Quoi de mieux pour un amateur de foot que de petites vacances bien méritées à l’endroit où prit place cette année la coupe du monde de football ? Sans doute n’est-il rien de plus agréable et réjouissant, et c’est précisément la raison pour laquelle je me sens d’aussi bonne humeur aujourd’hui, après une bonne nuit de sommeil.

J’ai emmené avec moi un ancien camarade de classe, si je peux le nommer ainsi, un garçon que j’ai un jour trouvé dans un bien mauvais état au manga café alors que j’y étais un peu sorti, et j’avais essayé de le soigner du mieux que je le pouvais… Comme un travail pratique improvisé. J’ai pensé que ce garçon avait grand besoin de vacances et, comme l’école a organisé un voyage, j’ai décidé de l’emmener avec moi.

Parfois, je me dis que j’ai beaucoup de chance d’avoir des parents assez fortunés pour m’autoriser ce genre de folies… Un petit sourire se dessine sur mon visage tandis que je me lève difficilement afin de me promener un peu dans l’endroit où nous résidons avec une troisième personne que je n’ai pas encore eu l’occasion de réellement rencontrer.

Un petit sourire se dessine sur mon visage tandis que je regarde à l’extérieur. Au moins, l’endroit n’est pas malfamé comme certains ont pu le dire… Enfin, je pense surtout que l’académie ne nous aurait pas envoyé dans une favela ou une chose de ce genre, ils auraient sans doute eu trop peur de perdre des élèves à cause d’un accident ou l’autre… Bref. Je cherche comment déjeuner car, ici, je ne vois malheureusement pas de lait de soja… à mon avis, je devrai m’en passer. Quand j’ouvre un tiroir, je fais malencontreusement tomber quelque chose, dans un bruit assourdissant, geste que j’accompagne d’une grimace embêtée…

Un bruit assourdissant me réveille en sursaut. Je m’assoie sur le lit, les yeux grands ouverts, mais totalement désorienté tant je suis mal réveillé. Quand mes yeux arrivent péniblement à faire le point et que ma vision devient plus nette, il me faut un moment d’observation avant de comprendre où je me trouve. Cette chambre richement décorée se trouve être une suite de luxe dans un hôtel, à Rio de Janeiro d’après mes souvenirs. Nous sommes au Brésil… Même avant que je me retrouve à la rue, je n’étais jamais venu ici. Alors maintenant… Je me demande tout de même pourquoi il m’a emmené. Il ? Ce jeune homme qui m’a soigné quand j’étais au plus mal. Il m’a soigné, nourri, chouchouté, jusqu’à devenir malade lui-même. Je ne pouvais alors décemment pas le laisser seul après ce qu’il avait fait pour moi, et puis, je pouvais rester au chaud un peu plus longtemps aussi, chez lui. Mais de là à ce qu’il m’emmène ici, en vacances, avec lui… Jamais je ne l’aurais imaginé.

En tout cas ce lit est si merveilleusement moelleux que je me recouche pour en profiter encore un moment. Mais, si mon sauveur a un problème ? Avec ce bruit… Il est peut-être tombé ? Je me relève alors en m’étirant et attrape la première chose qui me vient sous la main, un bermuda, avant de le passer et d’aller vers la provenance du bruit, selon moi. Je vois le petit blondinet, occupé à chercher je ne sais quoi, et qui semble bien embêté. Les bras croisés sur mon torse, je m’appuie contre le mur en baillant et l’observe un moment avec un sourire, avant de prendre la parole d’une voix amusée.

« Et bien… il y a eu un tremblement de terre ? Je ne sais pas ce que tu cherche, mais je crois qu’ici, il faut faire appel au room-service si tu veux quelque chose… »

Je crois que ces réflexions sont un reliquat de ma vie d’avant. J’étais un habitué des room-services, à toujours avoir du monde pour s’occuper de mes moindres désirs. Peut-être est-ce dû au fait de me retrouver ainsi, dans cet hôtel de luxe. Je m’approche alors de lui et m’accroupis pour l’aider à ramasser.

Je ferme les yeux pendant quelques secondes après avoir provoqué la chute d’un objet. Je suis d’une maladresse incommensurable, à un tel point que je me demande quelques fois comment j’ai pu survivre jusqu’à aujourd’hui. Je souris un peu, quand une voix s’élève non loin de moi, et qu’en me retournant j’aperçois la silhouette de Niko. Un sourire qui s’accompagne d’une légère teinte rosée que mes joues prennent, tandis que je fais un petit signe de la main, timide, à son adresse, embêté par ce qu’il vient de se passer.

« Salut… Je… Je ne sais pas ce que je cherchais.» Avoué-je, embêté.

Depuis qu’il a passé un moment à la maison, suite à sa petite maladie, j’ai un peu de mal à me comporter normalement en présence de Niko… Je souris, un peu à la manière d’un gamin qui a reçu son cadeau de Noël, mais sans avoir de réelle raison de le faire. Juste parce qu’il est là. D’ailleurs, c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai voulu l’emmener avec moi lors de ce voyage : il me met de bonne humeur, et cela pour une raison que j’ignore… Un petit sourire se dessine sur mon visage tandis que je frotte l’arrière de mon crâne d’un air embarrassé.

« Tu…tu as bien dormi ? »

Pour tout avouer, sa tenue me met un peu mal à l’aise… J’ai déjà remarqué cela : à chaque fois qu’il est dans une tenue un peu plus dénudée, un peu plus… Je ne sais pas, j’ai juste remarqué que cela me gênait un peu…mais pas dans le mauvais sens du terme ! Disons que je suis juste…embarrassé. Après tout…j’ai été un peu plus proche de lui, avec tout ça… C’est embarrassant quand même, au final…

« Tu veux… qu’on aille déjeuner ?» Demandé-je en souriant un peu.

Il n’y a pas à dire, il est vraiment adorable ce jeune homme, Akira, avec son petit signe timide, ses joues rosées et son adorable sourire. On dirait un enfant pris sur le fait d’avoir fait une grosse bêtise. Peut-être est-ce justement parce qu’il est adorable, ou simplement parce qu’il m’a aidé et sauvé, mais j’ai l’impression qu’avec lui, je me sens bien. C’est la première personne depuis… mon changement de situation... avec qui j’ai l’impression que je peux rester sans avoir peur qu’il me juge, qu’il cherche à se servir de moi ou à m’enfoncer encore plus dans ma misère. Ce n’est même pas de la pitié qu’il ressent envers moi, enfin il ne me semble pas, il est tout simplement gentil, son cœur est doux et bon. C’est rare les personnes comme ça, ça réchauffe mon cœur froid.

Après l’avoir aidé à ramasser ce qu’il avait fait tomber, je l’observe un moment avec un sourire moi aussi. C’est fou comme il est communicatif son sourire à Akira, je crois que je vais finir par avoir une crampe aux lèvres vu que je n’ai jamais autant souri depuis… Si longtemps. Il me demande alors si j’ai bien dormi, je lui réponds alors en m’étirant et en baillant largement avant de sourire.

« Huuummm… Comme un loir, trop confortable ce lit… Et toi ? »

Je m’appuie alors sur le meuble, à côté du tiroir qu’il a ouvert, et je l’observe encore un peu. Bizarrement, il semble gêné de me regarder, mais je ne sais pas vraiment pourquoi. Ca ne le rend que plus mignon encore, et moi ça m’étonne moi-même de penser ça d’un autre mec, mais il est vraiment mignon, adorable, comme un petit chiot ?

Ah… Déjeuner… Bonne idée, d’ailleurs mon estomac se met à grogner. D’habitude il est plus résistant et plus discret que ça mon estomac, mais je crois qu’il s’est trop habitué à la bonne nourriture depuis que je suis chez ce petit mignon Akira.

