outfit ♥ † Il était temps d’agir comme un homme. C’était le devoir de tout individu que de s’informer de l’évolution des choses, n’est-ce pas ? Qui n’avait pas envie de savoir comment il allait rentrer chez lui ? S’il allait survivre ? Yuto était furieux. Furieux et excédé. Ce pilote incompétent qui avait réussi à les échouer sur une île totalement… Totalement… Il n’avait même pas de mot pour la décrire ! Si ce volcan ne faisait pas éruption, c’était lui, celui qui allait exploser. Plus déterminé que jamais à demander des comptes à l’idiot qui les avait mis dans un tel pétrin, Yuto s’approcha d’un pas décidé de l’homme qu’on leur avait désigné comme le pilote. « Vous êtes Byakuya, je suppose ? Vous avez un moment ? » Ce n’était pas vraiment une question. Il avait abandonné Ayumu spécialement pour parler à ce type. Il était hors de question qu’il continue à tourner en rond sur cette île qui puait l’herbe. Une fois à l’écart, il reprit la parole, plus excédé encore qu’il ne l’était en arrivant. « Ça va durer longtemps, cette plaisanterie ? » Non, parce que ça ne l’amusait pas. Il n’avait aucune envie de s’amuser et encore moins si c’était sur une île pleine de paysans. S’ils étaient cannibales, ils étaient dans le pétrin. Avec un peu de chance, il aurait arrêté de s’y croire.

outfit ♥ † Quand les pilotes réussissent l’atterrissage tout le monde applaudi, sérieusement est-ce que ce genre de réaction est normal de base ? Je n’ai jamais compris, mais j’accepte la reconnaissance des passagers, je ne suis dans le métier que depuis un peu plus d’un an maintenant, donc je suis en réalité plus souvent en copilote qu’en capitaine de bord. Je m’attendais pourtant à ce qu’une fois posé les remontrances et règlement de comptes s’imposent, bien que l’atterrissage en urgence fût réussi, le lieu était bien loin de celui où on devait les déposer, d’où l’importance de « atterrissage d’urgence » bien entendu, ce que certain semble avoir mal compris... Dur dur d’encaisser la faute alors qu’on aurait tous pu crever en se noyant dans l’océan, servant de repas aux requins, mais bon, j’assume, erreur technique, ça arrive. L’important c’est que tout le monde est vivant -pour l’instant- faut trouver le moyen de communiqué, sauf que bien entendu, la radio ne marche pas, le réseau ne passe pas, tout est fait pour qu’on est entièrement disparu des radars. Me faisant accoster par un des passagers, j’ai étudié moi aussi à RPS, certains de ses étudiants sont mes amis, mais malheureusement y en a d'autres qui veulent des réponses, ce que je comprends. Le suivant a l’écart malgré tout, je n’’étais pas du genre à me défiler, loin de là, si des choses doivent être dites, autant que ça soit fait. « Si j’avais la réponse à cette question croyez-moi qu’ont vous aurez déjà prévenu. » Faut rester calme et patient, ok on n'est peut-être pas sur l’île la plus sûr au monde, mais si des gens vivent ici, je suppose qu’on ne va pas connaitre de catastrophe volcanique au bout d’un jour ou deux de blocages. #Bonjourjeportelapoisse. « Faut rester calme, on fait au plus vite pour arranger ce problème. » C’est la première fois que je fais face à ce genre de situation, mais j’ai eu des simulations durant ma formation à l'ATPL.

