TENUE ➤ Comme promis, je l'avais contacté le lendemain de notre rencontre au café. Un simple message pour le prévenir de l'heure et de l'endroit auquel il devrait nous rejoindre. Vingt deux heures à Shinjuku, proche du métro. C'est par là qu'il devrait arriver, si jamais il prend ce genre de transport. En tout cas, c'est de là que, Saru, Tora et moi sortons pour mettre les pieds dans ce quartier. Saru porte un sac de sport avec lui, transportant nos masques pour ce que nous nous apprêtons à faire. C'est une première d'inclure un « étranger » à notre bande, encore plus pour l'inviter à nos parties de hap-slap. Il ne doit sûrement pas s'attendre à ça, mais au moins il ne sera pas face à une cigarette ou de l'alcool, rien de plus qu'une scène de violence gratuite. ça nous amuse, nous sommes vraiment des cons. Quoi que Saru est juste spectateur et résigné, mais pas innocent pour autant. Si Tora n'était pas son frère et dans le coup, peut-être qu'il nous aurait dénoncé depuis bien longtemps, mais il sait que lui-même risque de payer cher. Mon père a beau être chef de police, il ne pourra pas tous nous sauver, moi y compris. Mais bon, c'est l'éclate, alors je m'en fiche d'être attrapé et enfermé. Vingt deux heures approchant, nous attendons Kellian vers la sortie de métro que nous lui avons indiqué. C'est celle-là précisément, pas une autre. Après quelques minutes supplémentaires, je vois le jeune homme arriver et l'interpelle de loin, pour attirer son attention. « Ici! » Déjà un sourire carnassier fendit mon visage en deux. Impossible de retenir ce flot d'émotion qui grouille dans mon corps, même s'il est faible comparé à l'instant où nous piégerons un pauvre innocent. Kellian proche de moi, je regarde rapidement autour de nous et lui indique de suivre. Nous nous dirigions entre les hauts bâtiments, dans une ruelle assez large pour nous quatre. « Voilà le matériel. » Saru dépose le sac sur le couvercle d'une poubelle et je l'ouvre pour en sortir un masque d'animal que je tends à Kellian. « Cadeau. »

 TENUE ➤ Il est tard, je savais qu’il me ferait trainer avec lui et sa bande, mais j’ignorais encore ce qui m’attendait, je me suis simplement dirigé vers l’endroit du rendez-vous en prenant le métro pour m’y rendre innocemment, je faisais aveuglément confiance alors je ne m’imaginais rien du tout de cette soirée, juste une sorte de regroupement entre potes à boire et fumer, du moins pour sa bande, j’avais pris mes cachets en espérant éviter toute crise, hier malgré la bonne ambiance au café je sortais de l’hôpital et ce n’était pas rassurant, je préfère cacher les choses qui pourraient inquiéter mes proches et continuer à profiter sans m’arrêter, Yong Pal m’enterrerai vivant pour avoir de telles pensées, mais je ne vais pas changer maintenant. Quand le transport s’arrête je suis devant les deux portes coulissantes patientant qu’elles s’ouvre pour rapidement m’éloigner de cet attroupement nocturne, il y avait encore du monde qui rentrer chez eux ou sortait en ville par ce biais commun. Entendant la voix de Momiji je m’approche en souriant, saluant les gars que j’avais déjà croisé l’autre soir. Je les suis sans poser de questions, calmement dans une ruelle où ils s’arrêtent, regardant ce qu’ils font, je ne comprends pas. « Le matériel pour ? » Je demande histoire de ne pas être perdu sur leurs ambitions avant de voir un masque. « Je dois mettre ça ? C’est un bal masqué spécialisé ? » Il doit bien se foutre de ma gueule avec mes questions bien loin du compte, même si c’est pour plaisanter et que je sais qu’on ne va à aucun « bal » je ne cerne pas l’utilisation de ces déguisements. « J’aurai dû me douter que tu serais en lapin. » Ce n’est pas étonnant du tout, mon sourire trône encore pour l’instant, je mets le masque pour suivre le jeu, mais bien vite je vais réaliser que ce jeu-là n’est pas pour moi et plus encore...

