TENUE ••• L'idée du camping m'a de suite plu, malgré les derniers événements et mes troubles « mineures », je n'ai pas refusé la proposition. Sortir ne pourrait me faire qu'un bien fou, prendre l'air, voir autre chose que quatre murs d'une pièce. Que ce soit celle d'un appartement ou de mon bureau à l'agence. Depuis l'incident avec l'homme, je n'ai pas refait une seule interview, craignant presque de remettre un pied à l'extérieur. Aujourd'hui, j'ai vaincu ma peur grâce à Haru et à ses amis. Des amis adorables, soit dit en passant. Ils sont sympathique et amusant, ce qui me manque un peu dans ma vie de journaliste. Une liste d'amis d'enfances avec qui partager des souvenirs lointains. Malheureusement, je ne pense pas avoir ce genre de personne dans mon entourage, et les seuls dont je me souviens sont ceux de la secte... Autant ne pas vouloir s'en rappeler. Allongé dans la tente, je fixe le plafond en toile, incapable de dormir. Je réfléchis beaucoup, pas seulement à mon agression ou mon métier, mais aussi à Haru, ses amis, les miens, mes parents. pleins de trucs me passent par la tête, tant et si bien que je n'arrive pas à fermer l'oeil. J'ignore si Haru dort et je n'ose pas lui parler, ni le déranger. Avec la pénombre de la tente, je ne vois pas si il est éveillé ou endormit. Du coup, je préfère quitter l'espace protégé en silence, ouvrant le passage dans la toile après avoir choppé une veste et enfilé mes chaussures. J'ai changé de vêtement pour dormir, portant un simple jogging. C'est parfait pour aller marcher dans les alentours, éclairé par la lampe de mon portable et la lumière de la lune. Au début, je reste à proximité du camp, regardant les arbres, les buissons... Puis le noir. Une impression étrange me submerge, comme si quelqu'un m'observait quelque part dans les bois. Mon souffle ralentit, mes membres se crispent et je sens comme un vide en moi. En tournant la tête, je ne vois plus les tentes, à croire que je me suis éloigné par mégarde. En fait, j'observe juste du mauvais côté, brouillé par la crainte qui m'envahit. Celle-ci me pousse à prendre la mauvaise direction, me perdant dans la forêt et m'éloignant des autres. Un cauchemar éveillé est en train de me piéger, m'enfonçant dans sa noirceur la plus profonde... Jusqu'à sentir la panique et la terreur m'engloutir dans un puits sans fond.

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TENUE ••• Normalement j’ai trop de boulot pour pouvoir m’échapper ainsi pour faire du camping, j’avais déjà pris de l’avance sur mon travail avant de partir en vacances avec Setsuna il y a quelques mois, mais cette fois j’ai toujours des chapitres à écrire. Des demandes en cours et autres choses qui auraient pu me retenir à la maison plutôt qu’en forêt. Sauf que je sais très bien m’organiser et ce n’est pas quelques jours qui vont me faire prendre masse de retard, je pourrais gérer une fois rentrer, en attendant je compte bien profiter de cette sortie à quatre. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas retrouvé avec mes deux amis d’enfance, ça fait du bien, surtout que cette fois Setsu est avec nous. Il est important qu’il soit là, si Aislan et Raïzel font partie de mon passé, Setsuna fait aussi partie qu’eux de mon présent désormais. J’ai réussi à rapidement trouver le sommeil avec cette longue journée, conduire m’a fatigué mine de rien et tous ce que nous avons fait ensuite aussi. Cependant, mon sommeil est léger et lorsque je sens du mouvement à côté de moi et entend la fermeture éclair de la tente, je regarde vers celle-ci pour voir Setsuna en sortir. Il a peut-être besoin de prendre l’air, je reste encore allongé, mais ne me rendors pas, comme pour l’attendre et être sûr qu’il rentre. Au bout de plusieurs minutes, je décide à passer la tête à l’extérieur, mais je ne le vois pas, me demandant où il est allé. J’attrape mes chaussures et une lampe pour aller le chercher. Marchant dans la forêt, je ne comprends pas pourquoi il s’est autant éloigné, mais j’ai un mauvais pressentiment. Courant à travers la forêt sans une très bonne visibilité, je panique un peu en pensant aux derniers évènements, je sais que Setsuna est plus fragile qu’il n’y paraît. Entendant des bruits de bois, je continue ma route, puis aperçois une personne fuir je ne sais quoi, accélérant pour lui attraper le bras. « Setsuna ! Où est-ce que tu t'enfuis comme ça ? » Je ressens sa peur avant même qu’il ne me la fasse comprendre, soulagé de l’avoir attrapé avant que le pire n’arrive, je le serre dans mes bras, laissant la lampe tomber au sol pour le tenir avec mes deux mains.

