’avec les récents évènements, la reprise des cours, les examens en approche, j’ai du mal à garder la notion du temps. Mais je suis au moins certaine qu’elle n’est pas encore si proche de l’accouchement et qu’elle a donc le temps de mettre les choses au point tant qu’elle le peut. Je peux certainement lui donner mon point de vue et partager mon expérience, et cependant, celui qui est le plus à même de l’épauler, c’est bien son meilleur ami, le père de ses enfants. Elle ne s’en rend peut-être encore pas tout à fait compte, mais elle a besoin de lui, plus qu’elle ne l’imaginerait. Et je parle en connaissance de cause, quand bien même je ne dirais jamais clairement à Ryû combien sa présence a été essentielle pour moi. Du moins pas totalement.

« Non, bien sûr, tu n’es pas obligée d’attendre leur naissance pour prendre ta décision, je réponds en riant doucement, je te dis juste que pour moi, ça a été le déclic. Peut-être que je l’aurais eu avant si j’avais accouché deux semaines plus tard comme c’était prévu. C’est juste pour t’expliquer qu’il faut bien y réfléchir en pensant à tout. Par exemple que ça ne restera pas juste deux fœtus avec une forme à peu près étrange mais qu’ils deviendront des bébés, des êtres vivants bien réels et pas abstraits. »

Pour ma part, j’ai toujours eu du mal à me représenter Roxas de manière concrète jusqu’au moment où je l’ai tenu dans mes bras. Mais ce n’est pas forcément le cas de tout le monde et j’espère pour elle qu’elle saura ce qu’elle veut avant le grand moment. Ne serait-ce que pour l’organisation, je pense quand même que ce serait plus commode. Aussi suis-je assez satisfaite de voir qu’elle est partante pour y réfléchir, c’est déjà bien. On ne peut pas prendre cette décision à la légère de toute manière. Et ses remerciements me touchent, bien plus que je ne l’aurais imaginé.

« Ce n’est rien, je déclare, un peu mal à l’aise, je sais que c’’est souvent pénible. Ça me fait plaisir si je peux t’aider à vivre cette période un peu mieux. Je te l’ai dit, si tu as besoin de quoi que ce soit, un message, un appel, pas de problème, je suis là. »

Je ne pensais pas me révéler aussi importante et être d’une aussi grande aide pour quelqu’un. Avec mes problèmes personnels et mon talent inné pour repousser les gens malgré moi, ce n’est pas très étonnant, mais le fait que j’ai tout de suite voulu épauler Astéria quand j’ai su qu’elle se trouvait dans le même cas que moi. Et à aucun moment ça ne m’a semblé pénible ou désagréable. Cette grossesse m’a quand même apporté un certain nombre de points positifs on dirait.

« Merci, c’est gentil ! Pour l’instant, ça va, je m’en sors. C’est pas forcément facile  pour reprendre les cours à la fin de l’année mais bon. Et toi, tu sais déjà ce que tu vas faire pour la fac ? »

Ne soyons pas bête, elle ne pourra pas continuer d’aller en cours éternellement, surtout pas avec des jumeaux. Je me demande juste si elle y a pensé au moins.

Le choix n'appartient qu'à soi-même. #YUNRIA

Bae Yun Hua & Heiwajima Astéria

TENUE ••• Yun Hua a sûrement raison, je ne devrais pas partir défaitiste, ni croire que la discussion est bouclée entre lui et moi. Zero n'est pas fermé d'esprit, mais il est têtu. Il ne va pas abandonner de si tôt, mais à quoi bon si on pense chacun différemment ? Être mère est un rôle définitivement trop important pour moi mais cela, il ne semble pas le comprendre ou simplement l'accepter. Je ne l'empêche pas d'être père si c'est ce qu'il veut réellement, je ne veux pas ne retour qu'il me force à être mère. C'est difficile, plus j'y pense et moi je parviens à raisonner correctement. Les encouragements de mon aînée me vont droit au coeur, ça me fait plaisir de me sentir soutenue par quelqu'un, surtout une personne qui a été dans la même situation que moi. « Comment as-tu fait pour t'en sortir avec lui ? Je ne pense pas tenir tête bien longtemps. » Avouais-je d'une petite voix, presque résignée. Il ne me reste pas énormément de temps pour choisir, pour mettre les choses au clair et Zero serait capable d'aller jusqu'au bout sans me laisser mon mot à dire.

C'est vrai, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Je ne peux pas négliger celle-ci, le plus important est qu'ils soient en bonne santé. Après, quelle importance ? Certes, c'est grave de ne pas savoir qui seront les parents pour s'en occuper, mais je veux simplement me rassurer en me disant qu'ils vont bien et que c'est le principal pour l'instant. Sauf que je ne veux pas attendre le dernier moment pour me décider ou me disputer encore avec mon meilleur ami. Je me rends compte que j'aborde un nouveau point en parlant avec elle, celui de vouloir des bébés en forme qu'importe les événements à venir. Est-ce bon pour une femme qui veut faire adopter ses enfants par des inconnus ? Plus je voudrais en savoir sur les petits, plus je vais m'accrocher à eux. J'ignore si c'est bien ou pas, finalement. En même temps, Yun Hua me permet d'avoir une autre vision de la chose, de voir le problème sous un autre angle. Au départ, elle  pensait comme moi mais aujourd'hui son avis est complètement différent. Elle rayonne de bonheur et pense autrement, à croire que la naissance de Roxas l'ait changé radicalement.

