TENUE ••• Depuis la « discution » avec Ryoma et Miyuki, rien de bien spécial ne s'est déroulé. La vie a repris son cours, en quelque sorte. Nos activités aussi, les cours avec. Je n'ai jamais trouvé mes journées aussi banales de toute mon existence, ainsi qu'ennuyeuse. Le sujet n'a pas été abordé par la suite, comme si c'était soudainement devenu un sujet tabou, à ne pas ramener sur la table et surtout pas devant notre leader. J'ignore quand est-ce que Ryoma va se décider à lui en parler mais je crois que ce ne sont pas mes affaires. Il y a juste un truc qui me chagrine, en dehors du fait que j'ai su la vérité par surprise, c'est que mon meilleur ami semble m'éviter depuis ce jour-là. Nous parlons, mais normalement ce n'est pas si rapide, si vaste ou si court. Nous parlons beaucoup plus, alors que là c'est à peine s'il se force à me dire bonjour quand on se croise. Je ne comprends pas. Est-ce que j'ai fait un truc qui ne lui a pas plu ? Bon, à part écouter aux portes et m'introduire dans leur conversation comme un importun. Ce n'est pas comme si j'avais insulté notre maknae ou jugé sa relation avec Natsu. Au contraire, j'ai été super cool là-dessus. ça ne me fait rien qu'ils aiment, flirtent ensemble, ce genre de truc. ça ne veut pas dire que je ne me pose pas des questions sur eux, ça me rend curieux malgré moi. Depuis quand ? Comment ? Pourquoi ? Ce genre d'interrogation qui te vient naturellement quand tu apprends un truc qui a longtemps été sous ton nez sans le remarquer. Or, je ne peux pas questionner Ryoma, ni Natsu, et Shojiro n'en sait rien. Il me reste que Miyuki, qui me fuit limite. ça ne pourrait faire qu'une pierre deux coups, si j'arrive à le chopper.

La meilleure occasion pour discuter avec Miyuki, c'est le soir. Une fois qu'on est tous rentrer aux dortoirs et qu'il est l'heure d'aller se coucher. Les autres sont occupés avec leurs affaires et j'attends que mon meilleur ami entre dans sa chambre pour toquer contre la porte et rentrer. « Je ne te dérange pas ? » Et même si c'était le cas, je crois qu'il n'aura pas vraiment le choix. Dans un premier temps, je reste appuyé contre sa porte, ne disant pas un mot de plus jusqu'à ce qu'il m'autorise ou non à continuer. Dans le cas il me demande de partir, je prendrais moi-même le droit d'ouvrir la bouche. Si je commence à l'écouter et à obéir, jamais nous ne pourrons parler sérieusement. Après tout, je l'ai écouté la dernière fois qu'il m'a fait une crise, pour Emiko par exemple. Maintenant c'est à son tour de m'écouter et de faire en sorte que les choses aillent mieux entre nous.

TENUE ••• Depuis que Shun a surpris la conversation que j’ai eue avec Ryoma, je ne sais plus trop comment me comporter avec lui. C’est vrai, il a été super cool avec Ryoma et il a su montrer qu’on restait tous unis même dans une délicate situation comme celle-ci mais je n’arrive pas à le regarder en face. C’est la première fois que je me comporte ainsi avec lui. Je suis persuadé qu’il m’en veut encore de ne lui avoir rien dit sur Ryoma et Natsu ou pour autre chose mais j’ignore quoi. Peut être que je me prends tout simplement la tête. Mais je n’y peux rien et ce n’est pas comme si je n’avais rien à le cacher non plus. Pourtant, la relation de Ryoma et Natsu ne devrait avoir aucune influence sur Shun ou moi mais je n’arrête pas de m’inquiéter. Et machinalement, je me mets à l’éviter, à le fuir. J’espère sincèrement que Shun ne remarquera pas mon changement de comportement mais mon meilleur ami n’est pas idiot, ni aveugle alors je sais que je me fais des illusions. Peut être qu’à un moment, il va en avoir marre et me forcer à lui parler, mais d’ici là, je ferai tout ce que je pourrai pour ne pas être coincé dans une telle situation.  

Pendant le repas, il n’a pas l’air de vouloir me parler en privée et ça me rassure. Je reste encore dans le salon, affalé dans le canapé, portable à la main. Je ne suis pas seul dans la pièce, Shojiro est à côté de moi. Il regarde la télé et je jette de temps en temps un œil furtif à l’écran, riant quand le leader me montre un passage drôle. Mine de rien, la présence du leader m’évite de me retrouver dans une situation où je serai amené à être seul avec mon meilleur ami, et c’est ce qui me permet de m’assurer que la discussion ne sera pas pour aujourd’hui non plus. Cette pensée me rassure et m’évite d’être à l’affut car je ne pense pas que Shun va oser demander devant les autres qu’on doit parler en privée. Après ce bon petit moment de détente, je m’étire avant de quitter le canapé. Je dis un « bonne nuit » aux autres avant d’aller dans ma chambre. Shojiro reste encore un instant devant la télé, le couple est parti dans leur chambre. Quant à Shun, il semble aussi vouloir rester dans le salon. Mais à peine ai-je eu le temps de fermer la porte de ma chambre qu’on toque. C’est Shun. Mon regard défile dans tous les sens et je commence à faire les cent pas. Je fonce dans mon lit et mets ma couverture jusqu’à mes oreilles. « Je suis fatigué. » Je feins un bâillement. « Si tu veux me parler, fais le demain. » C’est ridicule mais c’est tout ce que je trouve à faire.