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TENUE ••• Je pensais que cette sortie dans la nature me ferait le plus grand bien, mais même en étant au calme dans cette tente avec Haru, je ressens cette incertitude, cette impression de suffoquer comme si j'étais dans un four. Le noir me fait plus peur que je ne l'aurai cru, les ombres sur la toile de la tente aussi. Sortant de celle-ci, je pensais faire un tour et revenir, respirer un bon coup, me dégourdir les pâtes et me changer les idées... Mais ma petite crainte se change en véritable peur quand je crois entendre du bruit autour de moi. Je me suis trop éloigné du campement en voulant me promener, maintenant je ne sais plus où il se trouve, ni où je suis. Je panique totalement, me persuadant pour des choses que j'entends ou vois, mais qui ne sont pas réel. Effrayé, je prends mes jambes à mon cou en croyant fuir quelqu'un, submergé par mes cauchemars devenus réalité. Quand quelqu'un me choppe le bras, un cri s'extirpant de mes lèvres. Mon coeur a fait un bon dans ma poitrine, faisant monter les larmes au bord de mes paupières, prêt à couler. C'est Haru. Le soulagement m'arrache finalement les gouttes salés perlant de mes yeux sur la moitié de mon visage pâle. Serrant mes bras autour de lui, je cache ma tête dans son vêtement et chouine durant quelques secondes, voire quelques minutes. J'ai eu si peur. C'est terrible de ressentir cette angoisse me bouffer de l'intérieur, comme un monstre tapis dans la pénombre, attendant le bon moment pour me ronger, me dévorer. « J-je-je ne trouvais plus le campement ... » Reniflais-je, reculant d'un millimètre juste pour relever ma tête et le regarder dans les yeux. Je ne voulais pas lui faire peur, ni partir comme ça ... En fait, je ne sais plus trop ce que je fais dans ces moments-là, comme possédé ou guidé par une force supérieure. « Désolé ... J'ai cru que ... Quand tu m'as rattrapé... » Quand j'ai crié. Heureusement que je n'ai pas essayé de le frapper pour me défaire, je m'en serais voulu à en crever.

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TENUE ••• On peut dire que le fait que je sois attentif et ne me contente pas de fermer les yeux pour me rendormir en laissant Setsuna dehors soit une chance, ne pas le voir revenir m’a rapidement inquiété et j’ai décidé de partir le chercher dans la forêt, courant après lui. Avec ce qu’il a vécu je sais qu’il est loin d’être guéri de ses peurs et ses angoisses, mais je ne m’attendais pas à le retrouver ainsi, affolé, effrayé. Le tenant par le bras je peux aisément voir sa panique, criant même jusqu’à ce qu’il réalise qui je suis. Je répète plusieurs fois « c’est moi » pour le calmer et qu’il soit soulagé. Ses larmes coulent à flots subitement et l’enlace contre moi, il tremble tellement... Je ne sais pas comment le rassurer si ce n’est le tenir fort dans mes bras le laisser prendre conscience qu’il est à l’abri. « Tout va bien maintenant. » Une de mes mains remonte jusqu’à sa tête, caressant ses cheveux. « Je sais. Ne t’inquiète pas pour ça. » Il n’a pas besoin de s’expliquer, j’ai bien réalisé ce qui se passer en le voyant, en l’attrapant surtout, comme si son angoisse était une aura externe qui l’entoure entièrement. Voir ses larmes, cette peur sur son visage me tue, malgré le temps qui passe Setsuna n’arrive pas à se défaire de ses cauchemars et je me sens coupable, j’aimerais pouvoir être capable de l’en sortir pour de bon. « Retournons dans la tente. » Soufflais-je sans le lâcher pour autant. « Ne sors plus tout seul, sinon c’est à moi que tu risques de faire peur. » Je suis sérieux, qui sait ce qui aurait pu arriver à Setsuna s’il avait passé la nuit dehors à courir et s’éloignant de nous... Je ne veux même pas y penser.

