TENUE † Je roule des yeux de manière malicieuse quand elle dit que je suis le meilleur, un sourire au coin de mes lèvres. ça me fait toujours plaisir de l'entendre, puis à force je vais vraiment finir par croire que je suis le meilleur du monde entier. La gêne n'existe pas entre nous, enfin presque pas. Avec l'âge, il y a des choses qui changent et deviennent moins évidentes, mais je ne vais pas me plaindre pour autant. Ce n'est pas comme si je voulais voir le corps dénudé de Sumiyo, pas qu'il soit désagréable à voir, mais voilà je ne suis pas un pervers ou quoi. « Il y a une différence entre être mignon et être beau. » Soulevais-je avec amusement, cherchant juste à chipoter pour un mot. Je ne veux pas faire tomber toutes les filles, ce n'est pas mon objectif. Puis, ce n'est pas non plus comme si je voulais que mon physique attirer quelqu'un, je veux dire... Je ne porte pas tant attention à ce détail-là, autant dans un sens que dans l'autre. Si on doit m'aimer, ça ne sera pas pour mon apparence extérieure. Sumiyo s'emballe et on se retrouve à courir jusqu'au temple, prenant soin qu'elle ne trébuche pas dans sa course, sans la perdre de vue, ni lâcher sa main. à sa confirmation, je récupère mon portable dans ma poche et photographie les alentours, les arbres, le chemin, le haut du temple qui dépasse, un peu tout. Je prends les fontaines, les temples, les oiseaux, l'eau, Sumiyo et les poissons. Son rire, son sourire, ses doigts. Puis elle file à ma grande surprise, perdant ma contemplation. L'amour ? Sortant une pièce de ma poche, je choisis mon signe et observe le papier. « Faites attention au parapluie. » D'accord, y a une grosse différence entre le sien et le mien. « On échange ? Je te laisse le parapluie, je prends l'amour. » Bah quoi ? Qui va s'amuser à savoir si c'est pour moi ou pour elle ? Bon, je ne lui souhaite pas de malheur avec un parapluie. « ça dure combien de temps à ton avis ? La journée ? La semaine ? Le mois ? L'année ? Je dois me méfier jusqu'à quand ? » Avec un peu de chance, il ne pleuvra pas avant que ma bonne aventure soit terminé et là, je n'aurai plus à me questionner.

TENUE † « Il y a une différence entre être mignon et être beau. » Et donc ? Il préfère que je lui dise qu’il est beau que mignon ? C’est ça qu’il me dit là ? Mes yeux se clignent à plusieurs reprises, alors que je le fixe. « Bae ? Tu préfères quand je dis que tu es beau ? Ou que tu es mignon ? » Je voulais savoir moi. Il grandit, et apparemment il doit préférer le mot beau. Ça faisait surement bien plus viril que mignon qui restait pour les enfants. Ah. On grandit trop vite. Bae, change, et parfois je ne suis pas, c’est bizarre quand même. Courant, jusqu’au temple, on y arriva bien vite. C’était tellement calme et beau. C’est comme si nous étions dans un autre monde. Silencieuse, j’avançais pour visiter en regardant un peu autour de nous. Finissant par sortir une pièce pour voir une prédiction, j’ouvrais le papier en fronçant les sourcils. L’amour n’est pas loin ? Ah bon ? Regardant Bae faire de même je me penchais pour lire en même temps que lui. « Faites attention au parapluie. » Au parapluie ? Il va se faire empaler par un parapluie ? Frapper ? « On échange ? Je te laisse le parapluie, je prends l'amour. » Hein ? Le regardant surpris, je finis par faire une moue boudeuse. « Non. Je n’échange pas. Pourquoi ? Tu veux une petite-amie ? » Je le regardais un peu méfiante. Depuis quand Bae voulait une fille auprès de lui ? Je ne lui suffis pas ? Il veut une petite-amie pour me délaisser ? « ça dure combien de temps à ton avis ? La journée ? La semaine ? Le mois ? L'année ? Je dois me méfier jusqu'à quand ? » J’haussais les épaules en prenant nos papiers pour les jeter dans la poubelle. « On s’en fiche, je te protègerai au péril de ma vie, dès qu’il pleuvra. » J’attrapais son appareil photo avant de le régler pour pouvoir faire une selfie. Me collant à lui, je posais mes lèvres sur sa joue avant de prendre une photo. La regardant je fis une grimace. « Je suis moche. Je ne sais jamais prendre de photo ou me mettre à mon avantage. »

TENUE † Ai-je vraiment une préférence sur ce terme-là ? Dans un premier temps, j'hausse mes épaules de manière à dire que, dans le fond, je m'en fiche un peu. « Les deux, je n'ai pas vraiment de préférence. » L'un comme l'autre, ça reste un compliment. Puis quoi qu'elle dise, ça reste d'une meilleure ami à son meilleur ami. évidement, à mon âge, je préfère un peu qu'on me trouve beau que mignon... Parce que bon, je ne suis plus un bébé. C'est difficile de vouloir grandir quand on est ami avec Sumiyo. Je n'ai pas envie d'être un adulte en sa présence, mais je ressens aussi le besoin d'être grand en dehors de notre amitié. Je ne sais pas, c'est bizarre comme perception. Le temple me fait oublier ce genre de question, adolescent, adulte, je m'en fous quand je suis ici avec elle. Sumiyo récupère une prédiction, je tente aussi le coup mais suis assez déçu du mien. Faire attention au parapluie. ça sent une prédiction apocalyptique, tout ça. Elle ne veut même pas échanger avec moi, soupirant de déception. « Bah oui que je veux une petite amie! » Elle sait bien que je suis fleur bleue et que j'attends la princesse charmante. Je n'ai jamais dit que je voulais la délaisser, juste vivre une histoire d'amour comme dans mes shojos. « Ah ! » Elle venait de jeter nos papiers à la poubelle ! Me protéger ? Je suis quoi, au juste, une fille ? J'aurai bien boudé si elle n'avait pas saisi mon appareil pour nous prendre en photo, légèrement étonné. « C'est faux, tu es très belle sur les photos. » Dis-je en regardant moi-même l'image. Pourquoi vouloir se mettre à un quelconque avantage alors qu'elle est bien naturellement. « On refait une prise! » Je prends l'appareil, le lève avec un sourire et reprends une nouvelle photo après avoir pincé la joue de Sumiyo. Pas besoin de faire le top-model, tant que c'est naturel. « Regarde, c'est toi. La Sumiyo que j'adore. » Ni plus, ni moins. Ma Sumiyo, ma meilleure amie.

