L'art de la cuisine en plein air ce n'était vraiment pas inné. Puisqu'à part des couverts et des buches de bois ainsi que d'anciennes marmites en fer, ils n'avaient pas grand chose pour préparer un repas digne de ce nom à tous les aventuriers. Et en plus de cela, voilà qu'une tête inconnue venait de le désigner d'office pour aller récupérer du bois et pouvoir faire chauffer les premières préparations. L'occasion de pouvoir refuser cette requête se réalisa plusieurs fois mais un sourire s'afficha sur son visage avant de s'éclipser en vitesse de la pseudo cuisine qui ressemblait plus à un cours de chaudron magique dans Harry Poter. Vraiment, il n'avait aucune confiance dans leur manière de procéder ni dans leur talent culinaire qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de voir à l'œuvre si bien qu'une excuse pour s'extirper de cette troupe de visages inconnus, lui plaisait plutôt bien. Sauf peut être l'idée de devoir ramasser des morceaux d'arbres sur le sol. Parce qu'entre des branches et brindilles qui serviraient de cure dent ou de brochette naturelles, il ne se voyait pas du tout tailler un tronc, faire tomber un arbre et jouer les bucherons. Drôle d'idée tout de même. Ses pieds continuaient leur marche jusqu'à sa tente afin de récupérer son sac à dos, sait on jamais qu'il rapporterait beaucoup de bois avec lui ou tomberait sur des espèces comestibles à cuisiner par la suite, en douce. Les sangles furent serrées à la bonne dimension de ses épaules, sa queue cheval refaite, il s'engouffra dans la forêt sans même trouver l'idée sympathique de se renseigner auprès du groupe dédié à cette tâche pour quelques conseils ou tout simplement récupérer des buches. Il parait à l'aventure, bravant les branches sifflantes et éreintante des fougères, de l'herbe humidifiée. Il entraperçu une nuée de papillons sur son passage, aussi éphémère qu'admirable avant de se prendre les pieds dans une buches creuses, ancrée dans le sol. Ni une ni deux, sa silhouette fit un vol plané, arrêté parla force de ses bras, ce qui réduit l'impact et donc les blessures qui en découleraient. "Ahhh." Ce n'était pas un cri seulement le constat de sa médiocrité. Il n'était pas débrouillard, semblait ne pas ers trouver dans un élément rêvé. Mais que lui avait il prit d'accepter de participer à ce séjour alors qu'il savait d'avance que ca signifierait vivre un enfer par excellence."J'aurais vraiment dû dire non. mais qu'est ce qu'il m'a pris." .

Il ne m’avait pas fallu longtemps pour décider de filer en douce dans la forêt, seul avec mes affaires sur le dos, je voulais déjà repérer les lieux et pourquoi pas trouver quelques coins sympa j’aurais dû demander à d'autres de m’accompagner, mais je n’avais pas vraiment en tête de réellement m’éloigner, sauf que j’ai simplement continué ma route sans m’inquiétais croisant des bestioles et quelques animaux sauvages, j’ai même pu apercevoir un sanglier un peu plus loin dans la forêt, mais la plupart déguerpissaient avant que je ne puisse m’en approcher, puis de toute façon même si ça aurait été super bon à cuisiner je n’avais pas vraiment les outils pour le chasser ni de quoi le ramener au camp, je n’ai pas encore décroché mon diplôme de super-héros ni de surhomme malheureusement.

Du coup j’ai simplement ramassé quelques trucs dans mon sac, des champignons qui m’avait l’air comestible et quelques fruits trouvés au hasard. Bien qu’abrité des rayons par les arbres il faisait toujours aussi chaud décidant finalement de rebrousser chemin, revenant plus proche du campement. Puis mon attention fut attirée par un bruit sourd à quelques pas de là, passant entre les arbres et les buissons j’ai pu apercevoir une silhouette que je reconnaissais déjà facilement, le blond se trouvait au sol, m’approchant discrètement en attrapant une brindille de bois pour tapoter doucement sur sa tête afin de signaler ma présence.

« Tu vas bien ? » Les faits montrés qu’il venait de tomber, il fallait être aveugle pour ne pas le remarquer, donc je n’allais pas lui sauter dessus comme si de rien n’était. Remarquant son sac, j'ose demandé par curiosité. « Toi aussi tu partais à l’exploration tout seul ? » Riant doucement je l’aide à se relever ancrant mon regard dans le sien, décidément il me donne toujours une drôle d’impression que je n’arrive pas à faire disparaitre...

Le sol venait tout juste de remporter une victoire fracassante face à la maladresse du blondinet qui le payait très cher. Ses mains rattrapèrent sa chute et l'amoindrit pour limiter un maximum les dégâts mais sa position actuelles était des plus risible. Sans compter sur cette sensation sur le haut de sa tête qui l'interpella. Son visage s'inclina légèrement, ses pupilles se levèrent pour observer la raison de ce soudain rapprochement avant de finalement baisser le visage, paupière fermées, soufflant de son incroyable raté. Si seulement il avait été seul pendant cette période peu gratifiante de sa vie mais l avait eu le droit à un spectateur et non des moindres. "Ca va rien de casser. Juste ma fierté et le tissus de du pantalon que je porte au niveau du genou droit." Ce n'était pas une chochotte, il continuerait quand même l'aventure même avec une égratignure et l'air malpropre de par les taches de terres qui venaient de se coller à son visage. Et de l'aide ne fut pas de refus. Le lycéen finit par se relever, époussetant les motte de terre qu'il trouvait avant de finalement observer celui qui se retrouver tout comme lui, à vagabonder en solitaire dans la forêt. "J'ai plutôt était poussé à aller ramasser du bois parce qu'en cuisine si y a pas de feu  y a pas de plats chauds." Il fit une petite grimace avant de finalement montrer son sourire. Il n'était pas joyeux de partir dans les contrées sauvages mais à minima, il n'était plus seul. D'ailleurs il se croisent souvent. "A croire que l'on finit toujours par se retrouver ensemble ? Est ce que tu m'aiderait à trouver du bois secs pour pouvoir faire griller nos provisions du jour ?" Parce qu'à part savoir qu'il lui fallait du bois sec, il n'avait pas la moindre idée de l'aspect que ca devait avoir et n'avait pas particulièrement envie de jouer les bucheron pour couper des morceau de bois à bruler. Un petit coup de main ne serait pas de refus.

Je ne pensais pas que je tomberai sur Linh Dan seul en pleine forêt, il n’a pas vraiment le profil du gars aimant le danger et partant à la chasse comme un grand, je ris à cette pensée qui me traverse l’esprit, mais je ne peux pas le laisser là, hors de question. Je me rapproche en le questionnant pour savoir s’il va bien, c’est la moindre des choses, souriant à sa réponse. « Tant que tu n’as rien de casser c’est le principal » Je pouvais comprendre son histoire de fierté, c’est pourquoi je ne dis rien là-dessus, bien que je ne sois pas vraiment du genre à me moquer ou juger, au contraire. Il est tombé, ça arrive on ne va pas en faire tout une histoire, prêtant ma main pour l’aider à se remettre sur ses pieds.

« Je vois. Je comprends mieux, mais tu aurais dû demander aux personnes en charge de cette tâche. » Me pointant du doigt je suis de ceux qui ramasse le bois, un petit sourire sur le visage, j’acquiesce à sa demande. « Bien sûr, c'est mon boulot, puis je ne vais pas te laisser gambader seul dans la forêt. » Qui sait ce qu’il pourrait rencontrer, j’ai bien vu un sanglier et d’autres bestioles en tous genres, donc...

« Si on se retrouve ensemble y a peut-être une raison~ » Je lui fais un clin d’œil amical, avant d’ouvrir un peu la marche en jetant un regard à son pantalon. « J’espère que ce n’était pas ton préféré. »

"Ca va je n'ai rien juste quelques égratignures." c'était étrange d'entendre ces quelques mots sa bouche comme s'il s'inquiétait pour lui, comme s'ils étaient revenus huit années en arrière pour pouvoir reprendre leur conversation mais cette idée fini rapidement par s'éclipser de son esprit. Il était tout de même plaisant d'avoir ce type de retour même s'il semblait encore imperméable à l'amabilité des autres, incapable de baisser sa garde une seconde et toujours sur le qui-vive à la moindre présence indésirable. Ses yeux d'ailleurs, semblaient le trahir puisqu'il observait déjà les alentours. Si sa question fut bien intégrée, Linh Dan n'arrivait pas à y répondre. D'habitude il se contentait de mentir ouvertement pour que l'idée passe plus facilement comme étant véridique mais il ne se trouvait pas en présence de n'importe quoi. Son cœur lui indiquait la voie de la vérité, quand son autre voix, bien plus sombre, lui ordonnait d'agir comme il le faisait depuis déjà plusieurs années. "J'aime me débrouiller seul, être seul. Je suis plus doué que j'en ai l'air." Il baissa son visage aussitôt vers le sol puisque sa conscience venait tout juste de lui rappeler la bêtise qu'il venait de commettre mais tant qu'à se rapprocher de lui, autant se montrer sous son véritable jour. Il finit par pointer son index dans sa direction comme pour le menacer avec un air sans doute peu aimable. "Mais si tu oses dire quoique ce soit à quelqu'un à ce sujet ..." Ce fut néanmoins un sourire qui finit par se glisser sur ses lèvres pour dédramatiser la situation. Après tout il n'avait encore rien fait qui mérite un tel châtiment. Il se contentait juste de rester vigilant, d'apprendre, de comprendre pourquoi il aidait un étranger de cette façon et s'il se conduisait de la même façon avec tout le monde, au risque de se faire avoir en beauté. "Tu es toujours comme ca ? A proposer ton aide à de parfaits inconnus ?" Les questions glissèrent toutes seules dans la conversation accompagnées d'une légère grimace et d'un mouvement de tête sur le côté pour dissimuler sa frustration actuelle. Il ne savait pas vraiment pourquoi, il se sentait comme un volcan près à l'éruption, se disant être juste une personne ne de plus qui le croisait sur son chemin mais il avait lui même choisit cette condition en ne lui révélant rien du tout. Son poing s'était justement serrés contre la paume de sa main. Ses dents claquèrent pour s'empêcher de poser plus de questions de ce genre au risque de refroidir encore plus l'atmosphère. Même ce clin d'oeil amical semblait se trouver bien loin de leur conversation. Son visage mima un non en guise de réponse sur sa préférence vestimentaire quand un bruit de grésillement se fit entendre, fin, uniforme. Linh Dan pensa tout de suite au fruit du vent sur les feuilles mais le bruit semblait devenir plus consistant, vibrant. Un insecte ? "Tu ne trouves pas que le bruit se rapproche ?" une abeille semblait déjà se rapproche en éclaireur de leurs deux carcasses exposées au soleil.  

