TENUE   ♕ Mon rôle de petit ami est suspendu pendant cette soirée. Nous sommes loin du campus et dans ces conditions, je reprends mon statut de garde du corps. C’est une bonne chose car je peux prendre un peu de distance avec Mika tout gardant un œil sur lui. Des membres de plusieurs familles des plus importantes sont réunis à cette réception et c’est pourquoi nous, gardes du corps sommes plus vigilants comme jamais. Ce sont les Tenjoh qui ont plus ou moins organisé cette soirée et c'est pourquoi je suis de service. Je suis chargé de surveiller l’ensemble des invités et de m'assurer que rien de dangereux ne se passe. Mais bien entendu, ma priorité reste Mika sans qu’on ait besoin de me le rappeler. Je suis sous les ordres de la famille Tenjoh mais quel que soit mon affiliation, il est la personne que je dois protéger à tout prix. Mais comme il m’est impossible de ne pas quitter Mika des yeux, je suis parfois obligé de le laisser sous la protection de mes conjoints pour aller faire mes rondes dans le bâtiment. L'endroit est grand et nous sommes plus d'une vingtaine pour nous assurer la sécurité des lieux. Les gardes du corps des invités se sont aussi joints à nous pour effectuer les surveillances mais je ne les vois pas d'un très bon oeil. Je fais rarement confiance aux autres et même à ceux de notre « famille » . Les heures passent et la soirée touche bientôt à sa fin. On allait bientôt rentrer, c’est tant mieux car je peux facilement dire que Mika est las de tout ça. D’ailleurs, je jette un nouveau coup d’œil discret à mon maitre qui discute toujours avec les quelques invités encore présents. Sans que je ne m’aperçoive, un bref sourire s’échappe de mes lippes. Je suis habitué à être debout pendant plusieurs heures mais le voir me donne de l’énergie. Je regarde ma montre, 0:59. Des « collègues » me parlent mais je n’y prête pas attention. Au moment où l’heure passe de 0:59 à 1:00, les lumières s’éteignent soudainement nous plongeant dans l’obscurité. Sans besoin de réfléchir, je me précipite vers l’endroit où était Mika. Je passe ma main sur son dos pour l’obliger à se baisser. « Ça va ? » J’appuie sur le micro situé dans ma manche pour donner des instructions aux autres. « Que se passe-t-il ? Alpha répondez. » Toujours aucune réponse et c’est anormal. « Je m’occupe d’évacuer le jeune maitre. » dis-je à l’attention des autres gardes du corps.

TENUE   ♕ Je déteste vraiment ces soirées entourées de toutes ses familles importantes où les conversations tournent toujours sur les mêmes sujets, scrutant les moindres défauts des uns et des autres. Cependant, c’est mon rôle d’être présent et par chance j’ai une aisance incroyable pour attirer l’attention et répondre à la moindre ironie ou au moindre « piège » qui pourrait nous viser. Les jambes croisés, adossé à mon siège avec mon verre à la main j’écoute et jette de rapide coup d’œil vers l’horloge, il est plus de minuit déjà. Je retiens un soupire, j’aimerais pouvoir mettre fin à tout ça rapidement, ça fait plusieurs heures déjà que cette « réunion » à débuter, j’ai l’impression d’en avoir fait entièrement le tour. Supportant encore quelques dizaines de minutes, portant mon verre à mes lèvres c’est pile à ce moment que la lumière s’éteint nous plongeant dans l’obscurité totale. Sentant rapidement une présence derrière moi, sa main dans mon dos, je ne le vois pas, mais je l’entends . Même sans ça je savais déjà que c’était Shiki, il est le seul à ce précipité ainsi vers moi et malgré la situation inquiétante ça me fais sourire. « Qu’est-ce qui se passe ? » Demandais-je plutôt que répondre à sa question. Sauf qu’il ne semble pas en savoir plus. Tentant de poser le verre que je tiens encore sur la table, ce dernier s'écrase au sol dans un brisement assourdissant. M’évacuer ? « Shiki ? » L’interpelais-je alors que je me levais de mon siège, je ne vois absolument rien. « C’est moi qu’ils veulent ? » Ça ne m’étonnerait pas non plus, je suis au courant de l'histoire après tout et ce ne serait pas la première fois, mais je veux l’entendre de sa bouche. Je ne vois pas qui pourrait les intéresser autour de cette table, mais il fallait qu’ils aient des informateurs pour savoir où nous étions ce soir. Je devrais avoir peur, pourtant ce n’est pas le cas, j’ai entièrement confiance en mon garde du corps, je sais qu’il me protégera quoi qu’il arrive et puis je ne suis pas faible non plus contrairement à ce qu'ils pourraient tous croire.

TENUE   ♕ Lumières éteintes, je fonce directement vers Mika. Même dans le noir, je savais où aller pour le rejoindre, je l’avais regardé suffisamment de fois pour pouvoir accourir vers lui en cas de danger, même si un seul coup d’oeil suffisait amplement pour retenir sa position. Etre plongé dans le noir ne m’inquiète pas, je dois garder mon sang froid si je veux réussir à mieux comprendre la situation. Mika ne répond pas à ma question et m’en pose une nouvelle à la place. J’aimerai moi aussi savoir ce qu’il se passe. Je tente de communiquer avec les autres par l’intermédiaire de nos oreillettes mais personne ne me répond. Cela signifie donc qu’il ne s’agit pas que d’une simple panne d’électricité et que quelque chose se trame derrière tout ça. Je garde ma main au contact de Mika. J’aperçois vaguement sa silhouette alors j’ai besoin de savoir exactement où il est. J’informe que je vais évacuer mon maitre sans attendre les instructions de mes supérieurs. Mika m’appelle. «   Oui ? » Ma voix est calme et posé. A sa question, je me tais quelques instants. «  Peut être. » Il y a de grandes chances qu’on vienne pour lui. «  Suivez moi. » Normalement, j’aurai du lui montrer le chemin mais dans cette obscurité, il ne pouvait pas me suivre. Je lui attrape son poignet, ma prise n’est ni forte ni lache. Je ne tiens pas à lui faire mal non plus mais c’est assez fort pour que le contact ne se rompt pas facilement. Je pense l’emmener à la sortie de secours, mais comme je n’ai aucune idée de ce qu’il se passe dehors, il y a un risque à qu’elle ne soit pas sécurisée. De toute façon, je n’ai pas le choix pour le moment, j’aviserai en fonction de la situation quand j’en saurai plus. On avance dans le noir en suivant l’itinéraire que je me suis tracé dans la tête. Il y a parfois des obstacles que je n’avais pas pu calculer, comme par exemple des tables qui ont changé de place lors de la confusion, des chaises mal rangées que je me cogne sans me plaindre. La porte de secours n’est plus très loin et je suis attentif au moindre son. Sans la vue, je ne peux nous sortir de là que par mes autres sens. Pour le moment, ils ont pas l’air de connaitre l’existence de notre sortie de secours car personne ne nous accueille. On se retrouve à l’extérieur, à l’arrière du bâtiment où la lune nous sert de lumière. Il va falloir nous trouver une voiture pour quitter ses lieux mais je doute qu’ils nous ont laissé nos véhicules sans surveillance, l’autre solution serait de descendre à pied pour aller en ville. «  Vous pouvez marcher ? »  

