† L’été était une période assez compliquée pour Yuto. C’était la période à laquelle sa mère était malheureusement défunte, la personne qu’il n’avait pas pu protéger parce qu’il était lui-même bien trop occupé à réfléchir à autre chose, comme son année scolaire et les différentes responsabilités que son père lui avait déjà mises sur les bras alors qu’il n’était qu’un adolescent un peu trop obsédé par les missions qu’on lui donnait. Les regrets qu’il avait par rapport à ce qui était arrivé étaient énormes, mais pas autant que la rancœur qu’il ressentait lorsqu’il imaginait son père, cet imbécile qui observait si fièrement les graphiques qu’on lui présentait, ce sourire d’enculé ancré au coin des lèvres. Il se voyait encore, assis bien droit sur sa chaise, les lunettes posées sur le bout de son nez alors qu’il écoutait son père, les tempes battant de l’envie de se lever et de lui abattre un dossier en plein visage.

Il fit claquer son verre d’alcool contre le comptoir, involontairement et rabattit d’une main les pans de sa veste noire contre son ventre alors qu’un petit nuage de fumée échappait à ses lèvres. C’était ridicule de se mettre dans un tel état pour lui, Seito ne le méritait pas. Pourtant, il ne parvenait pas à faire autre chose qu’y penser. Alors il était venu là pour boire un verre : il avait besoin de sortir de cette putain de grande maison, de ne pas voir la putain de gueule d’enfoiré de son père qui l’aurait regardé d’un œil hautain avant de demander platement « alors, Yuto, ta journée ? ». Sa journée avait été, comme d’habitude. Depuis quand avait-il des problèmes lorsqu’il s’agissait des cours ? Il avait de plus en plus de peine à supporter le besoin d’excellence de son propre géniteur. Il l’aurait tué. Ses yeux se portèrent un peu sur la salle. Il n’avait pas l’habitude de prendre un verre seul. Il y avait toujours Satoshi ou l’un de ces crétins de l’université. Pas aujourd’hui.

Alors qu’il s’apprêtait à faire demi-tour pour commander un autre verre, de soda cette fois, son regard s’arrêta sur une personne située un peu plus loin et il fronça les sourcils. Une impression de déjà vu ? Il secoua la tête et reposa le regard sur son verre vide avant de le tendre au barman pour en changer.

tenue † La jeune nymphe s’ennuyait, un peu, beaucoup, s’était les vacances d’été bientôt, elle séchait un peu les cours, bon rien de bien méchant, mais elle en avait marre. Elle avait envie de sortir, de faire la folle, d’aller au festival d’été, de porter des kimonos, de manger de la glace. Bref, de vivre dans un manga, mais elle ne vivait pas dans un manga, et elle était foutrement célibataire. C’est dans ce genre de moment qu’elle regrettait un peu, d’avoir largué Reagan. Elle aurait dû le garder et le jarter à la fin de l’été. Ah. Elle n’avait pas réfléchit. Ça pouvait servir le temps d’un été… En tout cas, aujourd’hui elle était dans ce bar, au concept original, qu’elle adorait. Elle osait espérer pouvoir trouver l’âme sœur. Non, stop, ce n’était pas dans le vocabulaire de Yuzu ça. Elle espérait trouver un sex friend, ou… Un sexe tout court pour lui permettre de grimper au septième ciel. Ah. Elle s’ennuyait tellement. Assise à une table seule, elle buvait son verre sans réel entrain. Non loin du bar, elle scrutait les gens autour d’elle, mais elle n’avait pas de réel coup de cœur. Elle matait les hommes, les trouvant mignons et beaux pour certains. Mais elle avait un peu la flemme de bouger. Elle attendait que l’un d’eux se bouge le cul. Se redressant, elle s’arrangea les cheveux en buvant son verre d’un coup sec. Relevant le regard, elle tomba sur le regard d’un garçon, grand et mince. Haussant un sourcil, elle le scruta comme lui la scrutait. Il avait quoi celui-là ? Soupirant alors qu’il se tournait elle se leva en prenant son verre. S’avançant pour se poser à côté de lui, elle posa son verre en souriant au barman. « Un autre s’il vous plait. » Elle posa ses avant bras sur le comptoir en fronçant les sourcils. Un quelque chose en elle la dérangeait. Elle regardait à nouveau son voisin. Elle l’avait déjà vu ? Ou pas ? Elle était un peu perdue. « T’es pas à la Royal ? » Elle lui parlait, comme si c’était son pote. Tranquille. Mais c’était surement là. Parce que franchement, si elle avait couché avec, elle s’en souviendrait. Elle se souvenait toujours des gars avec qui elle avait couché.

† Il y avait dans l’apparence de cette fille quelque chose de dérangeant. Yuto n’aurait pu dire ce dont il s’agissait, quand bien même il essayait de se rappeler des dernières personnes qu’il avait fréquenté, elle demeurait totalement inconnue au bataillon et, pourtant, il continuait à penser tout bas qu’elle n’était pas si étrangère qu’elle le paraissait. Troublant, vraiment. C’était peut-être l’alcool qui lui causait des hallucinations. Sauf que de l’alcool, il n’en avait bu qu’un verre, et qu’il était plus que rassasié du repas qu’il avait dû subir avec son père sur le temps de midi. Bizarre. Cela lui échappait vraiment.

