Jinwoo & Junghyun

Dire que le jeune homme avait passé une mauvaise journée n’était pas assez pour définir le calvaire qu’il avait enduré depuis son réveil.
Il était en retard, comme toujours. Mais cela il ne s’en préoccupait même plus. Non son véritable problème à cet instant avait été la découverte de l’oeuvre de ses boules de poils qu’il avait eu l’audace d’appeler chats. Ces animaux féroces avaient prit à coeur de faire leurs griffes sur le pouf, seul autre siège mis à part le canapé qui lui servait également de lit, déversant son contenu dans la pièce.  Un véritable plaisir. Dépité, il avait abandonné la scène du crime tel quel pour se préparer pour ses cours. Heureusement qu’il n’habitait pas si loin que ça, le footing ça n’avait jamais été son truc. Trop d’effort tue l’effort.

Cours assommant après cours assommant, il avait enfin pu quitter l’air renfermé des amphithéâtres et le cliquetis incessant des stylos de ceux qui s’ennuyaient presque autant que lui pour les joies des couloirs encombrés par des vagues unstoppable d’étudiants. Pourquoi insistait-il encore ? Il ne rêvait que d’une chose, laisser tomber et retrouver la chaleur de ses draps et les miaulements réconfortant de ses….Non pas eux, ils ne méritaient pas ses attentions après le carnage de ce matin.
Junghyun n’avait jamais été dans la catégorie de ceux particulièrement attentifs ni même adroits et ce n’était qu’une question de temps avant que la vie vienne lui rappeler ce fait. Traduction : Jun et le sol s’aimaient tellement qu’il avait voulu le rejoindre dans une magnifique embrassade qu’il lui avait coûté de beaux bleus et une tête douloureuse. Il penserai à prendre de quoi manger la prochaine fois au lieu d’attendre de se retrouver de nouveau dans cette fichue infirmerie, alité et coincé près d’un imbécile qui geignait au téléphone apparemment. Qu’avait-il donc commis comme crime pour que l’univers veuille autant sa peau ? Oublier de laisser sa place à la mamie dans le bus ? Manger le gâteau de quelqu’un ? Rien ne justifiait qu’il souffre à ce point. Exténué et empli d’une soudaine envie de meurtre, il se leva en furie, bien trop rapidement à en juger par les points sombres dans sa vision, pour rejoindre l’autre “”malade””.

- Ecoute moi bien, si tu ne la fermes pas très vite, je vais t’enfoncer ton portable si profond dans le rectum qu’il te ressortira par les narines. Tu la fermes ou tu te casses. J’ai pas le temps pour les malheurs d’un gosse de riche.

Jinwoo & Junghyun

J’avais passé une longue journée plutôt pénible. J’avais eu un cours magistral particulièrement soporifique de quatre heures. Quand je pensais à tout ce temps perdu à écouter la voix monotone d’un professeur qui n’avait aucune joie de vivre, j’avais envie de taper quelque chose. Bon quelque chose de mou, je n’avais pas non plus envie de me casser un truc... La seule chose que j’avais récolté de ces quatre heures de souffrance était une bonne grosse migraine. En sortant de l’amphi, je regardais brièvement mon emploi du temps et, en voyant le cours suivant, je n’hésitais pas longtemps avant de décider de sécher à l’infirmerie. Il fallait vraiment que je prenne un cachet et que je me repose un minimum si je voulais finir la journée sans que ma tête n’ait implosé.
Une fois à l’infirmerie, l’infirmière en service m’avait donné rapidement un cachet et, voyant mon teint pâle comme un cul, m’avait obligé à m’allonger sur un des lits mis à disposition. Bien ! Je n’avais pas à jouer la comédie, cette brave dame avait fait tout le travail. Elle avait refermé l’espèce de rideau qui séparait les lits les uns des autres en quittant mon chevet de grand malade.

Au bout de quelques minutes, le cachet commençait à faire effet et c’était ce moment précis que mon frère avait choisi pour m'appeler. Heureusement pour moi, mon portable était sur vibreur, j’imaginais mal l’effet que ma sonnerie super virile aurait fait dans l’infirmerie : la sonnerie d’alerte des totaly spies. Bref. Je décrochais, parlant à voix basse pour éviter de gêner les potentiels occupants des lits voisins. Parler coréen d’un seul coup, alors que depuis mon arrivée au Japon, je passais mes journées à parler japonais, ça me faisait toujours tout bizarre. La conversation était pour le moment très bâteau et je commençais à me demander pourquoi il me dérangeait, ce n’était pas son genre de m’appeler pour rien. Quelque chose me disait que vu sa voix mielleuse, la suite ne me plairait pas forcément. Et je n’avais pas tord, le ton était rapidement monté entre nous et à ce moment je ne faisais plus réellement attention au volume de ma voix ou si quelqu’un occupait un lit à côté de moi. Mon cher frère voulait que je fréquente le beau petit monde de Tokyo pour le compte de mes parents. Un peu comme un pigeon. Pour leur faire un peu de pub à l’étranger. Comme s’ils avaient besoin de moi pour ça.
Soudain, je vis le rideau s’écarter sur un homme ma foi plutôt charmant me gueulant dessus. Je le regardais, bouche bée, mon portable collé à l’oreille. J’entendais mon frère gueuler dans l’appareil avant de couper court à la conversation, ou plutôt à son monologue, en lui raccrochant au nez. Et voilà que mon crâne recommençait à me lancer. Pourquoi ce débile venait gueuler comme ça ? Je n’avais pas parlé si fort, si ? Je soupirais en me massant les tempes avant de répondre d’un ton assez détaché.


