TENUE ✑ Ma rencontre avec Midoriya a été la meilleure chose de ma semaine, en plus d'avoir écris un bon article à son sujet. J'en reviens pas que mon patron m'ait félicité, m'annonçant qu'au projet « chef d'oeuvre » il me changerait de section pour passer dans celle que je désire depuis mon arrivée dans l'agence. Les choses sont plutôt bonnes, mais je ne peux pas crier victoire trop vite tant que je n'aurai pas trouvé mon second article qui fera un carton. Qui pourrais-je bien interrogé d'intéressant ? Ce n'est pas comme si Tokyo manquait d'idole, mais je sais que la plus part sont déjà envahi par des paparazzi de tout horizon. Il me faut la perle rare, quelqu'un à qui personne ne songerait mais qui intriguerait beaucoup de monde. à cela, je réfléchi, un stylo coincé entre mon nez et ma lèvre supérieure. Aish, c'est trop compliqué! Je n'arrive pas à me concentrer avec le ventilo de mon voisin qui tourne à plein régime. Quittant ma chaise de bureau, je passe devant le siens pour éteindre son moteur d'avion et m'accorder une pause, loin de ce boucan. Un détour par la machine à café et je m'en vais dans le couloir, vers l'une des fenêtres que j'ouvre pour observer la cour du bâtiment. ça me rappel l'époque de l'université... Université! Un large sourire se profile sur mon visage quand je repense à ce garçon dont je n'ai jamais pu avoir un véritable interview, d'abord parce que je n'étais qu'étudiant, puis parce qu'il a quitté le pays.

Qu'est-il devenu ? Y a qu'un seul moyen de le savoir, chercher sur le net et quand cela ne marche pas, chercher son numéro dans l'annuaire. Si jamais il est revenu à Tokyo entre temps, il devrait forcément y être. Après une bonne demi-heure à chercher, c'est mon collègue, menton au dessus de mon épaule qui m'indique connaître ce nom. Après un bon sur ma chaise dû à la surprise de son intervention, je l'interroge sur mon ancien camarade d'école. Apparemment, il a son bureau à l'hôpital et il est devenu psychologue. Je n'ai jamais douté de lui, bien que je sois déçu qu'il ne m'ait pas prévenu de son retour. A-t-il oublié à quel point je voulais le questionner ? Vu sa réputation, ma curiosité et ma motivation n'a pas changé.

M'armant de mon portable, je téléphone à l'hôpital pour prendre rendez-vous avec monsieur Baek, comme l'a nommé la femme à l'autre bout du fil. évidement, ce rendez-vous est remporté à une date trop lointaine pour moi, avant de trouver un moyen de le raccourcir à ... Dans deux heures. Mon mensonge a bien fonctionné, même si j'ai juré que c'était une urgence importante à régler dans l'immédiat. Techniquement, ça l'est pour moi. Une fois l'heure prévue, je récupère mes affaires, quitte l'agence et prends ma voiture pour rejoindre l'hôpital où l'une des femmes à l'accueil m'indique le chemin. Ne tenant pas en place, je choisis les escaliers pour grimper plus vite, plutôt qu'attendre l'ascenseur. Une fois devant la porte, je vais m'asseoir sur un siège et attends mon tour, jouant de mes doigts sur ma cuisse, signe d'impatience. J'ai hâte de revoir Jin Yu, mais aussi de le sermonner pour son manque de nouvelle.

TENUE ✑ Je passais beaucoup de temps à l'hôpital. J'étais psychologue, il s'agissait de mon activité principale, celle que j'aimais le plus exercer. Être prof, ou écrivain, il ne s'agissait que de petits extras qui me plaisaient et qui maintenant faisait partit de ma vie. En décidant de travailler à l'hôpital plutôt que dans un cabinet privé, j'avais aussi pu élargir mon cercle de client, m'ouvrir à des gens moins riches et moins haut de gamme que précédemment. J'étais tout de même largement bien payé puisque mon ancienne clientèle faisait encore appel à moi. Résultat, j'avais des carnets de rendez-vous pleins, je travaillais même le week-end, sans aucun jour de repos. Mais, cela tombait bien de toutes les manières, je ne savais jamais quoi faire de mes week-ends ou de mon temps libre autre que de lire ou de... réfléchir. C'était là ce à quoi ma vie se limitait. Je ne me considérais pas comme quelqu'un de particulièrement intéressant et sans doute que beaucoup devaient se dire la même chose. Je regardais ma montre d'un air un peu fatigué en me rappelant le nombre des personnes qui attendaient dans la salle d'attente. Un café m'aurait fait le plus grand bien.  Je pris alors la liste des consultations pour voir le nom suivant. Une habituée qui allait me raconter pendant une demi-heure ou plus, ses déboires avec son mari, son incapacité à dormir et ses inquiétudes pour ses enfants. Cela faisait très très longtemps que je n'avais pas eut un cas intéressant et il fallait bien l'admettre, les soucis du quotidien, cela me passait souvent par dessus la tête. Mais, je faisais mon métier sérieusement, que voulez-vous. J'avais une réputation à tenir. Je fis rentrer la jeune femme, la fis asseoir sur un espèce de fauteuil confortable que j'avais spécialement amené de Londres avec moi et elle commença à parler. Pour moi, qui avait souvent du mal à comprendre les relations entre les hommes, la psychologie avait été salvatrice. J'avais toujours autant de soucis de ce côté là, mais au moins, j'avais des points de bases avec lesquels me raccrocher. Quand elle eut finit, je continuais mes rendez-vous jusqu'à ce que l'infirmière de garde vienne me reporter un changement d'emplois du temps. Les gens avaient toujours des tas de raisons pour ce genre de choses. Bon, très bien. Je ferais avec. Je pris le dossier en main et le parcouru quelques minutes, je n'avais pas beaucoup d'information en dehors du fait que c'était une situation urgente. J'ouvrais la porte sans vraiment regarder.

-"Monsieur Keito, je vous prie."

Je laissais mon patient rentré et s'installé, rangeant les fiches des patients précédents que j'avais pris le temps de remplir dans mes dossiers avant de passer au patient suivant. Il fallait mieux faire les choses ainsi si on ne voulait pas se retrouver surbookée et surtout dépassé par les événements. J'aimais travaillé mais, je faisais suffisamment d'heures supplémentaires pour ne pas vouloir m'en imposer de nouvelles. Je m'asseyais dans mon fauteuil et avec un grand sourire ajoutais:

-"Alors qu'est-ce qui vous amène ici Monsieur Keito.... Vous n'êtes pas Monsieur Keito, il me semble."

J'avais relevé la tête entre temps et mon sourire de praticien avait laissé place à mon visage froid surpris de retrouver en face de moi quelqu'un que je connaissais bien. Disons que je n'aimais pas les surprises et que cela me faisait un choc. Ce n'est pas que je ne l'appréciais pas, je ne m'attendais pas à le trouver ici. Surtout que dans mon souvenir sa santé mentale n'était pas quelque chose dont je devais m'inquiéter. Mais, beaucoup de choses s'étaient passées en deux ans, alors qui sait. Je retentais un sourire de façade avant d'abandonner. De toutes les manières, il me connaissait, il savait bien que j'avais du mal à être naturel avec les gens, que mon visage normal était celui là.