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TENUE ••• Les gens ne savant pas ce que c'est d'être attaqué et de vivre un cauchemar permanent, même quand l'agresseur est sous les verrous. J'ai beau savoir que cet homme est enfermé, loin de moi, j'ai toujours cette peur qui me ronge de l'intérieur. Peur d'être poursuivi, peur d'être à nouveau attaqué ou pire encore, tué. La forêt produit des sons étranges, même plongé dans la nuit. J'ai comme la sensation d'être suivi, traqué et l'angoisse me submerge jusqu'à me faire réagir avec précipitation. Je cours, cours, et cours encore jusqu'à ne plus savoir où je vais, ou d'où je viens. Heureusement que Haru était là pour me rattraper et m'arrêter, me rassurant. Il n'y a personne après moi. Pire encore, je suis mon propre ennemi, un danger pour moi-même. Le souffle court, je reste proche de lui, dans ses bras à trembler comme une feuille. Si Haru ne m'avait pas retenu et enlacé, peut-être que j'aurai essayé de fuir loin de lui, croyant de sauver ma vie. Reprenant doucement conscience, je ne peux retenir mes larmes dès que la panique est remplacé par le soulagement. Je m'excuse pour ma réaction, j'aurai pu le frapper pour me libérer de sa poigne s'il n'avait pas agit rapidement. La tente ? Ah oui ... Nous campons. Peu à peu, la raison me revient et je l'écoute, le suivant où qu'il aille. J'ai perdu le sens de l'orientation, ne sachant pas où se situe la tente. « Je suis désolé ... Je ne voulais pas te faire peur... » Soufflais-je, toujours le yeux humides et le nez rouge d'avoir pleuré. Me tenant à lui, je reste collé à son bras comme si la forêt allait m'emporter loin de lui. Avant de revenir sur nos pas, je profite d'être seul pour parler. « Je ne vais pas mieux ... Je pensais passer au-dessus et m'en remettre mais ... Je n'y arrive pas. » Je vois toujours cet homme dans mes rêves, des cauchemars plutôt. Il continue de me chasser, de vouloir se venger et moi, je coule. Je me noie dans ma terreur. « Aide-moi ... J'ai besoin de toi ... »

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TENUE ••• Je ne suis pas à la place de Setsuna, mais cela ne veux pas dire que je ne peux pas le comprendre. Je suis un romancier, je peux imaginer les émotions ou les décrire, tout comme je peux voir la détresse sur le visage de mon ami. Son angoisse, cette terreur qu’il n’arrive pas à effacer depuis les derniers évènements. Je ne suis pas inquiet du fait qu’il aurait pu me fuir ou me frapper, juste rassuré de l’avoir rattrapé. Je n’ai jamais été réellement du genre à porter de l’attention aux autres, m’inquiéter, craindre pour leur vie, disons que je vis à ma façon et ça me suffisait. Seulement Setsuna est différent, comme si c’était devenu normal d’être à ses côtés, de le consolé ou de veiller sur lui. Parlant de la tente, je pense qu’il serait temps qu’on y retourne et qu’on termine cette nuit à l’abri, même si je ne pourrais surement pas m’endormir sans que Setsuna l’ai fait en premier, surement par « peur » qu’il disparaisse à nouveau. « Ne t’éloigne plus comme ça. » Pas tout seul. Marchant, le laissant me tenir, je l’écoute se confier à moi, ça me semble évident qu’il ne va pas bien, mais le fait qu’il le sache et le dise de vive voix ne m’enchante pas, ça me fait même « mal » qu’il ne surmonte pas cette épreuve. M’arrêtant pour le regarder, il se raccroche à moi, je le vois dans ses yeux. Comment pourrais-je l’aider ? J’y ai souvent pensé, mais une chose est sûre, je ne vais pas l’abandonner. Dans cette forêt sombre, remplis par des sons, des animaux, le vent, les feuilles des arbres qui se frotte, je pose ma main sur sa joue encore humide par les larmes qu’il a versé, me penchant pour venir l’embrasser, comme si cette scène sortait d’un roman ou d’un film, j’ai l’impression que le temps s’est arrêté un court instant. « On y arrivera. » J’aurais surement dû dire « tu y arriveras » mais ce « on » signifie simplement que je suis avec lui et que je suis là pour l’aider, comme il me l’a demandé.

