TENUE ➤ Je ne sais pas vraiment depuis combien de temps je suis ici, mais les jours, les semaines ont doucement filés, ma mémoire est toujours aussi vide du passé, mais se remplit doucement avec le présent que je vis ici, je découvre de nouvelles choses continuellement, maintenant que mes blessures sont guéries je peux me donner à fond pour aider Yulian, dans un sens j’ai l’impression que j’ai toujours vécue ici. Je pose toujours des questions enfantines sur les choses que j’ignore, mais grâce à mon hôte j’ai déjà pu mettre des images et des mots sur ce qui nous entoure principalement, je ne suis pas encore allé en ville, mais j’ai pu aller dans une petite boutique du coin pour acheter quelques affaires, petit à petit l’oiseau fait son nid, j’ai lu cette expression quelque part, je me suis surpris à me rappeler comment lire et écrire, même si mon esprit est vide, mon cerveau envoie des signaux, je ne suis plus aussi perdu et si je peux positiver ainsi malgré cette épreuve hors du commun c’est bien parce qu’il est à mes côtés depuis le début. Aujourd’hui on change de décor, après avoir passé toutes -ou presque- nos mâtinés à bosser à la ferme, ce matin c’est une autre chose que je m’apprête à vivre, une sortie dans la montagne, de nouveau paysage et de nouvelles questions, mais j’ai hâte de pêcher, il m’a expliqué le principe même si je suis certain que le « moi » précédent connaissait cette activité, c’est encore une première fois pour moi et comme à mon habitude je suis excité et impatient. J’ai enfilé un short et une chemise, de quoi être à l’aise et bien dans mes baskets, il fait chaud en ce moment, les gens disent que l’été arrive, mais même les saisons sont un souvenir lointain dans mon esprit, je ne vois que des changements de température et de style vestimentaire. Une fois dehors je patiente en jouant avec les chiens, je me sens comme un poisson dans l’eau dans cet environnement, même si je suis toujours curieux de la personne que j’ai pu être avant cet accident.

 TENUE ➤ Tellement de choses sont arrivés en plusieurs semaines, des choses que je ne pourrais expliquer ou dire. Avec Ying Tao, ça s'est beaucoup amélioré et je l'ai vu évoluer progressivement dans ce milieu qu'est le miens. Que ce soit avec les animaux, les fleurs ou tout le reste, il a su se faire une place dans mon environnement, mais aussi dans ma vie. C'est dingue, mais j'ai l'impression qu'il a toujours été là ou que je ne pourrais jamais le laisser partir... Puis il y a eu ce jour. Un employé de l'auberge qui a aidé à faire déplacé la voiture m'a ramené un objet précieux et en état. Un portable, sûrement celui de Ying Tao. Par chance, j'ai pu trouver un chargeur et alimenter la batterie de ce dernier. C'est mal, je sais bien, on m'a toujours appris à ne jamais fouiller dans les affaires des autres mais c'est de Ying Tao qu'on parle. Ou plutôt, Dewei. Qu'est-ce que je dois penser de tout ça ? Bon, je savais par avance qu'il n'était pas ce que je voulais qu'il soit, et que mon surnom n'était justement qu'un surnom mais... C'est comme si la réalité m'avait mit un coup de pied au cul, en me disant de faire attention parce qu'un jour, il filerait loin d'ici. Alors pour ne pas que cela arrive trop vite, j'ai gardé le silence et caché son portable. Autant dire que je n'ai pas la conscience tranquille, j'ai même l'impression que quelque chose la ronge à petit feu. Passer par dessus n'a pas été facile mais j'ai dû me forcer, parce qu'aujourd'hui on sort en montagne. J'ai proposé d'aller à la pêche, de lui montrer comment attraper du poisson et pourquoi pas se baigner. Les températures se sont réchauffer, et même si les rivières et lacs sont frais, on peut toujours faire trempette pour la forme. Vêtu simplement, je récupère les sacs pour l’excursion et rejoins Ying Tao dehors, là où il m'attend. « Tiens, prends ça. » Lui dis-je en déposant un sac à ses pieds. Y a une toile de tente ainsi que des couvertures fines pour dormir. Dans mon sac, j'ai surtout de quoi manger et boire, ainsi que des rechanges si jamais y a besoin. Et deux trois trucs utiles pour le camping, bref. « J'espère que tu as des bonnes chaussures, on va marcher un peu. Suis-moi. » Et je lui fais signe, partant vers la sortie de l'auberge, sur le chemin en terre. à plusieurs mètres, il y a une intersection, dont une route plus sinueuse qui mène vers les montagnes. Il y a principalement des arbres, une forêt mais après plusieurs heures de marche, on tombe sur un grand lac. C'est là que nous irons.

 TENUE ➤ Je ne sais pas ce que c’est de camper, pécher, partir en randonner, mais je suis excité pour le faire et le découvrir, grâce à Yulian j’ai pu remplir mon esprit de tas de choses nouvelles et chaque jour j’apprends encore et stock dans ma mémoire d’autres informations, c’est toujours ainsi, depuis que je suis arrivé à cet endroit je suis en perpétuelle évolution, doucement, mais surement je me construis une vie, une personnalité, un comportement qui m’est propre, j’ignore qui j’étais, mais finalement j’aime bien celui que je deviens, alors est-ce important pour l’instant d’en savoir plus sur ma vie passée ? Je ne suis plus aussi pressé, curieux oui, mais ce n’est plus ma priorité. Ça reviendra quand elle le voudra, je ne peux rien faire pour ça, du coup je profite de chaque instant en tant que Ying Tao, maintenant c’est comme ça que je m’appelle, les gens ici me nomment aussi ainsi, je suis habitué à mon prénom que j’ai du mal à imaginer que j’en propre un autre, j’ai tenté pour m’amuser de chercher dans les livres, si j’avais vu le mien j’aurais peut-être ressenti quelque chose, mais rien. Yulian sort et me pose un sac à côté de moi, je l’attrape pour le suivre, caressant une dernière fois la tête des chiens présents. « Ça ira. » Je porte des baskets donc marcher ne va pas me gêner. « Tu y vas souvent ? » En tout cas depuis que je suis là nous n’y sommes encore jamais y aller, donc je le questionne plutôt au passé. Sortant de l’auberge. « Tes parents vont gérer nos tâches matinales du coup ? » On avait pris l’habitude de les faire donc si nous ne sommes pas là quelqu’un sera forcément obligé de s’en occuper, mais un peu de pause ne nous fait pas de mal, puis rien que l’idée de dormir dehors, je trouve ça génial. On a plus qu’à se mettre en route, je suis capable de marcher longtemps maintenant, contrairement au début ou mes blessures me lancer encore et mon corps été plus affaiblie que l’apparence ne laisser le présager, aujourd’hui je suis guéri, je n’ai plus physiquement parlant de problèmes.

