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 Stop stalking ♦ kiyumi

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Anonymous
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Ce message a été posté Ven 16 Déc - 20:17
Une journée tranquille. Pluvieuse certes, mais tranquille. J’avais passé tout mon temps enfermée dans mon appartement, à profiter d’une journée de repos amplement méritée. J’avais terminé ma semaine avec un court séjour à Kyoto pour un shoot bien particulier, et étais rentrée après vingt-trois heures. Autant dire que ma matinée fut lente et peu effective. Enroulée dans une robe de chambre épaisse, lorsque j’avais vu le temps en ouvrant mes rideaux le matin-même, j’en avais fini par décider qu’il était hors de question que je mette un pied dehors. La seule action digne de ce nom que j’eus fait fut de ranger la commande de courses alimentaires que j’avais fait en ligne, et ce, sans quitter mon lit.

Mes jours de repos dans mon appartement se ressemblaient souvent. Il n’était pas rare que j’allume la télévision, plus en fond sonore qu’autre chose. Je faisais quelques exercices, faisais le point sur mon emploi du temps des jours à venir et, enfin, un peu de rangement – d’autant que j’avais été absente deux ou trois jours. En soi, rien d’extraordinaire. La matinée fila rapidement, et l’après-midi était déjà entamée lorsque je m’étais enfin décidée à m’habiller. Il n’était pas rare que mon manager fasse des visites surprises, et s’il me voyait en pyjama avec un bol de céréales entre les mains, il y avait de grande chance pour qu’il déclare au scandale. Je m’y étais déjà fait prendre à plusieurs reprises, et faisais donc fortement attention à ces petits détails.
En pleine préparation pour un futur départ en Australie, j’avais tout un tas de documents étalés sur ma table basse. Il fallait absolument que je vérifie que mon visa était bien à jour ; histoire de ne pas me faire refouler à l’immigration à mon retour au Japon. La musique vint rapidement remplacer la télévision. J’avais cette fâcheuse tendance à mettre le volume un peu trop fort. Seule, il m’arrivait de marmonner, de parler un peu, ou encore de chanter sur certaines mélodies. Mon appartement était bien insonorisé, mais ma porte d’entrée n’étant pas séparée par un mur de mon séjour, c’était délicat. J’étais devenue complètement paranoïaque avec ce mensonge. Même la plaque au-dessus de ma sonnette lisait « Murakami Airi » ; il me fallait donc faire attention.
Perdue dans mes démarches administratives, je finis cependant par entendre le tintement singulier de ma sonnette. Fronçant les sourcils, je me redressai de dessus mon canapé, afin de tendre l’oreille. Mon manager ne sonnait que très rarement. Il avait un double des clés d’ailleurs. Qui cela pouvait-il être ? Recouvrant mon passeport et autres documents d’identités par d’autres feuilles, je me levai et partis en direction de mon entrée. Ajustant mon sweat au-dessus de mon legging sombre, je quittai mes chaussons pour arriver jusqu’à la porte d’entrée. J’ouvris cette dernière, sans prendre la peine de regarder par le judas. Grossière erreur. J’aurais dû. Porte entrouverte, j’avais devant moi Kiyumi. Nous étions voisines. Il n’était pas rare que nous nous apercevions, de temps à autre. Toutefois, ces derniers temps, il me semblait la croiser bien trop à mon goût. Elle était d’agréable compagnie, certes, mais, elle dégageait également cette vague de curiosité qui me mettait parfois mal à l’aise.
Je la regardai d’un air interrogateur, prétextant un « puis-je faire quelque chose pour toi ? ». En espérant qu’elle puisse comprendre ce que je voulais demander en croisant simplement mon regard. Je n’avais pas l’habitude de la voir sonner à ma porte d’entrée… Peu de personnes étaient d’ailleurs invitées à entrer, et je n’étais pas certaine de vouloir ajouter la jeune femme sur cette liste de privilégiés. J’étais intriguée, et surtout prise de court. Alors, je restai pantoise, la main sur ma porte d’entrée entrouverte, dans l’attente d’une phrase de sa part.

Anonymous
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Ce message a été posté Ven 16 Déc - 23:51
Tenue ♔ Cette journée n’avait rien de particulier a priori, si ce n’était l’enthousiasme des enfants à la garderie à l’approche des fêtes de fin d’année. Dans un sens elle les comprenait, les repas de famille et l’ouverture des cadeaux était un moment toujours chaleureux et agréable quand c’était réalisé dans la joie et la bonne humeur. Seulement, à ses yeux, cela ne faisait que lui rappeler qu’il manquait un membre au sein de leur famille et les rires de ses cadettes arrivaient tout juste à le lui faire oublier. Elle ne savait pas encore quel serait le programme de cette année-là, s’ils fêtaient cela tous ensemble au Japon ou s’ils faisaient le voyage jusqu’en Russie pour l’occasion. Dans tous les cas, elle s’arrangerait pour être présente, elle regardait même en coin un voyage proposé par l’école de Suki pour se rendre en Australie et trouver des cadeaux originaux histoire de marquer le coup. On trouvait rarement une si bonne occasion de faire du shopping à l’étranger et elle avait économisé en conséquence pour offrir à chacun ce qui lui ferait plaisir. Plusieurs idées étaient déjà notées sur un petit bout de papier soigneusement rangé, il ne lui restait plus qu’à décider si elle concrétisait le souhait de partir à l’étranger ou si elle s’occupait de tout sur place. Elle avait encore le temps, pas de panique, mais il ne fallait pas trop tarder si elle voulait encore avoir une place disponible. Terrible dilemme entre prévoyance et paresse. Qui fut interrompu par un son peu commun.

Elle avait déjà entendu de la musique résonner chez les voisins, sans savoir exactement d’où ça venait. Mais il semblerait que cette fois, le volume soit plus fort ou bien ses oreilles plus sensibles, et couper court à sa réflexion l’avait un peu contrariée. D’autant qu’elle ne voyait pas comment elle pourrait s’affairer à une autre occupation avec un tel fond sonore, même en mode cocooning et séries inintéressantes, cela restait gênant. Kiyumi n’était pas vraiment du genre à se plaindre parce que quelqu’un faisait un peu trop la fête ou autre, mais elle préférait être prévenue si tel était le cas. Passant son manteau et s’emparant de son sac à main – on n’était jamais trop prudent, peut-être en profiterait-elle pour passer s’acheter un truc à boire ou à grignoter – elle décida d’aller voir ce qu’il en était. Elle se laissa guider par le bruit, qu’on pouvait entendre même hors de son appartement. Quelle ne fut pas sa surprise en s’apercevant que cela semblait émaner d’un logement connu, mais sans pour autant être familier. Il se trouvait que la jeune femme était la voisine d’un mannequin assez célèbre, très célèbre en fait, une certaine Murakami Airi. Un truc l’avait toujours intriguée chez cette fille, comme si toute sa personne n’était qu’une piètre façade, pour dissimuler elle ne savait quoi. Ce n’était pas ses affaires mais elle avait piqué sa curiosité et depuis, la russo-japonaise s’était jurée de percer ce mystère un jour. Jour qui était arrivé de toute évidence.