Je n'ai pas besoin d'attendre la dernière minute pour choisir, mais ce qu'elle dit est étrange à mes oreilles. Ils ne seront pas toujours des embryons avec une forme imprécise, ils vont changer, évoluer et devenir des êtres humains comme elle et moi. Un jour, ils grandiront, iront à l'école et à leur tour, penseront aux mêmes soucis que nous. Qu'est-ce que je dois faire ? Une moue se forme sur mon visage, plongée dans une grande réflexion. J'en ai vu des photos de bébé, j'en ai croisé des mères dans la rue avec leurs bambins, mais jamais je ne me suis imaginée à leur place. C'est étrange, stressant aussi. Devrais-je en discuter à nouveau avec Zero et réfléchir aussi à sa vision des choses ? Si je fais cela, ça voudrait dire que j'accepte plus ou moins d'endosser un tel rôle. J'ai peur d'échouer, peur de vivre un enfant comme ma mère de son vivant. Un soupir, et je la remercie pour son aide, heureuse d'avoir un tel soutient. « Je n'hésiterai pas, c'est gentil. »

Même si je ne suis pas encore décidé pour les bébés, je pense retourner voir mon meilleur ami pour avoir une meilleure discussion avec lui et éviter de me fermer à ses paroles. Il veut être père mais je ne veux pas être mère, va falloir trouver un juste milieu pour ne pas se mettre sur la figure à chaque croisement de regard. Un sourire se forme doucement sur mes lèvres et je me redresse pour m'étirer, les bras tirés vers le ciel. Zero, tu ne perds rien pour attendre! Avant tout, je questionne encore un peu Yun Hua, sur elle, sur son bébé, sur sa vie. « Tu m'étonnes, ça n'a pas dû t'aider pour ton année. » Et ça ne va pas m'aider pour la mienne non plus, mais il suffit qu'elle me questionne sur ce sujet pour que j'y songe réellement. Que vais-je faire pour la fac ? Il est sûr que je vais devoir arrêter tôt ou tard à cause de la grossesse et la fin de l'année approche aussi vite que le bébé. « Je ne peux pas me borner dans mon idée, je vais sûrement devoir arrêter la fac un temps, mais j'ignore ce que je ferais ensuite. » Tout dépendra des moments à venir, mais pour le moment je n'ai pas l'idée d'abandonner l'école.  Malheureusement, seul le temps nous le dira.

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le choix n'appartient qu'à soi-même

Le moins que l’on puisse dire, c’est que je sais de quoi je parle quand j’évoque des prises de tête à n’en plus finir et dont on ne sait même plus comment elles ont commencé et dont l’issue était plus qu’incertaine. C’en est presque un miracle que ça n’ait pas fini par nous ronger ou par exploser pour tout réduire à néant. En y repensant, je ne suis pas passée loin de la catastrophe, à force de jouer les têtes de mule, de me braquer sans arrêt et de traverser des conflits qui semblent ne jamais finir, si ce n’est pour en créer de nouveaux. Non seulement parce qu’il y avait le bébé au centre de tout cela mais aussi parce qu’on avait tout simplement l’art de s’embrouiller au quart de tour même sans cela. Il suffit de se souvenir comment le ton changeait radicalement pour des broutilles cet été. Il fallait dire qu’être coincé sur une île déserte à deux et avec les hormones de grossesse qui faisaient des siennes, le contexte ne jouait pas tant en notre faveur non plus. Ce qui n’excuse en rien la façon dont j’ai pu me montrer ignoble envers Ryû durant cette période, et qui ne peut que lui ajouter du mérite quant au fait il ne m’en ait pas éternellement tenu rigueur. Un miracle.

« Je ne sais plus trop, reconnais-je avec un petit rire nerveux et un haussement d’épaules, je crois à vrai dire que les choses ont commencé à être bien moins compliquées quand j’ai arrêté de faire ma mauvaise tête et de vouloir m’en sortir toute seule coûte que coûte. Alors qu’il ne demandait rien de plus que de pouvoir être là et avoir son mot à dire. En comprenant que je n’avais pas fait ce bébé toute seule en fait tout simplement. »

Il est vrai que si je ne lui avais pas menti, si je n’avais pas eu l’initiative de fuir en Corée, peut-être aurions-nous pu trouver un terrain d’entente bien plus tôt et éviter ainsi bien des engueulades et des complications. Peut-être aussi que ça nous aurait permis d’avoir plus de recul et de trouver une autre solution que celle de squatter son appartement en permanence. Quand je me repasse les conflits idiots qu’on a pu avoir, j’aurais presque envie de me donner des claques pour avoir été si idiote et, il faut l’admettre, si immature. Si ma mère n’était pas intervenue – un peu en mode bourrin certes – pour pallier à mes conneries, je ne sais pas où j’en serais à ce jour. Elle s’est montrée bien plus réfléchie à cet instant que je ne l’aurais imaginé et même si je regrette toujours un peu qu’elle m’ait manquée durant cette période, il va de soi qu’il était avant tout essentiel que je reprenne contact avec le père.

Non pas que je songe un instant à forcer les choses de la même manière pour Astéria, ce ne sont pas mes affaires, je peux l’écouter et partager mon ressenti, mais en aucun cas je ne me permettrais d’intervenir directement. Je ne la connais pas tant que cela et j’ignore tout de sa relation avec son meilleur ami, alors il vaut mieux pour moi ne pas trop m’en mêler, surtout en ayant des antécédents pas si glorieux en la matière. De toute façon, j’ai bon espoir pour elle, et peu importe comment tourneront les choses, je suis certaine qu’elle prendra la bonne décision et qu’elle saura quoi faire le moment venu. Et que ça ne lui coûtera en rien son amitié avec le père des jumeaux à naître, ils sont proches de base, je pense qu’ils finiront par trouver un terrain d’entente et s’entraider comme il faut. Si c’est possible pour moi et Ryû, il y a largement de quoi garder espoir.