 TENUE ➤ Je ne voulais pas savoir non plus, sur son passé ou son prénom. Je ne voulais pas connaître tout cela mais les choses sont venus à moi sans que je ne puisse les retenir. Son portable, ses messages, ses contacts. Tout ça m'a fait prendre conscience de qui pouvait être Ying Tao, mais j'ai préféré m'arrêter à ses sms plutôt qu'aller fouiner dans ses réseaux sociaux ou ailleurs. C'est une sorte de pouvoir que je ne contrôle pas et j'ai peur qu'il l'emporte sur nous, me retirant ainsi toute chance de garder un peu plus longtemps mon ami. Aujourd'hui, c'est randonnée, pêche et camping. Pour rien au monde je ne voudrais rater ça, alors j'enterre le moindre détail sur ce Dewei pour partir à l'aventure avec le jeune homme. En sortant de l'auberge, je trouve Ying Tao dehors et lui donne l'un des sacs, le questionnant au passage. « Dès que possible. » C'est tellement irrégulier que je ne pourrais correctement le préciser. Il faut du temps pour y aller et des bonnes opportunités aussi, ce n'est pas pour autant que j'y vais souvent. Mon sac sur le dos, je le regarde et lui offre un petit sourire. « Ne t'inquiète pas pour ça, si ce n'est pas eux, ce seront d'autres employés. » Nous ne sommes pas tout seul dans cette auberge, il y a de quoi faire. D'un geste de la main, je lui fais comprendre de me suivre et le guide vers le petit chemin en terre qui serpente entre les arbres, droit dans la forêt. Faut bien lever les pieds pour ne pas trébucher sur les cailloux, mais je me doute que Ying Tao n'est pas si bête. « Tu n'as pas peur des insectes ? Mais tu verras, c'est bien la pêche. » Même s'il va falloir grimper un peu avant de trouver un coin tranquille et un lac. Continuant à marcher en évitant de faire trop de bruit, je me tourne vers Ying Tao en marchant à l'envers, vérifiant qu'il me suit sans difficulté. « Dis-moi quand tu veux faire une pause. » Bien qu'on vienne à peine de commencer, mais sait-on jamais avec ses précédentes blessures, si son corps a encore un peu de mal à faire autant d'effort en si peu de temps.

 TENUE ➤ Je ne me doute pas une seconde où Yulian puisse connaitre qui je suis ou en tout cas mon véritable prénom, je ne me souviens même pas de mon portable perdu, alors je pourrais le voir entre ses mains que ça ne me paraîtrait pas suspect à cet instant, dans tous les cas je suis très bien comme ça, aujourd’hui je ne pense à mon passé que lorsque je me sens « seul » ou que je ne suis pas occupé, me demandant encore si des personnes me cherchent ou quelque chose comme ça. Les journées sont passées et je me sens comme chez moi dans cet endroit, les bêtes, les activités, les corvées matinales, tout ça c’est presque devenu naturel pour moi, je le fais instinctivement et ça me va. Je continuerai surement à apprendre des choses quotidiennement, mais petit à petit je remplis se vide dans mon esprit. Donc si c’est amusant on pourra y retourner, c’est cool, je souris simplement satisfait de cette nouvelle. « C’est vrai~ c’est juste que je suis habitué à le faire maintenant. » Je ris un peu, mais c’est vrai. Je le suis sur le chemin, il passe devant pour me montrer la route, faisant attention où je marche, levant les pieds, heureusement que mes baskets sont épaisses, sinon je pourrais sentir les cailloux à travers mes chaussures. « Les insectes ? » Je ne suis pas idiot, j’ai vu quelques-uns d’entre eux, mais je les identifiait grâce à Yulian, donc le nom général m’est inconnu. « J’en doute pas. » Je suis certain que ça va être amusant, puis j’aime découvrir les choses, même si je ne sais pas si j’aimais ça avant, le mois de maintenant est dissociable de celui que j’étais, j’en suis convaincu. Je ne veux pas me demander sans cesse si j’aime ou non, je ne peux pas le savoir tant que je n’ai pas essayé. Continuant de le suivre, je profite de regarder autour le paysage et les « fleurs » ralentissant mes pas, pour profiter de chaque petite chose, aux paroles de Yulian je hoche négativement la tête. « Je vais bien ! il n'y a pas mal de fleurs ici. » Il m’a appris ce que c’était et maintenant je peux en reconnaitre certaines, m’approchant d’une d’elles en m’accroupissant je caresse ses pétales en souriant, elle vient d’éclore. C’est joli. Je me redresse en regardant mon ami. « On peut avancer, je te suis. »

 TENUE ➤ Ying Tao serait incapable de reconnaître son propre portable, ni de savoir qu'il se nomme Dewei en vérité. Tout ce qui concerne son passé lui est inconnu, mais je ne fais rien pour l'aider là-dessus, même en ayant une preuve véridique sur celui-ci. Dewei vit comme s'il n'avait jamais été de la ville, comme s'il n'avait jamais été Dewei et se contente d'être Ying Tao, un garçon sans mémoire. C'est égoïste mais ça me convient parfaitement, peut-être un peu trop. Il ne se doute de rien et je n'ai pas très envie qu'il le fasse, tant qu'il reste dans l'ignorance, il ne pourra aller nulle part. Nos tâches sont simplement relayées à d'autres personnes durant notre absence, ils ont l'habitude quand je vais en ville très tôt le matin et que je ne rentre que tard le soir. « Tu le verras encore en rentrant. » Assurément, il n'a pas à s'en faire là-dessus. Sur le chemin en terre, je fais bien attention où je met les pieds, parlant en même temps des insectes ou du fait qu'il puisse en être effrayé. à chaque fois que je croisais l'un d'eux, j'expliquais à Ying Tao ce que c'était ou à quoi ils servaient pour certains. Sur une feuille, j'attrape une bestiole noire avec une corne sur la tête. « C'est un scarabée, les enfants aiment bien faire des batailles avec. » Mais je n'ai jamais participé, parce que je n'aime pas les combats, même aussi futile qu'avec des scarabées. La pêche va lui plaire, j'en suis même sûr et certains. Au bout d'un moment, je le questionne pour savoir s'il va bien ou s'il veut une pause. La route est longue, il pourrait avoir mal aux pieds ou aux jambes, surtout pour une première fois aussi longue. « Hm, oui! Il y a pas mal d'arbre aussi, certains sont très vieux. » Il n'y a pas dix milles sortes mais les plus impressionnant sont les gros troncs épais et haut, qui recouvre la forêt de leurs branches et cachent le soleil jusqu'à rendre l'endroit plutôt sombre et frais. La nuit, ce paysage est même effrayant et quelques personnes disent que des fantômes rodent par-là. Ying Tao semble apprécier la nature, je suis bien content de lui transmettre cela. « D'accord, on continue ~ » Je lui souris et continue d'avancer, évitant de marcher sur les gros cailloux pour ne pas glisser et tomber. J'ai l'habitude, mais c'est vrai que la route est plutôt difficile quand on ne sait où mettre les pieds. Le plus dure n'est pas de monter, mais de descendre. Il risque de s'en rendre compte plus tard, quand nous retournerons à l'auberge. « Quelques vieux de l'auberge disent que la forêt est hantée et que des gens viennent mourir ici. Ce n'est pas Aokigahara, mais ça pourrait presque y ressembler. » Je ne veux pas lui faire peur, loin de là. Peut-être que j'aime tout simplement les histoires des papis.  