 TENUE ➤ Il est bien stupide de m'accorder sa confiance, mais ça, Kellian n'en a pas encore conscience. Il doit croire à l'une de ses soirées entre potes à boire ou à fumer, mais j'ai promis de ne pas le faire sous ses yeux. Enfin « promettre », c'est vite dit. Je n'ai jamais promis à Kellian de me retenir simplement parce qu'il était là, mais ce soir c'est différent. Nous n'allons pas en boite, ni dans un bar quelconque et encore moins dans un endroit publique et fréquenté. Le pauvre ne se doute de rien, puisqu'il ignore complètement notre passe-temps secret. Si je l'implique là-dedans, non seulement il sera notre complice mais en même temps, il ne pourra pas nous balancer à la police. Les autres n'ont pas voulu au départ mais quand j'ai expliqué mon plan, ils n'ont rien trouvés d'autre à contester. Kellian à portée de main, je l'interpelle pour qu'il nous rejoigne et me prépare à lancer mon plan. Les salutations faites, on bouge de notre emplacement pour rejoindre une ruelle plus discrètes. Kellian pose déjà pas mal de question, à savoir pour le matériel puis à quoi il sert. Un bal masqué, bien sûr. ça va être la salsa du démon, version zodiac. « Tu verras. Met ça et tais-toi. » Il parle toujours trop, c'est chiant. Saru a le masque du singe et Tora le tigre, quant à moi, j'ai le lapin mais cela n'étonne personne. « On va faire la fête. » Ricane Tora en passant son bras autour des épaules de Kellian, tout sourire. Il ne doit pas avoir le même sens du mot « fête » mais il le verra en temps voulu. Nos masques en place, je fais signe à Saru de sortir son portable puis montre un gars à Tora. Le genre gros, à lunette, avec un costard trop petit et des cheveux gras plaqué sur le côté. Je souris d'avance, lançant un regard à Kellian à travers mon masque avant de sortir de ma cachette pour choper le gars et lui asséné un coup dans le ventre. Voilà, ça commence enfin.

 TENUE ➤ Je ne suis pas du genre à me méfier, du moins en apparence. Je ne suis pas idiot, pas assez pour ne pas comprendre qu’il y a anguille sous roche, cependant je préfère faire confiance et taire mes doutes pour ne pas perdre du temps avec des futilités, c’est plus facile de croire en quelqu’un aveuglément, même si la chute peut être douloureuse, je suis déjà au bout de la route, je n’ai rien à perdre. J’ignore dans quoi je me lance, je les suis avec ce masque d’animal et je regarde les gars un à un, je pose des questions pour avoir des indices, mais rien. Il me demande de me taire et je lâche un souffle résigner avant de mettre la chose sur ma tête. La fête ? Je veux bien, mais je ne peux pas faire le fou, ils n’en ont aucune idée et je ne peux pas les arrêter, donc tant que je ne suis pas certain du déroulement de la soirée je garde le silence et patiente, avant de savoir si je peux supporter ou non cette « fête » en question. Pourquoi il sort son portable ? Je le fixe sous mon masque, intérieurement je me pose de nombreuses questions, mais elles reste en suspens le temps, je vois Momiji partir après un gars et le ... frapper !? Mes paupières s’ouvrent en grand et je fais un pas en arrière, c’est une blague ? « Qu’est-ce que tu fais !? » Dis-je en me rapprochant de la scène. « Laisse le t’es fou ? » Ils peuvent croire que mon but est de ne pas être impliqué dans leurs histoires, mais c’est faux, enfin, c’est vrai, mais ce n’est pas ma raison pour le stopper... Je ne veux pas qu’il s’abaisse à faire quelque chose d’aussi lâche, je ne veux pas voir ça, je comprends qu’il m’a piégé. Pourquoi faut-il qu’ils s’en prennent à des gars plus faibles ? Est-ce vraiment drôle ? Je ne comprends pas, je ne vis pas pour voir ça... Ah. C’est la première fois que je me sens aussi déçu, pour la première fois j’ai des regrets... Et comme je le disais la chute est douloureuse, parce que mon tort a été de lui faire confiance.