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TENUE ••• Je ne voulais pas inquiéter Haru, ni le faire courir après moi. C'était une réaction incontrôlable, ingérable. L'endroit, les bruits, les souvenirs, tout m'a poussé à partir dans le mauvais sens et à donner du soucis à mon ami. Je m'en veux, il n'aurait pas dû me poursuivre ou me rattraper, comme il n'aurait pas dû nourrir autant de sentiment à mon égare quand il ne m'a pas vu revenir dans la tente. Je fais n'importe quoi et je ne parviens à contrôler cela. C'est plus fort que moi, quand l'angoisse me dévore, je veux simplement lui échapper. Fuir, jusqu'à ne plus la ressentir au plus profond de mon être. Haru me ramène vers la tente pour nous rendormir, c'est une excellente idée... Mais je doute de pouvoir fermer les yeux si aisément après ce trouble et ces images dans ma tête. « Ce n'était pas mon intention ... » De m'éloigner, ni de fuir. Je voulais revenir au camp, mais impossible de savoir où il était. Je me suis perdu en quelques secondes, quelques pas, quelques mètres. C'est idiot, mais quand le cerveau se joue de nous, plus rien ne paraît rationnel. Finalement, je me confie à lui sur mon état. Je n'arrive pas à oublier, ni à aller mieux. Je sais que c'est « normal » après ce que j'ai vécu, pourtant je pensais me relever plus vite que ça. J'avais l'air si fort avant que cet homme tente de m'étrangler dans cette chambre d'hôtel. J'en souriais, je pouvais en rire, mais maintenant c'est différent. J'ai besoin de Haru, il doit m'aider pour m'en sortir. ça ressemble plus à un fardeau qu'une faveur, j'en ai conscience. Quand il s'arrête, je fais de même et attends. La forêt est vraiment inquiétante, si Haru n'était pas à côté de moi, j'imaginerai sûrement encore des scènes abominables et effrayantes. Sa main sur ma joue, je relève mon visage vers le sien pile quand il m'embrasse, d'abord surpris, puis soulagé. Mon coeur s'est emballé, mais je le laisse battre la chamade tandis que je ferme mes paupières et profite. « Merci... Merci beaucoup. » Soufflais-je, rouvrant mes paupières pour le regarder et lui sourire. ça prendra du temps, sûrement le temps qu'il faut, mais je parviendrais à surmonter cette nouvelle peur qui me terrorise. Ma main dans la sienne, je le tire vers la direction qu'il prenait plus tôt pour rejoindre la tente, bien décidé à rentrer à l'abri et au chaud avec lui.

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TENUE ••• je n’étais pas entrain de le réprimander, j’avais conscience que ce qui ce passé le dépassé et me dépassé aussi. Cette angoisse que ressens Setsuna je ne peux pas l’effacer, tout comme je n’ai jamais ressenti un tel sentiment. Cette peur qu’il a est légitime, mais il ne risque plus rien désormais et j’espère qu’il finira par surmonter cette épreuve, je ne vais pas le laisser seul et plus encore quand il me confie sa détresse. Il y a très peu de personnes qui ont eu besoin de moi au cours de ma vie, ma famille c’était plutôt l’inverse, dans mon enfance j’étais un solitaire jusqu’à ce que je rencontre Aislan et Raïzel. Je ne savais pas où j’allais, qui j’étais, j’avais besoin de trouver cette chose essentielle pour vivre et ne pas me laisser moisir dans la fatalité de ce destin qui m’était lié. Aujourd’hui je n’ai plus rien à voir avec cet enfant, je suis une base solide, certes un peu instable quand je fais preuve de folie ou que je ne mesure pas le danger sur ma propre existence, mais sinon je prends soin des personnes auxquelles je tiens et Setsuna en fait partie désormais. Ce baiser en dit long, ce n’est pas la première fois que je l’embrasse et même si ça pourrait sembler occasionnel ou pris dans l’action je ne regrette jamais mes gestes, je veux qu’il prenne confiance, qu’il compte sur moi pour être à ses côtés et ne pas le lâcher. Souriant à son remerciement, on retourne jusqu’aux tentes, dans l’obscurité il est difficile de voir quoi que ce soit, mais après quelques minutes on retrouve notre emplacement, laissant entrer le journaliste, je referme la couche de l’entrée pour nous abriter, m’installant à ma place avant de passer mon bras sous la tête de Setsuna, le tirant avec l’autre pour le ramener contre moi, ainsi il ne s’échappera pas durant la nuit pour je ne sais quelle raison, puis il est à l’abri ici. Demain est un autre jour, j’ai eu assez d’émotion pour le reste de la nuit.

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