TENUE ••• Cette histoire n'a rien changé pour moi. Le groupe n'est pas différent, mes amis non plus. Les journées sont pareilles à celles d'hier et le seront à celles de demain. Je ne cache rien et je n'ai rien à cacher non plus. En fait, tout se passe du côté de mon meilleur ami qui m'évite sans raison, ou du moins sans que je sache ou comprenne pourquoi. Ai-je fait quelque chose qui ne lui a pas plu ? Ai-je dit un truc qu'il ne fallait pas ? Je ne sais pas quoi penser de son comportement, mais plutôt que l'afficher devant tout le monde, j'attends le bon moment pour aborder mon meilleur ami. à ce moment je peux comprendre que Ryoma n'ait pas voulu dévoiler la vérité à tout le monde en même temps, et qu'il ait attendu aussi longtemps. Certes, j'ai surpris la conversation des deux garçons, mais en d'autres circonstances, ils nous en auraient parlés plus tard. Bref. J'en reviens à Miyu qui me fuit et me fourni aucune explication, ce qui ne colle pas du tout à la diva. Normalement, quand un truc cloche, il vient m'en parler et on règle le soucis. Comme la fois au parc d'attraction, avec l'émission. Faut croire que cette fois-ci, il n'a aucune envie d'arranger les choses. Sauf que je ne peux pas rester indéfiniment comme ça, le cul entre deux chaises.

La soirée s'est plutôt bien déroulé à cinq. Nous avons traînés devant la télé, Miyu rigolant aux paroles de notre leader, tandis que j'observais les images bouger à l'écran, distrait. Par moment, je jetais des coups d'oeil à mon meilleur ami, me demandant ce qu'il pense. Il ne semble pas vouloir m'adresser la parole, ni faire attention à moi. J'avoue que ça me pèse. Je ne saisis pas pourquoi il se comporte ainsi tout d'un coup. Il me laisse dans le flou, inconsciemment ou pas. La soirée se termine après qu'ils soient presque tous parti, sauf Shojiro. Lâchant un « bonne nuit » à mon tour, trois ou quatre minutes après le départ de Miyuki, je vais d'ailleurs rejoindre celui-ci dans sa chambre, toquant à sa porte. Quand je l'ouvre, je ne vois le garçon nulle part. Mes yeux se posent sur la bosse dans le lit, fronçant doucement les sourcils. Appuyé contre la porte, je ne suis pas décidé à sortir de si tôt, restant planté là. « Et demain, ce sera quoi ? » Soufflais-je, déjà lasse. « Miyu, faut qu'on parle. » Généralement, ça n'annonce jamais rien de bon et je crois que c'est justement le cas. « Pourquoi tu m'évites ? Tu m'en veux toujours pour la dernière fois ? » Je pensais être pardonné pour mon intrusion, mais peut-être que j'ai tord ? Miyu ne me dit rien, comment pourrais-je savoir ? Verrouillant la porte, je retire la clé de la serrure et la glisse dans la poche arrière de mon pantalon, me rapprochant de son lit. « Je ne partirais pas de là tant que tu ne m'auras rien dit. » Et lui non plus, il ne partira pas de là.

TENUE ••• J’ai cru que la journée d’aujourd’hui se terminerait elle aussi sans encombre mais le bruit sourd de la porte me fait changer d’avis. J’ai une chance sur quatre de tomber sur quelqu’un d’autre que mon meilleur ami, mais à cette heure, je ne vois que lui pour me chercher dans ma chambre. La voix de Shun se fait entendre et je panique. J’avais raison. C’est bien lui qui m’attend à l’extérieur. Je me jette sous ma couette et feins de dormir. Je ne pense pas qu’il va oser rentrer mais on ne sait jamais, s’il me voyait dans le lit il sera peut être découragé et repartira dans sa chambre ? J’entends la porte s’ouvrir puis se refermer. Il est parti ? Je soupire en entendant sa voix. Il est rentré dans ma chambre. « Laisse moi dormir. » Je tiens solidement la couette dans mes mains, même si je vais finir par m’étouffer à l’intérieur. J’écarquille les yeux à la phrase fatidique. Je m'y attendais mais je la redoutais. Je ne veux pas parler, je n'ai rien à lui dire. Pas aujourd'hui en tout cas. « Demain. » tentai-je d’argumenter. Puis demain, je lui dirai encore demain et ainsi de suite jusqu'à reporter à jamais cette discussion. Mais je connais Shun, vu le ton qu’il a employé, il ne laissera pas ça jusqu’à demain. « Mais non, je t’évite pas. Je t’ai pardonné. » Je reste toujours caché. « Maintenant que je te l’ai dit, tu peux me laisser dormir ? » Le manque d’air commence à se faire ressentir mais je n’ose pas encore sortir la tête. Je n’entends toujours pas de porte qui s’ouvre, ce qui signifie qu'il m'attend toujours. Je m’impatiente. Mais ne pouvant plus rester enfermé sous la couette, je l’extirpe et me relève de mon lit, assis sur la bordure, couette sur mes épaules. « Qu’est ce que tu fais encore là ? Je vais te donner une raison de m’éviter si tu continues. » Fausse menace bien entendu. Je soupire un bon coup et agite de la tête comme un enfin capricieux. « Pour l’histoire de Ryoma, je t’ai réellement pardonné. » dis-je un peu plus calmement. C'est vrai, ce n'est pas pour ça que je fais tout un plat.

