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Satoshi & Kwan Sun

Allongé sur son lit, jambes majestueusement étalées contre le mur dans un v plus ou moins charmant, Kwan Sun observait le plafond de la chambre, se demandant par quelle magie il était encore blanc. C'était peut-être une illusion d'optique, qu'il était en fait d'un jaune sale, mais que ses rêves d'enfants rendaient immaculé. C'était beau. C'était stupide. Non, c'était mignon. Comme lui, qu'on se le dise. Il fallait juste bien regarder, ce que beaucoup de personnes ne faisaient malheureusement pas correctement. Triste vie.

Bref. Donc, Moon Kwan Sun restait paresseusement couché là, son précieux fessier posé sur son coussin – il le retournait pour dormir. Un sourire idiot aux lèvres, il avait presque envie de glousser de fierté. Il avait hâte d'annoncer la nouvelle à ses frères. Hideyoshi serait fan, et Satoshi ne pourrait plus râler sur sa présence soit disant inutile. Son aîné ne comprenait pas, une carrière mettait du temps à décoller. Est-ce qu'il lui reprochait, lui, de faire des études qui duraient mille ans ? Non. Parce que c'était un adorable cadet qui respectait les choix de son aîné. Et surtout, parce qu'il ne savait pas combien de temps ça durait vraiment, médecine, bien qu'il commençait à trouver ça fichtrement long. Il aimait bien les frites gratuites, lui.

Quand enfin le bruit des clés dans la serrure se fit entendre, Kwan Sun se releva d'un bond. D'un roulade, plutôt. Arrière, attention ! Bon, il s'était cogné le genou à sa table de chevet, et il avait un peu mal. Mais no big deal, c'était un grand garçon. S'il saignait, Satoshi lui soufflerait dessus. Il ne le ferait pas, mais Kwan Sun trouvait ça honteux. « Satoshi-nii ! Okaeri ! » Japonais jusqu'au bout, bientôt, il serait une épouse nipponne parfaite. Non. S'il faisait son mignon, son grand-frère l'écouterait plus attentivement. Peut-être pas, mais on avait dit qu'il était mignon, et qu'on devait le remarquer. « T'as passé une bonne journée ? » Kwan Sun se dirigeait déjà vers la cuisine, ouvrant le frigo pour en sortir les deux dernières bières. « Ah... T'as fait les courses ? » Lui ? Pas le temps.

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Kwan Sun & Satoshi

Quelqu'un savait pour Jin Ki. C'était perturbant, déroutant, surtout d'en avoir entendu parlé. Son nom passait toujours sous silence, on ne l'évoquait même pas. Comme si cette soirée n'avait pas existé, comme si lui-même n'avait jamais existé. C'était le cas pour Hideyoshi, même s'il finirait par se souvenir de lui. Satoshi ne se faisait pas d'illusions. Un jour, le cadet saurait ce qu'il avait fait, qui était l'homme qui devait s'occuper d'eux. Il redoutait ce jour, mais il saurait y faire face. Comme il avait su tout affronter jusque là. Il aurait peut-être du le forcer à se souvenir, il ne serait pas devenu aussi arriéré qu'il l'était, mais il préférait le voir évoluer dans un monde tout rose, quitte à ce qu'il s'y perde, que d'affronter la réalité. C'était ce qu'il tentait de leur faire faire depuis des années.