Quand il reçut un verre rempli de boisson pétillante, l’étudiant le porta à ses lèvres, mais s’arrêta avant d’avoir pu boire la moindre goutte. Non. Ses yeux fixèrent le liquide qui ondoyait dans le récipient pendant un instant, puis il les ferma afin de prendre une gorgée, essayant de chasser de l’esprit la pensée qui venait de lui traverser l’esprit. Difficile lorsque l’on avait la quasi-certitude d’avoir déjà entendu cette voix. Oui, il l’avait déjà entendue, cette fille. Et comme pour l’encourager dans ses théories idiotes, celle-ci lui adressa la parole en lui provoquant un autre froncement de sourcils.

« Oui, et ? » Demanda-t-il sans chercher à être particulièrement sympathique.

Il voulait juste comprendre. Il détestait qu’on sache qui il était sans parvenir à remettre un nom sur le visage de l’autre. Son estomac se tordit légèrement à l’idée que cette fille puisse avoir été témoin de l’une de ses escapades et qu’elle aille le répéter à son père. Ridicule. Elle ne le connaissait certainement pas, il fallait qu’il se calme : lorsqu’il s’agissait de ces histoires, il partait toujours au quart de tour.

« On se connaît, petite ? »

Qu’on ne vienne pas lui dire qu’elle ne l’était pas. Il détourna rapidement les yeux d’elle pour prendre une longue gorgée de son verre. Doucement, il parvenait à retrouver un minimum de sang-froid. Tout allait bien. Si ça tombe, c’était juste une étudiante qui l’avait croisée sur le campus. D’où le fait que son visage ne lui était pas inconnu.

tenue † « Oui, et ? » Ma main dans ta face, pensa-t-elle à cette réponse. Non, mais vraiment, c’était quoi ce mec-là ? Elle ne l’aimait pas, rien que pour le ton qu’il venait d’employer. Fallait pas déconner non plus. Tsss. « On se connaît, petite ? » Petite… ? Elle le regarda longuement avant de rire franchement. Vous savez, ce genre de rire qui en disait long. Elle voyait bien qu’il l’a prenait de haut. Non mais il allait vite redescendre sur terre lui. Ok elle ne pouvait pas connaitre un con pareil en fait. « Surement pas, si j’avais couché avec un con comme toi je m’en souviendrai. » Elle se décolla du bar avant de prendre son verre, plein, pour le boire et se barrer ailleurs. Pourtant, elle s’arrêta en plein milieu du trajet en se tournant vers le maigrichon. Est-ce que… ? Elle était en train de réfléchir à un truc tout à coup. Parce que d’avoir dit cette phrase, bizarrement elle avait eu une sorte de flash… Serait-ce, ce type ? Non… pas possible… Revenant vers elle, elle posa son bras sur le comptoir en le regardant longuement. « Tu ne prendrais pas des bains interdit dans la piscine de la royal par hasard ? » Ouais, non, Yuzu ne tournait pas autour du pot, ce n’était pas son délire. Si c’était vraiment lui, alors là, c’était plus que risible. Au vu de son caractère carrément merdique qu’il semblait avoir… Heureusement que le noir l’avait aidé à ne pas subir ça alors. Si tentait c’était lui. Parce que bon, tant qu’il ne répondait pas, elle ne pouvait pas savoir. Elle n’allait pas non plus l’harceler. Soupirant, elle se mit face au comptoir. « Laisse tomber. Ça ne peut pas être toi. Il était plus cool, celui que j’ai croisé dans la piscine. »

† Pourquoi continuait-elle à l’observer comme ça ? Il avait envie de lui mettre une claque et de lui demander de se barrer, mais ce n’était pas comme ça qu’on s’en sortait dans la vie. À la place, un profond soupir lui échappa et, à son commentaire, il se remit à réfléchir. Ouais, lui aussi s’en serait souvenu, s’il avait couché avec une fille comme elle. On ne le traitait pas de con comme on disait bonjour, même s’il lui arrivait d’être particulièrement stupide. Il la suivit des yeux alors qu’elle s’éloignait, fronçant les sourcils tandis qu’il se demandait encore où il avait pu la rencontrer, juste avant qu’elle ne revienne et attire une fois encore son attention.

« Des quoi ? »

Comment pouvait-elle savoir ? Il était toujours seul lorsqu’il y allait. Enfin, presque toujours. Il y avait bien cette fois où il y était allé et … Oh non. Son regard se posa sur la fille qui venait de revenir vers lui, un regard qui en disait long sur l’appréhension qui venait de s’éveiller en lui. Bordel, il n’avait quand même pas ? Mais elle avait l’air d’avoir douze ans.

« Oh merde. »

C’était sorti plus rapidement qu’il ne l’aurait cru. Il était décidément doué pour se fourrer dans des situations aussi bizarres qu’incompréhensibles. Sauf que cette fois, ça ne le faisait vraiment pas rire. Pas du tout. Il s’était bien dit qu’elle avait l’air petite, mais là, c’était au-delà de ce qu’il imaginait. Il prit une gorgée de son verre pour penser à autre chose, essayant de détourner le regard d’elle. Depuis quand se mettait-il dans un tel état pour une histoire de cul ? Depuis qu’elle avait l’air si jeune. Si on lui demandait, il dirait qu’il ne savait pas, qu’il n’avait pas vu.