TENUE ••• Si je commence à faire le timide ou celui qui ne veut pas déranger son meilleur ami sur le point de dormir, je ne m'en sortirai jamais. C'est la raison qui m'a poussé à entrer dans sa chambre et à refermer la porte derrière moi, m’incrustant sans invitation. Il ne l'aurait jamais fait de toute évidence, autant se donner le gauche quand personne nous donne le droit. Dormir, je suis sûr qu'il ne dormira pas de si tôt. J'insiste. Il n'y a que ça qui fonctionne avec lui, persister et persévérer jusqu'à ce qu'il craque et me donne l'attention que je réclame. Demain, il m'agace à reporter à chaque fois à demain. Je pourrais m'énerver et hausser un peu la voix, mais je préfère y aller doucement et peser sur les mots pour qu'il comprenne que je ne suis pas patient, ni idiot. Sa réponse ne me convient pas, en plus il me parle en étant caché sous sa couette. Il se fout de moi ? Je fais la grimace, me retenant de sauter sur le lit pour l'écraser et le faire sortir de sa cachette. Aucun mot ne sort de ma bouche, je réfléchis toujours à ce que je pourrais dire pour le faire céder mais aucune idée me vient en tête. C'est désespérant et je suis désespéré. Voyant qu'il bouge et se relève, j'ai cru qu'il allait me sortir de force ou m'accorder de son temps, mais ni l'un ni l'autre, ce qui est étrange. « Comme quoi ? » ça sent la menace, autant de son côté que du mien. Provocation ou conseil, j'en sais trop rien mais je ne vais pas me laisser faire ou partir la queue entre les jambes. Bon, il m'annonce un truc réconfortant, c'est déjà ça. « Alors qu'est-ce qu'il y a ? » Si ce n'est pas Ryoma, c'est quoi ? Il ne peut pas juste me dire ça et continuer à m'éviter, ce n'est pas possible. « Si ce n'est pas Ryoma, c'est quoi ? » Soufflais-je, m'autorisant à m'asseoir sur le bord de son lit à côté de lui. « On ne parle plus comme avant. » Il ne peut le nier, c'est lui qui me répond de moins en moins et semble plus occuper ailleurs. Je veux savoir, comprendre et ne plus rester dans le doute.

TENUE ••• Je fais de mon mieux pour le faire sortir mais la technique de rester caché sous sa couette et faire semblant d’être fatigué ne marche pas du tout. Ce n’est pas comme si j’étais convaincu que ça allait marché non plus. Je savais que mon meilleur ami n’allait pas rester à ne rien faire pendant longtemps. C’était d’ailleurs un miracle qu’il n’arrive que maintenant dans ma chambre. Sentant que je commençais à m’étouffer, je sors de ma cachette. Shun est toujours là et est devant la porte. « Sors Shun, avant que je ne m’énerve. Je suis fatigué. » Je le regarde franchement, agacé par son entêtement. Mais il ne veut pas bouger. « Mais rien. » Je l’évite du regard, enroulant la couette autour de mon corps. Il vient s’asseoir à côté de moi et je tourne la tête de l’autre côté. « Nous sommes tous occupés Shun. Je n’ai simplement plus de temps de parler aussi fréquemment qu’on le faisait avant. » disais-je après avoir pris le courage de regarder mon meilleur ami. « On a passé une longue journée. Je suis fatigué. Toi aussi, tu dois l’être. Alors retourne dans ta chambre et va dormir. » Je me lève du lit, toujours avec la couette sur moi et me dirige vers la porte. J’attrape la poignée avant de la tirer. Mais c’est bloqué. Je tente une nouvelle fois mais la porte ne bouge pas. Je cherche la clé dans la serrure mais elle a disparu. Je regarde immédiatement mon meilleur ami. C’est lui qui l’a verrouillée. « Pourquoi tu as fait ça ? » Je tente encore d’ouvrir la porte mais c’est évident, elle ne bougera pas tant qu’on ne la déverrouille pas. « Ça t’amuse de nous enfermer ? » Je m’approche de Shun et tends ma main. « Donne moi la clé. » Je suis sérieux. Il n’aurait pas du faire ça. Ce n’est pas parce qu’il nous a fermé la porte à clé que je vais tout lui raconter.

TENUE ••• Miyu n'est pas dans son jour, ni dans son assiette. Je ne comprends pas trop pourquoi d'ailleurs. Serait-il ainsi avec Shojiro ou Ryoma ? Ou est-ce seulement avec moi qu'il se comporte de la sorte ? Je n'ai pas souvenance de l'avoir embêté ou vexé dernière, donc je ne vois toujours pas pourquoi il se cache et m'évite. D'après lui ce n'est pas le cas, mais d'après moi ça dure depuis trop longtemps. Ce n'est pas la première fois que je cherche à lui parler, mais il a systématiquement un truc à faire, pas le temps, fatigué, ce genre d'excuse qui m'agace à force de les entendre, encore et encore. Je ne compte pas sortir, il peut me virer, me crier de partir, je ne bougerai pas de là sans une explication valable. Voilà, il recommence. Dès que je me fais proche avec lui, il se renferme et s'isole. Il est devenu compliqué depuis l'histoire avec Ryoma, mais je ne suis pas fichu de faire un quelconque rapprochement entre ça et mon meilleur ami. ça ne m'effleure même pas l'esprit, à dire vrai. « ça compte durer jusqu'à quand ? Jusqu'aux prochaines vacances ? » Je suis exaspéré, il me repousse à nouveau. « Je le suis, mais ce n'est pas une excuse pour ne pas parler avec toi. » Rétorquais-je, peut-être un peu trop sur le qui-vive. Miyu se lève, mais je reste assis à ma place, l'observant se diriger vers la porte et tenter de l'ouvrir. Louper, elle est verrouillée et c'est moi qui possède la clé. « Pourquoi j'aurai fait ça ? » Qu'il me trouve une excuse, puisqu'il sait si bien le faire. Roulant des yeux, j'ai l'impression d'être accusé pour une faute grave, alors que je n'ai fait que fermer la porte à double tour. « Non. » C'est catégorique, il n'aura pas la clé. « Tu ne me dis rien, je te rends pas la clé. » Voilà, c'est donnant donnant. S'il n'y a que ça pour avoir ce que l'on veut, autant jouer le jeu. « Tu es devenu pire qu'un président, impossible d'avoir une audience avec toi. » Soupirais-je, me penchant légèrement en arrière, les mains à plat sur son lit. « Devrais-je changer de meilleur ami ? » Là, je ne cherche qu'à l'énerver davantage.