« Je t’en prie. Je sais bien que c’est dur quand on a l’impression d’être seule et de ne pas avoir quelqu’un avec qui on peut parler concrètement de cela. Même si après coup tes amis te passent un savon et t’expliquent que tu as été bête de ne pas leur en parler, j’ajoute en riant, en repensant à la réaction de Suki à mon retour. »

Autant être là à cent pour cent et pas seulement à moitié quand ça m’arrange, non ? Sans compter que c’est loin d’être un fardeau pour moi. Elle ne s’en rend peut-être pas compte, mais Astéria m’aide également à dédramatiser tout cela, à prendre des distances sur les circonstances et à relativiser plus que je ne le ferais seule. Lui expliquer qu’elle s’en sortira me convainc que ce sera le cas aussi pour moi par la suite en quelque sorte. Et me fait réfléchir sur le chemin que j’ai parcouru et sur le soutien dont j’ai bénéficié, alors que je ne le méritais pas forcément. Pour ce qui est des études, c’est beaucoup moins simple en vérité, et je ne peux qu’acquiescer suite à sa décision de faire une pause. Bébé et études font rarement bon ménage et je crois que mes examens finaux vont en pâtir.

« Je vois. C’est mieux de finir ta grossesse au calme en effet. Je n’aurais pas pu m’obstiner jusqu’au bout, à un moment, ce n’est plus possible. Et pas seulement parce que j’ai eu quelques complications. Du calme et du repos te feront du bien. Surtout loin du stress de cet endroit, j’argument en roulant des yeux et en serrant un peu les dents, on ne te mène pas trop la vie dure d’ailleurs ? J’ai fait des arts martiaux si besoin. »

Ça peut sonner comme une plaisanterie, mais au fond de moi, je suis sérieuse. On n’a pas idée de venir harceler une femme enceinte et le premier que je vois lui chercher des noises, je l’explose. Alors qu’on risque également de me prendre pour cible en parallèle, je sais, mais en ce qui me concerne, ma condition physique n’est pas la même, j’ai accouché, je n’ai pas d’être fragile dans mon ventre qui risque de pâtir de l’idiotie des élèves de la Royal.

Le choix n'appartient qu'à soi-même. #YUNRIA

Bae Yun Hua & Heiwajima Astéria

TENUE ••• Je dois avouer que ses paroles me font l'effet d'un déjà vu, comme si elle parlait de mon meilleur ami et de moi. Je fais ma mauvaise tête avec Zero sous prétexte que j'ai raison, que c'est moi qui porte le bébé, que si, que ça, blablabla. Les hormones en ajoutent et ça part souvent à vrille pour un rien, un mot de travers, un regard différent ou qu'importe l'excuse pour hausser la voix et taper du poing sur la table. Non, décidément, je vais devoir me calmer et relativiser, comprendre aussi que je n'ai pas fait ces bébés seule et qu'il a encore son mot à dire puisqu'il est l'autre « moitié » qui forme la situation actuelle. évidement, ça ne va pas se faire à la seconde et je ne vais pas dire « amen » à Zero de suite, sans avoir bien discuté, mais maintenant je suis sûre d'une chose. Nous devons parler tous les deux, savoir quoi faire, s'organiser, faire des promesses peut-être. Pour le moment, je ne peux pas affirmer ce que nous devons faire, mais il va falloir le faire coûte que coûte. « J'ai l'impression que tu décris mon ami et moi, c'est fou. Je vais devoir suivre ton exemple si je veux calmer le jeu et éviter un meurtre. » Plaisantais-je sur la fin, un doux sourire aux lèvres. Va falloir faire des concessions pour s'en sortir.

Si les choses avec Zero devaient déraper, je n'aurai aucun parent pour se mettre au milieu et me raisonner ou ne serait-ce qu'apaiser les tensions en rattrapant mes erreurs. Zero a la chance d'avoir une mère, même si elle peut être occupée, elle reste une mère aimante et chaleureuse. Pourtant je ne veux pas dépendre de celle-ci, que je la connaisse depuis le jardin d'enfant ou depuis peu, c'est gênant. J'ignore si elle est au courant, d'ailleurs. Est-ce que mon meilleur ami l'a dit à ses parents ? Je suppose que son jumeau le sait et je dois le dire à ma meilleure amie, même si elle a déjà dû voir mon ventre « rond ». J'ai l'air désespéré, faut vraiment que je fasse quelque chose. C'est bien beau de parler avec Yun Hua, de penser à des objectifs mais si je ne m'y tiens pas, autant abandonner de suite, ça évitera bien des complications et des ennuis. C'est quand même gentil de sa part de m'aider, rien que parler avec elle me fait un bien fou. Je peux remettre les choses au clair dans ma tête et réaliser à quel point ma façon d'agir est stupide, loin d'être des meilleurs. Yun Hua m'ouvre les yeux et je suis certaine qu'elle va encore le faire à l'avenir. Disons qu'elle est la seule à pouvoir me comprendre, surtout. Candy ne pourrait pas se mettre à ma place, elle serait incapable de savoir quoi faire pour moi ou quoi me dire pour Zero. Elle n'a pas vécu cela, comparé à la jeune femme à mes côtés. « Ce n'est pas faux, mais mes amis ne peuvent pas savoir ce que tout cela fait. Ils comprendront pourquoi je n'ai pas pu leur parler plus tôt. » Grâce à elle. Ils comprendront que pour ça, j'avais besoin d'une alliée telle que Yun Hua et ils me pardonneront quand je m'excuserai sincèrement. Nous nous sommes toujours pardonnés jusqu'à présent, pourquoi cela devrait-il changer ?

