Love makes me strange •

Ce jour à Osaka avait vraiment été bizarre. Les jours d’après aussi d’ailleurs pour ma part. Après un match plus ou moins difficile, j’avais rencontré Sae Ra ou plutôt cette dernière était venue à ma rencontre, avait fait des kilomètres rien que pour me parler, pour qu’on mette les choses au clair sur le fait que je l’ignorais. Honnêtement, je n’avais pas été motivé par ça parce que j’étais lâche, parce que je fuyais et que j’étais effrayé par un nombre incalculable de choses. J’avais peur du changement mais également j’avais honte de moi, de mettre montrer aussi pitoyable devant elle alors que d’apparence, je suis quelqu’un d’assez indifférent. Mais finalement, je suppose que je n’étais qu’un véritable idiot et qu’elle à côté était admirable. J’y pensais souvent au fait qu’elle avait un caractère hors du commun et qu’elle devait être une fille unique en son genre. Quoi qu’il arrive, elle n’abandonnait pas et j’étais réellement admirateur de cette personnalité. J’étais heureux aussi. Parce que je remarquais qu’elle ne m’abandonnait pas, qu’elle était là pour moi et surtout que plus que quiconque, elle croyait en moi. Je peinais à le faire moi-même cependant elle le faisait pour moi et par moment, elle me donnait envie d’avoir un peu plus confiance en moi. Bien qu’elle soit étrange, un peu « folle » sur les bords également, une douce chaleur naissait dans mon cœur lorsqu’elle était là et j’étais incapable d’expliquer pourquoi. J’étais souvent sur mes gardes, pourtant de moi-même je l’avais enlacée, j’avais accepté de briser cette proximité et cela m’avait moins dérangé qu’avec qui que ce soit d’autre. Elle provoquait un effet bizarre sur moi, je ne me reconnaissais pas et même si j’en étais terrifié, j’appréciais cette douceur qui apaisait mon âme. Ce soir-là, les péripéties s’étaient enchainées les unes après les autres, j’avais été horriblement mal à l’aise mais avec du recul, je trouvais ça « drôle » à présent. J’avais encore crié néanmoins ça s’était arrangé… Mon corps avait réagi étrangement, j’avais ressenti des choses que je n’éprouvais pas habituellement. Je ne comprenais pas toutes ses sensations puisque d’origine, je ne ressentais jamais rien. Avec elle, j’étais tellement différent et ça m’avait tracassé les jours d’après. Maintenant encore. Plus j’y songeais, plus je me disais que je n’étais certainement pas normal… Cette fille n’avait fait que me courir après, elle m’avait paniquée avec ses élans d’affection qu’elle voulait à tout prix m’offrir et pourtant, j’avais l’impression que désormais notre relation avait pris un tourment tout à fait différent. Peut-être que cette agression nous avait permis de nous rapprocher. Peut-être le simple fait que Sae Ra soit aussi déterminée et qu’elle me prouve à plusieurs reprises qu’elle m’appréciait. Elle me donnait toujours cette impression que j’étais quelqu’un de bien… Elle me boostait, à sa façon. Peut-être que moi-même aussi je l’appréciais. Non, ce n’était pas un peut-être. Je le savais cependant j’avais juste un peu de mal à l’admettre. Derrière sa folie, derrière ce masque qu’elle essayait de montrer fort se cachait en vérité une jeune femme plus fragile, plus sensible et j’avais pu le remarquer à plusieurs reprises. Elle n’était pas si forte qu’elle en avait l’air mais malgré ça, elle n’abandonnait pas et avait toujours le sourire. J’étais fasciné et à chaque fois que j’y réfléchissais, mon cœur se mettait à battre avec plus d’intensité que d’habitude. Parce que j’aimais ça. Vraiment.

