Le petit semble à présent perdu dans ses pesées. C’est ce que je lui ai dit qui le met dans cet état là ? Bah, si ça lui met du plomb dans la tête ce n’est pas plus mal. Peut-être n’aurais-je pas du lui raconter, c’est mon histoire privée après tout… J’aurais dû jouer mon rôle d’hôte et inventer une autre histoire… D’ailleurs repenser à Akira me donne un peu de vague à l’âme c’est bizarre… Un soupire m’échappe et j’attrape la bouteille de champagne pour me servir. J’ai même le temps de finir ma coupe en la dégustant avant que le mioche ne réagisse.

Mais d’un coup il se jette sur moi en m’enlace le cou. Il me surprend tellement que je lâche ma coupe qui rebondie sur l’épaisse moquette. Euh… Je dois réagir comment moi ? j’hésite un peu mais mes bras se referment sur son dos doucement. C’est bizarre comme il s’emble s’accrocher désespérément à moi, j’avoue que c’est assez agréable. Je ferme alors les yeux et j’en profite le temps que ça dure. Mais soudain un raclement de gorge se fait entendre. En rouvrant les yeux, je tombe sur le boss qui nous regarde, d’un air moqueur.

« Bon les enfants, je veux bien croire que c’est une agréable soirée, mais faudrait tetre penser à rentrer hein… Le club va fermer. »

« Ah euh… Oui désolé patron… » Je lui réponds en essayant de faire se détacher le petit koala. « Hey… il est temps de bouger tu sais… » Mes doigts passent alors sur les côtes du jeune et je le chatouille doucement.

« T’as de la chance de ne pas payer ce soir mon petit… Sinon tu serais ruiné vu le temps que t’as passé là… » Rigole le boss.  « C’était une agréable soirée au moins ? Tu commences à voir ce que va être ton job ? »

Tiens, je pensais qu'il allait me repousser, mais nan et même il m'enlace aussi. Il est vraiment musclé, je me sens bien et protégé dans ses bras. J'y resterais bien du coup. Et d'ailleurs j'y reste… jusqu'au moment où une voix dans mon dos me fait sursauter. Mon nouveau patron. J'étais tellement absorbé par lui, que j'en ai oublié où je me trouvais et depuis combien de temps. Je rigole comme un gosse en sentant Nao me chatouiller un peu pour que je le lâche. Mou j'étais bien moi…

- Je… Oui c'était très agréable, balbutié-je en ayant la désagréable impression d'être redevenu écarlate. Je pense que je me représente mieux ce que… enfin ce que j'aurais à faire. Merci de ne pas me faire payer…

J'ajoute pas que de toute façon, si en cours de soirée j'étais pas passé du statut de client à celui de nouvelle recrue… j'aurais absolument pas pu régler ne serait-ce que le quart de la note dont je veux même pas imaginer le montant total.

- Quelle heure est-il au fait ? demandé-je.
- Presque quatre heures du matin, petit, répond mon nouveau patron, manifestement amusé que j'ai à ce point perdu la notion du temps. C'est pour ça que je dis qu'il est temps de rentrer chez toi. Demain, on verra ce que tu donne sur le terrain. Allez bonne nuit.

Il pose une main sur mon épaule, puis s'éloigne vers son bureau et moi j'écarquille les yeux, soudain paniqué. Quatre heures ?! Mais non seulement je n'ai plus de train pour rentrer depuis des heures, mais le dortoir doit être fermé depuis encore plus longtemps ! Comment je vais faire ?! Où je vais aller ?! J'ai pas les moyens de me payer l'hôtel !
Aux abois, je me tourne alors de nouveau vers Nao, presque en larmes.

- Je peux pas rentrer au dortoir… Où je vais aller ? fais-je en priant intérieurement pour qu'il ait une solution miracle à mon problème. Je veux pas dormir dehors…

Pfff le boss il trouve toujours le moindre prétexte pour rigoler. Et bizarrement c’est souvent de nous qu’il rigole. M’enfin là, avec le koala, j’avoue que ça peut sembler marrant. Et le mioche a l’air bien chatouilleux… Un bon truc pour l’embêter plus tard alors héhé. Hahaha il a pas fini de bafouiller je le sens, quand il sera face aux clients, si il bafouille comme ça, ils vont le croquer tout cru hahaha. Surtout si il rougit comme ça… Rhalala il va faire fureur, surtout un petit innocent comme ça.

