TENUE

Je n'avais plus de café... Chose incroyable mais malheureusement vrai. J'étais complètement accro à cette boisson, et comme toutes les victimes d'addiction, j'avais toujours un peu stock de ma "drogue" en réserve. En effet, d'habitude, j'avais quatre ou cinq paquet de café d'avance de rangé dans les placards du dortoir, histoire de ne jamais être à cours, sauf qu'aujourd'hui, j'avais réalisé que je n'en avais plus du tout... Je ne sais pas ce qu'il s'était passé dans ma petite tête pour en arriver là. Certainement à cause de tous les entraînements de natation où j'avais dû encore et toujours redoubler d'efforts pour la simple et bonne raison que le temps des compétitions approchaient. Il fallait que je sois au top du top alors je ne sortais plus beaucoup à part pour aller à la piscine ou en cours. Et avec tout ça, je n'avais même pas réalisé que j'étais arrivé à cours de café...

C'est pourquoi après mon entraînement, je décidais de faire un saut à la supérette avant de rentrer au dortoir. Heureusement que j'y avait pensé, sinon je me serais retrouvée sans café pour "digérer" ma journée... Je prends les petites rues que j'ai l'habitude d'emprunter, bien plus rapide, et rapidement j'arrive non loin de la supérette où j'ai l'habitude d'aller. Mais juste avant de tourner dans la dernière rue, j'aperçois un groupe de jeunes hommes se battant. Ou plutôt non, un jeune homme battant quatre autres. Je fronçais les sourcils, m'arrêtant pour les observer. Ce genre de scène dans la rue ne me fait pas trop peur, tant que je ne m'en approche pas je ne risque pas grand-chose pas vrai ? C'est toujours ce que je me suis dit en tout cas. Mais la chose qui me fit m'arrêter, réellement, c'est que l'un d'entre eux me disait vraiment quelque chose, celui qui avait mis à terre tout le monde...

Finalement, après s'être débarrassé de tout le monde, il récupère son casque au sol - non loin de moi - puis me regarde en se relevant, me conseillant de partir. Je n'ai pas le temps de réagir qu'il m'a déjà tourné le dos... Il se dirige vers a supérette non ? Parfait, je vais pouvoir le suivre. Sa voix m'a fait tilt dès qu'il m'a parlé, je sais qui il est, malgré que quelques années soient passées, je m'en souviens comme si c'était hier. Je décide donc de le rattraper en courant derrière lui.

« Attends ! » J'arrive à sa hauteur, un grand sourire sur les lèvres « Alors... tu ne te souviens pas de moi ? »

Dis comme ça, il va très certainement me prendre pour une folle car, en effet, il n'a l'air d'avoir aucune idée de qui je suis.

Je me doutais un peu qu'il ne se souviendrait pas de qui j'étais, après tout ça faisait combien d'années que l'on ne s'était pas vu ? Mais bon... Tout de même... J'aurais espéré qu'il me reconnaisse... J'étais presque déçue. D'ailleurs, une moue boudeuse d'afficha sur mes lèvres quand Ayden me fixa avec des yeux d’incompréhension. Il me demanda alors si je suis à la Royal. Pourquoi ? Il y est lui aussi ? Ouah ! Sacré coïncidence ! Je ne réponds même pas à sa question et, un peu trop excitée, je lui en pose une nouvelle.

« Parce que tu es à la Royal toi aussi ?! » Je lui souris alors qu'il semble toujours autant perdu « C'est le destin qu'on se retrouve ici quand même ! »

Mais bon, j'ai beau m'extasier et montrer ma joie autant que je le veux, mais Ayden ne se souviens absolument pas de moi. La joie que je ressens ne risque pas d'être partagée... Il en vient même à me demander si je suis sûr de moi. Est-ce que je me trompais ? Non, j'en étais presque certaine ! C'est bien lui. Certes on avait grandi depuis le temps, mais son visage n'avait pas changé. A vrai dire, le jeune a toujours eu un visage assez atypique, reconnaissable parmi les autres, et ça n'avait pas changé. Ce visage que je trouvais si particulier, mais avec tellement de charme ! Quand il était plus jeune, lorsque nous étions enfants, je le trouvais "mignon", "chou", mais là, il était carrément canon !! Si j'étais timide, j'en aurais presque rougis, mais ça n'était pas le cas.