C’était la première fois que je me sentais ainsi… C’était la première fois que je me tracassais pour quelqu’un. C’était la première fois que j’avais cette boule étrange dans ma poitrine et c’était la première fois que je souriais en recevant un message de la part de quelqu’un. Normalement, je me formalise pas de ce genre de détails et y répond si j’en ai envie. Parce que je trouve que c’est un peu inutile, je n’aime pas particulièrement ça, discuter par messages ni même au téléphone d’ailleurs. Enfin, je ne suis pas très bavard… Bien que les textos pourraient me permettre à paraître plus ouvert, ce n’était pas forcément le cas. Mais ce message là m’avait fait plaisir. J’ignorais pourquoi… Peut-être parce que cela faisait quelques temps que je cherchais à lui en envoyer un afin de la remercier sans jamais oser. Malgré tout, je n’en restais pas moins quelqu’un de « timide » si on pouvait nommer mon attitude ainsi. Néanmoins, bien que j’avais été content de cette initiative, j’avais froncé les sourcils à cause de son invitation dans un parc d’attraction. Je n’y étais jamais allé. Mes parents n’avaient pas réellement le temps pour ça et je n’avais pas d’amis à proprement parler avec qui partager ce genre d’amusement. Et puis, je n’étais pas particulièrement attiré par ça. Du moins, je n’avais jamais essayé et vu que rien ne m’intéressait, j’aurais plus fait tâche dans un endroit pareil qu’autre chose. C’était la raison pour laquelle j’avais hésité un moment avant de lui répondre. Ce n’était sans parler du fait que cette invitation ressemblait à un espèce de rendez-vous. Je suppose que c’était un peu le cas. Les autrefois avaient souvent été du au hasard ou à Sae Ra qui s’était démené afin de me voir néanmoins à nous deux, on n’avait jamais décrété de se voir… J’appréhendais sincèrement puisque ça aussi, c’était une première fois. On aurait dit un adolescent de quinze ans qui partait à son premier rendez-vous amoureux. Enfin même ça je ne l’avais pas connu auparavant donc peut-être était-ce la raison pour laquelle je n’étais pas à l’aise. Bien que je ne considérais pas cela comme un rendez-vous amoureux… C’était juste bizarre. Peut-être juste une simple sortie entre amis ? J’inclinai ma tête sur le côté à cette réflexion alors que je coiffais soigneusement mes cheveux devant la glace. J’avais envie de me frapper tant je ne saisissais rien à la situation. Inconsciemment, j’en étais même venu à prendre mon temps pour me préparer. A chaque fois que je la croisais, je sortais de l’entraînement et j’avais envie d’être plus présentable aujourd’hui. J’avais opté pour un jean noir, un tee-shirt blanc par-dessus lequel j’y avais ajouté une chemise blanche cassée que j’avais laissé ouverte. En guise d’accompagnement, j’avais accroché un collier assez simple autour de mon cou et une petite touche de mon parfum préféré.

Une fois prêt, je m’étais saisi de mes clefs, mon téléphone ainsi que mon portefeuille puis j’avais pris la route du parc d’attraction. Anxieux malgré tout. Les battements de mon cœur adoptaient un rythme effréné causé par cette angoisse qui m’encombrait. C’était comme si je découvrais le monde tant je n’étais pas habitué à ce genre de choses, ce genre de sensations… Même l’envie de la voir me surprenait. Sauf que ceci je ne l’avouerais probablement jamais à voix haute mais oui, j’étais content de la voir dans d’autres circonstances qu’un vulgaire hasard.
Marchant, je soupirai, passant plusieurs fois ma main nerveusement dans mes cheveux, stressé. J’espérais arriver en premier cependant cela ne fut pas le cas, lorsque je me trouvai devant le parc, la jeune femme était déjà là. Machinalement, je baissai mon regard, pas à l’aise. Je n’aurais pas du venir, je le savais. J’aurais du décliner l’invitation, trouver une excuse et ne pas venir. Ce n’était pas mon truc. Les rendez-vous, les sorties, ce n’était pas pour moi… J’étais finalement bien seul dans mon appartement pendant mes jours de repos. C’était moins stressant. Mais réfléchir à cela à présent était trop tard. Elle m’avait vu, je ne pouvais plus rebrousser chemin et faire demi-tour. En guise de salue, j’inclinai simplement mon visage avant d’oser noyer mon regard froid et impassible dans le sien.