 TENUE ➤ Kellian est loin du compte, s'il croit participer à un bal masqué avec nous, il se trompe lourdement. Si je l'ai fait venir ici, c'est seulement pour lui montrer de quoi on est capable et quel est notre passe-temps. Cet idiot croit dure comme fer que je suis un gars banal, que seul mon sale caractère est à part, mais ce soir il comprendra son erreur. Nos masques sur le visage, je n'attends pas une énième question pour sortir de ma cachette et attaquer un homme qui passait par là, seul et isolé. Ce n'est pas le meilleur endroit pour traîner la nuit, je me demande à quoi penser ce gars en traînant là. à quelques pas, j'entends les plaintes de mon aîné, indigné par mon geste. Un sourire aux lèvres, je me tourne vers lui. « Tu voulais être mon ami, non ? Fallait peut-être que tu saches certaines choses. » Dis-je, saisissant l'homme plié en deux par les cheveux pour le redresser et montrer son visage tordu par la douleur à kellian. Il faisait le malin à vouloir me changer, jusqu'à où croit-il que je suis pourri ? Ce n'est pas dû à un traumatisme, ni à une mauvaise expérience. Ce n'est que de la violence gratuite, un simple jeu qui n'a aucune conséquence sur nos vies. Tora profite de ma prise pour abattre son poing dans le visage du pauvre type qui couine, retenu par ma poigne qui l'empêche de tomber à la renverse. Je vois au regard de kellian qu'il regrette son choix mais il est trop tard pour reculer à présent. « C'est toi qui a voulu ça, maintenant assume. » à mon tour de ne pas lui laisser le choix et de le pousser dans ses derniers retranchements. Il m'a poursuivi à maintes reprises, dit des choses complètement absurdes et quand j'ai bien voulu l'écouter, c'était simplement dans l'intention de le piéger. Lâchant le gars pour le laisser à la merci de mon ami au masque de tigre, je me rapproche lentement de l'autre, mon sourire sournois caché sous mon masque. « Tu penses toujours pouvoir me sauver ? Ce n'est pas de ton ressort, tu as perdu d'avance. » Je suis méchant, froid, sans appel. Voit-il la vérité en face maintenant que je lui impose clairement ma façon de penser. « C'est notre monde, tu ne pourras jamais le changer. » Dans mon dos, Tora n'a de cesse d'infliger des coups au mec qui pleurniche et supplie de le laisser tranquille. Pas loin, Saru se contente de filmer en prévenant son frère de faire attention. « Alors, que comptes-tu faire ? » c'est à lui de choisir. Soit il fuit à toute vitesse, soit il tape. « Frappe le. » c'est ça ou il dégage.

 TENUE ➤ Comment réagir quand je le vois foncer sur un mec innocent dans le seul but de l’assaillir de coup, dans quel but il fait ça ? Est-ce juste pour s’amuser ? Je ne comprends pas, dès les premiers instants je suis totalement choqué et emporté par les évènements, je ne pensais pas qu’il allait si loin... Je suis un mec positif, ma vie n’a rien d’idéal, c’est moi qui l’ai rendu telle que je la voulais, je me bats chaque jour contre cette maladie en gardant le sourire et en étant résigné à accepter mon destin sans broncher, mais lui... Voir ça me montre à quel point pour la première fois mon jugement était loin du compte, je savais qu’il n’était pas un ange, pourtant je pensais qu’il y avait de l’espoir et que si on devenait amis je pouvais peut-être, ne serais-ce qu’un peu le soulageait de toute cette haine qu’il porte sur lui ou je ne sais quoi comme connerie, mais c’est fini. Je n’ai aucune envie de faire un pas en avant cette fois, je l’écoute, mais mon esprit vague déjà ailleurs, ma poitrine se soulève lentement, mais fortement et mon regard perd de sa vivacité sous ce masque idiot que je porte. Les sons de la victime me tuent, il n’a rien fait et ils s’amusent... Momiji et ses potes s’amusent totalement de sa souffrance, est-ce qu’au moins il a déjà souffert ? Sait-il ce que c’est de ne rien pouvoir faire sous les douleurs insoutenables qui nous tiraille ? Ce gars en plus de lui faire mal, il détruise sa fierté et le mette à terre, il doit se demander pourquoi, qu’est-ce qu’il a fait et je le comprends. À quel point suis-je naïf ? Un ami... Je rigolerais presque sous ce jugement absurde.  