Alors que je n'avais même pas eu le temps de lui répondre, une averse se mis à nous tomber dessus. Quelle idiote, je n'avais pas pris de parapluie alors que vu la couleur du ciel, j'aurais dû m'en douter qu'il se mette à pleuvoir... C'était une grosse averse, si nous restions plantés là cinq secondes de plus nous serions absolument trempés. Mais j'hésite à partir. Si je pars d'un côté et qu'Ayden part de l'autre, je le perdrais de vu et ça serait dommage. J'avais vraiment envie qu'il se souvienne de moi, et j'avais envie de savoir ce qu'il était devenu. Finalement, je n'ai même pas le temps de réfléchir à la décision que je vais prendre - à savoir courir ou rester plantée sur place - que mon ami d'enfance m'attrape le poignet et m'entraîne dans sa course. Nous arrivons très vite à la petite supérette, tiens, il voulait aller ici aussi où il se réfugiait juste au premier endroit venu ? Et finalement, il me demande comme je m'appelle. Quelle idiote ! Je n'aurais pas pu le dire dès le début du genre "Eh Ayden ça va ! C'est Bo Nah tu te souviens ?" ça m'aurait peut-être évité de passer pour une folle... Je me tape le front avec le creux de ma main avant de lui répondre.

« Bo Nah. Gang Bo Nah ! Ca te revient ? » Je lui souris en espérant vraiment qu'il se souvienne « On était à l'école ensemble aux Etats-Unis, en primaire. » Une petite précision ne faisait jamais de mal...

Une fois que je lui indiquais mon prénom et d'où nous nous connaissions, il sembla enfin se souvenir de moi. Je poussais un soupir de soulagement, ça y est, je n'allais plus passez pour une folle sautant sur un inconnu, il me reconnaissait enfin. Mais maintenant que j'y pense, il me semble en effet l'avoir déjà croisé à la Royal. Je me souviens m'être dit l'autre jour qu'un visage me paraissait familier, mais ça avait été très rapide, et puis il y avait tellement de monde dans cette école que je ne l'avais jamais recroisé. Pourtant maintenant j'en étais certaine, cette fois-là, c'est bien lui que j'avais croisé. Le voir me rappelait tout un as de souvenir de mon enfance, mais surtout, ça me rappelait l'Amérique. J'y avais vécu toute mon enfance, j'étais américaine et j'y tenais à ce pays, bien que j'y mette plus très souvent les pieds. A vrai dire, à part voir ma famille, je n'avais pas grand-chose à y faire, j'aimais juste penser aux Etats-Unis comme le doux pays de mon enfance. Et à part Wolfram, ici, il y avait très peu de gens que je connaissais de cette époque. Enfin, il y avait Ayden maintenant.

Sa réflexion quant au fait que j'avais grandi me fit doucement rire. Heureusement pour moi que j'avais grandi, pourtant, je ne dépassais pas le mètre cinquante-six, ce qui était bien trop petit à mon goût... Surtout en tant que nageuse. Lui aussi avait grandi, et bien plus que moi, il me dépassait d'au moins deux têtes et j'étais obligé de lever mon visage vers le haut pour le regarder.

« Ton visage est le même, c'est facile de te reconnaître. » Il est clair qu'il avait ce même truc "différent" sur son visage que lorsqu'il était petit et que nous nous fréquentions à l'école primaire.

Mon ami d'enfance fraîchement retrouvé me demanda si j'avais des courses à faire ici car il n'était pas prêt de s'arrêter de pleuvoir. Je hochais le menton, un sourire sur les lèvres, contente de savoir que j'allais rester en sa compagnie un peu plus longtemps. A vrai dire, même si je n'avais pas dû devenir acheter mon café, j'aurais fait semblant d'avoir quelques courses à faire je pense...

Nous marchions dans les allées, sans un mot d'abord. J'étais plutôt pipelette dans mon genre mais là, je me contentais d'observer sa silhouette qui marchait quelque pas devant moi. Ce mec paraissait parfait... Il était grand, mince et musclé. L'homme idéal quoi... En même temps, après ce que je venais de voir dans la rue, ça ne m'étonne pas qu'il était musclé, il n'aurait jamais pu mettre à terre tous ces gars sinon... Finalement, Ayden ralenti, me laissant le temps de revenir à sa hauteur. « Ca va ? » me demanda-t-il simplement, alors que ses bras commençaient à se remplir.