-"Alors  Setsuna, qu'est-ce qui t’amène ici mon cher? Des soucis?"

En vérité, je commençais déjà à m’inquiéter pour lui. J'avais tendance à toujours m’inquiéter pour mes connaissances et mes amis, même si cela ne se voyait pas. J'étais juste incapable d'exprimer de véritables émotions sur mon visage. Incapable. C'était handicapant pour la vie de tous les jours, mais j'avais aussi pris l'habitude d'imiter les émotions des autres. Un truc comme un autre pour s'en sortir.

TENUE ✑ Le temps peut paraître long dans ce genre d'endroit. étant journaliste, notre agence ne possède pas de salle d'attente, une seule de repos à la rigueur mais je n'y vais jamais puisque mon bureau est équipé pour mes pauses, quand j'en fais. C'est surtout très étrange de se retrouver dans la salle d'attente d'un psychologue, moi qui n'ai aucun soucis mental à déclarer. Peut-être qu'à une époque, si j'avais consulté ce genre de personne, je ne serais pas tombé dans cette secte, mais j'ai surmonté seul le problème pour prendre un nouveau départ. Aujourd'hui, à part courir après le boulot et les gens à interview, je n'ai pas réellement de soucis majeur. Du coup, je suis ici tel un étranger, tel un canard chez les cygnes ou un requin dans un banc de poisson. Bref, tout ça pour dire que je ne suis pas vraiment à ma place. Les minutes défilent et la porte s'ouvre sur une personne quittant le bureau, une femme. Je me demande quel genre de tourment peut-elle avoir pour venir voir Jin Yu. Problème dans son couple ? Soucis de travail ? Il n'y a pas trente six milles choses dont on peut parler avec un psychologue, si ? C'est bien pour cela que je suis ici! Jin Yu est un bon psychologue et en même temps, c'est un garçon formidable. L'interroger ne serait que bénéfique pour moi, bien qu'il ne soit pas une célébrité comme Michael Jackson et compagnie.

Monsieur Keito ? C'est à peine s'il me regarde en appelant son supposé prochain patient, qui n'est pas là. J'ai dû prendre sa place, après désistement mais autant faire silence là-dessus. Quittant mon siège, je foule la distance restante pour entrer dans son bureau, regardant rapidement l'aspect des lieux. Simple, neutre, sûrement digne d'un psychologue. Il m'appel à nouveau par ce nom avant de relever la tête et de voir que non, je ne suis pas monsieur Keito. Son expression faciale ne me surprend pas, j'en souris même. Je le connais bien ce Jin Yu, ce garçon plutôt calme qui n'était d'aucun côté, si ce n'est le siens et encore, je l'ignore. à dire vrai, je crois que ce visage m'a manqué après tant d'année sans le voir. à l'époque de l'université, nous nous voyons assez souvent et j'avoue avoir été plutôt envahissant pour un garçon pas des plus sociaux.

C'est déjà pas mal qu'il se souvienne de mon prénom, j'aurai presque cru qu'il l'aurait oublié, moi avec. Les lèvres étirées sous forme de sourire, je secoue doucement ma tête de gauche à droite. Le seul soucis que j'ai, c'est de ne pas avoir eu mon interview. « Tout va toujours très bien dans ma vie, Jin Yu. » Répondis-je en m'installant sur son fameux fauteuil. S'inquiète-t-il pour moi ? Mon passé est beaucoup plus inquiétant que mon présent ou mon avenir, bien que je garde quelques ombres au tableau... Comme ma crainte des regards si jamais on découvre la véritable couleur de mes yeux. « J'ai appris que tu étais revenu. ça fait longtemps ? » Je tape la discute avec lui comme si c'était normal. Manque seulement une tasse de thé et cela ressemblerait vraiment à un rendez-vous de longue date, entre deux amis qui ne se sont pas vu depuis longtemps.

« Je suis content que tu sois revenu à Tokyo, mais j'aurai préféré que tu me prévienne. » Comparé à lui, je peux aborder des tonnes d'expressions, même la moue faussement déçue et triste. Jin Yu était l'un de mes amis les plus proche à l'école, j'ai été attristé par son départ précipité et assez « dégoûté » de ne pas avoir pu obtenir mon interview. « Tu te souviens de notre ancienne promesse ? » Si c'était vraiment une promesse, mais en tout cas, je me suis juré de le questionner la prochaine fois que je le reverrais.

TENUE ✑ Je n'étais pas doué pour les relations sociales. Toute personne me connaissant un peu le savait. Ma famille ne comprenait pas pourquoi et à vrai dire, je me contrefichais de ce qu'ils pouvaient penser de moi. Avec le temps, j'avais appris à ne plus apporter trop d'importance à leurs jugements. Les parents n'étaient jamais impartial avec leurs enfants. En bien ou en mal. J'avais suffisamment souffert des moqueries dans ma vie pour ne plus vraiment y accorder d'importance mais, cela n'avait fait que m'éloigner encore un peu plus des gens normaux. Même si je n'en avais pas l'air, j'étais un sentimental, un cœur d'artichaut. Mais, lorsque j'avais appris que j'étais bipolaire, j'avais rajouter de plus en plus de barrière entre mes émotions et le monde extérieur. Parce qu'elles pouvait être dangereuses pour les autres et, pour rien au monde, je n'aurais voulu faire de mal à quelqu'un. C'était pour ça que je passais mon temps à m'inquiéter pour les personnes de mon entourage. Patient ou pas patient, famille ou amis. Après tout, si je disais à tout le monde que j'hébergeais chez moi gratuitement un ami que je n'avais pas vu depuis l'enfance, sur lequel je ne connaissais rien, on me prendrait surement pour un fou. Sauf que je le faisais et puis c'est tout. Pas plus de questions à se poser sur mon état mental. C'était sans doute pour cela que ma première réaction face à Setsuna avait été d'agir en tant que praticien. Peut-être aussi parce que sous le coup de la surprise, je m'étais raccroché à un environnement familier. J'étais ravi d'apprendre qu'il allait bien mais, résultat, j'étais encore plus perplexe quand à la raison de sa venue dans mon cabinet. S'il allait bien, pourquoi venir ici? J'avais beau ne pas être stupide, loin de là, je n'étais tout de même pas devin. Être dubitatif n'était pas dans mes habitudes mais, cette fois si... je devais bien reconnaître que je me sentais presque idiot. Je n'étais pas du genre à me tenir au courant de ce qui se passais dans la vie des gens. Ce n'était pas que je m'en fichais mais, je n'y portais tout de même pas beaucoup d'importance. Certains me dirait que j'étais légèrement inhumain mais, je n'accordais plus aucune importance aux remarques des autres. Chacun avait ses défauts. Dans mon job, je les découvrais chaque jours un peu plus. La nature humaine était fascinante.

-"Je suis revenus il y a à peine quelques semaines. Il aurait fallut que je te préviennes? Personne ne sait vraiment que je suis revenu, si ce n'est les professeurs de royal puisque j'enseigne là-bas aussi."