C’est surement la première fois où je suis réellement en colère, déçut par quelqu’un au point de ne voir que le mauvais côté de ses gens. Je ne juge personne, je n’ai jamais pensé que momo était méchant même lorsqu’il me frappait je voulais croire qu’il y avait une raison, un malaise sous cette façon d’agir, pourtant là... Je ne crois plus rien. Il parle, il parle, mais je ne l’écoute pas, mes yeux rivés sur ce gars au sol que l’autre frappe à son tour, son monde, leur monde ? Quel monde ? Je ne vois rien qui puisse être appelé ainsi. Mes iris se posent sur le lapin et je souris sous mon masque, ce que je compte faire hein ? Mon cœur bat vite et douloureusement, je sais que ce n’est pas bon, ça n’annonce pas une belle soirée pour moi, aah je regrette mes SMS avec Kaien... Mais je n’ai jamais fui et je ne compte pas le faire maintenant, qu’est-ce que j’ai à perdre... « Je ne le frapperai pas. » Résolu, il devait se douter de ma réponse, mon ton et surement le plus sérieux que j’ai pu utiliser ses derniers mois ou même ces dernières années. « Tu as gagné. » Il est certainement la première personne que je regrette d’avoir rencontré et le pire c’est que je ne vais pas l’oublier, partir sans haine était mon intention, mourir sans avoir de regret était mon but, mais il m’a piégé et c’est terminé. Sous mon masque je transpire sous la naissante douleur qui s'empare de mon coeur et ma respiration est doucement instable, mais je peux le cacher, moins préoccupé par mon état de santé que par la scène qui se déroule sous mes yeux.  M’approchant de la victime en heurtant l’épaule de Momiji de la mienne, je pousse le gars qui est en train de le frapper pour me mettre devant. Il doit savoir que je n’ai pas peur de prendre des coups, mais je ne les laisserai pas faire à leurs guises pour autant, je ne peux simplement pas m’y résigner, je pourrais mourir avec mes conneries, mais... Je ne vois rien d’autre à faire dans cette situation et ça me désole, je suis en médecine, je connais mes limites et je sais qu’elles seront bientôt atteintes, mais pour le moment je ne laisserai pas ce gars être le punching-ball gratuit d’une bande fan de violence gratuite.

 TENUE ➤ Si j'aurai su plus tôt que mon petit jeu l'aurait déçu et effrayé, je l'aurai organisé dès le départ pour me débarrasser de lui. Il a cru à une chimère, maintenant il est simplement dégoûté. Pas seulement par moi mais aussi par son propre jugement qui se trouve être erroné. Pensait-il vraiment qu'il y ait quelque chose à changer chez moi ? Enfin oui, il y a beaucoup trop à remplacer mais c'est justement ça le soucis. Je ne suis peut-être pas tout blanc ou tout noir, mais j'ai plus de foncé que de clair. Kellian s'en rend finalement compte et je pourrais le voir tomber de haut si ce n'était pas qu'une métaphore. Non, je n'ai jamais souffert de ma vie. Mes parents sont riches, bien placés, ils ont un certains avantages dans la société. J'ai toujours traîné avec des gars forts et aussi méprisant que moi. C'est moi qui frappait et non l'inverse. Ils étaient mes victimes et moi le bourreau. ça toujours été ainsi, d'aussi loin que je m'en souvienne. Kellian croit arriver comme ça, en cours de route et interrompre ce long chemin de malfaisance ? Il se trompe lourdement et malheureusement, je dois passer par-là pour lui faire comprendre. Si cet idiot avait lâché l'affaire dès le départ, sûrement que je ne l'aurai pas poussé jusque là. En même temps, il connait l'un de nos secrets et je doute qu'il s'en sorte à bon escient s'il ose ouvre sa bouche. S'il ne coopère pas, avec ou sans menace, il risque de s'attirer de gros ennuie. C'est ainsi que fonctionne la jeunesse de nos jours, tu marches ou tu t'écrases. Je ne suis pas ce qu'on ne nomme « ami » quand on n'est pas capable d'être comme moi. Va-t-il franchement ouvrir les yeux et arrêter de remuer inutilement l'air de ses belles paroles ? J'en ai assez, il était prévenu dès le départ. Il a voulu jouer, il a perdu. C'est à lui de choisir ce qu'il compte faire à présent, soit se barrer en courant, soit participer. Une chose est sûre, il ne pourra pas fuir sans condition. Je ne vais pas risquer nos vies pour lui, encore moins s'il compte nous dénoncer. Mon père me protégera comme à chaque fois, mais ce ne sera pas le cas des deux autres. Kellian ne le fera pas. Je le fixe à travers mon masque, un sourire malsain en coin. Bien sûr qu'il n'allait pas le faire. Il est aussi faible que l'autre au sol. « Gagné ? Qu'est-ce que j'ai gagné ? » Je ne comprends pas trop. Il voulait que je perdes ? Haha, quelle blague. C'est stupide de vouloir jouer contre moi, il devrait le savoir. Kellian me heurte en allant vers l'homme à terre, repoussant aussi Tora qui râle mais ne fait rien contre lui. étrangement, je suis fier de mon effet, ça lui cloue le bec. Il s'impose entre notre victime et nous, comme si cela allait nous retenir. Saru semble douteux, quant à Tora, il me pince le bras. « Mec, on ne va pas lui taper dessus ? » Hmpf, ce serait une idée. « Saru, arrête de filmer. » Ordonnais-je à mon ami qui coupe la vidéo et range son portable, plutôt préoccupé par le sort de Kellian. Qu'il ne croit pas être seul, mes amis ne sont pas prêt à lui régler son compte. Ce n'est pas d'eux qu'il devrait avoir peur mais plutôt de moi. « Rentre chez toi, Kellian. » Je me rapproche dangereusement de lui, mon masque à quelques centimètres du siens. « Et n'en parle à personne. Sinon tu sais ce qu'il va t'arriver, hm ? » Oui, je le menace. C'est à ses risques et périls, s'il tente de jouer les justiciers.

 TENUE ➤ Je savais dès le début qu’il n’était pas un gars « bien » il s’est attaqué à moi sans raison, m’a frappé dans les toilettes d’une boite de nuit parce que je l’avais bousculé et légèrement mouillé, mais sa réaction m’avait déjà annoncé sa violence, cependant, mon erreur fut de croire qu’il pourrait changer, croire qu’il faisait ça pour une raison plus profonde et non parce qu’il était simplement con. Je ne comprends pas, mais ce que je sais actuellement c’est que nous sommes trop différents, je n’ai plus matière à croire en lui ou à vouloir être son ami, je me suis tellement trompé sur Momiji que c’est douloureux. Si je ne retire pas se masque sur mon visage ce n’est pas par peur d’être vu, découvert où quelle que soit la raison pour laquelle ils portent ses choses, mais simplement parce qu’il peut cacher l’effet désastreux que toute cette histoire cause sur mon état, je pourrais fermer les yeux et partir, oublier et me dire que ce n’était rien qu’un mauvais tour. Pourtant il m’est impossible d’agir aussi lâchement, pas quand une personne se fait frapper sous mes yeux. Il a gagné oui, il m’a touché là où ça fait le plus mal et je me sens misérable, lamentable, mon petit frère avait raison, je n’aurais jamais dû m’en approcher, jamais dû lui parler, ah~ quelle ironie. Je me fraye un chemin jusqu’à ce type au sol, m’interposant entre eux, je ne bouge plus, en fait je n’entends même pas leurs paroles, j’ai l’impression que tout va au ralenti, mes pensées, leurs mouvements, dans ce café tout semblé tranquille, pourquoi allait jusqu’à me faire participer à ce genre de chose ? Juste pour se débarrasser de moi ? Je ne sais pas... Dans quelque temps il aurait été totalement libre de mon existence, si seulement il avait été patient, ce type a donc juste été frapper pour m’atteindre ? Pour me montrer son monde ? Je ris jaune sous mon masque, c’est totalement... stupide.  Mon regard vide se redresse pour apercevoir celui qui se tient face à moi. S’il pense que tout ça me fait peur c’est son erreur, les émotions que je ressens sont bien plus profonde et ravageuse. Je commence à voir flou, les battements de mon cœur sous toute cette agitation sont extrêmement irréguliers, je peux sentir les goute de sueur couler sur mon visage, serrant les poings pour rester conscient, je ne pense pas à mes médicaments, insouciamment je tiens simplement tête à Momiji sans en connaitre les raisons. « Tu devrais me. faire taire. Qu’est-ce que. Tu attends. » Il m’est difficile d’enchainer une phrase, beaucoup de coupure et ma poitrine s’enflamment sous l’effort. « C’est lamen...table. » Je regarde le gars au sol pour lui faire signe de partir, remontant ma main doucement jusqu’à mon cœur quand c’est fait, je n’ai plus rien à « protéger » pas vrai ? Dans ma tête c’est comme si une vitre se brise, un craquement insonore, mais lourd, j’ai mal... Tombant à genoux au sol en respirant bruyamment mon masque tombe sur le béton, me laissant totalement à découvert, je n’arrive pas à respirer, tirant sur le tissu de mon haut comme si je voulais atteindre mon organe, gémissant de douleur, pourquoi faut-il que je fasse une crise maintenant, ce n'est pas le moment. Fais chier... Fais chier.