Ce fut plus fort qu’elle, Kiyumi appuya sur la sonnette, sans trop savoir ce qu’elle allait pouvoir lui dire. Qu’elle avait entendu le bruit et que c’était l’occasion de faire connaissance ? Certainement pas. Sa voisine était plutôt réservée et pas vraiment disposée à lui parler en temps normal, mieux valait éviter de l’effrayer et de passer pour la pire des harceleuses. Non pas qu’elle ait été suffisamment folle pour la suivre en tout temps mais il allait de soi qu’elle s’était montrée plus que curieuse à son égard lors des quelques fois où elles s’étaient croisées par hasard. Il allait de soi qu’Airi n’avait pas eu l’air d’apprécier son attitude légèrement intrusive. Légèrement. « Salut ! Tu vas bien ?, demanda-t-elle le plus naturellement du monde une fois face à Airi, je passais dans le coin, j’ai entendu ta musique et j’aime beaucoup. On doit avoir les mêmes goûts. », ajouta-t-elle d’un ton nerveux. Même quartier, même immeuble, même genre musical, elles ne pouvaient que bien s’entendre, non ? Du moins, c’était ce qu’elle pensait. « Je peux entrer ? On n’a jamais vraiment eu l’occasion de faire connaissance, c’est un signe, tu ne crois pas ? », poursuivit-elle en espérant ne pas se faire claquer la porte au nez. Après tout, rien de ce qu’elle avait dit ne justifiait le fait qu’Airi doive l’accueillir chez elle. Rien du tout.


Anonymous
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Ce message a été posté Sam 17 Déc - 16:16
Je la regardai avec un air à la fois dubitatif et étonné. Une partie de moi était légèrement agacée d’avoir ouvert la porte. J’aurais pu regarder qui était présent derrière celle-ci avant de l’ouvrir, cela m’aurait évité cette rencontre. Pour autant, je restai là, accrochée à l’entrebâillure de ma porte d’entrée sans l’ouvrir d’avantage mais sans la fermer pour autant. Après tout, peut-être que Kiyumi avait ses raisons pour venir me voir. Peut-être avait-elle besoin de sel ? Ou encore de piment ? C’était souvent parce qu’il manquait quelque chose chez soi que les gens avaient tendance à aller voir leurs voisins, non ? C’était ainsi que cela se passait dans les films en tout cas. Lorsque je résidai encore à Séoul, cela arrivait très souvent d’ailleurs. Il y avait un bon nombre de fois où j’avais demandé à mes cadets d’aller toquer chez le voisin parce qu’il nous manquait un ingrédient pour rendre notre modeste diner un peu plus agréable en bouche. Toutefois, je doutais que cela soit réellement la raison de la présence de la demoiselle là, à mon pallier.

« Je passais dans le coin, j’ai entendu ta musique et j’aime beaucoup. On doit avoir les mêmes goûts. » J’arquai un sourcil en réponse à sa remarque. Jetant un coup d’œil, comme un réflexe, vers l’intérieur de mon appartement d’où la fin d’un disque se faisait entendre. Avais-je mis le volume trop fort ? Ce n’était pas impossible. J’esquissai un sourire poli, sans en faire d’avantage. Etait-ce réellement la raison de sa venue ici ? Elle ne se serait certainement pas déplacé jusqu’à mon appartement, pour y sonner dans le simple but d’applaudir mes goûts musicaux, si ? C’était étrange. C’était comme si elle-même ne savait pas la véritable raison de sa venue en mes lieux.
« Je peux entrer ? » J’ouvris de grands yeux sous l’étonnement face à la franchise de sa question. Elle n’avait pas la langue dans sa poche. Elle ne passait pas par quatre chemins pour demander les choses. C’était déstabilisant, bien qu’une qualité selon moi. A ce moment-là, j’aurais pu faire non de la tête et lui fermer la porte au nez. L’envie de m’en manquait pas, mais, au fond je ne voulais pas non plus le faire. Comme si mon esprit se séparait totalement de mon corps, je tirai un peu plus la porte afin de la laisser passer. Je craignais de regretter ce geste plein de gentillesse, mais, maintenant il était trop tard. Je lui glissai une paire de chaussons réservés aux invités sur le parquet de mon entrée, et filait jusqu’à mon salon. Mon appartement n’était pas très grand. La cuisine était d’une seule pièce avec un coin repas et le salon. C’était suffisamment vaste et lumineux pour en profiter pleinement et pouvoir inviter quelques personnes sans se marcher dessus. Très rapidement, je filai à ma table basse pour entasser tous mes documents et les placer sur une bannette présente non loin, sur un meuble, à côté d’une plante verte. Je me retournai vers mon invitée surprise, lui faisant signe de prendre place.
Une étagère complète était réservée à ma collection de disque et vinyles en tout genre. D’un mouvement rapide vers une fine télécommande, je baissais légèrement le volume de la musique en cours afin d’éviter un assourdissement complet. Puis, je filai vers ma cuisine et tapotant légèrement mon index contre un mug, je demandai ainsi à la jeune femme si boire un thé lui conviendrait. Peut-être qu’elle se contenterait de cela ; un thé chaud, quelques biscuits, une ou deux chansons et elle rentrerait chez elle. Préparant la boisson, j’installai le tout sur un petit plateau alors que je laissai Kiyumi observé mon appartement. Il n’était ni bien rangé, ni en bordel total. Il était relativement épuré en décoration, prônant principalement le bois, le blanc et le vert des plantes en couleurs principales. J’avais passé mon enfance dans un appartement sans dessus dessous, où tout se mélangeait sans sens ni goût donc j’avais décidé d’être plus soft dans la décoration de mon appartement. Après de courtes minutes, je posais le petit plateau sur la table basse de mon salon et m’assis sur mon capané.