Lorsqu'il me parla d'une promesse, je commençais à me dire que ma mémoire me jouais des tours. Je me renfonçais dans mon fauteuil, fronçais les sourcils et commençait à réfléchir. Pendant nos années d'université, nous nous étions principalement vu pour "travailler". De toutes les manières, je n'ai jamais eut beaucoup d'amis et de loisirs. La plupart du temps, il se servait de moi pour s'entraîner aux interviews. Je ne me serais d'ailleurs jamais douté à cette période que je pouvais dire quoi que ce soit d'intéressant en dehors de mon roman. J'étais plongé dans l'écriture, plongé dans un moyen de m'exprimer autre que la parole. Tout cela m'avait aidé. J'appréhendais beaucoup moins de parler en publique grâce à lui. Mais, le reste de ces moments étaient très flous, plutôt... lointain. Je fis une petite grimace avant de finalement avouer la réalité.

-"Je suis désolé Setsuna mais, je ne vois pas de quoi tu parles. Peux-tu m'éclairer sur la question?"

Je n'avais aucune idée de ce qu'il s'était passé dans la vie de mes anciens camarades. Retourner à Londres m'avait comme subitement coupé de l'Asie. Je n'y avais pas remis les pieds ou seulement en coup de vent pendant deux ans et mes contacts avec mon père avaient été très... limités. Mais, je pouvais peut-être me montrer curieux maintenant? Peut-être, non? Je n'étais pas très doué pour trouver le bon timing mais tant pis.

-"Au fait, tu as réussis à devenir journaliste?"

C'était son objectif dans mes souvenirs. Je ne savais pas s'il était parvenu mais, que voulez-vous... Le Japon paraît loin depuis le London Bridge.

TENUE ✑ A-t-on vraiment besoin d'une excuse pour voir un vieil ami ? C'est difficile d'avoir une chance de le croiser par hasard au détour d'une rue ou dans un commerce. Alors quand les choses ne viennent pas à nous, c'est à nous d'aller à elles. C'est ce que j'ai fait en prenant un faux rendez-vous à son cabinet. Je vais parfaitement bien, du moins je crois. Je n'ai jamais eu de soucis psychologique jusqu'à maintenant. Ce qui semble surprendre Jin Yu, ne s'attendant sûrement pas à me voir là, comme patient. J'ai dû prendre la place d'un autre, mais parfois c'est nécessaire. Sinon, je ne pourrais jamais le voir, ni lui parler. C'est dure de savoir si Jin Yu est sincère ou ironique. « J'aurai bien voulu savoir que tu étais revenu. » Dis-je simplement, sans perdre mon éternel sourire. Depuis le temps, nous avons tout deux dû changer nos numéros de téléphone. ça n'aide pas à se tenir au courant, surtout avec nos emplois du temps respectifs. Néanmoins, je ne peux pas en vouloir au psychologue d'être revenu en secret, sans prévenir ses anciens amis. « Tu as trouvé un poste d'enseignant à Royal ? Psychologie, je suppose ? » C'est son domaine, après tout. Si je devais étudier là-bas, ce serait le journalisme.

Dès que je parle de promesse, Jin Yu semble perdu. Je l'observe méticuleusement, remarquant son froncement de sourcil et son expression faciale. Quelque chose cloche. Ne se souvient-il pas de ce que j'ai pu dire par le passé ? Ou ne l'ai-je pas clairement fait comprendre à cette époque ? Après tout, il est parti sans prévenir, du jour au lendemain. ça été dure à accepter au départ, et c'est peut-être qu'à ce moment-là que je me suis juré de l'interviewer à son retour. Dans ce cas, je ne l'ai pas dit de vive-voix à Jin Yu, pour ça qu'il ne doit pas se souvenir. J'avais raison, il ne sait pas. « Quand nous étions à l'école, je t'avais "promis" de t'interviewer quand je serais devenu journaliste. Tu te souviens de quand je te posais des questions ? » Ce n'était sûrement pas les mêmes qu'aujourd'hui, mais ça restait des questions quand même. Savoir ce qu'il aimait, ce qu'il lisait ou écrivait, ce qu'il comptait faire, s'il avait de la famille, des amis, des animaux, ses couleurs préférés, ses repas ou ses goûts. En l'espace d'une année, j'ai dû lui poser des tonnes et des tonnes de question.

« Affirmatif! J'ai réussi à devenir stagiaire dans une petite agence après l'obtention de mon diplôme et maintenant, j'ai mon propre bureau et mes rubriques. » C'est ce qui me rend le plus fier, je crois. D'avoir réussi mon objectif d'adolescent et de suivre les traces de mes parents adoptifs. « Et toi, alors ? Tu as pu publier des livres depuis le temps ? Me semble que tu étais assez absorbé par tout ça, à l'école. » Que ce soit pour lire ou pour écrire, mais je ne peux pas honnêtement dire si je l'ai souvent vu écrire quoi que ce soit. Disons que je devais beaucoup le déranger lors de ces moments lecture, juste pour l'interroger. En contre partie, je lui offrais mon aide pour « parler » et s'exprimer par la voix. Une sorte de donnant-donnant qui m'a permis d'être ami avec lui. « Dis-moi, Jin Yu, où es-tu allé ? » J'ai l'impression qu'il est parti au bout du monde, peut-être n'est-ce pas différent ? Mais c'est étrange de le revoir en face de moi après toutes ces années.

TENUE ✑ Je réfléchissais intensément, tentant de me remémorer le plus possible mes années passées à Royal. Mais, il faut bien l'admettre, ces années avaient été tellement riches en émotions et en événement que la plupart restaient légèrement floues dans ma mémoire. Et pourtant, je n'avais pas eut beaucoup d'amis dans ma vie. Setsuna en faisait partie mais, c'était principalement parce qu'il était très tenace. La plupart des gens préféraient éviter le lunatique, froid et incapable de s'exprimer correctement avec les gens. Il faut dire qu'il m'arrivait régulièrement de dire les choses qui fâchent en face à face, ce qui m'avait attiré un certains nombre d'ennuis. A vrai dire, beaucoup de mes camarades de promos se demandaient comment j'allais pouvoir devenir psychologue avec un caractère pareil. C'était simplement parce qu'ils avaient une mauvaise conception du métier. Pourquoi devrais-je faire des chichis avec des personnes en parfaite santé mentale. Seule les personnes fragiles avaient besoin d'être manipuler avec précautions. Le reste du temps, je ne prenais pas de gants. Je partais du principe que je n'avais pas de temps à perdre, il y avait toujours quelque chose à faire. Mais, Setsuna n'était pas du temps perdu. Alors, j'essayais de me montrer un peu plus considéré. Ce n'était pas facile mais, au moins, je faisais un effort. Il ne s'en rendait peut-être pas compte, rare étaient les personnes qui le remarquait, mais je le savais et c'était le principal. Je l'écoutais attentivement tandis qu'il m'expliquait de quoi il parlait. Ma mémoire continuait de travailler, et j'avais effectivement l'impression que toute cette histoire me disait quelque chose... Mais, très certainement que je n'avais pas du le prendre au sérieux quand il m'en avait parler. Il faut dire qu'il s'entraînait sur moi alors... qui aurait cru qu'il puisse penser sérieusement à m'interviewer. Surtout en sachant qu'à ce moment là, je n'avais pas publier mon livre et je n'avais pas non plus commencer à pratiquer. Et puis, malgré tout, je n'étais tout de même pas une "star". J'avais publié un roman. Qui, certes, avait eut énormément de succès mais... est-ce que pour autant cela valait le coup? J'étais légèrement circonspect. J'avais déjà reçut des demandes d'interview lorsque j'étais en Angleterre. Mais... je n'étais pas confortable avec les gens, alors parler avec un inconnu sur ma vie... très peu pour moi. Pourtant, j'étais ravis qu'il puisse faire ce qu'il avait toujours eut envie de faire depuis que je le connaissais. Et c'était avec plaisir que je pouvais discuter avec lui.