 TENUE ➤ Ce n'est pas comme si je ne l'avais jamais prévenu. Dès le début, je lui ai dit pour moi, mais il n'a voulu en faire qu'à sa tête. à trop courir après le vent, on fini par tomber et se blesser. Kellian s'est cru capable d'un miracle mais ce soir, je lui ai démontré qu'il avait tord. Qu'importe la raison de mon acte, si c'est pour lui ouvrir les yeux ou pour m'en débarrasser, je l'ai fait et c'est ça qui compte. Les autres n'étaient pas bien d'accord, d'abord parce que Saru est pacifiste, puis parce que Tora l'apprécie.  Il n'y a que moi qui ne voulait pas de lui dans mon entourage, il a réussi à franchir la limite de mon cercle mais à quel prix ? Il s'est heurté à quelque chose de trop grand, trop dure et à présent, il ne peut que s'en vouloir à lui-même d'être si stupide et aveugle. La dernière fois, je me suis simplement servi de lui, mais il n'a pas l'air de s'en être rendu compte. Je l'ai embrassé pour échapper à cette fille, je l'ai manipulé pour m'en sortir. Kellian est fiable, et ce genre de personne ne va jamais loin dans la vie. Je suis loin de me douter que la sienne puisse être si courte et que je ne cesse de la raccourcir avec ma méchanceté. Qu'est-ce que j'aurai fait dans le cas contraire ? Comment pourrais-je le savoir, ce n'est pas le cas après tout. Ce n'est pas seulement pour l'éloigner que j'ai tapé sur ce gars, je l'aurai fait quand même sans lui. C'est juste ma façon de vivre, d'être et il ne peut pas la changer. Kellian s'est imposé, il s'est mit au centre pour protéger l'autre pauvre type et je ne peux que me montrer plus mauvais qu'auparavant. Où est-ce que ça a commencé ? Pourquoi suis-je si dégueulasse avec lui ? Ce n'est qu'un idiot parmi d'autres, j'aurai pu simplement l'ignorer. évidement, je ne pouvais pas savoir qu'il allait mourir d'ici quelques mois... Mais est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Il m'est impossible de le prédire, je ne suis pas devin. Le brun continue de me tenir tête et mon sourire s'élargit un peu plus. « Tu es sûr de ça ? » Il joue un jeu dangereux. C'est à peine s'il parvient à parler correctement. On dirait qu'il tremble au point de ne pas réussir à aligner deux mots d'affiler, c'est pitoyable. Lamentable ? « Tu n'as pas voulu me croire. Fallait pas me suivre. » Je me délecte de cette impression de puissance, même s'il me traître de minable, d'enfoiré, de pourriture ou qu'importe quoi. J'ai l'habitude, c'est ainsi que j'ai grandi. Kellian fait fuir notre cible et je lâche un soupir consterné. Il veut vraiment que je lui tape dessus ? J'ai déjà le poing levé, prêt à l'abattre sur lui quand plusieurs trucs s'enchaînent. Saru qui me retient en criant de me calmer, Tora qui aide son frère à me retenir et Kellian qui s'écroule devant nous. Quoi ? Qu'est-ce qu'il fait ? Les Otsuka sont bouche bée, ne comprenant pas ce qu'il fiche. « Yah Kellian! à quoi tu joues ?! » Pourquoi je gueule ? ça m'énerve qu'il fasse encore un truc complètement con. Je ne comprends pas de suite qu'il va mal, c'est seulement le tigre qui me met le doute. Il dit à son frère d'appeler les urgences, quant à moi je scrute Kellian. « Arrêtez les gars, ce n'est que de la comé... » Et si ce n'était pas de la comédie ? Et s'il souffrait vraiment ? Je ne comprends pas... Qu'est-ce qu'il se passe là ?

