Je n’avais jamais rencontré quelqu’un d’aussi désespérant que Rei. Parce que oui elle me désespérait. Quoi que ce mot était encore trop gentil pour décrire à quel point elle m’agaçait. Elle était en premier lieu trop surexcité et ce n’était absolument pas mon caractère. C’était tout le contraire et j’aimerais qu’elle cesse de s’extasier pour un oui ou pour non. Cela en devenait réellement lourd à la fin. Je n’arrivais même pas à l’écouter parce qu’elle m’énervait et surtout elle n’arrêtait pas de me toucher, ce qui m’était véritablement insupportable. Je n’avais même pas le temps de dire quoi que ce soit en réalité. Mais je me sentais mal qu’elle interfère autant dans mon espace vital et mes sourcils se fronçaient de plus en plus au fur et à mesure qu’elle parlait. Et le fait qu’elle se prenne pour ce personnage de manga m’énervait encore plus d’ailleurs. Je n’étais pas particulièrement fan de Gokusen et je n’aimais pas Yankumi. Je considérais déjà que de se faire défendre par un homme mettait un sacré coup dans la fierté alors par une femme, je trouvais cela encore pire. On me traiterait certainement de macho ou je ne sais quoi d’autre à ce niveau là néanmoins qu’est-ce que j’y pouvais ? Je détestais ce genre de choses. Et cette protagoniste était complètement cruche. J’avais pu voir le drama aussi et je l’avais trouvé encore pire. Les élèves n’étaient pas mieux non plus à s’abaisser à une prof pareille juste parce qu’elle les aide et les soutien. Il n’y a que dans les films qu’on voit ce genre de choses de toute façon. Du coup je ne comprenais pas ce que Rei avait à imiter ce personnage là. Bien qu’elle était aussi cruche qu’elle il fallait bien l’avouer. Ce rôle lui collait à la peau je suppose. Peut-être un peu trop.

Elle me sortit toutefois de mes pensées en me tirant au loin, mes pupilles se dilatant par la surprise tandis que je lui ordonnais de me lâcher, véritablement en colère cette fois-ci. Je détestais tellement ça. A un tel point que lorsqu’on arriva devant le distributeur, je ne réagissais pas à ce qu’elle racontait, reprenant mon souffle pendant que je la dévisageais méchamment.

- Va te faire voir ! Lui avais-je répondu quand elle me demandait des pièces.

Ce n’était pas parce que je n’en avais pas ou que je ne voulais pas mais plus parce que j’étais énervé contre elle.

- Non mais pour qui tu te prends ?!! Que tu débarques à mon entraînement d’accord ! Que tu foutes le bordel d’accord ! Mais que tu t’immisces autant non ! Qui t’a permis de me toucher comme ça ?! On n’est pas ami, on n’est rien ! Et même mes amis n’interfèrent pas comme ça ! Ne me touche surtout pas !

J’en tremblais de frustration et de colère. Je crois que c’était un tout que je relâchais soudainement parce que cette jeune femme m’avait vraiment mis hors de moi. Prenant une pièce dans ma poche, je me saisis d’une bouteille d’eau dans laquelle je bus quelques gorgées de manière à me calmer. Chose faite, je ne pouvais m’empêcher de continuer de la dévisager, toujours un peu remonter contre elle malgré tout avant de lui balancer une pièce pour qu’elle se commande ce qu’elle voulait.

- Prend ce que tu veux, Avais-je rétorqué d’un ton neutre avant d’aller m’assoir sur un bar plus loin.

Franchement je détestais les personnes comme elle qui au contraire de moi sont principalement tactiles et ne se gênent pas de le montrer aux autres. Je ne m’énervais pourtant pas facilement néanmoins dés que la question de proximité ou de contact entrait en jeu, je me crispai et à force de me contenir, je finissais par éclater. Rei en avait payé les frais seulement je n’y pouvais rien si je n’appréciais pas ce genre de choses.