TENUE ••• Shun ne comprend rien mais ce n’est pas comme si je voulais qu’il me comprenne. Je veux simplement qu’il me laisse tranquille. Car plus il veut chercher la raison de mon changement de comportement, moins j’arrive à me comporter normalement avec lui. Je n’ai pas l’habitude de fuir un problème mais j’ai trop à perdre pour pouvoir agir sans réfléchir. Je ne veux pas de face à face car j’ignore où ça va nous mener. Le pire étant de perdre notre amitié pour toujours. Certes, c’est assez délicat pour le moment mais je préfère ça que de le voir m’éviter parce qu’il sait. Alors je ne compte pas le faire savoir. Il ne doit pas savoir. Il s’assoit à côté de moi. Or il ne doit pas le faire. J’ai tellement peur de finir par craquer et le lui dire. Je me connais, je suis trop impulsif. Pour le moment, je tiens bon en lui inventant des excuses. « Tu n’as qu’à nous obtenir des vacances au plus vite alors. » dis-je en sachant pertinemment que ça n’est pas de sa juridiction et qu’on restera occupé pendant un long moment. « Bon bah, maintenant qu’on a parlé, je peux aller dormir ? » J’augmente aussitôt la distance qui nous sépare en me levant du lit. Je me dirige vers la porte mais Shun l’a verrouillé. Ça m’agace, pourquoi est ce qu’il tient tant à découvrir ce que je cache ? « Parce que tu veux pas me laisser dormir ? » Etre enfermé à double tour signifie que je suis coincé avec lui. Je suis littéralement et métaphoriquement au pied du mur. Je demande, ou plutôt j’ordonne à mon meilleur ami de me donner la clé mais il refuse. « Ne joue pas au gamin. [/color][/b]» Mais on se demande qui de nous deux est réellement le gamin ici, mais j’ai trop les nerfs à vif pour le remarquer. Je m’approche du lit. Shun a forcément la clé sur lui. Je roule des yeux. « Tu ne sais pas que tu as en face de toi une Diva ? » dis-je sarcastiquement, main toujours tendue vers lui. Je commence à m’impatienter mais sa dernière remarque me met hors de moi. Je ferme ma main et serre le poing avant de baisser le bras. « Bah oui, change de meilleur ami ! Oublie moi pendant que tu y es ! » Je ne contrôle plus ma bouche et le pire est que je ne pense pas du tout ce que je dis. Mais la colère peut nous faire dire n'importe quoi. « Je suis bête, j’aurai du changer de meilleur ami aussi, ça m’aurait évité bien des problèmes ! » Si j’avais été un brin plus faible, j'aurais surement les larmes aux yeux. Mais par colère, impulsivité ou par fierté, je ne laisse rien apparaitre. Je me contente de retourner près de la porte et de m’assoir par terre, enfilant la couette par-dessus moi pour cacher Shun de ma vue. Je me sens pathétique à gronder mon meilleur ami alors qu’il n’a rien fait.

TENUE ••• Il préfère m'éviter et que je ne sache pas, plutôt qu'essayer de m'en parler. Comment pourrais-je fuir mon meilleur ami ? Nous vivons sous le même toit, puis je ne pense pas vivre pire avec lui que l'époque où nous nous sommes rencontrés. Non, vraiment. Miyu est embêtant ce soir, mais je ne lâche pas l'affaire. Insister, ça je peux le faire. Pour les vacances, ça risque d'être compliqué. Qu'importe ô combien je demande à la direction, il n'y aucune chance qu'on nous accorde ne serait-ce que deux jours de liberté. L'agence est cool, mais nous sommes des salariés comme tous les autres. Ah ? Nous avons parlés ? Déjà ? C'était rapide. Malheureusement, c'est moi qui ai les clés de la porte et celle-ci est fermée. Il va devoir trouver un compromis pour me satisfaire, sinon il ne reverra jamais sa clé. « Non, ça je m'en fiche. » Lâchais-je, indélicatement. Qu'il est têtu, je n'ai jamais vu un gars aussi borné que lui. Un vrai âne. Il insiste, réclame encore sa clé, et à nouveau, je refuse. La vie serait trop simple si nous avions toujours ce que nous voulons, puis puisque je n'arrive pas à avoir de réponse, il n'aura pas sa clé. « Moi ? Un gamin ? » Sérieux, il n'a pas dû se regarder. « Je n'évite pas les gens sans raison, moi. » Je joue son jeu. Une diva. Il me ferait presque rire, si je ne voulais pas garder le sérieux de la situation. Il n'a pas tord, je peux être vraiment gamin quand je commence, mais il m'a lancé sur cette voie. « C'est une idée. » De l'oublier. Pas sûr que ce ne soit facilement, par contre. Du coup, il abandonne ? Son bras s'est abaissé dans un signe de résignation. Là, c'est lui qui me heurte. « Quels problèmes ? » Demandais-je, me levant de son lit pour lui faire face. Miyu a déjà tourné les talons, retournant vers sa porte. Il me désespère. Bon, s'il faut être radicale... « Si je passe cette porte, ne t'attends pas à me voir revenir. » à cela, je m'approche de lui, prends la clé dans ma poche et la dépose devant lui. Il a le choix, soit il ouvre la porte et ne me vois pas revenir. Soit il laisse la clé et me parle. « Je suis sincère avec toi, Miyu. Fais-en de même. »