« Allons-y, il fait faim. »

En me relevant, je glisse ma main dans les cheveux d’Akira et les ébouriffe avant de rejoindre mon sac posé à côté de mon lit pour prendre un t-shirt et l’enfiler, je ne vais pas aller déjeuner torse nu, pas très classe. Je reviens ensuite vers le jeune blondinet avec un sourire pour lui signifier que je suis prêt.

Ma proposition est sans aucun doute un moyen d’éviter une situation problématique dans laquelle je ne sais pas quoi dire face à Niko… Il faut dire que, depuis qu’il est là, je trouve les choses plutôt étranges… J’ai des pensées que je ne devrais pas avoir, je m’intéresse à lui, peut-être plus que de raison, et mes joues rosissent pour des stupidités à chaque fois que son regard croise le mien… Le pire dans toute cette histoire est sans doute le jour où, à peine réveillé, je n’ai pas réalisé que je venais de…de l’embrasser, simplement. Pour moi, c’est plutôt perturbant car, même si je connais les tendances de mon frère, je n’aurais jamais pensé embrasser un homme un jour… La dernière, après tout, c’était Emi. Peut-être ai-je changé bien plus que je le pense après l’accident de mon frère… Je ferme les yeux pendant quelques secondes et secoue légèrement la tête : ce n’est rien, je ne dois pas y penser maintenant.

Je hoche un peu la tête pour lui confirmer que j’ai bien dormi et, quand il accepte d’aller manger, je souris un peu plus, le laissant aller se changer afin de ne pas aller déjeuner à moitié nu comme il l’était… Mais quand il passe à côté de moi et qu’il ébouriffe mes cheveux, un frisson traverse ma colonne vertébrale et je ferme les yeux… Ce n’est vraiment pas le genre de choses à faire avec moi ! J’ai toujours adoré que l’on joue avec mes cheveux, même si cela est légèrement gênant, surtout quand il s’agit de Niko… D’ailleurs, mes joues prennent une teinte à nouveau plus rosée et je pose mes mains dessus, comme pour les refroidir légèrement.

« Ne rougis pas comme ça, Akira… » Dis-je pour moi-même, quand Niko a disparu de la pièce…

Je vais me changer après quelques secondes et reviens à mon tour, souriant comme jamais, vers Niko. Prêt à partir. Instinctivement, je lui prends la main pour le tirer hors de la chambre mais, une fois dans l’ascenseur, je remarque que je ne l’ai pas encore lâché… Je défais donc ma main de la sienne et le regard d’un air embêté, rouge à souhait, avant de prendre la parole d’une voix plus qu’embarrassée.

« Oh, euh… je… j’espère qu’il n’y aura pas trop de monde au restaurant. »

Une chance que personne n’ait souhaité monter dans l’ascenseur en même temps que nous… Ils nous auraient regardés tellement étrangement…

Quand je le vois sourire ainsi en ma présence, un sourire si lumineux et si sincère, je me dis que j’ai de la chance de l’avoir rencontré, ce petit ange du nom d’Akira. Jamais personne ne m’a sourit si sincèrement, même avant la déchéance de ma famille et que je me retrouve à la rue. Il n’y avait que mon statut social, la puissance de ma famille, qui comptait, je n’étais que l’instrument de cette puissance. Personne ne me souriait si chaleureusement pour la personne que j’étais moi, il faut dire que j’étais un petit con à l’époque. Et ensuite, je n’ai eu droit qu’à des sourires de pitié, ou au mieux à certains un peu plus chaleureux pour m’encourager. Mais aucun de si chaleureux que les siens, comme s’il était réellement heureux de ma présence.

Quand il me prend la main, je ne cherche pas à me dégager, c’est si agréable en fait. Les seules personnes que j’ai tenues par la main jusqu’à maintenant étaient mes pseudos copines auto-proclamées, qui se la jouaient en montrant qu’elles avaient réussi à mettre la main sur un gros poisson comme moi, ou mes aventures d’un soir, le temps d’aller dans la chambre d’hôtel généralement. Mais avec Akira, ça a une signification différente, et c’est plutôt agréable. Je me trouve bizarre même de trouver tout ce qu’on fait ensemble, même le moindre petit détail, si agréable.

Une fois dans l’ascenseur, lorsqu’il me lâche, sa gêne me fait sourire, il est tellement adorable. Je décide d’en jouer un peu, mais aussi pour le punir d’avoir lâché ma main, et je me rapproche de lui et glisse de nouveau ma main dans ses cheveux, ils sont si doux que j’adore jouer avec. Je m’approche aussi de son oreille pour lui murmurer d’une voix amusée.

« Tu es pourtant bien moins timide lorsque tu es à moitié endormi… »

Mon autre main se pose sur sa joue, la caressant tendrement, alors que mes lèvres se posent sur les siennes et que je l’embrasse doucement. Je ne sais pas réellement pourquoi je l’ai embrassé, une envie soudaine. La sonnerie indiquant l’arrivée à l’étage désiré retentit et je m’écarte un peu de lui. Ma main se pose dans son dos, sur sa taille, comme pour le guider vers la sortie de la boite de métal avec un doux sourire sur mes lèvres.

L’ascenseur… Ce n’est pas un choix très judicieux quand on connaît le sentiment étrange qui m’habite lorsque je me retrouve avec Niko ces derniers temps… C’est troublant, réellement, car je ne sais pas quels mots mettre là-dessus, mais… non, c’est troublant, c’est tout. Je crois qu’il n’y a pas réellement d’autre mot qui irait mieux que celui-là avec la situation dans laquelle je me retrouve à chaque fois qu’il pose son regard sur moi, à chaque fois que je croise son chemin… Et pourtant, cela arrive souvent, car nous avons du être assez présent l’un pour l’autre ces derniers temps…

Je m’excuse pour mon comportement peut-être un peu trop familier envers lui et, quelques instants plus tard, je le vois s’approcher et mon regard se plante dans le sien, jusqu’à ne plus en avoir l’occasion, car il vient de s’approcher de mon oreille pour y poser quelques mots. Mes yeux se ferment tandis que je frissonne au contact de sa main dans mes cheveux et je ne dis rien pendant quelques secondes, écoutant simplement ce qu’il souhaite dire.

Quand je suis à moitié endormi ? Il parle sans doute de cette fois où je l’ai embrassé… Je ferme les yeux pendant quelques secondes et, durant ce court laps de temps, je sens sa main caresser ma joue. Mais j’ouvre les yeux légèrement quand je sens ses lèvres toucher les miennes. C’est…C’est vraiment agréable… Oui…Non ? Je ne sais pas ce que je ressens, mais je n’ai pas envie de le repousser en cet instant, pas du tout même… Je ferme les yeux à nouveau, mais la sonnerie de l’arrivée au rez-de-chaussée retentit et je le regard s’éloigner avant de pousser un très discret soupir. C’est…étrange… Je reste silencieux quand il me guide vers la sortir de l’ascenseur et, quand nous sommes « sur la terre ferme », je m’éloigne à mon tour et prends la direction du restaurant.

« C’est…C’est par là. Viens. » Dis-je en lui désignant d’un signe de tête la porte de l’endroit, triturant discrètement le bracelet argenté que je porte au poignet.

Une fois dans la pièce, je vais vers l’endroit où se trouvent les plateaux et je m’adresse à nouveau à Niko, une fois que je suis sûr qu’il n’est pas loin.

« Tu veux que je te prenne quelque chose à boire ? » Dis-je en regardant les choses proposées… Des jus de fruit, du lait, du café… Pas grand-chose que je puisse réellement boire. Quand à demander s’ils possèdent du sans-lactose…

Quand je vois Akira, c’est bizarre l’envie que j’ai de le toucher, juste poser ma main sur lui, jouer avec ses cheveux, de le voir sourire toujours plus et de voir ses petites joues rosirent quand je suis là. Ce n’est même pas pareil qu’avant, quand je touchais quelqu’un c’était par attirance de la chair, pour passer un moment coquin avec la personne. Pour Akira c’est… Autre chose j’ai l’impression, juste être là, près de lui, peut-être goûter un peu à ses lèvres, comme dans cet ascenseur. D’ailleurs d’où m’est venue cette envie ? Je crois que c’est comme l’autre, une envie incompréhensible, mais agréable.