Anonymous
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Ce message a été posté Jeu 22 Déc - 19:49
Tenue ♔ Sa façon d’agir n’avait aucun sens, elle-même était consciente de l’absurdité de son comportement. On ne s’invitait pas chez ses voisins à l’improviste de la sorte, elle se poserait des questions si quelqu’un faisait la même chose un jour. Sauf qu’elle n’avait pas un comportement suspect, elle, cela étant entièrement subjectif. C’était plus fort qu’elle, Kiyumi trouvait sa voisine bizarre et son attitude d’ange trop parfait aux yeux du monde avait éveillé sa curiosité. Et quand elle était curieuse à propos de quelque chose, elle ne réfléchissait plus vraiment. Sa réflexion à propos de la musique relevait de l’absurde, personne n’allait chercher l’origine d’un son juste pour dire à sa propriétaire qu’il était bien et que cela leur faisait un point commun. Nul doute qu’elle allait se donner des claques le lendemain, mais pour l’heure, c’était l’envie d’en apprendre plus sur cette jeune femme qui la motivait. Les questions de décence viendraient plus tard. Et le sourire convenu qu’affichait Airi ne faisait que l’encourager à penser qu’il y avait vraiment un truc qui clochait chez cette dernière. C’était trop poli pour être sincère, aucune personne ne faisait ça, pas à sa connaissance, quand bien même elles auraient entretenu de bons rapports. Ce qui n’était pas le cas, elles se croisaient de temps à autre, rien de plus. Ce qui n’empêcha pas Kiyumi de tenter de s’inviter chez sa voisine. Si cette façade de poupée modèle était bien réelle, elle ne pourrait pas refuser et cela lui permettrait d’enquêter un peu plus à l’intérieur. Sinon, cela confirmait qu’il y avait définitivement anguille sous roche et qu’Airi n’était pas celle qu’elle prétendait être. Ce qui ne serait pas une mauvaise chose, vu qu’elle n’avait pas dit un mot depuis l’arrivée de Kiyumi, était-elle muette ?

Quelle ne fut pas sa surprise en voyant la mannequin célèbre ouvrir un peu plus sa porte pour l’inviter à entrer, toujours dans un silence total. C’était déconcertant et elle ne savait pas combien de temps elle allait pouvoir se retenir avant de lui faire la remarque. Un mannequin qui ne parlait pas, c’était un peu trop cliché à son goût. « Merci », dit-elle en prenant la paire de chaussons tendues par son hôtesse, esquissant un sourire gêné. Voilà qui promettait d’être joyeux si les choses se poursuivaient à ce rythme. Elle observa un peu l’environnement, assez simple il fallait le reconnaître, pas vraiment ce à quoi elle s’attendait en se rendant chez quelqu’un d’aussi célèbre. Déjà, elle ne s’attendait pas à trouver quelqu’un comme elle dans son immeuble, alors bon. Elle prit place comme demandé dans le salon, sans savoir vraiment comment procéder. Heureusement, Airi prit les devants et lui demanda si elle voulait du thé. Enfin, le son de voix venir de retentir, cela faisait du bien, Kiyumi n’aurait pas totalement l’impression de parler seule. « Oui, je veux bien, c’est gentil, ça me ferait du bien avec le froid. », affirma-t-elle en riant un peu. Il fallait bien essayer de détendre l’atmosphère et avec quelqu’un comme Airi, ce n’était pas gagné. Elle regrettait presque son initiative, presque. Mais cela ne l’empêcha pas de se relever pour mieux inspecter les lieux pendant que la jeune femme préparait les boissons chaudes. C’était très épuré comme style, rien de vraiment personnel, et donc d’autant plus suspect pour l’apprentie détective. Qui se rassit rapidement en attendant les pas d’Airi revenir dans la pièce, un plateau avec les thés en mains, et s’asseoir à côté d’elle sur le canapé. L’heure était venue de faire la conversation. « Ça fait longtemps que tu habites ici ? On dirait que tu viens d’arriver, il n’y a pas beaucoup de décorations. Enfin si tu aimes ça c’est ton droit bien sûr ! », essaya-t-elle de se rattraper avec maladresse. Elle ne voulait pas la vexer, ce n’était pas le but. « C’est dingue que tu arrives à garder une telle simplicité avec ton travail. Beaucoup ont tendance à attraper la grosse tête. ». Voilà qui devrait l’aider à la cerner un peu plus.


Anonymous
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Ce message a été posté Lun 26 Déc - 17:56
Les minutes passaient assez lentement, et je me demandais si j’avais bien fait de lui tenir la porte pour l’accueillir chez moi. J’étais plutôt mal à l’aise, et une partie de moi regrettait amèrement la situation dans laquelle je venais de me fourrer. Cependant, une petite voix à l’arrière de ma tête me soufflait que ce ne fût peut-être pas une si mauvaise idée. Kiyumi m’intriguait, à chaque fois que nous nous croisions. Je ne pouvais dire le contraire et mentir à ce sujet. De plus, elle n’avait pas franchement l’air d’avoir un mauvais fond. Elle était juste curieuse, et, j’espérais tenir mon image d’Airi aussi longtemps que durerait notre petit échange de l’instant.

Un thé gentiment proposé, tant bien que mal avec des gestes. Je m’attelais à préparer nos boissons chaudes en la laissant regarder autour d’elle. J’avais un appartement plutôt sobre. Mon placard était plein à craquer, mais, mes meubles étaient peu décorés. Je pense que cela venait principalement du fait que j’avais grandi dans un appartement minuscule pour une famille bien trop grande. De ce fait, j’avais passé mon enfance à slalomer entre les meubles et les affaires au sol. J’aimais cependant l’idée de pouvoir avoir les moyens d’être matérialiste maintenant que j’avais un emploi qui rapportait son gain. Mais, je m’empêchai beaucoup d’achat compulsif alors que les rues de la capitale nippone regorgeaient de babioles en tout genre.

Maintenant installée à ses côtés, je l’écoutais faire la remarque sur la fameuse décoration de mon appartement. Je ne pouvais lui donner tort. Cela manquait peut-être un peu de peps. J’imaginais à cela que son propre appartement devait être bien différent du mien – peut-être plus chaleureux. Après, je n’invitais personne ici alors… Comprenant rapidement qu’il me serait difficile de communiquer avec Kiyumi par de simples gestes, je m’armais tranquillement de mon petit calepin. Il n’était pas impossible qu’elle ne sache pas que j’étais « muette », enfin, qu’Airi fût muette. Après tout, nous n’avions jamais eu de grands échanges sur la vie et ses facettes les peu de fois où nous nous étions croisées. Alors, j’ajustai mon stylo dans ma main droite et m’attelait à griffonner le papier clair pour répondre à ses question.