TENUE † « Les deux, je n'ai pas vraiment de préférence. » Ah bon ? Je cligne plusieurs fois des yeux en le fixant. Bon, ben s’il le dit, je le crois. Je ne pense pas qu’il me mente de toute façon. Bae, ne me mentait pas. Je crois. J’haussais les épaules en marmonnant un rapide « d’accord. » Pour l’instant il fallait qu’on aille au temple, même si ce n’était pas loin, et qu’on a couru pour y aller, à présent, on se prélassait quelque peu de la vue, qui était agréable, mais aussi du silence. Faire ce genre d’activité avec Bae c’était vraiment cool. Parce que je ne voyais pas avec qui d’autre le faire. La complicité qu’on avait été agréable. Il n’y avait pas à dire. Nos prédictions tirées, je fus amusé de la sienne. Mais lui, apparemment il voulait échanger. Moi, je ne voulais pas. Il était hors de question que l’on échange nos prédictions. Ah ça non. « Bah oui que je veux une petite amie ! » Je secouais la tête de façon négative tout en plissant le nez. « Non, non, garde ton parapluie maudis là. Ce n’est pas ton heure. Et puis si t’as une copine, qui c’est que je vais embêter ? » Il allait m’abandonner, ou alors elle serait jalouse de notre amitié, et lui monterait la tête contre moi. Comme dans les films quoi. Et ça c’était hors de question. Je ne voulais pas. Prenant des photos ensemble, je râlais un peu, parce que les photos que j’avais prises… N’étaient pas tiptop… « C'est faux, tu es très belle sur les photos. » Mouais. Je le regardais du coin de l’œil. Pas très convaincu. « On refait une prise! » Sans trop avoir le temps de dire quoi que ce soit, on refit une photo ensemble. « Regarde, c'est toi. La Sumiyo que j'adore. » Fronçant les sourcils je me reculais, mains sur les hanches pour le détailler longuement. « Pourquoi ? Y’a une Sumiyo que tu n’aimes pas ? » Oh, oh. Je voulais savoir. Je fis mine d’être vexée en croisant les bras sous ma poitrine. « Tu ne m’aimes même pas comme je suis. Je suis triste. » Lui tournant le dos, pouffant de rire en silence, je commençais à partir vers la partie du temple ou l’on pouvait prier.

TENUE † Le jour où je pourrais fièrement affirmer que je préfère être beau que mignon, là je lui dirais franchement. Pour le moment, elle peut se permettre de penser les deux, tant que je ne fais ma crise d'adolescence ou de la quarantaine, ça dépend quand je la ferais. Courant au temple pour admirer quelques instants la vue et prendre des papiers disant la bonne aventure, je me surprends à trouver le mien légèrement ridicule. Des parapluies. Comment dois-je faire attention à un parapluie ? Sumiyo ne veut pas échanger le sien avec le mien, préférant sûrement tomber amoureuse que se faire embrocher par un parapluie. Dommage. Ah ? Parce qu'avoir une copine veut dire qu'elle ne pourra plus m'approcher ou me regarder ? ça m'étonne. « Bah moi ? Je ne compte pas quitter la ville ou t'éviter. » Mais bon, je suis très loin de la petite amie, pour le moment. Aucune fille ne pourrait me monter la tête contre ma meilleure amie, impossible. C'est la première fille que j'ai adoré et que j'adore toujours, comment être capable de ne plus l'aimer ou de la détester ? Parfois, je comprends pas le raisonnement des filles. Miyo se plaint de ne pas être photogénique après avoir pris une photo mais je tente de lui prouver le contraire en prenant un nouveau cliché. évidement, elle râle encore et je soupire, désespéré. « Bon sang, les filles. » J'hausse les épaules, il n'y a pas trente six milles Sumiyo non plus. « Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dis. » Logique. Secouant légèrement la tête, j'ai l'air le cul entre deux chaises, prêt à me casser la gueule. « Oi ! Je t'aime comme tu es ! » Dis-je en haussant un peu la voix puisqu'elle s'éloigne vers le temple. Je n'ai pas dit « je t'aime bien » comme je le fais normalement pour décrire de l'amitié mais plutôt un « je t'aime » incertain, inclassable. Trottinant après elle, je remonte à son niveau. « Tu me fais tourner en bourrique et ça t'amuse. » Fis-je avec une moue. Elle va me rendre chèvre, en plus de me faire dire n'importe quoi. Enfin non, pas n'importe quoi, parce que quand je dis que je l'aime, ce n'est pas n'importe quoi.

TENUE † « Bah moi ? Je ne compte pas quitter la ville ou t'éviter. » Encore heureux. Mais on ne sait pas de quoi est fait demain. Si sa copine ne m’aime pas, ou n’aime pas notre amitié, notre proximité et tout… Elle peut, par amour le faire changer d’avis. Or c’est pas du tout ce que je veux moi. « Tu dis ça car tu es seul là. Mais on verra quand t’auras une copine. » Je pars peut-être pessimiste, mais on ne sait jamais. Je veux une vie ou je peux avoir Bae à mes côtés. Mon voisin. Il a toujours été mon voisin et doit toujours l’être voilà. C’est comme ça. Un caprice si on veut. Mais je veux que Bae soit dans ma vie tous les jours, pour toujours. L’amitié est bien plus importante que le reste. Voilà tout. Photo prise, et reprise, j’étais contente de voir qu’il pouvait faire de belles photos. Contrairement à moi. Ou alors c’est parce que je ne savais pas me mettre à mon avantage ? Je ne saurais le dire… « Bon sang, les filles. » Je lui tournais le dos en me retenant de pouffer de rire. C’était marrant de faire marcher Bae. « Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. » Déglutissant je m’éloignais, sans un mot. Il était trop mignon. « Oi ! Je t'aime comme tu es ! » Bras croisés sous la poitrine je pressais le pas, avant qu’il ne me rattrape. Il avait de grandes jambes ça aidait. La chance. « Tu me fais tourner en bourrique et ça t'amuse. » Je tournais le visage vers lui avant de sourire franchement. « Parce que t’es vraiment le plus beau quand tu tournes en bourrique ma petite poire adorée. » Riant de bon cœur, je lui fourrageais les cheveux avant de m’arrêter devant le temple. Enlevant mes chaussures j’entrais en silence pour brûler de l’encens. Le plantant dans le pot exprès je soupirais avant de me tourner vers Bouddha et commencer à prier. Je priais pour Bae, mais aussi pour ma sœur, ma famille, moi. Je priais fort, pour que tout aille bien. Et puis, je priais aussi un peu pour que je trouve l’amour. Cette prédiction, était-elle fiable ? Entrouvrant les yeux, je fixais Bouddha d’un air pensif avant de soupirer lentement. Tournant le regard vers Bae, je le fixais quelques seconde avant de laisser mes bras tomber le long de mon corps. Reculant sans un bruit, je me mis à faire le tour de la pièce. Le temple était vraiment magnifique.