« Eh bien... Depuis la dernière fois qu'on s'est vu il y a des jours où ça a été, d'autres un peu moins » Rigolais-je pour le taquiner un peu « Mais je te rassure, dans l'ensemble je vais bien ! » On passe justement devant le café que j'ai l'habitude de prendre, j'en attrape trois paquet et continue « Et toi ? Qu'est-ce que tu deviens ? Qu'est-ce que tu fais au Japon en fait ? »

Et à la Royal surtout ! J'avais à vrai dire des tonnes de questions à lui poser mais il fallait un minimum que je me retienne. Ayden n'était pas aussi expressif que moi, et je ne voulais pas non plus le faire fuir...

« Dis, tu veux que je t'aide à porte deux ou trois trucs ? »

Ca me faisait un peu bizarre de marcher comme ça, dans les rayons d'une supérette, aux côtés d'Ayden que je n'avais pas vu depuis des années. Je n'étais qu'une gamine à cette époque-là, quand il a quitté l'Amérique. Je me souviens qu'à l'époque j'étais sa seule amie, les autres avaient toujours eu du mal à l'accepter et se moquait de lui, je n'ai jamais compris pourquoi. Certainement parce que j'ai été bien élevée, et que depuis toute petite j'ai appris à respecter les gens et ne pas me moquer ? D'autant plus que je suis très sociable et qu'approcher les gens - même les inconnus - est très facile pour moi. Bref, la raison de son départ est floue dans mon esprit, peut-être nous l'avait-on dit - de toute manière on nous avait certainement dit quelque chose vu qu'il était parti du jour au lendemain - mais je ne m'en souvenais pas. J'avais une bonne mémoire mais là, on m'en demandait un peu trop. J'haussais donc les épaules quand Ayden me demanda si je connaissais la raison de mon départ.

« Je ne m'en souviens plus trop... » Marmonnais-je tout en me creusant tout de même la cervelle. « Ouah ! Les arts martiaux ? La classe ! C'est pour ça que tu te bas si bien. » M'exclamais-je en me souvenant du combat que j'avais vu dans la rue quelques minutes auparavant.

Si Ayden avait un si beau corps - enfin de ce qu'on en devinait malgré les vêtements malheureusement... - cela devait certainement venir du fait qu'il pratiquait ce sport de combat. Ca le rendait encore plus attirant ! Je secouais vivement la tête, me remettant les idées en place. J'avais assez d'hommes dans ma ligne de mire, il fallait que j'arrête de tomber sous le charme de tous les beaux jeunes hommes qui me passent sous le nez. Malheureusement, j'avais bien l'impression que ça ne s'arrêterait pas là avec Ayden si je le revoyais - et Dieu que j'espérais déjà le revoir... Uhm uhm, revenons-en à nos moutons.

« Moi la natation. Je nage depuis toujours, je suis une future championne tu sais ! » Lui répondis-je enfin avec un clin d'oeil.

Mon ami d'enfance a enfin l'air de se rendre compte qu'il a un peu trop de choses dans les bras. Il se décide à aller chercher un panier et m'en propose même un. Je n'ai que mon café à acheter personnellement, mais sait-on jamais, je n'avais rien à manger pour ce soir, je pourrais peut-être en profiter pour acheter deux trois trucs. Aussitôt que j'accepte, Ayden repart avec ses longues jambes et revient en quelques secondes.

« Je suis une genre de droguée... Y en a c'est l'herbe, moi c'est le café. Je sais pas si c'est moins toxique mais en tout cas ça me fait tenir ! »

C'est vrai qu'avec mes entraînements et tout ça, je n'avais pas franchement le temps de me reposer, et quand je revenais le soir, plutôt que de me coucher tôt je préférais regarder un ou deux épisodes de dramas...

« Mais alors... Ca fait longtemps que tu es là ? » Je me demandais tout de même car moi j'étais quand même au Japon depuis plusieurs années et je ne l'avais encore jamais rencontré.

Son départ avait été plutôt rapide et inattendu, mais ça ne m'avait pas traumatisé, loin de là. Il n'était pas mon meilleur ami à cette époque-là, et j'avais d'autres amis moi - contrairement à lui je crois... - alors je m'en étais vite remise, comme toutes les petites filles qui subissent ce genre de départ. Je me souviens que j'avais été triste le premier jour de classe où il n'était pas là, et puis j'avais joué avec ma copine, j'avais été à la piscine avec mon papa le soir, et le lendemain matin, ma tristesse était partie. C'est fou finalement, on est presque sans coeur lorsqu'on est petit, je ne le réalise que maintenant...