Le voir comme ça me fait rire… Et puis comme la soirée est aux frais de la maison, autant en profiter pour picoler encore un peu, même si je crois que je commence à être un peu pompette. Et puis les petits fours sont bien bons, et l’alcool ça ne calle pas l’estomac. Du coup le temps que le boss et le mioche causent, je me sers dans le plat de petits fours, miam…

Quatre heures ? Déjà ? Ah oui, je ne pensais pas qu’il était si tard. Pour ça que je me sens fatigué alors. Hum.. Un bon massage, qu’est-ce que ce serait bien avant de dormir. Déjà parti dans les brumes d’une bonne nuit, même si le matelas n’est pas des plus confortables, j’aperçois un petit koala qui semble sur le point de pleurer. Hu ? Qu’est-ce qu’il a ?

« Hu ? Nani ? » ah il est trop tard pour rentrer chez lui… Ah bah voui… « Bah ya pas mal de ponts qui sont pas mal pour dormir dessous… » Bah voui je le sais bien moi je les ai presque tous testé… Ah euh tetre pas le bon truc pour le petit mignon… « Euh… Ya un hotel pas loin… Ou sinon faut demander au boss si il a de la place pour toi… Si tu lui sors une bouille de chaton il acceptera p’tetre… » Je finis de parler en baillant fortement. Oula celui la je l’ai pas senti venir...

Honnêtement? JE me vois pas, mais alors pas du tout demander de l'aide au patron sur ce coup là. J'ai pas envie de passer pour un gosse, déjà que j'en ai l'air. Et j'aime pas dormir à l'hôtel en plus, j'ai pas confiance dans la façon dont le personnel tient les chambres. Et si…

- Tu pourrais m'héberger toi ? demandé-je de nouveau avec ma plus belle tête de chat potté. Je me ferais tout petit, promis… S'il te plait…

Je frôle le pathétique là en plus du reste, j'en suis parfaitement conscient, mais il faut dire que je n'ai pas des milliers de solutions ni des tas de cordes à mon arc. Du moins pas encore. Bon, vu que je suis méga collant depuis le début de la soirée, qu'il doit en avoir marre de moi (surtout qu'il va devoir me supporter comme kohai soir après soir aussi alors qu'il n'en mourrait pas spécialement d'envie) et qu'il est pas franchement réceptif à mes déclarations, il y a assez peu de chances qu'il accepte et donc de très grandes que je me retrouve quand même à l'hôtel malgré le dégoût que ça me procure. Mais hormis le coup de l'hôtel qui me rebute, j'ai aussi pas la moindre envie de me séparer de lui. Enfin il faudra bien que j'aille en cours malgré tout, mais rien que de penser à ces cruelles heures de séparation, je sens un froid glacial s'immiscer dans mon cœur. Surtout que je ne le reverrais que demain soir et encore, de loin puisque je commencerais véritablement mon nouveau travail d'hôte. Et rien que de penser à ce jeu sensuel qu'il va jouer avec ses clients, je sens le serpent de la jalousie me mordre sauvagement. Non non, Kazu, il ne faut pas que tu pense comme ça, ce n'est pas le bon état d'esprit.
Sortant de mes pensées, je me reconcentre sur mon sublissime Nao, attendant sa réponse avec anxiété.

Après le premier bâillement qui m’a échappé, les autres sont encore plus difficiles à retenir. J’ai l’impression que le sommeil m’est tombé dessus d’un coup. Pfiouf fatigué. Mon lit m’attend, il me tend les bras, je sens que je vais couler sous la couette avec délice. Un mouvement sur mon bras me fait revenir à la réalité, mon regard se pose alors que le petit koala larmoyant attaché à moi. Il veut quoi déjà ? Ah… Que je l’héberge ? Hum pas sûr que je puisse… c’est réservé aux employés, pas aux clients… Ah mais c’est vrai qu’il va devenir host dès demain… Pfff mal au crâne.

« Ai-je vraiment le choix ? » Encore un bâillement m’échappe. « Vu comme t’es accroché, j’aurais du mal à t’envoyer dormir ailleurs… »

Tous les clients sont à présent partis. Je me lève alors de la banquette, je suppose que le mioche va rester accroché à mon bras. Je trouve le boss un peu plus loin, en train de ranger quelques chaises, je m’approche de lui pour lui souhaiter bonne nuit.

