TENUE ☆☆☆ Emmitoufflé dans mes vestes, la main dans celle d'une jeune fille aux mèches châtains clairs, je marche dans la rue en discutant d'un peu tout avec elle. Mayura, ma copine. Cela fait quelques mois que nous sortons ensemble, mais je l'a connais depuis ma première année à l'université. Elle est étudiante en Art du cinéma, sauf qu'elle veut devenir actrice. Mayura est déjà apparut dans des publicités pour du maquillage, des vêtements ou du parfum. C'est le genre de fille mignonne et timide, qui rougit quand elle parle avec quelqu'un mais qui montre tellement d'enthousiasme que cela se remarque à peine. Elle est douce et patiente, freinant parfois mes débordements d'énergie et mes envies de grandeur. Comparé à moi, Mayu est terre à terre, plutôt réaliste, et c'est notre différence de point de vue qui nous permet de si bien nous entendre. Aujourd'hui, j'ai pensé à la présenter à mon frère. Frère adoptif, mais personne ne sait. Je n'aime pas prévenir mes amis ou les gens en général, que je suis un enfant adopté. Je préfère qu'ils croient que je suis vraiment un Enmadô et que ma famille est parfaite. Prenant le chemin jusqu'à la pâtisserie de Suoh, je ne manque pas de le décrire à ma copine. Elle va l'adorer, c'est sûr. Arrivé devant l'enseigne, je pousse la porte et salut joyeusement les vendeuses, ainsi que les clients présents. Mayura fait sa réservée, s'inclinant devant les personnes qu'elle rencontre avec cette couleur adorable sur les joues. Sourire aux lèvres, je m'approche d'une vendeuse et demande. « Suoh est là ? » Elle sait que je suis son frère, après mes nombreuses visites. Normalement, je vais directement dans le labo de mon frère, mais avec Mayura, je préfère attendre qu'il se présente dans la boutique pour demander l'autorisation pour ma petite amie.

TENUE ☆☆☆ C’est toujours avec un enthousiasme débordant que je me rends à la pâtisserie, je me demande chaque matin ce que je vais pouvoir faire aujourd’hui, quel nouveau gâteau vais-je pouvoir intenter et créer, quelle couleur vais-je utiliser ou forme vais-je y incorporer. Bien entendu j’ai des commandes à faire avant tout et de nombreuses pâtisseries habituelles à exposer dans la vitrine, mais ça ne me lasse jamais. Que ce soit la tarte aux fraises, le gâteau a la chantilly, aux fruits, au chocolat... ceux qui sont pour des anniversaires ou autres occasions spéciales. Je vis la vie en couleur, certes, à cent a l’heure aussi ! Sauf que j’ai l’avantage de faire quelque chose qui me plaît, ceux pourquoi j’ai tout quitté, laissant les longues études désirées par mes parents derrière moi, autant laisser ça à mon cadet il est surement plus doué que moi pour rester à l’école et étudier. Faut que je bouge et laisser parler mon inspiration. Déposant les derniers décoratifs sur mon œuvre, j’entends une des serveuses venir et m’interpeler pour me sortir de mon monde sucré. « Suoh'kun, il y a ton frère. » Normalement elle ne me prévient pas, Nora peut venir me voir, même s’il ne peut pas s’éterniser étant donné que je dois bosser. Comme si la serveuse en question avait lu dans mes pensées elle s’empresse d’ajouté. « Il n’est pas seul. » Donc elle me demande s’il peut venir accompagner, je fais un signe de la main pour qu’elle les fasse entrer, j’ignore avec qui il est venue, posant le gâteau dans son emballage en attendant qu’ils viennent dans le labo où je bosse, quand il arrive j’en profite pour me laver les mains, je le fais plusieurs fois par jour, l’hygiène est plus qu’importante dans mon métier. « Nora, je m’attendais à ce que tu viennes. » Généralement il me prévient quand il passe ou risque de passer, mais il ne l’a pas fait, mes yeux se posant sur la jeune fille qui l’accompagne. « Bonjour » Dis-je avec un sourire aimable et curieux.