Lorsque je complimenta Ayden sur la façon dont il est doué dans ce qu'il fait, il me répond que de toute manière il ne sait pas faire grand-chose d'autre. Je le regarde et grimace légèrement lorsque j'entends ses paroles. Finalement, il n'a pas tant changé que ça, il a pris beaucoup de centimètres mais c'est peut-être tout... Il n'a pas l'air d'avoir plus confiance en lui que lorsqu'il était petit, et c'est bien dommage. En plus, je ne vois pas comment il pourrait ne pas avoir confiance en lui... Il est grand, mince, vraiment beau et bourré de charme ! En plus il se bat comme un dieu... Je soupire et secoue la tête.

« Je suis sûr qu'il y a un tas d'autres choses que tu fais bien ! » Je lui souris et lui tapote le bras, sans vraiment faire attention à mon geste. Je suis assez tactile comme fille, et lorsque je me sens bien avec une personne, voilà comment j'agis. J'espère que ça ne le dérange pas trop et que les contacts physiques ne le répugnent pas sinon il ne va pas trop m'aimer...

Finalement je lui raconte un peu ce que je fais - ce qui se limite à la piscine. Enfin non, je fais d'autres choses comme de l'athlétisme par exemple. Mais la plupart de mes activités se limitent au sport et au shopping en fait... Bon c'est vrai qu’utiliser mon cerveau ce n'est pas ce que je préfère mais je dirais plutôt que je m'en sors bien niveau notes. Je ne suis pas excellente mais je ne fais pas partie des derniers non plus. De toute façon, je sais pertinemment que si je veux continuer de pouvoir évoluer en natation, la Royal m'impose d'avoir de bonnes notes scolairement, ce qui est compréhensible. Et puis il y a un domaine où je surpasse pas mal de monde : les langues. Beaucoup de personnes parlent coréen ici, comme moi, car on est pas mal à être originaire de là-bas - enfin moi j'en ai juste le sang et la langue... - mais en plus de cela je maîtrise parfaitement l'anglais, étant ma langue natal. Il ne m'a pas fallu longtemps non plus pour apprendre le japonais ce qui fait, par conséquent, que je suis totalement trilingue.

Après qu'Ayden nous ai ramené des paniers, je charge le mien en café et lui explique ma petite dépendance à la boisson qu'est le café... Je pense qu'effectivement, c'est mieux que se droguer, mais je ne pense pas que ça soit totalement inoffensif. Je suis consciente qu'en boire autant que je fais n'est pas très bon pour la santé mais que voulez-vous... Je rigole légèrement à la réflexion d'Ayden avant de lui demander depuis combien de temps il est arrivé ici. J'hoche le menton à sa réponse, cela fait un peu moins longtemps que moi.

« Mon frère... Comment ça tu ne sais pas ce qu'il devient ? » Je joue un air choqué, presque frustrée avant de rigoler légèrement. « Je ne pensais pas qu'il y avait encore des gens qui ne le reconnaissaient pas... » Je lui souris un nouvelle fois avant de lui expliquer la raison « Il Nam... Colorful Diamonds tu ne connais pas ? C'est un groupe pourtant très connu... »

L'incline légèrement la tête sur le côté, une moue dubitative sur le visage. C'est vrai, à chaque nouvel album ou même single, les fans deviennent complètement fous et on en entend parler un peu partout. Ils arrivent souvent à la première place des classements musicaux. Cela me parait bizarre qu'Ayden ne les connaisse pas mais après tout, peut-être ne s'intéresse-t-il pas à la musique, ou en tout cas pas à ce style de musique. Je lui souris puis reprend.

« En tout cas il va bien, enfin... je crois... » Une sorte de tristesse apparaît sur mon visage mais je m'empresse de la faire disparaître en courant vers le rayon des confiseries. « Oh mon dieu ! Ca fait combien de mois que je n'ai pas eu le droit de me faire plaisir avec des sucreries... » Je soupire avant de regarder malicieusement Ayden et d'attraper un paquet de nounours au chocolat. « Tu me promets de le dire à personne si j'achète ça ?? »