Le voir étalé là m’avait d’abord surpris, mais il faut dire que je ne m’y attendais pas, je ne le connaissais pas encore très bien, mais grâce à nos dernières conversations j’avais un peu cerné le personnage et parfois mon cœur me mettais en garde, je retrouver certaines habitudes, des petites choses même physiques qui se superposer à mon meilleur ami disparu. Je savais que c’était impossible et se serait injuste de dire que j’avais envie d’être plus proche de lui pour cette raison, c’était faux... Je serais surement plus du genre à l’éviter si vraiment ça devenait difficile, je suis sociable, mais mon cœur est encore perdu des années en arrière, je ne montre pas ma douleur, mais elle est là, elle fait partie de moi. Quoique je fasse je vie une vie pour deux, je profite en me disant que Shaka n’a pas cette chance et mon caractère est le reflet de ma gentillesse passé, bien que je ne sois plus aussi effrayé je continue de fuir la solitude. Cette solitude même que seul Shaka me permettait réellement de combler. Secouant ma tête pour ne plus trop y réfléchir, je n’avais malheureusement pas le temps de me perdre indéfiniment dans mes pensées ou mes souvenirs, peu importe l’envie de revivre cette époque elle est terminée depuis longtemps maintenant. Je comprends son envie de se débrouiller seul, je pense qu’il a ses raisons, mais je ne vais pas le laisser se débrouiller pour autant, c’est un homme en effet, mais il n’a surement pas la force de porter des troncs d’arbre ou de couper des grosses branches à plusieurs reprises sans aide, même pour moi ça pourrait être rapidement difficile.

« Qu’est-ce que tu vas me faire ? » Je le taquine un peu, au fond il devrait savoir que je ne comptais en parler à personne, qu’est-ce que j’y gagnerai à le crier sur tous les toits, ce n’est pas vraiment mon genre qui plus est. C’est pourquoi j’efface ce petit air provocateur sur mon visage pour reprendre avec une expression plus amicale. « Ne t’inquiète pas, ça restera entre toi et moi, je n’ai pas envie de me faire taper~ »

Linh Dan a cette manie de poser les bonnes questions et d’ailleurs il semble assez curieux me concernant, mais je trouve que c’est une bonne chose, c’est juste que je ne suis pas habitué à ce qu’on tape dans mes poings sensibles. Je garde des secrets lourds à porter, je ne suis pas prêt de les divulguer ou de changer alors que je vis à travers eux qui me portent pour aller toujours plus loin, toujours plus haut. Est-ce que je suis toujours comme ça ? Suis-ce je proposé mon aide à tout le monde ? Je réfléchis un instant ne pouvant répondre immédiatement. Je fais quelques pas l’air de rien, pour finalement le regarder en me rapprochant à nouveau. « Hum... Je ne sais pas. Peut-être ? » Honnêtement je pense que j’aide qui en a besoin, mais d’un autre côté je ne suis pas non plus un bon samaritain... Si je lui disais qu’il me rappelle mon meilleur ami ce serait comme mettre les deux pieds dans les plats et je ne veux pas. Du coup je reprends. « Pourquoi tu me demandes, ça t'embête si c'est le cas ? » Mais on n'a pas vraiment le temps de continuer à parler qu’un son semble attirer notre attention... Je reconnais le bruit du bourdonnement d’abeilles avant qu’elles n’apparaissent, mais elles sont nombreuses, normalement les abeilles ne sont pas méchantes si elle ne se sentent pas menacées, seules les guêpes attaquent ! Pourtant je ne suis pas du tout sécurisé par l’essaim qui fonce droit sur nous.

« Reste calme Sha- Linh Dan, il ne faut pas s’affoler... » Oh bordel la couille! Mon cœur bat vite devant cette erreur que j'ai manqué de faire, mais heureusement je me suis repris, n'empêche que Je dis ça, mais est-ce que j’ai raison cette fois, s'il nous attaque vraiment on risque de pas ressortir indemne ?

Linh Dan n'avait pas pour habitude de se montrer lui même. Sous ses airs de petits blondinet tranquille se dissimulait un être plus complexe et sans doute torturé par son passé, douloureux et instable. Il essayait de maintenir une certaine image de lui même, abordable et sociable pour limiter les questions autour de sa personnalité. Et moins les questions étaient nombreuses mieux il se portait; Toute cette histoire d'enlèvement lui avait bien gâchait la vie. Il se surprenait parfois d'imaginer sa vie s'il avait été un enfant comme les autres, près de sa famille, entouré par ses proches, toujours avec une famille soudée qui le soutenait pour ses études et des notes bien meilleures qui s'accumuleraient. Mais dans cette forêt dont il ne connaissait aucun chemin, avec pour seul compagnon son meilleur ami d'enfance, il se sentait comme pris au piège de sa propre carapace. Il ne voulait pas se montrer lui même, ni éveiller les soupçons et d'un autre côté, il n'arrivait pas à le fourvoyer autant que les autres, sans doute sa conscience qui lui rappelait à l'ordre rapidement pour lui éviter les effets secondaires. Un bon choix puisque sans même connaitre sa réelle identité, il lui fut proposer de garder le silence en toute honnêteté, ce qui était appréciable. Son visage s'était instantanément détendu face à cette bonne nouvelle car il espérait conserver sa routine habituel sans y voir de parasite s'intéresser de plus près à sa personnalité.

Néanmoins, la question se posait de son habitude à aider son prochain sans rien demander en retour. Il ne comprenait pas comment une personne pouvait se permettre d'avoir confiance en un parfait étranger. Ils n'avaient pas encore eu l'occasion de se croiser souvent et si leur contact semblait bien plus facile qu'auparavant, Linh Dan utilisait beaucoup d'énergie à contrôler ses manies. "Peut être ? ...  Tu ne sais vraiment pas ?" Des mots qui furent répéter sur le ton de l'interrogation et si plusieurs autres questions méritaient surement de suivre la précédente, un bourdonnement se produisit. Des insectes, des petites choses volantes à la recherche de nourriture durant les beaux jours pour survivre en hiver. Il les entendait de plus en plus distinctement et au vu de leur nombre, le grondement en devenait désagréable. Une première abeille s'approchait vivement d'eux en éclaireur; Son regard s'était tout de suite tourné dans sa direction, la fixant avec beaucoup d'attention pour s'assurer que sa trajectoire ne croiserait pas la sienne jusqu'à ce qu'un son ne le refroidisse sur place; Son coeur venait de sauter un battement voir même une dizaine. Il frôlait la crise cardiaque. Sha ? comme Shaka Nyorai ? Comme cha alors ? comme quoi ?  Il restait toujours dans la même position, luttant pour ne rien montrer, luttant pour ne pas sombrer dans la panique. Un lapsus peut être ? Où une vérité qu'il avait découvert ? Mais comment ? Non ce n'était pas possible. Son cas de conscience s'arrêta rapidement lorsque l'abeille se mit en position d'attaque. En voyant cette aura meurtrière, le blondinet attrapa la main d'Ewon Bak alors que ses jambes courraient déjà toute allure dans la direction opposée. "Pas s'affoler hein ? J'ai pas l'intention de me faire piquer. Elle est vraiment bizarre cette guêpe." Et pas qu'un peu. Il avait beau courir avec beaucoup d'enthousiasme, la minuscule chose piqua en vrille direction son bras gauche et lorsque la cible fut atteinte, le corps inerte de l'insecte tomba sur le sol laissant une violente douleur se propager au travers de son corps. Une sensation de brulure et de picotement lui donnait du fils à retordre. "Aoutch c'est petit mais costaud." L'essaim n'était pas si éloigné de leur position actuel. Forcé de slalomait entre plusieurs troncs mal positionné, le lycéen n'eut d'autre choix que de relâcher cette main qu'il tenait pourtant si fermement pour ne pas quitter son sillage, afin d'éviter le carambolage en pleine forêt. Mais l'heure était grave. Si une piqure était aussi désagréable, alors plusieurs seraient sans doute mortelles. Il n'avait pas l'intention de rendre son dernier souffle par ici ni même de le perdre lui. "Plus vite, elles nous rattrapent !"  

On a tous nos secrets, on vit tous avec un passé qu’on n'a pas envie de divulguer, du moins c’est mon cas et c’est pourquoi je ne pose pas de question sur ce qui a rendu Linh Dan ainsi, solitaire et méfiant des gens, il doit avoir une bonne raison, tout comme j’ai la mienne de vivre de cette façon. Quand il me questionne pour savoir si je suis comme ça avec tout le monde je ne sais pas vraiment quoi lui répondre, peut-être qu’à travers mes propositions, mon implication je cherche un but, une façon de racheter mes péchés passés, car même si j’étais un gosse incapable de faire grand-chose, la disparition de Shaka je m’en sens aussi coupable. Je pourrais lui dire simplement que je ne suis pas un bon samaritain, mais au fond je ne le sais pas moi-même, il y a des choses qui me semblent floues parfois, des réponses que je ne peux donner et finalement je souris quand il me demande si je ne sais vraiment pas. Que pourrais-je répondre pour qu’il me comprenne, il y a des fois où il vaut juste mieux se taire et approuver d’un simple geste pour mettre fin à une conversation qui n’aboutira à rien. De toute façon on n’a pas vraiment le temps de continuer qu’un essaim d’abeilles semble se rapprocher de nous, une d’entre elle fonce droit dans notre direction et lorsque je veux parler à mon camarade je manque de faire la plus grosse bourde en l’appelant Shaka... Je sais qu’ils se ressemblent, mais je n’ai pas le droit de superposer une image sur la sienne, je me frappe mentalement, je ne veux pas qu’il relève mon erreur, s’il me questionne encore ça me fera sûrement mal cette fois, dernièrement il me manque de plus en plus sans que je ne comprenne pourquoi... C’est cruel.

Mes pensées sont stoppées par ma main qui fut tiré me mettant à courir à sa suite en remarquant que les abeilles nous attaque, c’est quoi ça ? Ce sont des guêpes vengeresses ou pire des tueuses ? Si on se fait rattraper on risque gros. « Désolé, elles sont peut-être affamées ! » Je ris dans cette situation loin d’être amusante tout en accélérant, je suis sportif donc je peux rapidement prendre mes jambes à mon cou, mais je n’abandonnerai pas Linh Dan, jamais. Je tourne la tête vers lui quand il s’exprime de nouveau demandant très vite. « Tu t’es fait piquer ?» Courir et parler ce n’est pas la chose la plus aisée, mais je ne peux pas cautionner qu’il ressorte avec des piqures et moi non, je ne suis pas maso, mais je me dois de le protéger... Je ne peux pas me permettre de rester en retrait, pas cette fois. Alors que nos mains sont forcées de se séparer pour passer entre les troncs d’arbres, je ralentis pour que Linh Dan puisse prendre un peu d’avance, je ne vais pas me sacrifier, mais quitte à ce qu’un de nous doit se faire piquer, je suis surement plus résistant. « Continue de courir, je te suis ! » Il faudrait trouver un moyen de leur échapper, mais petites comme elles sont on ne risque pas de trouver un abri assez isolé pour qu’elle ne puisse nous retrouver... Je réfléchis comme lorsque je joue à mes jeux, mais là il n’y a aucune stratégie possible, on ne peut que courir et trouver un abri, sauf que dans une forêt...

« Tu tiens le coup ? » Faudrait qu’on se barricade quelque part pour passer inaperçu... Je me retourne pour voir à combien de mettre elles se trouvent, mais une autre c’est rapproché, quitte à me faire piquer elle va crever, une piqure de gagner à la main, ça guérira vite, je grimace sur la légère douleur sans rien dire, j’ai connu pire... Mais elles sont de plus en plus proches. Je remarque une sorte de trou sur le côté, je rattrape le blond avant de prendre sa main et le tirer. « Par là ! » On peut se faire mal, mais ça sera toujours mieux que d’attendre après l’essaim. Enroulant mes bras autour de Linh Dan je plonge dedans sans trop savoir où on va atterrir, le protégeant comme je peux, les abeilles n’iront pas dans un endroit sombre et clos, c’est notre seule chance.