 TENUE ➤ Je m’en doute bien, souriant simplement à sa réponse, continuant de le suivre sur le chemin, je ne trouve pas ça « épuisant » c’est sûr que je ne suis pas habitué encore et j’ignore si j’étais quelqu’un de sportif dans mon ancienne vie, mais cela semble être le cas, je grimpe assez aisément, mon souffle n’est pas du tout entaché par cette aventure, au contraire. Je suis jeune et en bonne santé, même si j’ai été blessé lors de l’accident, je vais mieux et je le ressens dans ma facilité à me déplacer plus aisé que les premiers jours où j’étais assez vite fatigué ou mal en point. Il me montre un insecte et je souris en m’approchant pour mieux le voir et le détailler. « Des batailles ? Pourquoi ? » Ils font combattre ses bêtes ? Je ne pige pas l’intérêt, mais je ne pige pas encore grandes choses en même temps. Du moins sur les sujets que j’ignore bien entendu. J’aime la nature, en tout cas j’adore me retrouver ici entouré par les arbres et les fleurs, tout ça je trouve ça magnifique. Je peux continuer sans problème et admirer ce qui nous entoure, ça me convient parfaitement. Je me remets à le suivre en faisant bien attention où je marche, je ne peux pas me douter que la descente soit plus compliquée, mais je verrais bien quand j’y serais, pour l’instant le plus important est de grimper et d’arriver à destination pour en profiter, c’est tous ceux à quoi je pense. Ayant hâte de faire cette escapade, ce camping et cette pêche dont j’ai entendu parlé. « Aoki...quoi ? » Je ne connais pas du tout... « C’est un peu triste non ? » Les gens viennent mourir ici, pourquoi ? C’est assurément un bel endroit, mais il est mieux de mourir avec sa famille non ? Je ne comprends rien à tout ça, mais ça ne m’effraie pas du tout. Je ne sais même pas de quoi je pourrais avoir peur, les fantômes ? Non. « Yu’ tu as la gourde ? » J’ai soif et je ne sais pas dans quel sac elle se trouve.

 TENUE ➤ Les choses se sont légèrement arrangés pour lui au niveau de la santé, mais sa mémoire est toujours un gros problème. Je ne veux pas forcer là-dessus, pas pour le moment. Alors je fais tout pour qu'il ne se souvienne pas, même si dans un autre sens, je vais culpabiliser à mort plus tard. Encyclopédie sur pattes, je lui montre un gros scarabée et lui raconte des anecdotes dessus. « Pour s'amuser ? » Il n'y a pas vraiment d'explication à ce jeu, les enfants s'amusent avec ce qu'ils trouvent. S'ils ne courent pas après les poules ou ne chassent pas les papillons, faut qu'ils fassent autre chose de rudimentaire dans ce genre-là. « Ils ne les tuent pas. » M'empressais-je d'ajouter avant qu'il ne se fasse des films. Je reprends ensuite la marche sur la montée qui nous enfonce toujours plus dans le bois, jusqu'à nous éloigner de la plaine. Il y a plusieurs choses à voir, mais ça reste de la verdure ou des insectes. En même temps, je lui parle de la forêt et des histoires que l'on raconte dessus. « Aokigahara. C'est une grande forêt du Japon qui a poussé sur une coulée de lave. » C'est plutôt sordide, à dire vrai. Triste ? Effectivement, ce n'est pas joyeux. « Difficile de comprendre les gens quand ils ne vont pas bien. » Ils ne peuvent pas tous être raisonnés ou sauvés, malheureusement. C'est un acte stupide, mais quand on est désespéré, cela nous passe par dessus la tête. Ceux qui font ça pensent sûrement qu'ils sont un point pour leur famille et un déshonneur, mais ça n'explique pas tout non plus. « Ah, oui. Tiens. » J'ouvre mon sac pour en sortir une gourde d'eau et lui donne, m'arrêtant un instant pour qu'il puisse boire tranquillement. « Nous serons arrivés d'ici une bonne heure. » Qu'il ne s'inquiète pas si le temps passe lentement tandis que l'on marche toujours. C'est long, mais ce n'est pas comme si nous avions un train à prendre.

 TENUE ➤ Je ne comprends pas le principe. Utilisé des insectes, les faire combattre et quoi ? Juste les regarder faire est amusant . Je n’y vois rien d’intéressant, mais après peut-être que le fait que je prenne la nouvelle en route sans en comprendre le but est aussi la raison de mon incompréhension, ça ne sert à rien de s’attarder dessus, du moment qu’ils ne meurent pas pour le plaisir c’est déjà une bonne chose je suppose. Par la suite il me parle d’un endroit que je ne connais pas, il ne me dit absolument rien et je me contente de le questionner pour en avoir les détails, Yulian me répond en m’expliquant que c’est une forêt et surtout sa grande particularité, je ne peux que trouver ça génial, c’est une chose rare non . Je n’imagine même pas comment cela a pu être possible, mais encore une fois je manque de regard externe et je ne peux que me faire des idées selon les paroles de mon ami. Je souris ne voyant que dire, puis demande la gourde ayant tout à coup soif, je ne sais pas dans quel sac elle se trouve, Yulian fouille dans le sien pour m’en donner une et je m’empresse de boire plusieurs gorgées, mine de rien ça déshydrate de marcher ainsi. « Merci ! » Oui je remercie après avoir bu, c’est tout à fait logique. Une heure ça passe vite, on peut y aller tranquille, puis je veux profiter pour voir et admirer les alentour, mais pas trop non plus, j’ai hâte d’arriver sur place aussi et de commencer à pêcher et tout ça. « D’habitude tu y vas tout seul ? » Faire tout ce chemin sans personne ça ne doit être amusant non ? Enfin je trouve ça bien plus fun d’être avec lui. « On y va~ » Je le heurte doucement pour lui rendre la gourde avec un sourire et reprends la marche impatiemment, je suis comme un gamin finalement.