outfit ♥ † C’était tout simplement fantastique. Combien de temps avaient-ils avant de mourir ? Avant d’être dévoré par la population locale ? Oh, ils auraient certainement trouvé une autre manière d’amener la civilisation sur leurs terres, si c’était le but de cet atterrissage forcé. Cette mascarade était profondément ridicule, et il n’avait envie de rien plus que de faire payer l’homme qui était à la source de leurs problèmes actuels. Littéralement. Si les choses se passaient bien et qu’il parvenait à prouver sa responsabilité, peut-être devrait-il débourser quelques millions ? Il avait bon espoir. Cela ne changeait rien à ses yeux, les Hashimoto avaient assez d’argent. C’était simplement un exemple à faire. « Avez-vous au moins réussi à contacter Tokyo ? » Les mains enfoncées dans les poches de son manteau, il continua à observer l’homme qui se trouvait devant lui, espérant obtenir d’autres réponses que celles qui lui étaient déjà données. « Vous n’allez quand même pas me dire que nous sommes coincés sur cette île pour une période indéterminée ? » Il devait avoir des informations, quelque chose. Il ignorait quoi. Pourquoi avait-il décidé de prendre place dans cet avion ? Il aurait pu emmener Ayumu à Sidney sans passer par cette étape désagréable qu’était le vol « public » de la Royal. Un soupir échappa à l’héritier. « Peut-on au moins savoir où nous sommes ? » Il le ferait virer, d’une manière ou d’une autre. Quitte à débourser de l’argent pour ça, il le ferait !

outfit ♥ † Sérieusement il y avait des personnes un peu extrêmes, j’ignore comment je faisais pour garder mon calme lorsqu’on savait comment je pouvais être, j’avais envie de rire en imaginer mon demi-frère ici, cet ours aurait trouvé son élément sur cette île, m’enfin je n’avais pas le luxe de profiter de mes pensées plutôt détendu vu que je devais faire face à un passager qui semblait un peu -beaucoup- sur les nerfs, qu’est-ce que j’y pouvais s’il n'avait pas la capacité de rester calme ? Je me contentais de donner des réponses sans pour autant mentir, à quoi bon donner des espoirs en inventant des solutions, je devais avant tout les trouver pour pouvoir s’assurer qu’on puisse réellement les mettre en œuvre, mais non, il voulait absolument des réponses. « Vous avez réussi à les contacter ? » Demandais-je avec un petit ton explicite, il n’y avait pas de réseau, si lui ne pouvait appeler comme le pourrait-on ? L’évidence était pourtant sous ses yeux. « Je ne le dirais pas si vous ne voulez pas l’entendre. » Mais c’était exactement ça, tant que la radio ne marche pas et qu’on ne peut pas appeler pour demander de l’aide on était bloqué ici, à quoi bon s’énerver, ça n’allait rien arranger de plus et des ailes n’allaient pas pousser sur son dos non plus, l’avion n’allait pas redécoller, même si nous arrangeons le problème technique il n’y a aucune piste pour décoller ici. On est pilotes, pas magiciens. « Sur une île. » Quoi ? Je parais comique avec mes réponses ? Faut se mettre à ma place, on n'a pas réponse à tout, nous aussi on est bloqué ici mince.  

outfit ♥ † L’incompétence le rendait malade. Il n’avait pas l’habitude de ceux qui ne connaissaient pas leur métier. Évidemment, il le connaissait mieux qu’eux, lui qui avait fait de grandes études. On pouvait lire les notions de base de l’aviation dans le code pénal. On apprenait à sortir un train d’atterrissage en cours d’économie. Et était-il obligé de préciser qu’on savait parfaitement piloter un appareil lorsqu’on était capable de lire une courbe de Gauss ? C’était l’évidence même. Yuto avait toutes les notions nécessaires pour demander des comptes à cet homme. S’en rendait-il seulement compte ? L’habitude d’être le fils du maître de maison était bien difficile à oublier. « Bien sûr que non, il n’y a aucun réseau dans ce trou perdu. » Il fronça les sourcils, constatant qu’il ne devait pas être le seul à en manquer, mais refusant d’admettre ses bêtises. Il se redressa au second commentaire de cet incompétent. « Et ne jouez pas au plus malin avec moi. » L’idée qu’ils étaient coincés pour une période indéterminée le rendait malade. Il ne pouvait pas supporter cette condition, il avait besoin d’un minimum de confort et, en l’occurrence, celui-ci n’était pas garanti. Au commentaire suivant, ses lèvres se pincèrent davantage. On le prenait vraiment pour un idiot. « Je vous promets qu’une fois de retour à Tokyo, vous aurez de graves problèmes. » Car il était évident qu’il allait rentrer à Tokyo, en menaçant le seul homme qui aurait pu les ramener actuellement. « Il n’y a pas moyen d’emprunter une barque aux paysans qui vivent ici ? Je peux payer s’il le faut. »