TENUE   ♕ Je ne suis pas idiot, je sais que plus le temps passe et plus les attaques envers moi seront nombreuses, j’ai bien compris quel rôle j’avais et je suis prêt quoiqu’il arrive à ne pas me laisser avoir. La lumière s’éteint et on se retrouve dans l’obscurité, je n’ai pas encore développé la capacité de voir dans le noir donc j’avoue que ce n'est pas aisé de se repérer ou de voir si quelqu’un arrive vers moi, heureusement je peux sentir rapidement la présence de Shiki, dès qu’il est là je me sens immédiatement rassuré, c’est complètement fou, mais c’est comme ça. Pas seulement parce qu’il est mon garde du corps, je ne minimaliserai jamais les choses à un rang. Je l’interroge même si je me doute de la question, surement que je voulais entendre sa voix, il n’en sait pas plus que moi, mais une chose est sûre on ne doit pas rester là. Il m’attrape le poignet et je me lève pour le suivre où qu’il aille, je ne pose aucune question, je lui aie toujours donné ma confiance et c’est toujours le cas aujourd’hui. Il trace un chemin « sûr » pour moi quitte à se faire mal, je le sans, j’entends les sons quand il se cogne, mais il ne s’arrêtera pas car c’est son « boulot » et quoi que je dise Shiki l’a bien compris vu qu’il préfère ignorer ses sentiments, les miens, pour le faire à bien. Une fois dehors je jette un œil à la lune, elle nous permet de retrouver un semblant de vu et je peux regarder mon garde du corps sans ne voir qu’une silhouette sombre. Si je peux marcher ? Je me doute bien qu’on doit s’éloigner d’ici au plus vite sans prendre le risque de se faire repérer, je ne suis pas en sucre, lui lançant un regard sérieux, je hoche la tête. « j’ai l’air de ne pas pouvoir ? » Je ne suis pas aussi faible, j’aimerais qu’il évite de me sous-estimer à poser ce genre de question stupide. Le fait qu’il le vouvoie sans cesse m’agace aussi, mais lui demander d’arrêter ne mènerait à rien, puis ce n’est pas le moment. « Ne restons pas là. » Je lui indique d’un geste explicite d’avancer, je le suivrais de près, j’ignore où on peut aller, mais il saura surement me mettre en sécurité, c’est son devoir après tout.

TENUE   ♕ Mika n’est pas faible mais il est mon patron. Je dois faire attention à ce qu’il ne se blesse pas et j’ai besoin de lui demander pour savoir ce qu’il trouve que cette situation difficile pour lui. Les questions, vouvoiements ne sont là que pour lui montrer que je tiens à mettre de la distance avec lui et qu’il doit lui aussi me considérer comme n’importe lequel de ses gardes du corps. Tout n’est que formalité. Pourtant, je me sens désolé pour lui car je sens que je l’ai plus ou moins vexé avec ce genre de propos. Je suis désolé mais je ne peux m’empêcher de tout le temps les poser. Je suis un gars borné et frustrant et je me demande toujours comment Mika a fini par m’aimer. Peut être que j’étais plus vivant avant que je reçoive cette punition. Je n’ose plus réellement penser à mon ancien comportement, le jugeant comme un acte blasphématoire. Je hoche à la phrase de mon maitre et commence à avancer dans l’obscurité. On peut traverser le jardin et passer au travers la rempart pour nous retrouver sur la route nous menant à la ville. Là-bas, on pourra essayer de contacter avec les autres ou prendre un véhicule pour nous éloigner d’ici. Pour ne pas nous faire repérer, on ne passe pas par l’allée centrale de l’immense jardin. On doit rester près des arbres et éviter d’être découvert. J’ai repéré des hommes en haut du toit et je doute que ce sont nos hommes puisqu’aucun ne répond. J’entends aussi des cris de la salle de réception, il faut qu’on fasse vite avant qu’il ne remarque l’absence du jeune maitre. Je compte sur lui pour me suivre, bien que je jette furtivement mais régulièrement des coups d’œil vers lui pour m’assurer de sa présence. Pendant la traverser, on rencontre des hommes ennemis que je neutralise en silence. Rien de compliqué vu la différence de niveau entre nous. Le muret délimitant la fin de la propriété est haut mais pas insurmontable, en tout cas pas pour moi. Je me recule pour prendre de l’élan et grimpe le mur grâce à quelques sauts. Arrivé la haut, je m’assois, mettant mes jambes de part et autre du muret et me baisse pour tendre la main vers Mika.

TENUE   ♕ Même s'il veut mettre de la distance je ne le laisserais pas faire, je suis aussi têtu que lui et ses tentatives pour me faire oublier ce le passé ou l’oublier lui sont vaines. Je ne suis pas ce genre de personne à reculer, abandonner et encore moins à avoir le cœur changeant capable de tomber amoureux encore et encore, surtout pas quand en vingt-quatre ans je n’en ai aimé qu’un seul. Shiki se fait des idées s'il croit pouvoir se débarrasser du lieu qui nous lie pour le remplacer définitivement par cette relation de « maitre et serviteur » qu’on entretient. Finalement je le suis à travers le jardin, il neutralise les quelques personnes tentant de nous stopper pour arrivée jusqu’au mur protégeant la maison, laissant mon garde du corps sauter par-dessus, du moins s’installer au sommet pour le voir me tendre la main et m’aider à monter, je le regarde et vois des types venir vers nous en courant, me dépêchant d’attraper la main du garçon pour qu’il me soulève, sautant de l’autre côté, on a pu sortir de la propriété, sauf qu’on n'est pas hors de danger pour autant. Tout ce que je sais c’est qu’on doit fuir, j’ignore où, mais je fais confiance à Shiki pour nous mettre à l’abri. « Tu sais où aller ? » Je ne connais pas tellement d’endroits où je serais en sécurité, l’école ? Notre endroit secret ? Je n’ai aucun autre lieu en tête, dans ces moments-là j’ai l’impression que ces types pourraient me suivre partout, c’est les inconvénients de mon « rôle » et j’assume parfaitement cette position, autant en tant que Tenjoh que simplement « Mika ». « On devrait peut-être se rendre dans un endroit public ? » Même si a cette heure c’est difficile d’en trouvé un, Tokyo est une ville qui ne dort jamais et je ne pense pas que les poursuivant ou leurs « maitres » prenne le risque de dévoiler leurs intentions au grand jour.