Quittant la jeune fille, il ne chercha pas à faire de détour, rentrant directement chez lui. Le métro était bondé, mais ça ne l'avait jamais dérangé. Il était déjà habitué à ça à Séoul. Il était né avec cette impression de n'être jamais seul. Poussant accidentellement une vieille dame, il s'excusa en s'inclinant un peu, levant les yeux au ciel quand elle le dévisagea. Il pourrait tenter de plaisanter, lui demander si elle réagissait comme ça parce qu'il était noir mais il n'avait pas trop la tête à ça. Il quitta plutôt rapidement la rame dès son arrivé, avançant encore quelques mètres jusqu'à l’immeuble dans lequel il vivait, un profond soupir de soulagement une fois arrivé chez lui. Laissant sa veste et ses chaussures dans l'entrée, il déposa son portefeuille dans le salon. Il avait soif, terriblement soif. Attrapant un verre, il se servit au robinet, vidant le tout d'une traite avant d'entendre des pas venir vers lui. Kwan Sun. Il arrivait à reconnaître la démarche de chacun. Contenant un soupir, il se tourna finalement vers lui en souriant. « Oh, tu es déjà rentré ! » Avant de froncer les sourcils. « Tu es bien allé en cour ? » Il savait qu'il ne plaisantait pas avec ça. « Oui, ça va. La routine. » Une ex-voisine à qui il soutirait du fric savait pour Jin Ki, mais tout va bien, il gère. Ou pas vraiment mais voilà.

« Les courses? » Ah, oui, c'était un autre problème. « Non. On est un peu à sec, c'est la fin du mois. » On est le 16 novembre, mais les mois étaient courts chez les Moon. Sa devise, c'était de ne jamais dramatiser, ne jamais paniquer, toujours relativiser. « C'est rien, vous viendrez au macdo, j'ai un repas gratuit par poste, je glisserai des trucs en plus, vous aurez qu'à partager. Pour le reste, on va trouver t'inquiète. » Ils avaient encore du riz, quelque part. Ne pas s'en faire, jamais. Satoshi avait toujours embellit les choses, sur leur famille, la vie qu'ils avaient. Sur ce père et cette mère disparus. Il se demandait comment ils réagiraient s'ils savaient que leur mère était une prostituée et qu'ils n'avaient pas le même père. Non, ils allaient éviter d'en parler. « Et toi alors, ta journée ? Tu avais quoi comme cours ? T'es rentré directement après ? » Qu'il sache s'il avait volé un truc ou non. Il préférait se préparer à un éventuel rendez-vous galant avec l'agent Tanaka.

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Satoshi & Kwan Sun

On disait tadaima, Kwan Sun avait bien envie de le lui rappeler. Sauf que non, il devait garder Satoshi de bonne humeur. Il pouvait le faire, allez. Jouer les petits-frères tout mignon à qui on avait envie de faire un câlin tellement il était adorable. Non, pas ça. Il avait promis se montrer moins sensible. Et plus viril. Il devait y arriver. Une tape dans le dos. Mais pas trop fort, il marquait vite. Et si Satoshi lui tirait les joues ? Ce serait lui qui passerait pour un émotif. Kwan Sun divaguait. Clignant bêtement des paupières, il fixa son frère un instant. « J'avais pas cours, cet après-midi. » Du moins, c'était ce qu'on lui avait dit. Et disons qu'il l'avait rapidement crû, sans qu'on ait besoin d'insister vraiment. Déglutissant sans bruit, le cadet afficha finalement un grand sourire, comme pour l'amadouer. Tant mieux si Satoshi n'avait rien à lui raconter, lui, il avait un truc génial à lui annoncer !

Cependant, une moue inquiète déforma rapidement ses traits. Kwan Sun s'en voulait. Si seulement sa sale manie se dirigeait vers des porte-feuilles, à la place des straps pour téléphones portables. Il pouvait peut-être essayer de les vendre à une collégienne un peu naïve. Un jour, on lui avait dit qu'il ressemblait à une idole coréenne. Ça l'avait vexé, puis flatté. Puis vexé à nouveau. Surtout que les filles s'étaient éloignées en gloussant comme des dindes, alors il était un peu perdu. « Je peux essayer de me faire inviter quelque part, y a sûrement une soirée de prévue. » Se grattant distraitement la joue, Kwan Sun regarda ailleurs. Il en avait un peu marre du riz blanc. Des frites, jamais ! Mais ses frères devaient manger aussi. Parler de sa journée. Ennuyeuse, à un détail près. « Sur la nutrition. » Petit blanc. Il aurait dû inventer un truc.

