Ta main a l'air lourde bro, laisse moi la porter

feat. Kô ♥

TENUE •••          

        Marchant dans les rues de Tôkyô sans vraiment regarder ma direction, je ronchonne, traîne des pieds et soupire. Steven me fixe avec des sourcils froncés et une sale mine énervée. Je lui dirais bien d’aller voir ailleurs si j’y suis mais impossible d’ouvrir la bouche sans me dire que je deviens complètement taré. Voir des morts okay, mais leur taper la discute ça commence à faire beaucoup. Bon, ça m’ait déjà arrivé de leur gueuler dessus fin’ c’est quand j’étais encore à l’asile. J’aurai bien voulu voir un peu de progrès quoi, lolilol comme on dit chez les geeks. Je zigzag autour d’un poteau puis tombe nez à nez avec mon jumeau. « Sérieusement ? » fis-je dans les airs à mon ami imaginaire. « Lâchez moi un peu les morts. Restez morts svp. Thx. XoXo. » Je ne le pense qu’à moitié malheureusement.

Je me sens bien sarcastique après cette rencontre avec Andréa. Urg. N’en parlons pas, je pensais vraiment pas la revoir du tout. Elle remue trop de choses dans ma tête, je sais que je pourrais me débarrasser de mes problèmes facilement si je le voulais, coup de magie et hop, Noah serait enfin libre de marcher seul dans la rue sans cadavres illusoires. Y aurait pouf, plus rien, plus personne. Hélas, la perspective de perdre mon frère et mes deux amis me terrifie, plus que le fait qu’ils soient morts et que je les vois encore. Ironique oui, je sais.

Alors je me concentre pour penser à tout sauf à TOUT ça et me retourne sur mes talons, répétant 7 fois « Du balai, du balai, du balai…  » comme un mantra, fixant le béton avec les sourcils froncés.

Et comme une apparition, encore une oui cependant celle-là elle est supra cool m’voyez, un petit miracle à la Uehara quoi. Kô apparaît sur le trottoir d’en face une fois que je relève la tête. Grimace. « WTF mec ?? » m’exclamais-je fort, les mains dans les poches. «  Hey ?! D’où tu sors saligaud ? ! » Clairement, je boude et fais la moue.

Ne pensez pas moins, Kô est ce qu’il se rapproche le plus d’un meilleur ami pour moi : Il est un peu con, un peu macho, un peu alcoolo, beaucoup trop taré et parfois, il me laisse le serrer fort contre moi. OK. J’admets ça fait un peu gay et ça l’est encore plus quand je le laisse jouer le rôle de la grosse cuillère quand on dort ensemble, surtout que je suis plus grande R.I.P ma dignité et ma virilité. Mais c’est Kô, ça compte pas vraiment, il est trop parfait pour moi. Il me sert hétérosexuellement d’oreiller. Et de chauffeuse en hiver. C’est platonique, promis juré craché.

Puis j’aime bien faire la petite-copine capricieuse avec lui, c’est trop une bille en amour ce type alors ces réactions me font triper : « D’où tu sors SANS moi en fait ? T’aurais pu me prévenir ! » Je traverse en mettant mes mains sur mes hanches et secoue la tête, faisant mine d’être vexé. « J’arrive même pas à croire que tu ne m’ai pas prévenu et proposé de venir, j’aurai pu venir ! Tu le sais ! Je ferai tout pour toi ! » Mes mains volent à droite et à gauche parce que tout le monde sait qu’on comprend mieux quand on parle avec les mains. Ça se trouve le gars il est parti s’acheter du P.Q m’enfin oh, je peux l’aider à porter ou simplement qu’il ne s’ennuie pas. Je suis une magnifique drama queen. « Je croyais que tu m’aimais Kô. » Je commence à pouffer de rire et fais frétiller mes sourcils.

« Snif mec, snif. » J’essuie une fausse larme et l’attrape dans mes bras pour le serrer fort et faire semblant de pleurer. « Moi qui t’aime tant bouhou ! Comment t’as pu me faire ça ?! Fais bisou à Nono.  » Je tends ma joue et lui lance un sourire de pervers. Vas-y fais pas ton timide, bave moi dessus mon gros ♥