« Tu bluffes ? »

Un vain espoir qu’elle soit en train de rapporter les dires d’une amie, rien de plus. Ça lui apprendrait à faire n’importe quoi.

tenue † « Oh merde. » Oh bah ça elle l’avait entendu ! Et ça confirmait bien ce qu’elle était en train de penser bon dieu ! Ce type était celui avec qui elle avait couché dans la piscine. Oh god. Comme quoi le monde était plus petit que ce que l’on pouvait imaginer… Alors c’était… à ça qu’il ressemblait ? Mon dieu. Yuzu rigolait doucement. Pas du tout discrète, elle n’en avait un peu rien à foutre de vexer ce mec. Ce n’est pas comme s’ils se connaissaient. Ce n’est pas parce qu’il l’avait baisé sans aucune impunité qu’ils étaient proche là tout de suite. « Tu bluffes ? » Elle s’approcha de lui en le toisant un peu du regard. « T’inquiète pas, je comprends parfaitement ton état actuel. » Oui, oui, elle comprenait, à mille pourcent même. « C’est la même pour moi. » Et vlam. Il croyait être le seul hein ? A pouvoir dévoiler qu’il n’assumait pas du tout ? Ben non, elle aussi pouvait ouvrir sa bouche. Et pas qu’un peu même. « M’enfin, ce qui est fait est fait hein. On peut mettre ça sur le compte de la nuit. C’était une expérience excitante. » Yuzu soupira en posant son coude sur le comptoir, en se tenant la tête. Pensive quelques instants, elle souriait un peu plus tout à coup. « Parce que sans le noir, j’aurais pas écarté mes cuisses pour te laisser me baiser. Et apparemment on est deux. » Oui, elle préférait attaquer cash, et ne pas se prendre de vent dans la gueule. Le point était pour elle haha. Il l’avait dans le cul. Sans jeu de mot crade. « Tu t’appelles comment ? Que je mette un prénom sur celui qui m’a prise dans la piscine. » Elle n’allait pas décemment l’appeler toute sa vie l’homme poisson quand même.

† Drôle. C’était vraiment hilarant. Tellement marrant qu’il en avait l’envie folle de se rouler par terre. Cette fille était celle qu’il avait baisée dans la piscine de l’université. Comme ça. Rien que la voir lui donnait un profond sentiment de malaise : il détestait que ce genre de choses arrive. Tout compte fait, il aurait peut-être préféré que ce soit la concierge. Certes, elle n’était pas laide non plus mais… Non, il n’assumait pas. Il n’assumait plus. Son regard resta posé sur elle quand elle s’adressa à lui. Elle était sérieuse ?

« Voilà qui change ma vie. » Reprit-il finalement en portant le verre à ses lèvres, les yeux posés sur elle. « J’aurais trouvé quelqu’un d’autre. »

Il avait retrouvé un tant soit peu de confiance en lui. C’était déjà bien, non ? Il avait juste l’impression d’être en train de raconter n’importe quoi. Horrible. Un soupir lui échappa quand elle demanda son nom et, alors qu’il prenait une nouvelle gorgée de son verre, il se décida à répondre.

« Yuto. » Il roula des yeux avant de les reposer sur elle. « Tu sais, pas besoin de répéter sans cesse qu’on a baisé dans une piscine, ça rendra pas la chose plus vraie que ça ne l’est déjà. »

Quoi, elle était fière d’avoir couché là-bas ? Lui aussi, il l’était, mais il n’insistait pas. Un soupir lui échappa alors qu’il continuait et terminait son verre, le reposant rapidement sur le comptoir pour en demander un autre. Toujours du soda. Il aurait pu claquer tout son argent là-dedans ce soir, mais il en avait tellement qu’un estomac n’aurait pas suffi à emmagasiner autant de boisson.

« Et toi, c’est comment ? »

Gamine ça n’allait pas. Petite non plus. Il avait besoin de savoir qui elle était et, surtout, quel âge elle avait. L’air de rien, ça le travaillait un peu cette histoire. Il faisait moins le fier.

tenue † « Voilà qui change ma vie. J’aurais trouvé quelqu’un d’autre. » Elle ne put s’empêcher de rire. Non vraiment, ça sortait du cœur. « Dans la piscine ? J’crois pas non. Je ne croise jamais personne là-bas. Tu étais l’exception. » Ou alors si y’avait du monde ils y allaient plus tard qu’elle ou avant. Mais elle ne croisait jamais personne là-bas. Enfin, soit, ce n’était qu’un détail après tout. « Yuto. » Yuto. Elle retiendrait. Parce qu’ils avaient le même caractère pour leur prénom. Yu. Elle aimait bien son prénom pour le coup. Il lui en fallait peu, n’est-ce pas ? « Tu sais, pas besoin de répéter sans cesse qu’on a baisé dans une piscine, ça rendra pas la chose plus vraie que ça ne l’est déjà » La jeune fille soupira longuement. « Fais pas ton rancunier car je t’ai lâché comme une merde une fois qu’on a eu fini de baiser. » Et pendant ce temps, le serveur les regardait et les écoutait. Il avait bien raison, ça lui faisait surement sa soirée à lui. Soupirant, elle le regarda boire et demander à nouveau à être servit. C’est qu’il avait sacrément soif le petit. « Et toi, c’est comment ? » La jeune fille claqua doucement sa langue contre son palais avant de se redresser. « Yuzu. » Attrapant un tabouret, elle le rapprocha pour le poser à côté de ce fameux Yuto. Montant dessus pour s’asseoir, elle croisa ses jambes en se tournant plus ou moins vers lui. « Tu as fait une prise de sang depuis ? Ou pas du tout ? » Elle avait ce petit air narquois en posant cette question. Comme pour lui foutre le doute. Après tout ils ne s’étaient pas protégé, tout pouvait arriver, non ?