« Mes placards sont bien moins ordonnés, si cela peut te rassurer. »

Je le lui tendais, avec un sourire. Elle avait raison en disant que beaucoup attrapait la grosse tête. Peut-être était-ce mon mensonge qui me gardait fermement ancrée au sol. Je ne savais pas trop. Toujours était-il que malgré les cadeaux et les vêtements offerts par les créateurs, j’avais réussi à ne pas devenir trop hautaine. Mais, j’en avais gardé beaucoup. Et donnés certains, ou revendus, une fois la saison passée. Je saisis alors mon thé, soufflait doucement à sa surface claire pour le refroidir légèrement avant d’y tremper les lèvres et d’en boire quelques gorgées.

Anonymous
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Ce message a été posté Lun 9 Jan - 19:33
Tenue ♔ Cette fille était étrange, ne serait-ce que pour la simple et bonne raison qu’elle parvenait à mettre Kiyumi mal à l’aise. Et Airi devait le savoir également, ce n’était pas chose facile, ce qui témoignait du degré d’étrangeté que pouvait avoir la situation. S’improviser une soirée chez sa voisine qu’on ne connaissait pas vraiment pouvait être très bizarre et encore plus quand celle-ci ne se décidait pas à dire le moindre mot. Pour une raison que la russo-japonaise ne connaissait pas, elle ne parlait pas, elle se contentait de faire des signes de tête ou des gestes pour communiquer et c’était vraiment perturbant pour quelqu’un qui avait l’habitude de parler beaucoup. Elle n’avait jamais imaginé faire la conversation toute seule, en général, elle arrivait assez bien à décrisper les gens et à faire en sorte qu’ils s’expriment aisément. Or, elle se confrontait à un mur de pierre et Airi ne prenait pas la moindre expression significative pour compenser son absence de son totale. C’était comme discuter à une poupée, comme les petites filles quand elles jouaient. Sauf que Kiyumi n’était plus une petite fille et Airi n’était vraisemblablement pas une poupée faite de cire. A creuser. Cela expliquerait son air quasi parfait et ses manières irréprochables, c’en était presque agaçant. Elle ne comprenait pas comment on pouvait être si monotone, si mesurée dans ses faits et gestes et garder un calme plat par-dessus le marché. Elle aurait presque préféré que la jeune femme lui hurle dessus pour avoir osé s’inviter chez elle sans volonté de sa part, et qu’elles se crêpent le chignon plutôt que de communiquer selon les codes de la politesse sans savoir si c’était sincère ou juste convenu. C’était presque étonnant que Kiyumi n’ait pas pris ses affaires et se soit enfuie directement après avoir fini sa boisson en vitesse. Elle était persévérante et ce, pour le plus grand malheur de son hôte.

Elle essayait d’ailleurs de faire maladroitement la conversation, de détendre l’atmosphère mais elle devait se résigner, elle ne verrait certainement pas sa voisine exploser de rire ou piquer une colère ce soir. D’un air intrigué, elle regarda Airi saisir un calepin pour y griffonner quelque chose. Donc, elle ne pouvait vraiment pas parler ? Du tout ? C’était étrange. Un mannequin qui ne parlait pas, c’était trop convenu, trop calqué sur le métier pour être vrai. En même temps, elle se sentait coupable de pouvoir imaginer que la jeune femme jouait la comédie, alors qu’être muette n’avait rien de bien marrant. Elle n’oserait pas lui poser la question, ce serait vraiment mesquin de sa part si jamais c’était avéré. Néanmoins, un doute subsistait en elle et elle le conserva au fond d’elle, au cas où elle remarquerait quelque chose qui colle avec cette supposition. Au moins elle avait souri, c’était déjà ça, elle ne pouvait pas être méchante au fond, Kiyumi le sentait. « Oh, je vois. Tu es plutôt du genre à cacher ton bordel alors ? Des fois, on s’y retrouve mieux quand les choses sont pas trop rangées. C’est mon cas en fait. ». Elle était ordonnée et méticuleuse, mais ça ne signifiait pas que son propre appartement était irréprochable, au contraire. Vivre seule lui donnait le luxe d’organiser ses biens comme elle l’entendait et elle avait décidé d’en profiter, quand bien même sa mère criait au scandale quand elle lui rendait visite. Elle prit une gorgée du thé, qui était loin d’être mauvais. « C’est très bon, merci. Si j’ai envie d’un bon thé, je sais chez qui frapper maintenant. », dit-elle en plaisantant, sans savoir elle-même si c’était sérieux ou non. Plus elle l’observait, plus Airi lui paraissait sympathique et cela la dérangeait encore quant aux doutes qu’elle avait à son sujet. Pourquoi une fille à l’air si gentil pouvait cacher quelque chose de louche ? Kiyumi connaissait les fausses façades mais elle était quasiment sûre que son « interlocutrice » ne jouait pas la comédie quand elle s’adressait à elle. « Sinon, excuse-moi si je suis trop indiscrète mais ça me démange… Depuis combien de temps ne peux-tu pas parler ? ». Elle devait savoir, après tout, on devait lui poser la question souvent.


Anonymous
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Ce message a été posté Mer 11 Jan - 18:50
Pensait-elle réellement qu’Airi pouvait parler ? J’en étais très étonnée. Malgré tout, je n’en étais pas choquée et mon orgueil n’en prenait pas non plus un coup. Je savais que je n’étais pas encore arrivée au stade où je me faisais arrêter à tous les coins de rues, et où la prononciation même de mon nom faisait s’élever quelques murmures. J’étais d’ailleurs bien contente que ce soit le cas ; cela me laissait une certaine marge de manœuvre. Pourtant, je restai surprise car Kiyumi semblait garder un certain œil sur moi… C’était l’impression qu’elle laissait à chaque fois que nous nous croisions. Et puis, nous vivions dans le même immeuble. Peut-être me faudrait-il revoir les préjugés que j’avais tendance à avoir envers notre gardien et les femmes du premier étage, qui eux, semblaient apprécier les ragots. Finalement, je ne devais pas en faire partie… Ou Kiyumi n’écoutait rien de leurs dires, ce qui serait encore mieux.