 TENUE ➤ Je tremble ? Bien sûr, je tremble, mais ce n’est pas la peur qui me rend ainsi. Je galère à parler, forçant et prenant sur moi pour aligner de quoi lui répondre malgré la douleur, mais je ne peux plus parler, je peux à peine respirer. Qu’est-ce qu’il y a de mal à vouloir devenir son ami ? J’ai fait l’idiot en pensant être capable d’atteindre ce but, je me suis dit qu’en trainant avec lui je pouvais passer du temps avec quelqu’un qui se foutrait simplement de ne plus me voir du jour au lendemain, peut-être au final que je me servais de Momiji aussi, de son manque d’attache, de son envie de me fuir, j’étais peut-être « attiré » par sa façon d’être car je ne le ferais jamais pleurer. Puis tout ça est arrivé et je tombe tellement de haut qu’une crise se déclenche soudainement, je ne peux pas résister indéfiniment, je suis habitué à souffrir, habitué à m’écrouler, mais je le fais souvent lorsque je suis seul, je fuis l’incompréhension, la pitié, mais ce soir mon cœur semble me réprimander de mes actes, je la voyais venir, les émotions fortes me sont interdites et là c’est le summum, je pourrais mourir sur place, je sais que c’est un risque. Je suis prêt à mourir et tout ce qui me connaisse savent que cela peut arriver n’importe quand, je ne peux pas contrôler l’heure de ma mort, mais pour l’instant je suis vivant, je respire toujours, difficilement, mais je respire. Ma poitrine me brule, mon organe donne l’impression de se fissurer sous la vitesse instable à laquelle il bat. Je n’entends pas ce qu’ils racontent, c’est épuisant de résister, mes poings se desserrent pour s’aplatir sur le sol, en même temps que mon corps entier s’y heurte, tombant inconscient, emporté par cette crise fulgurante.

 TENUE ➤ La partie est allé trop loin, mais aucun de nous n'a voulu le dire clairement avant que les choses ne s'enclanchent et que les masques tombent. Kellian ne s'attendait pas à ça, quant à moi, j'ai prévu cette mise en scène le jour même où nous avions échangés nos numéros. C'est fichtrement un sale coup, mais il aurait dû le prévoir en traînant avec un gars dans mon genre. Cet idiot a été aveugle et j'ai été trop avide. La victime en fuite, il ne reste que nous quatre et mon envie de le taper, sauf qu'on m'empêche de le faire et qu'une seconde après, Kellian tombe à genoux, le point serré sur sa poitrine. Je ne pige pas la situation, elle m'échappe et avouons que mes amis sont dans le même cas. Pour moi, il simule. Pour eux, c'est du sérieux. S'ils n'étaient pas là, sûrement que Kellian serait entrain de crever sur place. Saru s'occupe d'appeler une ambulance, Tora se précipite sur Kellian quand il s'écroule complètement et moi... Je reste tel un abruti, debout face à cette scène. Je ne voulais pas ça. C'est vrai, je n'ai jamais tué personne, même si je tape sur quelqu'un à m'en exploser les phalanges. Je ne suis pas un meurtrier, ils le savent. ça me chamboule bizarrement, comme si on venait de m'infliger un coup sur la tête. Quelques minutes s'écoulent entre temps et la sirène des secours retentit. Des hommes débarquent, nous repoussent et se chargent du blessé au sol. Quel merdier. Je ne sais pas quoi faire. Les frères me poussent vers le véhicule, m'accusant sûrement d'avoir poussé le garçon à bout jusqu'à manquer de le tuer. Que dire ? Je n'ai pas vraiment mon mot à placer et je me retrouve assis dans l'ambulance, à suivre Kellian jusqu'à l'hôpital où il sera prit en charge. Quant à moi, je sens que je vais passer un mauvais quart d'heure. à contre coeur, je vais devoir contacter mon père et lui expliquer, enfin mentir pour ma survie.