† « Pas forcément dans la piscine. »

Malgré lui, Yuto leva les yeux au ciel. Comme s’il n’y avait que dans cette piscine qu’il pouvait trouver de quoi baiser. Sérieusement, cette histoire, c’était sur le coup, parce que c’était fun et que les conditions étaient propices.

« Il n’y a aucune rancune dans ce que je dis. » Répondit-il directement. « C’est simplement qu’en parler sans cesse n’est pas utile. »

Le regard insistant du serveur l’énervait un peu, mais il ne devait pas commencer à s’énerver maintenant : pas ici. Se faire remarquer était la dernière chose dont il avait envie, mais cette Yuzu – comme il venait d’apprendre son nom – semblait assez peu douée lorsqu’il s’agissait de discrétion et de bienséance. Pas qu’il était le plus malin lorsqu’il s’agissait de trouver un moyen d’éviter les ennuis, mais il se retenait au moins de parler de sexe ouvertement dans un endroit public. Un soupir lui échappa et il la laissa s’approcher.

« Tu as vérifié que ta pilule fonctionnait bien ? »

Pas qu’elle se retrouve enceinte de lui, après tout. En soi, il se moquait totalement du fait qu’elle puisse lui avoir transmis quelque chose. Cela aurait fait honte à son père, cela l’aurait peut-être condamné à plus ou moins long terme, mais voilà.

« T’as quel âge, sinon ? »

Elle avait l’air jeune, si jeune. Bon, elle devait avoir atteint la majorité sexuelle, cela le rassurait un peu, mais il se posait beaucoup de questions, maintenant qu’il l’avait sous les yeux. Après tout, elle était petite, menue, il ne pouvait pas vraiment dire que c’était le genre de femme qui l’attirait habituellement. À croire que l’excitation du moment l’avait emporté plus rapidement que ses propres désirs. Avec un peu de recul, il avait presque du mal à croire qu’il avait réellement fait ça, mais il s’en rappelait avec un certain amusement. Il mentirait en affirmant que ça ne lui avait pas plu.

tenue † « Il n’y a aucune rancune dans ce que je dis. C’est simplement qu’en parler sans cesse n’est pas utile. » Il avait l’air tout de même assez spécial. Elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire que dans la vie de tous les jours il devait être relou comme type. Hautain et casse couille. Elle n’en avait pas, mais qu’est-ce qu’il les lui brisait là. Elle avait envie de le chopper par le col et de lui foutre des revers dans sa tronche de faux cul. Il était beau ce bougre. Mais alors l’intérieur semblait bien pourri. « Hm, hm. » Elle rigolait doucement. Elle avait même envie, un peu, de le faire chier, sur le fait qu’il ait pu faire une prise de sang pour savoir si tout allait bien. Après tout ils avaient couché sans aucune protection. Dans le feu de l’action… Et puis franchement. Qui se balade à la piscine avec des capotes sur soi ? C’est carrément suspect si ça arrive… « Tu as vérifié que ta pilule fonctionnait bien ? » A cette phrase, Yuzu bogua un peu. Ses sourcils se froncèrent alors qu’elle commençait à compter sur ses doigts le nombre de jours. Elle fixait Yuto avant de recompter. « T’as quel âge, sinon ? » « Attend… Stop. C’était quand… ? » Sa voix paniquait un peu. En fait, elle jouait la comédie. Elle prenait bel et bien la pilule et n’avait jamais ses règles. Mais elle voulait un peu le faire flipper. « Merde. » Elle attrapait son téléphone en cherchant l’agenda. « J’ai pas eu mes règles depuis… Et ça commence à fucking dater ! » Elle jouait tellement bien la comédie, qu’elle en tremblait. Elle devrait peut-être faire un cursus théâtre l’année prochaine à l’université. Qui sait, peut-être qu’elle percerait.

† Par habitude, Yuto toisait les autres de l’air supérieur qu’il avait toujours possédé. Lorsqu’il était en confiance, il ne laissait aucune place à la faiblesse qu’il laissait plus facilement paraître lorsqu’il était triste ou blessé, ce qui était le cas en cette période : il pensait à sa mère, à tout ce qu’ils n’avaient pu vivre, et il en souffrait profondément, en silence, sans être écouté par l’homme qui se faisait appeler « père » et gérait la famille et ses avoirs. Il n’avait pas envie de rire, tout ça ne l’amusait pas. Pourtant, il ne pouvait rien empêcher et, lorsqu’il entendit les propos de la jeune femme en réponse à sa question, il fronça un peu les sourcils.

« Il y a quelques mois ? »

Que voulait-elle dire ? Que faisait-elle ? En essayant de se convaincre intérieurement, Yuto ne parvenait à cesser de penser qu’elle était peut-être sérieuse. Si c’était le cas, il était vraiment dans la merde. L’étudiant en droit poussa un léger soupir en prenant une gorgée de sa boisson, se contentant de l’observer en espérant qu’elle n’était pas sérieuse.