Les abeilles ne piquaient que lorsqu'un danger imminent s'approchait de leur nid de façon à protéger leurs amies et surtout leur reine de parfaits étrangers mais puisqu'elles y laissaient la vie, ses occasions étaient rares. Alors pourquoi, en ce jour ensoleillé, une horde d'abeille étrange se dirigeait sur eux dans l'esprit de les piquer ? La première piqure le lança. Ce n'était pas si terrible mais certainement pas agréable et encore moins quand d'autres attendaient leur tour. Il n'allait pas non plus les laisser faire si bien qu'il se mit à courir aussi vite que possible alors que sa constitution n'était pas celle d'un sportif. Ses jambes continuaient à leur rythme qui ralentissaient au fur et à mesure, faute de trouver un abre suffisant pour se protéger de ces petites choses volantes. "Je me suis fait piquer mais je tiens le choc." Parler en courant n'était pas une chose facile surtout qu'il utilisait de l'air destiner à oxygéner ses muscles pour lui permettre de continuer son effort. Son visage dévia un instant de sa trajectoire pour repérer Ewon Bak mais à sa plus grande surprise, il le surpris à l'arrière de la course poursuite, plus proche des abeilles. Ses yeux s'écarquillèrent un moment avant de reprendre son appréciation du paysage en face de lui, au risque, sinon, de se prendre un arbre au passage. "Qu'est ce que tu fiches à l'arrière ??" Le blondinet comprit sans mal ce qu'il tentait de faire et c'était loin de lui faire plaisir. Il n'avait pas besoin de sa protection ou plutôt, il ne voulait pas de son sacrifice si ca signifiait être à son chevet pendant des semaines après de multiples piqures et un risque de choc anaphylactique. Sans médecins aux alentours ni témoins, ils auraient du mal à faire comprendre leur situation qui en rirait plus qu'ils ne la prendraient au sérieux. "On continue...... on conti..." Son rythme cardiaque battait son plein laissant aucun temps de récupération à ce corps qui donnait tout ce qu'il pouvait pour se sauver de cette situation ennuyeuse jusqu'à ce qu'il sente sa main être serrée par une autre. Son corps fut alors tiré et plongé dans un trou dans le sol, sombre, incapable de savoir sa profondeur ni même ce qu'il contenait.

Ses paupières s'étaient fermées par la surprise et l'idée d'entrer dans cet espace clos et sombre sans moyen de le quitter par la suite. Il sentit son étreinte apprécié jusqu'à ce qu'ils ne touchent le fond. Fort heureusement, ce n'était pas très profond. L'atterrissage de son côté, fut sans douleur. Il se tourna néanmoins face à son meilleur ami d'enfance pour savoir s'il en était de même pour lui. "Rien de casser ?" Le peu de lumière que contenait ce fossé fut rapidement bouché par l'essaim qui passait juste au dessus sans jamais y entrer. Son corps prenait tout à coup le contre choc de son effort, lui réclamant de l'air, beaucoup d'air, ce qui l'obligea à arrêter toute conversation naissante et se concentrer sur ses poumons le temps de cinq minutes. Ses paupières se refermèrent une nouvelle fois en imaginant être sur une plage de sable fin, entouré d'eau de mer, dans un univers calme et reposant car à défaut, pour un claustrophobe se retrouver dans un trou sombre et humide sans en connaitre le moyen d'en sortir relevait d'un défi de taille. Il positionna ses bras autour de son compagnon de route tout en déposant son visage sur son torse à la recherche d'une musique bien connu, un battement de coeur. Ce son possédait un effet calmant naturel. Il avait conscience d'avoir agit sans avoir demander sa permission mais ce fut nécessaire sans quoi la panique le gagnerait rapidement. "Désolé ... j'ai ..... juste besoin ...juste de quelqu'un." Ses doigts, posés sur le tee-shirt du lycéen, se serrèrent un plus autour du tissus comme pour se rassurer qu'il était bien présent et non pas enfermé dans sa prison souterraine une nouvelle fois. "Merci tu nous as sauvé de ces abeilles. On y a échappé de peu ... vraiment de peu." Étrangement, savoir qu'il aurait pu périr à ses côtés avaient une connotation tentante. Ainsi, Linh Dan n'attendrait jamais l'âge adulte, aurait quitter cette terre qui l'avait faite tant souffrir, serait resté jusqu'au bout aux côtés du seul être humain qui comptait encore à ses yeux et aurait enfin revus ses parents. Ce n'était pas une idée à mettre aux oubliettes ... ses yeux commençaient à peine à s'habituer à l'obscurité, distinguant enfin des formes plus net et détaillées.

J’ai déjà dû faire face à des essaims d’abeilles protégeant leur ruche, mais elles n’ont jamais attaqué ou piquer qui que ce soit sans sentir un danger venir sur elles, alors là je dois avouer que je ne comprends pas du tout ce qui se passe, nous n’avons offensé aucun nid, je viens de leur direction et pourtant sur le chemin ce fut le calme plat, c’est étrange. M’enfin pour le coup on est bien forcé de fuir, heureusement Linh Dan me rappel à l’ordre pour se mettre à courir, mais il se fait piquer par cette petite bestiole en éclaireur apparemment, il tient le choc, mais s'il se fait avoir par une dizaine ou une centaine de ses piqures ce sera un résultat différent, automatiquement je ralentis mais pas plus rapide que les siens pour passer derrière lui, je ne me sacrifie pas à mes yeux, disons simplement que je le protège, c’est une réaction égoïste, je n’arrive pas à accepter l’idée que quelqu’un soit en danger devant moi, Shaka a laissé des séquelles que je ne soupçonnais pas et maintenant j’ai surement l’air d’un idiot à jouer les héros, mais il y a des effets cachés derrière mon comportement que je suis surement le seul à comprendre et à connaitre. Le blond me cri dessus en remarquant que je ne suis pas à ses côtés et je souris tout en continuant de courir. « Ne t’inquiète pas je suis résistant, avance ! » Dis-je simplement, ce n’est pas une, deux ou trois piqures qui me feront tomber dans les vapes, je peux supporter d’avoir la peau enflé, gonflé par leur dard et cette souffrance parcourant l’endroit victimiser ce n’est vraiment pas grand-chose ! Il était difficile de suivre un rythme aussi rapide, les abeilles sont agiles et elle nous rattrape, brisant le peu d’avance qu’on avait pu leur mettre. Linh dan semblé à bout, heureusement je remarque un trou qui pourrait nous sauver, du moins on n'a pas vraiment le choix à ce stade-là, attrapant sa main pour le tirer avec moi, je me fiche de me caser quelque chose en tombant, mais je serais le seul à en ressentir le choc, prenant le blondinet entre mes bras en plongeant sans aucune hésitation, mon corps porter vers le sol pour protéger celui de mon ami, je mentirai si je disais que je n’appréhendais pas un peu la chute, l’atterrissage et surtout je n’en connaissais pas la profondeur, mais finalement bien que le choc me fit grimacé ce n’était pas si haut, mes paupières ouvertes fixant la noirceur du ciel rempli par toutes ses abeilles traversant au-dessus de nos têtes, par chance elle ne nous ont pas suivis, je m’en doutais, mais si elles l’avaient fait-on n’aurait eu aucune chance de survie enfermer entre quatre murs. Un soupire et je regarde mon camarade contre moi pour enfin répondre.

« On dirait que je suis en un seul morceau et toi ? » Le sentant se coller contre moi je me souviens de notre conversation l’autre jour, il est claustrophobe et cet endroit ne va pas l’aider, j’aurais dû y penser avant ! Le laissant gérer sans savoir comment l’aider, mes mains resserre l'étreinte autour de lui sans arrière-pensée, juste histoire de lui dire :

« Pas de problème, je suis là. » Je n’ai jamais eu peur d’être enfermé, mais il a surement ses raisons et je ne veux pas le sentir trembler, pleurer ou avoir une crise, je le rassurerai quitte à trouver le moyen de briser les murs s’il le fallait... C’est le genre de pensée que j’aurais pour Shaka, moi-même sur le coup je suis surpris de vouloir donner à ce gars plus que je ne le peux, mais cette ressemblance, sa façon d’agir doit surement pas y être Innocente.

« C’est surtout une chance d’avoir trouvé cet endroit, même si je suis désolé de t’imposer ça... » Je me redresse doucement sans l’éloigner pour autant. « Ça va aller ? » Autant pour le fait d’être dans un environnement qu’il ne supporte pas, que pour le reste. « Je ne sais pas encore comment je vais nous sortir de là, mais t’inquiète pas. » Ma main glisse dans ses cheveux pour le rassurer malgré l'obscurité.

Rien de toute cette histoire ne semblait réelle. Si ce matin en se levant, le blondinet sut qu'une horde d'abeilles furieuses tenterait de l'attaquer, il aurait refusé d'aller chercher du bois et se serait trouvé un abri sûr. La chute lui sembla rapide et indolore, grâce à ce corps qui l'enserré et le protégeait. Ce qui, instinctivement, provoqua la colère intérieur du lycéen qui ne voulait pas passer pour l'être à protéger peut importait le prix à payer. Mais faute d'un souffle encore accéléré par l'effort exercé sur son corps manquant d'exercice et d'endurance, il n'eut pas l'occasion d'en parler, juste de lui poser la question fatidique d'un potentiel blessé. Mais les premiers signes de son mal être ne tardèrent pas à se montrer si bien qu'il lui fallait un moyen de les contrer. Il ne trouve rien d'autre que de se pencher vers celui qui se trouvait à ses côtés et écouter les Bam bam que faisait son coeur. Une musique reposante et continuelle qui avait le don de l'aider à se détendre même dans un fossé de trois mètres tout au plus, serrés entre deux parois étroites qui ne les laisserait pas s'échapper si facilement. "Non rien de casser j'ai eu un coussin confortable à l'atterrissage." Une réponse qui tardait à venir mais qui finalement fut transmise lorsque son souffle reprenait doucement un rythme normal. Il n'avait pas été repoussé dans sa démarche ni n'avait semé un vent de panique dans ce lieu bien trop petit pour épuiser leur souffle. Cette sensation de bien être lui rappelait à quel point il lui avait manqué. A quel point il voulait rester dans cette position, à s'accrocher à lui pour ne plus jamais le perdre de vu.