-"Je ne suis de retour que depuis quelques semaines. Le poste à Royal était très tentant, un bon moyen de me mettre à l'épreuve dirons nous. Et puis parler de sujets qui m'intéresse est nettement plus simple qu'autre chose. Pour ce qui est de mon livre, je l'ai publié juste avant de partir du Japon. Il a eut pas mal de succès, je pense que tu as pu en entendre parler. Je l'ai publié sous mon nom européen. Quand à ce que j'ai fait... Et bien, je suis retourné en Angleterre travailler dans le cabinet de ma mère. C'était ce qui était prévu depuis longtemps."

Je ne l'avais jamais caché. Mon chemin avait été tracé dès le moment où j'avais choisi d'étudier la psychologie. Mais, voilà, pendant deux ans, j'avais fait ce que l'on voulait de moi et puis finalement, ma mère avait trop débordée de ses fonctions. Elle m'avait seulement donné envie de fuir et de construire ma vie à ma manière. Une nouvelle façon de voir les choses, une nouvelles formes de liberté. Moi qui m'accrochait désespérèrent à mes habitudes, aux choses les plus normales possibles... me lancer dans une telle aventure c'était presque comme hurler à mon esprit d'aller se faire voir. Ou d'exploser. J'attendais la prochaine crise, anxieux, attendais qu'elle pointe le bout de son nez. J'avais beau prendre mes médicaments, je savais que cela n'était pas à exclure. Finalement, je décidais de retourner sur la question initiale de l'interview.

-"Alors... tu veux m'interviewer? Pourquoi? Je n'ai pas grand chose d'intéressant à raconter et comme tu le sais très bien, même en m'étant entraîné, ma capacité à être éloquent reste très limitée. Et puis... je ne suis pas très à l'aise avec l'idée."

Il ne fallait pas chercher plus loin. C'était complexe pour moi d'offrir des réponses, d'être correct. Et même si Setsuna était mon ami... j'avais toujours peur qu'il déforme mes propos ou que cela ne se passe pas bien. J'étais maladivement incapable de faire confiance aux gens. Quels qu'ils soient.

-"Tu... tu as déjà une idée de la tournure que tu veux donné à l'interview?"

C'était normal d'être prudent. J'avais tout de même besoin de garder ma clientèle et ma crédibilité. Je travaillais dans une école, dans un hôpital aussi. Deux endroits où la moralité était très importante.

TENUE ✑ Cette histoire remonte à nos années d'université, je comprendrais parfaitement si Jin Yu ne s'en souvenait pas. Il a dû avoir tellement à faire ailleurs que ça lui est peut-être sortie de la tête, mais même s'il ne se rappel pas, ce n'est pas pour si peu que je vais lui en vouloir. Moi, je sais que je n'ai pas oublié. Faut dire que j'ai tendance à laisser des notes sur les gens, même après des années sans les voir. J'ai, en quelque sorte, promis que je l'interrogerais sérieusement le jour où je serais journaliste. C'est difficile de l'oublier, du moins pour moi. Parce que c'était important et que ça l'est toujours. C'est une sorte de preuve d'amitié, un moyen de le revoir qu'importe le temps qui a passé. Certes, il n'y a pas besoin de tout ça pour revoir un ami, ni pour passer à nouveau du temps avec lui, mais j'ai toujours trouvé amusant et palpitant d'avoir un objectif en commun avec quelqu'un. Bon, cet objectif ne concerne que moi au final, mais ce n'est pas comme si je demandais à Jin Yu de faire le tour du monde avec moi ou d'aller décrocher la lune, ce ne sont que des questions et des réponses. Une façon de savoir où il en est depuis tout ce temps, s'il a réussi ce qu'il voulait faire ou au contraire, s'il a toujours des projets à l'avenir. Je suis curieux de nature, que ce soit pour le boulot ou pour moi-même. Je veux toujours tout savoir, que ce soit sur mes amis ou sur des personnes que je ne connais pas vraiment, voir pas du tout. Défaut ou qualité, je l'ignore mais je m'en fiche.

Son retour est récent, d'après ce qu'il me raconte. Je n'aurai jamais imaginé qu'il retourne à l'école, mais en tant qu'enseignant. à dire vrai, je n'ai jamais pensé à donner des cours pour des étudiants intéressés par le domaine du journalisme, alors que je pourrais avoir pas mal à dire et à conseiller. Les études me plaisaient pas mal à l'époque où j'allais encore en cours, mais ce n'est pas pour cela que je voulais m'enfermer à nouveau dans une salle de classe. Quant à son livre, j'ai dû le lire, il y a déjà un moment. Il y a tellement de chose qui m'intéresse que je me perds parfois dans mes lectures, mais ça ne veut pas dire que je ne me suis pas penché sur son ouvrage, au contraire. L'Angleterre, c'est quand même super loin d'ici. « C'est une bonne chose que tu sois retourné là-bas. ça s'est bien passé ? » Pour son travail mais avec sa mère aussi. Je me demande s'ils s'entendent bien tous les deux. Ce n'est pas trop le genre de question que j'ai l'habitude de poser, bien que j'aime savoir. Dans un sens, je l'envie d'avoir déjà pensé à tout à l'avance. Si j'avais été un peu plus décidé en étant plus jeune, peut-être que je ne me serais pas allié à des mauvaises fréquentations. C'est du passé, alors je ne peux qu'aller de l'avant sans y penser. Mon métier me plait, c'est tout ce qui compte à mes yeux.

Jin Yu revient à nos moutons, à ce pour quoi je suis venu à la base, mon interview. à sa question, j'hoche vivement la tête avec un sourire ravi. Il n'a pas changé après autant d'année, c'est fou comme il reste le même sur ce sujet. Mon sourire ne fait que s'élargir. « Pourquoi n'es-tu pas à l'aise avec cette idée ? Tu as peur que je publie un article ou c'est juste le fait de parler de toi qui te dérange ? » Je ne compte pas raconter n'importe quoi à son sujet et si cela l'embête tellement, je peux ne pas divulguer ce qu'il me racontera. Ce sera mon article de moi à moi, sans aucun autre lecteur que moi-même. En fait, j'aimerai simplement parler avec lui, comme auparavant. « ça dépend ce que tu entends pas « tournure » ? Disons que si je m'écoute, j'aimerai savoir tout ce que tu as fait durant ces dernières années. Tu es plutôt connu, et je suis sûr qu'il y a d'autres personnes comme moi qui voudrait en savoir plus sur toi. » à m'entendre, on pourrait croire que je suis fou ou une sorte de commère, mais je n'ai jamais été négatif dans mes textes. Je ne déforme pas les propos des gens, je ne fais que réécrire ce qu'ils m'ont racontés durant mon interview, mot pour mot.