J'étais plutôt rassurée au fait qu'il ne me regarde pas étrangement ou encore pire, qu'il retire carrément ma main lorsque je lui tapote le bras. Je suis très tactile et parfois, on ne manque pas de me le faire remarquer. Les asiatiques sont comment dire... Coincés. Oui je pense que le mot est assez juste - peut-être même pas assez fort en ce qui concerne les japonais d'ailleurs... A vrai dire, je n'ai eu absolument aucune difficulté à m'intégrer dans ce pays, je n'ai jamais besoin d'un temps d'adaptation très long moi, mais la chose avec laquelle j'ai toujours eu beaucoup de mal - encore aujourd'hui - c'est la distance entre chaque être humain. C'est vrai quoi, ils ne se font pas la bise pour se dire bonjour, les amoureux ne se tiennent que très rarement la main dans les lieux publiques, et pleins de petites choses comme ça auxquelles je n'étais pas habituée dans mon pays d'origine. Bien sûr, j'en avais les bases, étant coréenne par le sang, mais je n'ai jamais vraiment su m'adapter à cela... Ayden vient d'Amérique lui aussi, je suppose que c'est pour ça qu'il prend plutôt bien mon contact et que je le vois même sourire discrètement avant de retirer ma main.

« Du basket ? Oh j'aime beaucoup ce sport ! » En même temps, y-a-t-il un sport que je n'aime pas ? Je ne crois pas... « Moi aussi je suis une sportive dans l'âme tu sais » Je lui souris, tentant à moitié de le rassurer. Peut-être que moi je suis douée dans les matières intellectuelles aussi - contrairement à lui d'après ce qu'il me dit - mais si je ne pouvais vivre que de sport, d'amour et d'eau fraîche, je le ferais !

Finalement, je ne sais vraiment pour qu'elle raison, Ayden me demande des nouvelles de mon frère. Je suis à la fois choquée qu'il se souvienne que j'ai un frère, mais aussi qu'il ne sache pas qui il est. Contradiction bonjour. Pour moi, Il Nam est une super star, tout le monde le connait et tout le monde est fan de lui non ? Non, ça c'est probablement vrai juste dans mon monde de bisounours. En tout cas, pour moi, il est le meilleur, c'est clair ! En tout cas, Ayden me fait clairement comprendre qu'il ne voit absolument pas qui est mon frère, ni même son groupe. J'ouvre la bouche en forme de "o" avant de secouer la tête pour me ressaisir, en rigolant légèrement. Le naturel d'Ayden me fait fondre. Il est vraiment mignon ce gars, il parait complètement à l'ouest et ça me plait. Ce type à l'air de vivre dans un autre monde, un peu comme moi en fait... J'ai l'impression qu'il peut vraiment me comprendre - même s'il vit visiblement dans un monde où mon frère chéri n'existe pas... Finalement il me demande si ça fait longtemps que je n'ai pas eu de nouvelle de lui. Oh si, j'en ai eu ce matin, sur un site internet. Je suis bien tentée de lui répondre cela mais ça ferait un peu pitié... Souhaitant vite passer à autre chose j'hausse distraitement les épaules.

« Je ne sais plus trop. Je suis beaucoup occupée moi aussi alors... »

Puis je me dirige vers le paquet de nounours au chocolat que j'avais précédemment remarqué. Il me fait de l’œil celui-là, et il me ferait oublier à quel point mon frère me manque. Ayden me promet qu'il ne dira rien à personne - même si en réalité je le vois mal aller hurler sur les toits que j'ai mangé des chocolats - et me fait remarquer que je n'ai pas franchement besoin d'un régime. Ah ! Au moins on est deux à être du même avis ! Néanmoins je l'arrête de suite. Je ne veux pas qu'il pense que je suis le genre de fille superficielle - bon ça si c'est peut-être un peu vrai... - qui a besoin d'être mince comme une aiguille pour se sentir bien dans sa peau. Pas du tout !

« S'il n'y avait que moi... Gourmande comme je suis je serais capable de manger toutes les confiseries de ce rayon ! » Je rigole doucement, rire un peu jaune « Mais je suis une sportive de haut niveau. Si je veux avoir la médaille olympique au prochain JO, il faut pas que je coule comme une pierre dans le bassin pas vrai ? »

Je rigole doucement. Mes blagues ne sont pas drôles aux yeux des autres, mais elles ont l'avantage de me faire rire moi-même... Finalement, après une fraction de seconde d'hésitation, le paquet de nounours en chocolat rejoint mes paquets de café. Ayden se dirige ensuite vers les caisses alors que je le suis. Il a l'air d'avoir fini ses achats et moi aussi, ça tombe bien. Je passe devant lui et commence à déposer mes articles à la caissière, lorsque soudain quelque chose commence à me tracasser.