« Ah mais ! Satoshi-nii ! Bientôt ! » Balayant le reste dess interrogations de son aîné, le cadet fila dans sa chambre, avant de revenir, une feuille entre ses mains. « Regarde, j'ai un contrat ! » Son cœur palpitait de joie. Tapotant les caractère du bout de son index, Kwan Sun afficha un grand sourire, qu'il dédia à Satoshi. Le laissant se saisir du papier, il s'écarta, balançant ses bras, comme pour mieux réaliser. « Je vais être fesses pour une marque de sous-vêtements ! » On prenait ce qu'on pouvait. Il serait face plus tard.

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Kwan Sun & Satoshi

Satoshi s’en voulait un peu, de ce qu’il avait pu dire sur ses frères à Eun Ha. Il savait que c’était sous le coup de la colère, il savait aussi que c’était en partie ce qu’il pensait. Parfois, il en avait marre, il avait envie de les planter là, qu’ils se débrouillent. Il voulait avoir une vie aussi, profiter de ces années qu’on lui avait volé, les recréer s’il le fallait, mais il n’en avait pas le droit. A cause d’eux. Puis, il s’imaginait partir un jour, les abandonner. Au fond, il savait qu’il ne pourrait pas. C’était ses frères. Mais plus que ça en réalité. Un peu comme ses enfants, la relation qu’il entretenait ressemblait plus à celle d’un père avec ses deux fils. Attardés et pénibles.

A sa réponse, il fronça un peu les sourcils, mécontent. Pas cour ? « Pourtant, tu as souvent cour le mercredi, Kwan Sun. » Cependant, pour une fois, il n’avait pas envie de chercher, ni de le réprimander pour son manque de sérieux. Il n’avait jamais vraiment compris ce que son frère faisait en mannequinat, sans pour autant jamais cherché à le décourager. Actuellement, il devait plutôt le rassurer. Ils n’allaient pas mourir de faim, Satoshi trouvait toujours une solution, quitte à piquer un peu de nourriture à l’université. Maintenant qu’il ne pouvait plus plumer Eun Ha comme il le souhaitait, il allait devoir trouver autre chose. « Te faire inviter ? » Il cligna les yeux plusieurs fois. Par qui ? Où ? « Y a peut-être des soirées oui. » Il pourrait demander à Yuto de l’aider. Ou Ryoma ? Mais il n’arrivait pas à s’y résoudre. La requête restait coincée dans sa gorge, il ne pouvait pas. Ce serait comme perdre sa dignité. Et il n’en avait déjà pas beaucoup alors autant conservé le peu qu’il y avait.

Ses questions sans réponse, le Coréen fronça les sourcils en le voyant filer dans sa chambre. Un contrat ? Allons bon, combien de temps est-ce que ça allait durer avant qu’on ne le renvoie et qu’il vienne chouiner chez lui en disant qu’il ne comprenait pas avant de lui expliquer tout ce qu’il avait fait de mal en pensant toujours encore que c’était du travail parfait ? « Fesses… ? » Non. Il ne devait pas. Ses lèvres se pincèrent, et sa main se posa devant sa bouche. Il ne devait pas. Non. Ses dents se plantèrent dans sa lèvre en regardant son cadet. « Fesses. » Oui, fesses. « C’est… C’est bien Sunnie… » Il devrait y aller maintenant, faire un tour, promener le chien qu’il n’avait pas encore, pour s’entraîner. « C’est très… » Drôle. Sinon pourquoi ce hurlement qui réveillerait le chewbacca ? Pourquoi ce rire incontrôlable ? Satoshi se laissa tomber sur la chaise derrière lui, incapable de se calmer. « Fesses. Pour des sous-vêtements. Donc y aura des slips d’une marque représenté par ton cul ? » Oui, c’était un peu près ce que ça voulait rire. Et il remerciait le ciel pour une fois de lui avoir donné Kwan Sun pour pouvoir rire comme ça. Il espérait au moins que ça payait bien.