TENUE   ♕ On réussit à sortir du manoir en empruntant la sortie de secours. Il ne nous faut pas longtemps pour traverser le jardin pour nous retrouver devant le muret. Bien qu’il est construit pour ne pas être surmonté facilement, je monte sans problème dessus. Ce genre de sécurité n’est là que pour faire peur les plus craintif et ce n’est en aucun cas une rempart insurmontable. Je suis persuadé que je ne suis pas le seul qui peut la traverser sans problème. J’abaisse la main pour aider mon maitre à passer, non pas parce que je le sens incapable de le faire sans moi mais c’est parce qu’il est en mon devoir de l’alléger ses efforts. Des hommes nous ont repéré et se dirigent vers nous en courant. J’ignore quelle est leur réelle mission, mais s’ils devaient tuer Mika, ils n’auraient pas procédé de la sorte. Je me dépêche de le tirer vers le haut et l’invite en lui tapotant doucement le dos pour descendre de l’autre côté du muret. Retombant sur les pieds, je  regarde par réflexe le mur pour voir si personne n’est encore là. «   Non, mais c’est justement ça qui va nous sauver. Si nous ne savons même pas où nous allons, eux non plus. » Plus aucun endroit n’est sur avant d’en savoir plus sur la situation. Il faut bannir les endroits où Mika a l’habitude d’aller. Il faut juste que je prévienne mon supérieur pour qu’il s’occupe de régler cette situation pendant que moi, je garde Mika en sécurité. «   Donnez moi votre portable. » Je sors le mien pour l’éteindre et je ferai de même avec celui de Mika. Je garde mon silence. Un endroit public est aussi risqué car on risque de se faire repérer. Mais pour le moment, il faut quitter ces lieux. Des voix se font entendre de l’autre côté du muret. Je prends Mika par le poignet et nous éloigne d’ici. Il nous faudra longer une longue route avant d’arriver en ville. Ce manoir est en retrait de toutes autres habitations donc on ne trouvera pas grand monde avant de descendre. J’entends soudainement le bruit d’une moto et un sourire se dessine sur mes lèvres. D’habitude, je m’aurai senti mal de faire ça, mais nous sommes dans une situation d’urgence. Je laisse Mika en retrait et me mets soudainement devant la moto roulant à toute allure. J’ai surpris le motard car il s’arrête en urgence et commence à m’insulter. «  Désolé. » Je lui coupe la respiration en lui tapant assez fermement dans le ventre. Je monte sur la moto pendant que son propriétaire récupère de mon action. Je fais un signe de la tête à Mika pour qu’il monte derrière moi. Avec ce véhicule, on gagnera plus de temps.  

TENUE   ♕ Je fais confiance à Shiki pour nous sortir de là, pour le moment je suis encore les pieds dans la propriété lorsque je vois ses gars courir en vitesse dans notre direction, mais attrapant la main de mon garde du corps on finit par passer le mur et laisser une certaine distance avec nos poursuivants, j’ignore où on va aller et en entendant les mots de Shiki je réalise qu’il a raison sur ce point, ne pas savoir empêche ceux qui veulent m’atteindre de nous trouver aisément, sauf qu’on ne peut pas simplement rester là sans rien faire. Plus qu’un endroit isolé j’opterai plus pour un lieu avec du monde, de l’animation, là où je pense les actions de ces gars seraient bloqués par peur d’être repéré ? À sa demande je lui donne mon portable imaginant déjà ce qu’il va faire, le laissant l’éteindre pour éviter d’être tracé, je le suis alors qu’on s’éloigne, il me tire par le poigner et je garde le rythme, j’ignore combien de temps on va devoir courir ni jusqu'où vu que le manoir est justement dans un endroit assez isolé de la ville, on a du chemin à parcourir. Shiki trouve un moyen pour nous d’aller plus vite en stoppant dangereusement une moto, le type n’a rien du comprendre, mais on s’en occupera plus tard, que ce soit dédommagement ou autres, il aura ce qu’il veut, mais pour l’instant on n'a pas vraiment le choix. Grimant derrière le garde du corps je me cramponne à lui, c’est assez étrange de faire de la moto ensemble comme ça, mais malgré la situation ça me fait sourire, profitant de ce qu'il soit occupé à conduire, j’entoure mes bras autour de lui en l’enlaçant sans pudeur, ma tête contre son dos, fermant les yeux un instant. « Si on s’enfuyez ? » Loin de tout ça, de nos rangs, de nos devoirs. Je sais que ce n’est pas possible, mais j’avais envie de lui dire le fond de ma pensée, j’aimerais être capable de faire ce que je veux, d’aimer qui je veux, d’être avec lui sans qu’il me donne du « maitre » ou du « monsieur »... Enfin, pour l’instant faudrait déjà trouver un endroit où être en sécurité.