Cette fille m’agaçait vraiment. Soupirant, je buvais tranquillement ma boisson assis sur le banc avant d’arquer un sourcil en la voyant s’installer à terre devant moi. Elle n’avait tellement rien de féminin. C’était à se demander si elle n’était pas un peu homme au fond. Peut-être qui sait. Je n’étais pas allé vérifier. Mais elle ne se rendait pas compte que les gens pouvaient avoir honte d’elle ? Enfin, pour ma part, je m’en fichais, j’avais eu l’habitude de m’être fait critiquer mainte et mainte fois alors je n’allais pas critiquer à mon tour. C’était plus pour elle que je disais ça. Seulement elle avait l’air de n’en avoir que faire donc tant pis pour elle. Peut-être que si elle finissait un jour par rencontrer quelqu’un qu’elle aime elle finirait par changer comme moi je désirais changer à présent. Quoi que je dise elle me désespérait quand même... On aurait réellement un dit un garçon dans un corps de femme. Elle était tellement surexcitée à un point que pupilles se dilatèrent quand elle mentionna que « les opposés s’attirent ». Personnellement, elle ne m’attirait pas du tout et on n’allait pas se mentir, physiquement, ma petite amie était bien plus jolie qu’elle. De toute façon, je pense que même si ce n’était pas le cas, étant amoureux, je considérerais toujours ma petite amie mieux que toutes les autres. Je souris discrètement à cette pensée, m’insultant intérieurement d’idiot alors que je ne devais pas avoir l’air fin comme ça. Elle avait même roté. Déjà moi en tant qu’homme je ne faisais pas ça alors... Comment quelqu’un pouvait s’enticher d’une fille pareille ? Je suppose qu’une personne à qui il manquait une case comme elle ferait très certainement l’affaire.

Elle était tellement bizarre et j’avais l’impression qu’elle se montait la tête toute seule aussi, à un point que mes yeux finiraient par sortir de mon visage tant elle m’ahurissait. Jamais je n’avais imaginé une seule seconde qu’elle et moi, il pourrait y avoir quelque chose. Ce n’était même pas envisageable. Mais qu’est-ce qui lui traversait l’esprit ? Elle n’était décidément pas net. Sauf qu’ensuite, mes paupières se clignèrent à plusieurs reprises quand elle déclara avoir arracher l’un de mes posters pour justifier le fait qu’elle ne m’admirait plus tant que ça. Je l’observais perplexe alors qu’elle semblait se rendre compte de ses paroles et qu’elle avait vraisemblablement peur que cela ne fasse qu’aggraver la situation. Hors, elle ne me connaissait pas. Pas du tout. Et tandis qu’un incroyable silence s’était installé, je n’avais pu me retenir que je m’étais éclaté de rire. Cela faisait longtemps que je n’avais pas rigolé autant et j’en avais mal au ventre. Sa tête était juste si drôle et moi j’étais un véritable gosse. Je ne parvenais même plus à m’arrêter.

- Pardon, Dis-je en tentant d’atténuer cet éclat, mes doigts se nichant devant ma bouche sans rien calmer pour autant, Si tu avais pu te voir...

Heureusement je finis par me reprendre néanmoins à présent j’avais comme une crampe à l’estomac. Un peu d’eau ne serait pas de refus. Je bus quelques gorgées de ma bouteille avant de me tourner vers elle, retrouvant peu à peu ces traits qui retraçait mon impassibilité.

- Tu peux même tous les déchirer si tu le souhaites. Sincèrement, je m’en fiche. Si tu es fan de moi, je te remercie mais personnellement, ça ne change rien pour ma part. Ah et aussi...

Je posai ma boisson à côté de moi avant d’égarer mes prunelles en sa direction et de la dévisager.

- Arrête d’être aussi enjoué, c’est chiant ! On n’est pas destiné à être ami ou je ne sais quoi d’autre.

Parce que je ne m’attachais pas facilement aux gens et qu’en plus de ne pas avoir confiance en ceux qui m’entourent, je n’avais pas non plus confiance en moi. Très peu étaient ceux à croire en moi mais cela m’allait très bien ainsi. J’avais déjà des personnes formidables à mes côtés, je ne pouvais pas me considérer plus chanceux que ce que je ne l’étais désormais.

- Et navré pour toi mais tu ne m’attires pas. J’ai déjà une petite amie et elle me suffit amplement.

Une jeune femme que j’aimais de tout mon coeur et pour qui mon amour, sans que je ne m’en aperçoive réellement, s’agrandissait de jour en jour.