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Satoshi & Kwan Sun

Pourtant, il avait souvent cours le mercredi. Est-ce que Satoshi apprenait par cœur leur emploi du temps ? Et est-ce qu'il lui demandait, lui, où il passait ses mercredi, hein ? Bon. Peut-être que le planning scotché maladroitement sur la porte de sa chambre aidait un peu son aîné à se repérer. Ou peut-être simplement qu'il avait bonne mémoire, mais ça, Kwan Sun s'en fichait un peu. Pourquoi ne pouvait-il simplement pas le croire et lui faire confiance ? Bon, d'accord. Peut-être que le futur mannequin internationalement connu et futur époux de Miranda Kerr – c'est-à-dire lui hein (Moon Kwan Sun), qu'on s'entende bien – n'était lui-même pas très sûr. Mais inutile de tergiverser. Il avait beaucoup plus important à dire.

Cependant, la question du repas revint bien rapidement sur le tapis. Oui. Une soirée étudiante devait bien se dérouler quelque part. A l'autre bout de la ville, peut-être. Pas grave, Kwan Sun irait. Il frauderait pour prendre le train. Il était très doué pour se faire adopter par les petites mamies. Juste adopter. Le garçon n'était pas trop dans le délire cougars. Pas encore – il avait encore un petit espoir. « T'inquiète ! J'ai mes plans ! » Que Satoshi soit en droit de se demander lesquels, le cadet n'y pensait pas. Les questions, il les éviterait. Kwan Sun avait bien quelques connaissances, ça et là. Il arriverait bien à s'incruster quelque part. Au moins le temps de grappiller de quoi se remplir un minimum, avant de se faire jeter. Oui, voilà. Parfait ! Que son aîné ne s'inquiète pas, il gérait très bien. A peu près. Il verrait bien... « Pense plutôt à Hide ! » Où était-il encore passé, celui-là, d'ailleurs ?

Mais aussi importante était cette question, aussi pleines de bon sens étaient celles de Satoshi, ça pouvait attendre. Kwan Sun tournait en rond, depuis qu'il avait eu la nouvelle. Ou depuis que c'était officiellement officiel. Maintenant qu'un contrat se trouvait en sa position, la réalité de la chose lui semblait plus vraie encore. La carrière de super mannequin de Moon Kwan Sun allait enfin débuter ! Il en était si fier ! Bientôt, il pourrait boire du champagne pour célébrer ce genre d'annonces. Champagne qu'il recracherait sûrement ensuite, mais ça n'avait pas d'importance. Tout heureux de faire part de la nouvelle à Satoshi, Kwan Sun affichait un sourire un peu trop large. Son bonheur n'avait pas d'égal. Sûr que ça lui en boucherait un coin, à son aîné ! Sautillant presque sur place, il déglutit, attendant les félicitations qui lui étaient dues. Son sourire se fana légèrement, en constatant que son grand frère ne paraissait pas saisir à quel point son petit frère était génial.

C'était bien. Comment ça, c'était tout ?? La déception sur le visage du mannequin incompris se fit grande. Encore plus sous l'éclat de rire de son aîné. Grognant un coup, Kwan Sun arracha le papier des main de cet idiot qui ne comprenait pas que ce contrat était merveilleux. Reculant de quelques pas, il serra le sésame contre son torse. « Eh bah quoi ! » Affichant une mine boudeuse, Kwan Sun tenta de se montrer confiant. « C'est très cool, ok ! » Sa main secoua doucement la feuille en l'air. « Grâce à ça, je vais en décrocher plein d'autres ! » Il aurait pu avoir cette pub pour ce parfum qui rendait soit disant irrésistible, soit. Mais il aurait aussi pu être choisi pour la pub pour les hémorroïdes, et ça, non, clairement, il n'aurait pas supporté. Roulant ses lèvres l'une contre l'autre, Kwan Sun croisa ses bras contre son torse – faisant bien attention à ne pas froisser son précieux contrat. « Fais toi à l'idée d'avoir bientôt mes fesses devant ton nez toute la journée ! Dans le train, aux arrêts de bus, affiché sur les immeubles du carrefour de Shibuya... ! » Partout. Bon, Satoshi et lui seraient sûrement les seuls à le savoir, mais c'était un début.