Mutuellement, nous nous soutenons, même si je ne suis pas d'une grande elle pour Yun Hua qui affronte les événements un à un avant moi. Elle me raconte son histoire et j'imagine la mienne ensuite, me donnant du courage pour affronter mes ennemis. Ce n'est pas une question de guerre ou de bataille, je le sais bien à présent, mais je dois toujours me battre contre moi-même pour ne pas tomber et couler. Je voudrais pouvoir faire plus pour elle, mais à part l'écouter et suivre ses conseils, je ne sais que faire de plus. Je suis loin de m'imaginer ce qu'elle pense ou que cela peut la convaincre sur sa propre situation. Si je peux y arriver, elle aussi. Si elle peut y arriver, moi aussi. C'est un échange mutuel. Tout comme elle, je songe à arrêter les cours un certains temps, au moins pour terminer ma grossesse tranquillement et voir ce que je ferais ensuite. C'est toute une affaire que je ne peux prendre à la légère et je dois vraiment éviter les choix sur un coup de tête. « Oui docteur! Je vais profiter pour faire des grasses mat' et manger des pots de nutella devant des films joyeux. » Dédramatiser, c'est la clé pour réussir une bonne grossesse, même s'il faudrait éviter de trop manger à en prendre le double de poids. La vie dure ? à part l'entêtement de Zero, non. Personne ne m'embête pour l'instant, faut dire qu'à part elle, le père et ma tante, personne n'est au courant.

« Non, pour l'instant j'ai la vie calme. Si jamais ça change, je te supplierai de m'apprendre quelques techniques. » Je souris de bon coeur, m'imaginant dans une tenue de karate. Ouais non, je pourrais même pas boucler la ceinture avec ce ventre. Personne ne m'a jamais embêté, j'ai toujours été considéré comme une fille étrange, au fort caractère et aux tendances festifs plutôt connus mais pas au point d'être malmené par d'autres étudiants. Puis, y a toujours eu Zero proche de moi pour dissuader quiconque de poser sa main sur moi. à cette pensée, je ne peux que réaliser à quel point il est le meilleur des meilleurs amis et que je ne veux pas m'engueuler avec lui pour une erreur qu'on a commis à deux. Ces enfants, ce sont les résultats d'un acte commun, décidé ensemble. « Je commence à comprendre et à savoir ce que je veux. » Soufflais-je doucement. « Tu as raison, ces enfants ne sont pas là par l'aide du saint-esprit et maintenant c'est à mon meilleur ami et à moi de prendre nos responsabilités. Je suppose qu'une vraie mère doit agir ainsi ? » J'espère ne pas me tromper, de voir juste et de grandir un peu plus. Certes, je ne peux pas encore accepter le rôle d'une mère mais suis-je suffisamment irresponsable pour les faire adopter ? Nous sommes fautifs avec Zero, mais nous ne devons pas jeter la faute sur d'autres.

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Au fond, cela m’amuse un peu de voir qu’elle voit exactement de quoi je veux parler et de savoir que ce qu’elle vit est presque entièrement similaire à ce que j’ai traversé. Je pense que c’est toujours un peu complexe quand on est sur le point d’avoir un bébé imprévu, résultat d’une nuit où on aurait mieux fait de rester sagement sous sa couette plutôt que de faire des bêtises avec quelques verres en trop. Et que donc les parents ne sont pas forcément sur la même longueur d’ondes parce qu’à la base, ils ne pensaient rien construire ensemble. Avec le stress, les hormones, l’angoisse, les complications à gérer, peu étonnant que la situation devienne facilement épineuse et pleine de reproches, de différends et d’engueulades dont, avec le recul, on peine finalement à trouver le vrai cœur du désaccord. Alors oui, dans ces moments-là on peut avoir l’impression d’être à deux doigts de craquer et de commettre un meurtre comme dit Astéria, chose qui ne manque pas de me faire rire doucement. Déjà, je ne pensais pas survivre à plusieurs mois de cohabitation avec Ryû sans qu’on finisse par s’étriper ou que je me fasse subitement mettre à la porte, c’est miraculeux que j’ai fini par reprendre mes esprits et faire preuve de bon sens pour sauver les pots cassés.

« Oui, c’est préférable, réponds-je le sourire aux lèvres, et de préférence avant d’en venir à courir comme une dératée chez lui sous la pluie parce que tu n’arrives pas à t’en sortir toute seule. Et que ses parents débarquent à l’improviste au milieu de tout ce bordel. »

Il n’y a pas à dire, il y a vraiment un nombre incalculable de choses qui se sont passées et qui auraient clairement pu être évitées pour peu que j’aie pris deux minutes pour réfléchir avant d’agir sur un coup de tête et dans un élan de bêtise inouï. Autant que je prévienne Astéria avant qu’elle connaisse des difficultés similaires et qu’elle passe rapidement à la phase raisonnable où on accepte les avis de l’autre et où on discute comme de bonnes personnes civilisées. Tout comme il vaut mieux qu’elle se prépare à l’idée de subir de sérieuses remontrances de la part de ses amis qu’elle n’aura pas tenu au courant durant tout ce temps. Parce que oui mine de rien, si ça peut sembler plus que légitime de se faire aussi discrète et petite que possible quand on se trouve dans ce genre de situation, pour notre entourage, ça ne paraît pas tellement justifié. Il suffit de voir comme Suki m’en a voulu et m’a traitée d’idiote de ne pas lui en avoir parlé, et je sais qu’elle m’aurait soutenue désormais mais sur l’instant, ce n’est pas si évident. Il y a toujours l’appréhension du regard des autres qui ne savent pas vraiment ce que cela fait ou ce que ça implique.