outfit ♥ † Lire des livres, apprendre des bases, tout ça cela pouvait sembler aisé pour quelqu’un qui fait de grandes études, mais la pratique était différente, ce n’est pas mon incompétence qui nous a fait se poser sur cette île, mais l’avion lui-même qui s’est avéré avoir un problème technique, qu’est-ce qu’on peut faire face à un problème de matériel ? Je suis pilote, pas mécanicien dans l’aviation. Mais j’avais bien compris que ce gars cherché un coupable avec ses réponses et je ne compte pas l’implorer et m’excuser non stop alors que malgré l’appareil défectueux ils sont tous en vie. Aucun réseau, il répondait lui-même à sa question, lançant un regard explicite devant ses paroles, comme quoi parfois il suffit de réfléchir deux secondes pour obtenir déjà des informations logiques. Jouer au plus malin, je n’oserais pas, seulement fallait se rendre à l’évidence, tout ce que je pouvais dire à ce gars ne lui plairait pas, donc autant éviter de dire les vérités auxquelles nous étions malheureusement confrontées. Des menaces ? « Mince, moi qui voulais rentrer aussi vite que possible. » Je vais peut-être prendre mon temps pour éviter les ennuis hum. Bon j’avoue, là je lui rentre dedans, mais il y avait d’autre moyen que menacer le pilote dans ces moments-là. « Je suis pilote d’avion, pas de barque, je ne suis pas sûr que ce sera facile de rejoindre Tokyo sans savoir où aller exactement. » Je le mets surtout en garde, il risque de finir en repas pour les gros poissons de l’océan plutôt que rentrer avant qu’on est obtenu une réponse radio. « Ce n’est qu’une question d’un jour ou deux, vous devriez être patient. »

outfit ♥ † Il n’avait pas envie de penser aux raisons techniques qui avaient pu causer cet accident. Seul le résultat comptait, et ils pouvaient tous s’accorder sur le fait qu’ils étaient actuellement coincés sur une île, privés de tout contact avec l’extérieur, pour ne pas dire qu’ils étaient déjà à l’extérieur. Ah, ce qu’il maudissait cet homme, avec son diplôme en carton, sans doute hérité du seul cirque du pays. Un ricanement mauvais échappa aux lèvres de l’héritier au commentaire du pilote. Certains individus n’avaient aucun sens du respect. C’était en partie grâce à son argent qu’il était là, n’est-ce pas ? Il avait payé afin d’être emmené à Sydney, comme bien d’autres. Un minimum de considération était espéré dans de telles conditions. Insupportable. « Ils auraient au moins dû améliorer votre formation, vu vos compétences. » Ou leur absence, comme le signifiait le sourire moqueur qui vint se loger au coin de ses lèvres. « J’imagine que nous devons nous débrouiller pour la suite, dans ce cas ? » Le ton supérieur, il croisa les bras contre son torse, toisant du regard le pilote, espérant qu’il lui indique que les choses allaient être plus simple. Pas débrouillard pour un sou, il craignait de ne pas s’en sortir. Allait-il mourir dans cette zone hostile ? Allait-il devoir grimper au sommet d’un volcan afin d’obtenir un peu de réseau ? Les secousses qu’ils avaient pu sentir depuis l’atterrissage forcé n’indiquaient rien de bon.