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Kwan Sun & Satoshi

C’était difficile de gérer les deux, Kwan Sun et Hideyoshi n’étaient pas des enfants faciles. Enfin, des enfants… Ils étaient adultes, ou plus ou moins. Des enfants dans des corps d’adultes, c’était sans doute ça. Au fond, Satoshi n’était pas en droit de leur reprocher. Ils n’avaient jamais réellement eu d’enfance, encore moins une vie normale, ils avaient du temps à rattraper depuis la mort de Jinki. Il aimerait bien pouvoir rattraper ce temps aussi, mais d’abord, il se consacrait encore un peu. Même si l’idée lui traversait l’esprit, surtout en revoyait Eun Ha, il savait qu’il avait d’abord d’autres priorités. Ils étaient ses petites priorités, qui étaient quand même relativement grande. Sauf pour Kwan Sun.

Pour le moment, il préféra ne pas répondre à sa petite histoire de plan. Satoshi ne lui connaissait sincèrement pas beaucoup d’amis, mais il savait qu’il pouvait se débrouiller pour en trouver. Enfin, plus ou moins ? Allez, il allait croire en lui, c’était son poulain, il pouvait bien faire comme s’il avait quelques amis, cachés quelque part, qui l’inviterait à manger. Même s’il était en mannequinat, Satoshi refusait de le voir s’affamer, peu importe la raison, il devait manger convenablement et ne pas devenir une sorte de spaghetti bizarre. Son frère était très bien tel qu’il était. Même s’il n’était pas très grand, qu’il avait un style à lui, ça n’avait pas d’importance. Il était très bien.

Même en mannequin fesses ? Bon, ok, ça, c’était juste beaucoup trop drôle pour passer à côté ! Son rire ne passait pas inaperçu, même s’il avait essayé, de tout son cœur, de ne pas se moquer. La terme le faisait rire, imaginer son petit frère, sur des panneaux publicitaires. Où on ne verrait même pas sa tête. D’accord, il fallait un début à tout, mais c’était mieux que rien, avouons-le. Il ne comprenait pas vraiment son intérêt pour le mannequinat, Satoshi ne s’était lui-même jamais vu dans ce domaine, il ne voulait pas être vu, connu, ni reconnu. Il aimait sa tranquillité. La médecine, avec des morts comme patients, c’était tout à fait ce qu’il désirait. « Oui, oui, c’est très cool… » Et très drôle. Il espérait vraiment que ça apporterait d’autres contrat, de tout son cœur. « Tu seras parfait. » En mannequin fesses. Satoshi ne parvenait décidément plus à se calmer. « Oh, tant que c’est juste en photo, tu sais, ça me va ! » Parce que les avoir en vrai devant la tête, avec l’odeur et tout, ça le tentait moins. « Du coup, c’est que les fesses ?... » Pauvre chou, il devait arrêter de se moquer. « Ils voulaient pas le service trois pièces ? Y a photoshop, au pire… » Ce n’était quand même pas si catastrophique de ce côté-là non plus. « Peut-être que les filles vont se battre pour tes fesses après ! » L’ambition, l’optimisme, il ne savait plus vraiment où ils en étaient. « Je suis vraiment fier de toi, même si ça me fait rire, promis, je suis fier ! » Il allait peut-être devenir riche et lui donner une partie. Il fallait toujours être optimiste !
 