TENUE † Sumiyo me place déjà avec une petite amie imaginaire qui ne l'aimera certainement pas et qui me fera changer d'avis sur ma meilleure amie pour la voir comme la pire des ogresses. ça sonne comme un bon scénario de manga, mais je ne suis pas ce genre de garçon à changer radicalement pour une « petite copine ». « 'Miyo, tu regardes trop de drama. » Qui sait, je n'aurais peut-être jamais de copine, ni d'enfant. Personne ne peut prédire l'avenir, ni savoir de quoi sera fait demain. je pourrais tomber sur la femme de ma vie comme me faire heurter par une voiture et la perdre. « Si jamais j'ai vraiment une copine, je lui dirais d'office qu'elle doit t'affronter dans un combat à un contre un pour gagner le plus de place possible dans ma vie. Pas de jalouse comme ça. » C'est une blague, bien sûr. Quoi que, ce serait marrant de voir un duel de fille pour un gars. Pour les photos, je dirais plutôt que j'ai le bras assez long pour choper des bons angles et rendre le résultat davantage potable. Pas qu'elle soit photogénique ou non, je ne comprendrais jamais ce terme. Pour moi, tout est photogénique dans la vie, même ce qu'on remarque pas vraiment. Sumiyo me rend dingue, à crier après elle ou à lui courir derrière pour la rattraper. Cette fille est capricieuse, mais là elle devient carrément enquiquinante. « J'aurai dû te laisser partir. » Soufflais-je, après sa longue tirade et son décrêpage de tignasse. Sans rajouter un mot, je suis Sumiyo dans le temple, plus pour prendre des photos que prier. Une fois mon dossier pleins, je me tourne vers la statue de Bouddha -déjà photographiée- et adresse quelques pensées à mes proches, principalement à eux. Famille ou amis, ceux pour qui je donnerai tout sans hésitation. Les paupières closes, je ne fais pas attention au fait que Sumiyo bouge, trop concentré dans mes songes. J'aimerai le bien, le bonheur et la réussite des gens que j'adore. La santé, surtout. L'argent, si besoin. Tapant mes mains entre elles, j'inspire profondément puis expire aussitôt. ça permet à l'esprit de se vider, de se décharger de toutes nos préoccupations de la journée ou de celles d'avant. ça fait du bien, quoi.

TENUE † « 'Miyo, tu regardes trop de drama. » Je pouffe doucement avant d’hausser les épaules. « Déformation professionnelle. » J’en avais tellement vu de drama. Pour apprendre aussi en quelque sorte le jeu d’acteur, mais surtout parce que je me devais de regarder pour les émissions, savoir quoi dire et ne pas me retrouver idiote sans comprendre les sujets de rigolade. On s’y habitue. « Si jamais j'ai vraiment une copine, je lui dirais d'office qu'elle doit t'affronter dans un combat à un contre un pour gagner le plus de place possible dans ma vie. Pas de jalouse comme ça. » Je le regardais avant de rire doucement. « On dirait que je suis une fille méchante. Mais j’imagine bien le combat de fille dans la boue. C’est sexy dans la boue. » Dis-je en essayant d’imaginer la chose. Mais c’était tout aussi salissant. Ceci dit, la boue c’est bien pour la peau, alors ça pouvait faire une pierre deux coups. Le taquinant un peu, je le faisais marcher quelque peu, en faisant mine de bouder et de m’en aller au loin, comme vexée. Je ne l’étais pas. Bae me vexer ? C’était très rare. Aussi rare qu’une journée sans léger tremblement de terre au japon quoi. « J'aurai dû te laisser partir. » Je le regardais avant de sourire entièrement, dévoilant mes dents, amusée. « Toi ? Me laisser partir ? » Il n’en était pas capable. Je le savais. Finissant par prier, dans le silence, je fus la première à m’arrêter de prier. Sans un bruit je fis le tour du temple en regardant les peintures et autres. C’était vieux et on pouvait le ressentir, je trouvais. Entendant Bae frapper dans ses mains, je me tournais vers lui, avant de m’approcher, sans un bruit. Dans son dos, je posais ma tête sur son épaule, me retrouvant alors sur la pointe des pieds. « Je t’aime. » Dis-je simplement en passant mes bras autour de sa taille. Je l’aimais oui. Et je lui souhaitais une bonne vie. Que Bouddha m’entende s’il vous plait. Je veux que mon meilleur ami ait une magnifique vie et ne soit jamais malade ni malheureux.

TENUE † Une fille méchante, y a que elle pour penser ça. ça fait un peu garce, dit comme ça. Un combat dans la boue, pourquoi pas. Chacun ses préférences, ce n'est pas moi qui irait me chipoter dans de la terre humide et salissante. « ça, c'est toi qui vois. » Pour la boue. « Pourquoi pas un combat dans le miel ? ça colle, le miel. » C'est du gâchis, certes. On pourrait faire pleins de chose avec ce liquide doré plutôt que se baigner dedans. Mais bon, j'ai déjà vu des abrutis nager dans une piscine de coca ou prendre un bain de lait. Dire que je tente de donner mon argent à des associations pour ceux qui meurent de faim, surtout pour les enfants pauvres qui n'ont pas la chance d'avoir trois à cinq repas par jour comme nous. Sumiyo me fait courir, même en sachant qu'il est très difficile de la vexer. « Que ferais-tu si j'osais le faire ? » Je souris à mon tour, jouant la carte de la taquinerie. Finalement, elle prie et j'observe avant de faire pareil. J'ai beaucoup de chose à dire à Bouddha, alors je prends mon temps à me perdre dans mes pensées, tapant mes mains entre elles comme pour donner le top-départ à la divinité pour m'écouter. Sumiyo en profite pour se glisser dans mon dos, sa tête sur mon épaule, ses lèvres sûrement proche de mon oreille. ça, je le sais qu'elle m'aime, mais sa manière de le dire fait déraper mon coeur durant une micro-millième de seconde, juste le temps d'un battement. « Je le sais déjà. » Répondis-je pour reprendre mes esprits, un sourire en coin. Oui, je sais déjà qu'elle m'aime autant que je l'aime. Nous ne sommes pas meilleur ami pour rien, après tout. Terminant de prier, j'incline rapidement ma tête face à la statue, avant de me tourner vers Sumiyo. « On sort ? » Du temple. Je pense qu'on a fini avec les prières, et tout ces trucs de croyant. Attrapant sa main entre mes doigts, je la tire vers la sortie, sans un regard vers Bouddha. Nous avons fait notre part du marché, à lui de faire la sienne.