Mais le plus important pour le moment c’est qu’elle repose et qu’elle passe les derniers mois de sa grossesse le plus tranquillement et le plus sereinement possible. Quand bien même être enceinte n’est pas franchement une maladie en soi, c’est quand même une étape délicate de la vie qu’il faut traverser de façon aussi optimale que possible. Il n’est pas question de jouer les obstinées en poursuivant les cours jusqu’au bout, même moi qui chéris les études depuis toute petite, ça n’en vaut clairement pas la peine. Heureusement, elle ne prend pas à la légère et je ne peux retenir un franc rire quand j’entends son programme. Ça me paraît vraiment être une bonne idée, moi aussi j’aurais bien aimé passé mes journées sous la couette avec un pot de Nutella. Sauf que je devais suivre un régime alimentaire strict et que de manière générale, je ne supporte pas de rester inactive pendant plus de trente minutes. Au moins, elle a plus de chance que moi sur ce point, ce n’est pas plus mal. Et je suis également rassurée de savoir qu’on la laisse tranquille pour le moment.

« Tant mieux alors si tout se passe bien. Pas de problème, je reste à ta disposition pour t’apprendre quelques coups bien placés qui pourraient être utiles. Je suis sûre que tu ferais une excellente guerrière !, je reprends en faisant quelques mouvements pour illustrer mes dires. »

C’est certain, on ferait une équipe d’enfer, je m’imagine déjà contre-attaquer avec des nunchakus comme une vraie pro. Sauf que la dernière fois que j’ai pratiqué les arts martiaux remonte un peu et que je pense ne me souvenir vaguement que de quelques mouvements par-ci par-là. Il faudrait vraiment que je songe à reprendre du service, sans doute pour l’année suivante, ça ne peut que m’être bénéfique, et de toute façon, je ne pense pas que les cheerleaders aient encore envie de moi dans leur équipe, je ne me sens pas l’âme de faire un retour d’enfer à la Quinn Fabray – oui oui j’ai cherché des exemples de jeunes filles enceintes dans les séries, même étrangères – surtout si c’est pour finir en punk par la suite. Les mots suivants d’Astéria me sortent de ma rêverie, abordant un sujet tout à coup bien plus sérieux. Elle commence à savoir ce qu’elle veut, tant mieux, je suis contente de voir que discuter l’aide à cerner ce qu’elle va faire de mieux en mieux. C’est déjà une bonne chose.

« C’est bien si tu commences à y voir plus clair, je suis contente pour toi, je me réjouis, en croisant les bras, un air victorieux sur le visage, c’est sûr, pour l’instant c’est votre responsabilité de s’assurer qu’il va… qu’ils vont bien pardon, j’avais oublié. Et de vous mettre d’accord sur la suite des évènements. C’est important, pour vous, comme pour eux. Je ne sais pas ce qu’est censée faire une vraie mère dans chaque situation, mais bon, mieux vaut agir pour le mieux ensemble. »

Qui sait, peut-être que selon le déroulement des prochaines semaines on se retrouvera bientôt à échanger nos vécus et nos expériences en tant que jeunes mères confrontées aux difficultés causées par les nouveau-nés. Avec optimisme de préfèrence, on peut rêver.

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Bae Yun Hua & Heiwajima Astéria

TENUE •••  « ça sent le vécu. » Fis-je avec un fin sourire aux lèvres. Généralement, quand on raconte quelque chose à quelqu'un pour le prévenir, c'est forcément qu'on l'a déjà vécu auparavant. Donc, je suppose que Yun Hua a déjà dû courir sous la pluie pour avoir l'aide du père et tomber par hasard sur ses parents. Je ne voudrais pas vivre cela, vraiment pas. Pas parce que je n'aime pas les parents de Zero, bien au contraire je les adore, mais parce que j'ignore complètement s'ils sont au courant pour ma grossesse et le fait qu'ils puissent être grand-parents. Si j'écoute les conseils de Yun Hua, je ne dois surtout pas rester seule dans mon coin, pour peu qu'il m'arrive un truc et personne dans les parages pour me venir en aide. Je ne peux pas non plus forcer Zero à rester à portée de main, il a ses boulots et autre chose de plus intéressant à faire que surveiller une femme enceinte, têtue jusqu'à l'os. Après, il peut toujours le faire si je lui demande gentiment, comme une personne civilisée.

Bien que je sois toujours dans le doute et incapable de me décider dans l'immédiat, je ne veux pas risquer la vie de ces bébés seulement pour achever mon année d'étude, avant de prendre des vacances. Peut-être ne suis-je pas la meilleure des mères, mais je tiens à ce qu'ils soient en pleine santé et qu'ils puissent grandir correctement, avec ou sans moi. C'est bien pour cela que je réfléchis à l'école, au fait de rester enfermée chez moi jusqu'à l'accouchement ou simplement de me calmer sur les gros trajets et les mouvements. Zero dira que je suis raisonnable et même si cela me ferait chier, je devrais bien avouer qu'il a raison. De toute façon, je ne suis pas en science par plaisir, seulement pour suivre les trois autres et pour ne pas me retrouver la seule de la bande dans un cursus différent. Qui sait, plus tard je reprendrais les cours dans une voie qui me plait vraiment et là, je n'aurais aucun droit d'arrêter. Mon prochain programme risque d'être light, mais je ne peux pas dire à l'avance ce que je ferais de mes journées. Peut-être que j'irai marcher dans des endroits calmes ou je ferais autre chose pour me dégourdir et ne pas manger tout le temps. Tant que je reste tranquille dans la mesure du possible, tout va bien.