 TENUE ➤ C'est un jeu d'enfant, il faut savoir qu'un gamin s'amuse d'un rien. à notre âge, nous ne comprenons pas le sens du jeu, ça nous semble même ennuyant, voir barbare. Pour les gosses, c'est différent et ils ne comprendront sûrement pas pourquoi nous, nous ne nous amusons pas comme eux. Bref, c'est trop compliqué à expliquer, il serait mieux de continuer notre route dans la montagne. Je lui parle d'une grande forêt célèbre au Japon, mais qui a une légende assez lugubre. Certains la visite par curiosité, d'autres dans un but plus sombre. Malheureusement, nous ne pouvons rien pour eux, à part raconter des histoires. La lave est devenu de la roche et la végétation a poussé dessus, ce n'est pas plus difficile que ça. Ying Tao me demande la gourde et je lui donne celle que j'ai dans mon sac, le regardant boire en silence. Un sourire s'immisce sur mon visage, indiquant à peu près l'heure d'attente avant d'arriver au lac. « Oui, bien sûr. » J'ai l'habitude, c'est mon quotidien de campagnard, mais j'aime cette solitude dans les bois. C'est reposant, y a rien de mieux qu'écouter les oiseaux chanter. Parfois j'emmène un chien avec moi, question de sécurité. Après sa légère bousculade, je reprends la gourde et bois quelques gorgées à mon tour. L'objet rangé à sa place, je reprends la marche à ses côtés, sans perdre mon sourire. Il nous faudra peut-être un peu plus d'une heure pour arriver à destination. Le lac est bien caché derrière les arbres, rejoins par un chemin tellement serré qu'on pourrait passer devant sans le voir. « C'est là, encore cinq minutes et nous y sommes. » J'aurai raccourci notre trajet d'une demi-heure, alors que nous grimpons depuis bientôt deux heures. J'exagère, mais mes calcules étaient vagues. L'atmosphère sombre et lourde de la forêt laisse place à une étrange sensation d'espace et de fraîcheur, quand le paysage se dévoile et laisse apparaître un ciel bleu, sans nuage. « Voilà, mon jardin secret. » Souriais-je en me décalant pour qu'il puisse admirer l'endroit, le lac entouré d'arbre, de montagne. C'est magique, j'aime tellement venir là.

 TENUE ➤ Je ne suis pas habitué au long trajet, enfin aussi loin que ma mémoire puisse remonter, c'est-à-dire a peu, je n’ai pas vraiment fait de parcours en randonnée ou autres trucs du genre en compagnie de Yulian, c’est la première fois aujourd’hui et je suis quand même tout excité derrière mes expressions parfois perplexes devant l’inconnu. Je découvre encore de nombreuses choses au cours de notre marche, les combats d’insectes, les fleurs, les histoires sur une forêt et tant d’autre chose à venir, je trouve ça instructif et intéressant. Ayant soif j’en profite pour demander la gourde et boire quelques gorgées après l’avoir questionné sur ses habitudes, apprenant ainsi qu’il y va souvent seul, je trouve ça cool, mais en même temps je pense qu’une part de moi s’ennuierait fortement seul dans cette forêt, je pourrais observer les alentour, mais je ne pourrais pas y rester plusieurs jours ou camper en solitaire, peut-être aussi parce que je ne sais pas ce que ça fait ? Je ne peux rien affirmé au final, tout est nouveau pour moi, une véritable découverte autant sur l’extérieur que sur moi, intérieurement. Je me cherche simplement sans trop savoir où je suis. Je suis la route qu’il trace avant qu’il ne m’apprenne que nous sommes bientôt arrivé, soulagé, je veux vraiment voir à quoi ressemble le lieu en question, grimpant jusqu’à le suivre par un petit chemin, il m’annonce que nous sommes arrivés et me montre son jardin secret, je passe devant pour pouvoir admirer l’endroit, ciel découvert, c’est vaste et superbe. Le lac pas loin est clair et c’est la première fois que je peux voir tout ça, je reste plusieurs longues secondes à bloquer et à décrypter l’endroit, le scruter pour l’incruster dans mon esprit déjà peu rempli. « C’est beau ! » Je ne sais pas comment décrire les lieux, mais ça me plaît. Je m’approche davantage de l’eau pour m’accroupir et la touchée, on peut voir des petits poissons et des plus gros, puis regardant autour. « On dort où ? » Est-ce qu’on doit monter le camp avant ou après ? Je ne sais pas trop ce que je suis censé faire en fait.

 TENUE ➤ Mes habitudes sont assez étranges quand on n'est pas habitués à vivre avec moi ou qu'on ne me connait pas suffisamment. Je pourrais parcourir cette forêt en long et en large, seul, sans m'ennuyer une seconde. Je trouverai toujours un truc à faire pour m'occuper ou ne pas me sentir seul. Les animaux, les insectes, la flore. Toutes ces choses me semblent vivantes et agréables à connaitre, surtout en étant solo. Dewei ne peut pas vraiment le comprendre, il n'a jamais vécu cela avant ou alors, il ne se souvient pas si ça été le cas ou non. Qu'importe, ce serait trop long à lui expliquer. J'en dis déjà beaucoup depuis tout à l'heure, que ce soit pour les insectes ou la forêt. Nous ne cessons d'avancer sur ce chemin rocailleux et étroit, grimpant de plus en plus entre les arbres et les buissons. Dans peu de temps, nous serons à notre point d'arrivé, proche du lac mais pas très loin du bois. Encore quelques longues minutes et nous arrivons dans ce lieu secret et magique que j'adule plus que tout ici. Ying Tao peut en profiter pour examiner l'endroit, le temps que je choisisse une bonne place où monter notre tente. Déposant mes affaires au sol, je lance un regard au garçon et souris. Il me fait penser à un enfant qui découvre l'eau pour la première fois mais ça me rend heureux à sa place. Je ris à sa question, prenant son sac pour l'ouvrir et en sortir une toile étanche et des cordes solides. « Dans une tente. » Je lui montre la bâche avec un large rictus, et repère l'arbre que je me sers à chaque fois pour accrocher le morceau avec les ficelles. Ce n'est pas ce genre de tente que l'on monte avec des piquets, mais juste de quoi nous abriter sans être enfermer à l'intérieur. C'est vraiment un abri de fortune, mais c'est ce que je préfère. « Tu peux vider mon sac si tu veux, voir ce qu'on va se servir maintenant ou plus tard. » Pour la nourriture et l'eau, par exemple. Ce sera vite fait, nous n'avons pas grand chose avec nous non plus. Le sol est dégagé, comme le paysage, ainsi je peux dérouler les couvertures et les poser directement dessus. à la bonne vieille méthode.