TENUE ••• J’utilise le manque de temps comme excuse. C’en est une presque infaillible puis qu’on est réellement pris par notre emploi du temps. Entre les concerts, les cours et nos projets perso, nous nous n’arrêtons presque jamais. Alors s’il peut réclamer des vacances qu’il tente de le faire. Mais nous savons tous les deux que c’est joué d’avance. Ça ne fait je ne sais combien de fois que je me répète que je n’ai rien pour lui. Ce n’est pas de ma faute s’il ne veut pas me lâcher avec ça. Nous avons parlé maintenant, au lit. Mais cet abruti a fermé la porte à clé et refuse de me donner la clé. Je suis têtu mais il l’est encore plus puisqu’il me tient tête. On va continuer longtemps comme ça si aucun de nous deux refuse de céder. En tout cas, moi je ne reculerai pas. « Oui ! Toi ! » Je lève les yeux comme si c’était une évidence. « Mais puisque je te dis que je ne t’évite pas ?! Tu es sourd ? » Son comportement m’énerve. Il m’énerve. Cette situation m’énerve. Tout m’énerve. Et ce qu’il dit n’arrange pas mon cas. Je sens la colère prendre le dessus. Mon cœur se serre à cause de mon stupide comportement mais je ne me contrôle plus. J’aurai tellement voulu ouvrir la porte en grand et lui dire d’aller se chercher son nouveau meilleur ami mais la porte est verrouillée. « Qu’est ce que tu attends pour aller voir ton nouveau meilleur ami alors ! Va le déranger lui au lieu de rester ici. » J’en ai marre de cette situation. Tout dégénère alors que je voulais justement préserver ma relation avec Shun. Il est encore plus borné que moi car il ne compte pas bouger d’ici. Ça me fatigue et me désespère. Je fini par m’éloigner de lui, voyant que je n’obtiendrai jamais la clé. « Ne reviens pas. » dis-je sans connaitre les conséquences. Mais je ne mesure la sévérité de ses propos que lorsqu’il dépose la clé devant moi. Je sors la tête de ma cachette et remarque l’objet. Je fixe le regard de mon meilleur ami. Il va me faire craquer et je vais finir par tout lui avouer. « Tu ne pourras pas comprendre. » J’attrape la main de Shun pour le tirer vers le sol et l’obliger à s’assoir par terre. « Tu tiens réellement à savoir ? » demandai-je avec un « tu regretteras surement ton choix » écrit en gros sur mon visage.

TENUE ••• Je suis un gamin, d'après mon meilleur ami. C'est marrant, parce qu'il n'est pas plus mature que moi pour le coup. J'ignore où est-ce que l'on va à être si borné et enfantin, mais sûrement pas dans le bon chemin. ça fait je ne sais combien de temps qu'il ne m'adresse la parole, mais monsieur ne m'évite pas. Bah voyons. « Ah non c'est vrai, tu n'as pas le temps de me parler. » Je rétorque, soufflant par les narines. Miyuki est facile à énerver, même si je ne tiens pas trop à m'en amuser, mais plus il s'énerve et plus il dira franchement les choses. D'accord, ce n'est pas la méthode du siècle, ni la meilleure qu'il soit, mais je ne sais plus quoi faire de lui. On parle moins, se croise à peine et bientôt ce sera comme si je n'avais réellement pas de meilleur ami. Je ne veux pas en arriver là, mais il semble trop têtu pour s'en rendre compte. Je tiens à lui, d'une façon ou d'une autre, je tiens beaucoup à lui. Il renchérit et j'en perds mon envie de l'agacer davantage, soupirant à nouveau. Il y a certaines limites à ne pas franchir, et j'ai l'impression de sauter dedans les pieds joints. Jusqu'à où va-t-on aller ? Nos paroles ne sont pas sympathique, ni calme. ça part trop loin, trop vite. Mon ton est lent, lasse, presque indifférent. Ce n'est pas la sensation que je veux renvoyer à Miyu, mais en même temps, je veux qu'il réagisse autrement qu'en me repoussant. Je serais prêt à le supplier de me parler, si ça pouvait me faire gagner dix minutes supplémentaires. Est-il sérieux ? Je compte si peu pour entendre ça ? Dans le fond, je ne le prends pas au mot. Il est énervé, bien que je ne sache toujours pas pourquoi. De toute façon, il a décidé de ne pas faire le pas que j'attends. Il serait temps que je lâche l'affaire, lui donnant une dernière occasion de se confier. La clé, c'est la dernière chance. « C'est justement ce que je tente de faire. » Comprendre. Pour une fois que je veux creuser et savoir, il ne peut pas juste me dire d'aller me faire voir. C'est injuste. Tiré vers le sol, je m'assois face à lui, m'attendant plutôt à ce qu'il récupère l'objet, ouvre la porte et me jette dehors. « Je suis ton meilleur ami. évidement que je veux savoir. » à ce moment-là, je ne pèse pas encore la gravité du sujet, ni de ses aveux. Meilleur ami. C'est presque une insulte, mais je ne suis pas censé savoir.