- Puisqu’on est là, autant y aller, Déclarais-je avec peu d’enthousiasme.

Ce n’était même pas une question d’envie ou non, je ne me sentais juste pas à ma place et pas à l’aise. L’atmosphère qui régnait était étrange et déstabilisant. Finalement, on aurait réellement dit une sorte de rencard. Je m’étais même bien habillé pour l’occasion… Ah. Quelle plaie. Je me faisais de la peine tout seul. Haussant les épaules sans raison précise, je m’avançai et rentrais dans le parc en sa compagnie. Il y avait des attractions de partout, des stands, je ne savais pas où donner la tête. Toutefois, en premier lieu, ce fut la baraque à barbe à papa qui attira mon attention, ma conscience me conseillant de ne pas craquer. Cependant face à ce genre de choses, j’étais assez faible. Je fis signe à la demoiselle de s’arrêter puis sans explication, j’en commandai une au commerçant puis on reprit la route ensuite tandis que je la dégustais. Je ne parlais pas et un peu égoïste, je n’avais pas songé au fait que Sae Ra désirait peut-être manger ou boire quelque chose elle aussi. J’étais tellement fermé dans ma bulle, sans avoir l’habitude de proposer aux autres que je n’y avais pas pensé. Reprenant un bout de la sucrerie, je détournai discrètement mes yeux en sa direction avant de les ramener sur ma commande, répétant le geste à plusieurs reprises. Je soufflai intérieurement, et sans la regarder, gêné, je lui tendis la barbe à papa, plantant mes yeux au loin devant nous. Au moins ainsi si elle en voulait, je lui donnais l’opportunité de se servir et d’y goûter. Ah… Si on nous voyait, qu’est-ce qu’on penserait de nous ?

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Love makes me strange •

La maison hantée. Cela ne présageait rien bon. Et j’avais comme un mauvais pressentiment. Bien sûr que non, j’étais loin d’être effrayé par ce genre de choses cependant sans savoir pourquoi, je sentais que ça n’allait pas me plaire pour autant. Je préférais les attractions plutôt calmes, qui ne demandaient pas à se faire remarquer et qui me mettais facilement plus à l’aise. C’était pour cela qu’en général, j’étais plus attiré par les stands puisqu’il s’agissait d’activité et non pas des manèges où on devait s’extasier, lever les bras et crier à plein poumon. J’avais bien aimé le tir à la carabine, c’était drôle et puis j’avais pu voir l’effet que ça faisait de toucher à un fusil même si ce n’était pas un vrai. J’aurais voulu gagner plus qu’un futile lot afin de faire comme dans les films et attraper une grosse peluche pour la demoiselle avec moi néanmoins à croire qu’on n’était pas dans un film et encore moins dans un drama. Tant pis. Le principal était que je sois là et que je m’amuse non ? Bien que je n’en donnais probablement pas l’impression au vue de l’air indifférent et impassible que j’affichais. Même quand Sae Ra mentionna la maison hantée, je n’avais fait qu’hausser les épaules comme si ça n’avait aucune importance alors qu’au fond de moi, j’appréhendais à cause de ce pressentiment qui ne cessait d’accroître à l’intérieur. Je la suivais sans broncher, regardant les décorations autour de moi alors que des cris fusaient de part et d’autre de nous. Je ne trouvais pas que ça avait l’air terrifiant, il suffisait de savoir que ce n’était que des maquettes ou des personnes costumés pour ne pas avoir peur. Et encore, j’ignorais comment je réagirais si ces gens étaient réels et que les personnages de film d’horreur se mélangeaient dans la réalité. Probablement que je serais encore inexpressif et que je me résoudrais à perdre la vie si tel était mon destin. Si on lisait dans mes pensées, probablement qu’on dirait de moi que j’étais un peu fou et pas normal. Mais j’étais quelqu’un d’assez faible, qui ne cherchait pas toujours à trouver des solutions et se contentait d’abandonner devant le moindre obstacle. Mon indifférence provenait sûrement de là. Mes pupilles s’étaient juste légèrement arrondis quand la jeune femme s’était emparée de mon bras avant de pénétrer dans la maison cependant je n’avais pas bronché ni même cherché à me décaler. J’avais juste été surpris. Mais, je l’avais vite perdu dans cet endroit à cause de sa peur et essayant de la retrouver, je marchais tranquillement, sursautant quant un fantôme apparut de nul part - je ne l’avais pas vu venir celui-là - puis sans que je ne puisse réagir, Sae Ra m’avait rejoint en se collant à moi. Comment expliquer cela ? Ses gestes me dérangeaient néanmoins pas de la même manière qu’habituellement. J’avais toujours cette impression que ma respiration se bloquait et que j’aurais voulu qu’elle se décale à cause de ce manque de souffle. Cependant, mon coeur battait la chamade, tellement qu’il menaçait presque d’exploser et c’était la raison pour laquelle j’étouffais. Parce qu’une chaleur immense se transcendait dans tout mon être et que je ne savais pas quoi faire pour calmer toutes ses émotions. Bien sûr j’étais chamboulé par cette proximité, je n’aimais pas être collé autant seulement, quelque part au fond de mon âme, je savais que j’appréciais cette étreinte. Mais elle me faisait perdre la tête et me tourmentait encore plus que je ne l’étais déjà.