TENUE † « ça, c'est toi qui vois. Pourquoi pas un combat dans le miel ? ça colle, le miel. » Un combat… Dans le miel ? Je le regarde en clignant des yeux. Surprise par sa question. Je le regarde quelques instants avant de faire une petite moue boudeuse. « Du miel ? C’est du gaspillage. Et puis la boue c’est bon pour la peau. Ça fera un effet deux en un. » Je passais une main dans mes cheveux en disant ça. Prenant l’air un peu hautain. Ok, ça ne m’allait pas du tout ce genre de chose. Passons. Arrivé au temple, elle le faisait marcher, comme elle aimait si bien le faire. Parce qu’il était vraiment trop choupinou. Et qu’elle adorait le voir marcher si vite. « Que ferais-tu si j'osais le faire ? » Je le fixais longuement avant de plisser mes lèvres, mordillant alors celles-ci. « Je pleure. » Et c’est vrai. Il savait très bien que je pouvais pleurer facilement pour lui. Une vie sans Bae ? Hors de question. C’était le frère que je n’avais pas, c’était mon meilleur ami, mon confident… Bref, non. Je perdrais vraiment une part de moi-même si Bae partait de ma vie. Finissant par prier tranquillement et dans le silence dans le petit temple, je me rapprochais de lui, dos à lui, l’encerclant de mes bras pour lui dire simplement, que je l’aimais. Parce que c’est vrai, et qu’on ne se le disait pas assez souvent à mon goût. C’est vrai qu’on n’a pas besoin de se le dire pour le savoir. Mais parfois j’avais le besoin de le lui dire. « Je le sais déjà. » Un sourire sur le coin des lèvres, je le serrais un peu plus fort, alors qu’il se défit de mon emprise. « On sort ? » Main dans la main, on quitta le temple tranquillement. « Qu’est-ce qu’on fait ? On rentre vers Royal ? Et on mange vers là-bas ? » Demandai-je en regardant une dernière fois le paysage du temple.

TENUE † Bingo, c'est du gâchis. Sa réponse me fait sourire, au moins elle pense sagement. « Je suis bien content de te l'entendre dire. » Oui, au final je préfère largement qu'elle se chiffonne dans la boue avec qui elle souhaite. Sumiyo s'amuse à me faire courir, ce qui n'est pas superbe pour moi. Je n'aime pas trop être tourné en bourrique, mais généralement je ne dis jamais rien là-dessus parce qu'il n'y a pas mort d'homme. C'est simplement enquiquinant, sans être invivable pour autant. Je grimace quand elle me répond qu'elle pleurera si jamais je m'en vais. Ouais, non, je sais comment ça se termine quand elle fait ça. « C'est bon, c'est bon. » Un soupir et je capitule. La fourbe choisit le bon moment pour venir me déranger dans mes prières, m'encerclant de ses bras pour me susurrer qu'elle m'aime. C'est une chose que je sais déjà et cela depuis bien longtemps. évidement, ça n'a rien de très intime entre nous. Terminant de prier, je lui propose de sortir et la suis à l'extérieur. Il commence à se faire tard. « Ouais, mangeons à Shibuya. » Y a pas mal d'endroit où manger vers l'école, ça sera largement suffisant. Le restaurant indien sera pour la prochaine fois, ou on trouvera autre chose d'indien dans l'autre quartier. Tirant sur le bras de Sumiyo, je prends les devants vers l'arrêt de bus qui nous ramènera vers le bahut. « ça te dirait de venir à une convention avec moi ? » Mon webtoon est assez populaire pour en entendre parler dans une convention du manga. Je suis sûre qu'il y aura des fans pour en parler, et comme je serais en mode anonyme, je pourrais tranquillement observer sans me mêler à la foule. « On pourrait se déguiser. » Pour le fun.

TENUE † « Je suis bien content de te l'entendre dire. » Il me connait, il sait que je ne suis pas le genre de fille à gaspiller et autre. Encore plus avec la nourriture. J’étais très écologique pour ça. Pour tout même. Encore moins matérielle. « Tu me connais, ce n’est pas mon délire. » Finissant par arriver dans le temple, chacun de nous pria, dans son coin, en silence, sans déranger l’autre. Enfin, ça c’était les premières minutes. Parce que je vins me coller à lui, l’air de rien, et lui susurrer que je l’aimais. C’est vrai. Je l’aime. J’aime Bae, il a une part importante dans ma vie, et la moitié de mon cœur est à lui. L’autre est à ma jumelle. C’est comme ça, et personne ne pourra rien y changer. Quittant le temple, main dans la main, j’en vins à demander ce qu’on faisait maintenant qu’on avait prié. Manger ici ? Ou rentrer vers Royal pour manger par là-bas ? « Ouais, mangeons à Shibuya. » J’hoche la tête. En espérant que ça ne soit pas trop blindé. Mais en général, y’a de bons petits restaurants ou y’a de la place. « ça te dirait de venir à une convention avec moi ? » Une convention ? Je le regarde surpris. Fallait juste que je vois la date, histoire de ne pas avoir quelque chose de prévu… Mais ça me bottait bien de venir moi… « On pourrait se déguiser. » « Vraiment ? Et tu voudrais que je me déguise en quoi ? » Parce que pour le coup, je n’avais aucune idée. Arrivant à l’arrêt de bus, en même temps que le dit bus, je sorti ma carte avant de la passer. Totalement plein, je me frayais un chemin vers le centre du bus avant de m’agripper à la barre pour me tenir. « C’est quand exactement ? Pour sûr je viendrai ! Je veux pas rater ça. » demandai-je une fois à nouveau réuni. Le bus démarra à nouveau, brusquement faisant alors tituber pas mal de passager dont moi.