« Je ne veux pas te forcer à le faire, Jin Yu. Pourtant, j'ai vraiment envie de savoir ce que tu as fait en Angleterre ou depuis ton départ d'ici. à dire vrai, je veux d'abord prendre des nouvelles d'un vieil ami avant tout. » Loin de moi l'idée de vouloir le mettre mal à l'aise, ce n'est pas mon but, même si j'ai juré qu'il serait l'un de mes succès. S'il dit non, ce sera non. « Ce que tu as ressenti à ton départ et à ton arrivée ? Ce que tu faisais chaque jour là-bas ? Si tu t'es rapproché de ton but en partant ? Ce genre de chose. » En y pensant, je devrais moi-aussi faire une autobiographie, peut-être que ça motiverait des jeunes qui veulent devenir des journalistes plus tard.

TENUE ✑ Je ne voulais pas que Setsuna se sente mal à l'aise face à ma réaction. Ce ne serait pas correct de ma part sachant que je lui devais une grande partie de mes capacités à me socialiser. S'il ne m'avait pas forcé la main pour que l'on s’entraîne aux interviews, je pense que je n'aurais jamais pu m'avancer devant une classe et prendre la parole aujourd'hui. Je lui était redevable et je le savais. Surtout, je n'aimais pas ne pas tenir mes promesses. Mais ce qui m’inquiétait c'était que... je n'avais pas du tout la même manière de penser que le reste du monde. Mon retour en Angleterre, mon départ au Japon, tout ce genre de choses, pour moi... ce n'était pas grand chose. J'avais grandis entre l'Angleterre et la Corée, je changeais de pays tous les six mois avant de partir à Royal. Je ne considérais pas nécessairement les gens dans ma vie comme important. Cela valait aussi pour ma famille. J'aimais ma mère mais... cela s'arrêtait là. Ma relation avec ma demi-sœur illustrait assez bien ce fonctionnement. C'était un soucis sur lequel je travaillais depuis l'enfance mais pour lequel je n'avais pas encore trouvé de remède. Je pense que cela s'associait aussi avec ma bipolarité dans une relation à double tranchant. Ma tendance à m'isoler avait sans doute fortement influencé l'apparition de ce problème et l'apparition de ma bipolarité m'avait encore d'avantage appris à me méfier de l'autre. Parce qu'il était facile d'être catégorisé et mis à l'écart. Les gens ne comprenaient pas nécessairement ce que cela impliquait et ils avaient des idées préconçues difficile à déconstruire. Je le savais, je les entendais parler à longueur de journées, ces gens puissants comme impuissants, vermine comme prédateur. Je n'avais aucune idée auquel de ces groupes mon ami appartenait. Mais, peut-être qu'il était tant que je le découvre. A cause de ce que le changement dans ma routine risquait de provoquer chez moi, j'évitais toujours les situations embarrassantes ou qui risquaient de me désarçonner. J'avais appris que le contrôle était le meilleur moyen pour moi de vivre une vie à peu près normale. J'exhalais un soupir avant de lui répondre franchement sur mon séjour en Angleterre.

-"J'ai une relation assez particulière avec ma famille. Disons que c'était... enrichissant et épuisant. Assez étouffant pour que je décide de partir et de revenir au Japon."

J'évitais de regarder en direction de mon téléphone portable sachant que j'y verrais la liste des 25 à 30 appels manqués de ma mère aujourd'hui. J'avais besoin d'espace. J'étais un adulte et j'avais de toutes les manières grandis comme un enfant solitaire. Je n'avais aujourd'hui plus besoin qu'elle me couve en permanence mais elle ne semblait pas le comprendre. Elle allait même jusqu'à appeler certains de mes collègues à l'hôpital qu'elle connaissait. C'était... ridicule. Bon. De toutes les manières, j'imaginais mal ce garçon me mettre dans une situation irréversible et il semblait sincère. Cela n'allait quand même pas m'arracher un bras de lui accorder une interview. Et puis, à force d'expérimenter des choses nouvelles, j'allais peut-être finalement avoir des idées pour la suite de mon roman. Quoique... certains me disaient de me pencher plutôt sur mes recherches en psychologies. Ils ne comprenaient pas que c'était un moyen pour moi de me pencher sur une réflexion intérieure et spécifique. Bref, c'était tout un chemin personnel dans lequel il ne servait à rien de se perdre maintenant.

-"Tu ne me forces à rien, ne t'inquiète pas. Ecoute, ce n'est pas vraiment que ça me dérange. J'ai simplement peur que tu n'ais pas grand chose d'intéressant à écrire. Au final, je suis quelqu'un de plutôt fade et routinier. Mais, dans tous les cas, une promesse est une promesse."

Il aurait le choix après d'en faire ce qu'il voulait. J'esquissais un léger sourire en attrapant un bout de papier sur lequel je notais mon numéro pour le glisser dans sa direction. Je m'adossais de nouveau à mon fauteuil et croisais mes bras en le regardant.

-"Puisque tu es là. Besoin de te confier à un psychologue? Je ne te ferais pas payer la consultation."

La situation était des plus comiques en réalité. Si on y réfléchissait bien, Setsuna avait toujours été doué pour faire les choses à sa manière. Comme se faire passer pour un patient qui avait oublié de décommandé. D'ailleurs, je ferais payer la consultation à ce dernier. A partir du moment où il n'avait pas signaler son absence, il était considéré comme présent.

TENUE ✑ Prédateur ou vermine, je ne crois pas appartenir à l'un de ces groupes. Existe-t-il une catégorie entre les deux ? Genre, spectateur ? Révélateur ? Si je devrais me considérer tel un animal, je serais un éléphant. Neutre, qui sait se défendre, mais qui n'attaque pas. Du moins, tant qu'il ne se sent pas en danger, mais il est très rare que je me sentes en danger. Jin Yu peut me classer comme un simple présentateur neutre, qui veut faire ressortir le bon côté des gens. Je ne suis pas là pour l'enfoncer, ni pour ressasser son passé et si vraiment il ne veut pas que je l'interroge, je ne le ferais pas. Je ne suis pas faible pour user de moyen déloyale, ni fort pour le forcer à faire du chantage. Juste au milieu, en lui laissant pleinement le choix. Pour l'instant, je prends de ses nouvelles, m'assurant qu'il aille bien et que son départ du Japon s'est bien passé. Durant son absence, je me suis souvent demandé ce qu'il faisait, s'il allait bien, s'il réussissait. Je m'inquiète beaucoup pour les autres, je m'interroge toujours autant sur eux. C'est plus fort que moi, le métier de mes parents adoptifs a tellement déteint sur moi que toute ma vie, mon comportement et mon futur, tourne autour de ça. Des questions, toujours des questions. Et une envie dévorante d'avoir des réponses, surtout. « Je vois. Ce n'était pas si mauvais. » Disons ça comme ça, c'était supportable à un point. Bon, ce n'est pas moi le psychologue donc je ne peux clairement pas juger son expérience. Je suis juste rassuré qu'il aille bien et heureux qu'il soit revenu à Tokyo.