Je savais que j’avais dit que je ne devais plus fuir, que je devais faire face aux situations sans me détourner néanmoins est-ce que lorsque j’étais agacé c’était bien de rester ? J’allais finir par exploser. Même mon fils de quatre ans était plus mature que Rei. Elle gigotait dans tous les sens, crier des choses que je peinais à comprendre tant elle m’ahurissait. Je me demandais d’ailleurs si elle ne venait pas d’une autre planète. C’était ça, cette fille ne devait même pas être humaine. Enfin si déjà on pouvait la considérer comme une femme parce que au vue de sa tenue vestimentaire et de son attitude, c’était à croire qu’elle n’était pas tout à fait normal dans sa tête. J’ignorais si même chez les hommes, il en existait des comme elle. Elle était décidément trop bizarre pour pouvoir répondre à ce genre de questions. Dans tous les cas, elle m’exaspérait du plus au point et je commençais à en avoir sérieusement mal au crâne. Moi qui espérait la calmer, je suppose que c’était raté et qu’elle non plus, on ne pouvait pas la changer. Elle n’était pas méchante, peut-être même qu’elle était gentille, je ne pouvais pas le dire, elle était juste chiante. Je crois qu’elle ne se souciait pas du désastre qu’elle pouvait causer sur son entourage avec son comportement étrange. Trop étrange pour être normal. Qui dans ce monde passait son temps à jouer un rôle d’un personnage connu ? Et si je faisais pareille et que j’incarnais le Kazuya de Touch, on me prendrait très certainement pour un fou. Encore plus que ce que je ne l’étais déjà. Néanmoins c’était différent parce que j’admirais le héros de ce manga et que je le trouvais « cool », hors jamais je n’avais trouvé Yankumi cool. Elle aussi m’énervait et ses élèves étaient encore plus minables qu’elle. Les hommes ont leur fierté et personnellement, même si on ne dirait pas, j’avais aussi la mienne. Je détestais qu’on prenne ma défense alors une femme, c’était encore pire.

J’ignorais ses réflexions, me reculant aussitôt lorsque je la sentais trop proche de moi, soupirant des tas de fois alors que je commençais sérieusement à regretter d’avoir mentionné ma petite amie. Quelle idée avais-je eu là ? Elle ne me quitterait plus. Je haissais encore plus la vision qu’elle avait de moi bien que je comprenais parfaitement le fait qu’elle préférait me voir rire qu’avec cette expression glaciale sur ma figure. Elle n’était surement pas la seule à penser comme cela cependant je n’en avais que faire de ce que penser les autres. Si on ne m’appréciait pas tel que j’étais qu’on cesse de m’embêter et de m’adresser la parole.

- Je n’en ai rien à faire de ce que tu penses, Pestais-je en me levant, agacé, Et je t’ai déjà dit d’arrêter de t’exciter ainsi. C’est vraiment chiant, tu me donnes mal au crâne. Arrête aussi de t’immiscer dans ma vie, tu me saoules !

J’essayais vainement de rester calme mais j’en avais marre. Vraiment. C’était quoi cette manie à tout le monde de vouloir se mêler de la vie des gens. Qu’on laisse ma vie privée tranquille. Que ça soit l’amour ou je ne sais quoi d’autre, j’avais déjà du mal à comprendre beaucoup de choses donc j’aimerais qu’on arrêter d’intervenir.

- Il n’y a pas de photo ni même de fiançailles ! Cela ne te concerne pas ! Et arrête de parler sans savoir aussi. L’amour, l’amour, qu’est-ce que t’en sais toi ? Tu me connais ? Non, je ne crois pas. Donc stop à la fin !

D’un geste brusque, je balançai ma bouteille vide dans la poubelle puis je passai devant elle sans lui adresser un regard. J’étais fatigué, épuisé et si elle continuait, je crois que j’allais réellement finir par exploser.

Jugé ? Pourquoi elle s’excitait ? Qui avait jugé qui ? Honnêtement, je ne comprenais plus rien. Je n’avais jugé personne alors pourquoi se mettait-elle dans un tel état ? Justement, je n’étais pas ce genre d’individu à faire ce que je n’aimerais pas qu’on me fasse... Je lui avais demandé d’arrêter de se mêler de mes affaires, en sous-entendus, et qu’elle n’y connaissait rien quant à mon amour. Je peinais déjà moi-même à discerner beaucoup de choses donc je n’avais pas forcément apprécié qu’elle s’excite comme elle l’avait fait bien que c’était dans son caractère de se comporter de la sorte. Seulement je ne comprenais pas pourquoi elle s’emportait autant et je devais probablement être stupide de ne rien remarquer mais c’est parce que cette histoire me tracassait. Où avait-elle bien pu voir que je la jugeais ? Je n’étais pas ce genre de personne. Sincèrement. J’essayais de me convaincre qu’elle avait certainement détourné le sens de ma phrase - comme d’habitude - et qu’à nouveau elle s’était monté la tête toute seule. Comme lorsqu’elle s’imaginait qu’on était ami ou je ne sais quoi d’autre alors que ce n’était absolument pas le cas.