TENUE † Nos prières faites, Sumiyo m'a sauté dessus pour me susurrer qu'elle m'aime et j'ai répondu que je le savais déjà. Si j'occupe une moitié de son coeur, c'est pareil pour elle. Il y a ma famille et Sumiyo. Quatre se battent d'un côté, tandis que ma best occupe l'autre moitié. En sortant du temps, on s'interroge sur où manger et je propose à Miyo de retourner vers l'école. Il y a tellement de restaurant et de snack à Shibuya qu'on trouvera forcément un endroit où se caler pour l'heure du repas. ça me rappelle que je dois bientôt participer à une convention, ou du moins y squatter puisque je m'y rends en incognito. « Catwoman ? » Je la taquine. Catwoman a un costume trop moulant, je n'aimerais pas trop que les mecs louches sur ma meilleure amie. « Tu n'as jamais eu une préférence pour un manga ou un anime ? » Il y a bien de best-seller, tel que naruto, one piece, bleach, dragon ball ou bien d'autres. Grimpant dans le bus, je passe aussi ma carte et la suis jusqu'au milieu du véhicule, où j'agrippe la même barre quelques centimètres au dessus de sa main. En même temps, je fais attention à ce qu'elle ne bouge pas durant le trajet, puisque je suis derrière elle. « Dans une dizaine de jours à peu près. Je pourrais demander au club de manga ou de couture de m'aider pour les cosplays. » Ils sont forts à royal et je sais que je peux compter sur eux, en échange de futur service. Quand le bus démarre, je retiens Sumiyo de mon bras libre et la colle presque à moi, pour être sûre qu'elle ne tombe pas à cause de secousse. « Fais attention. »

TENUE † « Catwoman ? » Hein ? Je le regarde surpris. Catwoman ? Ce n’était pas un peu trop sexy comme tenue ça ? Dans mes souvenirs, elle a le body qui lui rentre dans les fesses. Eeeeeew. Non, jamais je ne pourrais m’habiller ainsi. Ce n’est pas une tenue qui m’irait… Non. Non. « Joker ! » Dis-je en souriant en coin. Pas pour qu’il se déguise en joker. Mais pour passer mon tour, tout simplement. « Tu n'as jamais eu une préférence pour un manga ou un anime ? » J’haussais les épaules en réfléchissant un peu. « J’en ai plein, mais me faudrait un costume qui puisse cacher mon visage. On est pas à l’abri qu’on me reconnaisse… » Donc il fallait tabler sur ça… Donc il fallait que je porte un masque. Ou que je sois très maquillée pour pas qu’on me reconnaisse. Montant dans le bus la première, je me fraie un chemin au milieu du bus pour pouvoir agripper une des barres. C’était blindé. Pas facile d’accès, mais pas le choix. « Dans une dizaine de jours à peu près. Je pourrais demander au club de manga ou de couture de m'aider pour les cosplays. » J’hochais la tête. « D’accord, je viendrai alors, soit en sûr. » Je ne comptais pas rater ça. Pour rien au monde. Manquant de tomber, je sentis Bae me rattraper. « Fais attention. » J’hochais la tête. « Merci. » marmonnai-je doucement avant de froncer les sourcils. Bouche entrouverte je me retournais d’un coup vers lui. « OPPA ! » Dis-je un poil trop fort. Rougissant en ignorant les regards autour de nous je lui lançais un regard quelque peu sévère avant de tapoter son front. « T’aurais dû me dire qu’on avait parlé de l’indien. J’ai totalement oublié. Mangeons indien sur Shibuya. » Je baissais ma tête avant de la poser sur son épaule. « La honte. Je perds la mémoire. » A force de bosser non-stop. Je finis chèvre.

TENUE † Joker ? Je n'ai rien contre ce personnage, mais ce n'est pas celui que je choisirai sur la liste. Bah, on trouvera un truc à faire avant la date limite. Un costume qui cache son visage ? Je réfléchis un instant, avant de claquer des doigts. « Princesse mononoke ? Elle a un masque qui cache son visage ! » Je pourrais me déguiser en Ashitaka, y aura pas grand chose à faire pour les vêtements, vu les tenues qu'ils portent. Le bus est tellement bondé qu'on doit se trouver une barre libre où s'accrocher, à travers cette masse de gens qui ne bouge pas. ça me fait plaisir de savoir qu'elle viendra avec moi à la convention, j'ai toujours voulu qu'on le fasse ensemble. Le véhicule démarre, propulsant Sumiyo en arrière mais je la rattrape aussitôt, la tenant contre moi. Son cri me fit sursauter, pendant que je sens plusieurs regards sur nous. Bonjour la discrétion. Mes yeux sont toujours sur elle, attendant qu'elle parle, mais au lieu de ça elle me tapote le front. Bah quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? L'indien ? Ah oui, j'en avais parlé au tout début. « De quoi n'as-tu pas honte ? » Plaisantais-je, venant tapoter le haut de son crâne. Elle n'a pas à avoir honte de zapper un truc, ce n'est pas comme si elle l'avait vraiment oublié. à la limite, qu'elle s'en souvienne demain ou dans les jours suivants, je pourrais trouver à redire. Mais j'en ai parlé y a même pas une heure. « Je comptais bien trouver un restaurant Indien là-bas. » Quoi qu'il m'en coûte, je l'aurais déniché avant même de trouver autre chose. Cela dit, faudrait pas que le trajet en bus me coupe l'appétit, parce que ça secoue à chaque arrêt. Heureusement, j'ai toujours faim quand nous arrivons à Shibuya, saisissant la main de ma meilleure amie pour la tirer vers les portes de sortie et mettre les pieds sur le bitume.

TENUE † « Princesse mononoke ? Elle a un masque qui cache son visage ! » Princesse Mononoké ? Pourquoi pas. J’aimais bien cette princesse en plus. Surtout si elle a un masque qui cache bien mon visage. « Va pour ça ! Et toi alors ? Tu te déguiseras en quoi ? » J4espérais qu’on sera assortie un minimum. Je voulais bien qu’on se fasse remarquer sur ce point-là. C’était mon meilleur ami, alors autant marquer mon territoire non ? Finissant par rentrer dans le bus, blindé au vu de l’heure, on se fraya un chemin pour arriver au centre de celui-ci afin de se tenir à l’une des barres à disposition. C’est en manquant de tomber que ça a fait tilt dans ma tête. Mince le restaurant indien ! Comment j’ai pu oublier ? J’en salivais en plus ! Bae me perturbait c’était sa faute. « De quoi n'as-tu pas honte ? » Je souris doucement. « De toi. Je n’aurai jamais honte de toi. » Je murmurai près de son oreille pour que lui seul entende. Ce n’était pas quelque chose que j’avais envie de partager avec tout le bus. A défaut d’avoir partagé mon indignation. Le laissant tapoter mon front, comme je l’avais fait sur le sien, je portais ma main sur ma peau avant de sourire en coin. Le vilain. « Je comptais bien trouver un restaurant Indien là-bas. » Je plissais le nez avant de sortir mon téléphone de ma main libre. « Attend, je vais chercher sur internet. » Vive la technologie. On peut tout trouver rapidement. Le bus s’arrêtant enfin à notre arrêt, je le laissais attraper ma main pour sortir. L’air s’était un peu refroidit, la nuit s’était pratiquement installée. En dix minutes le temps pouvait vraiment changer ici. « Y’a un restaurant indien à vingt minutes de marche. » Je lui montrais la carte de google map. Il avait de bonnes notes et était très recommandé. Par contre il est petit de ce que je vois. « On y va ? Ou on en cherche un autre ? »