TENUE ••• Je m’énerve facilement et pour rien. Je réagis au quart de tour, nie toute vérité. Je suis borné et je ne veux rien entendre. Voilà où ça nous mène. A une dispute naissante. Nos paroles sont de moins en moins douces et le ton moins calme. Tout commence à m’échapper de contrôle. Je sais que j’énerve Shun mais lui aussi m’énerve à ne pas vouloir lacher l’affaire. S’il n’était pas aussi têtu, on ne serait pas arrivé là, à s’embrouiller. C’est parce que je ne voulais pas partir en terrain inconnu que je gardais ce sujet pour moi. Shun m’est beaucoup trop précieux et je ne veux pas que notre relation se perd à cause de ce que je ressens pour lui. Mais visiblement, ce n’est pas possible. Il me pousse à tout révéler à plusieurs reprises et j’ai beau à lui tenir tête, ma limite est bientôt à bout. Il me pose un ultimatum. Le laisser partir ou lui dire la vérité. Quel est le meilleur choix ? Je n’en sais rien. Par impulsivité, je lui ai dit de partir mais je regrette la seconde d’après. Ce n’est pas facile et je ne veux pas décider. Mais quand mon regard se pose sur la clé puis sur Shun, je sais que je n’ai qu’un seul choix possible. Je ne peux pas le laisser partir… Essayant de me calmer, j’attrape la main de Shun pour le mettre à ma hauteur. Bah oui. C’est mon meilleur ami. Mon cœur est comme compressé dans ma cage thoracique. C’est désagréable comme sensation, désagréable et douloureux. Comment lui révéler après ce qu’il vient de dire ? Je ne peux tout simplement pas le faire. Je déglutis puis respire un bon coup. Je fais un mouvement de la tête pour remettre mes cheveux en place. J’ouvre la bouche mais aucun son ne sort. Tous ces petits gestes successifs et répétés retardent mon moment d’aveu. Je souffle un bon coup. « J’aime quelqu’un. » Ma voix n’est pas confiante et mon regard se fait fuyant. Il va surement se dire que ma réaction est excessive pour un tel aveu. « …C’est un homme. » Peut être que rien que cette confession le choquera mais il n’est pas au bout de ses surprises. Cependant, je ne compte pas en dire plus.

TENUE ••• Si j'insiste, c'est bien parce que je veux savoir ce qui tracasse tant mon meilleur ami pour me parler beaucoup moins qu'avant. Il n'a jamais fait une telle chose par le passé, que notre planning soit pleins à craquer ou complètement vide. Je suis loin de me douter qu'il puisse cacher ce genre de truc. à dire vrai, c'est impossible pour moi de le supposer ou de le découvrir seul. Mon cerveau n'analysera sûrement jamais cette situation, à moins de l'avoir sous les yeux. Du coup, je persiste à vouloir connaître les raisons de Miyuki qui le pousse à m'éviter, parce qu'il m'évite clairement. Je suis obligé d'être intransigeant et radical, sinon je vais encore prendre la porte et n'avoir aucune réponse. Il ne pourra pas me rejeter indéfiniment, pas avec l'ultimatum que je viens de lui poser. C'est à lui de réfléchir, de prendre sa décision. Il me dit de partir, mais je ne prends pas cette première réponse au sérieux, pas tant qu'il ne m'a pas regardé dans les yeux. C'était une bonne chose, parce qu'il change finalement d'avis et semble me retenir. Est-ce que j'ai joué la bonne carte ? Je l'ignore complètement et dans le fond, je n'ai pas envie de me poser la question. Assis face à mon meilleur ami, j'attends que celui-ci prenne la parole, mais il traîne en longueur. Une bonne minute doit s'être écoulé avant d'entendre à nouveau sa voix, le suspense régnant depuis plus de soixante secondes. Il aime quelqu'un ? C'est une bonne nouvelle ! Je n'aurai jamais cru que Miyu soit capable d'aimer quelqu'un. Enfin, si, mais voilà quoi. Je comprends pas pourquoi il agit de la sorte, il a le droit d'aimer et d'être aimé. Un homme ? Le temps que l'information monte jusqu'en haut. « Hey, c'est super ! » Lâchais-je brusquement. Homme ou femme, quelle importance après tout. Natsu et Ryoma sont bien ensemble, pourquoi pas Miyuki et un garçon ? Je le soutiendrais, qu'importe qui il aime. « Qui est-ce ? Je le connais ? Tu peux au moins me dire à quoi il ressemble ? » J'ai l'air beaucoup trop enthousiasme pour lui, sans me douter une seconde que ça pourrait être moi. Non, j'imagine déjà un gars, un autre gars. « Depuis combien de temps ? Je ne me serais jamais douté que tu aimes quelqu'un. C'est un élève ? Une idole ? Ou un membre du staff ? » J'enchaîne, inconscient. Mon meilleur ami est « amoureux » et même si ce terme me paraît étrange, ça me rend tout autant curieux.