A la sortie de cette boite de métal, je le vois s’éloigner un peu de moi, mais pas trop, apparemment mon geste ne l’a pas trop choqué, ça me fait sourire. Je le suis dans le restaurant, il n’y a heureusement pas trop de monde. Je ne sais pas trop l’heure qu’il est, avec le décalage horaire je suis un peu perdu, mais il doit être assez tard, les vacanciers sont sans doute presque tous partis visiter la ville. Ce serait probablement intéressant de visiter, mais pour l’instant, ça ne m’intéresse pas vraiment, je préfère grandement coocooninguer avec Akira.

Quand il attrape un plateau en me demandant si je veux quelque chose à boire, je m’approche à nouveau et pose ma main en haut de son dos, juste sous sa nuque. J’ai décidément l’impression que ça devient une manie de le toucher ainsi. Je regarde ce qu’ils proposent, plein de bonnes choses à manger. Et comme boisson, je me décide pour du café et du jus d’orange fraichement pressé. Je vois Akira hésiter et me rappelle soudain que lorsque j’étais chez lui, il buvait des trucs spéciaux, lait de soja je crois… Allergie au lait normal ?

« Tu sais, c’est un hôtel de luxe ici… en général si tu leur demande quelque chose ils te le trouvent rapidement, même du lait de soja… »

Un léger baiser sur la tempe d’Akira, un sourire, puis je me détourne pour chercher un employé qui pourrait me comprendre. Une jeune femme asiatique sert non loin de nous, par chance, elle parle japonais. Je lui demande alors s’il est possible d’avoir du lait de soja, elle me répond qu’elle nous en apportera dans quelques minutes. Je reviens ensuite vers Akira avec un sourire.

« Tu auras du lait de soja dans quelques minutes. »

Ca aussi c’est nouveau… Avant, jamais je ne serais allé demander quelque chose ou faire quelque chose pour un autre, j’étais toujours celui qui se faisait servir, non l’inverse…

Il faut avouer que les événements de ces derniers jours sont plutôt perturbants… Que cela soit avec Niko ou avec mon frère qui, depuis peu, semble avoir une relation plutôt particulière avec Kenta, mon meilleur ami… Mais je ne pense pas avoir réellement besoin que mes sentiments se mêlent à cela en me donnant des impressions fausses et assez…troublantes, elles aussi. Je ferme les yeux pendant quelques secondes et pousse un petit soupir après avoir réfléchi quelques instants, devant l’endroit où sont exposées les différentes boissons. Qu’est-ce qu’il m’arrive exactement ? J’ai l’impression de revivre un sentiment ancien, sans pouvoir lui donner un nom…Sans oser le faire, sans doute parce qu’il me mettrait légèrement mal à l’aise si je le faisais.

J’ai été bien plus perturbé que je ne le parais par son geste qui, à mes yeux, est plutôt déraisonnable… m’embrasser dans un ascenseur, moi, un homme ! Je ne peux pas réellement juger cela, surtout en connaissant les penchants de mon frère, mais je suis réellement troublé… Peut-être est-ce simplement parce que, l’homme dont il est question, c’est moi ? Je ferme les yeux à nouveau et attend une réponse à ma question en souriant presque tendrement… Je tente de changer de sujet, de passer à autre chose, mais mon esprit reste bloqué sur le moment où ses lèvres se sont posées sur les miennes, ce moment où mon cœur a battu la chamade, le temps de quelques secondes... C’est perturbant, et le rose de mes joues témoigne de mon embarras, encore.

J’ai un peu de mal à supporter le décalage horaire, mais je crois qu’après quelques nuits, tout ira mieux. Je souris donc un peu, mais je me fige légèrement quand Niko pose une main sur le haut de mon dos. Une nouvelle bouffée de chaleur au niveau de mes joues, sans savoir pourquoi, et je ferme les yeux en attendant de voir s’il me donne une réponse convenable.

« Mais…je…» Dis-je avant d’être arrêté par son baiser sur la tempe.

Une nouvelle fois, je vire couleur tomate et je ferme les yeux pendant quelques secondes, inspirant profondément avant de reprendre la parole en marmonnant un peu tandis que Niko parle avec une serveuse, visiblement.

« J’aime pas avoir l’air aussi exigeant… »  

J’ai toujours détesté cette idée selon laquelle la richesse me permet d’exiger n’importe quoi de n’importe qui… En fait, j’ai souvent été la victime de personnes qui considéraient leur statut de cette façon et…Je me fais clairement marcher sur les pieds par les autres car, au contraire de ces personnes imposantes et très difficiles à contenter, je suis effacé, toujours occupé à faire passer les autres avant moi, et au final je perds beaucoup de temps à accomplir le moindre désir des autres, sans penser aux miens…Ni même à mes besoins…

Je souris un peu à Niko quand il me dit que j’aurai du lait de soja d’ici quelques minutes… Je hoche la tête en souriant un peu, toujours rouge, et je m’adresse à lui avec entrain à nouveau.

« Merci,… tu es un amour. » Dis-je avec tellement de spontanéité que je ne le remarque pas directement. Puis je me reprends vivement, alors que mes joues prennent une teinte encore plus vive. « Enfin ! C’est gentil…quoi ! »

En silence, je reprends mon trajet près du buffet de déjeuner et je me sers un peu… Il y a beaucoup de choix…Mais je sais que je ne peux pas manger la plupart des mets proposés. Du coup, je me limite à quelques choses que je peux manger sans risque et je cherche une table du regard. À cette heure, il y a beaucoup de voyageurs qui ont déjà quitté les lieux, alors c’est assez vide, ce qui me permet de trouver une table rapidement.

Je ne sais pas pourquoi ça me semble si naturel d’être ainsi avec Akira, sans chercher plus, sans forcer les choses, juste être là avec lui et apprécier sa compagnie. C’a m’étonne même beaucoup, car depuis que je me suis retrouvé à la rue, j’avais plutôt tendance à fuir les gens pour ne pas voir leur dédain ou leur pitié. On perd vite l’habitude de se comporter normalement avec les gens quand on est privé de leur compagnie. Mais bizarrement, avec Akira, c’est revenu rapidement, même pour évoluer au milieu des autres, avec lui… Enfin quoi que… Ce n’est pas vraiment revenu, je n’avais jamais été comme ça avant. C’est une nouveauté, on va dire, le cœur doux et généreux d’Akira déteint sur moi il faut croire.

C’est bizarre comme j’ai l’impression de me sentir mieux quand je suis près de lui, quand je le touche, comme s’il avait un effet de baume apaisant sur mon cœur, qu’il métamorphosait tout autour pour que la vie apparaisse plus douce, plus rose, plus agréable. J’avais déjà un peu cette impression quand j’étais chez lui et qu’il me soignait, comme si juste le fait d’avoir sa main posée sur moi faisait disparaitre le mal. Mais ça me fait encore plus cet effet ici. Le dépaysement peut-être ? L’euphorie des vacances ? En tout cas, je le trouve drôlement mignon à rougir en souriant à chacune de mes attentions, ça me donne envie de continuer encore plus.