TENUE ☆☆☆ Avant de rencontrer Suoh et sa famille, je n'aimais pas autant la pâtisserie et les gâteaux. Ma vision s'est élargit quand j'ai commencé à être proche d'eux, m’immisçant doucement dans leurs moments pratique. C'est ainsi que j'ai moi-même développé une passion pour la création de cupcake, le seul domaine de cuisine où je suis doué. La décoration me plait et me fascine, prenant toujours un malin plaisir à confectionner mes petites oeuvres. Aujourd'hui, je ne viens pas voir mon frère pour lui montrer mes cupcakes, mais pour lui présenter une personne qui occupe beaucoup de place dans ma vie depuis quelques temps. Pour certains c'est trop rapide de dire que c'est la personne de leurs rêves ou la femme d'une vie, mais pas pour moi. Je sais qu'elle est celle que j'attendais. Réclamant Suoh à l'une des serveuses, celle-ci va le chercher sans attendre et les minutes défilent avant que j'ai l'autorisation d'emmener Mayura avec moi. Heureux, j'attrape la main de ma copine et la tire vers le labo où bosse mon frère. D'habitude je fais toujours en sorte de le prévenir pour avoir le plus de temps à passer avec lui, et ne pas le déranger dans son travail. Cette fois ce n'est pas le cas, donnant l'effet de surprise. « Je voulais te faire une surprise. » Boudais-je, perdant le charme de ma surprise. Mayura lui répond timidement, s'inclinant avec politesse. « Ani ! Je te présente Mayura, ma copine. » ça paraît évident, je ne serais pas venu jusque là avec elle si ce n'était pas quelqu'un d'important. Pendant que la jeune fille rougit et tente d'articuler quelques mots, mon attention se pose sur la table avec les ustensiles. « Oh ! Tu as fait un nouveau gâteau ? à quoi ? Il te reste de la crème ? » Ou comment être distrait en deux secondes. Mayura profite de l'occasion pour éviter de s'enfoncer dans un dialogue embarrassant, suivant mon regard vers le plan de travail. Quand je viens le voir et qu'il est occupé, mes doigts se faufilent toujours dans un récipient pour subtiliser un peu de garniture, peu importe le goût.

TENUE ☆☆☆ Pour faire ce métier faut vraiment aimer faire ça et puis beaucoup d’implication et de patience aussi ! Personnellement je sais qu’il me faut parfois des heures pour terminer un petit gâteau, mais il ne faut pas croire que les gros sont le plus long à faire, plus la pâtisserie est petite et plus les détails, la décoration doit être minutieuse. Enfin j’aime faire des tas de plats, je ne fais pas seulement que des choses sucrées, même si c’est ma spécialité, j’aime la cuisine en général, mon père m’a transmis cette passion et je pense qu’on l’a aussi transmis à mon petit frère. Il se débrouille pas mal quand il fait des cupcakes et je suis content d’avoir ça en commun avec lui, de pouvoir parfois gouter ses œuvres ou en faire avec lui, c’est marrant ! Enfin, je suis souvent pris par le boulot, certains sont pressés de le quitter et de rentrer chez eux, moi c’est tout l’inverse, j’adore me lever le matin tôt pour commencer à bosser et je peux faire ça jusqu’au soir faisant abstraction de la fatigue. Entendre que mon petit frère est là pourrait me surprendre, mais en vérité non, disons qu’il vient souvent me voir ou plutôt pour manger les gâteaux et grignoter un peu dans mes créations haha, mais ça ne me dérange pas. L’avantage c’est que mon métier peut aussi donner quelques privilèges aux gourmands de la famille. « Je suis surpris ! » Plaisantais-je, riant doucement en le laissant me présenter sa... copine ? Je la salue une nouvelle fois. « Enchanté. » J’oublie parfois que mon petit frère grandit, il a une vie en dehors de nos moments ensemble, ça me rend nostalgique et me blesse plus que je ne voudrais de voir que quelqu’un a pris de la place dans son cœur, assez pour qu’il veuille me la présenter en tout cas. « Hein ? Ah ! Oui. » J’étais perdu dans mes pensées durant quelques secondes, m’approchant du plat. « Tiens, goute. » Il y a le fond de crème, mais je me retourne pour attraper une assiette propre et mettre deux des pâtisseries que je viens de terminer. « Je viens de les terminer, prends les dans la salle principale, je vous rejoins. » On ne mange pas dans le labo, mais ce serait mieux installé à une table pour discuter. Les laissant partir pour se mettre à l’aise, je souffle et range les ustensiles pour qu’on puisse les laver, n’utilisant jamais les mêmes deux fois d’affiler, ça semble logique. Le plateau est mis sur les côtés, prêt à être posé en vitrine ou dans la boutique, travaillant non stop, les seuls moments où je prends une pause c’est quand mon frère ou mon meilleur ami viennent. Me lavant les mains, je pose mon tablier et sort de la pièce, pour revenir dans la sale principale. « Alors ? » Est-ce qu’ils aiment le gâteau.