Un soupir de soulagement s’échappa de mes lèvres lorsqu’elle se décala enfin et qu’on atteignit la sortie. Je la regardais, amusé même si la lueur dans mes yeux ne reflétait certainement pas ce sentiment. Je ne pouvais lui en vouloir de s’être autant rapproché de moi puisque j’en déduisais qu’elle-même avait du être effrayée par l’attraction. Et c’était drôle en y songeant. Elle ne donnait pas cette impression quand on la connaissait ne serait-ce qu’un petit peu. Même si je ne pouvais pas dire que je la connaissais réellement. J’arquais un sourcil en la voyant me tendre une pomme d’amour et haussai les épaules sans donner de réponse quant au fait que j’aime ou non. C’était la première fois que j’en mangeais une alors je n’avais pas d’avis là-dessus mais croquant dans le fruit, j’hochais vivement la tête pour dire que oui, c’était bon. Trop sucré certes cependant j’aimais bien malgré tout.

Je déviais mon regard vers la grande roue et inclinai ma tête sur le côté en essayant de deviner ce que la jeune femme souhaitait dire par « rumeur ». Néanmoins elle marquait un point, il devait vraiment y avoir une belle vue de là-haut et moi-même j’étais curieux de découvrir ce paysage, ce panorama de Tokyo.

- Pourquoi pas, Répondis-je alors, continuant de manger ma pomme avant de lui faire signe de venir.