outfit ♥ † Je n’étais de base pas une personne hautaine, depuis toujours je faisais les choses par moi-même, ayant perdu ma mère jeune, le remariage de mon père qui m’a offert dix frères et sœurs n’a jamais été de tout repos, être le second apporter des responsabilités, bien que je me battais pour obtenir le rôle de l’ainé avec justement... Mon ainé. M’enfin, tout ça pour dire que je me battais pour les choses que je voulais, parce que je n’avais pas le choix. Durant des années j’ai haï cette famille, mon père, cette femme, fuyant comme un sale gosse en vivant à l’extérieur la plupart du temps pour éviter les repas de famille. Donc non, je ne pense pas que cet atterrissage d’urgence qui leurs à tous sauvés la vie soit justifié pour qualifier mon incompétence ou même celle de l’équipage qui s’occupe des passagers. Cela me met intérieurement hors de moi et j’en viens à forcément jouer la carte de l’insoumission, tant pis si ce type est « important » ou qu’il a des attentes plus hautes que les autres, les fais ne vont pas changer parce qu’il continue de cracher son venin sous le coup de la peur ou l’insécurité, que sais-je ce qu’il ressent vraiment au fond. Ce n’est pas le seul à avoir besoin de trouver un coupable, je veux bien servir de bouc émissaire, mais faut pas non plus dépasser les limites. Que dire donc à cette attaque puérile venant d’un gosse de riches dont la capacité à réfléchir s’est apparemment crashé avec l’avion, du moins je l’espère pour lui. « Je peux vous donner l’adresse du centre si vous avez des réclamations à faire, je suis sûr qu’ils seront ravis de les entendre. » Accessoirement il pourrait comprendre qu’il y a des choses qu’on ne remet pas aussi facilement en question juste parce que c’est la solution de facilité. Bon sang, on doit avoir le même âge, mais je me sens tellement plus mature, c’est dingue. « J’imagine que vous imaginez bien. » Le narguais-je un peu. « Mais sinon il y a de quoi boire, manger, des couvertures aussi dans l’avion, des toilettes avec du pq tout propre, bien qu’on n’est pas pensé à faire la réserve, vous pouvez aussi utiliser les feuilles des plantes, apparemment ça marche bien en guise de papier hygiénique. Situation d'urgence. Pour le froid il ne manque pas de bois dans la forêt, j'imagine que vous savez allumer un feu ? » J’avoue je me moque un peu, mais c’est tentant avec ce genre de personne né avec une cuillère en argent dans la bouche. « Pour l’évacuation, j’espère que vous priez assez fort pour que le réseau revienne, ce sera le seul moyen de quitter cet endroit. » 5 minutes de radio et tout le monde retourne à la maison, mais justement, faut les avoir ses 5 minutes...

outfit ♥ † Il ne savait pas où ils étaient. Il ignorait même jusqu’à la langue des personnes qui vivaient sur cette île. Parlaient-ils japonais ? Chinois ? Un dialecte plus tordu qu’un udon trop cuit ? L’incapacité du pilote à répondre à ses questions rendait encore plus insupportable l’idée d’être coincé sur cette île. Yuto pinça les lèvres à la manière d’un enfant pris en faute tandis qu’il prêtait une oreille distraite aux paroles du pilote, espérant qu’elles lui apportent enfin la solution dont il avait tant besoin. Il nota dans un coin de son esprit de trouver l’adresse de ce centre et de porter plainte. Son père s’en chargerait. On ne mettait pas les héritiers Hashimoto en danger sans son accord, cela coulait de source. Ou peut-être imaginait-il de tels scénarios afin de ne pas penser que son père n’aurait peut-être aucun intérêt pour l’affaire ? Ce n’était pas important. Il y avait pire. Ce qu’il venait d’entendre, par exemple.