« Si c’est une blague, ce n’est pas drôle. »

Ce n’était pas drôle, car il n’avait aucune envie de prendre ses responsabilités, tout comme il n’avait aucune raison de le faire. Il reposa son verre en soufflant et posa les yeux sur le nuage de buée qui s’échappa d’entre ses lèvres lorsqu’il expira.

« Si c’est vrai, t’as au moins l’honneur d’être enceinte de moi, tu devrais t’estimer heureuse. »

Heureuse d’être enceinte d’Hashimoto Yuto, le meilleur, celui qui travaillait d’arrache-pied pour obtenir les meilleures notes de sa promotion et figurer parmi les étudiants les mieux vus par les professeurs. Ah, une réputation comme celle-là s’entretenait, c’était certain, et c’est précisément cette raison qui lui arracha un rire nerveux alors qu’il terminait son verre et en demandait un nouveau. Il reposa les yeux sur elle au bout d’un bref instant.

« T’es encore au lycée ? »

tenue † « Il y a quelques mois ? » La jeune fille souriait doucement alors qu’elle affichait à la fois une mine un peu dépitée. Elle était censée être stressée. Tout de même. Enceinte. C’était le cadet de ses soucis. Elle savait que c’était impossible elle prenait la pilule. Mais juste pour voir sa tête si dépitée, ça l’amusait et elle était capable de tout. Elle n’avait vraiment aucune limite et c’était surement le pire avec elle… « Si c’est une blague, ce n’est pas drôle. » Elle leva les yeux au ciel avant d’hausser les épaules. « Comme si j’étais du genre à faire des blagues de ce genre. » Mais elle devait avouer qu’elle était un peu dégoutée. Il ne marchait pas réellement ou alors il avait deviné… Soit il manquait cruellement de réaction pour un jeune homme qui venait d’apprendre qu’il allait être « papa. » « Si c’est vrai, t’as au moins l’honneur d’être enceinte de moi, tu devrais t’estimer heureuse. » Elle le fixa en haussant un sourcil. C’est qu’il ne manquait pas d’air tout de même. Un peu trop prétentieux pour elle. God. Il fallait qu’il redescende sur terre. Il n’était pas si beau que ça. A vrai dire elle trouvait même que c’était le plus moche des garçons avec qui elle avait couché. Naizen était bien plus beau. Satoshi aussi. Bon, Satoshi elle n’avait fait que le sucer. Mais elle osait espérer qu’un jour, ils iraient plus loin. Suffisait peut-être de commander dans un restaurant cette fois et pas un simple petit Mc Do. « Eh ben. C’est que tu t’y crois toi. Je vais devoir cotiser pour t’acheter un miroir. Parce que là, ça ne va plus chéri. » Elle lui tapota doucement l’épaule avec un air dégouté sur le visage. Elle exagérait un peu mais tout de même. « T’es encore au lycée ? » C’est qu’il y tenait ! « Dis donc tu fantasmes sur les lycéennes ? Tu veux que je mette un uniforme une petite culotte en coton blanc et t’appelles senpai ? » Elle pouvait très bien le faire oui.

† « On ne sait jamais. »

À force, il n’avait plus envie de rire et une grossesse n’aurait été que le cadet de ses soucis. Dans le pire des cas, son père aurait vu sa réputation entachée. Dans le pire des cas, il n’aurait fait que nier la vérité et prétendre que ce qu’il avait entendu n’était pas vrai. Pourquoi aurait-il dû reconnaître un enfant qui n’était pas le sien ? Il n’avait rien à voir avec cette histoire. Oui, il l’aurait fait. Il n’était pas du genre à faire dans les sentiments pour une histoire d’enfant : l’avortement existait pour ça.

« Fais-donc, peut me chaut. »

Le regard de l’étudiant se reposa sur le visage de la demoiselle à qui il venait de poser une question et, à sa remarque, il leva les yeux au ciel et poussa un rire amusé, mais surtout moqueur.

« Oh, je t’en prie, tu n’as pas mieux à faire que te dégrader comme ça ? »

Il ne la connaissait pas, mais l’attitude de cette fille lui faisait pitié. Il ignorait qu’elle âge elle avait, pourquoi elle se comportait de cette façon, mais son comportement l’agaçait au moins autant que son propre besoin d’être toujours aussi distant des autres lorsqu’il était en public. Ne pas se faire voir en compagnie des autres, ne pas se faire reconnaître dans une mauvaise situation, c’était son quotidien. Cela l’énervait profondément.