« Dis-moi Ayden-kun... » Je le regarde un peu biais « On ne va pas déjà se quitter pas vrai ? » Je ressemble légèrement à une enfant qui s'apprête à faire un caprice d'une seconde à l'autre, mais je n'ai pas très envie de rentrer chez moi et quitter Ayden ainsi, à la caisse d'une supérette alors que je viens de le retrouver après tant d'années...

Je le regardais de haut en bas lorsqu'il me propose qu'on se fasse un match de basket un de ces jours. Puis je rigole, comme une idiote. C'est évident non ? Comment pourrais-je jouer au basket contre lui ? Je ne sais pas si il avait vraiment réfléchit avant de parler pour le coup...

« Tu fais trois mètres de plus que moi et tu crois que je serais capable de jouer contre toi ? » Je rigole doucement. En tout cas, un un contre un était tout bonnement impensable ! A la limite il faudrait que j’aie quelqu'un à mes côtés qui me porte sur ses épaules pour jouer, ça serait la seule solution.

Je préfère ne pas trop m'attarder sur le sujet de mon frère car, en effet, c'est un sujet plutôt sensible pour moi. Il a toujours été comme ma bouée de sauvetage. Depuis toute petite, j'étais sans cesse collée à lui tel un chewing-gum, la preuve, je l'ai même suivi jusqu'au Japon lorsqu'il est venu à la Royal... Mais depuis qu'il est devenu une super star de la chanson, je le vois beaucoup moins. Il étudie dans la même université que moi mais dans une section différente avec des horaires complètement différents, arrangés en fonction de l'emploi du temps des Colorful Diamond. Il m'envoyait régulièrement des sms, se préoccupait de mes entraînements, de ma santé, de mon alimentation et de mes cours. Mais cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas vus en face à face et que nous n'avions pu réellement parler. Cela faisait longtemps également qu'il n'était pas venu me supporter lors de l'une de mes compétitions, même s'il pensait à chaque fois à m’appeler ou m'envoyer un message, et cela me rendait vraiment triste. Les nounours en chocolat allait me réconforter ce soir. Mais ma rencontre avec Ayden allait aussi me réconforter ! J'étais réellement heureuse de le retrouver, j'étais surtout enjouée d'être face à un si beau jeune homme bourrés de charmes et si... viril !

Finalement nous arrivons à la caisse et le moment de se séparer approche. Je suis triste de devoir le quitter, j'ai peur de ne jamais le revoir. Nous sommes certes dans la même université mais je ne l'avais jamais vu jusqu'ici - enfin je l'avais croisé une fois sans trop capter que c'était lui... - et je ne voulais pas que ça se reproduise. Maintenant que je l'avais retrouvé, je voulais le garder sous le coude, et garder toutes les chances de mon côté ! Il semblait toujours aussi timide et réservé, mais avec moi, il parlait - un peu - comme au bon vieux temps, et cela me faisait sentir qu'il m'aimait bien.

Ayden me demande alors si je veux faire quelque chose, mais il commence à se faire tard et il vaudrait mieux que je rentre au dortoir me reposer un peu, j'ai encore une longue journée qui m'attend demain. Et puis je n'ai surtout pas la moindre idée de ce que je pourrais lui proposer de faire... Je secoue donc la tête légèrement, de droite à gauche, lorsqu'il me propose d'échanger nos numéros. Je relève brusquement la tête vers lui pendant la caissière m'annonce le montant que je lui dois, les yeux s'illuminent. Il veut mon numéro ?! Oh yes ! Bingo, j'ai eu ce que je voulais. Avec son numéro en poche je n'allais plus le lâcher, ça c'était certain, il ne sait pas dans quoi il se lance le pauvre.

« Oh bien sûr ! Donne-moi ton numéro, je t'enverrais un message comme ça tu auras le mien. » Un grand sourire sur les lèvres je le regarde, puis me retourne vers la caissière qui attend toujours que je paye. Je lui donne trois billets, ramasse mes achats dans un sac plastique et attend qu'Ayden termine en caisse pour prendre son numéro, mon téléphone en main. Je suis toute excitée - peut-être un peu trop - mais j'essaie de me calmer pour ne pas le montrer. Après tout je ne sait pas grand chose d'Ayden, peut-être a-t-il une petite amie grande, mince et magnifique, qu'il aime plus que n'importe qui au monde ? Et peut-être que cette fille serait très en colère si elle découvre mon numéro dans le portable de son petit-ami...