TENUE   ♕ Bien que ce genre de situation n’arrive pas si souvent, on sait déjà quoi faire. Nous travaillons avec des règles à suivre, des objectifs à atteindre. La procédure à faire est de d’abord mettre en sécurité Mika et lorsque je pourrai contacter mes supérieurs, j’aviserai selon la situation. Il nous faut un endroit pas isolé mais pas trop peuplé non plus. Même si nos assaillants ne veulent pas prendre de risque de se faire repérer, il existe bien des moyens pour nous avoir discrètement. J’ai lu pleins de choses sur l’acupuncture, des méthodes d’hypnoses. Mais si Mika se sent en sécurité avec du monde autour de lui, je peux lui accorder cette faveur. Il suffirait juste que je sois encore plus sur mes gardes pour qu’il n’y ait pas de problème. Ce n’est que dans mes capacités à protéger Mika des attaques externes que je suis confiant. Portables éteints, on doit descendre en ville pour nous trouver une cabine téléphonique ou une supérette pour acheter une carte sim. Le trajet aurait pu être long si une moto ne passait pas là par hasard. Je suis désolé pour le motard mais je ne regrette rien. La sécurité de Mika est ma priorité absolue. Mon maitre grimpe derrière moi et je démarre l’engin. On gagne énormément de temps grâce à ce moyen de transport, même si je ne roule pas excessivement vite. Notre vitesse est suffisante pour garder notre avance mais pas assez pour nous mettre en danger. Je me mords les lèvres en sentant les bras puis sa tête contre mon dos. Ses mots résonnent dans ma tête et mon cœur se serre. S’enfuir. Combien de fois me l’ai-je imaginé de faire ? De n’être qu’avec Mika et ne pas me soucier des autres. Mais ce n’est pas une solution. Je ne peux pas laisser Mika de tout perdre à cause de moi. Je ne vaux pas ce sacrifice, alors je feins encore une fois l'ignorant en ne lui répondant pas. On arrive en ville et je m’arrête dans une rue. Pour la suite, il vaudrait mieux continuer à pied. « Allons dans un manga café.   » C’est un endroit calme mais populaire. J’aime beaucoup ces endroits mais comme il s’agit d’un passe temps peu connu des autres, je ne pense pas qu’ils pourront le deviner facilement. On pourra se louer un box, en attendant des nouvelles.  

TENUE   ♕ C’est difficile d’avoir cette impression de solitude qui s’impose, Shiki est cruel, pourtant je ne peux pas renoncer, même quand je le serre en laissant ma tête se poser contre lui, osant faire cette demande insensée et qu’il m’ignore, je le supporte et le prends sur moi en sachant qu’il n’accepterait simplement une folie pareille. Pourtant, je l’ai espérée une seconde, être capable de tout oublier, de vivre comme on le souhaite c’était ce que j’espère au fond, bien que je sache pertinemment que je n’ai pas ce droit, Shiki se trompe sur toute la ligne. Celui qui est prisonnier de sa vie, ce n’est pas lui, c’est moi. Mon cœur se serre face au silence, je peux rire et faire genre que ce genre de chose me laisse indifférent ou que je ne sois pas susceptible, mais c’est douloureux de toujours être « ignoré » par la personne qu’on aime, sauf que le garde du corps ne semble pas imaginé une seconde ce qu’il me fait subir par son comportement lâche et égoïste. Le reste du chemin se fait sans un mot, jusqu’à ce que la moto cesse de rouler, descendant de la machine en hochant la tête, approuvant son choix vu que je lui fais confiance. Marchant sur le trottoir en évitant les gens et restant assez discret malgré nos tenues tape à l’œil, on finit par arriver à l’endroit voulu, poussant la porte ça reste un lieu assez animé en journée, mais assez calme de nuit, bien que de nombreuses personnes soient présentes. Il semble qu’un box soit libre et je prends l’initiative de le louer avant de m’y rendre, retirant ma veste, c’est un peu petit pour deux, mais tant pis. « Je reste là, si tu veux aller faire un tour. » Je suppose qu’il doit joindre ses supérieurs, je ne suis pas idiot.

TENUE   ♕ Je me fais mal en l’ignorant encore et encore. Mon cœur est tiraillé entre la joie et la tristesse en le voyant si persistant. Il n’a pas l’air d’abandonner, mais moi non plus. Si ça ne tenait qu’à moi, je me serai enfoui avec lui. Mais je ne peux pas. C’est une folie que je n’oserai même pas en rêver. Mika perdrait tout à cause de moi. Et je ne peux supporter que je sois la raison de sa perte. Tout ce que je fais, c’est pour le bien de Mika et j’en suis convaincu. Je n’ai aucune idée de ce qu’il ressent. Ou alors, peut être qu’au fond, je sais mais que je n’ai pas le courage d’assumer ses sentiments. J’ai peur de ne pas être à la hauteur de ce qu’il attend. Je n’ai pas confiance en moi et c’est ce qui me tue à petit feu. Je suis plus à l’aise de vivre dans l’ombre de Mika que de vivre avec lui en pleine lumière. On arrive en ville et on abandonne la moto pour continuer à pied. Zigzagant entre les personnes, le manga café se trouve juste devant nous. On aura notre tranquillité puisque cet endroit est à la fois calme et populaire. Mika se charge de louer un box et je retire ma veste. On se rend devant le box. Je n’aime pas devoir le laisser seul mais ça devrait le faire. Je n’ai qu’à surveiller l’allée pendant que je téléphonerai. « Je reviens.  » Je retourne à l’accueil et demande si je peux utiliser le téléphone. Ce service ne sera pas gratuit puisque je dépose un billet sur le comptoir. J’entre le numéro tout en gardant un œil sur l’allée. J’arrive à joindre mes supérieurs et échangeons nos informations mutuelles. Apparemment, ils savent qui est derrière cette attaque et ils ne tarderont pas à régler cette affaire « en toute diplomatie ». Je dois continuer à garder Mika caché en attendant que tout soit convenu. Echangé terminé, je retourne dans le box. C’est assez petit, même en m’asseyant sur le pouf en face de celui de Mika, nos jambes tendues se touchent sur le côté. « On va devoir rester un petit moment ici. » Nous sommes isolés de mes supérieurs, ici, personne ne pourra rapporter mes actions. Pourtant, je n’ose pas m’approcher trop près, bien que ce n’est pas l’envie qui me manque.