Installée l’une à côté de l’autre, j’avais donc dégainé mon petit carnet sur lequel je griffonnai nombres de conversations lorsqu’il devenait trop compliqué de s’exprimer par des gestes. Dans ces moment-là, mes échanges si naturels avec Alak me manquaient… Je savais que tout le monde ne pouvait être aussi empathique, mais, finalement, cela règlerait bien des problèmes… Problème que j’avais créé comme une grande dès le départ au fond…
Je ne savais pas si la demoiselle serait à l’aise avec l’échange que nous allions avoir. Au plus profond de moi, j’espérais que ce ne soit pas le cas. J’espérais qu’elle se résigne, qu’elle trouve qu’uniquement entendre le son de sa voix soit lassant, qu’elle se lève et qu’elle quitte poliment mon appartement pour retourner dans le sien. Cela rendrait la situation bien plus simple à gérer. Car, finalement, je n’étais pas à l’aise. Je n’avais pas encore cerné le personnage de la jolie voisine qu’elle était. J’avais peur qu’elle me prenne au dépourvu, qu’elle fasse quelque chose de soudain que je ne pourrais maîtriser. Je réfléchissais à vive allure, alors que mes lèvres se posaient lentement sur le rebord de ma tasse. Je buvais mon thé le plus calmement du monde, il me fallait à tout prix garder ma composition pour ne rien laisser paraître.
J’acquiesçai vivement d’un signe de tête à sa remarque sur le rangement, avec un large sourire. Je n’avais pas à mentir là-dessus. Mon salon avait beau paraître ranger, avec une décoration simpliste. Mes placards débordaient de couleurs et de textures en tout genre. J’avais cependant d’être prise au dépourvu, comme c’était le cas aujourd’hui avec la visite surprise de Kiyumi. Alors, je cachai et rangeai chaque objet trop personnel qui pourrait semer le doute chez une personne visitant Airi et non Eun Ha. C’était frustrant, et j’étais loin de la vie dorée et paisible que je laissais paraître en agissant ainsi.
« Depuis combien de temps ne peux-tu pas parler ? » La question tomba. Une question qui, par chance, m’avait été posé un nombre improbable de fois. Je m’y étais préparée dès le premier jour de la création de mon mensonge, et mon manager m’avait aidé à peaufiner l’idée, au cas où certains curieux se tenteraient d’en savoir plus. Je reposai ma tasse sur la table basse, et saisis à nouveau le petit calepin pour griffonner une réponse que mon haussement d’épaules n’avait pu expliquer correctement.

« Depuis aussi longtemps que je m’en souvienne… Je ne me suis jamais faite examinée à ce sujet étant enfant. »

J’avais hésité à rajouter la seconde partie, mais finalement les mots s’étaient couchés sur le papier d’eux-mêmes. Airi était une demoiselle ayant vécu par elle-même une bonne partie de son existence, avec une enfance assez floue ; ce qui expliquait le manque de visite médicale quant à sa situation. J’avais parfois envie de rire en me disant que j’étais vraiment allée chercher loin dans cette création… Avoir de l’imagination peut finalement être bien négatif. Je lui tendis le carnet, la laissant lire tranquillement ma réponse, scrutant son visage de sa réaction.

Anonymous
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Ce message a été posté Mar 24 Jan - 17:53
Tenue ♔ Le monde du showbiz japonais était encore relativement étranger pour Kiyumi, elle avait beau avoir passé plus de temps au Japon qu’en Russie à ce jour, elle avait encore du mal à intégrer totalement cette culture nippone. Autant elle avait fini par se faire aux formulaires et gestes de politesse bien spécifiques, autant il ne fallait pas lui demander quel était le dernier groupe de musique à la mode, ou même la série la plus populaire du moment. D’abord, parce que les dramas lui apparaissaient terriblement niais et ensuite, parce qu’elle était assez occupée avec ses emplois et qu’elle ne prenait pas nécessairement le temps de se renseigner. Alors non, elle ne connaissait pas vraiment l’univers d’Airi, elle savait qu’elle était un mannequin assez connu, rien de plus. Elle avait aperçu son image parfois dans la rue, vu quelques-uns de ses photoshoots dans les magazines, ça s’arrêtait là. Elle ne savait même pas dire si elle l’avait vue défiler un jour ou si sa voisine était passée à la télévision, elle la connaissait surtout d’après des conversations qu’elle entendait à son sujet. Et aucune d’elles n’avait fait mention du fait qu’elle était muette, simplement parce que ça devait être tabou ou évident, ou les deux. Alors peut-être l’avait-elle étonnée, mais au moins, Kiyumi ne faisait pas semblant, elle n’avait pas peur de mettre le doigt sur la chose et d’afficher son malaise par rapport à cela. Surtout que ça ne pouvait pas sortir de sa tête, que c’était étrange. Encore et encore, un mannequin qui ne parlait pas, c’était trop convenu pour être véridique, mais peut-être était-ce justement ce qui avait motivé son choix de carrière ? Peut-être avait-elle rêvé de devenir idole mais avait dû se contenter de poser sans rien dire ? Le temps le lui dirait, en attendant, cette soirée était l’occasion d’en apprendre davantage et puisque la jeune femme était dans de bonnes dispositions, autant en profiter.

Elle ne voulait pas paraître intrusive, désagréable ou même indiscrète, mais si la russo-japonaise ne posait pas sa question maintenant, elle passerait son temps à la faire tourner encore et encore dans sa tête et son échange avec Airi risquait de s’en faire ressentir. Elle aurait l’air encore plus suspecte qu’elle ne l’était déjà et sa voisine ne risquait pas de l’inviter à nouveau prendre le thé si jamais elle se comportait ainsi. Déjà que ce n’était pas encore certain, mieux valait mettre toutes les chances de son côté et l’honnêteté de Kiyumi pourrait être appréciée. Ce n’était pas un jeu, elle n’était pas un paparazzi qui cherchait à révéler un secret enfoui de la star et à l’exposer au monde entier, non, elle était juste une personne curieuse qui avait de nombreuses questions. Quand bien même elle apprenait qu’une partie de l’image construite par Airi était fausse, elle ne la dénoncerait pas, elle le garderait pour elle. Nul doute que certaines raisons auraient motivé ce choix et elle les respecterait. Seulement, tout cela n’était encore que spéculations, suppositions et vagues idées dans la tête de la jeune femme, mieux valait ne pas trop s’avancer. Elle examina d’un air curieux la nouvelle réponse griffonnée par Airi et fronça les sourcils. Premier élément qui la fit tiquer, elle ne s’était jamais fait examiner. Comment était-ce possible ? Ses parents n’avaient jamais cherché à savoir comment s’expliquait ce handicap ? Bizarre. C’était flou, trop vague au goût de la métis. « Tes parents n’ont pas cherché à obtenir des tests pour en savoir plus ? C’est de naissance ou c’est arrivé d’un coup dans ton enfance sans que tu t’en souviennes ? ». Il devait y avoir un dossier médical dans tous les cas, ça ne pouvait pas juste lui être tombé dessus et passé sous silence – jeu de mots de mauvais goût elle en convenait – sans laisser de trace. Ou alors il n’y avait pas de raison de laisser de trace. On n’avait pas décidé de l’enfermer pour cacher son aphasie, ou elle avait eu une enfance particulièrement difficile. Elle cherchait à comprendre rien de plus, et c’était loin d’être évident. « En tout cas, tu as une jolie écriture. Tes professeurs devaient être contents de lire tes copies. ». C’était toujours ça, elle parlait en connaissance de cause, elle avait mis des années avant d’avoir une écriture lisible et correcte aux yeux de ses enseignants.