TENUE ☆☆☆ J'adore le métier de mon frère et celui de mon père adoptif. Les gâteaux sont toujours magnifiques et les goûter est encore mieux que les voir. Pourtant, même si j'aime ça, et que je fais moi-même des cupcake, jamais je ne pourrais me lever si tôt et bosser si longtemps. Suoh a ça dans le sang, il ne rechigne jamais à travailler et à se donner à fond, alors que j'envisage un autre avenir pour moi. Dans le cinéma, dans l'écriture d'un script, voire même dans la réalisation d'un film ou d'une bande originale. Je laisse la pâtisserie et les gâteaux à mon frère aîné. Après toute les fois où je viens le voir, Suoh ne s'étonne presque plus de mes visites et j'en boude. Même quand il tente de se rattraper, je continue à faire la moue. Jusqu'à lui présenter ma copine. La pauvre doit se sentir tellement gênée face à mon frère, dont elle entend souvent parler. Il n'y a pas une journée sans que j'évoque l'existence de ce dernier, et Mayura est si attentive à mes paroles que ça m'incite à en dire toujours plus sur lui. C'est vrai, je grandis. Je ne suis plus cet enfant de huit ans qui a débarqué chez lui un beau jour, effrayé et perdu. J'ai bientôt vingt ans, à fond dans mes études et désormais dans ma relation intime avec ma petite amie. Mon attention est détournée par la recette qu'il était entrain de préparer. Suoh m'autorise à racler le récipient à l'aide de mon doigt, récoltant une fine couche de crème que je porte à mes lèvres. « Hm, super bon ! » Comme à chaque fois, il fait des miracles. Récupérant les assiettes qu'il me donne, je les embarque avec moi vers le salon. « Fais vite. » souriais-je avant de disparaître vers le côté des clients, trouvant une table où m'installer avec Mayura. J'en profite pour commander un chocolat liégeois et un thé pour la jeune fille. Le temps que mon frère nous rejoigne, j'entame la pâtisserie et frémis de bonheur. Si bon ! Je me retiens de l'engloutir tant qu'il n'est pas là. « Comment tu fais pour faire des trucs si bon ? » Je me réjouis, voyant nos boissons arrivées. « Tu veux te boire un truc avec nous ? » Tant qu'à prendre sa pause, autant qu'il se prélasse. Une nouvelle bouchée du gâteau et je touille mon chocolat avec une cuillère, mélangeant la chantilly au liquide sucré. « Je t'ai pas dit ! Le père de Mayura est acteur ! Il joue dans ce film que j'adore, avec les courses de voiture et les Yakuza ! » Un film connu au Japon, qui est resté longtemps à l'affiche, même des semaines après sa sortie. Son père est l'acteur principal, celui qui attire les foules. « J'aimerai trop faire des films comme ça. » Soufflais-je, l'air rêveur.