TENUE   ♕ Que ma persévérance mène quelque part ou non n’est pas important, je dois continuer d’être ce que je suis, comme je suis et ne pas renoncer, parce que c’est ma façon d’exister. À mes yeux il n’y a rien qui nous empêche d’être ensemble, il se met des barrières inutiles et avec le temps j’aimerais simplement lui faire réaliser cette évidence. La vie est trop courte pour avoir des regrets. Pour vivre selon les exigences et les règles d’une personne extérieure, on devrait être les seuls à décider. Je suis à moitié sérieux quand je lui demande de s’enfuir, une part de moi ne désir que ça, l’autre sait le poids des responsabilités, mais je continue de l’aimer, jour après jour. Je n’abandonnerais jamais, même si ça fait mal de se faire rejeter, ignorer, mais de coté... On arrive finalement à destination et je loue un box, m’installant déjà dedans en l’autorisant à me laisser, je n’irais nulle part et il doit surement téléphoner pour avoir des informations, qu’il aille le faire sans s’inquiéter, rien n’arrivera tant que je reste calme et « caché ». Hochant simplement la tête à ses paroles je le regarde partir, m’installant confortablement dans le box sans pour autant faire quoi que ce soit, je n’ai pas de téléphone pour jouer avec, certes on a un Pc, mais pour l’instant je préfère ne rien faire encore évasif dans mes pensées. Quelques minutes plus tard la porte du box s’ouvre sur mon garde du corps, le regardant s’installer, si nos jambes se touchent ce n’est pas moi qui trouverais ça gênant, au contraire. Rester là risque d’être un peu pesant avec Shiki, mais j’aime ça malgré tout, isolé du monde dans cette petite pièce je trouve ça amusant et ennuyant à la fois. Je ne sais pas ce que je pourrais dire, imaginant déjà le silence de Shiki ou ses réponses sérieux. « S'il faut venir dans ce genre d’endroit pour être proche, on devrait venir plus souvent. » Plaisantais-je.

TENUE   ♕ C’est parce que je ne veux pas être égoïste que je me sépare de Mika. Mais les choses que je croyais être bonne pour lui ne le sont pas forcément de son point de vue. Et ça, je l’ignore. Je suis maladroit et je ne sais pas m’exprimer correctement. A cause de ça, Mika souffre. Je suis un idiot car je ne remarque rien de tout ça. En voulant bien faire les choses, je ne fais que les rendre pire. Et pour le moment, je ne suis pas prêt d’ouvrir les yeux. Je suis buté et aveugle. Je laisse Mika dans le box et retourne à l’accueil pour passer un coup de fil. Grace à cet appel, je sais un peu plus sur la situation. Après quelques courtes minutes à discuter, je retourne auprès de Mika. Le box est petit et étroit. Je m’installe en face de lui mais vu la taille du box, c’est comme si j’étais à côté de lui. Je lui fais part de ce qui nous attend par la suite. Rester une ou deux heures ici risque d’être assez pesant. Mais ici, nous sommes réellement seuls. Il n’y a que lui et moi. « J’ai toujours été proche de vous. » Je le suis comme une ombre et fais en sorte qu’on n’ait pas une énorme distance entre nous. Cette réponse montre mon côté deux de tension de ma personnalité puisque je prends à la lettre les mots de Mika sans voir le côté « drôle ». « Je passe la plupart de mon temps dans un manga café. » dis-Je simplement. Lui parler n’est pas si dérangeant que ça non ? Même si je suis effectivement capable de rester plusieurs heures dans le silence, je ne peux pas laisser mon maitre s’ennuyer. C’est mon devoir de m’assure qu’il va bien. C’est avec cette excuse que je m’ouvre petit à petit à lui.

TENUE   ♕ Shiki ne me comprend pas, même lorsque je tente de lui faire passer des messages il est toujours à côté de la plaque ou alors fait-il exprès pour ne pas assumer la réalité . Je l’ignore, mais j’ai un caractère qui m’empêche de reculer, j’aime avoir ce que je veux et même s’il me repousse, je continuer d’aller vers lui, aussi blessant devrais-je être je ne renoncerai jamais. Il revient de son coup de téléphone et même là, lorsqu’on est physiquement proche et que je plaisante sur ce sujet il ne comprend pas et sa réponse me fait sourire, un peu désolé d’entendre ça ou est-ce de la déception ? Je ne réfléchis pas trop pour ne pas être davantage blessé par notre relation. « Tu étais plus malin avant de devenir comme ça. » J’entends par là le fait qu’il soit toujours sérieux et au service de mon père, ma famille, ignorant jusqu’à ses propres envies et sentiments. Cette époque d’insouciance et de joie qu’on a partagée dans notre enfance sans s’inquiéter des conséquences. Je me demande comment seraient les choses si rien n’avait changé, seulement je ne peux pas vraiment imaginer. Même lorsqu’on joue les couples, est-ce vraiment comment Shiki serait si c’était réel ? Je n’en sais rien. Soupirant, je sors mon portable avant de me souvenir qu’il est éteint, je voulais prendre une photo des lieux, mais tant pis, je le remets dans ma poche, surpris par la voix de mon garde du corps, c’est rare qu’il parle le premier comme ça ou qu’il me donne même des infos sur ses passe-temps. « Qu’est-ce que tu viens y faire ? » Vu qu’il a lancé la conversation il me rend curieux, si ça peut m’apprendre davantage de choses sur lui je ne vais pas dire non.

TENUE   ♕ Si je n’arrive pas à comprendre la réelle nature des sentiments qu’a Mika pour moi, c’est aussi parce que je manque de confiance pour les assumer. Pour moi, cet entêtement ne signifie pas qu’il m’aime toujours. C’est idiot mais je le ressens ainsi. Peut être qu’il veut me « punir » d’avoir « joué » avec ses sentiments ? Je ne sais pas puisque je ne vois aucune raison qui pourrait le pousser à continuer de m’aimer. Depuis qu’on m’a enfermé mon amour propre en a pris un coup. Je n’ai plus la même valeur de ma vie. Etre rabaissé sans cesse par ses « proches », en plus de se faire frapper m’a anéanti. On m’a clairement dit que je ne devais pas être en vie en tant qu’homme mais que je devais vivre éternellement en tant qu’ombre. Aussi puissant qu’un esprit puisse être, on finit toujours par céder. Et c’est ce que j’ai fait. Je ne m’aime pas et c’est pour cette raison que je ne peux pas accepter le fait que Mika puisse m’aimer. Mais même si c’était le cas, je devrais tout faire pour le faire changer d’avis. C’est ce que j’essaye tant bien que mal de faire. Parfois j’y arrive, d’autres non. Je souhaite moi aussi retourner à l’époque où je pouvais être moi sans devoir faire attention aux conventions et aux règles des adultes. J’ai même parfois l’impression que ces moments ne sont qu’issus de mon imagination tellement ça me parait merveilleux. Nous étions si proches mais voilà où nous en sommes actuellement, collés l’un à l’autre ne pouvoir avoir une discussion « normale » sans cette gêne. Mais pour une fois, c’est moi qui ai commencé la conversation. J’ai bien vu que Mika s’ennuyait et je devais faire un effort pour le divertir un peu. « Je lis des mangas. » Je ne suis pas doué pour entretenir la conversation au vue de ma réponse peu pertinente. « J’aime les endroits calmes. » Un peu comme notre coin secret.