 TENUE ➤ Bien que tout ça a l’air cool au final je n’ai aucune idée de ce qu’on va faire ou plutôt comment ça va ce passer, je n’ai aucun souvenir d’avoir déjà fait une sortie similaire, que ce soit le camping, la pêche ou toutes autres activités se pratiquant dans ces instants me sont encore une fois totalement inconnues. J’ai hâte de découvrir et de partager ça avec Yulian, lui a l’habitude de faire ce chemin, de trainer ici et là, il connaît l’endroit et je lui fais confiance le suivant aveuglément à travers arbres et buissons, jusqu’à arrivée a l’endroit en question. Comme à mon habitude je me retrouve à regarder chaque recoin, me mémoriser le lieu et puis détailler le coin, l’eau, les poissons, le vaste terrain d’herbe sur lequel on a les pieds, c’est cool ! Je me demande cependant où on va dormir, c’est bête, mais je me retrouve un peu con là, ne sachant pas la tâche que je dois accomplir pour l’aider ou un truc du genre. Une tente ? Je regarde la bâche et surtout Yulian s’occuper de la faire tenir sur les arbres autour, fixant l’abri je souris avant d’attraper le sac qu’il portant jusque-là, l’ouvrant, fouillant, je finis par sortir un à une la chose qui se trouve à l’intérieur, les rangeant au mieux sur le sol avant de sortir un truc étrange qui ressemble à un filet, maladroitement je fais un geste qui permet à l’objet de reprendre sa taille originale et par accident c’est Yulian que « j’attrape » ne comprenant pas tout mon regard est un peu incompréhensif, fixant simplement l’autre garçon avant de rire. « Je ne pense pas que ça sert à ça non ? » Je continue de rire en essayant de libérer le jeune homme du filet.

 TENUE ➤ La route est peut-être longue mais le résultat est juste magnifique. Un lac entouré de montagne et de forêt, dans une ambiance sauvage mais calme. Que demander de plus ? Je me sens bien ici, y a rien de mieux qu'un endroit pur et naturel. Je suis sûr que Ying Tao va aimer et ne plus vouloir rentrer après. Le temps qu'il s'occupe de vider le sac, je « monte » la tente à l'aide d'une bâche et de corde, que je fixe entre les branches des arbres pour tendre la toile et faire un toit. Une fois fait, je peux prendre les couvertures pour les déposer au sol et nous permettre de dormir dessus, mais c'est le moment que choisit le garçon pour me balancer un truc dessus. Je perds l'équilibre et tombe à genoux sur le sol, pris dans un filet... Je ne suis pas un poisson. Le coeur battant, je tente de calmer ce bordel en me redressant, toujours le filet sur moi. Ying Tao rigole et je ne peux m'empêcher d'afficher un sourire. « Non, effectivement. » Je ris aussi, voyant que le fil est emmêlé. « Attends... Y a un nœud. » Dis-je en attrapant le nœud en question. Il a dû s'entortiller quand j'ai bougé, mais ça me bloque dans le filet. « Je crois bien que tu vas te contenter d'une canne à pêche. » Canne qu'on va devoir faire, en plus. Parce que je n'ai pas de matériel pour ça, à part des branches et du fil, comme à l'époque de nos grand-parents. Je n'ai pas non plus d'asticot ou d'insecte du genre, plutôt du pain. Enfin, je verrais ça avec lui une fois que je serais sortie de ce filet, ce qui n'est pas gagné pour l'instant. En plus, ça me tire quelques mèches de cheveux, de quoi me faire grimacer. Je suis sensible des cheveux, ça me fait toujours un mal pas possible quand on tire dessus.

 TENUE ➤ Je ne comptais pas vraiment faire l’idiot avec les objets trouvés dans son sac, mais il a fallu que j’attrape Yulian avec le filet, ce qu’honnêtement je trouve assez marrant, c’est le genre de chose qui n’est pas sensé arrivé et pourtant je l’ai fait. Bien entendu je comprends tout seul que ce n’est pas ainsi que cela fonctionne et qu’on doit utiliser ce filet, m’enfin au moins je ris de bon cœur sous cette vision amusante. Par contre il semble avoir du mal à s’en sortir, un nœud s’est fait et impossible d’ouvrir le filet pour l’aider à sans échappé. « Y en a pas dans le sac non ? » Je l’aurais vu sinon, même si je n’ai jamais péché je pense que j’aurais réalisé si un objet servant à ça s’y trouver, mais Yulian a surement une astuce pour ça, on verra quand il sera sortir du filet, d’ailleurs je tente de l’aider à défaire le bordel pour l’en libérer, mais c’est assez compliqué. « Tu veux que je coupe le filet ? » On va le rendre inutilisable, mais là ça va se compliquer sinon, or je n’ai rien pour couper une corde de cette solidité. Hum. Je fouille dans le sac à la recherche d’un objet pointu, un couteau ou quelque soi la chose qui pourra nous être utile. « Je parie qu’on ne t’a jamais attrapé dans un filet ? » Me moquant un peu de tout ça, je pense que ça va être une bonne journée, ça commence bien en tout cas, même si au fond je suis désolé de l’avoir mis dans cette situation. Trouvant un couteau je fais attention à ce que Yulian n'est pas trop prêt ou ses mains sur le filet pour couper, cisaillant comme je peux jusqu’à détruire le nœud. « Ah. » Ça y est ! J’écarte le filet pour qu’il sorte de là.