Notre tour arrivant, on nous fit monter dans des espèces de cabine qui n’étaient pas très grandes, peut-être même un peu trop serré à mon goût. Evidemment, il y avait assez d’espace cependant pour une personne comme moi qui avait du mal avec son cercle d’intimité, je considérais qu’on était sûrement trop proche. Le manège commença et la roue fit doucement son tour tandis que j’essayais de me concentrer sur l’extérieur. Maintenant que j’y pensais, dans les films, il n’y avait pas beaucoup de scène dans les grandes roues dans les fêtes foraines et lorsqu’il y en avait, c’était souvent pour des passages amoureux. Au début, les personnages contemplent le paysage avec un doux sourire aux lèvres, le commentant chaleureux puis peu à peu ils se rapprochent et finissent par s’embrasser sous un ciel étoilé. J’en frissonnai alors que discrètement je contemplais Sae Ra assise à coté de moi. Pourquoi m’étais-je mis à réfléchir à ça ? J’étais encore plus troublé et mon coeur ne paraissait pas s’en remettre non plus. Etait-ce ce genre de rumeurs que tenter de mentionner la jeune femme ? Peut-être. Si j’avais su, je ne serais probablement pas monter à l’intérieur. L’atmosphère qui régnait était devenu plus étrange et je me sentais particulièrement bizarre. Ne pas la regarder. Ne surtout pas la regarder et se coller un peu plus contre la paroi de la cabine, observer la vue offert sur la capitale qui au passage était vraiment magnifique. Il ne faisait pas nuit cependant j’étais tout autant charmé. Ce genre de paysage avait le don de me calmer et d’apaiser mon coeur bien qu’en ce moment, ce dernier battait sans arrêt sans que je ne puisse en donner les raisons. Et puis, la roue s’arrêta, nous permettant d’observer le panorama avec plus d’intérêt tandis que nous étions tout en haut du manège. C’est en général, à cet instant précis que les deux protagonistes s’embrassent dans les films et qu’on voit les astres illuminaient le ciel de toute leur splendeur. Bon sang, pourquoi je me tracassais à ce propos là ? Machinalement, j’avais détourné mon visage et je me rendais compte qu’en vérité, on était encore plus proche que ce que j’avais pensé. Je ne la quittai pas du regard et pour la première fois, je la contemplai avec attention... Jusqu’ici, je n’avais jamais cherché à le faire, certainement du au fait qu’on n’était pas dans une telle situation et qu’aujourd’hui était le moment propice pour s’apercevoir de tout ça. J’avais toujours reconnu que Sae Ra était une belle femme cependant désormais, en l’observant de si près, je remarquai que ce n’était pas seulement ça. Elle avait ce quelque chose... Ce quelque chose qui la rendait particulièrement attirante et qui maintenant que j’y songeais, m’avait déjà troublé l’autrefois. Je ne parvenais pas à détacher mes yeux des siens, ils me semblaient si doux et si ensorceleur en même temps. Puis, je rompus cet échange en descendant lentement mes prunelles vers son visage, plus précisément ses lèvres qui firent naître un frisson dans tout mon corps. J’étais incapable de mettre des mots sur ses émotions mais le simple fait de désirer les toucher me chamboulait complètement. Je ne pensais pas que cela soit une bonne idée. Depuis Osaka, cette femme avait la manie de me troubler, de me changer et de créer une tentation immense qui me frustrait parce que je ne voulais pas y céder. Où est-ce que cela nous mènerait si je le faisais ? J’avais déjà commis une erreur par le passé, je ne voulais pas recommencer. Bien que, aujourd’hui, la situation semblait différente. Je n’étais pas pareil avec Sae Ra. J’avais l’impression de devenir quelqu’un d’autre et que plus elle était à mes côtés, plus je pourrais être une bonne personne dont je serais fier.

J’hésitais. Par cette peur de frôler mes doigts contre sa peau, par peur d’entrer dans une proximité effrayante, par peur de l’avenir, par peur de tant de choses finalement... Je levai doucement ma main en sa direction, la rabaissant légèrement avant d’aller la poser près de son cou, mon pouce contre sa joue. Je tremblais quelque peu, parce que oui, je n’étais pas habitué à me comporter de la sorte et j’avais peur de ce rapprochement. J’étais loin d’être une personne tactile et je détestais qu’on me touche, qu’on soit trop près de moi néanmoins en cet instant précis, malgré ça, il y avait une partie de moi qui demandait à passer au-dessus de cette peur, parce qu’elle voulait goûter au saveur d’un doux et tendre baiser. D’un geste frêle et peu sûr de lui, je caressai sa joue sans jamais détourner mes yeux des siens. L’atmosphère était certainement ce qui nous poussait à être autant enfermé dans notre bulle, comme si, ici et maintenant, il n’y avait qu’elle et moi, que moi-même j’étais poussé par une force inconnu et que je n’étais pas complètement moi-même. Bien sûr que je l’étais, néanmoins, j’avais tellement l’impression d’avoir beaucoup plus de courage. Habituellement, j’aurais probablement fui une telle situation, je me serais éloigné d’elle et aurait fait tout mon possible pour ne pas la toucher. Mais j’en avais envie. Je ne comprenais pas mes sentiments, ni cet amas d’émotion qui m’encombrait, encore moins ces papillons dans le ventre, cette flamme qui s’accentuait dans mon coeur, et cette frustration incessante.