TENUE   ♕ Peut-être qu’il est simplement idiot ou aveugle ? Je ne sais pas. Ce que je sais c’est que tout a changé quand il a « disparut » de mon champ de vision, un jour je saurais pourquoi, pour le moment je ne peux que rester moi-même, agir comme d’habitude, être franc et honnête envers mes sentiments et croire qu’un jour Shiki sera capable de me les rendre à nouveau. Cet endroit est petit pour deux donc forcément on est proche, ce n’est pas comme si on n'avait pas l’habitude de l’être, seulement c’est différent. On doit parfois se tenir la main, rester collé l’un à l’autre, feindre de s’embrasser, bien qu’on ne se soit plus réellement embrassé depuis que « l’histoire » à pris fin. Jouer les couples me rapproche de lui quotidiennement tout en me donnant le sentiment d’être pourtant tellement loin de lui, c’est agaçant et parfois ça me met en colère, autant dire que dans ces moments-là il fait bien de ne pas être présent, je gueule, pleurniche, tel un gamin capricieux, quand je suis frustré ou énervé on ne peut pas passer à côté. Il n’a pas compris mes mots et à part soupirer en tentant de lui faire comprendre qu’il est à côté de la plaque je préfère ne pas en rajouter. Je m’interroge surtout sur le fait qu’il vienne souvent dans ces lieux, qu’est-ce qu’il y fait au juste ? J’attends sa réponse en l’observant intensément, sans détourner le regard. « Des shonen j’imagine ? Si tu lisais des romances tu ne serais pas aussi nul. » Et merde. Je me racle la gorge. « Pourquoi tu les lis pas dans la chambre ? » On est que tous les deux et plus calme tu meurs. « Au moins il y a des choses que tu fais pour toi-même, je suis rassuré. Tu n'es pas encore irrécupérable. » J’aurais presque cru qu’il avait oublié le concept avec le temps.  

TENUE   ♕ Je n’ai jamais été un grand bavard mais depuis qu’on m’a « redressé », mon mutisme s’est aggravé. Je ne parle que pour le strict minimum, répondre aux ordres, jouer mon rôle de petit ami lorsqu’il y a les camarades de Mika autour de nous, répondre aux questions de Mika. Et encore, il m’arrive plus souvent de garder le silence devant lui que de lui parler. Je ne sais pas comment je dois me comporter avec lui. Je ne peux pas lui parler comme avant puisque rien n’est plus pareil. Pourtant, enfermé dans ce petit box, je suis celui qui a commencé la conversation, si on peut encore appeler cela une conversation. Je ne fais que dire des choses me concernant. Bien que je n’aime pas réellement parler de moi, je lui ai confié que je suis un habitué des manga café. Ses yeux sont fascinants et je pourrai réellement me perdre dans son regard si je n’étais pas si accroché à mon statut. Contrairement à moi, il a l’air si confiant et plus franc. J’admire et j’aime réellement cet aspect de lui. Pour une fois, je crois comprendre ce qu’il veut dire en parlant de romance. En même temps, il n’y a  plus direct comme commentaire. Et même si c’était une pique, je ne peux lui en vouloir. Je suis nul et je suis celui qui a tout fait foiré. Je détourne du regard, ne supportant plus le regard intense et perçant de Mika. Je me sens honteux devant cette honnêteté. « Devrais-je le faire ? » Lui demandai-je à mon tour avec un ton neutre mais avec un petit sourire. Mon regard revient vers celui de Mika. Je n’avais pas réellement pensé à le faire dans la chambre. Inconsciemment, je voulais garder un endroit qui n’avait aucun lien avec ce que je fais, loin de toute cette complication. « Même si je le suis, vous ne devrez pas le prendre à cœur. Je ne suis que votre garde du corps. » Je préfère le lui rappeler, aussi difficile que ça puisse l’être, il faut qu’il accepte cette vérité.  

TENUE   ♕ Il n’a pas idée de combien son comportement est frustrant, je n’arrive pas à comprendre comment il peut accepter de vivre ainsi et être contrôlé par d’autres personnes. La vie n’est pas faite pour ça, qu’il soit garde du corps je peux approuver, qu’il me protège aussi, mais qu’il taise ses sentiments par peur de les affronter et de se faire taper sur les doigts ça ne me plaît pas. Avoir une conversation avec lui est un véritable exploit, je n’arrive pas à retenir ma franchise dans notre échange, laissant mes mots s’échapper selon mes émotions et ma « rancune » envers cette histoire peu banale. Il ne répond pas toujours à mes questions, ni même à mes mots, mes attaques. Si je lui ordonnais de le faire, le ferait-il ? Si je lui ordonne de me dire ce qu’il ressent vraiment ou si je lui disais de m’embrasser, de faire des choses, je le ferais-il ? Parce que ce sont des « ordres » ? Je ne suis pas certain qu’il obéirait à mes demandes, alors pourquoi il obéit sans cesse même quand il devrait lever les pieds. Quand on est isolé, seul, personne ne nous voit, nous entend, mais ça ne change rien à ses yeux alors que de mon côté je suis incapable de faire semblant. « Fais comme tu veux. » Même ça je devrais lui en donner l’autorisation ? Je soupire, il m’énerve. Tournant mon regard plus sévère vers lui, je ne supporte vraiment pas ça. Serrant les poings, quand je suis agacé j’ai besoin de hurler, mais je dois me retenir ici... Pourtant ça ne m’empêche pas de me rapprocher de lui soudainement, surement trop proche, mais il a touché une corde sensible. « Tu as tort, ce que tu fais n’est pas être un garde du corps, t’es juste un chien obéissant. » Je... Soupirant, je n'aurais pas dû m’énerver sur ça, mais c’est frustrant. Le repoussant, j’espère avoir rapidement l’autorisation de quitter cet endroit, si ce n’était que de moi je serai parti, mais je ne suis pas égoïste et puéril à ce point.  