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Satoshi & Kwan Sun

C'était légèrement vexant que Satoshi rit autant. Kwan Sun ne voyait pas vraiment ce qu'il y avait de drôle là-dedans. Bon si, un peu. Mais quand même ! Il avait enfin décroché un contrat ! Comme quoi, ses fesses valaient la peine d'être vues ! Si on lui avait dit ça possible un jour... Parce que bon, même lui, ça l'étonnait, ok. Mais enfin, pour la première fois dans sa vie, Kwan Sun avait réussi quelque chose. Pour une fois, il avait été meilleur que d'autres – parce que oui, il y en avait eu d'autres. Alors le rire de son grand frère lui fit un peu de mal. Les bras croisés sur le torse, il espérait rester digne, même si ce n'était pas si facile. Satoshi finirait par comprendre que c'était cool. Si ! Et il serait même fier de dire que c'était le cul de son frère qu'on voyait en grand sur Shibuya ! Oh, peut-être que des filles viendraient voir le mannequin pour qu'il leur dédicace la page du magazine dans lequel la publicité serait affichée ! Ce serait si beau... Peut-être qu'elles seront même plus charmées par le reste de son corps, qui sait...

Mais Kwan Sun allait laisser ses fantasmes de côté, revenant sur terre en entendant la voix de son aîné. « T'es juste jaloux. » Bon, il n'était pas idiot au point de se penser plus beau que Satoshi. Clairement, si on disait à un étranger que l'un se destinait à être mannequin et l'autre médecin légiste, il y avait 99% de chance que cet étranger se trompe sur qui voulait quoi. Tant pis. Ce contrat prouvait qu'il ne fallait sous aucun prétexte abandonner ses rêves, aussi absurdes semblaient-ils. Même aux yeux de ceux censés vous aimer et vous soutenir plus que tout.

Plissant le nez, Kwan Sun tira la langue à l'attention de son grand frère un peu trop taquin à son goût. « Que les fesses ! Je veux pas que toutes les filles de Tokyo se jettent sur moi tout de suite. » Le pire, c'était qu'il plaisantait à peine. Il priait vraiment pour qu'au moins une d'elle le reconnaisse alors qu'il marchait. Ce serait incongru comme rencontre, mais dans un drama, ça pouvait marcher, alors pourquoi pas dans la vraie vie ? Kwan Sun n'était plus à ça près d'espérer qu'une chose pareille lui arrive. « Tu verras ! Quand j'aurais plus de prétendantes que toi ! » Pourquoi le ciel avait si bien gâté Satoshi en le laissant lui à côté ? S servant un verre d'eau, Kwan Sun bougonna contre cette injustice. Mais les mots de son aîné lui réchauffèrent irrémédiablement le cœur. Roulant ses lèvres l'une contre l'autre, il fixa un instant son verre, avant de relever les yeux vers Satoshi. « Pour de vrai ? » Il avait l'impression d'être redevenu un enfant qui cherchait à se faire remarquer de son grand frère si mieux que lui.

« Je sais, hein, que c'est pas le contrat rêvé... » Kwan Sun rougit légèrement, se grattant distraitement la tête d'une main gênée. « Mais ça va ramener un peu d'argent ! Pas beaucoup je crois, par contre... J'ai pas compris grand chose au contrat... » Posant son verre sur le plan de travail, il se redressa. « Je te promets d'en décrocher des plus gros, à l'avenir ! Tu verras, je réussirai ! » Fronçant les sourcils, il serra les poings, déterminés. Kwan Sun voulait avoir l'air adulte, mais il avait sûrement plus l'air d'un gosse annonçant à sa mère qu'il vaincra le monstre sous le lit en s'endormant sans faire pipi dans ses draps. Soit. Le but était de se montrer courageux, ou un truc comme ça. A peu de chose près... « Mais tu sais, le bon côté... C'est qu'on aura plus besoin de s'acheter des slips pendant un moment. » Comme quoi, il fallait toujours rester optimiste. « Je te paye à manger ? » En tant que futur star du mannequinat, Kwan Sun pouvait bien faire ça pour Satoshi !

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