D’ailleurs, ses joues rouges me montrent bien qu’il a apprécié mon petit bisou, trop mignon. Si je n’y avais pas été, il n’aurait probablement jamais demandé du lait de soja et se serait privé pour ne pas paraître exigent. C’est une caractéristique qu’il me semble avoir remarqué chez lui. Mais en tout cas ça aussi, ça semble lui faire plaisir, vu la réponse qu’il m’a donné. Il est trop chou, encore un peu et je kyatterais presque… Enfin t’être pas, on est dans un lieu public, mais bon…

Je le laisse s’éloigner un peu avec son plateau, que lequel il n’y a pas grand-chose finalement, avant de me servir moi-même. Il y a tellement de bonnes choses étalées devant moi que mon ventre grogne d’envie et j’en prends pas mal, j’ai une faim de loup, mais pas trop tout de même. Je le rejoins à la table, passant derrière lui pour faire le tour et poser mon plateau. Mais avant, je tiens mon plateau d’une main et glisse l’autre une nouvelle fois dans ses cheveux. Je me penche ensuite rapidement vers lui, posant doucement mes lèvres sur les siennes quelques secondes avant de m’écarter avec un sourire.

« Alors comme ça je suis un amour ? »

Je me redresse ensuit comme si de rien n’était pour aller m’installer en face de lui, le plateau posé sur la table.

Je sais parfaitement quel est ce sentiment que je ressens par rapport à Niko… C’est quelque chose de fort, une chose que je n’ai plus ressentie depuis bien longtemps déjà, même si ce sentiment m’a fait souffrir très longtemps… Mettre un nom là-dessus serait réellement effrayant à mes yeux, surtout quand on sait que Niko est un homme, comme moi, et je n’ai pas envie de mettre une distance entre nous à cause de ces choses que je ne devrais pas forcément ressentir… Pourtant, j’ai l’impression que je n’arrive pas à me comporter différemment… Mon cœur bondit quand il m’approche un peu trop, je frissonne quand il me touche, je rougis à ses baisers imprévus… En fait, je pourrais dire que le moindre de ses gestes me transforme en une personne légèrement différente… Une personne que je ne suis pas avec tout le monde. Une sorte de moi, encore un peu plus doux que d’habitude…

Sans rien dire à ce sujet, je cherche donc une table où nous pourrons être à l’aise… Ni trop à l’écart, ni au milieu de la foule, car je n’ai jamais été du genre à réellement me mêler aux autres. Je suis poli, assez sociable, mais j’aime profiter des rares moments de tranquillité dont on peut disposer à l’heure actuelle… Un petit sourire se dessine sur mon visage tandis que je m’installe, heureux d’avoir trouvé une place idéale, et je m’attends à voir Niko s’asseoir en face de moi, ce qui n’arrive pourtant pas tout de suite. Au contraire, je le sens poser encore une main dans mes cheveux, ce qui me fait légèrement remuer la tête et me déclenche un frisson et une nouvelle teinte aux joues, puis je le sens poser ses lèvres sur les miennes à nouveau et mon cœur rate un nouveau battement… Pourquoi fait-il ça sans cesse ?

« J’ai dis gentil…» Dis-je quand il me répète ce que j’ai dit un peu plus tôt. C’est mal de jouer avec les erreurs des autres…

Je ferme les yeux pendant quelques secondes et je pousse un léger soupir. Oui… Non… Quand il s’installe devant moi, je relève les yeux vers lui et ne le quitte pas du regard durant quelques instants… Est-ce que c’est vraiment ça ? Ça me semble tellement étrange…tellement…Nouveau et récent… Je secoue un peu la tête et pose mon regard sur mon plateau, tiré rapidement de mes pensées par la serveuse qui vient d’apporter une petite cruche de lait de soja…

Après l’avoir remerciée, je repose mon regard sur Niko et lui adresse un large sourire, prenant ensuite un verre de lait afin de boire un peu avec mon petit déjeuner, que je mange assez rapidement au vu de la faible quantité que je me suis servi.

« Tu veux faire quoi aujourd’hui ? » Demandé-je en essayant de voir au dehors la météo qu’il fait… Malheureusement, celle-ci ne semble pas s’annoncer réellement bonne.

Il n’y a pas à dire, j’aime embêter, surprendre et faire rougir mon compagnon de vacances. Je me sens vraiment bien avec lui, tout parait plus facile, plus léger, la vie devient même agréable. Du coup, j’ai toujours l’envie d’être près de lui, de le toucher, même de l’embrasser. Tout ça me semble si naturel que ça en devient presque effrayant. C’est comme si nous nous connaissions depuis toujours, alors que nous n’avons passé que quelques jours ensemble. Peut-être que c’est simplement l’esprit des vacances, le dépaysement, qui désinhibe nos pensées et nous rend plus légers et plus libres, plus proches ?

D’ailleurs, les vacances viennent juste de débuter et c’est déjà la troisième fois que je l’embrasse. Pourquoi ? Je n’en sais fichtre rien, des envies soudaines comme ça. Il faut dire aussi que ses lèvres toutes douces sont plutôt attirantes avec l’adorable sourire toujours présent dessus. Et puis ses réactions toutes mignonnes qu’il a à chaque fois, le rouge de ses joues, le sourire radieux mais gêné, adorablement timide. D’ailleurs il essaie de me détromper pour cacher son lapsus de tout à l’heure.

« Hum… J’aime les hommes timides… »

Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que cette phrase va faire mouche, je vois déjà ses petites joues devenir écarlates, son sourire timide. En fait, ce n’est même pas totalement vrai, je n’aime pas tous les hommes timides, seulement une certaine catégorie, les timides adorables dont j’ai un spécimen juste en face de moi. D’ailleurs, je crois que c’est le seul spécimen que je connais comme ça.

Assis en face de lui, je commence à manger, à dévorer plutôt, ce que j’ai sur mon plateau. C’est tellement bon et j’ai tellement faim. Je remarque aussi le peu de nourriture qu’il y a sur le plateau d’Akira. Il mange toujours si peu ? Comparé à ce qu’il a, on pourrait croire que je suis un ogre vu tout ce que j’ai à manger.

« Tu ne manges pas beaucoup… Ca te suffira tu es sûr ? »

La question de quoi faire de la journée est alors lancée. Franchement, moi j’ai pas trop envie de bouger, les autres jours peut-être, mais pour l’instant, rester tranquille ici, le temps de faire disparaitre l’effet du décalage horaire au moins.

« Rester ici à flâner me convient parfaitement pour aujourd’hui je t’avouerais… »

Je ne sais pas si je peux sérieusement qualifier la relation que j’ai avec Niko de « normale »… Après tout, nous avons un comportement plutôt particulier l’un envers l’autre et, de mon côté, j’ai certaines envies qui ne me semblent pas ressortir du domaine de l’amitié et, pour être sincère, encore moins du domaine du patient et de son médecin… J’ai une impression étrange, celle d’avoir beaucoup changé depuis quelques temps et, maintenant que toutes ces choses arrivent, je me sens troublé et légèrement désorienté… Pourtant, Niko n’est apparu qu’il y a peu de temps… Cela reste très bizarre… D’où me vient cette envie de l’embrasser ? Il faut dire que, en plein milieu du restaurant, ce n’est pas le meilleur endroit, à choisir…

Quand il m’adresse quelques mots, mon regard se fixe sur le sien durant quelques secondes. Il aime les hommes timides ? Je sens mes joues chauffer à nouveau et je ferme les yeux pendant quelques secondes, me concentrant au mieux sur le repas que je tente de prendre, tant bien que mal… Que puis-je réellement penser de tout ça ? Que dois-je imaginer suite à de telles paroles ? Mon frère est gay, alors je ne peux pas dire que je suis totalement étranger à ce genre de choses, mais… C’est tellement étrange de me dire que mes sentiments prennent peut-être une tournure étrange ces temps-ci… Oui… Non ? Cette hésitation me semble constante… Après quelques minutes, je l’entends me poser une question qui m’amuse un peu et, souriant, je lui réponds.

« Oui, ne t’en fais pas. » Dis-je en souriant un peu.