Une chance que mes parents ne soient pas systématiquement sur mon dos ou que mon véritable père ne cherche pas à me revoir après sa liberté. Franchement, j'ai beau être une personne sympathique et simple à vivre, savoir que mon père qui a faillit causer ma mort en étant bébé, soit de nouveau dehors me terrorise intérieurement. J'aimerai ne pas y penser, faire comme s'il était mort. Pourtant, ça reste une évidence à ne pas négliger, une évidence à laquelle je devrais me préparer à l'avance et à affronter tôt ou tard. Quoi que décide Jin Yu, je serais de son côté et d'accord avec ses choix. De toute façon, c'est sa vie et il n'a besoin de personne pour lui dire quel chemin choisir. Fade et routinier ? Je souris, amusé par sa déclaration. « Je trouve intéressant de savoir quelles chaussettes tu portes en ce moment, alors ne pas te trouver intéressant serait une première pour moi. » Je ne blague pas, enfin un peu. Mais étant curieux de nature, un rien éveil mon attention. « J'ai interviewer un écrivain, y a pas longtemps. Rien que de me parler de son roman était fabuleux. » Pour dire à quel point je suis fasciné par tout et tout le monde.

Besoin d'un psychologue. Cette phrase me fait un effet bizarre, mes yeux un instant fixés sur le papier avec son numéro. « C'est gentil de me proposer tes services. » Je n'aurais jamais cru qu'il puisse me considérer comme un patient, même si je sais à quel point j'aurais bien besoin d'un psychologue pour chasser mes démons. Or, ce n'est pas le moment pour moi de me pencher là-dessus. « Laisse-moi quand même payer celle-ci. » Après tout, j'ai piqué la place à un pauvre patient. Ou c'est mon côté altruiste trop gentil qui remonte à la surface, pour payer un rendez-vous non décommandé. « En parlant patient, quel a été ton pire cas ? » Je suis sûr que je ne suis pas le seul à me poser ce genre de question en venant voir un psychologue. Mon cas ne doit pas être bien grave, un soucis paternel, une différence physique ou une expérience ratée d ans la vie. Rien qui me pousse à faire de la dépression ou à devenir complètement dingue. Au contraire, je dirais même que je suis un saint. « D'ailleurs, comment tu gères un patient dépressif ou en crise ? » Ce sont des questions intéressantes, qui le concerne et qui pourrait donner une idée à mes lecteurs sur comment est la vie d'un psy au quotidien ou face à des gens difficiles. Bref, quand je dis qu'un rien me passionne.

TENUE ✑ Peut-être était-ce parce que je n'avais pas l'habitude que l'on s'intéresse à moi, peut-être que c'était à cause de ça que les demandes de Setsuna me faisaient réfléchir. Ca et le fait que je ne voulais pas voir sur tous les journaux que j'étais bipolaire. Ce serait beaucoup plus difficile pour moi d'exercer. J'avais toujours été d'un naturel prudent mais ces dernières années cela relevait parfois de la paranoïa. Je travaillais déjà sur ça avec mon propre psy. La complexité était que j'avais un caractère très particulier et une façon de voir les choses que même lui avait du mal à saisir. Peut-être que j'aurais du donner des nouvelles. Peut-être. De toutes les manières, il était trop tard pour regretter et puisqu'il était là, il pouvait bien tout entendre de vive voix. La vérité était que parler de mon roman était complexe puisque je ne pouvais pas vraiment expliquer que je m'étais inspiré de ma propre vie pour l'écrire. Le personnage principal bipolaire me ressemblait étrangement lorsqu'on y regardait de plus près. Enfin, il n'y avait que moi qui le savait mais bon. Je ne pouvais pas être certains d'un petit dérapage. Et puis Freud et l'inconscient étaient toujours dans mon esprit. M'enfin, en même temps, la même rengaine venait se jouer à l'arrière de mon crâne. Il s'agissait de Setsuna. Je lui faisais confiance, je le savais. Et quand je faisais confiance, c'était vraiment quelque chose d'important. Cela n'était pas facile d'avoir réussit à gagner une telle chose avec moi. J'analysais les gens plutôt bien, j'étais doué pour savoir ce qu'il y avait dans leur tête et j'avais tendance à toujours voir le pire arriver. Sauf quand il s'agissait de moi. C'était toujours le problème. Un médecin ne pouvait pas se soigner tout seul. C'était le seul inconvénient. Un inconvénient auquel j'avais été confronté très tôt dans ma vie. Je vivais déjà seul quand tout avait commencé pour moi. J'avais l'habitude de tout gérer en solitaire. Setsuna était l'un de ceux qui m'avait permis de ne pas vivre en parfait ermite entouré d'étudiants pendant mes années à Royal.

-"Mon livre n'est pas aussi fascinant que la plupart des oeuvres. C'est un roman. Quand à savoir quel cas a été le plus difficile... Il n'y en a pas eut de pire, j'en ai eux plusieurs d'assez grave. En réalité, cela dépend des patients, tout dépends des patients et de ce qu'ils ont vécut. Il en va de même pour les patients en crise ou dépressif. Tout dépend du patient. En cas d'urgence psychiatrique, le plus important est de réussir à calmer le patient ou de le restreindre s'il met en danger sa vie ou la vie d'autrui."

La grande nouvelle dans ma vie c'était bien les urgences psychiatriques et les permanences hospitalières. Passer d'un cabinet privé à un hôpital c'était avoir affaire à de nouvelles choses et bizarrement, cela me plaisait. Je ne pensais pas que ce genre de situations sous tensions et qui déclenchaient des montées d'adrénaline m'auraient plût. Je les aurais plutôt craintes, de peur que ma maladie ne se déclenchent même avec les médicaments. Une crise aux urgences... ce serait ridicule et sans doute que je ne pourrais plus pratiquer en hôpital après ça. Et imaginez donc les gros titres.

-"Et toi, comment se passe ton quotidien de journaliste? Les interviews ça se passe comment? Tu as déjà eut des situations comiques?"

Je n'avais pas vraiment la liberté de parler de mon métier. Il y avait toutes les problématiques de secrets professionnels et ce genre de choses. D'autant que je n'étais pas le plus doué pour jongler avec les paroles.  

TENUE ✑ C'est justement parce qu'il me connait qu'il doit se douter que, quoi qu'il puisse me dire, jamais je ne le divulguerait à qui que ce soit. Entre lui et moi, c'est comme un contrat de confidentialité. Il peut me raconter ce qu'il veut, ça restera entre nous. Si jamais je veux faire un article sur lui, Jin Yu n'aura qu'à me dire ce qu'il veut voir ou non apparaître dans mes textes. Je ne force jamais les gens à me parler, je ne m'amuse pas non plus à poster des trucs qu'ils n'ont pas envie de voir. Ce n'est pas mon genre de faire des histoires ou de vouloir pourrir la réputation des autres. Jin Yu sait donc qu'il peut se confier à moi, en tant qu'ami principalement. Je ne suis pas seulement venu dans son bureau pour avoir un article à écrire sur sa personne, mais pour revoir un vieil ami et prendre de ses nouvelles. ça me fait toujours plaisir de revoir une ancienne tête que j'apercevais quasiment tous les jours quand j'étais à l'école. Nous sommes grands maintenant, chacun à son boulot et son emploi du temps, pourtant je n'aime pas l'idée que nos chemins se séparent au point de ne plus jamais se parler, ni se voir.