TENUE   ♕ Les valeurs de nos vie sont diamétralement opposées, je ne peux comprendre la façon de penser de Mika et lui ne peut accepter ma vision. Faire comme je veux ? J’ignore ce que je veux réellement. J’ai toujours été dicté par des ordres que je n’arrive pas à agir librement selon mes vrais désirs. De toute façon, je ne serai jamais libre et ne l’ai jamais espéré. Je ne veux pas me plaindre de cette vie, puisque j’aurai été mort si le père de Mika ne m’avait pas recueilli. Mika commence à s’agiter pour une raison que j’ignore. Le box était petit de base mais il s’approche soudainement de moi. Je peux facilement lire de l’agacement et de la colère sur le visage de mon maitre. « Vous avez raison. » Il me repousse, augmentant la distance entre nous. Je ne peux même pas me mettre en colère contre ses propos. Garde du corps, chien obéissant, ça revenait à la même chose pour moi. J’ai été élevé pour être obéissant. Si on m’enlevait cette « qualité », je n’aurai plus rien. «   Pourquoi êtes-vous énervé par ça ? » Il ne devrait pas. Ma façon de vivre ne doit pas l’affecter. Même si nous avons été proches, ça aurait dû se terminer au moment où j’ai coupé les liens. Il savait très bien que nos petites mises en scène devant ses camarades étaient juste pour notre couverture. Même si par moment j’avais osé en prendre avantage, ce n’était pas vrai. Alors pourquoi s’emporte-t-il sur ça ? Je devine que je suis en train de l’énerver, or ce n’était pas du tout ce que je cherchais à faire. « Je peux sortir si vous voulez. » S’il ne veut pas me voir, il n’a qu’à m’ordonner de sortir. Je resterai devant le box ou dans le couloir si c’est ce qu’il veut. 

TENUE   ♕ Il est difficile de faire face à ce genre de personne qui reste fermé et têtu, borné sur des positions qui ne sont pas toujours les bonnes, sauf que pour lui faire comprendre il semblerait que ce soit plus compliqué. Quand il parle comme ça il m’énerve, je ne suis pas du genre à monter sur mes grands chevaux sans une bonne raison, seulement c’est mes sentiments qu’il touche avec ses paroles, il ignore surement ou a oublié ce que je ressens, mais pas moi. Je fais semblant, prends sur moi, joue le jeu, mais au final je suis encore prisonnier de ces émotions passées et je ne pense pas en être libéré un jour malheureusement, chose que Shiki semble ignoré. Je ne suis pas une girouette, je ne vais pas donner mon cœur au premier venu juste pour l’oublier ou être idiot en recherchant à ce qu’il soit jaloux, jusque-là j’ai simplement attendu, je patiente jusqu’au jour où il ouvrira les yeux, mais ils sont fermés, totalement. Le relâchant, il ne proteste en rien, il est vraiment doué pour me frustré... Remettant simplement la distance de base entre nous, je ne crois pas que parlé fut une bonne idée cette fois. « Surement parce que cette obéissance dont tu sembles si fier t’a rendu aveugle. » À tout, il ne voit rien, c’est une marionnette dans les mains de mon père. « Fais ce que tu veux. » J’en ai marre de l’entendre me vouvoyer, de me poser des questions sans arrêt, une vie n’est pas faite pour être ainsi, je suis énervé qu’il ne s’en rende pas compte, si c’est pour vivre comme ça il ferait mieux de mourir, à sa place je n’aurais aucun intérêt à passer des années sans aucune liberté. « On va devoir rester encore longtemps ici ? » J’ai simplement envie de rentrer.  

TENUE   ♕ Je suis une marionnette, un chien obéissant loyalement aux Tenjoh. Je ne peux rien y changer, j’ai été élevé ainsi. J’ai connu une époque où j’étais moi-même, où ma naïveté était encore présente. Mais c’est fini. Je ne peux plus faire comme avant, même si j’étais dix fois, voire dix mille fois plus heureux avant. J’ai des devoirs à remplir. Je suis menotté par des chaines invisibles dont je ne peux me libérer. Tout simplement par peur, par loyauté envers mon sauveur. Mika m’a aimé mais je ne suis plus en mesure de répondre à ses sentiments. Et c’est pourquoi j’ai choisi de ne plus écouter ce que j’ai sur le cœur, espérant qu’il finisse par m’oublier. Pour moi, il n’a aucune raison de s’attarder plus sur moi. Je le désespère plus qu’autres choses, au vue de ses réponses sèches. Ce n’est pas la première fois qu’il pointe du doigt mon obéissance mais je ne comprends toujours pas puisque je renie toujours l’idée qu’il puisse encore m’aimer. Ses réponses sont toujours aussi vagues. Je semble avoir loupé quelque chose d’essentiel mais il ne veut pas me dire quoi. Mais Mika se trompe. Je ne suis pas fier de ma loyauté. Je ne peux juste pas faire autrement que d’être obéissant à sa famille. C’est son père qui m’a sauvé, sa famille qui m’a logé et éduqué. Pour moi, suivre les ordres de mes supérieurs est aussi important que respirer puisque c’est ma façon de les remercier. Ma vie ne m’appartient pas et c’est pour ça que je n’ai aucun droit sur elle. Mes questions agacent de plus en plus mon maitre. « Vous êtes mon maitre. Dites moi ce que vous voulez que je fasse et je me plierai à vos ordres. » Quel que soit ses demandes. S’il veut sortir, je ne pourrai l’empêcher de le faire, je veillerai juste à ce qu’il ne lui arrive rien. « J’ai ordre de vous garder en sécurité jusqu’à ce qu’on me rappelle. » Mais qu’on m’ait donné cet ordre ou pas, j’aurai protégé Mika. Disons qu’il s’agit d’une de mes seules libertés que je m’accorde.

TENUE   ♕ Je ne pense pas que Shiki soit obligé de vivre ainsi, il est seulement trop borné pour s’en rendre compte, je suis un Tenjoh, pourtant je sais aussi que c’est faux. Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être, il ne devrait pas se considérer comme un chien obéissant, il devrait avoir la liberté de suivre ses propres envies, parfois j’aimerais qu’on puisse vivre des choses plus excitantes loin de ses contraintes familiales, de ses coups bas, de ses rôles importants. Mon cœur n’appartient qu’à moi, peu importe que je sois un Tenjoh ou autres, je vis sans faire honte à ma famille, mais je vis en cherchant du plaisir dans chaque chose que je fais, parce que sinon il n’y aurait aucun sens à respirer. Le pire c’est que même en donnant des indices à mon garde du corps il est complètement à côté de la plaque et ne comprend rien, j’ai l’impression qu’il fait exprès de ne pas cerner mes paroles ou mes sentiments et c’est vexant, blessant, Shiki n’a pas idée de combien il peut être agaçant et frustrant. Pourtant une chose ne change pas, je suis toujours amoureux de lui. Que ce soit des années en arrière ou aujourd’hui, mes sentiments sont toujours intacts, quitte à souffrir je m’y raccroche pourtant solidement, les dissimulant derrière ma colère, ils sont plus forts que jamais. « Si je te demande de m’embrasser tu le ferais ? » C’est plus pour tester son obéissance que je demande, sachant qu’il n’oserait jamais faire une chose pareil, car derrière ses « ordres » il est lâche et fuyard. « Pas besoin de me le dire, je sais parfaitement quels sont tes ordres. » Un soupire filtre mes lèvres, j’aimerais vraiment sortir de là, retourner aux dortoirs et m’isoler pour ne pas avoir à supporter tout ça plus longtemps. « Combien de temps pour retourner au campus ? » Histoire de savoir si on peut tenter le coup ou non.   

