Le temps passait tellement vite. Les fêtes de Noël arrivaient à grand pas et les petits de la garderie s’agitaient de plus en plus. Pourtant, cette fête n’était pas primordiale aux yeux de Natsuki qui ne lui avait jamais porté un grand intérêt. Elle préférait rester seule chez elle, à lire un peu, plutôt que sortir en compagnie de personnes qui auraient pu la juger pour son comportement particulier. Elle savait que c’était étrange et que certaines personnes trouvaient son attitude atypique, mais cela ne l’inquiétait pas vraiment. Au fond d’elle, elle voulait simplement éviter la nostalgie des fins d’années, cette période à laquelle il était plus facile de penser aux choses qu’elle avait manquées.
Ses lèvres s’étirèrent en un sourire attendri lorsqu’elle croisa le chemin d’une petite famille tandis qu’elle remontait la rue du café où elle prenait habituellement ses pauses. L’enfant, comme tous les autres, semblait surexcité. À force de travailler avec ces petits anges, elle avait presque l’impression d’être devenue mère, elle aussi, alors qu’elle ne possédait ni compagnon ni progéniture. Deux choses qu’elle ne recherchait pas spécialement, d’ailleurs ; elle aimait juste les voir évoluer, grandir, et c’est avec une certaine fierté qu’elle le faisait, encore plus lorsqu’elle croisait des enfants qu’elle avait connu bien plus jeunes.
Natsuki prit doucement la direction de l’entrée du café, cherchant son portefeuille dans le fond de son sac à main alors qu’elle s’approchait du comptoir, afin d’y prendre l’argent nécessaire pour son achat. Elle commanda ensuite un café sucré qui ne tarda pas à arriver et qu’elle paya sans délai. Restait à trouver un endroit où s’installer, dont elle se mit en quête quelques instants plus tard, sans prendre attention au reste.
La sensation du café brûlant qui éclaboussait ses pieds lui fit fermer les yeux en un gémissement de douleur difficilement étouffé. Son gobelet lui avait échappé après qu’elle soit rentrée dans une personne qui passait par là, et son contenu était désormais répandu sur le sol de l’établissement, alors que Natsuki relevait les yeux, coupable, vers la personne qu’elle venait de heurter et qu’elle avait peut-être brûlée.
« Aaah ! je suis tellement désolée, s’exclama-t-elle, pris d’une soudaine panique, vous allez bien ? »
Bien que les chances soient minces, elle voulait s’assurer que la jeune femme qu’elle venait de heurter malencontreusement n’avait pas été blessée par sa faute. Avec sa chance, elle était brûlée. Elle allait se faire détester pour une maladresse déplorable. Décidément, elle devait aller s’acheter un peu d’attention, parce qu’elle était de plus en plus distraite à mesure que le temps passait. À cause de cet accident malheureux, elle était incapable de réagir naturellement ; ses mains tremblaient, elle s’agrippait désespérément à la lanière de son sac à main, ses yeux posés sur les pieds de son interlocutrice, alors qu’un membre du personnel s’était approché d’elles pour vérifier que tout allait bien et ramasser les déchets qu’elle avait involontairement produis. Non, tout n’allait pas bien, elle venait de faire une erreur de plus. Elle ne cessait d’en commettre. Il faudrait l’enfermer pour ça.
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