Anonymous
Invité
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Ce message a été posté Jeu 26 Jan - 10:49
L’unique personne en qui j’avais entièrement confiance était moi-même. De ce fait, même si Kiyumi, d’apparence, ne semblait pas avoir un mauvais fond, je ne pouvais m’empêcher d’être sur le qui-vive. Je m’attendais à ce que les minutes passées en sa compagnie ne soient qu’une suite de questions, auxquelles il me faudrait répondre ou esquiver du mieux possible. Bien que faisant mon maximum pour ne rien laisser paraître, je n’étais pas à l’aise. J’avais pourtant eu affaire à ce genre de situation un bon nombre de fois, mais, ces derniers temps cela devenait plus compliqué. Mon manager veillait à mon bien être avec attention, et était toujours présent pour m’écarter de toute situation qui en viendrait à être trop stressante à gérer. Mais là, j’étais seule. Je croisais les doigts pour qu’il déboule dans mon appartement avec l’excuse habituelle qu’il fallait que je prépare mon prochain séjour dans je ne savais encore quelle ville pour un shooting. Etait-ce à cause de Satoshi ? Je n’en savais rien. J’essayais tant bien que mal de porter toute mon attention sur la demoiselle assise à côté de moi. Le temps finirait par passer, et elle finirait par rentrer chez elle. Tout irait bien.

Elle enchaînait les questions. D’un côté, je ne pouvais pas lui en vouloir. Si elle était de nature curieuse, ma situation – ou du moins, celle d’Airi – pouvait être plus qu’intrigante. D’un autre côté, j’aurais préféré que nous parlions d’autre chose. Oui. C’était cela : parler d’autre chose. J’esquissai un sourire un peu gêné, lui faisant ainsi comprendre que la situation était délicate et qu’elle marchait sur un terrain miné. Mais, je pris tout de même soin de répondre sur le papier.

« Mon histoire est un peu plus compliquée. »

Me contentai-je d’écrire. Je n’avais pas envie d’entrer dans les détails. Je n’avais pas envie de réciter mon mensonge une énième fois. Airi était orpheline. Si elle voulait tant en savoir d’avantage, elle n’avait qu’à ouvrir un magazine, en règle générale, les journalistes aimaient bien se le rappeler. Rien n’était clair dans mon mensonge. Je le savais pertinemment. Certaines choses ne collaient pas forcément. Au final, je n’avais jamais pensé qu’il me collerait à la peau aussi longtemps.
Elle complimenta mon écriture, et j’en fus sincèrement touchée. Je fis un léger signe de tête pour la remercier. J’avais travaillé avec acharnement pour maîtriser le japonais. Il m’avait fallu des heures à faire des lignes, encore et encore, pour me détacher du mieux possible des habitudes prises à rédiger en hangeul.

« Et toi ? Tu as toujours vécu à Tokyo ? »

Voilà. Changer le sujet était chose faite. Je ne savais pas si cela fonctionnerait pour longtemps, mais au moins, je serai un peu plus tranquille pendant quelques minutes – aussi courtes seraient elles. Et puis, je ne souhaitais pas paraître trop distante. Rendre la pareille était souvent la clé d’une conversation réussie.

Anonymous
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Ce message a été posté Jeu 9 Fév - 23:27
Tenue ♔ Au fond, si Kiyumi s’obstinait à en savoir plus sur Airi, c’était parce qu’elle l’intriguait, qu’elle dégageait quelque qui l’interpellait et qui attirait son attention. La jeune femme ne s’en apercevait probablement pas mais elle avait une sorte d’aura mystérieuse qui fascinait presque sa voisine et qui expliquait pourquoi elle n’avait pas encore pris ses jambes à son cou. Après tout, l’absence de son à part sa propre voix aurait facilement découragé la russo-japonaise en temps normal et si rien n’avait éveillé sa curiosité, elle aurait certainement déjà quitté les lieux. Des certitudes infondées ne valaient pas la peine s’infliger un monologue, et encore moins au mannequin sa présence sans réel motif, son excuse ayant été particulièrement grotesque et improvisée. Sauf que tout cela cachait quelque chose, elle en était persuadée, cet appartement trop bien organisé, trop impersonnel dissimulait un secret, sur lequel elle n’avait pas encore mis la main, voilà tout. Ce pouvait n’être que le simple fruit de son imagination, néanmoins, Kiyumi avait suffisamment de données entre les mains pour poursuivre son enquête avec bon espoir. Il était notamment question de l’incapacité d’Airi à pouvoir prononcer le moindre mot, cela l’interpellait plus que toute autre chose dans cette histoire, et c’était compréhensible. C’était trop convenu pour être vraisemblable, vrai peut-être, mais pas franchement crédible d’un point de vue extérieur. Un mannequin muet, ça pouvait faire sourire après tout, surtout les machos qui penseraient que c’était un idéal féminin ultime. Cette simple pensée la révulsait et la confortait dans ses suppositions. Airi avait sans doute de bonnes raisons d’user un tel stratagème, mais c’était tout ce que c’était à ses yeux, de la comédie, une excuse pour ne pas avoir à parler, et donc à se trahir. Son esprit partait loin avec peu d’éléments mais c’était sa spécialité, elle était écrivaine et ne faisait pas de comics avec de simples raisonnements logiques évidents, il fallait chercher un peu plus loin pour divertir les lecteurs.