TENUE   ♕ Sa demande me surprend. L’embrasser. Je ne pense qu’à ce délicieux échange que lorsqu’il pleut. Les autres jours de beau temps, je n’ose pas me remémorer de ce premier baiser. Car même si je m’efforce à ne ressentir aucune émotion, il y a des souvenirs qui remontent en dépit de ma volonté. Est ce que je pourrai réellement l’embrasser ? Non, je ne me le permettrai jamais, même si je meurs d’envie de de le faire. Je m’approche de Mika, ne laissant que quelques centimètres entres nos lèvres. Tout prêtait croire que j’allais l’embrasser. D’ailleurs, j’ignore ce que je suis en train de faire. Je ne devrais pas faire ça. Je reste quelques secondes immobile, ressentant le léger souffle de Mika. Ces deux secondes me semblent extrêmement longues, j’ai même l’impression que le temps s’est arrêté pendant ces deux secondes. Mais reprenant conscience des mes faits, je recule immédiatement. «  Est ce que vous voulez réellement que je vous embrasse ?  » Je ne sais pas pourquoi je me lance dans ces eaux là. C’est mal, terriblement mal. Et puis, pourquoi est ce que je ressens tout de même ce besoin d’être aimé par Mika ? Je ne devrais pas ressentir ce genre d’émotion. Je dois garder mes distances avec Mika, à force ça devient de plus en plus difficile de ne pas laisser mes sentiments remonter à la surface. Je nous localise et mets rapidement un moyen pour calculer la distance qu’il nous reste à parcourir pour retourner au campus. «  Si on utilise les transport communs, nous sommes à vingt minutes, mais plus de 40 minutes à pieds.  » Mika ne supporte plus d’être enfermé dans ce box, à moins que ce soit le fait d’être enfermé avec moi qui l’agace. Je devrai me réjouir de le voir être agacé par ma présence, pensant qu’il va petit à petit me détester, puis m’oublier. Oui, je devrai être content.  

TENUE   ♕ Même si je reste sérieux, fixant son visage se rapprocher, mes iris se posant sur ses yeux, son nez, ses lèvres. Sentant nos souffles se heurter alors que mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, même sans rien laisser paraître il me trouble, me donne envie de craquer et de rompre cette distance qu’il n’arrive pas à dépasser pour m’embrasser. Le simple fait qu’il soit ainsi, ne refusant pas ma demande me montre à quel point ce test est concluant, il ne va pas au bout et j’imagine que c’est simplement sa conscience qui l’en empêche. « Si tu le voulais aussi j’aurais surement dit oui. » Murmurais-je en laissant la distance se creuser entre nous de nouveau. Ce petit moment m’a seulement mis dans un état instable, je n’arrive pas à calmer mon cœur, je me souviens de ce jour où je l’ai embrassé pour la première fois, en réalité je me souviens de tous ses instants où je voyais son sourire, entendais sa voix, croiser son regard en pouvant y lire des émotions, mais j’ai l’impression que c’est loin maintenant, me laissant simplement dans le doute, le trouble et une solitude que personne ne serait capable de soupçonner. Je veux sortir d’ici, retourner aux dortoirs, pas pour être loin de lui, mais parce qu’enfermé ici je serais capable de le pousser à bout, de continuer à être gourmand, méchant, mes sentiments s’extériorisent un peu trop et j’aimerais éviter d’être encore plus blessé par ses réponses muettes et son comportement obéissant. « C’est quoi le plus sûr ? À pied j’imagine ? » Je fais question-réponse, mais les transports en commun sont surement surveillés. « Rentrons, ça ne sert à rien de rester ici plus longtemps. » C’est surement un gros risque que je décide de prendre, mais je suppose que les autres gardes du corps sont déjà dans le coup et se sont occupés en grande partie de cette histoire. 

TENUE   ♕ Je n’y arrive pas à franchir le cap. Il n’y a que quelques centimètres qui nous séparent, pourtant, je suis incapable de briser cette limite. Je ne peux pas, c’est ancré dans ma peau, dans mes souvenirs. Je suis tétanisé à l’idée de m’approcher davantage de Mika. J’ai l’impression de commettre un péché et ma conscience me ramène à la raison. Je préfère reprendre des distances avant de refaire l’irréparable. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Je n’aurai jamais du m’approcher ainsi de mon maitre. Mais ce dont il ignore, c’est que je veux l’embrasser mais je ne peux pas. Je suis incapable de laisser mes désirs s’exprimer. Il y a un mur qui est dressé entre nous. Par le passé, j’ai pu traverser cette limite. J’en garde de très bons souvenirs mais je les ai scellés au plus profond de moi. Il n’y a que le souvenir du premier baiser qui ressurgit à la surface, surtout pendant les périodes de pluie. Mika exprime son envie de retourner aux dortoirs. C’est dangereux mais si ça ne le plait pas de rester enfermé ici, je n’ai pas le choix. Je devrai miser en priorité sur sa sécurité, mais j’ai confiance en mes capacités. Je n’ai pas eu besoin de le répondre puisqu’il le fait directement. A pied nous irons moins vite, mais je pourrai contrôler notre itinéraire et ne choisir que les endroits surs. « Très bien. » Mika a décidé de partir et je m’exécute à son ordre. Je me lève en premier et sort du box pour inspecter les environs. Rien de suspect. Quoi que l’on puisse croire, on était tout de même assez bien caché dans ce manga café. C’est risqué d’aller dehors mais pas sans issue. On descend les marches de l’immeuble pour arriver dans la rue. « Restez près de moi. » Même si mes congénères s’occupent de régler le problème, nous ne sommes à l’abri de rien.