« Je n'en doute pas, je suis plutôt costaud et souple, ça pourrait le faire. » Plaisantais-je en la regardant faire, un grand sourire aux lèvres. Certes, là je ne peux pas faire grand chose avec mon ventre mais d'ici quelques mois, faudrait bien que je retrouve ma taille de guêpe et des muscles. Je n'ai jamais été très combative mais tout peut changer. Le sport ne me fait pas défaut, c'est le principal, mais bon je reste une fille qui fait plus attention à ses ongles qu'à ses abdominaux. Bref, j'en reviens au sujet de base, à savoir ce que je ferais ensuite pour les bébés. Abandonner ce que j'ai conçu ou les garder précieusement. C'est une question qui me pose encore problème mais je compte à présent sur Zero pour m'aider à choisir, à me décider définitivement. Faut juste qu'il soit convainquant.

Mon sourire revient à ses paroles et je la remercie d'un mouvement de tête. « Je suis sûre que tu es une bonne mère. » Dis-je subitement, après qu'elle est terminée de parler. Tout ce qu'elle me dit me fait plaisir et je veux juste qu'elle sache que je la trouve très bien dans ce rôle-là, même si je ne l'ai jamais vu avec son fils. « Je ferais bien d'aller à mon prochain cours. » Je regarde l'heure sur mon portable, il reste un peu de temps mais quand même. Mes yeux dévient sur mon poignet et je décroche l'un de mes bracelets pour le tendre à Yun Hua. « Tiens, prends ceci. En gage d'amitié et de remerciement. » Je tiens absolument à ce qu'elle l'accepte, même si elle ne le porte pas ou le range dans un tiroir, tant qu'il reste en sa possession. ça prouve qu'il s'est bel et bien passé quelque chose entre nous, qu'on a vécu une situation similaire et qu'on ne doit surtout pas l'oublier. C'est aussi un grand merci.

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C’est peut-être étrange mais avec le recul, évoquer ce fameux épisode où je suis arrivée chez Ryû comme si j’avais traversé l’océan me fait sourire et même doucement rire suite à la remarque de ma vis-à-vis. Pour être vécu, c’est du vécu, j’aurais presque honte en y resongeant, ce pourrait presque être un secret à révéler dans les trucs les plus fous que j’ai jamais faits. Surtout qu’a priori, ce n’était pas vraiment dans ma nature de tailler plusieurs kilomètres en courant – et en étant enceinte, ce n’est pas sûrement pas très prudent mais l’instant était critique, zut – sous la pluie, en prenant au passage une boîte de sablés, juste pour me rattraper auprès de quelqu’un. En temps normal, j’aurais juste laissé couler en tâchant de ne plus y repenser, mais ce n’est pas si aisé quand il est question du père de l’enfant qu’on porte et dont on a failli le priver juste à cause d’une angoisse largement infondée, mais qui me dévorait de l’intérieur. Simplement parce que j’avais eu peur de me faire envoyer sur les autres ou de répéter le schéma grotesque que je connaissais par cœur. Ce qui ne manque pas de me faire prendre conscience du chemin parcouru depuis et de la détermination à continuer sur cette voie, qui est largement plus profitable à tous.

Je suis certaine qu’elle ferait un bon petit soldat avec deux-trois mouvements assimilés, et non, je n’ai pas du tout le sentiment de me ridiculiser pendant une seule seconde avec les grands gestes que je me mets à faire. Bon, un tout petit peu sans doute, mais je n’y prête pas vraiment attention. Au pire, j’en rirais également dans quelques semaines, ce n’est pas bien grave, si cela peut la faire sourire et l’aider à prendre du recul par rapport à la situation. Qui sait, peut-être que dans quelques mois on formera une équipe de justicières prêtes à tout pour défendre les opprimés avec nos techniques imparables. On peut rêver non ? Pour l’instant, c’est peut-être mieux de se limiter aux conseils utiles et aux conversations pleines de bon sens sur ce qui pourrait l’aider. Si au moins elle y voit plus clair, je suis plus que ravie, c’est à elle que revient la décision finale mais si discuter avec moi l’aide à choisir quel point de vue adopter, c’est super. Et ce serait mentir que de dire que sa réflexion ne me touche pas en plein cœur. Ce n’est pas tous les jours qu’on me dit cela, à vrai dire, à part quand ma mère veut me rassurer quand j’ai des moments de panique, on ne me l’a jamais dit.

« C’est gentil. Je fais de mon mieux en tout cas, je déclare, un peu mal à l’aise en haussant les épaules. »

En fait, je n’en suis pas convaincue à cent pour cent, je ne suis même pas certaine d’être une colocataire vivable, alors une bonne mère, j’ai l’impression d’en être à des kilomètres. Quand je vois des exemples comme Kasahara-san avec Haru, je me sens bien bête en vérité, je ne sais pas comment je ferais pour si bien m’en sortir un jour, ça me paraît impossible. Cela dit, je n’ai pas le temps de disserter dessus très longtemps dans ma tête, puisque mon interlocutrice m’annonce qu’elle doit retourner en classe. Un rapide coup d’œil à ma montre m’indique que je ferais également mieux de me hâter si je ne veux pas me faire réprimander, je n’ai vraiment pas besoin d’attirer l’attention sur moi en ce moment ou de réflexions stupides comme « Elle était occupée de nourrir son bébé ». Je m’en passerai volontiers. Alors que je m’apprête à la saluer pour partir en direction de la salle, je suis interrompue par son geste et son intervention. Vraiment ? Je pensais que de tels gages d’amitié n’existaient que dans les dramas, mais il faut croire que cela arrive dans la vraie vie. Et, bizarrement, ça me rend heureuse, ça me rend stupidement heureuse. Il ne me reste plus qu’à me jeter sous une couette avec un pot de glace devant une bonne série niaise dans quelques heures je crois.