- Je crois que je suis en train de faire n’importe quoi, Chuchotais-je en retirant soudainement ma main et déviant mon regard ailleurs, mal à l’aise.

On avait été proche. Très proche. Un peu plus et j’aurais pu sentir son souffle effleuré mes lèvres. Je ne me comprenais pas et j’avais envie de me gifler de m’être décalé. Parce que, au fond de moi, j’aurais vraiment voulu l’embrasser. Elle m’attirait. Voilà. Le problème était là. Un peu plus chaque jour, cette femme me transformait et m’attirait. A un point que moi, j’étais prêt à prendre une telle initiative et sceller nos lèvres ensemble. Peut-être m’aurait-elle repoussé mais c’était frustrant. Frustrant de désirer une chose à ce point.
Je n’osais pas la regarder, pourtant c’était ce que je fis, lui adressant un sourire timide alors que j’aimerais qu’on me donne un peu plus de courage et que je puisse franchir cette proximité qui me braquait.

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Love makes me strange •

Je bénissais le fait qu’on ne puisse pas sentir les battements mon coeur et à quel point ces derniers étaient forts. Je ne me comprenais pas moi-même. Je n’étais pas idiot et avait déduit peu à peu tout ce que cela signifiait néanmoins la question était pourquoi. Pourquoi maintenant et pas avant ? Pourquoi Sae Ra avait été le genre de femme à m’attirer, à me rendre si vulnérable alors qu’elle était l’exacte contraire de Natsuki. Bien sûr la relation en soit était elle aussi différente et Natsuki paraissait plus forte, plus sévère également et obtenait toujours si facilement ce qu’elle voulait. Je n’appréciais pas particulièrement être avec elle mais il y avait ce quelque chose qui m’empêchait de lui résister. Une partie de moi le voulait malgré tout. Cependant, je n’avais jamais ressenti les sentiments que j’éprouvais en cet instant précis et je ne saisissais pas pourquoi. Qu’avait Sae Ra pour me transformer ainsi ? Je l’ai détesté au début à cause de sa folie immesurable, de sa manie à toujours aller à l’encontre de mes souhaits et jamais je n’aurais pu imaginer qu’on en arriverait là aujourd’hui, qu’on serait aussi proches. Car oui à mes yeux on l’était, pour que je devienne aussi courageux, que j’accepte de la toucher et qu’elle se colle contre moi, c’était qu’on s’était rapproché. Plus que quiconque aurait pu le penser. Peut-être que le fait de découvrir ce coté frêle de sa personnalité avait atténué mon jugement à son propos. Je la revoyais encore après cette agression, ses doigts qui tremblaient, la panique qui se reflétait dans ses pupilles, ses larmes qui avaient coulé sous ses yeux. Je crois que ça m’avait choqué parce que jamais je n’avais songé que derrière ce visage se cachait une personne aussi fragile. Et maintenant que j’y réfléchissais, on disait que c’était souvent ceux qui se camouflaient derrière une immense joie qui sont les plus sensibles et qui camouflent bien trop souvent leur peine. Je suppose que j’admirais cette force dont faisait preuve la jeune femme. Et me surprenant moi-même, j’étais curieux d’en découvrir plus sur elle. Oui, j’avais envie de savoir quel passé elle avait eu, ce qui la tracassait et la rendait triste, mais ce qui la rendait heureuse aussi, je voulais savoir ce qu’elle aimait, ce qu’elle détestait... Son caractère, au bout du compte, le cernant peu à peu, j’avais fini par l’apprécier parce que je m’étais aperçu que non, elle n’était pas que folle et que derrière cette folie se cachait quelqu’un de plus fragile, qui ne demandait certainement qu’à connaître le bonheur et qui profitait de la vie à sa façon. Autant dire que je devais être son total contraire, j’étais indifférent à tout et je ne pouvais pas dire que je profitai de la vie, je la laissais complètement couler.