« Boss… Je vais dormir, je ne tiens plus… »

« Ok, bonne nuit Nao… » Me répond le chef avant de reprendre en désignant le petit. « Et lui ? »

« Le petit koala va squatter ma piaule, un peu tard pour trouver autre chose pour dormir. »

« Ok… Pas de bêtises avec lui hein… » Rigole le chef, goguenard.

« Pas de soucis, suis trop crevé pour ça… »

Sur cet intermed, j’entraine le petit koala vers une porte dérobée dans un coin du club, puis dans un escalier, avant d’emprunter un escalier et de m’arrêter devant une porte, mon palais, hum bien qu’un peu médiocre comme palais. J’ouvre la porte et entre dans la pièce, et m’étire, las de fatigue.

« Bienvenue chez moi… Installe toi je reviens. »

«Je prends mes affaires de toilette, quelques vêtements propres et ressors pour aller à la salle de bain qui se trouve dans le couloir. Après quelques minutes d’une douche expresse, je reviens vêtu d’un boxer et une serviette autours des épaules. Je fini de me sécher rapidement avant de plonger sous ma couette. Le koala ? Je ne fais même pas attention à ce qu’il fait que je m’endors déjà en quelques minutes.

J'ai tellement peur qu'il dise non et que je me retrouve à dormir dehors, que je soupire de soulagement en l'entendant accepter. Bon, je lui ai un peu forcé la main avec ma tête de chat potté, j'avoue, mais au moins j'ai un toit pour la nuit. Et cerise sur le gâteau, je vais rester près de lui. Bon, j'avais vraiment pas ça en tête en lui posant la question, mais le fait est… que ça m'arrange.
Je le suis donc quand il se lève et le suis comme son ombre, y compris quand il va saluer son patron qui est aussi le mien maintenant. Je me surprends à sourire tout seul au surnom dont il m'a gratifié. "Petit koala". Je ne sais pas si c'est du au fait que je le scotche, au fait que je suis petit ou mignon. Ou les trois. Mais dans tous les cas, ça veut dire qu'il me trouve vraiment mignon et ça, ça me fait très plaisir.

- Bonsoir, fais-je ensuite sans quitter ce sourire. Merci de me donner ma chance. J'espère ne pas vous décevoir
- Je pense plutôt que c'est toi qui va déchanter, petit, me répond-il. Mais tu es majeur, c'est à toi d'assumer tes décisions. On verra demain soir de quoi tu es capable.

En disant ces mots, il pose une main sur mon épaule et retourne vaquer à ses dernières occupations de la soirée et je me sens devenir cramoisi à son évocation d'éventuelles relations physiques. J'emboite donc le pas à Nao en direction d'une porte invisible des clients. La porte en question donne sur un escalier peu éclairé, débouchant sur un couloir un peu… pas glauque mais… je ne sais pas, j'imaginais plus chic.
Il ouvre ensuite une porte et m'indique que c'est sa chambre. C'est minuscule, du coup j'ai un peu de scrupules à squatter mais bon, c'est fait maintenant.
Je hoche la tête quand il m'annonce aller à la salle de bain et passe les quelques minutes que prend sa douche à observer le petit espace que le patron du club lui a alloué. Je me demande si tous les hôtes ont la même dimension ou si c'est juste lui.
La porte s'ouvre et je me retourne pour lui demander si je peux en prendre une aussi… mais la question meurt sur mes lèvres devant le spectacle que j'ai sous les yeux. Nao est revenu encore mouillé et uniquement vêtu d'un boxer qui ne laisse rien à l'imagination. Les gouttes d'eau qu'il n'a pas essuyées roulent sur sa peau dorée, soulignant une musculature plutôt impressionnante que son costume d'hôte ne laissait pas deviner. Je déglutis péniblement, ayant soudain chaud mais incapable de détacher mon regard de lui. Pourtant il parait ne se rendre compte de rien et va directement se coucher, comme si je n'étais pas là. Je devine qu'il s'est immédiatement endormi, mais étant donné la forme olympique que tient désormais mon bas-ventre, il va d'abord me falloir une douche froide avant quoi que ce soit d'autre. Je cours donc à la salle de bain que je trouve en ouvrant successivement les deux portes faisant face à la sienne et me glisse sous l'eau. Je tremble de froid en en sortant, mais au moins je suis calmé. Sauf que j'ai vraiment froid maintenant. Retournant à la chambre en boxer moi aussi, il ne me faut qu'une fraction de seconde pour décider quoi faire. Je me glisse donc tout contre lui dans le lit et me blottis dans sa chaleur. C'est là que je suis rattrapé par la fatigue et je sombre à mon tour.