« Oh. C’est adorable…, dis-je sans savoir vraiment quoi répondre, en acceptant le petit bracelet, qui me semble être le plus beau de tous à cet instant, merci, je le porterai souvent. Non tout le temps en fait s’il est assez résistant, je rectifie avec un grand sourire, oh, attends, j’ai quelque chose aussi pour toi. »

Non parce que pour un bien, autant faire un échange, non ? Une fois le bracelet fièrement accroché à mon poignet, juste à côté de mon indispensable gourmette, je me saisis de mon carton à dessin, duquel j’extirpe une feuille, préalablement choisie, que je tends à Astéria, un sourire fier aux lèvres.

« Voilà pour toi. C’est un dessin de Roxas, peu de temps après sa naissance. Bon, je n’ai pas eu le temps de le colorier, mais c’est définitivement le plus beau que j’ai pu faire. Je te l’offre, je pense que ça peut encore t’aider dans ta réflexion. »

Car non, ce n’est pas simplement pour avoir la satisfaction de répandre la beauté de mon bébé partout que je le lui donne, il ne faut pas exagérer non plus. Je me dis juste que ça peut atteindre sa sensibilité, peut-être plus encore que les photos que je lui ai montrées il y a quelques minutes.

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Bae Yun Hua & Heiwajima Astéria

TENUE •••  Le clan des mères étudiantes, ça pourrait le faire. Nous pourrions rassurer la jeunesse qui sombre dans ce genre de problème en disant que la vie n'est pas si noire, finalement. Sauf que je n'ai pas encore les épaules suffisamment large pour endosser un tel rôle. Yun Hua est forte, mais elle est déjà passé par-là et maintenant, c'est une maman. Pour l'instant, je suis toujours une élève enceinte par mégarde, sans trop savoir dans quel mur je fonce. J'ai beau réfléchir, je sais qu'importe ma décision, j'en souffrirais tôt ou tard. Si je donne ces enfants, je serais malheureuse un jour. Mais si je les garde, je vais devoir affronter bien des péripéties. Devrais-je les garder cachés ou secret ? Après tout, ce n'est pas si bien vu d'être mère à vingt ans seulement. Certains n'ont pas de boulot et galère dans leurs études, ce n'est pas un bien pour tous. Yun Hua s'en sort plutôt bien, même si je ne connais rien à sa vie en dehors du fait qu'elle ait eu un enfant et qu'elle est vécu chez le père. J'ignore si c'est toujours le cas ou si elle a trouvé un autre endroit. Je ne voudrais pas m'immiscer autant dans sa vie privée, c'est déjà bien d'avoir une amie comme elle. Je peux au moins confirmer qu'elle est une bonne mère et que je l'admire pour cela.

« Continue comme ça. » Je l'encourage, levant mon poing à hauteur de poitrine comme un fighting, le sourire aux lèvres. C'est mon modèle féminin, j'ai aussi besoin qu'elle s'accroche pour faire de même, mais si jamais elle ne parvient pas à faire de son mieux, je serais là pour l'aider. Après tout, elle m'a porté secours quand j'en avais le plus besoin et j'aurai jamais assez de mot pour la remercier. J'ignore moi-même si je pourrais être une bonne mère, un jour ou l'autre. Si ce n'est pas avec les jumeaux, ce sera forcément avec d'autres enfants. Malheureusement, je ne peux pas me visualiser aussi loin dans l'avenir, même si je ne vis pas vraiment au jour le jour pour autant. Il y a certaines choses avec quoi j'ai énormément de mal, comme la famille ou les relations amoureuses. J'ai peur que tout cela s'envole en fumée et me laisse la même impression de terreur que par le passée.

L'heure avance plus rapidement que prévu, nous avons à peine eu le temps de discuter entre deux cours, mais c'est déjà pas mal pour moi. Je sais que je vais devoir reparler à Zero et prendre sur moi pour faire le meilleur des choix. Ce n'est pas seulement pour mon avenir, mais cela de mon meilleur ami et de nos enfants. Penser qu'à moi seulement serait l'acte le plus égoïste du monde. Je ne veux pas qu'il ait une raison de me haïr, alors que je veux simplement m'en sortir sans encombre, sans blesser personne et surtout sans me faire mal. Une minute de plus ou de moins ne changera pas notre journée, c'est bien pour cela que je l'interrompt avant de partir dans nos classes respectives pour lui donner une bracelet. ça ne vaut pas des millions, mais c'est plus d'ordre sentimental. Une valeur affective, une preuve d'amitié. J'ai déjà partagé ce genre de bijou avec ma meilleure amie, surtout à l'époque du collège mais aujourd'hui c'est avec Yun Hua que je le fais. En même temps, c'est une façon de lui dire que je suis là moi aussi, qu'importe ce qu'elle peut vivre par la suite. Si besoin, je serais présente à mon tour.