Je savais que l’atmosphère et l’ambiance qui y régnait avait joué aussi cependant mettre la faute uniquement sur cela était stupide. A Osaka aussi, j’avais été troublé et on n’était pas dans une grande roue en train de contempler le panorama de la ville. On était dans une chambre d’hôtel certes mais je continuais à penser que ce n’était pas à cause de toutes ses péripéties, c’était parce qu’elle m’attirait que je me torturais autant l’esprit à présent. Si ça avait été quelqu’un d’autre, je savais pertinemment que je n’aurais pas eu cette réaction. Je me serais coller contre la vitre de la cabine, le plus loin possible par peur que l’autre m’effleure de trop alors qu’étrangement, avec Sae Ra, je ne m’en tracassais pas réellement - un peu certes. J’avais tout de même l’impression de faire n’importe quoi bien qu’au fond de moi, j’avais réellement envie de plus. Néanmoins, j’en étais incapable, j’avais trop d’appréhension à l’intérieur et ne pas savoir ce que pouvait éprouver l’autre à côté de soi n’aidait pas la situation. Gêné, j’avais abordé un sourire timide avant de reporter mon attention sur le paysage qu’offrait la capitale, le trouvant tout à coup tellement plus intéressant. Alors que pas du tout. J’étais inlassablement attiré par la jeune femme assise à côté de moi cependant je ne devais pas la regarder sinon mon coeur allait finir par exploser et je ne saurais pas quoi faire pour calmer ses ardeurs.

Mais, contre toute attente, mes cils papillonnèrent de surprise à la sensation de lèvres douces contre les miennes. Délicatement, je passai ma main peu sûr d’elle derrière la nuque de Sae Ra et répondit à ce frêle baiser. Je comprenais un peu mieux les compliments que je lui avais fait l’autre soir, lorsque j’étais complètement ivre. Je pouvais à présent mettre des mots sur le goût de ses lèvres et sincèrement, elles étaient exquises, avec un léger goût sucré. J’étais en train de littéralement me perdre néanmoins ma partenaire décida de ne pas laisser le moment durer plus longtemps et interrompit l’échange aussi vivement qu’il avait commencé. Je peinais moi-même à réaliser les évènements et j’aurais aimé éteindre cette flamme qui s’agrandissait de plus en plus dans le creux de mon âme. Pourtant elle était douce et chaleureuse, me faisait beaucoup de bien cependant être incapable de discerner tout cet amas d’émotions me rendait fou. J’aimais et n’aimais pas ça à la fois. J’étais tellement paradoxal parce qu’au fond, je savais pertinemment ce que je voulais, ce que je désirais mais machinalement, je me mettais des barrières. Un soupir s’échappa discrètement de mes lèvres, ne sachant quoi faire alors que soudainement, je croisai à nouveau ses yeux qui m’attiraient de plus en plus. Ce n’était pas une bonne idée... Je le savais aussi. Mais c’était presque comme si mon corps agissait de son propre chef, tel un aimant qui désirait à tout prix rejoindre sa moitié. Mes doigts tremblant retournèrent se nicher dans son cou et n’hésitant plus, je laissai mes paupières se clore avant de venir à mon tour l’embrasser. Je n’avais pas vraiment confiance en moi et je suppose que cela se ressentait dans mes gestes. C’était la première fois que j’étais si proche de quelqu’un et que de moi-même, je n’éprouve pas l’envie de m’en décaler. Au contraire, je souhaitais presque m’en rapprocher encore un peu. Je caressai tendrement la peau de sa nuque à l’aide mes phalanges pendant que le baiser passait de la candeur à quelque chose de plus doux avant de devenir plus avide, plus passionné. Non... Ce n’était pas une bonne idée. Pourtant, je ne parvenais pas à écouter ma raison et ne me détachai pas de ses lèvres, ne remarquant pas non plus, la roue qui s’était ranimée et avait repris son tour.