TENUE † Un large sourire fendit mon visage en deux. « En Ashitaka, bien sûr ! » Sinon ce ne serait pas marrant. Si j'y vais avec ma meilleure amie, c'est pour que nous soyons un maximum assortis. Montant dans le bus et trouvant une place tant bien que mal, je retiens Sumiyo de tomber, lui disant de faire bien attention. Je ne sais pas d'où vient le déclic, mais elle se souvient du restaurant Indien. Honte d'oublier, c'est nouveau. Je me demande de quoi elle n'a pas honte, étonné de sa réponse. J'aurai pu m'en douter, le voir venir, mais non. A-t-elle une telle estime de moi ou c'est juste pour me taquiner ? Tapotant sa tête, je lui informe que, toute façon, j'aurai trouvé un restaurant indien même à Shibuya. « Tu ne devrais pas trop t'amuser avec ton portable. » Sait-on jamais si le bus s'arrête d'un coup ou quoi. Une chance, elle ne semble pas le perdre quand il se stoppe, prenant sa main pour descendre à notre arrêt. « Ce n'est pas très loin. » Vingt minutes, c'est deux enjambées. Un coup d'oeil à la carte et je tente de situer le restaurant par rapport à notre position. « On prend celui-là ! » C'était décidé. Reprenant sa main, je la guide dans les rues du quartier jusqu'à trouver l'enseigne du restaurant. Une sorte de cagibis entre les hauts buildings, mais j'adore déjà le décore ! « Il est parfait. » Je commente avant d'ouvrir la porte, saluant poliment les employés. ça sent déjà les épices de l'entrée, de quoi faire gargouiller mon ventre et doubler ma faim. Je songe franchement à prendre double ration, pour la peine. « Je te laisse choisir la table, fais-toi plaisir. »

TENUE † « En Ashitaka, bien sûr ! » Grand sourire sur les lèvres je lève le pouce en l’air. « Super. On sera les plus beau. Promis ! » Et puis même de toute façon, nous étions les plus beaux. Bae, était beau. Je le voyais bien. A l’école j’entendais même certaines filles dire qu’il était mignon et de plus en plus beau. J’étais fière, bizarrement, à chaque fois que j’entendais ça, je ne saurais expliquer pourquoi, ni comment. En tout cas, je me souviens pour le restaurant indien. Je suis nulle. Vraiment. Tellement dans mes pensées, dans les prières, que j’ai oublié le restaurant indien… Je me rattrape, on mangera dans un resautant indien sur Shibuya. « Tu ne devrais pas trop t'amuser avec ton portable. » « Hum, tu es là pour me sauver. » Dis-je en lui tirant doucement la langue. Quittant le bus, une fois arrivé au bon arrêt, je continuais de regarder le téléphone pour lui montrer le restaurant que je n’avais pas trouvé, pas loin d’ici. Surtout qu’au final, ce n’était pas bien loin de l’école vu que c’était dans la même direction. Marchant, tranquillement jusqu’au restaurant, on y arriva assez rapidement, même plus vite que les vingt minutes prévu par google map. Faut dire qu’on marchait vite. « Il est parfait. » J’hoche la tête. Vraiment beau. On entre dedans sans attendre. « Je te laisse choisir la table, fais-toi plaisir. » Attrapant sa main, je le tirais alors vers le fond du restaurant pour nous placer dans un coin, à l’écart de tout le monde. Le lâchant je m’installais tranquillement avant de regarder un peu autour de nous. Un des serveurs arriva pour placer des couverts et des verres. J’en profitais pour demander de l’eau. Carte en main, je le remerciais avant de me pencher vers Bae une fois seuls. « Tu as quelque chose à me recommander ? Je n’ai pas trop faim, un truc léger. » Dis-je en ouvrant la dite carte pour regarder un peu. « Ça serait trop bien si on allait voyager en Inde. Toi et moi. Ça doit être beau… »

TENUE † Faut croire qu'il n'y a que Sumiyo pour écouter les bruits de couloir, parce que je ne fais jamais attention aux commentaires des filles ou alors elles se taisent sur mon passage ? J'en sais trop rien, mais j'attends toujours le chocolat et les lettres d'amours dans mon casier, juste pour vivre ma petite histoire de lycéen. à part ça, elle se souvient subitement du restaurant indien, ce qui me donne encore plus faim. Utiliser son portable quand on est debout dans un bus ou un métro peut vite devenir dangereux ou embêtant, mais ma meilleure amie sait que je suis là pour la rattraper ou la tenir. « Profite, va. » Je me retiens de la pincer, mais elle risque de lâcher son téléphone et ce sera moi la cause du problème, pas le véhicule. Finalement, on arrive à notre arrêt et je la tire avec moi dehors, heureux de prendre l'air et d'oublier cette odeur de transport en commun. Mes jambes sont assez longues pour réduire un trajet de vingt minutes à dix, facile. L'endroit me plait aussitôt que j'en vois la couleur, me réjouissant à peine la porte franchi. Sumiyo choisit notre place en fond de salle, dans un coin tranquille et à l'abri des oreilles indiscrètes, même si nous n'avons rien à cacher. La carte du menu sur la table, je regarde ce qu'il propose. « Y a pas grand chose de léger, tu sais. » C'est comme se rendre à un mcdo et commander une salade. « Tu serais prête à faire une pause dans ta carrière pour aller en Inde ? ça me donnerait l'occasion de dessiner autre chose. » Je vois la vie comme un artiste, chaque coin de rue est un tableau pour moi ou une planche de bande dessinée. « Il y a des plats végétariens, ça doit être léger non ? Purée d'aubergine, chutney à la mangue... Y a beaucoup de curry ! » Presque dans tout les plats, en fait. « Prenons des Pakoras ! Poulet korma, ça te dit de prendre un plat pour deux ? » ça sera plus simple, si jamais elle n'a plus faim, je pourrais terminer. Le temps qu'elle réfléchisse, je regarde déjà les desserts, salivant sur le riz au lait et le kulfi.