L’invitée se pinça la lèvre nerveusement à l’écoute de la réponse de la suspecte en question. « Compliqué » ? Avait-elle seulement conscience que sa réponse ne la rendait que plus coupable aux yeux de son interlocutrice ? Kiyumi n’était pas du genre à pointer les gens du doigt ou à vendre la peau de l’ours avant de l’avoir volée, mais les réponses évasives de sa voisine laissaient parfaitement à croire qu’elle cachait des choses, et vu le mensonge énorme qu’elle formulait pour cela, cela devait être énorme. Les pires scénarios traversèrent son esprit, meurtre, trafic de drogues ou d’autres biens interdits, bref, un passé peu glorieux dont elle ne voulait pas voir surgir l’existence lors d’une interview. Ce devait être une criminelle, pourquoi voudrait-elle se cacher sinon ? On ne mentait pas ainsi juste parce qu’on venait d’un milieu modeste, c’était trop gros pour si peu. Elle devrait pousser ses recherches un peu plus loin sur ce que les médias savaient sur Airi et trouver les failles dans son histoire à faire pleurer dans les chaumières. « Je vois. Ce doit être un sujet difficile pour toi, je ne t’en demanderai pas plus, je comprends que tu ne veuilles pas trop en parler. ». Même si au fond, quelqu’un d’irréprochable n’aurait pas d’objection à en raconter un peu plus, mais ça, elle se garda bien de le lui dire. Elle ne devait pas deviner que Kiyumi comptait fouiller un peu plus et la démasquer, pas aux yeux du monde, simplement aux siens. Elle n’était ni agent secret, ni détective privé, ni journaliste en quête de scoop, juste une citoyenne curieuse. Curiosité qui sembla animer Airi tout à coup, sûrement l’envie de changer de sujet, c’était si prévisible. « Non. C’est mon accent qui m’a trahie ?, plaisanta-t-elle avec un rire nerveux, à la base, je viens de Russie. Mon père est russe et ma mère japonaise. J’ai eu beaucoup de mal à écrire les kanjis. C’est compliqué, encore plus en étant gauchère, une vraie plaie. Mais j’ai fini par y arriver, regarde. ». Elle se permit d’emprunter le carnet de la demoiselle pour y griffonner quelques mots, rien de bien original, son nom complet, avec ses deux prénoms, Kiyumi et Vasilisa. « C’est pas aussi joli que toi mais ça reste lisible non ? Bref, c’est peut-être mieux que je m’en tienne à dessiner des comics. ».


Anonymous
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Ce message a été posté Dim 12 Fév - 18:28
Je sentis doucement mais sûrement mes nerfs se tendre. Plus le temps passait, et plus je sentais qu’il me serait difficile de rester calme et posée longtemps. Je ne savais pas pourquoi. D’habitude, j’arrivai à jouer le rôle d’Airi avec brio. Elle faisait partie de moi après tout. Je ne savais pas si c’était parce que la visite de Kiyumi m’avait prise de court, ou bien si c’était sa présence même qui me laissait dubitative. Elle dégageait une présence curieuse, et j’avais l’impression que quelque chose sonnait trop faux entre nous. Je devais me forcer à ne pas trop réfléchir, au risque de me prendre les pieds dans mon propre piège. Après tout, je ne le connaissais pas, je ne savais de quoi elle serait capable si elle venait à découvrir la vérité. Et si elle se mettait à faire comme Satoshi, à me demander de l’argent à tout va ? Peut-être qu’elle agirait d’une façon bien pire d’ailleurs… Etrangement, j’avais du mal à voir les choses du bon côté. Ce n’était pas dans mes habitudes. J’étais sur le qui-vive, c’était lancinant.

J’avais réussi à détourner le sujet vers autre chose. Le simple fait qu’elle veuille poser trop de questions sur mon histoire, mon passé, ma vie en générale m’indisposait. D’un côté, je trouvais cela extrêmement culotée de sa part d’oser poser ce genre de questions. En faisant ainsi, elle se mettait toute seule dans le même sac que ces journalistes à scandale que j’avais parfois en horreur. D’un autre côté, je ne pouvais lui en vouloir d’être curieuse. C’était là le principe même de faire connaissance ; il fallait poser des questions sur l’autre afin d’en découvrir d’avantage. Sauf que, lorsque je ne menais pas la danse, ce n’était pas la plus agréable des situations.
J’écoutai donc son explication, non sans être impressionnée d’avoir face à moi une métisse. Elle m’intriguait d’autant plus maintenant. Elle saisit le calepin et s’adonna à l’écriture de quelques caractères. Je me penchais légèrement pour la regarder faire, esquissant un sourire sympathisant à son égard.

« Tu as du courage. Le japonais est une langue difficile. Mais, tu te débouilles bien ! »

Ecrivis-je alors en dessous de sa présentation de sinogrammes. Je savais ce que c’était. J’avais travaillé d’arrache-pied pour arriver au niveau de japonais que j’avais à présent. Je n’avais pourtant pas été le genre d’adolescente que l’un aurait pu appeler scolaire. Je faisais le minimum pour pouvoir avancer dans les grades sans me faire réprimander, et sans me faire remarquer. Par contre, dès que j’avais eu l’idée de quitter la Corée du Sud pour le Japon, je m’étais attelé avec ferveur à l’apprentissage de la langue et de ses caractères. Des heures passées, souvent dehors, à réviser encore et encore. Après, si Kiyumi avait eu la présence de sa mère pour lui donner un petit coup de main, ce n’était pas négligeable non plus.

« Tu dessines ? »

Ajoutai-je rapidement du bout du crayon à la suite de mes courtes phrases. Si j’arrivais à en apprendre un peu plus sur elle, autant qu’elle essayait d’en apprendre plus sur moi, cela me permettrait de garder un œil ouvert. Et puis, l’idée que la discussion continue vers sa personne plutôt que la mienne me rassurait peu à peu.

Anonymous
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Ce message a été posté Mer 22 Fév - 22:50
Tenue ♔ Ce n’était que partie remise. Kiyumi voyait clair dans le petit jeu que menait Airi, à vrai dire, elle s’y était un peu préparée. Quelqu’un qui avait quelque chose à cacher n’apprécierait évidemment pas qu’on essaie de fouiller un peu trop dans son passé, avec des questions répétées, et ferait tout pour détourner l’attention en changeant discrètement de sujet. Enfin, elle avait vu mieux en matière de discrétion, la jeune femme devait encore être novice en matière de diversion. Son « Et toi ? » avait étrangement sonné comme un « Laisse-moi tranquille avec tes questions ».  Si elle faisait bonne figure et concédait à lui accorder encore et toujours le bénéfice du doute, elle n’en était pas moins consciente que son interlocutrice était en train d’essayer de la prendre pour une idiote. Elle ne voulait pas trop la pousser dans ses retranchements en surenchérissant de son côté, parce qu’au fond, Kiyumi s’imaginait un peu agent secret à cet instant. Il ne fallait pas qu’Airi soupçonne ses intentions, au-delà d’une voisine curieuse voulant apprendre à mieux la connaître. Ce qui était vrai, elle ne comptait simplement pas se suffire des informations qu’elle voulait bien lui donner, voilà tout. Parler d’elle n’était pas du tout un problème, elle n’avait rien à cacher et elle parlait aisément de sa vie aux gens qu’elle rencontrait, comme si c’était une évidence. Ça l’était à ses yeux, mais ça ne l’était pas pour tout le monde. Si cela pouvait aider sa voisine à lui faire un peu confiance, jusqu’à lui expliquer elle-même ce qui se cachait derrière cette façade trop lisse, c’était aussi bien. Mais il y avait peu de chance que cela arrive, alors Kiyumi se contentait de penser que ça l’aiderait à voir qu’elle ne lui voulait aucun mal, peu importait ce qu’elle découvrait.