 TENUE ➤ Ce n'est pas un mal, il n'a sûrement pas voulu faire cela. Autant dire que c'est la faute à pas de chance ou que j'ai le chic pour m'attirer des ennuies imprévus. ça fait rire Ying tao et c'est l'essentiel, non ? Bien qu'un noeud s'est formé dans le filet et que je me retrouve prisonnier de celui-ci. C'est malin, tiens. Manquait plus que ça, je n'ai pas très envie de l'abîmer mais si nous ne pouvons pas faire autrement. Il comprend rapidement qu'il n'y a aucune canne à pèche dans les sacs, mais je me demande s'il sait à quoi ça ressemble. évidement que j'ai toujours un plan b, je dois être né en tant que plan b pour m'en sortir avec un rien. « Non, mais je t'expliquerai après. » Quand je serais sortie de là, ce qui ne semble pas encore gagné. Lui-même ne parvient pas à défaire le noeud, qu'importe le côté où nous nous trouvons. Couper ? Il me faut un petit temps de réflexion, pendant qu'il fouille dans le sac à la recherche d'un couteau. « Jamais, faut dire qu'il n'y a personne avec moi pour le faire. » Normalement je viens seul, comme je l'ai déjà dit pour les balades en forêt. Finalement, je le laisse faire pour le filer, je crois n'avoir pas vraiment le choix. En deux temps trois mouvements, Ying Tao a découpé le filet et m'a libéré, sortant enfin de ce piège. « On se passera de lui. » Dis-je en regardant le pauvre filet détruit. Je l'enroule pour le ranger dans le fond du sac, histoire qu'il ne traîne pas n'importe où. « Bon, il nous faut deux branches. » En même temps que je parle, je sors deux moulinets en bois de mon sac avec du fil entouré dedans. Suffit de le fixer à la branche avec un anneau pour que le fil tienne jusqu'au bout. C'est un système D, un moyen de faire une canne à pèche n'importe quand sans devoir beaucoup s'encombrer. C'est mon père qui m'a montré ça quand j'étais gamin et depuis, je me sers toujours de ça.

 TENUE ➤ J’ai beau ignorer encore énormément de choses, j’arrive plus facilement qu’avant à faire des suppositions, à penser par moi-même et surtout à comprendre Yulian, on passe tout notre temps ensemble depuis que je suis ici donc forcément. Pour le moment il ne peut pas vraiment m’expliquer comment faire une canne à pêche ou même comment pêcher vu qu’il est enfermé dans ce filet, je n’aime pas détériorer les objets, mais il ne pourra pas sortir sans qu’on ne détruisit la corde, le nœud est difficile à défaire. Trouvant un couteau dans son sac, « Maintenant il y a moi. » Je souris en découpant la corde le laissant ainsi retrouver sa liberté. Je suis désolé pour le filet, mais on n’avait pas vraiment le choix à cet instant. Maintenant qu’il est de nouveau libre de ses mouvements on va pouvoir commencer, deux branches . Je le regarde en essayant de deviner à quoi elle pourrait nous servir, malheureusement avec ma mémoire défaillante je n’ai pas vraiment la science infuse. Je regarde ce qu’il a sorti avec attention, puis je commence à chercher autour des bouts de bois, j’en trouve deux assez fines, d'autres plus épaisses, je ne sais pas lesquelles seraient le mieux donc je laisse Yulian choisir, il saura mieux que moi ce qu’il faut pour fabriquer une canne à pêche, de mon côté vu que je n’y connais absolument rien je m’assoie dans l’herbe et l’observe, je veux voir comment ça se fabrique, peut-être que je pourrais en faire une aussi plus tard, c’est cool n’empêche, il y a des choses si simple, je me refais une vie entière, mais je suis sûr que j’apprends encore plus dans celle-ci avec le garçon, ce mode de vie est rempli de tellement d’opportunité, la nature offre beaucoup et je l’ai bien compris en peu de temps.

 TENUE ➤ On n'a pas toujours le choix, c'est une valeur que m'a apprit mon père durant nos moments ensemble. Parfois, faut choisir entre deux options et pas souvent la bonne. Si je pouvais réellement choisir selon ma propre opinion, je trouverai un moyen de me sortir de là sans abîmer le matériel, mais je n'ai pas d'autre choix que couper le filet. C'est ce qu'on appel faire des sacrifices pour s'en sortir. Ying Tao coupe donc la corde et ainsi, je peux m'en défaire et être libre de tout mouvement. Lui ? C'est vrai, il est là avec moi à présent. ça me fait plaisir qu'il me dise une telle chose, puisque je n'ai pas vraiment beaucoup d'amis en vivant si reculé de la ville. Les gens vont et viennent dans notre auberge, mais ils ne restent pas suffisamment longtemps pour nouer des liens. Le filet rangé dans mon sac, je sors deux bobines de fil et deux anneaux, pendant que je lui demande de prendre des branches. Ne sachant pas à quoi s'attendre, Ying Tao m'apporte différentes tailles et je choisis la plus fine pour y fixer le moulinet puis l'anneau, où je viens passer le fil dedans pour le garder tendu. Au bout, j'accroche un flotteur sans hameçon, pour ne pas blesser le poisson. Je n'ai aucune envie de les capturer pour les faire souffrir, juste pour le plaisir de les attraper. « Tiens, prends ça et tiens là comme ça. » Lui expliquais-je en plaçant correctement ses mains sur le manche de la canne. D'un mouvement souple, je l'aide à lancer le flotteur vers l'eau et le ramène avant de rembobiner le fil à l'aide de la petite pièce en bois sur le côté de la bobine. « C'est simple, non ? Faudra juste accrocher un appât sur le flotteur pour les attirer. » J'espère qu'il a bien compris, même si ce serait plus simple debout. Je lui fais signe de se relever, sortant une petite boite de l'une des poches du sac à dos. Du pain en pâte, j'en prend un morceau et forme une boule, que j'accroche avec le fil restant. « Voilà, Essaye! » L'enthousiasme se lit sur mon visage, tandis que je fais la même chose avec ma canne. D'un geste rapide, j'envoie le flotteur plus loin et attends simplement qu'un poisson vienne manger la nourriture.