TENUE † « Y a pas grand-chose de léger, tu sais. » Je m’en doutais oui. Mais ce n’est pas grave, je savais qu’au pire, Bae finirait mon plat. Comme toujours, ce n’était pas nouveau. « Tu serais prête à faire une pause dans ta carrière pour aller en Inde ? Ça me donnerait l'occasion de dessiner autre chose. » Une pause ? Dans ma carrière ? Sa question me surpris. Penchant la tête je souris doucement. Moi ? J’aimerais oui. Mais ma mère… Elle avait bien laissé Sumire partir sur le paquebot cet été mais moi… Je soupirais doucement à cette pensée. C’était difficile d’imaginer la chose. « Moi je serai capable. Mais est-ce que ma mère voudra ? C’est autre chose. » Dis-je un peu blasée. Parce que dans le fond je connaissais déjà la réponse. Il fallait que je double d’effort pour que ma mère me laisse tranquille. Mais combien de temps ? Ça c’était autre chose. « Il y a des plats végétariens, ça doit être léger non ? Purée d'aubergine, chutney à la mangue... Y a beaucoup de curry ! » J’aimais le curry, c’était le meilleur plat au monde pour moi. Le curry. Une épice fabuleuse même. « Prenons des Pakoras ! Poulet korma, ça te dit de prendre un plat pour deux ? » Du poulet ! Je souris instinctivement avant de me pencher pour voir la carte avec lui. « Le poulet c’est la vie. Mais ça t’ira toi ? Tu auras assez à manger ? Sinon on prend deux plats ? Je sais que tu le finiras tu manges beaucoup, c’est la croissance. » Je lui tira la langue avant de faire signe au serveur de venir pour qu’on puisse prendre la commande. Un seul plat ou deux, c’est lui qui voit, je ne veux pas qu’il meure de faim. Ça serait bête. Commande prise, je souris doucement avant d’attraper ses mains des miennes. Doigts entrelacés sur la table, je fixais sa peau laiteuse. « Tu voudrais quoi d’ailleurs, comme cadeau pour noël ? »

TENUE † Sa mère, ce n'est pas étrange que celle-ci revienne sur le devant de la scène. Je retiens un soupir, sachant parfaitement que ma meilleure amie ne changerait pas d'avis quoi que je dise contre sa génitrice. ça m'agace, certes, mais ce n'est pas à moi de mêler de ces histoires de famille. « Je convaincrais ta mère de te laisser partir avec moi. » Ou pas. Je suis plutôt sûr que c'est elle qui va me convaincre d'abandonner l'affaire et de retourner m’atteler à mes études, au lieu de détourner sa fille du droit chemin. Bref, j'en reviens à la carte du menu, cherchant ce que l'on pourrait prendre. Y a tellement de chose qui me donne envie que je serais tenté de prendre un plat de chaque pour deux. La croissance ? J'hausse les épaules, ne sachant pas si c'est la croissance ou ma faim naturelle qui me fait autant manger. Même si je ne mange pas tant que ça, disons que c'est par épisode. Parfois je touche à peine à mon assiette, et à d'autres, je mange comme trois. « Je ne suis pas assez grand pour toi ? Non, prenons un plat pour deux. » Répondis-je en faisant genre de bouder. Si jamais j'ai toujours faim à la fin du premier plat, je commanderais à nouveau. Pour le moment, je reste sur mon choix et passe commande au serveur qui vient de rappliquer. Sumiyo récupère mes mains au passage et je laisse faire, ramenant mes yeux sur elle. « Aucune idée ? Je pense plutôt à ceux des autres qu'aux miens. Et toi, que veux-tu ? » Moi, tout me fait plaisir. Des vêtements, de la nourriture, des nouveaux crayons ou feutres, pinceaux, ce genre de truc que j'affectionne particulièrement pour dessiner. J'aime bien ce que Sumiyo aime aussi, quand elle choisit pour moi par exemple. Pour cela, je suis très loin d'être difficile puisque tout me fait plaisir, tant que l'on pense à moi. Par contre, j'aime prendre exactement ce que veulent les gens. Parce que si moi je ne suis jamais déçu des cadeaux que l'on m'offre, j'ai peur que les autres n'aiment pas les miens et c'est pire que tout.  

TENUE † « Je convaincrais ta mère de te laisser partir avec moi. » JE savais que ça ne serait pas possible. Quand bien même ma mère adore beaucoup Bae. Tellement que même elle, trouve qu’on formerait un beau couple. Mais elle n’a de cesse de me répéter que je n’avais pas le temps pour l’amour. Que je devais me consacrer à ma carrière. Pourquoi je sortirai avec Bae ? C’est mon meilleur ami… Pourquoi tout le monde veut qu’on sorte ensemble ? C’est comme un frère pour moi. « Je suis sûre qu’on pourra y aller pendant mes vacances d’été. Je ferai en sorte que ça soit possible. » Je bosserai encore plus pour avoir la paix. En attendant on choisissait le menu, et ça serait du poulet. Un plat pour deux, j’espérais que ça lui irait, Bae mangeait beaucoup. Vraiment beaucoup, et il était si mince. Ceci dit, si je n’étais pas une star, peser cinquante-cinq kilos, ou même soixante ne me dérangerait pas… « Je ne suis pas assez grand pour toi ? Non, prenons un plat pour deux. » Je gonflais mes joues tout en la secouant dans tous les sens. Droite gauche, haut bas. Comme indécise. « Non et oui. Mais oui, non. Arrête de grandir. Bientôt tu vas me tapoter la tête pour me dire bonjour ! » J’exagérais un peu. Juste un peu. Plat commandé, j’attrapais les mains de mon meilleur ami, tout en les fixant et les caressant. Il avait les mains douces. J’adore. Tout comme l’odeur de ses mains. En général, elles sentaient le crayon. Ou le feutre. « Aucune idée ? Je pense plutôt à ceux des autres qu'aux miens. Et toi, que veux-tu ? » Bonne question. Je ne savais pas non plus. « ben, je suis comme toi. On est mal barré. » je rigole doucement avant de lui tirer la langue. « Tout ce qui vient de toi est parfait, alors. » Et puis, noël cette année on le fêtera ensemble, juste lui et moi. « Ça serait trop cool, une maison d’horreur sur le thème de noël ! Avec des lutins cadavres partout ! Et le père noël rouge de sang et tout. Pourquoi personne ne fait ça ? » Je serai la première à visiter la maison.