Ses kanjis n’étaient pas du tout aussi beaux que ceux de son hôtesse, loin de là. Airi avait une jolie écriture, presque parfaite. La sienne faisait tâche à côté et si Kiyumi avait eu des connaissances plus poussés sur la chose, peut-être aurait-elle remarqué que les signes d’Airi n’étaient pas aussi précis que ceux d’une japonaise pure souche. Or, elle en était vraiment loin, la différence entre elles deux était si remarquable qu’elle n’y songea pas. A la place, elle sourit d’un air gêné au compliment que lui fit la jeune fille, qui devait être un peu forcé, elle n’en doutait pas. « Merci, c’est vraiment gentil. Mais tu n’es pas obligée de mentir, je sais que je n’écris pas très bien… ». Au grand dam de sa mère qui elle avait appris cette langue depuis sa naissance et qui la maniait aisément. Elle était même capable d’écrire à l’encre sur des parchemins tandis que Kiyumi faisait encore baver ses stylos de temps à autre. Une vraie plaie. Elle excellait davantage en dessin, un langage universel fort heureusement. Sujet qui ne manqua pas d’intriguer sa voisine, évidemment. « Oui, je dessine des comics. Tu ne dois pas connaître, ce n’est pas grand-chose, expliqua-t-elle en faisant un geste de la main, mais oui, c’est ma passion. J’écris des histoires illustrées en gros. ». Ça ne payait pas de mine pour certains, mais cela suffisait à embellir ses journées. Trêve de divagation, elle devait trouver le moyen d’en savoir plus, sans donner l’impression de forcer Airi à parler. Et une idée jaillit alors de son esprit. « Je peux utiliser tes toilettes ? ». Avec le thé, c’était le prétexte parfait. Même si elle aurait pu se contenter de partir pour aller à ceux de son appartement, vu que c’était à côté. Mais non, elle ne comptait pas partir si vite. Sur le chemin des toilettes, il y avait certainement celui de sa chambre et à l’intérieur, de possibles éléments pour étoffer son enquête.


Anonymous
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Ce message a été posté Mar 28 Fév - 18:16
Je n’avais pas envie de lui dire que son écriture était mauvaise. Au fond, cela pouvait être vu comme du mensonge, car il était clair qu’elle manquait de dextérité en la matière. Mais, j’étais mal placée pour critiquer une telle situation. Elle avait très certainement eu bien mieux à faire dans sa vie que de faire des lignes et des lignes de caractères pour les perfectionner au maximum. Kiyumi était sans doute contente de ses origines, du moins suffisamment pour ne pas s’en cacher. C’était une qualité que je lui enviais. Elle n’avait pas craint de me dire que son père était Russe. Pourtant, nous n’étions pas dans le pays le plus tolérant qui soit. Alors que moi, je m’étais empêtrée dans un mensonge sans fin pour me protéger de ces origines que je haïssais tant… Si elle savait, elle me rirait sûrement au nez. Oui, elle ne réagirait pas bien. Je ne voyais pas comment l’un pouvait bien le prendre et comprendre surtout… A l’exception faite d’Alak, qui était sans aucun doute la perle rare de mes relations.

Alors comme ça, elle était illustratrice. J’étais sincèrement curieuse de savoir à quoi pouvait bien ressembler ses dessins. Je ne doutais pas qu’elle ait un site sur lequel elle partageait ses planches. Si l’humeur m’en disait, je pourrais pertinemment aller faire ma petite recherche. Je pourrais aussi lui en demander plus, mais, sa présence me m’était si mal à l’aise que je ne voulais que cette entrevue se prolonge encore trop longtemps.
Nos thés enfin terminés, j’avais naïvement bon espoir que tout se termine ainsi. Qu’elle se lève, me remercie et passe le pas de la porte d’entrée avec un sourire. « Je peux utiliser les toilettes ? » La question n’avait rien de choquant, et je ne laissais en aucun cas mon désespoir paraître sur mon visage. En bonne hôtesse, j’acquiesçai d’un signe de tête à sa question. Il était évident que je n’allais pas lui refuser l’accès aux sanitaires. Cela aurait été plus qu’idiot, et je serais passée pour folle. Je me levai du canapé, et lui indiqua de me suivre. Non loin de large salon où nous étions installées, le mur faisait un renfoncement en un petit couloir duquel se dessinaient trois portes : une salle de bain, des toilettes et ma chambre à coucher. Je lui indiquais la première porte d’un signe de la main et la laissai à ses affaires.

Je retournai silencieusement en direction de la table basse. Je reposais les tasses à présent vides sur un petit plateau et m’attelai à les rapporter jusqu’à l’évier de la cuisine avec un soupire. Le temps se faisait long. Je glissais un regard en direction de la petite horloge posée sur le comptoir. J’en vins presque à penser que je pourrais envoyer rapidement un message à mon manager pour lui demander de venir, pour lui demander de me sortir de là. D’un côté, j’en avais fort envie. D’un autre, c’était normalement ma seule journée tranquille et la sienne également. J’étais capricieuse, mais pas au point de lui retirer la seule journée avant un bon moment où il pourrait passer quelques heures avec sa famille. Les minutes s’écoulaient, et il semblait que Kiyumi n’était toujours pas revenue. Fronçant légèrement les sourcils, j’avançai d’un pas lent en direction du couloir. Peut-être était-elle malade ? Peut-être était-elle coincée ? Le verrou de la porte des toilettes savait être capricieux, et je n’avais cesse de me répéter qu’il me faudrait le changer. Cependant, aucune des situations citées ne semblait être la bonne. La porte des toilettes n’était pas fermée, et je fus bien surprise de voir où la jeune métisse avait filé.

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