« Des feuilles de plantes ? » Il arqua un sourcil perplexe, ses lèvres se pinçant davantage. « Vous devriez arrêter de regarder des séries, ça vous tape sur le système. »

S’essuyer avec des plantes. Faire du feu. Se croyait-il revenu à la préhistoire ? Il roula des yeux en détournant le regard de cet homme qui l’abrutissait rien qu’en ouvrant la bouche. « La population doit bien avoir du réseau, non ? Sommes-nous perdus à ce point ? Je n’arrive même pas à croire qu’il y ait de la vie sur cette île. »

outfit ♥ † J’imagine bien que les passagers sont des personnes importantes, en tout cas ils avaient de l’argent et forcément ça donner pas mal davantage. Malheureusement ici ça ne changerait rien, ce n’est pas celui qui donnera la meilleure somme qui sortira de là le premier, qui aurait tout à coup une maison, une douche et tout ce dont on aimerait à cet instant, le confort souhaité n’avait pas de prix, car ici cela n’existe pas. C’est la seule réalité, fallait faire avec. J’avoue que je me moque un peu de lui, mais j’ai l’impression que de toute façon je suis jugé coupable quoi que je puisse dire. Enfin je n’étais pas non plus fermé à la conversation et je n’allais pas l’insulter ou que sais-je encore d’immature, je voulais juste qu’il comprenne que ce n’est pas parce que je fais partie de l’équipage en tant que pilote que j’ai réponse à tout, j’en savais autant que lui en clair, mais quand j’en saurai plus je partagerais bien entendu mes informations.

« Je donnais simplement quelques astuces au besoin. » Ça pouvait toujours servir, après j’imagine que tout le monde à emporter des paquets de mouchoirs ou je ne sais pas, ça peut être utile aussi, mais soit, ce n’était pas vraiment important pour l’instant, tant qu’il y avait de quoi faire pourquoi s’inquiéter avec le reste. « C’est bien pour cela que j’attends que ceux qui sont partis chercher le village nous ramènent quelques informations, croyez-moi j’aimerais être capable d’en savoir plus. » C’était sincère, mais ce n’était pas le cas. « De plus je pense comme vous sur ce point. J’ai du mal à croire qu’une population puisse vivre ici, mais espérons que ce soit vrai, parce qu’ils pourrait être notre moyen d’évacuer le plus rapide. »

outfit ♥ † Chaque seconde confirmait cruellement le pensées de l'héritier ; ils étaient coincés, incapables de s'échapper de cette île qui, pour celui qui s'était rarement cogné à plus dur que l'oreiller d'un canapé, semblait à peu près aussi hostile que le monde inférieur. Les questions s'enchaînaient et ne trouvaient jamais de réponse satisfaisante. Juste les propos d'un homme qu'il préférait considérer comme incompétent, tout simplement parce qu'on lui avait appris à toujours trouver un responsable. Le hasard n'existait pas, dans ce genre de situations : les problèmes étaient toujours le fruit de l'incapacité d'un homme à gérer ses affaires. Les faillites, répétait Seito, fonctionnent de la même façon. Elles ne sont pas causées par un bon homme d'affaire. Juste par les incapables. Ce voyage était une faillite.

De plus en plus nerveux, Yuto essayait de raisonner logiquement. Il ne savait pas comment faire, il se sentait comme un enfant privé des réponses de ses parents et, comme les propos de cet homme ne possédaient pas de sens plaisant à ses yeux, il les altérait à loisir. Ils trouveraient du réseau. Ils n'étaient pas perdus. Oh que si. Ils l'étaient. Ils ne parviendraient peut-être jamais à s'en sortir. Le procédé était vicieux.