TENUE † La vision des gens m'échappe un peu, moi non plus je ne comprends pas pourquoi sa mère ou une tierce personne me verrait bien avec ma meilleure amie. Nous sommes comme frère et soeur, rien de plus. Si je propose de partir faire un voyage à l'étranger, c'est comme deux meilleurs amis, pas pour une lune de miel ou quoi. « D'accord. » C'est la seule chose que je trouve à répondre. Que dire de plus ? Je ne peux pas la forcer à partir, ni à faire une pause, ni à aller à l'encontre de sa mère. Alors autant être d'accord, tout simplement. Sumiyo propose plutôt de prendre deux plats, parlant de croissance et de faim, mais je suis assez grand pour manger comme un goinfre! Je reste sur ma première position, me plaignant de ma taille. « Je le fais déjà, ça. » Tapoter sur sa tête, peut-être pas pour lui dire bonjour, mais parfois pour la féliciter ou lui dire merci ou pour compatir. La commande faite, Sumiyo m'attrape les mains et je ne peux faire autrement que la regarder. Je n'ai pas des mains d'artistes, elles ne sont pas abîmées, ni rêches. Juste douce, tel un dessinateur sur tablette graphique. Niveau cadeau, je ne suis pas difficile et en même temps, oui. Tout comme ma meilleure amie qui ne sait pas non plus ce qu'elle désire. « J'ai l'impression d'être parfait à tes yeux, mes chevilles vont gonfler. » Plaisantais-je en faisant mine de regarder vers mes jambes, m'assurant que rien ne gonfle. « Pardon ? Une quoi ? » Je la fusille du regard, n'étant pas du tout emballé par son idée de l'horreur. Rien qu'imaginer le décor me fait frissonner. « Je préfère la patinoire, crois-moi. Y a Halloween pour les maisons hantées, tout ça. » Et je déteste catégoriquement -et le mot est faible- les maisons dans ce genre-là. Autant, je préfère aller à la neige, faire du ski, visiter la maison du père noël ou faire du traîneau, mais pas un truc qui fait peur. « Je vais t'offrir un séjour à l'hôpital psychiatrique, tu iras te faire peur seule chez les fous. » Du moins, dans l'aile des cas sans retour. « Hm, sérieusement. Tu ne veux pas un bijou ou un vêtement ? Une écharpe ? Une veste ? Du maquillage ? » Ce sont bien des trucs de fille, tiens donc.  

TENUE † « Je le fais déjà, ça. » Je plisse doucement le nez en entendant ça. Bien sûr qu’il le faisait. Mais c’était pour tout autre chose, il ne faisait déjà bien avant de me dépasser. Je fis ressortir ma lèvre inférieure avant de le fixer longuement. « Ça t’es déjà arrivé… De vouloir retourner dans le passé ? Pour ne pas grandir trop vite ? » Demandai-je curieuse. Ce n’était pas une demande en l’air, c’était très sérieux comme question. Même si ça pouvait surprendre. Surtout à notre âge de demander ce genre de chose. Soupirant doucement je gardais ses mains dans les miennes, n’arrivant pas à les lâcher. J’aimais bien les lui tenir de toute façon. Il avait l’habitude. « J'ai l'impression d'être parfait à tes yeux, mes chevilles vont gonfler. » Je ne pus m’empêcher de rire. « Bah, tu l’es oui. Tu ne le savais pas encore ? » Petite moue boudeuse, je secouais la tête. Bien sûr qu’il était parfait à mes yeux. Il n’avait aucun défaut. Du moins, j’aimais tout chez lui, même ses défauts, voilà tout. « Pardon ? Une quoi ? » Son regard en disait long haha. Je plissais le nez tout en lui lâchant les mains. Oppa en colère. « Je préfère la patinoire, crois-moi. Y a Halloween pour les maisons hantées, tout ça. » Je mordais doucement ma langue tout en lui faisant un regard de chien tout mignon pour ne pas qu’il m’en veuille d’avoir parlé de ça. C’est vrai quoi. Il connaissait ma passion pour ça. « Je vais t'offrir un séjour à l'hôpital psychiatrique, tu iras te faire peur seule chez les fous. Hm, sérieusement. Tu ne veux pas un bijou ou un vêtement ? Une écharpe ? Une veste ? Du maquillage ? » Je soupirais avant de me laisser tomber dans le fond de ma chaise. « Tu parles de mon cadeau, juste après l’hôpital psychiatrique. Bravo Bae. » Je le taquinais bien sûr. Mais je ne savais pas quoi demander moi. « Oublie le maquillage. Avec le boulot j’en ai des tonnes. » Je soupirais. « Les vêtements aussi. Je pourrais ouvrir une boutique sérieux. » Avec les sponsor et tout… « On a qu’à s’acheter des bijoux ? Tu sais c’est à la mode là. Bracelet d’amitié et tout. » Comme ça, on aurait le même. C’était une bonne idée ? Non ? « Me semble qu’ils font les colliers aussi et les bagues. »

TENUE † Retourner dans le passé pour ne pas grandir ? était-ce seulement possible ? Même si je pouvais retourner dix ans en arrière, qu'est-ce qui me dit que je serais capable de grandir moins vite ou de prendre moins de centimètre ? Je secoue légèrement la tête, sceptique. « Je crois que ça n'aurait absolument rien changé, mon corps serait le même. » Que je mange moins de soupe ou quoi, je serais toujours Bae le grand garçon. Puis comme j'ai dit plus tôt, c'est pratique de dépasser une fille. De toute évidence, Sumiyo a beaucoup trop d'estime pour moi, alors que moi-même je n'en vois pas autant à mon propre sujet. « Non, mais tu me l'apprend. » Comme toutes les fois où elle me le dit et que je fais semblant de ne pas le savoir. En parlant défaut, ma peur est un gros, très gros défaut. La peur des fantômes, des zombies, des trucs qui font peur dans le genre maison hantée. Les araignées, ça passe. Mais le crâne ou l'endroit où loge la bestiole, non. Sumiyo a vraiment de drôle de passe-temps, des passions que je préfère largement éviter. Bah quoi ? à force, je vais vraiment croire qu'elle est folle et qu'il lui faudrait une bonne thérapie. C'est vrai, elle ne doit pas manquer de maquillage avec ceux qui s'occupent d'elle. J'élimine donc les vêtements, j'étais à deux doigts de virer aussi les bijoux, vu comment elle raisonnait. Sauf que non, elle semble emballé par l'idée des bijoux, mais en commun. « Des bijoux d'amitié ? J'aime bien les colliers. » Plus jeune, j'avais un médaille lune offert par l'un de mes frères, mais quand la chaîne a craqué, je n'ai plus pensé à le remettre. Finalement, il traîne dans l'un des tiroirs de ma commode, là où il ne sert plus vraiment à rien. En même temps qu'on discute, le serveur nous apporte nos entrées, les Pakoras, des sortes de petits beignets aux légumes.