Le simple fait de sentir ses bras se refermer autour du lui, lui rappelait qu'il avait un minimum de soutient sur cette terre cruelle. Son visage se releva vers lui, laissant ses paupières se relever doucement pour le fixer avec insistance, plongeant ses yeux dans les siens. Et dans une voix sobre finit par lui souffler. "Ce n'est pas ta faute. Ca n'est vraiment pas ta faute. Tu as fais ce que tu pouvais dans une situation qui nous dépasse. Tu n'as pas à en prendre la responsabilité." Des paroles qui prenaient tout leur sens dans ce contexte mais qui, en réalité, parlait plutôt de leur passé. Ce fameux jour où il fut enlevé sous les yeux de son meilleur ami sans avoir pu lui communiquer que jamais il ne lui en avait voulu car il n'était pas responsable de son enlèvement, des sept années de séquestrations, de l'angoisse et la peur. Non, tout ca n'était pas de son ressort. Que pouvait bien faire un enfant de huit ans ? "Je suis plus résistant que je n'en ai l'air." Linh Dan se sentait en sécurité dans cette position confortable jusqu'à ce qu'il ne sente un frisson le long de son dos, créé par l'approche de cette paume sur sa chevelure. Doucement, sa main repoussa celle du brun. Son corps se redressa doucement, s'aidant de son autre main qu'il appuya contre l'une des paroi tout en levant son regard vers le haut. Il détailla par la suite, les fissures qu'il pouvait trouver sur les côtés pour savoir s'il serait possible de l'escalader facilement mais celle ci semblait lisse. Réaliser des essaies n'en serait que plus douloureux surtout si l'un d'entre eux chutait sur l'autre dans leur tentative infructueuse."J'ai une idée. Je vais te servir de levier. Tu vas grimper sur mes épaules et atteindre plus facilement le haut du fossé." Il tendit son bras dans la direction d'une plante rampante. "Et tu t'accrocheras à ça" Il s'arrêta un instant dans sa lancée tout en le détaillant de long en large."Et je n'accepterais pas de non pour réponse. Tu es le plus costaud de nous deux, je n'arriverait jamais à t'aider de là haut ou te hisser donc je t'aide à monter et ensuite c'est mon tour." Ou pas ... mais ça, il n'allait certainement pas le dire à voix haute.

J’en ai connu des situations dangereuses, mais celle-là c’était bien la première fois que je me faisais prendre en chasse par des abeilles, heureusement que la chance était avec nous sinon on aurait surement perdu gros et même si la chute fut assez surprenante sur le coup on était en un seul morceau et c’était le principal. Je ne sais pas pourquoi je le protège à ce point, certes je ne suis pas sans cœur et j’aurais surement protégé et aide n’importe qui dans cette situation, mais peut-être aussi que mon subconscient agi en connaissance de cause alors que de mon côté j’ignore tout de qui il est vraiment. « Content de le savoir~ » Je souris doucement, me rappelant très vite que cet endroit n’est pas le genre de lieu que supporte Linh Dan, je n’en connais pas les raisons, mais il m’a avoué être claustrophobe et je suppose qu’il combat pour ne pas paniquer en s’accrochant à moi et tout ce que je peux faire c’est simplement le rassurer avec mes mots, mes gestes, lui montrer que je suis là et que je ne le laisserai pas. On n'est pas si proche lui et moi, mais j’ai pourtant l’impression que c’est le cas. Je suis vraiment désolé de lui imposer ça, je n’ai pas réfléchi et même maintenant je sais que c’était la seule solution pour nous sauvé, pourtant même si je ne sais pas ce que c’est que d’avoir une phobie aussi forte que la claustrophobie, j’ai eu peur d’être seul pendant longtemps, du noir et je sais à quel point c’est terrible. Sans Shaka je n'aurais surement jamais appris à la combattre, il m’a offert bien plus que ce que j’ai pu lui donner et pourtant je n’ai même pas été capable de le sauver, hier ou aujourd’hui je suis toujours le même, tentant de racheter mes fautes en ne laissant plus personne disparaitre sous mes yeux.

Malgré le noir qui règne dans se faussé je peux voir les traits de son visage grâce à la lumière pénétrant et reflétant contre les murs, le regardant autant qu’il me regarde alors que je souris doucement à ses mots, même si c’est insensé sa phrase et ce que j’ai voulu égoïstement entendre de la part de Shaka, je voulais le pardon de mon meilleur ami, m’excuser aussi de ma faiblesse, mais je n’en aurai jamais l’occasion... Je reprends mon calme doucement en vidant mon esprit. « Merci. » C’est simple, mais sincère, vraiment sincère. Ma poitrine se soulève doucement dans un rire silencieux suite à son affirmation à laquelle je réponds. « Je n’en doute pas, il aurait surement dit ça aussi. » Remarquant qu’il ne comprendrait surement pas le sens de mes mots, je me contente de sourire alors que ma main aussi s’aventure à toucher ses cheveux blonds, avant qu’il ne la repousse, peut-être suis-je aller trop loin, pourtant je n’avais aucune arrière-pensée, juste... Il a l’air de pouvoir supporter un peu cette étroitesse, autant en profiter pour en sortir. En l’écoutant mes yeux s’écarquille, il veut que je lui monte dessus ?

« Attends Linh Dan, je peux me débrouiller pour sortir, toi tu dois remonter le premier, même si tu n’as pas tort sur le fait que je serai plus apte à t’aider, je n’aime pas vraiment l’idée de te laisser derrière. » C’est contre mes principes... Soupirant fortement tout en réfléchissant. « Au pire je peux essayer d’escalader avec toi sur le dos ? » Je ris en imaginant le parcours du combattant, mais ce n’est pas impossible, juste... un peu moins faisable ? « Tu arrives à supporter vraiment tout ça ? » Il semble calme, mais j’ai peur qu’il se force justement.

Perdu entre trois murs, dans un fossé quelque part dans une forêt inconnue, Linh Dan pouvait s'estimer heureux d'être encore en vie. Le lycéen tentait vaillamment de dissimuler toute forme de panique liée à cet enfermement sans outils pour s'en libérer. Faute de matériel, ses paroles cherchaient un moyen de se faire pardonner de son absence, de ne pas avoir réussi à se libérer de son bourreau avant sept années de séquestration, de ne pas avoir cherché plus efficacement sa localisation, ni même d'être venu le voir pour lui avouer son identité caché. Il était conscient que des chaînes invisibles le retenaient dans cette démarche, conscient qu'il ne ferait qu'ajouter du sel sur une plaie ouverte et appeler le passé à renaître de ses cendres, non sans y laisser des cicatrices pas très jolies à regarder. Plutôt que de voir de la pitié dans ce regard brun, le blondinet cherchait un moyen de réapprendre à le connaître, tout en ayant une petite place dans sa vie. Son visage laissa paraître un micro sourire sur ses lèvres lorsque des remerciements lui furent adressées avant que la suite de ses paroles ne le rende perplexe. "Qui ?" Question automatique qui s'alliait à sa curiosité. Mais bien vite, son esprit lui rappela que sa présence, même ternie par une expérience difficile, comptait des réflexes lisibles et assimilables à son ancienne vie. Si son visage ne laissait rien paraître, un orage débutait à l'intérieur de son cœur. S'il restait trop longtemps à ses côtés, un jour, une parole ou un geste trahirait son identité et s'il le laissait partir, il tirait une croix sur l'idée d'être encore attaché à une personne qui l'appréciait pour celui qu'il était autrefois, à cette image d'enfant aimé et protégé pour laisser la place à Linh Dan, lycéen sociable en apparence mais qui ne se mélangeait jamais aux autres. Comme la vie pouvait être cruelle.

Pour occuper son esprit, il espérait pouvoir le faire remonter à la surface, l'aider à se sortir de ce trou à rat un peu trop étroit. Le lycéen s'accroupit proche de la parois, prêt à lui donner un coup de main pour qu'il grimpe sur ses épaules et gagne plusieurs centimètre, surtout s'il venait à poser ses pieds sur ces deux os bien solides. De quoi lui permettre de remonter à l'air libre. Surtout que depuis une dizaines de minutes, aucun bourdonnement ne s'entendait. L'essaim s'était éclipsé dans une autre direction, leur laissant le champ libre pour l'escalade. Néanmoins, il entendit rapidement des protestations face à son idée, ce qui se traduisit aussitôt par un froncement de sourcils, peu content de cette réponse et encore moins de la suivante. Il lui assainit un coup de pieds dans le derrière histoire de faire sortir ces idées saugrenues de sa tête. "Tu ne vas pas me laisser derrière, juste commencer le premier parce que, de nous deux, tu as le plus de chance de remonter sans glisser. Oublie tout de suite ton idée de grimper à deux, c'est trop dangereux. Un mauvais pas et on y laisse la vie tous les deux. Pas question que je te laisse faire." Ses doigts glissèrent sur le col de sa veste pour insister et être sur qu'il comprenne le message. "Tu montes le premier." Cette main qui le tenait,  tremblotait déjà de se savoir enfermé dans cette prison de terre, seul, sans présence rassurante à ses côtés. Il résistait à l'envie de hurler, paniquer, tenter par tous les moyens de se hisser à l'extérieur en pensant qu'il l'aiderait, lui, à s'en sortir. Il était également le plus à même d'appeler de l'aide si besoin, car incapable d'utiliser correctement un téléphone portable qui n'était pas le sien. Ce n'était pas un jeu qu'il souhaitait faire perdurer c'était certain et plus ils resteraient dans ce lieu, plus Linh Dan risquait de faire une crise de claustrophobie. Les premiers signes de son mal être se visualisaient déjà par les quelques gouttes de sueurs qui glissèrent le long de sa tempe. "Ne soit pas une poule mouillée. Je te rappelle que tu veux rentrer dans l'armée et des situations comme celle ci, ils les simulent en camps pour s'assurer que leurs soldats puissent survivre. Et si tu as peur de tomber, je jouerais les coussins, je tiens tes arrières." Il s'arrêta un instant, desserrant ses doigts autour du tissus pour lui rendre la liberté qui lui était due. "Si tu as peur de ne pas t'en sortir, je te promets de m'occuper de transmettre un message à tes parents ou qui tu veux mais maintenant montes ok ?" Il était prêt à écouter ce fameux message s'il avait le désire d'en partager un, sinon, il jouerait les tremplins humains.  

Je n’avais pas vraiment envie de me poser des questions sur le fait que le protéger puisse l’agacer ou peut-être heurter sa fierté, dans mon cas c’était naturel, je devais empêcher qu’il soit touché, me sacrifier était comme expier des fautes passées, aujourd’hui c’était Linh Dan, mais peut-être que la prochaine fois ce sera un inconnu, j’agis sans trop réfléchir, mon corps le fait pour moi, tout comme quand je l’empoigne et le prend dans mes bras pour sauter et le protéger de la chute quitte à me briser les os sur le sol solide et froid de ce faussé. Par chance il semble n’y avoir aucune casse, si ce n’est que le blond est effrayé par cet endroit confiné, je n’ai pas vraiment pu empêcher ça, le laissant se calmer comme il peut contre moi, la seule chose que je peux lui offrir dans l’immédiat est ma présence, le rassurer qu’il n’est pas seul dans le noir, mais que j’y suis aussi avec lui. Mais comme il le dit, il est plus résistant qu’il en a l’air et sans vraiment m’en rendre compte ce sont des mots que je pouvais entendre chuchoter à mon oreille, Shaka ne paraissait toujours plus « faible » que moi, son apparence faisant parfois pensait qu’il était une fille, mais il était bien plus fort, il fut mon soutien et ce petit homme m’a sorti des ténèbres, alors je peux l’entendre distinctement me dire, « je suis fort Ewon bak » des mots qui pourraient me soulager et pourtant qui ne font que me faire culpabiliser davantage.

Levant les yeux dans cette légère luminosité soufflant d’un ton évasif. « Mon fantôme le plus précieux~ » Je souris chaleureusement dans cette obscurité en me rendant compte à quel point il continue à vivre en moi quoi que je fasse. Mais l’heure n’est pas vraiment aux souvenirs ni aux confessions, sortir de ce trou reste notre priorité, même si je n’aime pas vraiment la proposition qu’il me fait. Se disputer dans cet endroit parce qu’on est en désaccord n’est peut-être pas la meilleure chose à faire, pourtant il ne semble pas content de ma protestation alors que je reste ancré sur mes positions.