TENUE ••• Avec cet ultimatum, je finis par céder et accepter sa présence. Je n’ai pas le choix mais je ne sais toujours pas par où débuter. Je cherche mes mots mais le silence règne. Mon regard n’est pas fixe et je ne veux pas que Shun me presse. Heureusement pour moi, il ne dit rien et attend. Je romps le silence et lui avoue que j’aime quelqu’un, un homme plus précisément. Je redoute sa réaction. En fait, je ne sais même pas comment je veux qu’il réagisse. Mais je ne m’attendais réellement pas à qu’il me réponde ainsi. Je suis littéralement sans voix. Il me félicite. Il croit que ça me fait plaisir mais c’est tout le contraire. Je crois que c’est une des pires réactions possibles. Me féliciter comme si ça ne le concernait pas. J’ai l’impression que mon coeur a été écrabouillé et j’ai mal. Je souffre. Je savais que je n’aurai pas du lui dire. Etre confronté à la réalité peut faire mal. Très mal. Il l’a tellement bien pris. Son sourire montre qu’il est sincère et je force un sourire pour ne pas le rendre soucieux. Bah oui, mon meilleur ami m’apporte son soutien pour une relation amoureuse avec un homme. Que pourrai-je espérer de mieux ? Remarquez là, le ton sarcastique employé. «   Merci… Tu es content ? » Mais il se trompe, ça n’a rien de « super ». Chacune de ses questions ressemblent à une flèche lancée sur moi. C’est douloureux, mais je garde un sourire même si j’ignore comment je réussi cet exploit. Ses yeux brillent tellement je peux y lire sa curiosité. C’est limite drôle de le voir aussi curieux alors que l’objet de ses questions n’est autre que lui même. «   Je ne te dirai pas qui sait… Mais tu le connais. » Il est tellement loin de la vérité. Shun ne le devinera jamais. Depuis quand ? C’est une bonne question, je suis tombé amoureux de lui sans que je ne le remarque. Ça fait naturellement, me torturant chaque année qu’on passe ensemble. « Tu ne le sauras pas. » Il va croire que je fais mon difficile en voulant garder le mystère sur cette personne. Mais s’il savait… « Pourquoi ? Je ne peux pas tomber amoureux ? » Je ne comprends pas ce qu’il veut dire par là. Je suis trop imbu de moi même pour aimer quelqu’un ? Ou j’ai l’air d’être une maman célibataire qui n’a jamais pensé à l’amour ? Je ne comprends vraiment pas le sens de ses propos.

TENUE ••• Je ne me sens pas concerné, justement. Je n'ai fait aucun rapprochement, rien qui puisse me guider sur cette voie. Je suis tout simplement content pour mon meilleur ami, après tout, c'est le mieux que je puisse lui souhaiter d'être amoureux. Homme, femme, c'est le cadet de mes soucis au final. Il peut aimer qui il veut, ce qu'il veut, je serais toujours son meilleur pote. Sauf que je ne réalise pas à quel point cela peut être blessant pour Miyu. Comment aurais-je dû réagir sinon ? Miyuki le prendrait bien si je l'avais regardé d'un mauvais oeil ? Est-ce que ce genre de réaction laisserait une porte ouverte ? Je ne suis pas contre l'homosexuel, mais je n'ai jamais songé à ce qu'un homme m'aime non plus. à dire vrai, c'est flou. Pour le moment, je me réjouis pour lui, bêtement. « Je ne devrais pas ? » Être content. Je l'accepte comme il est, n'est-ce pas ça le plus important ? Je ne sais pas ce qu'attend Miyuki, s'il est soulagé ou pas du tout de l'avoir dit. Il joue à nouveau le mystérieux ... Dois-je refaire une scène dramatique pour lui arracher un nom de la bouche ? Je n'insiste pas. Hochant doucement la tête, je continue à réfléchir sur une personne que je connais, plutôt proche de l'idole et qui soit un homme. « C'est Tenma ? » Notre manager, il est jeune et mignon. étrangement, je ne trouve pas qu'il colle avec Miyuki. « Non, non. Ce ne serait pas trop ton genre. » Comme si j'en savais quelque chose. Bon, de toute évidence, il est têtu et compte garder l'identité de son amoureux pour lui. Tant pis. « Oh, si tu peux l'être. » Je ne sais même pas moi pourquoi, je viens de lui dire cela. Nous avons des closes dans notre contrat, nous ne pouvons pas avoir de relation amoureuse, après ça n'est pas stipulé entre hommes, ni entre membres. à ce moment-là, j'aurai dû percuter un élément important, mais non. ça me passe aussitôt par dessus la tête. « C'est juste que... Depuis que je te connais, j'ai jamais eu l'impression que tu aimais quelqu'un à ce point-là. » Comme quoi, tout est possible. « Maintenant, je voudrais bien savoir pourquoi tu m'évitais. Peur d'être jugé ? » Demandais-je, ça me paraît le plus logique. Miyu devait avoir peur que je le juge sur sa préférence ou ses sentiments, pourtant je n'ai pas été incorrecte avec Ryoma quand je l'ai su. « Tu penses que j'en fais trop ? » Entre écouter aux portes et forcer la sienne, y a de quoi se faire taper sur les doigts.