Je ne suis sûrement pas du même avis que lui quand il décrit son roman de peu fascinant comparé aux autres œuvres. J'en ai lu des bouquins, de toute sorte, et pourtant chacun m'a semblé plus intéressant les uns que les autres. Je dois avoir un avis critique différent de bien des personnes, peut-être que j'aime tout et vois chaque oeuvre d'un point de vue positif, voir instructif. Quant à cette histoire de patient, faut vraiment être psychologue pour comprendre et savoir. « Je vois, ça m'a l'air plutôt compliqué pour une personne qui ne connait rien à ce métier. Je t'admire pour avoir autant de patience. » Ce n'est pas moi qui saurais calmer quelqu'un qui fait une crise, je suis beaucoup trop hyperactif pour cela, je risque surtout d'aggraver le cas du patient. Je serais carrément le cas du mec qui fait une crise aux urgences et qui ne pourrait pas exercer ce genre de métier. à la place, je peux gérer la tension des médias, le regard des gens qui m'entourent, ou le fait de parler à n'importe qui, n'importe quand. C'est mon talent à moi, d'utiliser ma patience et mon savoir faire pour mon métier de journaliste.

« Tout va bien dans mon boulot, j'ai monté d'un grade en prenant une nouvelle rubrique en charge. Mes clients ne sont pas tous coopératif, malheureusement ... Mais j'ai eu la chance de rencontrer un écrivain formidable ! » Je m'en réjouis au simple fait de parler de Midoriya-san. Je n'ai pu le rencontrer qu'une fois pour le moment, mais c'est déjà un exploit pour moi. Tout comme lui, j'avais un secret professionnel à tenir sur certains de mes clients qui ne voulaient pas divulguer des informations qui ont été dites, mais pas notés dans mes articles. Je ne compte pas non plus raconter la vie des autres à mes amis, ça ne me correspond pas. « Connais-tu Midoriya Haru ? » Lui demandais-je, pour voir s'il était à jour.

TENUE ✑ Je n'avais pas beaucoup le temps de m'intéresser à ce qui se passait autour de moi. Je vivais dans ma bulle et dans mon quotidien, sans nécessairement jeter un coup d’œil sur ce qui se passait dans le monde si cela ne me concernait pas. Cela avait toujours été comme ça. Je n'aimais pas perdre mon temps alors j'essayais d'agir et de penser efficacement. Je n'aimais pas aller perdre mon esprit dans des cheminements inutiles, à l'exception de l'écriture de romans. C'était le seul moment où je me perdais, où je laissais mes barrières s'effacer sans aucun problème. Mais, je ne considérais pas cela comme inutile. C'était un moyen pour moi de réfléchir à ma propre psyché et à mon propre fonctionnement interne. Mon psy disait même que c'est ce qui m'avait permis de trouver une forme d'équilibre interne qui faisait que je n'avais que rarement des rechutes. Être bipolaire à risque de tendances schizophrène ne renforçait pas l'idée qu'il fallait faire confiance à n'importe qui. Même à personne tout simplement. Mais, j'avais dépassé ce stade depuis longtemps. Ma confiance fonctionnait de manière trop différente de celle des autres pour que cela puisse évoluer. J'avais adopter un comportement spécial depuis que j'étais enfant du à une forme d'éducation longue portée et changeante. Chercher à changer des habitudes déjà bien ancré dans ma personne était peine perdue et personne ne semblait prêt à s'y lancer. Moi de même. Je n'étais pas non plus le plus doué pour exprimer le fond de ma pensée. J'étais capable d'expliquer des choses très compliquées mais, pas mon propre avis. Handicapant? Légèrement par moment. Mais uniquement par moment. Je n'avais pas ce genre d'ennuis avec Setsuna. J'étais confortable avec lui. Et voir qu'il épanouissait dans son travail était plaisant. Je m'étais toujours dit que travailler derrière un bureau ou sous les ordres d'un rédacteur risquait d'être étouffant pour lui. Mais, il semblait réussir à y trouver son compte et s'était le plus important. Midoriya Haru... le nom avait très certainement déjà fait son apparition devant mes yeux mais, il fallait bien l'admettre, je n'avais pas vraiment retenu ce qu'il avait écrit. Ou ce qu'il avait pu faire en général. Il m'aurait parlé de quelqu'un dans le domaine de la psychologie, cela aurait sans doute mieux fonctionné. Je penchais la tête sur le côté et lui répondit.

-"Je dois t'admettre que le nom ne m'est pas inconnu mais, je n'ai aucun souvenir de ce qu'il a fait précisément. Mais, j'imagine qu'il s'agit de quelqu'un de franchement intéressant vu ton enthousiasme. Tu me ferais un petit topo?"

J'étais intéressé. Parce que je ne me souvenais pas de Setsuna utilisant le mot formidable à dépend. S'il le prononçait, c'était sans doute parce qu'il le méritait. Alors, cela méritait un peu de mon intérêt. Je n'étais plus l'étudiant solitaire et renfermé qui ne savait absolument pas quoi faire en public. J'étais toujours discret, secret et angoissé devant trop de monde. Mais, je m'étais construit mes propres moyens de défense devant l'adversité. Setsuna avait gagné le droit d'avoir mon intérêt, il y a des années de cela. Quand je réfléchissais à ceux que je considérais comme mes amis, je me rendais bien compte qu'il y avait une véritable hétérogénéité. En même temps... Zeno était autant un cas social que moi. Au contraire du journaliste qui restait relativement normal sur mon échelle d'étrangeté. M'enfin, le simple fait d'être mon ami voulait dire un certains degrés de différence. En bien ou en mal, cela dépendait des individus. Je jetais un coup d’œil rapide au biper des urgences mais, celui ci était bien inactif. Je n'avais pas besoin de le mettre dehors comme un mal-propre. Heureusement, j'étais quelqu'un de sérieux. C'était comme si j'étais en consultation à l'heure actuelle. Pas du tout entrain de discuter avec un ami.

-"Au fait, et du côté de ta vie amoureuse? Aurais-tu trouver quelqu'un?"

Oui, je ne faisais qu'imiter des types de discussion que j'avais déjà entendu. Mais, agir comme tout le monde, n'était-ce pas une bonne chose?
 