« Tu es du genre entreprenant en fait ! » Balançais alors qu’il agrippait mon haut pour me lancer cette simple phrase sonnant comme un ordre me résignant à accepter, à contre cœur son plan d’ « évasion » Avant ça, cependant je lui demande s’il supporte d’être enfermé dans cette grotte, ce qui passe comme une crainte de mon côté alors que je ne suis pas du tout effrayé, juste inquiet pour sa phobie, le laisser derrière seul est ce qui me fait hésiter à entreprendre la sortie en premier, du coup je l’écoute un peu surpris pour répondre calmement, attrapant ses mains se desserrant de mon col pour le fixer.

« Il y a erreur. Je n’ai pas peur, pour être honnête je ne pense pas avoir peur de quoi que ce soit, même mourir ne m’effraie pas. » J’étais sérieux, après tout Shaka était surement déjà entrain de m’attendre, je me contentais de vivre à fond sans craindre les surprises de la vie, belles ou mauvaises, qu’importe. « Et la personne à qui j’aimerais transmettre un message est hors de ta portée, donc même si je devais mourir tu ne pourrais tenir cet engagement. » Je lui souris, j’étais sérieux et je me suis un peu laissé emporter par ses mots, tout en restant pourtant très serein, sans une once de perturbation quelconque dans mon comportement. M’éloignant un peu pour tâter le mur et la distance, je rajoute sans le regarder. « Je parlais de ta phobie, une fois que je serai sortie, supporte là. Je te promets de te tirer rapidement de cet endroit. » Je ne fais pas de promesse en l’air, que ce soit bien clair. « Bon aller, tu m’aides à monter ? » Je fais ce qu’il me dit, mais d’un côté c’est en effet la meilleure solution pour nous sortir de là tous les deux sans prendre le risque de se faire mal.

Un fantôme hein ? Il regretterait presque de lui avoir posé cette question. Alors comme ça, son meilleur ami le pensait mort, ne lui laissant pas la moindre chance de survive dans ce monde cruel. Même en levant cette man pour que quelqu'un lui vienne en aide, jamais personne n'était venu frapper à la porte de celui qui l'avait enlevé. Ils avaient tous abandonnés bien trop vite oui bien trop vite. Ses pensées furent interrompues par le refus d'obtempéré d'Ewon Bak. Le blond n'avait certainement pas l'intention de le laisser grimper seul avec lui sur son dos, afin qu'ils puissent remonter ensemble. C'était du suicide et un risque inconsidéré qu'il n'était pas près à prendre, si bien qu'il enroula ses doigts autour du col de sa veste dans l'intérêt de lui faire passer un message de façon claire et concise. "C'est loin d'être drôle." Il ne voulait pas jouer les brutes épaisses surtout que ca n'allait pas avec son caractère mais il le voulait en vie et à l'extérieur de se trou à rat le plus rapidement possible. Ils n'allaient pas y rester éternellement surtout que les abeilles s'étaient éloignées leur laissant le champ libre. Mais pour combien de temps encore ? Lorsque ses doigts de desserrèrent pour le libérer de son geste, il sentit ses mains se faire agripper en retour, le laissant perplexe. Il l'écoutait avec attention, conscient que ses paroles avaient obtenues l'effet escompté à ceci près qu'il n'avait pas vu venir la fin de phrase. Une fin qui l'échauffait d'autant plus qu'il s'évertuait à l'aider pour rester de ce monde. Et pourtant, ses mots furent à peine sifflés dans l'air. "Tu devrais prendre soin de toi, donner de la valeur à ta vie." Car d'autres la valorisait bien plus que la leur, il pensait notamment à lui et certainement à ses deux parents, qui même s'ils se trouvaient souvent éloignés de leur progénitures, seraient capable de tout pour le protéger "... sinon je le ferais à ta place."

Son nez se contenta de se froncer, sourcils arqués lorsque qu'il comprit que le fameux message potentiellement intéressant à transmettre lui était destiné. De quoi éveiller sa curiosité intérieure sans pour autant lui céder puisque cela reviendrait à lui révéler son identité et ça, il n'en était pas question. "Ok puisque tu le dis." Sa réponse semblait amère. Pourtant, un doux sourire glissa sur ses lèvres marquant le souvenir d'un enfant grimpant à un arbre à l'aide de son meilleur ami pour récupérer son cerf volant coincé dans une branche. Ce n'était pas la première fois qu'il l'aiderait de la sorte. Cette fois ci, son corps possédait plus de force que son aspect ne lui accordait. "Oh je ne savais pas que tu t'inquiétais pour moi, je suis touché" Son visage s'était tourné dans sa direction pour lui offrir un clin d'œil avant de se poster à ses côtés pour l'aider à prendre de l'altitude. Sans attendre un quelconque signal supplémentaire, il se posta entre ses jambes, sa chevelure blonde dépassée mais ses mains s'agrippaient à ses jambes. Sans tarder, il s'aida des muscles du dos et ceux de ses mollets pour pousser son corps vers le haut. Mine de rien, les épaules réussissaient à soulever un poids en muscle équivalent au sien voir même plus important de quoi l'aider à grimper. "Je vais m'en sortir. Il te reste du chemin à parcourir. Tu pourrais essayer de poser tes pieds sur mes épaules pour monter un peu plus ?" C'était la première option et si ca ne marchait pas, il lui ferait la courte échelle mais ce serait moins efficace que leur position actuelle. Linh Dan tentait de l'aider comme il pouvait en tendant ses mains dans sa direction s'il souhaitait s'appuyer dessus pour s'aider lors de son ascension. Si seulement, il avait écouté son instinct au moment de signer les papiers d'inscription à cette aventure et refuser d'y mettre les pieds comme il en avait l'habitude, il ne se retrouverait pas dans cette mauvaise passe. Surtout que ce trou ne semblait bien stable non plus. Une portion de terre venait de se détacher d'une des parois et s'était écrasée sur eux, laissant de fines particules de poussières, entrer par ses narines. De quoi lui déclencher une toux incontrôlable qu'il tentait de réprimer au risque de faire perdre l'équilibre à son binôme de la journée. "Continue... continue. Ca ne fait que confirmer que le temps presse." L'idée d'être enterré vivant semblait tout à coup beaucoup moins appréciable que de rester entre ces trois murs.  

Croire ou ne pas croire, que pourrais-je réellement penser de toute façon ? Shaka a été enlevé devant moi, ses parents, mes parents, les forces de l’ordre, qui que ce soit dans mon entourage, personne n’a été capable de le retrouver, même l’armée aurait pu se déployé, mon père aurait surement pu agir, je l’ai cru enfant et honnêtement, je le crois toujours maintenant.  Les années sont passés et c’est comme si mon meilleur ami n’avait jamais été là, pour moi il le sera toujours, mais dans cette ville, cette vie actuelle, personne ne le connais, je ne peux pas en parler non plus, pour moi il est réellement comme un fantôme hantant mon esprit en permanence, quoique je fasse je pense a ce qu’il ferait, a ce qu’il dirait, alors que ma vision de lui s’arrête a celle d’un enfant de sept ans...  Étrange n’est-ce pas ? Comment pourrais-je savoir ce qu’il serait aujourd’hui, ce qu’il dirait aussi, j’ai juste le sentiments qu’il a grandit en même temps que moi, je me focalise sur une image qui n’est peut-être que le reflet de ce qu’on vivait, de notre relation passée ?  Mais pour l’instant je ne peux pas laisser les souvenir se mélanger à la réalité, Linh Dan se montre plus qu’entreprenant pour me mettre les idées en place, il m’impose son plan et devant cette ferveur comment pourrais-je l’ignorer ?  

Je laisse les mots silencieux s’échapper pour prendre vie devant le blond, des paroles que je n’aurais surement jamais dite en temps normal, poussé par sa façon d’agir, j’ai succombé à la fatalité, même mourir ne m’effraie pas, je ne suis pas suicidaire, je ne cherche pas à mettre un pied dans la tombe, mais le jour où ça arrivera, je ne craint pas de l’affronter, si Shaka est là bas alors je le retrouver, s’il n’y est pas, je l’attendrai.  Un sentiment qui est encore une fois bien loin d’une pensée liant deux amis n’est-ce pas ? Il faut croire que cette relation m’a marqué plus qu’elle ne l’aurait dû.  Au mots du blond, je le regarde et souris un peu surpris par une telle « déclaration »

« Tu prendrais soin de moi ? » Je le taquine un peu, mais je suis touché par ce qu’il vient de dire, encore une fois ce sont des mots qui sonne comme une révélation, même si je ne peux changer ce que je suis, tout comme je ne peux changer le passé. Concernant le message si je venais à décéder, ce serait pas à mes parents qu’ils seraient dédié, en même temps que pourrais-je leur dire ? « Je suis désolé », « je vous aime », des mots qui me semble logique et pourtant jamais prononcés, mais c’est différent pour Shaka, j’ai tant de choses à dire, mais j’en ai perdu l’opportunité et Linh Dan ne pourrait rien y changer. Mais passons, on doit avant tout sortir de là et j’accepte l’aide du blond pour qu’il m’aide à grimper.  Un simple sourire devant ses mots et nous voilà déjà entrain de passer a l’action et rapidement sans vraiment m’y attendre je me retrouve soulevé par le blond, prenant ainsi plusieurs centimètre contre ce mur de terre.  « Yep, désolé d’avance. » Pour lui marcher dessus comme on marche sur un escabeau. Mes mains se pose sur a plat sur cette muraille à franchir, cherchant un truc où m’agripper, me redressant sur lui en forçant sur mes mollets, me redressant les doigts pleins de terre, essayant de ne pas glisser en arrière, le mur semble s’effondrer doucement et tomber sur Linh Dan, je peux stopper les chutes avec mes mains, mais certaines passent au travers.  Dans un élan, je tend les bras avant que cela n’empire, pour sauter hors du trou, forçant sur mes muscles, je réussi à grimper et remonter à la surface. Soufflant un coup, assis au sol, je ne perd pas une seconde pour me pencher au dessus pour regarder le blond. « Okay, on a réussi, ça va ? » Je me redresse en cherchant quelques chose pour le sortir de là. Une branche ? Elle a l’air plutôt solide.  La faisant descendre dans le trou.