Je n’ai jamais eu grand appétit… J’ai même tendance à manger moins que de raison et, quelque part, cela doit contribuer à ma faiblesse naturelle… Je ferme les yeux pendant quelques secondes à cette pensée et je laisse un nouveau sourire se dessiner sur mon visage. Si une chose est sûre, c’est que je ne suis pas anorexique... Je mange moins que d’autres, mais cela dépend des jours… En général, c’est le lait qui me pose problème, ainsi que les choses qui y sont reliées. C’est triste, mais c’est ainsi… Bref… le voilà qui répond à ma question.

« À moi aussi… En plus, le temps à l’air de se couvrir légèrement… » Dis-je avec une pointe de regret dans la voix.

Quand j’ai terminé mon repas, je me redresse et prends mon plateau afin de l’apporter à l’endroit où se range la vaisselle sale, puis j’attends sagement que Niko ait terminé le sien afin de quitter le restaurant. Une fois dans le hall de l’hôtel, je me questionne : où aller maintenant ? Je tourne la tête en direction de mon camarade de voyage et une idée me traverse l’esprit… Hm… Un regard à gauche, à droite, pour vérifier qu’il n’y a personne, puis je m’approche de lui et l’agrippe au cou afin de poser mes lèvres sur les siennes pendant quelques secondes. Mes joues s’enflamment, mon cœur se met à battre la chamade, et je m’éloigne un peu de lui, gardant mes bras noués dans son cou, mon regard planté dans le sien.

« Je… désolé. »Dis-je en le lâchant après un instant.

Je n’ai rien à dire pour justifier ce geste… C’était plus une pulsion qu’autre chose, après tout…

« Je… Viens, on va visiter l’hôtel… » Dis-je après un instant, quand j’ai remarqué les panneaux qui affichaient les différentes commodités.

Je savais que j’allais faire mouche avec cette phrase, ses petites joues se colorent de nouveau en rouge et ses yeux se ferment. Un peu gêné Akira ? D’ailleurs, pourquoi ai-je dit cette phrase déjà ? Une idée qui m’est venue, comme ça, juste parce que je savais qu’il allait en rougir. Une autre raison ? Hum peut-être je ne sais pas. En fait avant, j’étais plutôt attiré par les filles aux formes généreuses, même si je m’amusais un peu avec tous les genres. Tant que je pouvais m’éclater, peu m’importait celui ou celle m’accompagnait. Mais après avoir dû me vendre certaines fois pour survivre, ma vision des choses a sans doute changé sur ce point là. A présent ce ne sont plus les mêmes personnes qui m’attirent et les histoires d’un soir juste pour m’éclater ne m’intéressent plus vraiment. Mon rêve serait plutôt de trouver une personne avec qui partager ma vie, vivre et vieillir ensemble, comme dans les films à l’eau de rose. Les greluches pot-de-peinture, qui se pavanent à moitié nues pour attirer les mecs, ne m’intéressent plus dans cette optique là. Une personne douce et adorable comme Akira me correspondrait plus, même si c’est un homme. Mais, comme on dit, ça ne reste qu’un rêve, et probablement après ces vacances de rêve, celui-ci prendra fin… Autant en profiter non ?

D’ailleurs je continue de l’observer avec un petit sourire alors qu’il semble troublé pendant qu’il grignote son repas. C’est quelque chose que j’avais déjà remarqué, mais il ne mange pas beaucoup en fait, alors que moi, quand je peux, je dévore tout ce que je trouve. C’est d’ailleurs ce que je fais en ce moment vu toutes les bonnes choses qu’ils proposent pour ce petit déjeuner. Enfin est-ce bien encore le petit-déjeuner vu l’heure ? M’enfin quand nous aurons fini de manger, il faudra bien trouver quelque chose à faire, et Akira semble de mon avis, flâner tranquillement serait parfait.

Une fois qu’il a fini de manger, Akira va porter son plateau. Je finis alors rapidement mon repas pour le rejoindre et poser mon plateau à l’endroit prévu. Je le suis ensuite pour sortir du restaurant vers le hall. Que faire à présent ? Je vois mon compagnon me regarder un moment, avant d’observer autour de nous. Sans doute cherche-t-il lui aussi quelque chose à faire ? Mais non… Il s’agrippe soudain à mon cou et m’embrasse. Ses mains sur ma nuque me font frissonner et ses lèvres sont toujours aussi enivrantes. Mes mains se posent automatiquement sur son dos pendant ces quelques secondes avant qu’il ne s’éloigne. Sourire. Je me sens presque heureux de son initiative. Presque ? Hum… Disons que je me sens étrangement bien. Les joues d’Akira sont encore plus rouge que d’habitude, trop mignon ce petit. Et moi… Moi je me sens surpris mais étrangement serein, comme si c’était… Normal ?

Il s’écarte alors en s’excusant, tu t’excuses trop mon chou, avant de proposer de visiter l’hôtel. Ouais bonne idée, il y aura surement des coins intéressants. Nous prenons donc la direction du premier couloir, des panneaux indiquent différentes infrastructures de l’hôtel, malheureusement les mots écrits ne me disent pas grand-chose. Du portugais non ? Maaah ce sera la surprise alors. A peine s’est-on mis en route que ma main est venue trouver sa place sur la taille d’Akira, cette envie de le toucher simplement. Mais alors qu’on avance dans ce couloir, le souvenir de ce baiser, bien trop court à mon gout, me donne envie de plus.

Lorsque le couloir tourne, il est désert. Mon envie prend alors le pas sur ma raison et j’appuie le dos d’Akira contre le mur le plus proche, me pressant contre lui. Une main sur sa taille, l’autre caresse sa joue. Mes lèvres se pressent contre les siennes une nouvelle fois, et ma langue parvient à trouver un passage pour aller jouer avec sa jumelle. Pouvoir le goûter ainsi m’enflamme et j’accentue un peu encore le baiser pendant quelques longues secondes avant de m’écarter doucement, posant ensuite mon front contre le sien…

« Aki~ » Que dire d’autre à part ronronner son prénom ?

J’ai essayé de changer de sujet ne proposant à Niko d’aller faire un tour du bâtiment, d’aller visiter un peu. D’un autre côté, je n’avais pas vraiment d’autre option… Entre rester là et je regarder pendant de longues minutes après l’avoir embrassé et partir pour éviter de me mettre dans une situation encore plus gênante… Non, je n’ai pas réellement eu le choix. Désormais, nous vaguons doucement au fil des couloirs, ou du moins au fil des carreaux du sol, car il faut avouer que je ne suis pas très rapide depuis quelques minutes…

En fait, je prends le temps de tout observer, comme je le ferais d’habitude, afin de découvrir les choses qui pourraient être intéressantes dans l’hôtel. Ici, des panneaux indicatifs… Visiblement, il y a pas mal de choses à faire rien que dans l’hôtel, ce qui n’est pas plus mal, compte tenu de la météo extérieure qui s’annonce un peu mauvaise pour les heures à venir, puis ce n’est pas de trop pour un hôtel comme celui-ci. Je tente de le lire, mais je suis incapable de comprendre cette langue : dommage. En plus je suis un peu déconcentré par la main de Niko sur ma taille… J’ai toujours eu un problème avec les gens trop tactiles, mais je dois avouer que cela ne me dérange pas trop…

Nous avançons encore un peu et, quand nous tournons dans le couloir suivant, totalement désert, je me retrouve soudainement dos au mur et je sens les lèvres de Niko se poser sur les miennes à nouveau. Une fois de plus, mon cœur rate un battement et je ferme les yeux, m’agrippant un peu au haut que Niko tandis qu’il approfondit légèrement le baiser. Mes joues rosissent et j’ai l’impression de frôler l’arrêt cardiaque, mais je sais que c’est simplement l’émotion qui me donne ce sentiment…

Quand il s’écarte un peu et pose son front contre le mien, j’ose à peine ouvrir les yeux durant quelques secondes, mais quand je le fais je pose mon regard noisette dans le sien.