« Il y a d’autres choses dans la vie. »

Il y avait la réputation, par exemple. C’était une grande partie de ce qui faisait le monde et la société dans laquelle ils vivaient. Yuto se plaignait rarement de ce qui lui arrivait, mais nourrissait une rancœur démesurée à l’égard de ce qui lui servait de père. Un vulgaire donneur de sperme qui se pensait intouchable, bien installé sur son piédestal. Mais l’épée allait finir par tomber, il le savait. Un jour, il aurait sa revanche.

tenue † « On ne sait jamais. » Et pourtant, c’était bel et bien une blague. Mais il avait l’air tout sauf réceptif. Ce mec était d’un ennuie totale aux yeux de Yuzu. C’était aberrent, vraiment… Comment pouvait-on être si chiant ? Elle n’aurait jamais couché avec lui en sachant ça. Enfin, une bite reste une bite elle avait tout de même pris son pied, c’est tout ce qui compté. « Oh, je t’en prie, tu n’as pas mieux à faire que te dégrader comme ça ? » Il trouvait qu’elle se dégradait ? Vraiment ? Elle trouvait ça bizarre comme réaction. Encore plus venant de sa part, quand on voyait son caractère. Pour le coup, elle ne savait pas trop comment réagir. Devait-elle entrer dans son jeu ou pas ? Elle hésitait, en pesant le pour et le contre. Rah, ça l’ennuyait vraiment. « Il y a d’autres choses dans la vie. » Elle roula des yeux en soupirant. Il n’était pas drôle sincèrement. Ça l’énervait un peu. S’installant carrément sur l’un des tabouret, pour planter son cul dessus et ne plus bouger, elle le fixa longuement avant de sourire. « Et y’a quoi d’autre ? Dis-moi tout. » Oui, elle voulait savoir ce qu’il pouvait y avoir d’autre que le sexe et les fantasmes par exemple. Ça l’intriguait tout de même. Elle fit signe au barman de lui servir un autre verre. Elle allait finir complètement soûl, mais elle s’en fichait un peu. « Plus sérieusement allez. Qu’est-ce que tu fais ici, seul ? Surtout dans ce genre de bar. » Oui, bon c’est elle qui disait ça… Alors qu’elle était tout aussi seule que lui. Pathétique. « Tu es venu te refroidir ? » Encore plus pathétique. Qu’on ne lui en veuille pas. L’alcool commençait à faire son effet. Elle allait en dire des conneries.

† L'envie de rire n'était malheureusement pas courante chez Yuto, lorsqu'il n'était pas en soirée et libre d'agir comme il l'entendait, encore moins durant cette période délicate qu'était l'été. Il y avait perdu sa mère et le sourire, alors pourquoi aurait-il dû rire de la situation ? Il s'en montrait rabat-joie à la place. D'un autre côté, il devait avouer que la manie que cette fille avait de parler de sexe comme elle disait bonjour ne lui plaisait nullement. Il pratiquait peut-être, mais ne ressentait pas le besoin de le crier sur tous les toits, que du contraire : il préférait son intimité pour ce genre de choses. Enfin, cela, il aurait encore fallu que la demoiselle le comprenne.

« Eh bien, je ne sais pas. Les études sont un bon point, pour commencer. Lui parlait-il vraiment d'études ? N'importe quelle idée était bonne pour changer de sujet, décidément. « Quelque chose qui n'impliquerait pas ton corps. »

Son ton se fit légèrement moqueur, mais il ne pouvait s'en empêcher. Cette fille faisait-elle à ce point une fixette sur la question ? À ce stade, il commençait à se demander si ce n'était pas pathologique.

Heureusement, elle changea de sujet, ce qui lui arracha un sourire alors qu'il reprenait une boisson. Suivant d'un regard en biais les gestes du barman, il haussa les épaules.

« J'avais envie de boire un verre, tout simplement. » Sans avoir à supporter la présence de son père, évidemment. « Il faut parfois réussir à garder la tête froide. »

Et elle, si ce n'était pas la tête qu'elle avait besoin de refroidir, c'était certainement le reste. Il remercia le barman en lui payant son dû, avalant une gorgée de boisson un instant plus tard, les yeux de nouveau posés sur l'étudiante qui semblait en proie aux méfaits de l'alcool. Un sourire lui vint et il reporta le verre à ses lèvres.

« Tu devrais arrêter de boire avant que l'on doive te ramener. »

tenue † « Eh bien, je ne sais pas. Les études sont un bon point, pour commencer. » Les… Etudes ? Il était sérieux ? Pour le coup, Yuzu fit une franche grimace. Non, mais là, on touchait vraiment le fond. Les études. Parler étude avec Yuzu, c’était comme parler… de la pluie et du bon temps. Putain ça la faisait chier mais grave. Elle la dernière de sa classe. Début d’année, elle savait déjà qu’elle allait redoubler sans avoir son bac. Elle serait abonnée pour toujours et à jamais à la terminale. « Quelque chose qui n'impliquerait pas ton corps. » Un petit sourire se logea sur son visage. Elle soupirait longuement. Ah, il était d’un ennuie… « Mon corps… c’est tout ce que j’ai pour plaire. C’est la seule chose en laquelle j’ai confiance… » C’était tout de même triste pour une enfant de devoir sortir ça. Parfois, oui parfois, elle s’en rendait compte. C’était la seule façon qu’elle avait trouvé pour avoir de l’attention, des amis. Et encore. Que ça soit de par sa personnalité ou par son corps, elle avait très peu d’amis. Est-ce que ça lui manquait ? Elle vous dira que non. Mais au fond d’elle, elle se sentait extrêmement seule. Bref. Elle ne voulait pas y penser, alors elle lui posa comme question ce qu’il foutait ici. C’est vrai quoi. Surtout seul. Genre elle était bien positionnée pour poser ce genre de question… « J'avais envie de boire un verre, tout simplement. » Boire. Comme elle. Boire, c’était bien. « Il faut parfois réussir à garder la tête froide. » Haha. Elle était morte de rire à son jeu de mot tiens. « Tu devrais arrêter de boire avant que l'on doive te ramener. » Elle le fixa avant de boire cul sec son verre. Ses yeux se fermèrent alors que l’alcool lui brûlait l’œsophage. « Quoi ? Tu as peur de devoir me ramener ? Hum ? Ça va… Je vis au dortoir… » Mais peut-être pas lui ? Il ne lui disait rien du tout en tout cas. Un soupire s’échappa d’entre ses lèvres alors qu’elle se redressait pour poser ses coudes sur le comptoir. « Ah… C’est bizarre de parler avec toi. » Après tout, leur rencontre avait été tout aussi bizarre.