« Et n'y a-t-il pas moyen de dormir dans l'avion? » Demanda-t-il finalement. C'était à ses yeux l'endroit le plus sûr et le plus confortable de ce la jungle qui semblait s'étendre autour d'eux. Entre les bâtiments en ruine et les reliefs assez inquiétants qui constituaient l'horizon, il ne savait ce qui était le pire. « Soit...Tenez-nous au courant lorsque vous avez de plus d'informations, s'il vous plaît. » Il commençait doucement à perdre espoir, mais il n’était pas question d’abandonner. Ils devaient rentrer. Il devait. Il avait quelque chose à faire, il était trop jeune pour mourir sur une île perdue.

outfit ♥ † Fallait bien qu’on soit tous différent et qu’on ait aussi des visions opposées, les miennes ne s'accorder clairement pas avec celle de ce garçon, mais j’avais fréquenté assez longtemps Rps pour savoir que certains étudiants avaient leur lot d’éducation et que le mien était bien plus libre et fluide que la majorité. Je ne jugerais pas cet homme, mais s’il avait besoin d’un coupable, d’un responsable, je ne l’empêchais pas de me choisir comme tel, seulement entendre parler d’incompétences lorsqu’on a sauvé la vie des passagers et peut-être un peu moins agréable. La peur et l’incompréhension ont pris le dessus et ce n’est pas dans cette situation qu’on recevra de la reconnaissance, soit, je ne fais pas ce métier pour être vu comme un héros de toute façon alors c’est pas important.

Dormir dans l’avion ? Je souris, c’est une question assez amusante, surtout que la réponse me semble évidente. « Bien sûr. L’appareil est à disposition dans son intégralité aux passagers, je vous l’ai dit. Boisson et nourriture aussi. » Je n’ai envoyé personne en forêt, les jeunes ont décidé d’y aller d’eux-mêmes a la recherche des habitants, j’ai seulement demandé à ce qu’ils rapportent la moindre information, ne pouvant quitter mon « poste », tant que la radio ne répondra pas on restera là.

« J’y compte bien. » Je l’aurais fait même s’il ne me l’avait pas demandé. Il a beau avoir un côté « hautain » et quelque peu « chiant » je le trouve assez attachant par sa façon de s’exprimer finalement. Il cherche seulement des réponses comme certainement tout le monde ici.

outfit ♥ † Il avait l’esprit fermé par des années de retenue. Son père et ses règles, les exigences qu’il avait envers lui, l’avaient rendu incapable de réagir comme tant d’autres l’auraient faire. À la place, Yuto ne réfléchissait pas plus loin que le bout de son nez et, lorsqu’il lui arrivait de se dépasser, ça ne durait jamais bien longtemps. Il fallait aller vite, faire au mieux, mais l’équilibre entre ces deux éléments n’était pas nécessaire : tant qu’il obtenait ce qu’il voulait à la fin, cela suffisait amplement. Les détails n’étaient rien de plus que ça : des détails.

Pourtant, il n’était pas si bête. C’était juste un oisillon à qui l’on n’avait jamais appris à voler de ses propres ailes. Volontairement, sans doute. Qui sait ce qu’il aurait pu faire, une fois affranchi de cet adulte sans qui il n’était rien de plus qu’un garçon doué pour étudier par cœur ? Personne ne le saurait jamais. Ou peut-être cet incident en était-il la preuve ? Maintenant qu’ils étaient coincé sur cette île, pas moyen d’appeler son père pour obtenir de l’aide. Les chauffeurs et les domestiques n’étaient pas là non plus. Il ne pouvait compter que sur lui-même, mais il en était bien incapable. Tant de choses à penser, et si peu de réponses données à ses questions. Il allait devenir fou.