« Tu penses que tu peux t’accrocher à ça ? Je te rattrape dès que tu es à ma portée. »

Un simple sourire lui fut donné pour réponse. Bien sur qu'il essayait de prendre soin de lui, de se rapprocher pour mieux s'ancrer, d'apprendre à le connaître, autrement que par des souvenirs. Ce n'était pas si facile de se rapprocher sans en dévoiler trop sur sa personne, sa manière d'être ses habitudes prises au fur et à mesure des années mais avec de la concentration, toutes formes d'automatisme s'effaçaient au profit de l'image qu'il désirait montrer. Mais laquelle ? Sans plus tarder dans ses pensées, il était temps de prendre les choses en mains car loin de lui l'idée de rester coincé dans ce trou, perdu au beau milieu de nul part. Personne ne les trouverait ni même ne penserait à les chercher car au final, qu'était-ce que deux vies de plus à nourrir et à s'occuper. Face à cet obstacle, il ne pouvait compter que sur lui même pour s'en sortir et vivre à nouveau à l'air libre. Son regard observait de tout son long, la surface de terre qui se dressait devant eux mais alors qu'il cherchait un moyen de l'escalader, il finit par se recroqueviller et le surélever comme un paquet de farine sur ses épaules afin de lui faire gagner de la hauteur. Certes, ce n'était pas mirobolant. Néanmoins, c'était toujours ca de prit. De plus, s'il réussissait à monter sur ses épaules, il diminuerait grandement la distance qui lui restait à gravir jusqu'en haut. "Y a pas de mal." Il se fichait bien de souffrir, de se faire marcher dessus, de l'aider comme il pouvait, tant qu'il réussissait à s'en sortir indemne. C'était tout ce qui comptait à ses yeux. Juste s'il pouvait lui accorder cette faveur afin d'apaiser l'angoisse qui s'emparait de lui. La terre qui dégringola, ne l'aidait pas à se détendre. Et s'il cachait plutôt bien les signes avant-coureurs de son mal être, il commençait à tousser fortement pour libérer ses poumons de cet envahisseur. Il n'arrivait plus à voir ce qu'il se passait au dessus de lui mais le poids sur ses épaules diminua d'un seul coup, le laissant à présent seul avec lui même au fond du fossé.

Ses yeux se tournèrent vers la lumière extérieure pour y voir deux pieds se hisser jusqu'à la surface, de quoi lui décrocher un sourire qui s'étirait encore et encore jusqu'à ce que sa mâchoire ne bloque la poursuite de ce mouvement. Tout ce qu'il pouvait voir c'était cette silhouette énergique, debout, à l'air libre qui cherchait un moyen de le faire sortir également.Ce qui l'importait c'était de le voir sain et sauf, hors de danger. L'angoisse semblait tout à coup inutile car même cette obscurité ne le dérangeait plus, cette noirceur qui l'entourait et qui l'opprimait dans cet espace exiguë. Son meilleur ami était enfin tiré d'affaire; Ce qui lui arriverait ensuite n'avait pas la moindre importance. Même si son coeur s'emballait au point de se rompre dans sa cage thoracique, il avait cette impression d'avoir fait ce qu'il fallait, de l'avoir aidé autant que ses forces le lui permettaient. D'ailleurs, le blondinet accusa le contrecoup de cet effort sentant son corps lui dicter ses lois en le faisant glisser sur le sol. A présent à genoux, il observait cet homme qui lui tendait une branche en guise de soutient à son ascension. Son regard pendu au sien, il cherchait la bonne réponse. Comment allait il se sortir de cette mauvaise passe ? "Ca va j'ai juste besoin de deux minutes. Juste deux minutes." A dire vrai, il n'avait pas la moindre idée du temps qu'il lui serait nécessaire pour supprimer ces effets secondaires, ni même ne savait comment il allait monter. Linh Dan ne voulait pas prendre le risque de le faire basculer une nouvelle fois avec lui surtout qu'il n'avait que cette surface plane qu'était le sol pour le retenir et ce n'était clairement pas un poids plume. Il espérait trouver un plan A, puis B et le garder comme plan C au cas où toutes ses autres issues ne pouvaient marcher.

Le mur qui lui faisait face l'aida à se remettre debout, difficilement, mais il restait tout de même ancré sur ses deux jambes. Ses paupières se fermèrent pour lui laisser le loisir de se concentrer un peu. Il espérait visualiser une route qu'il n'avait pas encore détecté dans cette froideur. Il voulait sortir rapidement, loin de lui l'idée d'y rester plus longtemps sans parler d'une expression qu'il refusait de voir sur le visage du lycéen, l'abandon. L'idée qu'il n'arriverait pas à le faire sortir, ca le rongerait surement. Une blessure profonde suffisait déjà amplement dans toute une vie, il n'allait pas lui en infliger une deuxième. Le blond finit par déposer ses mains sur la terre et y creuser un passage pour l'aider à escalader. Au bout de trois mouvements, son pieds dérapa, le laissant s'écrouler sur les fesses sans douceur. Heureusement pour lui ce n'était pas très haut. Il dépoussiéra ses mains sur son  pantalon et reprit son ascension de plus belle. Il n'allait certainement pas baisser les bras. "Je t'assure que je vais y arriver sans cette branche." Il n'était certes, pas très musclé et encore moins sportif, mais il était combatif, courageux et agile. La forme ne suivait pas par contre mais ce n'était qu'un détails. Quite à finir son escalade en apnée pour éviter une crise, il le ferait. Et alors que son bras vint s'accrocher à une des plantes rampantes pour s'aider, celle ci céda sous le poids exerçait, lui faisant perdre l'équilibre. Cette fois ci, la chute serait bien plus importante vu la hauteur parcouru. Il finit par battre des bras dans l'espoir de trouver un moyen de se raccrocher à quelque chose, à une main peut être ? Mais encore trop éloigné de la surface, il finit par se rattraper à la fameuse branche, de toute ses forces. Il ne voulait pas glisser d'avantage, il ne voulait pas tomber et risquer de s'écraser à même le sol sans autre moyen de s'en sortir. La peur de ne pas être à la hauteur cette fois ci ou de ne pas s'en sortir le gagnait petit à petit, surtout que ses bras, délaissés de toute énergie, tremblaient. Ses doigts s'accrochaient si fortement à la banche, qu'il s'écorchait par la présence, non lisse d'embranchements brutes. La douleur ne l'atteignait pas, il espérait seulement réussir mais il en était incapable par lui même. S'en était assez de devoir se battre tout seul, de se sentir à bout de force mais de continuer la marche pour survivre, d'espérer qu'un jour quelqu'un lui vienne à l'aide. Les désillusions finirent par s'estomper à mesure que le temps passait si bien que toute cette confiance qu'un enfant pouvait confier à ses semblables finit par s'éclipser. Pourtant, un pourcent de son âme réclamait le bénéfice du doute et avant même qu'il ne s'en rende compte, sa main s'étirait vers lui, cherchant de l'aide, juste un peu d'aide. "Aide moi ... je t'en supplie." Sa voix mourut dans sa gorge, laissant son regard de supplication oser réclamé de l'aide, un coup de main quelconque allant à l'encontre de ses principes, bafouant les blessures de son coeur. La fin fut dite si faiblement que seul le mouvement de ses lèvres pouvaient être comprit.    

Je ne suis pas vraiment habitué à ce que les autres veulent prendre soin de moi, ce n’est pas un reproche ni une façon de me prendre en pitié, je n’aime pas non plus attirer ce genre d’attention, tout comme je ne pense pas avoir besoin d’une personne à mes côtés. Quand j’avais besoin de quelqu’un je n’ai eu personne, aujourd’hui j’ai appris à me débrouiller tout seul, c’est ainsi que va la vie, elle nous forge et nous pousse avec les épreuves à continuer cependant d’avancer. Au moment où Shaka a été enlevé j’ai perdu plus que mon meilleur ami, je n’étais qu’un gosse, mais je le savais déjà. J’ai perdu ma lumière, mon allié, mon pilier, cette épaule où je n’avais pas peur de me reposer. Il était comme l’ange gardien qui répondait à mes besoins et je tentais d’en faire autant, mais je me suis retrouvé rapidement plongé dans l’obscurité, sauf que cette fois personne ne m’a tendu la main. Mon père s’est abonné absent une année durant, ma mère occupée par le boulot, je venais de vivre un traumatisme, mais je ne voyais personne à qui en parler, à qui expliquer ce mal qui me rongeait. Oui en effet, je n’étais qu’un gosse.

Aujourd’hui les années ont passé, je suis un adolescent plus proche de l’adulte que de l’enfant, mes compétences, ma façon de pensée, d’agir, je n'ai pas trouvé le moyen de continuer mon « enfance » sans Shaka. Entrainé à me battre, les journées sont passées entre ça et mes passions naissantes, mes potes du campus, mes conquêtes physiques, bref, je ne sais plus quand j’ai vraiment eu besoin de quelqu’un pour prendre soin de moi. Ce soir-là était peut-être l’un d’eux. Quand je suis rentré bourré pour l’anniversaire de sa disparition... C’est Linh Dan qui m’a aidé, aujourd’hui encore c’est lui qui me propose ça, on dirait que sa ressemblance avec Shaka n’est pas leur seul point commun.

Mais tout cela semble bien loin à cet instant, obligé de l’écraser pour rejoindre la sortie, je n’aime pas cette sensation de lui marcher dessus, je déteste même l’idée de le prendre pour mon escabeau, mais on n'a pas vraiment le choix et je m’en suis résigné. Très vite je réussis à grimper en usant d’une agilité qui m’est propre, atteignant la sortie rapidement en quittant les épaules écrasées sous mon poids du blond. Mais je n’ai pas le temps de me réjouir, à peine mon corps sur le sol extérieur je cherche un moyen de le faire sortir de là, je n’ai aucune envie de le voir enfermée dans ce trou tout seul en sachant sa phobie, c’est impossible. Une branche, ce fut la seule chose qui me sembla assez solide pour supporter le jeune homme sans casser, mais alors que je lui tends je remarque rapidement qu’il n’est pas bien, je ne suis pas idiot et il peut bien jouer la comédie, je fais seulement semblant de ne pas le voir pour qu’il ne soit pas forcé de m’en parler. Soufflant un bon coup, allonger ventre au sol la branche dans le vide, je lui dis alors que nos yeux se rencontres.

« Deux minutes... » La manière dont je lui dis montre bien que si je remarque qu’il faiblit de plus en plus je n’hésiterai pas à sauter dans le trou à nouveau. Mais finalement  je l’observe se redresser et tenter de grimper sans prendre cet aide que je lui tends.

« Qu’est-ce que tu fais, attrape la branche ! » Le voyant tomber je m’écriai rapidement. « Linh Dan, ça va ? » Bien sûr, j’étais inquiet, je détestais être impuissant devant le spectacle qui me faisait face... « Pourquoi tu ne veux pas simplement la prendre, je ne vais pas te laisser tomber ! » Je ne comprends pas... Monter sans aide ? C’est de la folie, pour le coup je suis vraiment dans l’incompréhension la plus totale. Seuls mes yeux pouvaient suivre ses mouvements et le voir grimper, mais une nouvelle chute et je tends le bras pour l’attraper, mais c’est bien trop loin, même avec la moitié de mon corps dans le vide, je n’y arriverai pas ! « Linh Dan ! » Je gueule son prénom affolé avant qu’il ne s’attrape à la branche, me tenant moi-même de mon côté à un appui fiable, je ne le laisserai pas tomber et s’écraser au sol ! Hors de question. Tirant doucement pour le remonter lentement, ma main prête à l’attraper. Je lisais son « help » dans ses yeux et j’étais troublé, même ses mots presque silencieux me parvenaient et ça me faisait mal. Me pinçant la lèvre je l’attrape par le poignet en le haussant, nos visages proches je lui souffle. « Idiot ! Qu’est-ce que tu penses que j’étais en train de faire... » Bien sur que je comptais l’aider ! Un nouveau mouvement et hop, il quitta le trou pour finir sa course sur moi, essoufflé et soulager à la fois, je laisse échapper mon inquiétude. « Bon sang, tu m’as fait flipper merde... » Je me redresse pour encadrer son visage de mes mains et le fixer dans les yeux. « Tu vas bien ? Tu ne t’es pas fait mal ? »

Des bribes de terres recouvraient par moment sa chevelure alors qu'il tentait une seconde fois l'ascension, seul devant un bloc qui lui faisait face, sans autre moyen que son courage pour s'en sortir. Il refusait l'aide qui lui était apportée par cette branche car elle semblait trop fragile pour supporter son poids. Sans parler du risque de tomber à nouveau tous les deux, au fond de cette fosse. Ils n'auraient pas la même chance à chaque fois. Le blond refusait de le perdre. Ce serait une toute autre personne, sa main l'aurait déjà attrapé sans aucune pitié dans le regard juste pour survivre au risque de perturber la santé de l'autre personne mais cette fois ci, il s'agissait de son meilleur ami. Le seul être qui comptait encore véritablement à ses yeux. Le savoir en sécurité là haut, lui suffisait amplement. Mais il ne comprenait pas d'où venait toute cette inquiétude à son sujet. Pourquoi prendrait il le temps de crier le prénom d'un étranger ? De lui apporter son aide ? S'il disparaissait là maintenant, ses parents adoptifs pleureraient surement sa disparition mais pour les autres ? Il n'avait pas d'amis proches, il n'avait pas non plus de relation particulière avec une autre personne et son meilleur ami ne connaissait pas sa véritable identité. S'il quittait ce monde cruel, son histoire disparaîtrait avec lui sans y laisser plus de traces qu'il ne l'avait déjà fait.