† Yuto ne comprenait pas les personnes qui n'avaient pas confiance en elle. Pourquoi remettre en doute les choses que l'on faisait, si on les faisait bien? Cette assurance était l'une des choses que son père lui avait donné en héritage : il était l'un des meilleures, un garçon intelligent, capable d'étudier, d'obtenir les meilleurs résultats, mais également tout ce qui était bon sur cette planète.

« Vraiment? » Il rit doucement à cette affirmation. « C'est quand même dommage de se limiter à ça. »

Il avait l'argent, la réputation et un travail tout prêt à l'accueillir lorsqu'il allait avoir terminé ses études. Pour ces dernières, il faisait partie des meilleurs étudiants de sa promotion, à force de travailler assidûment dans ce but. On l'avait élevé dans une optique d'excellence dont il n'avait jamais essayé de s'échapper totalement. Il aimait être le meilleur, se sentir au-dessus des autres parce qu'il avait obtenu une bonne note, et ce depuis sa plus tendre enfance.

« Non, je ne te ramènerais pas de toute façon. » Qu'avait-il à y gagner? Il se contenta de l'observer en portant le verre refroidi à ses lèvres, qu'il réchauffa d'un discret coup de langue, avant de prendre une gorgée de boisson pétillante. « Bizarre? Parce que c'est arrivé? »

Cette expérience à la piscine avait été particulièrement excitante à ses yeux, une véritable perturbation de son quotidien ennuyeux, constitué de cours, d'étude et de rendez-vous plus rébarbatifs les uns les autres, en compagnie de son père qui n'avait visiblement rien de mieux à faire que troubler ses journées avec des conversations inutiles.

« Je ne trouve pas si bizarre que ça personnellement. » Ce n'est pas comme si l'occasion de coucher ne se présentait jamais. C'était juste plus rare que pour certains. « C'est humain non? Même les étudiants sérieux ont le droit d'avoir de petits moments d'égarement. »

Un rire plus franc s'échappa d'entre ses lippes, accompagné d'un nuage de condensation, et il reposa le verre un peu trop froid sur le comptoir qui lui faisait face. Au final, avoir croisé quelqu'un qu'il connaissait n'était mauvais en soi. Il avait besoin de ce genre de compagnie en cette période, de constater que certaines personnes ne se prenaient pas autant la tête que lui le faisait en cette triste période.

tenue † « Vraiment? C'est quand même dommage de se limiter à ça. » Yuzu ria doucement en haussant les épaules. Elle était habituée. Ça faisait des années qu’elle faisait ce genre de pratique. « Bah… Faut dire que j’ai de quoi non ? Il n’est pas beau mon corps ? » Et elle pouvait se montrer persévérante. Et chiante. Suivant sa réponse. Elle était du genre à avoir ce qu’elle voulait. Si elle voulait un oui de sa part, le cas actuel, elle allait tout faire pour avoir un oui. Quitte à se foutre à poil devant lui, là, pour le persuader. « Non, je ne te ramènerais pas de toute façon. » Elle soupira en lui faisant des yeux doux. Elle avait toujours ce qu’elle voulait. Il devait vraiment se méfier d’elle. « Bizarre? Parce que c'est arrivé? » Elle hocha la tête de façon positive. Parce que c’était la pure vérité. « D’habitude. Je ne revois pas les gens avec qui je couche. Ou alors si je les revois… C’est qu’on couche ensemble assez souvent. » Elle ne se cachait pas de dire qu’elle avait des sex friends et qu’elle couchait beaucoup. Elle n’était pas pudique sur ça. C’était une fille un peu trop open. « Disons que je ne fais ça qu’avec les bons coups. Quand t’as envie de baiser au moins tu sais comment te soulager hum. »[/color] Elle lui fit un clin d’œil avant de tâter l’air de rien son bras droit. Sait-on jamais. Monsieur préférait surement sa main. « Je ne trouve pas si bizarre que ça personnellement. » Oh ? Et pourquoi donc ? Tant mieux d’un côté. « C'est humain non ? Même les étudiants sérieux ont le droit d'avoir de petits moments d'égarement. » Elle le jugea longuement en soupirant. « Le sexe, c’est bon pour la santé. Si tu t’ennuies… J’suis au dortoir numéro six hum. J’ai un lit deux places… Lit très confortable. » Sa main se posa sur son torse avant de remonter doucement de deux doigts comme s’ils marchaient sur son corps avant de sourire en coin.