« Merci. » Il ne pouvait rien exiger de plus, mais il le souhaitait. Des questions aussi, il en avait encore. « Serons-nous dédommagés ? Je veux dire, pour le retard. » Il n’avait pas besoin d’argent, mais pour le principe, il demandait. On ne pouvait coincer des passagers sur une île sans aucune aide, même si cet homme, comme il le disait, n’y pouvait rien. Rien ne semblait sauver cette situation.

outfit ♥ † Le pire aurait été que cette situation déclenche une sorte d’émeute ou de bagarre générale, c’est peut-être stupide, mais avec cette colère et la peur je suppose que ça aurait pu clairement être une possibilité, la moindre tension pouvait dégénérer et notre rôle était de calmer le jeu comme on le pouvait. J’avais fait au mieux avec ce gars, même si j’ai dû jouer sur l’ironie à plusieurs reprises, faut dire qu’il ne me laisse pas vraiment le choix. Heureusement il n’a pas l’air d’être violent dans ses gestes, je ne me suis pas pris de coup et j’en ai pas rendu non plus, ce qui en soi est un soulagement. Je suppose qu'y a malgré tout une forme de maturité qui l’oblige à rester seulement verbalement agaçant. Enfin on aura pu arriver à une « entente » du moins pour l’instant je m’engage à donner la moindre information, ce que j’aurais fait dans tous les cas. Il a l’avion s’il ne veut pas s’en éloigner, on fait ce qu’on peut pour être à l’écoute et répondre aux exigences, mais malheureusement nous ne sommes pas des dieux et on a nos limites. Avoir posé cet avion fut la seule chose qu’on pouvait faire pour les sauver, pour le reste il va falloir attendre de l’aide extérieure et compter sur la chance aussi.

Dédommagé ? Le seraient-ils ? Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment, j’imagine que oui. Ils seront pris en charge aussi une fois de retour au Japon, la compagnie réglera tous les détails et gérera toutes ses choses, argent, soin, j’ignore encore comment cela se passera à notre retour, je n’ai jamais été confronté à cette situation.

« J’imagine que l’assurance et la compagnie s'en chargeront, vous inquiétez pas. » Plutôt que l’argent, leurs vies sont tout de même plus importantes n’est-ce pas ? En tout cas même si on me cible, je suis fier d’avoir posé cet avion sans aucune victime.

« On aura plus d’informations dans la soirée je l’espère, ne vous éloigner pas trop. » Ce n’est pas en forêt qu’il trouvera du confort, soyons honnête.

outfit ♥ † On l'avait éduqué à penser à tout. Aux détails, même les plus insignifiants, et dieu sait à quel point le dédommagement qu'ils obtiendraient peut-être au retour l'était comparé à leurs vies. C'était un pragmatisme poussé à l'extrême, dont il aurait bien pu se passer, s'il n'avait pas fait partie intégrante de l'enseignement que lui donnait son père depuis sa plus tendre enfance. N'oublie rien. Essaie de tirer avantage de la situation dans laquelle tu te trouves, même si cela semble totalement vain. Évidemment, les choses donnaient parfois l'impression d'échapper à son contrôle, mais Yuto continuait à croire qu'il était maître de la situation. Qu'il pouvait donner son avis, apporter son aide, même si elle n'était que financière. De toute façon, il n'avait que peu de neurones à mettre à la disposition des autres. Il n'était pas la tête.

Après avoir demandé au pilote s'ils allaient être en partie remboursés, Yuto se sentit plus ou moins soulagé. Cet homme n'en avait aucune idée, il le comprit bien vite. Les assurances se chargeaient de ça, comme il le soulignait si bien, et son père parviendrai à les faire plier au besoin. Il l'espérait. De son côté, il avait accompli ce dont il était capable : il avait demandé, posé la question qui devait brûler bien des lèvres. Ou n'étaient-ce que les siennes? Impossible à dire.

« Bien, merci... » Conclut-il au bout d'un instant, avant de hocher la tête pour approuver les propos du pilote. « Je vais vous laisser, vous devez avoir beaucoup à faire. » Comme les aider à sortir de ce pétrin horrible, par exemple. Pivotant sur ses talons, le jeune homme s'éloigna de la scène, les mains dans les poches de son manteau. Il fallait qu'il trouve une solution provisoire, en attendant.