TENUE ☆☆☆ Je ne m’attendais pas à ce que mon petit frère vienne me présenter sa copine, honnêtement si sa présence ici ne me surprend pas, cette nouvelle me surprends. Je suis toujours occupé à faire des gâteaux, je suis encore jeune c’est vrai, mais à ce rythme on dira bientôt que je suis marié aux pâtisseries et j’imagine que c’est un peu le cas. Moi et les relations amoureuses ça ne marche pas très fort. Le temps de me perdre dans mes pensées il goute la crème dans le saladier et je lui donne deux parts pour qu’ils aillent les déguster en privé dans la salle principale. Je ne me sens pas au top, surement parce qu’il m’a pris de court, mais ça me frustre de ressentir ce pincement qui m’est quelque peu incompréhensible depuis quelque temps, préféré l’ignorer et passer à autre chose. Les rejoignant après avoir fait ce que je devais faire, je l’interroge pour savoir ce qu’ils en pensent. « C’est mon métier. » Dis-je pour simple raison à sa question. « Vous ne voulez pas rester en amoureux ? Je ne peux pas m’absenter longtemps de toute façon. » Je ne me sens pas très à l’aise non plus dans cette situation, mais s’il insiste je peux bien boire rapidement un truc, prenant un cappuccino. Ah, les films. C’est plus ce qui intéresse mon petit frère que moi en réalité, il est passionné par ce genre de chose alors que de mon côté je ne suis pas très calé. Je le regarde comme pour attendre qu’il me dise le titre, parce que sa description ne me dit absolument rien. « Rien ne t’en empêche si tu travailles dur. » Il en a la preuve avec moi non ? Je suis jeune et pourtant j’ai réussi à me faire une place, quand on veux on peut, il doit toujours garder ça en tête. « Sinon, ça fait longtemps que vous êtes ensemble ? » En réalité je ne veux pas parler de ça, mais en tant que grand frère je suis forcé de m’intéresser un peu à son histoire, c’est mon rôle.

TENUE ☆☆☆ Mayura est un ange, je ne pouvais pas continuer de l'aimer sans la présenter à mon frère. Je ne cherche pas à ce qu'il approuve ma relation ou qu'il complimente ma copine, mais juste qu'elle le rencontre et qu'il sache. Je n'ai pas conscience de l'impact de cet échange, de cet aveux sur mon frère de coeur. Il ne dit rien, il sourit. Peut-il vraiment faire autre chose ? Après tout, c'est mon frère, il me soutient tant que je suis heureux et c'est le cas. Goûtant la crème dans le récipient, Suoh nous confit deux parts de son gâteau et je file avec ma copine dans le salon où se trouve les clients. C'est là qu'est notre place, même s'il nous rejoint après avoir ranger son labo. Son métier ? « Je dirais plutôt ton destin. » Plaisantais-je, pas loin de la vérité. Suoh est fait pour ça, ce n'est pas qu'un simple métier. En amoureux ? Je lance un coup d'oeil à Mayura qui me sourit et je n'ai pas besoin de plus. « Reste un peu, s'il te plait. » Ce n'est pas parce que je suis avec une fille, qui plus est ma copine, qu'il doit se mettre à l'écart. C'est ma famille, je ne pourrais jamais évincer Suoh. Installé à la table avec nos pâtisseries, j'entame la conversation et parle du père de Mayura, un acteur plutôt connu. Suoh sait que j'adore les films et le cinéma, que j'ai ma séance quotidienne une fois par semaine devant l'écran géant et un rétroprojecteur. « Je travaille dure, ani ! J'ai même trouvé un modèle photo pour mes séances de club ! » La belle June, la fameuse idole. Je ne me suis pas démonté devant elle, lui proposant un échange équitable entre « artiste ». « Depuis... Un peu après la rentrée ? Nous sommes dans le même cursus depuis notre première année. » Répondis-je avec un sourire tendre. J'allais prendre la main de la jeune fille quand une serveuse nous ramène nos boissons, pile au bon moment. Pour Suoh. Mayura feint l'ignorance en continuant de manger sa part. « Quand est-ce que tu auras ta propre pâtisserie ? » Demandais-je une fois la serveuse partit. Il est jeune, je sais. Mais Suoh a tant de talent et d'ambition ! Il mérite son nom sur l'enseigne de sa pâtisserie.