 TENUE ➤ Je ne sais pas si j’ai des amis, s'il s’inquiète pour moi, j’ignore même si j’ai de la famille, une copine ou autres, je ne comprends rien à tout ça, je réapprends simplement à vivre ici en compagnie de Yulian, a l’heure actuelle dans cette mémoire nouvelle qui se remplit doucement il est le seul que je vois, que je connais, qui est « important » c’est pourquoi je m’y rattache vraiment et que je peux affirmer que « je suis là » de toute manière où pourrais-je aller ? Les jours passent et rien ne m’annonce une quelconque guérison concernant mon passé, mes souvenirs, peut-être que je serais incapable de me rappeler, de savoir qui j’étais et que ceux qui tenaient à moi vont me croire mort et m’oublier ? Je ne peux que supposer, sans grande conviction, mon cœur ne souffre pas, l’oublie est effrayante, mais je ne suis plus celui que j’étais, qui que j’ai pu être, je suis Ying Tao. Le filet coupé, Yulian peut sortir, tant pis pour ça, bien que ce soit dommage de l’avoir brisé il n’allait pas rester enfermer dedans. On passe aux choses sérieuses en construisant apparemment une canne à pêche, j’ignore même à quoi ça ressemble, mais je rapporte des branches sans savoir si cela sera utile, il en prend une et trafique rapidement quelques trucs. Observateur, j’apprends en regardant. « Tu mets quoi comme appât ? » Avant d’obtenir une réponse je le vois sortir une boîte et créer une boule avec la pâte, ooh c’est ça. Prenant la canne je la regarde ébahi quelques secondes avant de la lancer dans l’eau ! « Les poissons tombent vraiment dans le piège ? » Je ne sais pas, je n'ai jamais péché, enfin... Je n’en ai pas le souvenir quoi. En tout cas je suis tout content en tenant ma branche là, impatient de la voir bouger sous une prise, haha, je vais peut-être attraper mon premier repas.

 TENUE ➤ Ying Tao serait sûrement content de savoir que quelqu'un le cherche, de là où il vient. J'ignore réellement qui est cette personne, mais elle s'inquiète énormément pour lui. Je dois être le pire pour cacher ces messages et garder le silence alors qu'il s'interroge sûrement de jour en jour. Il ne sait pas qui il est, il ne sait plus rien. J'ai les cartes en main, mais plutôt que montrer mon jeu, je m'obstine à faire durer la partie. Ying Tao n'est pas Ying Tao, mais Dewei. Devrais-je tenter de lui remettre la mémoire à jour ou continuer à me taire ? Je ne sais pas moi-même et j'avoue que je n'ai aucune envie qu'il s'en aille. Une fois le filet coupé, je peux sortir de ce piège et le ranger dans le sac. Pour le moment, nous devons penser aux cannes à pêche et pour cela, il va nous falloir des branches. Ying Tao récupère de quoi faire et je m'occupe de monter la canne avec quelques babioles. Ce n'est pas l'une de ces cannes performantes mais ça fera nettement l'affaire. Le flotteur fixer, j'explique rapidement le procéder au jeune homme. « C'est du pain. » Il a dû comprendre depuis le temps que je suis un pacifiste, même pour la pêche. Je ne fais pas ça pour tuer le poisson ou le manger, mais juste pour s'amuser. L'appât accroché, je lui donne la canne et le laisse faire pendant que je m'occupe de la mienne. « La plus part du temps, oui. Ils sont attirés par la nourriture. » Pas sûr qu'ils réfléchissent bien longtemps. Les animaux sont comme ça, ils ne montent pas de plan pour s'approprier la nourriture, du moins pas tous. Certains sont très intelligent, au contraire. à mon tour, je lance ma ligne dans l'eau et attends patiemment. « ça peut être long, mais si jamais tu peux la planter dans la terre. » Dis-je, montrant l'exemple en coinçant le bout dans la terre, entre les galets. ça tient suffisamment, le temps qu'un poisson attrape l'appât et tire sur le fil. Ensuite faut juste être attentif et ne pas laisser filer la canne.

 TENUE ➤ Je ne sais pas comment je réagirais si j’apprenais qu’une personne me cherche en ce moment, je ne peux simplement pas croire que je manque à quelqu’un parce que je n’ai aucune vision ou souvenir pour me le confirmer, actuellement mon esprit est ici, loin du reste du monde, il est dans cette ferme, cette forêt, avec celui qui m’a « sauvé » après mon accident et je n’ai pas de raison de vouloir tout quitter. Je le questionne sur ce qu’il utilise comme appât, je comprends vite, mais il me le confirme, j’ai du mal à comprendre comment ils peuvent tomber dans le piège, enfin je dis ça mais je pourrais surement y tomber aussi si j’étais à leur place, je ne comprends pas grand-chose à cet environnement, je découvre surtout. « Les poissons mangent du pain ? » Étrangement ça me fait sourire, je ne savais pas. lançant ma ligne dans l’eau je patiente en tenant bien ma canne, espérant attraper quelque chose assez vite, mais ça risque cependant d’être un peu long. Je suppose. Encore une fois Yulian me confirme mes pensées et je le regarde faire, voyant comment il plante la branche dans le sol entre les pierres, je tente de faire la même chose, ça sera plus simple que de la tenir pendant des heures, bien entendu je galère un peu, mais ayant observé je finis par y arriver rapidement. « Peu de monde vient ici non ? » C’est l’impression que j’ai, c’est calme et j’aime assez cette ambiance, me levant pour m’étirer un peu sans quitter des yeux ma canne. Une chose est sur chaque jour j’évolue et même mes paroles sembles moins hasardeuses, je sais de quoi je parle, ce que je vois, ce que je mange, parfois bien sûr, j’ai encore besoin d’être éclairé, je suis encore loin d’avoir une connaissance potable, mais je suis assez fier d’être capable d’avancer malgré cette expérience difficile qu’est l’oubli.

 TENUE ➤ Faudrait mieux qu'il ne sache rien pour le moment et se contente d'être là. De toute façon, je ne suis prêt à lui avouer la vérité, pas maintenant que j'ai quelqu'un à emmener avec moi dans mon univers. C'est la première fois que je vais pécher avec quelqu'un d'autre que mon père, normal que je sois si égoïste. Il me questionne sur la pèche et les poissons, mais je dois dire que je ne suis pas à leur place pour réellement savoir la raison qui les poussent à manger tout et n'importe quoi. Tant que c'est de la nourriture, y a pas à hésiter. Quand on voit que certains animaux marins mangent vraiment tout ce qui traîne dans la mer, ça fait peur. « Faut croire. » Je ne me suis jamais demandé s'ils aimaient vraiment ça. Nos flotteurs dans l'eau, nous avons du temps à tuer avant qu'un poisson ne morde à l'hameçon. Je lui explique comment planter la canne dans le sol, histoire qu'il ne se fasse pas inutilement mal aux bras. Il galère et je souris, ne l'aidant pas pour autant. Ying Tao a beau réapprendre les choses, il se débrouille pas mal quand je lui montre une seule fois. Il est intelligent, ça se voit. « Quasiment personne ? Les forêts n'attirent plus tellement les gens et le peu qui osent s'y aventurer, ne veulent sûrement pas perdre des heures à marcher. Ils pensent tous au retour et ça donne vite l'envie de rebrousser chemin. » Faut pas leur en vouloir, c'est la génération d'aujourd'hui. Je suis né à la campagne, j'ai grandi parmi les vieux et je dois vivre comme eux à l'époque où ils étaient des adolescents. « ça va mieux toi ? Tu n'es pas trop désorienté ? » Après tout, je le trimbale un peu partout en lui racontant pleins de truc, mais j'ignore s'il arrive à suivre sans trop de difficulté. Je m'inquiète un peu aussi, qu'il se lasse ou retrouve trop vite la mémoire. « Tu t'es souvenu de quelque chose ? Ou c'est toujours le vide complet ? »