« Niko ~ » Murmuré-je presque.

J’hésite un peu, j’avance légèrement mon visage, m’arrête, puis l’avance à nouveau jusqu’à reprendre possession des lèvres de Niko, afin de reproduire le baiser qui vient d’avoir lieu, mais avec beaucoup plus de douceur cette fois, enlaçant légèrement mon vis-à-vis au cou. Ce faisant, je caresse ses cheveux et sa nuque du bout des doigts, profitant du baiser pendant quelques secondes avant de m’écarter de lui.

« Tu…  » Commencé-je ensuite, en replongeant mon regard dans le sien. « Tu me fais agir bizarrement. Très bizarrement… »

Je souris un peu et, quelques secondes plus tard, je lâche son cou et m’écarte un peu… Mais je suis toujours dos au mur alors je me glisse sur le côté avant de m’adresser à Niko d’une voix amusée, bien que le rouge de mes joues soit flagrant.

« On continue à visiter ? »

Il faudra sérieusement que je parle de tout ça à Akihiro…

Depuis toujours j’ai détesté mon prénom, cette lubie qu’avaient eue mes parents de vouloir adapter un prénom typiquement français à la mode japonaise. Pour ça, j’obligeais toujours les autres à m’appeler autrement, par des prénoms que je choisissais, changeant par moment ou selon les personnes. Mais bizarrement, lorsque c’est Akira qui m’appelle ainsi, ou qu’il murmure mon prénom comme il vient de le faire, il me dérange moins, beaucoup moins même. D’ailleurs comment me connait-il sous ce prénom là ? Lui ai-je dit pendant que je délirais à cause de la fièvre ? Habituellement, il est rare que je me présente avec ce nom là, quand je suis totalement lucide, et mon nom de famille je ne l’ai utilisé que de rares fois depuis qu’il a été déshonoré. Mais qu’importe, dans la bouche d’Akira, j’aime l’entendre en fait…

D’ailleurs, ce n’est pas la seule chose que j’aime à propos de sa bouche, le voir sourire, pouvoir goûter à ses lèvres, voire plus comme à l’instant. Notre premier vrai baiser non ? Un French Kiss… Hummm Délicieux. J’ai eu cette envie soudaine et je ne le regrette pas. Akira aurait pu me rejeter, trouvant que la plaisanterie allait trop loin, que les petits passaient encore, mais que plus c’était trop. Mais non, il s’est accroché à moi en rougissant, avant que nos yeux se noient dans ceux de l’autre.

Je m’imaginais bien qu’il allait rougir de ce baiser, mais pas qu’il initierait le prochain baiser, ressemblant au précédent. Hum… Il me rend fou ce petit. Pouvoir le goûter encore une fois me met dans un drôle d’état, une sorte de transe, pendant les quelques secondes que dure le baiser. Et sentir ses doigts dans mes cheveux… Humm le doux frisson qui parcourt mon corps et me fait doucement gémir dans le baiser.

« J’aime ta façon bizarre d’agir… » Je ronronne doucement en lui caressant la joue délicatement.

Ces baisers ont enflammé mes sens et je meurs d’envie de recommencer, mais Akira se faufile sur le côté pour m’échapper. Dommage. Je retiens un soupir et lui sourit avant de le suivre dans l’exploration de l’hôtel.

**

Nous avons passé le reste de la journée à explorer de fond en comble l’hôtel. Enfin au moins quelques heures. Cet hôtel est immense, ils ne se sont pas foutus de nous à la RPS, digne d’un super hôtel de luxe. Avec les équipements qu’il y a, on pourrait presque passer un super séjour sans même mettre le nez dehors. Il y a certes les boutiques de souvenirs, hors de prix, mais aussi tout pour s’occuper, piscine, salles de jeux, salles de sport, bars, un cinéma même. Pour les clients de l’hôtel, tout est compris dans le prix du séjour, les extérieurs peuvent y accéder en payant un droit d’accès. Et puis il y a… un sauna.

C’est d’ailleurs là que nous sommes à présent Akira et moi. Après avoir bien crapahuté toute la journée, sans compter le décalage horaire et la fatigue du voyage, se prélasser dans le sauna est forcément une bonne idée non ? D’ailleurs, il est magnifique ce sauna, des petites cabines assez intimistes en bois avec un banc à l’intérieur. C’est un sauna traditionnel, apparemment différent de ceux qu’on peut trouver au Japon, mais je ne sais pas trop en quoi, les explications en portugais, très peu pour moi. Sinon, comme les bains publics au Japon, il faut y aller nu, ou juste avec une serviette autours de la taille.

Après une bonne douche bien chaude, pour se préparer à la chaleur du sauna, et un séchage minutieux, comme il est recommandé de le faire, j’entraîne Akira vers une cabine, où on ne tient au maximum à trois ou quatre dedans, idéal pour nous deux. Je m’installe sur le banc et, une main sur le dos d’Akira, je l’incite à passer devant moi pour s’installer à côté. Sans faire vraiment attention, mon autre main glisse alors sur la serviette d’Akira, au niveau de ses cuisses, alors que j’ai bien du mal à m’empêcher de le dévorer des yeux. Il est magnifique avec juste cette serviette qui le cache un minimum…

Et la visite à continué. Et j’ai pensé à beaucoup de choses tandis que nous marchions dans les couloirs du bâtiment et que le temps, à l’extérieur, semblait tourner à l’averse… J’ai souri à Niko sans m’en rendre compte, je l’ai regardé par moments, de petits regards en coin , discrets, simplement pour voir s’il me suivait bien, s’il n’était pas trop loin et, une fois la visite terminée, nous sommes rentrés à la chambre et j’ai proposé d’aller faire un tour au sauna à côté duquel nous sommes passés, au détour de notre promenade dans l’hôtel. Je suis un peu embêté à l’idée de devoir enlever mes vêtements et ne porter qu’une serviette, mais j’imagine qu’il y a de bonnes raisons pour que cela soit ainsi…

Je ferme les yeux pendant quelques secondes et, après avoir réfléchit, j’accepte de me mettre à moitié nu, n’oubliant pas la serviette que je fixe aussi solidement que possible à ma taille avant de m’approcher de la zone des douches… Je dois encore l’enlever. Je me douche donc correctement et m’essuie de la même manière avant de refixer la serviette à ma taille… J’ai à peine le temps de terminer que Niko m’a déjà entraîné vers les cabines… Il n’y a personne à l’intérieur, mais à peine ai-je posé un pied à l’intérieur que j’ai déjà l’impression que celui-ci me brûle. Je n’ai pas l’habitude de ce genre d’endroit, il faut l’avouer.

Je m’apprête à m’asseoir à côté de Niko quand il m’incite à m’asseoir de l’autre côté. Comme nous venons d’entrer et que je brûle littéralement, j’ai déjà l’impression qu’il est bien froid et, comme il vient de passer sa main sur mes cuisses en me faisant me déplacer, je sens un assez violent frisson traverser ma colonne vertébrale. Si bien que je manque de le lui faire remarquer, ce dont je m’empêche pour ne pas paraître étrange. Je ris un peu et, comme je pense qu’il a remarqué mon frisson, je m’adresse à lui d’une voix légèrement amusée.

« T’as les mains froides… »

Une fois assis, je regarde devant moi et pose mes mains de part et d’autre de mes cuisses, sur le bois brûlant, et je respire calmement. J’ai tellement l’impression de cuire… Je ferme les yeux pendant quelques secondes, puis les relève vers Niko qui semble m’observer depuis quelques instants… L’avantage avec la chaleur, c’est qu’elle fait rougir mes joues plus que la gêne… Du coup il ne le remarquera peut-être pas. Je souris un peu à Niko avant de m’approcher de lui et de poser ma tête contre son épaule, riant un peu.

« J’ai l’impression que je suis en train de cuire… » Dis-je d’une voix amusée.