Puis tout à coup elle s’était mise à rire, ce que je n’avais pas saisi non plus. D’où sortait cette bonne femme ? Elle ne devait pas être seule dans sa tête ma parole... Un coup elle criait, un autre elle rigolait, à quoi ferais-je face après ? Elle se mettrait à pleurer ? Pire encore. Je soupirai, l’ignorant de plus bel alors que je partis me reprendre quelque chose à boire. Je suppose que j’en avais bien besoin puisque j’avais moi-même l’impression de devenir complètement fou. En silence, je sirotai ma boisson, la contemplant du coin de l’oeil avant de pousser un profond soupir.

- Je t’ai déjà dit que t’étais complètement folle ? En tout cas, je te le dis maintenant. Tu es sûr de ne pas avoir de problème ? T’as déjà pensé à aller voir un psy ? Je ne sais pas, ça te guérirait peut-être.

Quoi que pour elle, un asile serait probablement mieux. Et encore... Je doutais qu’il puisse faire quoi que ce soit pour son cas.

- Enfin tu peux m’expliquer pourquoi tu t’es excité ? Je ne t’ai pas jugé, Soufflais-je, Il faudrait que tu arrêtes de te monter la tête aussi. Tu as parlé de ma petite amie, je t’ai dit de ne pas t’en mêler et que tu n’y connaissais rien quant à ce que je vivais. Y a quoi de difficile à comprendre là-dedans ?

Haussant les épaules, je portais ma canette à mes lèvres et songeai au fait qu’après cela, je ne tarderais plus à rentrer parce que j’étais vraiment épuisé. Et que je n’avais plus la force de l’entendre encore geindre de la sorte.

Bon, je commençais à me dire qu’il était inutile de lui reprocher sa folie, elle ne changerait pas. En fait, du moment qu’elle ne s’en rendait pas compte, elle ne pourrait pas changer. Je n’avais rien envie de deviner du tout. J’étais juste épuisé et je ne demandais qu’une chose : rentrer chez moi pour ensuite me reposer. Après il n’y avait d’histoire de « Je t’aime » ou « je te déteste » ni même le fait que je lui en voulais pour quoi que ce soit. Je n’en avais que faire de tout ça et je n’étais pas assez proche d’elle pour dire ce que je ressentais à son égard. Je la trouvais simplement bizarre. Pour le reste, je n’avais pas d’avis particulier. C’était juste moi qui m’était des distances avec le monde entier. Certains avaient su faire la différence et m’avaient motivé à les laisser rentrer dans ma vie, à devenir mes amis bien que j’avais un sacré caractère plus ou moins difficile à accepter. Peut-être que pour Rei ce serait pareil à l’avenir seulement pas de suite, je ne parvenais pas à accrocher avec elle même si je songeais au fait qu’elle n’avait pas l’air méchante. On m’avait longtemps critiqué pour ce que j’étais, pour ma personnalité et j’en avais subi les conséquences aussi alors je n’avais pas le droit de faire aux autres ce que je ne voudrais pas qu’on me fasse. Néanmoins si le feeling ne passait pas, ce n’était pas de ma faute non plus...

Je n’avais pas répondu à sa demande d’être ami ou toute autre chose parce qu’à mes yeux les amitiés ne se créaient pas de la sorte. Les relations évoluent sur le long terme avec de l’ambition, de la confiance et une sorte d’amour également. Quant à ma petite amie, je ne m’en cachais pas cependant il était inutile de lui préciser sinon elle partirait dans un nouveau discours et pour aujourd’hui, je n’en ressentais aucune envie. Pas du tout. Son coup de fil était certainement ce qui me sauva même si j’avais été étonné de la voir si sérieuse soudainement, sérieux qui ne dura pas éternellement. J’aurais bien sûr dû m’en douter que cela ne durerait pas. La laissant partir, j’étais resté quelques temps assis sur le banc à me détendre, profitant du calme absolu puis j’étais rentré chez moi ensuite. Je m’apercevais qu’il y avait réellement tout type de personnes sur la terre et que je n’étais probablement le seul à être considéré comme étrange. On pouvait peut-être dire que cela nous faisait un point commun.