TENUE ☆☆☆ Je ne doute pas que cette fille soit une personne adorable ou qu’elle a des qualités, assez pour avoir fait tomber mon petit frère amoureux d’elle. Seulement même si je souris, je n’arrive pas à me réjouir comme je le devrais, ça me laisse juste un gout amer. Les laissant s’installer dans la salle d’à côté j’ai pris un peu mes distances le temps de ranger avant de les rejoindre, j’aurais préféré les laisser en amoureux mais si ce n’est que cinq minutes je peux bien faire une exception. Installé à la table j’ai commandé une boisson, questionnant mon cadet. « Tu m’avais caché ça. » Il aurait pu me dire qu’il sortait avec quelqu’un depuis tout ce temps, la rentrée a débuté depuis des mois maintenant. Bientôt un an même. Souriant en arrivant à donner le change, je bois une gorgée quand la serveuse et ma collègue m’ont délivré la boisson. Ma propre pâtisserie ? Je réfléchis un instant et croise les bras en regardant la salle et les nombreux gâteaux exposés. « Un jour, je ne veux pas sauter les étapes, je suis bien ici et libre de faire ce que je veux, donc ça me permet de me préparer à l’avenir et de prendre un maximum d’expérience avant de me lancer dans ma propre affaire. » J’ai peut-être avancé plus vite que ceux de mon âge, en quelques mois j’ai réussi à atteindre mon but, mais j’œuvre pour cette passion et cette envie de faire ce métier depuis des années. Je ne veux pas juste avoir ma boutique et penser que j’ai fait le tour avant d’avoir 25 ans, je veux juste faire un maximum de pâtisserie, inventé de nouvelles choses, jouer sur le visuel et avoir la liberté de tenter des gâteaux même si c’est risqué. « Quand je l’aurais faudra que tu sois le premier client, sinon je te le pardonnerais pas. » Dis-je faussement sérieux, un sourire sur les lèvres.

TENUE ☆☆☆ Je veux vraiment que mon frère soit fier et content pour moi, peu importe ce que je fais pour cela. Que ce soit présenter ma copine, lui montrer mes résultats d'examens, lui faire goûter mes cupcakes ou que sais-je encore. Là, c'est d'ordre relationnel, comme une sorte d'agrandissement de la famille. Je lui présente ma copine comme si c'était ma future femme. Je n'ai jamais parlé d'elle avant aujourd'hui, c'est vrai. Je ne voulais pas donner des espoirs à ma famille, ni à moi-même. Du coup, j'ai gardé le silence jusqu'à être prêt. « Ce n'était pas encore le moment de te mettre dans la confidence. » Répondis-je, mon index contre mes lèvres. ça aurait pu être un an comme deux ou trois, sans qu'il ne sache l'identité ou l'existence de cette jeune fille qui fait battre mon coeur. Va-t-il m'en vouloir ? Ce n'est pas comme si j'avais tait ce secret jusqu'à la fin. Nos boissons sur la table, je bois une gorgée de mon chocolat, après une bouchée de gâteau, tout cela en interrogeant mon aîné. J'aimerai voir sa propre pâtisserie, avec son nom, tout ça. Il mérite le mieux pour lui. « Oui, tu as raison. Tu as le temps pour avoir des responsabilités et devoir gérer des équipes. » Sans oublier qu'il est jeune, juste un an de plus que moi. Ouvrir une entreprise à seulement vingt ans n'est peut-être pas la meilleure idée qui soit. Ici, il peut tenter l'impossible. Une nouvelle cuillère de crème et je l'écoute, mes yeux sur lui. « Bien sûr que je serais le premier ! Personne ne me prendra la place ! » Fis-je avec enthousiasme, me fichant de parler trop fort et déranger les autres clients du salon. « Je camperais devant ta pâtisserie comme un fan qui attend son concert dès l'aube. » Et je suis sérieux, y a rien de plus sérieux que moi dans cette pièce.