Finalement ce n’était pas une si mauvaise idée qu’il a eu Akira, aller dans le sauna. Dans ce genre d’endroit, les couches de tissus qui nous recouvrent habituellement sont superflues et ça me permet d’observer mon compagnon de vacances avec un peu moins d’obstacles. Et je dois dire que la vue me plait pas mal. Et son petit air timide et hésitant quand il a dû se dévêtir pour se retrouver avec uniquement cette serviette… A croquer. Encore une fois, ça me fait sourire, je crois que je n’ai jamais autant souri que depuis que je l’ai rencontré. Je vais finir par avoir des crampes aux lèvres à force non ?

Lorsqu’on entre dans le sauna, la chaleur y régnant me surprend. Je savais que c’était chaud, mais pas autant. Mais il parait que c’est bon et super relaxant. Autant en profiter non ? Lorsque je fais passer Akira devant moi, ma main posée sur ses cuisses par inadvertance – bon un peu fait exprès aussi il faut l’avouer – je le sens pris d’un violent frisson. Hum ? Serait-ce une zone… Intéressante à retenir ? Les mains froides vraiment ? Son explication me semble bizarre… avoir es mains froides après avoir pris une douche bien chaude et avec une serviette séparant ma main de sa peau. Haha peut mieux faire comme explication.

« Je n’ai pas les mains si froides tu sais… » Un petit rire accompagne ma réponse, alors que je note dans un coin de ma tête de retenir cet endroit sur son corps pour… Pour ? Et bien… On verra bien par la suite, qui sait.

D’après ce que j’ai retenu des saunas, quand les pierres sont brulantes, il faut verser une louche d’eau dessus pour faire de la vapeur sèche comme ils disent. Après avoir observé Akira un moment, j’attrape la louche et met un peu d’eau sur les pierres avant de me réinstaller. Pfiouf une vague de chaleur en plus nous arrive. Je soupire un peu avant de reprendre l’activité que j’avais précédemment, l’observage d’Akira. D’ailleurs ses yeux se relèvent vers moi et le regard que nous échangeons est… Troublant ? Un petit sourire me vient encore lorsque je vois ses joues rouges. Peut être est-ce dû à la chaleur, mais à force de le côtoyer, je me doute qu’il n’y a pas que ça qui le fait rougir.

Quand je sens sa tête se poser sur mon épaule, ma main vient automatiquement se glisser dans ses cheveux pour les caresser un moment, alors qu’il me dit être en train de cuire. Je ris un peu, c’est le principe du sauna, normal. Ma main glisse alors doucement le long du corps d’Akira pour se poser sur sa taille, et je l’attire vers moi pour le prendre dans mes bras. Une soudaine envie de le sentir contre moi, inexplicable. Son dos repose à présent contre mon torse, mes bras enserrent sa taille, et mon menton vient se poser sur son épaule alors que je lui réponds d’un air amusé.

« Normal que tu aies l’impression de cuire. C’est le principe du sauna… Et quand tu seras bien cuit, tu seras bon à manger… Hum… J’ai faim… Miam… » Je me mets à rire plus fortement à la fin de ma phrase.

Je grogne un peu contre son oreille, comme si j’avais envie de le manger, avant de lui embrasser la tempe et de rire encore un peu. Je laisse le calme revenir dans le sauna, afin de pouvoir profiter pleinement. Mes yeux se sont fermés, seules mes mains bougent inconsciemment, caressant doucement le ventre d’Akira. Il est préconisé de rester entre huit et douze minutes dans le sauna, mais pour une première fois nous restons un peu moins longtemps, Akira semble avoir du mal à résister et pas envie qu’il fasse un malaise. Je me relève alors, incitant Akira à faire de même, et l’entraine vers la sortie, mon bras glissé autours de sa taille pour le retenir s’il ne se sent pas bien.

A la sortie, des employés de l’hôtel nous attendent pour nous remettre une bouteille d’eau, il faut bien boire pour se réhydrater, avant de nous emmener vers un bain froid dans lequel nous devons nous plonger afin de refroidir notre corps. Aaaah cette sensation de fraicheur… Quel bonheur après la fournaise. Le bain est plutôt grand, alors je plonge entièrement pour faire deux ou trois brasses sous l’eau avant de revenir vers Akira en souriant.

Je sens son regard sur moi… Ce n’est pas que cela soit réellement dérangeant mais j’ai l’impression que quelque chose m’embête légèrement dans toute cette histoire. Je ne sais pas, la promiscuité me gêne, me donne l’impression d’être totalement incapable de contrôler la situation et… Non, en vérité ce n’est pas ce que je ressens actuellement. Vous savez, je suis plutôt heureux d’être en compagnie de Niko, mais quelque chose dans notre relation me semble particulier… Oui, particulier, mais je ne sais pas dire si je souhaite employer ce mot comme positif ou négatif… Après tout, Niko reste un gars qui m’a souvent embêté lorsqu’il était encore à la RPS et j’ignore totalement s’il m’a reconnu… je crois que c’est là qu’est le vrai fond du problème... Si ça tombe, il agit ainsi avec moi uniquement parce qu’il n’est pas au courant de mon identité et il décidera de s’éloigner à nouveau lorsqu’il sera au courant… Somme toute, un abandon de plus ; après Emi…Kenta et Akihiro, je crois que je devrais me faire une raison. J’ai malheureusement l’impression que cela me sera plus difficile qu’avec les autres.

Tout ça pour dire que je suis bien embêté par la situation dans laquelle nous sommes actuellement. Je suis couvert d’une simple serviette et j’ai l’impression que n’importe quel type armé de lunettes à rayon x serait capable de me voir totalement nu au dessous… Bon, je pense que je regarde trop d’animés loufoques, mais d’un autre côté on ne peut pas m’en vouloir, ce sont les seules choses qui passent à la télévision lorsque j’ai un peu de temps libre pour moi. Bref. Je suis rouge pivoine et s’il commence à me frôler à certains endroits en plus de tout ça, je crois que ce n’est pas prêt d’être terminé… Cette simple idée me rappelle ce qu’il s’est passé la dernière fois que mon frère et Kenta se sont retrouvés seuls, sans moi, aux bains… Au moins, c’est sûr, ce genre de choses ne m’arrivera pas, à moi… En plus je me souviens de Niko, lorsqu’il était encore riche… N’était-il pas du genre à courir après les filles ? Après les coups d’un soir ? Je ne suis clairement pas comme ça… À cette pensée, je ferme les yeux et je retiens un petit soupir… Je dois arrêter de penser comme cela… Mais d’un autre côté, s’il avait réellement changé, m’aurait-il embrassé comme il l’a fait, sans raison ? J’ai beau ne jamais avoir eu vent de ce qu’il a pu faire avec d’autres, mais si ça tombe, il n’a pas seulement fréquenté des femmes quand il était à l’école.

Après quelques secondes, quand sa main à frôlé ma cuisse, je ferme les yeux pendant quelques secondes et invente donc une excuse bidon… Les mains froides. LA BONNE BLAGUE. Et son regard, il est froid, lui aussi ? Je crois que j’ai beaucoup du mal à rester totalement calme ces derniers temps, et surtout en sa présence, alors pour la fraîcheur on repassera, car je passe mon temps à rougir et, tout le monde le sait, ce n’est pas une sensation de gel qu’on ressent dans un tel moment. Je ferme les yeux pendant quelques secondes de plus et, quand j’entends que mon excuse ne fonctionne pas – quel malheur, j’ai presque espéré ! – je crois que je passe très près de l’arrêt cardiaque… Merci de l’info, je sais que t’as pas les mains froides, je suis juste pas assez doué pour donner des excuses, maintenant si tu pouvais arrêter de me regarder comme ça, ça serait top !... Et si je pouvais arrêter de me parler à moi-même ça serait mille fois mieux !