A bout de souffle, je me reculais, n’osant pas affronter le regard de Sae Ra et j’apercevais notre cabine qui arrivait à la fin. Esquissant un sourire gêné, je l’invitai de ma main à sortir en premier puis je fis de même, m’inclinant devant le forain qui tenait la porte. Après ça, qu’étions nous censés faire ? Je ne me voyais pas parler de ça. Non pas que je regrettais ou quoi ce soit d’autre, juste que c’était le genre de sujet que je préférais fuir. On verra bien comment évolueront les choses plus tard non ? Suivant la jeune femme, je fronçai les sourcils, me concentrant à ne pas dire de bêtises.

- Je pense que je n’ai plus qu’à gagner cette grosse peluche, Lançais-je alors de mon ton habituel.

C’était toujours mieux que de ne rien dire. Je ne lui laissai pas le temps de répliquer que je lui fis signe de me suivre avant de payer pour participer aux stands. Un jeu de baseball, pour moi, c’était facile. Et je n’eus pas besoin de seconde partie que j’avais déjà gagné, y mettant tout mon sérieux dans le jeu. A un point que les gens autour s’étaient arrêtés pour regarder, me forçant machinalement à baisser la tête, je n’avais pas envie qu’on me reconnaisse.

- Choisis.

Je me tournais vers Sae Ra, l’invitant à prendre la peluche qu’elle préférait. Après tout, c’était en partie pour elle si j’avais joué, parce que le baseball, je l’évitais comme la peste. Mais, les sensations avaient été quelque peu différentes, probablement parce qu’il n’y avait pas d’enjeu derrière et que c’était juste une partie de plaisir. Je lui remis le nounours entre les mains, ne pouvant retenir le rire cristallin qui se libérait de ma bouche en l’observant. Elle faisait tellement petite à côté du lot et je ne pouvais m’empêcher de trouver cela drôle. A croire qu’un truc aussi stupide suffisait pour m’amuser. J’étais incapable de l’expliquer mais j’étais bien. Vraiment bien. Comme je ne l’avais jamais été. La question était...

- Que faisons nous maintenant ?

J’essayais de ne pas penser au baiser d’il y a quelques instants, à ce coeur qui battait la chamade mais ce n’était pas facile. Je n’étais pas à l’aise bien que cela ne se ressentait certainement pas. Néanmoins, je n’avais pas envie de gâcher tout ça, je voulais rester au calme et être avec elle. En particulier, je voulais être avec elle. Je désignai le snack de mon index, lui proposant d’aller s’y assoir puis je revins deux boissons en main et de quoi grignoter. En silence, je lui tendis son verre et but dans le mien à l’aide de ma paille, ne sachant pas quoi dire. A défaut de ne pas parler, je fixais la peluche posée sur une chaise à côté et je souriais intérieurement. Parce que je crois que oui, j’étais heureux. Réellement. Je ne m’étais jamais autant amusé parce que jusqu’ici, personne ne m’en avait laissé l’occasion. Alors j’étais content d’avoir rencontré Sae Ra, même si tout cela m’effrayait, j’avais l’impression qu’elle me rendait différent et que peut-être, je pourrais devenir quelqu’un de bien. Quelqu’un de meilleur.

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