- Heu je suis désolé mais si tu veux du calme, tu devrais te calmer, hurler ou me menacer ne va pas t’aider. Tu veux un câlin peut-être ?

Jinwoo & Junghyun

Légèrement haletant après avoir déblatérer si rapidement sa menace, il resta poster près du lit à fixer l’inconnu tout en tenant fermement le rideau. En vérité il s’y accrochait aussi bien qu’un naufragé à sa bouée mais il n’était pas question qu’autre lui le sache. Il y avait des moments pour tout, et la fragilité c’était pas tout de suite au programme. Trop choquant pour les moins de 20 ans.
La rage affichée sur son visage était à moitié dirigée vers l’imbécile allongé et l’autre envers sa propre personne. Sa tête lui tournait violemment et la proposition d’un câlin se faisait d’autant plus alléchantes à mesure que le temps filait. Mais comme l’imbécile qu’il était, il resta immobile, sa prise sur le rideau faiblissant toujours un peu plus. Après tout, ce n’était qu’un câlin et l’inconnu avait plutôt intérêt à garder le silence sur cet échange. Hiyori ne le laisserai jamais vivre en paix si elle l’apprenait.
Il laissa échapper un long soupir avant de tirer le rideau et de s’installer sans gêne dans le lit de l’autre, non sans d’abord récupérer ses affaires de l’autre côté pour les poser par terre près du lit. Ses parents ne lui avait-il donc rien appris ? On ne dort pas dans le lit des étrangers. Mais Junghyun avait appris depuis longtemps à faire comme bon lui semblait, au diable les conséquences. Il était évident que l’autre n’était pas sérieux lorsqu’il lui proposait un câlin, mais tant pis pour lui. Jun le prenait au pied de la lettre, s’allongeant à moitié sur lui et posant sa tête sur son épaule tandis que l’un de ses bras passait autour de sa taille. Une fois confortablement installé, il leva les yeux vers le jeune homme, abandonnant le japonais pour s’adresser à lui dans sa langue maternelle vu qu’il semblait la parler aussi.

- T’es coréen toi aussi ? Ou t’as appris pour impressionner les filles par tes talents linguistiques ?

S’il l’envoyait chier, il l’aurait à moitié mérité. Il lui gueulait dessus, puis s’incrustait dans le plus grand des calmes dans son lit. Un léger frisson le parcoura alors, le poussant à se blottir un peu plus contre l’inconnu.

- Junghyun. J’aurais bien dit être enchanté de faire ta connaissance mais vu les circonstances, gardons les politesses pour un autre jour.  

Jinwoo & Junghyun

Après mon accès de “bravoure” et “d’insolence”, je commençais à me demander si je n’allais pas réellement devoir rester à l’infirmerie, à cause d’un nez cassé par exemple. Je plissais légèrement les yeux d'appréhension.J’avais été violenté tout le collège, et encore plus si j’osais parler de cette façon à mes assaillants, donc forcément, mon cerveau à choisi ce moment pour faire remonter ces merveilleux souvenirs. Je fixais alors mon interlocuteur, un sourcil haussé, gage de ma perplexité : pourquoi monsieur colère prenait soudainement ses affaires ? Je ne comprenais pas ce qui se tramait jusqu’à ce que je sente un poids à mes côtés. Je tournais alors le visage vers cette intrusion, totalement choqué. Quand j’avais, la veille, dit à mon frère que je travaillais sur ma sociabilisation, je n’en espérait pas autant. Je me demandais ce que j’avais pu bien faire à l’univers pour que je tombe sur un énergumène pareil. J’essayais de garder un visage aussi impassible que possible, mais la situation et la position dans laquelle monsieur colère était, faisait tout sauf m’aider. Je n’avais qu’une envie : dégager ce fou de mon lit d’un coup de cul bien placé. Mais, en regardant de plus près, ce qui était assez facile vu comment il me collait comme un moule s’accroche à son rocher, je remarquais la pâleur maladive de son visage. Typique du mec qui a pas pris son petit déjeuné et qui s’est tapé un malaise. Enfin je l’espérait, tomber malade était le dernier truc dont j’avais besoin, ça serait la cerise sur le gâteau. Et bon, je devais avouer qu’il était tout aussi charmant de près.

Je fus d’autant plus étonné en l’entendant parler coréen. Il aurait pu m’engueuler dans ma langue au moins. Intérieurement, j’étais vraiment content de parler avec un autre coréen. Ne pas avoir à réfléchir des plombes avant de sortir une phrase était vraiment agréable. Et malgré la situation plus que cocasse, un léger rire m’échappa à ses paroles.


Moi c’est Jinwoo, j’essaie d’impressionner personne, je suis coréen pur souche. Et toi alors, tu fais ça souvent, t’inviter dans le lit des gens après les avoir agressés, Junghyun ?