TENUE ✑ Vivre sous les ordres d'une tierce personne ne m'a jamais plu, pourtant j'y suis confronté à chaque fois. à l'école, nous avions déjà des supérieurs, des adultes, pour nous remettre dans le droit chemin, pour nous interdire des trucs, pour nous tenir à carreau et pour ne pas qu'on transgresse les règles qui donnent la bonne image de l'établissement. Je n'ai jamais été ce garçon qui s'amuse à aller à contre sens par plaisir, ni qui cherche à se faire crier dessus pour avoir commis tant de bêtise. à l'époque de l'école, que ce soit de la petite section à la fac, je n'ai fait aucun écart, du moins aucun grand écart qui ne mérite d'être puni ou sanctionné. J'étais un garçon dynamique, enjoué et positif, mais pas un cancre pour autant. Les professeurs m'appréciaient beaucoup grâce à ce garçon enthousiasme et confiant, au fait que je pose des questions ou m'intéresse à tout. Jamais, de toute ma scolarité, je me suis frotté aux supérieurs, que ce soit le directeur, professeurs ou qu'importe. Jamais. C'était une hiérarchie évidente, mais discrète. En étant journaliste dans une entreprise, la hiérarchie est évidente mais aussi visible, puisque je ne peux pas agir de mon propre chef quand mon patron me restreint dans mes mouvements. C'est difficile, mais c'est la loin du travail. à l'école, les punitions ne nous arrêtent pas. Sauf que l'école ne nous permet pas de gagner un salaire, ou c'est ce que pense les étudiants qui se lèvent chacun jour. Parce que c'est le diplôme obtenu à la fin de cette longue période qui évalue notre future paie à la fin du mois. En majeur partie, pour les emploies qui demandent des bagages. Parce qu'un Yakuza n'aura sûrement pas besoin d'un papier quelconque pour faire valoir ses talents dans le domaine.

Le sujet se centre rapidement sur Midoriya, comme si je ne pouvais pas passer à côté de lui. « C'est un jeune écrivain plutôt connu -enfin si on aime la lecture-, du genre mystérieux, d'apparence assez froide, mais qui donne vraiment envie de le connaître. » Je parle de cet homme comme je pourrais parler d'un profil sur un site de rencontre, un profil idéal. Cette pensée me fait légèrement rire, à croire que je suis atteint d'une maladie commune qu'on pourrait nommer « coup de foudre ». « C'est un romancier, mais le premier ouvrage qu'il a écrit est une autobiographie qui explique une bonne quinzaine d'année de sa vie. » Il devrait feuilleter quelques pages, c'est sûrement un bon sujet d'observation pour un psychologue, même si Midoriya-san n'est pas fou et loin de l'être.

J'avais conscience de prendre sur son temps de travail, mais si je dois payer de séance pour discuter avec lui, je le ferais. ça me fait tellement plaisir de pouvoir discuter avec un ami de l'université, après tout ce temps depuis nos fins d'études. J'ai pu lui parler vite fait de l'écrivain sur lequel j'ai flashé récemment, pour de nombreux articles, mais aussi j'ai pu me renseigner sur les années d'absences où nous nous sommes perdu de vue. Ma vie amoureuse ? Je cligne plusieurs fois des yeux, étonné par cette question. Je ne m'attendais pas à l'entendre de sa bouche, mais je suis agréablement surpris qu'il se questionne là-dessus. « Tu crois au coup de foudre ? » Moi-même je n'aurai jamais cru à cela si je n'avais pas ressenti ce vif intérêt pour cet homme. Un homme, oui. Ma religion -que je n'ai pas- ne m'interdit pas d'aimer une personne du même sexe que moi, puis j'ai toujours consentit que l'amour ne se contrôle pas, que ce soit par l'âge, l'apparence, le sexe, etc. Tant que ce n'est pas une différence d'âge trop importante ou du détournement de mineur, bien évidement. « Je suis toujours célibataire, avec ce boulot, difficile de perdre mon temps avec des datings ou sur des sites de rencontre. » Même si je suis sûr de trouver des perles dessus. « Et toi ? Tu as quelqu'un ou tu as eu quelqu'un dernièrement ? » Demandais-je en retour, beaucoup trop curieux. Je ne suis peut-être pas le seul à avoir des coups de foudre, ni à être célibataire d'ailleurs.

TENUE ✑ J'essayais d'être intéressé. Je ne dirais pas que cela était simple pour moi. Mais avec Setsuna, je pouvais faire un effort. Il avait fait beaucoup d'effort avec moi aussi. C'était normal d'être communicatif, de parler avec les gens. Simplement, cela n'avait rien d'évident pour quelqu'un comme moi. A force d'en parler avec mon propre psy, j'avais compris qu'il fallait que je fasse plus d'efforts. Alors, je me lançais aujourd'hui. Il fallait bien une première fois à tout après tout. Et puis, j'étais assez stable et d'assez bonne humeur pour le moment. Parler de relations amoureuses n'était sans doute pas le mieux dès le départ. Pas comme si j'avais quoi que ce soit à partagé de mon point de vue. Ma vie amoureuse n'avait aucun intérêt, elle était totalement vide. Et je ne cherchais pas du tout à la remplir. Pas du tout. L'amour, c'était quelque chose de très compliqué, de dangereux et de quoi il ne fallait pas que je m'approche. Pas besoin qu'on me le rappelle. Par contre, Setsuna semblait avoir des choses à dire. C'était le principal à vrai dire. Je souriais en l'entendant parler. Il avait l'air posséder. Je n'oserais pas le comparer avec mes patients qui sont parfois obséder par quelque chose ou quelqu'un. Setsuna n'en était pas à ce point mais je voyais bien qu'il était fasciné par cet auteur. Je ne connaissais pas mais, je comptais bien me renseigner. Ne serait-ce que pour ma propre connaissance personnelle. J'aimais toujours enrichir mon champs de réflexion. Et les autobiographies avaient toujours un côté intéressant à utiliser et à exploiter. Les autobiographies d'hommes politiques par exemple, étaient toujours très intéressantes. Toujours. Lorsqu'il me demanda si je croyais au coup de foudre, la réponse ne fut pas compliqué.

-"J'y crois. L'amour est une réponse physique du corps. Le coup de foudre est une réaction immédiate du corps. Après, un coup de foudre sans points communs et discussion, je doute que cela mène à quoi que ce soit."

C'était une question de logique. L'attirance physique seule ne pouvait pas donner quelque chose de stable et de sain. Cela finissait toujours mal. Peut-être un autre conseil déguisé. Non, tout simplement une observation de psychologue bien placé. Je ne pouvais pas m'en empêcher, pas du tout. C'était un réflexe. Et tant pis si cela mettait mal à l'aise. Je ne pouvais rien y faire. Dating, site de rencontres, des choses que je ne connaissais pas et que je ne comptais pas tester de bientôt.

-"Je suis célibataire et pas intéressé. Je n'ai pas le temps pour ce genre de choses. Je trouve ça futile et compliqué."

J'avais déjà du mal à trouver du temps pour tout ce que j'avais à faire. Alors me lancer dans une relation... autant que j'aille me pendre. Cela serait plus rapide. Et puis je pense que personne n'aurait le caractère de me supporter. J'étais insupportable. Une sonnerie de téléphone, j'attrapais le combiné et répondait. L'infirmière m'annonçait que mon prochain rendez-vous était là. J'approuvais et raccrochais.

-"Je suis désolé, il va être temps que tu y ailles. La séance est terminée."

Je lui sortis une carte de visite personnelle et lui tendis en le raccompagnant vers la porte.

-"Rappelle moi pour l'interview. Je te répondrais promis."

Je le laissais repartir, ravis de l'avoir revus. C'était une bonne surprise dans des journées monotones et parfois ennuyeuses. Un petit bol d'air.