TENUE ☆☆☆ S’il me présente sa copine c’est surement parce que c’est sérieux entre les deux et je n’ai pas mon mot à dire, même si cela m’a pris de court je ne peux que lui souhaiter d’être heureux j’imagine ? « Il faut croire. » Dis-je simplement en abordant un sourire. Je n’ai aucune raison de lui en vouloir, il a le droit de ne pas tout me dire après tout. Finalement ont continué de parler entre nous et j’avoue ne pas réellement faire attention à la jeune fille, en même temps je n’ai pas grand-chose à lui dire, donc je me contente de répondre aux questions de mon petit frère. « Quand le moment sera venue je le saurais. » D’ouvrir ma pâtisserie, de prendre des responsabilités, d’être mon propre patron. Seulement ce n’est pas encore le cas, je n’ai que 21 ans, j’ai déjà une carrière tracée dans le domaine, mais je ne veux pas me précipité, je veux prendre le temps de me concentrer uniquement sur mes gâteaux, sans rien d’autre en tête. Mon sourire s’élargit quand il confirme qu’il sera mon premier client, je ne doute pas de lui et je suis sûr qu’il fera tout pour avoir cette place. « Je te signerais un autographe en sucre. » Je ris en m’imaginant déjà la scène, enfin bon, pour l’instant il devra se contenter de me voir employer de cette pâtisserie, mais au moins mes gâteaux sont partout autour de nous et il peut les gouter quand il veut. « Du coup tu vas aussi présenter ta copine à papa et maman ? » Peut-être que c’est vraiment sérieux au point qu’il veuille qu’elle vienne à la maison ou participe aux repas de famille, je préfère demander pour pouvoir m’y préparer, parce qu’il semblerait que je ne sois pas sortie indemne de cet aveu malgré tout.

TENUE ☆☆☆ Pour moi, c'est normal de lui présenter ma copine, et ça l'est encore plus quelques mois après nos débuts. Imaginez que je l'ai présenté une semaine après ma relation et que ça se soit mal déroulé entre nous ? J'aurai l'air bête après mon effusion d'amour, d'être triste d'un coup. ça ne veut rien dire, je ne suis à l'abri de rien, encore moins d'une rupture. Pour le moment, tout va bien avec Mayura. Je ne doute pas de mes sentiments et elle non plus. Nous nous disons à peu près tout ce qu'il y a savoir l'un de l'autre. Et plus le temps passe et plus je me sens amoureux. Outre parler de mon couple, je préfère interroger mon frère sur son métier, savoir quand est-ce qu'il compte ouvrir sa propre pâtisserie et comme à chaque fois, ce n'est pas maintenant. Je lui souris à sa réponse, buvant une gorgée de ma boisson chaude. Quand il saura, je saurais sûrement aussi. Puis, je serais son premier client, alors je me dois d'être au courant ! Ce n'est pas demain la veille, mais à force de patience, ça viendra. « Tu es trop gentil, Ani. » Dis-je dans une esquisse, piochant un nouveau bout de ma pâtisserie qui disparaît assez vite de mon assiette, comme l'un de mes tours de magie. Si ce n'est pas ici que je mange ses chef d'oeuvre, ce sera à la maison. Alors je ne m'en fais pas pour ça, encore moins pour mon appétit dévorante et mes yeux plus gros que mon ventre. Papa et maman ? Je regarde Mayura qui rougit brusquement, comme si je venais de la demander en mariage devant le salon entier. « C'est peut-être encore un peu tôt. J'attendrais le bal de l'université pour annoncer à papa et maman que j'ai déjà ma cavalière. » C'est sincère, je ne vais pas me précipiter et faire le tour du monde en présentant Mayura comme étant ma copine ou ma femme. Papa et maman comprendront mon choix, puis je voulais surtout l'annoncer à la personne dont j'ai le plus confiance dans l'univers tout entier. « On va pas trop te retenir, si tu as encore du travail ? » à voir le monde qui circule ou squatte ici, Suoh doit avoir une montagne de boulot. Et nous, nous avons sûrement autre chose à faire ensuite.