Son coeur lui criait de s'en sortir. Avec les quelques forces qui lui restaient, Linh Dan tentait de grimper jusqu'au sommet par ses propres moyens. "Non je risque de t'emporter avec moi." Des paroles dites avec beaucoup de sérieux jusqu'à ce que la plante ne cède sous son poids. Il sentit son corps partir en arrière, l'emportant dans les ténèbres d'un fond sans aucune autre vie ,accompagné par le son cette voix déchirante. Ses mains se levèrent à la recherche d'une solution jusqu'à ce qu'elles se perdent sur cette fameuse branche, s'accrochant avec volonté à cet outils de dernière minute pour rester suspendu dans l'air. La branche sembla tenir le choc tout comme son porteur à l'air libre. Un soulagement pour le lycéen qui semblait prêt à la lâcher si celle ci venait à mettre Ewon Bak en danger. Sa main pourtant, finit par se tendre dans sa direction à la recherche d'une aide. L'expression déchirée finissait de dépeindre les émotions vives qui s'accumulaient. Comment avait il réussi à survivre à cette expérience durant sept années ? Pourquoi trouvait-il toujours le moyen de croiser sa route au risque de le faire souffrir par sa présence ? Il espérait toujours des réponses devenues des questions silencieuses au profit d'autres demandes. Pourquoi était il partit aussi vite de leur ville natale après sa disparition ? Pourquoi personne ne l'avait recherché plus longtemps ? Sa vie n'avait elle donc aucune valeur pour que ces adultes ne finissent par clôturer son dossier par une potentielle mort non prouvée ? Son expression le rendait surement pathétique et fragile mais elle reflétait sa détresse. Lorsque son poignet fut entouré de cette main amicale, il sentit le poids sur ses épaules se lever sans être encore sortit d'affaire. Il ne risquait plus rien, le pire se trouvait derrière eux. "C'est toi l'idiot ... quelle genre de personne mettrait sa vie en danger pour sauver un étranger"

Avec l'aide de derniers efforts, son corps s'extirpa du fossé, laissant son corps s'écraser sur le sien. Son corps tremblait encore par la peur qu'il ressentait tout comme son taux d'adrénaline qui augmentait la fréquence de son rythme cardiaque. "Merci ..." Son regard cherchait à fuir le sien encore mouillé par les quelques larmes qui étaient retenues par la barrière de sa paupière, cherchant à les faire sécher par tous les moyens. Ses jambes le lâchaient incapable d'être porté par celles ci. Il se redressa tout de même, utilisant ses genoux comme soutient dans sa démarche jusqu'à ce que la chaleur de deux paumes sur ses joues ne l'arrête le forçant à regarder celui qui se trouvait droit devant lui. "Ha .... Oui je vais bien grâce à toi." Le blond finit par l'observer sous toutes les coutures pour s'assurer qu'il n'avait pas été blessé en cours de route pour l'avoir aidé à monter. Ses doigts endoloris par quelques égratignures, encore plongés dans l'herbe pour le soutenir, s'accrocha à ses poignets pour les déloger de leur position initiale et regarder ses paumes avec insistance. "Tu n'as rien de casser ? Tu ne t'es pas blessé ? " Son corps tout entier accusait le choc mais il lui restait suffisamment de courage pour qu'un fin sourire se glisse sur ses lèvres, se voulant rassurant à son égard. "Je sais que tu l'aurais fait pour n'importe qui mais merci pour ton aide ..... si tu voulais bien passer sous silence ....mes exploits pathétiques, je t'en serais reconnaissant." Une vérité difficile à dire mais depuis qu'il le côtoyait à nouveau, il le savait prompt à aider les autres bien qu'une part égoïste de lui même, apprécierait de le voir s'inquiéter pour une seule et même personne. Sans attendre, son corps se roula sur le côté, le laissant s'allonger sur le dos afin de récupérer plus facilement. Ses inspirations et expirations restaient visibles par le soulèvement de son tee shirt qui se gonflait puis reprenait sa forme d'origine. "Je n'aime pas les dettes, tu me donneras le prix que tu veux pour m'avoir aider." Ses paroles semblaient creuser la distance, conscient qu'ils étaient surement trop proches l'un de l'autre et un jour, ca finirait mal.  

Je ne comprenais pas, je lui offrais mon aide, la facilité était pour lui d’attraper cette branche que je lui tendais pour que je puisse le hisser hors de ce trou qui devait l’étouffer, alors qu’est-ce qu’il gagnait à vouloir le faire tout seul ? À rejeter mon aide ? Je n’arrivais pas à comprendre non, pas du tout. Mais j’étais impuissant, seul mon regard pouvait assister à la scène, à cette terre s’écroulant doucement sur lui, à ses échecs, pour finalement m’effrayait un peu plus, j’avais vraiment la crainte qu’il se fasse mal, du coup ça se montrer devant son prénom qui filtra mes lèvres inquiet. Et finalement ce fut cette chute qui aurait pu lui être préjudice qui l’obligea à se retenir à cette branche, j’étais soulagé d’enfin pouvoir le faire sortir de là, qu’il puisse s’y accrocher fermement je ne le laisserai pas tomber. Cette détresse dans son regard me heurta de plein fouet, je ne sais pas pourquoi, mais ce regard, cette expression, ses mots chuchoté, qu’a-t-il vécut pour être ainsi ? Je suis touché, troublé et en même temps curieux... Mais je ne peux pas lui poser de questions sur ce genre de blessure qui semble profonde, tout comme il ne m’en posera surement jamais sur les miennes, quoi que je puisse montrer un jour, serais-je capable d’en parler ? Ayant gardé le silence toutes ses années ça risquerait d’être compliqué. Je pense que je ne suis pas prêt à entendre « c’est du passé » ce genre de mots dit pour consoler, pour moi ce sont les pires.

J’ai souvent pensé enfant qu’ont me ramènerait Shaka, qu’un jour le téléphone sonnerait en apprenant qu’ils l’avaient retrouvé, mais ce fut seulement des espoirs vains, j’étais trop loin et trop jeune pour suivre l’enquête, mon père était resté un an là-bas, mais il n’y avait rien de nouveau, j’ai prié pour qu’il les aide à le trouver, mais je me suis voilé la face durant des années, les enquêteurs ont dit qu’il était trop tard, quand j’étais enfin assez grand, il semblerait que tout était déjà passé sous scellés me laissant dans l’incapacité d’espérer le retrouver, si mon cœur continuait d’y croire, je souffrais de trop espérer. Je me suis perdu dans mes propres pensées, essayant de me racheter, mais je ne pense pas y arriver. Agrippant cette main, je ne le lâcherai pas... Je le lâcherai jamais, qu’il soit un ami ou un « inconnu » il réveille en moi des fragments du passé.

« Et depuis quand tu es un étranger ! » Balançais-je sans hésiter en le hissant jusqu’à ce qu’il en soit sorti. Reprenant doucement mon souffle, ne manquant pas d’encadrer son visage pour m’assurer qu’il aille bien. Un soupire soulagé. « Tant mieux. » Ce fut autour du blond de me questionner et je souris chaleureusement en le rassurant. « Je vais bien. » Mais je remarque sans peine ses égratignures sur ses mains. « Il faudra désinfecter tout ça, tu es vraiment un idiot tu sais. Je ne suis pas faible, je pouvais te sortir de là, fais-moi confiance la prochaine fois au lieu de prendre sur toi. » Avais-je le droit de dire ça ? Est-ce que j’étais vraiment « fiable » qu’est-ce que Shaka en penserait lui ?

« Hum. » Acceptais-je à ses mots sans rien dire de plus, je ne voyais pas l’utilité d’en parler. L’observant reprendre sa respiration, je souris en me redressant, debout devant ce trou dans lequel on a été coincé, je me rappelle des piqures d’abeilles qui ont laissaient place à quelques petites « boule » rien de bien méchant, mais ça risque d’être désagréable un petit moment, tout comme pour Linh Dan. À ses nouveaux mots, je le regarde silencieux avant de détourner le regard un peu vexé.

« Alors fais comme si je ne t’avais pas aidé. Je ne considère pas la vie des gens comme une dette, si ça t’embête alors oublie que je t’ai tendu la main. » Je ne fais pas ça pour qu’on me doive quelque chose, sur le coup n’était-ce pas normal ? Puis. « De plus tu pourrais dire que tu m’as sauvé aussi en me permettant de sortir en t’utilisant, la « dette » n’est-elle pas payée ? » On était tous les deux dedans, le but était d’en sortir, non vraiment je n’aime pas ce truc de « dette » je ne comprends pas. Ça m’énerve un peu.

« On devrait retourner au camp, on s’est pas mal éloigné. » Je ne lui propose pas d’aide, si c’est pour entendre qu’il me doit quelque chose... Alors je lui dois quoi pour m’avoir aidé l’autre soir ? Sérieusement, je ne pensais pas que ça me toucherait autant, m’enfin c’est frustrant.

L'ambiance semblait se détendre petit à petit même si la partie "étranger" fut contestée dès qu'il l'avait évoqué. La vérité laissait parfois quelques dégâts sur ses traces sans pouvoir l'arrêter. Aujourd'hui, Linh Dan tentait d'en apprendre un peu plus sur lui mais certaines réserves l'empêchaient de poser les questions qui l'importaient vraiment, sentant comme une barrière invisible qui protègerait son hôte contre l'envahisseur. Il pouvait néanmoins se féliciter de connaître son enfance, ses habitudes, l'identité de ses deux parents. Le tout imbriquait dans sa mémoire bien que certain souvenir commençait à s'effacer, vouer à disparaître dans la nature sans aucun moyens pour les récupérer. Mais que savait Ewon Bak sur celui qui se nommait Linh Dan si ce n'était les réponses calculées qui lui furent donner au goutte à goutte ? Toujours la garde levée pour s'assurer qu'aucune fuite ne laisse présager sa véritable identité.