Mon sourire revient sur mes lèvres et j'hoche doucement la tête quand elle dit de souvent le porter. « Même s'il ne tient pas éternellement, tu pourras toujours le garder quelque part. » Je ne la force à rien, si elle veut le jeter, c'est son droit. Mais je suis contente qu'elle me dise ça, ce n'est pas tous les jours que j'offre des cadeaux. Quelque chose pour moi ? Je suis étonnée d'avoir en retour, mais heureuse en même temps. Yun Hua accroche le bracelet à son poignet et se saisit de sa pochette à dessin pour en sortir une feuille. Je ne sais pas quoi dire, je suis plus émue que je n'aurai pu le croire. Elle me donne un dessin de son fils, un magnifique croquis fait par elle. « Merci Yun Hua, merci énormément. Je vais le garder précieusement et qui sait, je le montrerais aux jumeaux plus tard. » Si jamais je les garde réellement, mais plus j’interagis avec elle, plus j'ai l'envie de surmonter toutes mes peines. Je dois assumer mes erreurs et faire en sorte qu'elles ne soient pas si indésirable.

Si elle a fait ce dessin, c'est sûrement parce qu'elle a aimé son bébé dès le premier regard. Dans ce cas, je me dis que cela peut m'arriver à moi aussi. à bien y réfléchir, je ne devrais pas me précipiter trop vite et prendre le temps de bien réfléchir. De préférence avec mon meilleur ami. La feuille entre mes doigts, je la garde précieusement contre moi en me promettant de bien la conserver, même si je n'ai rien sur moi pour la protéger. « Je vais y aller, encore merci. » Je m'incline rapidement et relève la tête avec le sourire. On se reverra, j'en suis persuadée. Pour le moment je file en cours, qui sait jusqu'à quand je pourrais y aller avant d'arrêter, peut-être définitivement.

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Rencontrer Astéria est sans aucun doute l’une des meilleures choses que m’ait apportées ma grossesse – bien après Roxas évidemment mais bon – l’apparition progressive d’une complicité et d’une compréhension particulière de nos situations respectives a toujours le don de me remonter le moral en dépit de tout et à me redonner l’énergie et la force nécessaire pour affronter l’adversité, et devenir la meilleure mère possible. Sans compter l’impression de ne pas être si marginale et anormale que cela au final, je n’aurais pas songé trouver une étudiante dans le même cas que moi à quelques mois d’intervalles, à croire que le destin se mêle de tout. Recevoir ses encouragements et son présent, que je ne cesse de contempler comme une petite fille qui recevrait son premier cadeau d’anniversaire, me réchauffe le cœur dans cette école plus que glaciale. Je ne crois pas avoir en vérité échanger des objets de la sorte avec quelqu’un et moi qui ne rechignais pas à trouver cela terriblement mielleux dans les dramas, je ne peux m’empêcher de songer que c’est en fait amplement justifié, que la signification cachée derrière ce bracelet est si forte qu’elle le rend tout simplement fabuleux, presque magique. Bon, je devrais éviter de tomber au niveau des dessins animés Barbie, ce serait sans doute préférable. Je n’en souris pas moins d’un air béat en le regardant encore et encore, et plus encore à l’écoute du conseil d’Astéria pour le conserver même s’il se casse et que je ne peux plus le porter. Evidemment, je ne peux pas rester bien longtemps sans lui retourner l’attention.

Si je me souviens, j’ai dessiné ce portrait le jour même où je suis rentrée à Tokyo avec Roxas, plus que ravie de sortir de l’hôpital que je ne pouvais plus voir en peinture et terriblement fatiguée aussi. Mais la passion a été plus forte, à peine le bout de chou endormi, il a fallu que je sorte mes feuilles et mes crayons pour immortaliser cet instant de tranquillité absolue. Plus que le photographier, j’ai voulu le dessiner dès que possible et je m’y affaire encore de temps en temps, dès que l’inspiration s’empare de moi et que je ne peux résister à l’adorable bébé qui grandit de jour en jour. Je le soupçonne presque de prendre la pose par moments pour que j’immortalise sa bouille d’ange. La réaction de mon interlocutrice ne se fait pas attendre, elle est ravie – et donc je le suis encore plus – et il semblerait que ça lui fasse extrêmement plaisir, au point de projeter de le montrer à sa progéniture par la suite. Ce qui signifie qu’elle doit avoir déjà en tête la décision qu’elle désire prendre.

« Tant mieux si ça te plaît, je suis contente de te le donner. Et j’attends leurs critiques bien entendu, tout point de vue est bon à prendre en art, j’énonce d’un ton faussement solennel avant de sourire de plus belle. »

Nous parlons, nous parlons, mais l’heure elle continue de défiler et n’attend pas forcément notre bon vouloir pour se plier à nos exigences. Aussi faut-il que nous abrégions notre discussion rapidement, mais je tenais à lui offrir quelque chose également, c’est une bonne idée après tout, comme pour sceller notre coopération, peut-être m’avancerais-je même à parler d’amitié ? On verra ce qu’il en est par la suite, c’est toujours un peu compliqué pour moi de m’attacher aux gens, d’autant plus en prenant compte de certains évènements, mais je ne fais en aucun cas une croix sur cette idée. Ce serait avec plaisir que je reverrais Astéria si jamais nos chemins se croisent de nouveau à l’avenir et qui sait, ceux de nos enfants également. Rien que d’y penser, j’en rêve déjà, et je sursaute presque quand elle annonce finalement son départ. Un rapide signe de la main, un sourire bien accroché sur le visage, je tourne à mon tour les talons, prenant le chemin de la salle du prochain cours, serrant ma pochette à dessin contre moi, toute contente. Rien ne saurait ternir ma bonne humeur durant cette heure de classe, rien.