† On attendait de lui l’excellence. On souhaitait qu’il culmine au milieu des autres étudiants, quitte à se tuer au travail, à étudier des heures durant. Il le faisait, même s’il prenait parfois un moment pour lui, alors c’est avec peine qu’il imaginait une femme se limiter à son physique. Airi était très belle, à l’époque où ils étaient ensemble, mais elle avait également de l’esprit, des bonnes capacités à mener et à réfléchir. Il trouvait ça un peu triste de la part de Yuzu. « Ce n’est pas la question d’être belle ou pas… Enfin… » À quoi bon débattre ? Il n’en savait rien. Commenter était même inutile.

Il garda les yeux posés sur elle alors qu’il continuait à boire, puis il les reposa autour d’eux après avoir laissé échapper une question. Un léger soupir fuit entre ses lèvres à sa réponse et au geste qu’elle posa à son égard. « C’est ridicule. » Mais qu’est-ce qui ne l’était pas ? Ils étaient en public, il n’avait aucune envie d’être tripoté de cette façon, pas même par une fille avec qui il s’était déjà ébattu. C’était un coup à ruiner une réputation. Mais elle continuait.

« J’aimerais que tu cesses... » Répondit-il en posant les yeux sur sa cadette, les sourcils froncés et le ton sérieux. « Je n’apprécie pas que l’on me touche sans autorisation, et jusqu’à preuve du contraire, je ne te l’ai pas donnée. » Se saisissant du poignet de Yuzu, il l’éloigna de lui pour l’empêcher de le toucher et garda les yeux posés sur elle. Un soupir lui échappa avant qu’il ne se tourne de nouveau vers le comptoir pour continuer son verre. « Lit deux places ou non, ennui ou non, ça ne m’intéresse pas. Je n’ai pas pour habitude de coucher avec d’autres ‘étudiants’. » Car elle était plus jeune que lui, c’était l’évidence même.

tenue † Elle voyait bien, qu’elle ne pouvait rien faire de lui. Il était chiant. Pas drôle. Elle avait presque envie de le noyer dans son verre. Bon, ce n’était absolument pas faisable. Mais franchement, elle en avait beaucoup envie là. « J’aimerais que tu cesses... » Qu’elle cesse, qu’elle cesse quoi ? « Je n’apprécie pas que l’on me touche sans autorisation, et jusqu’à preuve du contraire, je ne te l’ai pas donnée. » Attrapant son poignet, elle le laissa faire en pinçant son nez. Elle n’appréciait pas trop qu’il fasse cela. Elle n’aimait pas les hommes un peu trop chiant à avoir. Ça ne l’excitait pas, ça ne lui donnait pas réellement d’étincelle dans les yeux ni dans le bas ventre. « Lit deux places ou non, ennui ou non, ça ne m’intéresse pas. Je n’ai pas pour habitude de coucher avec d’autres ‘étudiants’. » Un rire s’échappa d’entre ses lèvres alors qu’elle le fusilla du regard. Petite moue sur le visage, elle soupira longuement. « T’es vraiment pas drôle. Mais t’es sûr que tu as des amis dans la vie ? Non mais vraiment. T’es aussi froid que ce bar. Ça te va bien de venir ici. » Elle n’était pas gentille, ni réellement méchante, mais elle n’appréciait pas la façon dont il se comportait avec elle vraiment. « Tu n’as pas pour habitude de coucher avec d’autres étudiants hein ? Genre tu couches avec quoi alors ? Tes femmes plus mûres ? haha. » La bonne blague. Soupirant, elle finit son verre avant de faire signe au barman. « La note est pour lui. » Elle tapa dans son dos avant de partir. Oui elle faisait à son aise. S’il ne voulait pas payer tant pis. Elle, elle était déjà en train de partir en courant en riant.

† Il était venu pour ne pas avoir à songer aux différentes choses qui le tracassaient à cette période de l’année, et voilà qu’il se retrouvait à discuter en compagnie d’une étudiante visiblement portée sur le sexe. Ça ne l’intéressait pas, même s’il aimait de temps à autre se retrouver en bonne compagnie, car il n’envisageait pas la chose de la même façon. À vingt-deux ans, il était encore contraint de faire le mur pour un peu de liberté, ce qui le poussait naturellement à quelques excès, compte tenu des endroits dans lesquels il venait à traîner, mais il restait malgré tout un étudiant coincé, bien trop sage pour être vraiment crédible. Il avait peur que ses petites aventures soient découvertes par la personne la plus à même de lui causer du souci : son propre père.

« Hm… J’ai des amis, oui. » Mais il n’avait pas envie de répondre plus amplement à son commentaire. Il était lassé qu’on ne l’écoute pas.

« Toutes les femmes extérieures à l’école ne sont pas forcément ‘mûres’, comme tu dis. » Rétorqua-t-il en un rictus, le temps de la voir se lever et d’entendre son annonce.

Les sourcils de l’étudiant en droit se froncèrent et il regarda Yuzu partir, sans chercher à la rattraper. Il n’avait pas besoin de ce genre de problème, il n’avait pas besoin qu’on vienne l’embêter alors qu’il cherchait à retrouver un peu de tranquillité au milieu de l’agitation qui l’habitait depuis quelques jours. Les souvenirs de sa mère, les rendez-vous de son père, mais également toutes les révisions et les attentes qu’on lui réservait. Il fallait qu’il oublie, mais l’endroit n’était visiblement pas le bon, c’est pourquoi il se leva et paya son dû avant de quitter l’établissement à son tour, soupirant malgré lui. Elle n’avait pas tout à fait tort, au final. Même entouré, il était seul.