 TENUE ➤ Je suis du genre curieux, en même temps je dois remplir entièrement mon esprit et réapprendre tout ce que je pouvais savoir avant, chaque petit détail m’importe réellement, je pose parfois les questions naturellement, ça peut être stupide, mais je ne fais pas vraiment de tri dans ma tête, dès qu’un truc m’intrigue je le demande sans tarder. Je ne peux pas le savoir vu que je pêche pour la première fois dans mes souvenirs, les poissons je connais pas, mais apparemment ils aiment le pain, chose qui me paraît réellement étrange, mais pourquoi pas, c’est peut-être normal au fond, je ne peux pas me rappeler d’un truc pareil. N’empêche qu’il n’y a personne ici, même sur la route nous n’avons pas croisé de gens, alors qu’ils ont une belle nature comme ça, c’est triste de ne pas en profiter, heureusement que Yulian lui le fait et me le fait partager aussi. « Ils ne savent pas ce qu’ils manquent, puis c’est apaisant je trouve. » Le calme, l’environnement, je me sens bien ici... Comme si rien de mal ne pouvait arriver dans ce genre de lieu. Je pose mon regard sur Yu' lorsqu’il me questionne sur mon état, je ne sais pas trop si je suis désorienté, bien entendu c’est encore flou et je stock énormément de chose en peu de temps, mais c’est surement ce qui pouvait m’arriver de mieux. « Je vais bien, grâce à toi. » Souriant sincèrement. « C’est vrai que ce n’est pas simple, je découvre la vie très vite, mais ça me permet de me sentir vivant et entier, donc ce n’est pas grave si je ne sais pas où donner de la tête parfois. » C’est normal. À sa question suivante je hoche la tête négativement. « Non, rien du tout, les seules choses que j’ai dans la tête c’est tout ce qui s’est passé depuis que je t’ai rencontré, je ne sais pas si je me souviendrai un jour, je me demande parfois comment j’étais, comment je m’appelais, ce que je faisais, est-ce que j’ai de la famille, des amis, mais je ne ressens aucune émotion, même si on me disait que oui, je ne m’en souviens pas. »

 TENUE ➤ Si Dewei a oublié, je serais là pour lui rappeler. Certes, la pèche n'est pas l'activité qu'il connait à coup sûre, encore moins s'il vient de la ville, mais c'est mieux que rien. Je peux facilement lui apprendre, en espérant qu'il s'en souvienne plus tard. Là, c'est seulement pour passer le temps, profiter qu'il fasse beau et surtout, pour s'amuser. Je ne veux ni blesser, ni tuer, ni manger les poissons que je pèche. Ying Tao n'a pas tord, il n'y a pas grand monde, voir personne dans cet endroit. Normal, les gens préfèrent la ville, les espaces confinés et les lieux bruyants, pleins de voiture. Je ne comprendrais jamais cela, peut-être parce que je suis né et que j'ai vécu à la campagne. Je me vois mal débarqué en ville pour y vivre, même si je suis toujours aussi curieux de cette vie différente de la mienne. « Hm, oui. ça nous laisse l'endroit pour nous. » Souriais-je doucement, mes yeux portés sur l'eau. Assez parlé de moi, je l'interroge sur son état, voulant savoir ce qu'il ressent ou si jamais il a pu retrouver un bout de mémoire. Il va bien, c'est déjà ça. Il apprend beaucoup à rester avec moi, mais par contre il ne se souvient pas de son ancienne vie. ça devrait me peiner pour lui, mais étrangement, je suis rassuré. Quand il parle de tout ça, je ne peux m'empêcher de le regarder un long moment, silencieux. Sa famille, je l'ignore complètement, mais des amis, sûrement. Un garçon le cherche, en tout cas. C'est grâce à lui, ou plutôt à son portable, que je sais son véritable prénom. « Si quelqu'un venait te chercher, tu repartirais ? » Je veux savoir à quoi m'en tenir si un gars débarque à l'auberge en le cherchant. J'ai peur que cela n'arrive et qu'il disparaisse brusquement. « Si tu te souviens d'un truc... Tu vas vouloir repartir ? » Je ne voulais pas le laisser paraître, mais l'inquiétude apparaît doucement sur mon visage. Je ne pourrais pas le retenir, ni le forcer à rester. Si jamais sa mémoire revient ou que quelqu'un rapplique... Je préfère même pas y penser, mordillant délicatement ma lèvre inférieure.

 TENUE ➤ Sans Yulian j’aurais surement été perdu, je ne saurais rien de ce qui m’arrive, je serais seul surtout, sans support, sans soutien, il représente une force et un pilier de taille à mes yeux, grâce à lui je ne cours pas après ma mémoire perdu, je découvre tellement de choses que c’est comme si bientôt mon ancienne vie n’allais plus avoir d’importance, je ne me souviens de rien alors comment pourrait-elle en avoir, je suis toujours curieux et perplexe, mais je vis bien malgré cet énorme trou dans ma tête, parce que je ne suis pas seul. Le soir j’ai toujours aussi « peur » disons que la solitude en elle-même m’effraie, même si je ne comprends pas beaucoup les émotions, je n’aime pas ça, c’est pourquoi j’aime vraiment ses journées qu’on passe ensemble, que ce soit à la maison ou ici. En tout cas peu de personnes viennent ici, on est donc totalement libre et tranquille, c’est une bonne chose. Il me question ensuite sur mes souvenirs, mon état, et je suis franc avec lui ne sachant de toute manière pas mentir, vu que je n’en vois pas l’utilité. « Est-ce que tu veux que je parte ? » Je le regarde sérieusement face à ses interrogations, je ne sais pas comment je pourrais réagir si quelqu’un m’annoncé qu’il me connaît, est-ce que je le suivrais, est-ce que je lui ferais confiance ? « Je l’ignore... » Je ne peux rien affirmer, je ne sais pas comment je pourrais me rappeler. « Mais si j’ai le choix j’aimerais rester ici. » C’est pour ça aussi que je ne fais pas tout pour retrouver qui je suis, je pourrais surement découvrir des indices en allant en ville, mais non.