Je crois que je suis totalement perdu dans mes pensées au moment où Niko met de l’eau sur les pierres car je suis un peu surpris par la vague de chaleur qui nous arrive. Je ne prononce pas un mot de plus et je laisse nos regards se croiser… Hm… Non. Je détourne le regard après quelques secondes, comme si je changeais de sujet, mais sans une seule parole. Je crois qu’il m’intimide… ouais, ça doit être ça le mot juste ! Ou…non… en fait peut-être qu’il me plaît tout simplement et que je refuse de l’avouer clairement… C’est même certain. En fait je pense que j’ai surtout détourné le regard pour ne pas sauter à ses lèvres et l’embrasser comme il l’a fait tout à l’heure dans le couloir avec moi… Je n’aurais jamais pensé que je pourrais, un jour, ressembler à ce point à un personnage de film ! Puis qu’il arrête de me regarder, sérieusement, ça commence à devenir difficile à soutenir !

Au bout d’un long moment passé dans le silence, je m’approche de Niko pour poser ma tête sur son épaule avec une paresse qui, sans aucun doute, doit être causée par la chaleur qui nous entoure. Je lui fais ensuite part de mon impression d’être en train de cuire, ce qui n’est pas totalement faux compte tenu de la température de l’endroit dans lequel nous nous trouvons, mais je sais aussi que ce n’est pas tout à fait vrai, sinon les vertus du sauna ne seraient pas aussi nombreuses qu’elles le sont. Je souris un peu après quelques secondes et je ferme les yeux en profitant de la chaleur et du reste… Enfin, profiter, ça reste à voir, car j’ai quelques problèmes à ce niveau, parfois.

Il faut dire que j’ai toujours été très fragile et sensible, et cela à plusieurs niveaux. J’ai plusieurs allergies, je tombe facilement malade, j’ai des vertiges dès que ma température monte trop haut et, en cet instant, j’ai un peu de mal à supporter la chaleur du sauna. C’est tout à fait normal car je ne suis pas un habitué de ce genre de lieux et, pour cette raison, il me faudra quelques temps pour me faire à cette chaleur et pour m’adapter à la température, donc je ne m’inquiète pas de trop… Un nouveau sourire se dessine sur mon visage et, quand je sens la main de Niko se glisser dans mes cheveux, je frissonne légèrement.

Cela aussi, ça rentre dans le cadre de mes sensibilités… Je suis quelqu’un de peu tactile, pour ne pas dire que je n’accepte pas facilement que l’on me touche, mais avec Niko, c’est différent… J’ai l’impression que je lui laisse faire beaucoup de choses que je refuse à d’autres, des choses que je refusais parfois même à Emi lorsque j’étais avec elle… En fait, je pense que je n’appréciais pas que l’on s’embrasse en public ou que l’on se touche de trop lorsqu’il y avait du monde et, pourtant, j’ai laissé Niko m’embrasser au milieu de ce restaurant, sans rien dire, puis au milieu de ce couloir où tout le monde aurait pu passer… Je ferme les yeux pendant quelques secondes à cette pensée et je tente d’oublier cette sensation désagréable d’étouffement que me donne la chaleur pour me concentrer sur les caresses que Niko fait dans mes cheveux, caresses on ne peut plus agréables à côté du reste.

Pas un mot ne m’échappe lorsque Niko descend sa main à ma taille, mais je ressens quand même l’envie de l’éloigner légèrement… Une défense, sans doute, une défense par rapport à mes pensées précédentes, par rapport à Kenta, à Akihiro, à Emi, à tous ces gens que j’apprécie et qui ont pourtant bien plus intéressant que moi dans leur vie…  Je crois que, dans le fond, j’aurais besoin d’exister aux yeux de quelqu’un, moi aussi, aux yeux d’une personne qui ne me laisserait pas tomber au premier venu… Mais non… Je ne suis pas assez disponible pour cela, Emi me l’a bien prouvé… Pourtant, je l’aimais, je l’aimais vraiment, et elle m’a laissé tomber du jour au lendemain, sous prétexte que je n’avais pas assez de temps à lui consacrer… Un léger soupir m’échappe et, contrairement à mon envie précédente, je me laisse aller dans les bras de Niko et je pose ma tête sur son épaule en profitant de sa proximité.

«Si tu me manges, tu devras passer le reste du séjour seul, alors je te conseille d’éviter. » Dis-je en riant un peu avant de reprendre en levant les yeux vers lui, une lueur de malice dans le regard. « D’accord ? »

Nous profitons ensuite du calme pendant quelques minutes, mais ce genre de moment fait partie de ceux dont il ne faut pas abuser et le moment de sortir arrive rapidement. Très rapidement. Trop rapidement. Je ferme les yeux pendant quelques secondes et pousse un petit soupir, mais me lève, lorsqu’il est temps de quitter les lieux… Le bras de Niko autour de ma taille me rassure d’ailleurs un peu car mes vertiges ne sont pas totalement passés et je crois que j’ai assez mal réagi à la chaleur du sauna… Une question d’habitude, une fois de plus, ou alors peut-être ne suis-je tout simplement pas encore remis de mon gros rhume de la dernière fois… Je ne sais pas… Si ça tombe, c’est tout simplement Niko qui me fait tourner la tête… Mais pourquoi je pense ça moi ?

J’ai l’impression que plus les choses se passent, plus ça devient compliqué… En fait je crois que je suis en train de faire de l’auto-conviction sans même m’en rendre compte. Je sais pas, dans ma tête, il doit y avoir une énorme marguerite en train de perdre ses pétales en chantant gaiement « je l’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout, pas du tout, pas du tout ♫ »… Ou un singe de train de frapper des cymbales, je sais pas trop… En tout cas, ça doit être un beau foutoir là-haut ! Huhuhu… Vivement qu’on sorte de cette fournaise, histoire que je puisse recommencer à penser normalement, sans imaginer des bêtises et sans avoir l’impression d’être en train de rougir de tout mon être.

Quand on me donne une bouteille d’eau, c’est limite si je ne les remercie pas en leur baisant les pieds… D’ailleurs, je devrais éviter de le faire réellement et garder cela au stade de pensée, sinon Niko va vraiment avoir pitié de moi et retourner au Japon par le premier avion… Ou plutôt m’y renvoyer, s’il est intelligent, et je n’en doute pas. D’ailleurs, je me contente de le suivre en silence quand on nous conseille d’aller dans le bain froid afin de refroidir notre corps… Du coup, j’imagine que l’excuse des mains froides fonctionnerait, cette fois-ci ? Je souris un peu à cette idée et je pose un regarde franchement amusé sur Niko, sans un mot cependant… En fait je me demande ce qu’il peut penser de moi avec tout ça… Il est bien gentil et je pense qu’on est assez proches, du moins assez pour se rouler un patin en plein couloir… mais ça ne me dit pas ce qu’il pense de moi, pratiquement parlant… Enfin… Bon, je crois que je me perds un peu, non ?

Alors que je suis en train de penser à tout ça, je me suis légèrement affaissé dans l’eau et, au bout d’un moment, lorsque Niko revient vers moi, je l’observe toujours en souriant durant quelques secondes… Quand je réalise que je suis en train de sourire comme un crétin fini, je sens mes joues devenir rouges à nouveau et, comme pour me cacher aux yeux du monde qui pourrait parfaitement me lancer des pierres en cet instant, je m’enfonce dans l’eau jusqu’à y disparaître complètement… J’ai tellement honte de l’observer ainsi, comme un idiot… Le pire c’est que, si ça tombe, de son côté, il me prend pour un imbécile qui ne sait rien faire d’autre qu’être gentil et accepter tout et n’importe quoi… Quelque part, il n’aurait pas tort, quand il était à la RPS, il aurait pu me faire n’importe quoi… En fait je me demande sincèrement si, maintenant, même loin de l’école et de toutes nos habitudes,… ça ne serait pas encore le cas.