Sans dire un mot, il se laissa porter vers l'extérieur et s'assura rapidement qu'aucune blessure n'était à recenser sur son meilleur ami qui l'avait aidé et porté. L'observation fut rapide mais il constata l'absence de trace autres que les piqures d'abeilles peu sympathiques qui entrainèrent cette situation digne d'un film d'action. "Ok, ok ok ok ok " Ce mot répété le rassurait petit à petit. "Mais juste pour être sûr, tu passeras voir un professeur en rentrant." Quant à ses propres blessures, il n'en sentait pas la douleur, il trouvait simplement sa peau rougis par les globules rouges à l'air libre qui débutait le processus de cicatrisation dès leur sortie en plein air. Une blessure de plus ou de moins sur son corps n'allait rien changé et si leur présence devenaient disgracieuse, il pourrait toujours opter pour un nouveau tatouage afin de les dissimuler de façon indélébiles. "Ca va guérir tout seul." Ses doigts étaient observées sous toutes les coutures, arquant ses sourcils face à son interrogation. Ce n'était pas si moche et ne méritait pas d'attention particulière. Pour ce qui était de la confiance, c'était une toute autre histoire. Ses dents se serrèrent incapable de donner rapidement une réponse. Son coeur et son esprit furent blessé par l'absence d'aide, l'oubli, ou encore l'abandon qu'il ressentait encore tout au fond de lui et pour continuer à vivre parmi ses semblables, il n'eut d'autre choix que de placer son coeur dans une boîte qu'il ferma à double tour pour ne plus jamais ressentir quoique ce soit pour qui que ce soit. Sauf que depuis cette fameuse nuit, également la date anniversaire de son kidnapping, un premier verrou commença à s'ouvrir, puis un second et un troisième. Étrangement, sa présence le réjouissait autant qu'elle le faisait souffrir. "J'ai juste ... choisi une autre option qui n'a rien à voir avec le confiance." Il n'en dit pas plus, ca n'avait pas beaucoup d'intérêt. A chacune de ses actions, il pensait faire le bon choix et finissait pourtant par prendre la mauvaise route. C'était pourtant la seule qu'il connaissait à présent car bien qu'entouré de ses parents adoptifs qui tentaient de lui rendre une vie normale et ses camarades de classes qui souhaitaient l'intégrer au groupe, le blond se sentait toujours différent et seul. Ce monde empreint de négativité ne devait pas polluer le quotidien du brun. Aussi, il ne trouva comme autre parade, qu'une demande qui rendait son geste héroïque, intéressé. Ce qui jeta un froid dans leur conversation.

"Ok fait comme tu veux mais la proposition tient toujours." Peu à peu, son rythme cardiaque reprenait une pulsation normale. Ses jambes réussissaient à se mouvoir doucement. Un geste qui s'arrêta en écoutant les dernières paroles à son égard. "Non tu te trompes, je ne l'ai pas fait pour toi. Y a erreur sur la personne. Dis toi que c'était ma bonne action même si ce geste était purement égoïste." Sa voix était volontairement calme, le visage neutre et le regard posé sur le sentier qui se trouvait un peu loin. Cette fameuse aide il l'avait fait pour lui, parce qu'il n'aurait supporté de le laisser seul dans ce fossé, ni même de rester impuissant face à l'énergie qu'il aurait dépensé à pour remonter seul. Linh Dan ne pensait pas avoir la force de le soulever comme il l'avait fait pour lui. Rien que de penser à cette situation, ca lui donnait froid dans le dos mais en retour, les épreuves traversées par son ami lui semblaient beaucoup plus claires sans pour autant s'approcher de la vérité. Sa culpabilité ne faisait qu'augmenter et avec elle, le désire de l'épargner. "Tu as raison. Je te suis." Un fin sourire blessé apparut rapidement sur son visage avant de reprendre sa forme neutre. Ses mains poussèrent sur le sol au même titre que ses chevilles qui tentaient de le redresser. Tenir debout restait une action difficile mais il y parvenait c'était déjà pas si mal. Ses jambes débutèrent une marche tranquille se positionnant derrière le lycéen pour le suivre sans affronter son regard. "Je ne sais pas me repérer si je passais devant on va tourner en rond pendant des heures. Ca aurait été plus simple si j'avais pensé à ramener mon portable y a le gps intégré"

Mon corps n’avait aucune blessure, ce n’était rien du tout, la douleur est fictive dans mon monde, je pouvais la supporter et lui faire face, il était habitué à toutes ses choses, je n’allais pas pleurer pour quelques égratignures. Je n’aime pas vraiment entendre le mot « étranger » de sa bouche, certes nous avons communiqué qu’à quelques reprises, mais du moment où j’en connais déjà un minimum sur lui, son nom, son prénom, son âge, sa façon de cuisiner, de faire le thé, de sourire, de bosser seul sans aide, comme sa phobie, j’en sais assez pour ne pas le voir comme n’importe qui. Linh Dan est fermé à beaucoup de choses et je ne peux le forcer à penser comme moi, mais je n’hésiterai pas à le reprendre quand ses mots ne me conviendront pas. Dans tous les cas nous sommes sortis, hors du trou et de nouveau à l’abri. Il m’inspecte, je l’inspecte, il semblerait qu’on soit tous deux rassurés par le manque de bobos apparents. Il me demande de voir un professeur en rentrant alors que quand je lui dis de s’occuper de ses marques il me sort que cela guérira tout seul. Linh Dan est étrange parfois, il veut prendre soin de moi plus qu’il ne me laisse prendre soin de lui, rapidement je comprends avec tous les morceaux du puzzle que son passé à surement quelque chose à voir avec tout ça, mais je ne le questionnerai pas, on a tous nos secrets et nos boîtes les renfermant au fond de notre cœur.

Il a préféré prendre sur lui plutôt que d’accepter mon aide, même s’il me répond que cela n’a rien à voir avec la confiance je reste perplexe, mais je souris tout simplement pour ne pas douter, je n’ai aucune raison de le faire après tout. « Je vois. » Du moment qu’il va bien je n’ai pas besoin d’insister sur ce point, par contre l’entendre parler d’une « dette » me fait voir rouge, pour moi il n’y aucune dette entre nous, il m’a aidé, je l’ai aidé, en quoi devons-nous parler d’une quelconque « redevance » ça me tue et je n’hésite pas à laisser de côté mon ton amical et enjoué pour lui faire comprendre que je suis en désaccord avec sa façon de voir les choses cette fois-ci. « Pas pour moi. » Rajoutais-je simplement. Je ne verrai pas ça comme une dette et même s’il insiste je n’ai pas dit mon dernier mot. « Égoïste ou non je suis sorti avec ton aide, quand j’étais bourré tu m’as aidé aussi, puis fait à manger, on doit parler de dette là aussi ? Laisse tomber, je déteste ça. » Ça se sent rapidement que je suis loin d’apprécier cet échange et j’en conclus qu’il est temps pour nous de rentrer, il faut se mettre en route les abeilles nous ont éloigné du camp. Si en temps normal j’aurai proposé mon aide, cette fois je l’ignore totalement, si c’est pour entendre « je t’en dois une » je préfère fermer les yeux, du moins ça vaut le coup deux minutes, si je remarque qu’il a du mal je n’hésiterai pas à l’aider et tant pis pour ses redevances stupides. Je suis comme ça et on ne change pas facilement sa façon d’être.

« Tu n’as qu’à me suivre, je te ramènerai au camp sans problème, je ne fais pas ça pour toi, mais pour ma conscience ça devrait aller ainsi non ? » Je souris simplement avant de me mettre en marche, récupérant mes affaires, on ne devrait pas rencontrer de problème en rentrant.

Lorsqu'on sème le vent on récolte la tempête. Linh Dan l'apprenait à ses dépends. Le mot "dette" semblait très mal choisi et pourtant il ne comprenait pas pourquoi il était aussi mal pris. Le blond n'arrivait pas à trouver un autre mot plus efficace et simple d'utilisation. De toute manière il était déjà trop tard, la machine était lancée à pleine vitesse, rejetant sa nouvelle proposition de façon net et précise sans lui laisser le temps de protester à nouveau. De quoi mettre mal à l'aise le blond qui ne savait pas comment répondre à ce type d'information. Bien sur qu'il l'avait aidé mais seulement lorsqu'il comprit son identité,derrière ce nom familier et ce visage qu'il n'avait pas reconnu. C'était si difficile de mettre de côté sa culpabilité, de se dire qu'une personne chère à son coeur lui semblait étrangère. Il voulait l'aider au mieux, l'accompagner, réapprendre à le connaître parce qu'il était lui et personne d'autre. Sans quoi, Linh Dan l'aurait laissé dans son coin sans lui apporter son aide ni même ne se serait intéressé à lui. C'était la dur réalité, celle qu'il conservait au fond de lui. Il voulait calmer cette voix intérieure qui lui sommait de se racheter encore et encore jusqu'à la fin de ses jours parce qu'il ne méritait pas une vie normale et encore moins d'avoir une seconde chance. Sans attendre, un soupir s'échappa de ses lèvres qui en disait long sur son état d'esprit mais fini par capituler de peur d'envenimer d'avantage la discussion. Le but n'était pas de se le mettre à dos. "Ok je passe l'éponge. Personne ne doit rien à personne et on oublie ce qu'il s'est passé. Content ?"

L'heure tournait assez vite et même si le lycéen n'avait pas rapporter de moreau de bois pour les cuisines, il était temps de laisser la forêt tranquille et de rentrer au plus vite au campement, rejoindre les autres membres de cette aventure pour clôturer cette journée un peu trop riche en rebondissement. Son corps se plaça en retrait, derrière Ewon Bak pour s'assurer de ne pas croiser son regard. Cependant, dès la première phrase, il comprit qu'il était surement allé trop loin. Il ne voulait pas être traité de cette façon ce qui s'avérait contradictoire avec son comportement précédent. Arf il ne savait plus quoi faire. Ses mains glissèrent dans sa chevelure pour l'aider à réfléchir plus vite et une seule idée lui parvint. "Ca me va. Merci." l'une de ses mains attrapa le bas du tee shirt de son ami entre deux doigts pour s'assurer qu'il le suivrait sans encombre avant de souffler doucement. "Ne le prends pas mal, j'aimerais juste que tu ne t'inquiètes pas pour quelqu'un comme moi." Ce furent d'ailleurs les dernières paroles prononcées durant le périple. Pas question de devenir un fardeau pour une autre personne. Tant qu'il prenait soin de lui, Linh Dan ne demandait rien de plus. Ca lui suffisait amplement. Mais juste pour cette fois, il suivait ses pas pour arriver à bon ports car son orientation était plutôt mauvaise. A force de chercher et de ratisser toute la forêt, il trouverait surement la sortie de ce labyrinthe arboré juste que ca lui prendrait plusieurs heures inutiles sans rentrer les mains remplis comme il l'avait promis à la base. Au bout d'une heure de marche et de traversée de sentier, les premières images de tente mal montée lui arracha un sourire. C'était si bon de retrouver la civilisation mais il n'en oubliait pas les blessures de guerres gagnées par la même occasion. Il profita donc de sa position pour le pousser vers la tente des professeur car il voulait absolument montrer ses piqures d'abeilles folles et y apporter les premiers soins. Le blond suivrait le diagnostique par la même occasion avant de regagner sa tente.