TENUE ••• Shun n’est, bien évidemment, pas en mesure de faire le lien entre la personne que j’aime et lui. D’ailleurs, je me demande si quelqu’un a déjà pensé que je pourrai l’aimer. (hormis les fans mais ça ne compte pas) « Si…bien sur.  » Je force un sourire tout à fait crédible. Pour lui, c’est une bonne nouvelle que je sois amoureux, mais c’est parce qu’il ne connait pas ma situation. Mais qu’est ce que je voulais qu’il fasse ? Ce n’est pas comme si j’attendais une réaction spécifique. En fait, quelle que soit sa réaction, j’aurai fini blessé car mes sentiments pour Shun ont dépassé le stade de l’amitié et ça, ça finit une fois sur deux mal. Car amour ou amitié, il n’y a pas d’entre deux. Durant ces années, j’ai voulu prétendre le contraire mais ça n’a pas marché. A une époque, j’ai dénié mon amour pour lui mais ça ne servait à rien. J’aime Shun et je ne pourrai changer ce fait. Mais j’ai déjà l’impression d’en avoir trop dit. Je ne veux pas qu’il prenne le risque de deviner l’identité de la personne que j’aime. Tenma ? J’avoue que je ne m’y attendais pas. Pas du tout même. Et l’expression de mon visage doit montrer ma stupéfaction. Comment est il arrivé à cette conclusion ? « Ah ? Tu connais mon genre ? Tu savais que j’aime les garçons ? » Les mots de Shun me rendent de plus en plus perplexe. Je découvre une nouvelle façon de penser sur moi et c’est dangereusement intriguant. On se parle de tout mais rarement de nos relations amoureuses, alors je suis curieux sur sa façon de me voir. Il est vrai que quand j’aime quelqu’un, amoureusement parlant, je reste assez discret. Je ne suis pas le genre de gars à n’avoir que d’yeux pour son copain. Donc c’est assez subtil, je le reconnais. Mais entendre de la bouche de la personne qu’on aime qu’il n’a jamais eu l’impression que je pouvais aimer quelqu’un, oh bordel ça fait mal. En fait, c’est même assez vexant. Et comme je ne suis pas la personne la plus calme au monde, ça me met presque en colère. Je souffle d’exaspération. Je sais que je ne devrais pas mais c’est plus fort que moi. Même s’il ne voulait pas être vexant ou autre, je ne veux plus l’écouter parler. C’est tout à fait moi de me refermer dès que quelque chose ne me plait pas. « Oui tu en fais trop. Je n’ai jamais voulu de te parler de tout ça. » Je me lève d’un coup. « Tu ne comprends rien. » Je sais que je ne fais rien pour qu’il comprenne mais est ce si difficile de ne pas me sentir blessé à chacune de ses paroles ? « Puisque tu ne veux pas sortir de ma chambre, je n’ai qu’à le faire moi. » Je récupère la clé et déverrouille la porte. « Je vais prendre l’air.  » Je sors d’un pas rapide de ma chambre et traverse le couloir qui me mène au salon et à la porte d’entrée. Sortir en T-shirt en pleine nuit, mais quelle bonne idée.

TENUE ••• C'est déjà une chose de savoir que mon meilleur ami est amoureux, mais c'en est une autre de savoir de qui. Je pourrais donner des tonnes de supposition que cela ne collerait pas. Ou alors, je devrais m'en tenir à ce que je sais, sans vouloir en apprendre davantage. C'est juste que, Miyuki est mon meilleur ami, forcément que je m'attends à ce qu'il me dise tout, même le nom de l'homme pour lequel il éprouve autant de sentiment. Je devrais être jaloux d'un autre côté, parce que cela veut dire qu'il risque de s'éloigner pour une histoire d'amour et que je passerai certainement au second plan. Cette idée-là ne m'a pas encore traversé l'esprit, pour l'instant je ne pense qu'au bonheur de Miyu, sans connaître les détails de l'affaire. Son genre ? En fait, non. Il est vrai que je ne savais pas pour son orientation, donc ni pour son genre. Ce n'était qu'une déduction pour le manager, rien de plus. « Aucune idée. » Avouais-je, haussant légèrement les épaules sous mon ignorance. En vérité, je ne connais pas non plus son style de femme, avant de savoir qu'il aime les hommes. Même la dernière fois durant l'émission, je n'ai pas senti un très bon feeling avec sa partenaire, puis je croyais qu'il était jaloux pour la mienne. Bref, je balais cette pensée très loin. Mes paroles ne sont pas dites pour blesser l'idole, je ne pensais pas à mal en disant qu'il n'était pas du genre à aimer quelqu'un par amour... J'en sais trop rien. J'ai toujours vu Miyuki fier de lui, comme si personne ne pouvait être mieux que lui pour lui. Il renvoie vraiment une image de Diva, c'est fou. Il affirme que j'en fais trop et je l'accepte, hochant doucement ma tête en signe d'approbation. « Désolé, je ne voulais pas te froisser. » J'aurai dû me retenir de dire certaines choses, mais c'est trop tard maintenant. « Quoi ? Mais attends ! » Il s'enfuit au final. Je n'ai pas pu le retenir bien longtemps. « Mets une veste ! Tu vas attraper froid ... » Mais mes mots se perdent en route, voyant l'autre garçon s'éloigner à grand pas. Je ne comprends pas. ça aurait dû nous rapprocher de discuter d'un sujet sensible, alors pourquoi j'ai l'impression que le faussé se creuse davantage ? Shojiro ne doit rien comprendre, toujours dans le salon. Devrais-je le suivre ou rester là ? Il est quand même en t-shirt ... Au moins lui apporter un pull ou une veste, quelque chose pour ne pas qu'il choppe la crève.

TENUE ••• Evidemment, il n’avait aucune idée du genre de personne que j’aime. En fait, il ne me croit même pas capable d’aimer en amour une autre personne. Ses propos me blessent. Je suis quelqu’un qui a beaucoup d’estime de soi mais est ce une raison de ne pas savoir ce qu’aimer signifie ? Comment peut il me dire ça ? Il ne l’avait peut être pas fait exprès mais il l’a dit. « Bah c’est trop tard. » J’aime un idiot. Malgré ma forte confiance en moi, je reste une personne sensible. Mais je pense que personne ne serait capable de supporter d’entendre de la part de la personne aimée ce genre de propos. Ça m’énerve et me déçois. Je sors sans me soucier du reste. Je dois prendre l’air sinon je risque d’éclater de frustration et les membres du groupe ne doivent pas être mêlés à cela. Je ne calcule même pas Shojiro sur son canapé. Je fonce à la sortie et descends les marches de l’immeuble. Arrivé jusqu’à la porte de l’immeuble, je regarde le haut des escaliers. Shun ne m’a pas suivi. Quel idiot. Je rage davantage en tapant du pied avant de sortir à l’extérieur. Le coup de vent me fait regretter d’être sorti sans prendre de veste. Tant pis, ça m’apprendra. Je marche rapidement sans destination en tête. Heureusement, il est tard et il n’y a personne dans les rues, ni de fans. Non, il n’y a que moi et la brillante lune haute dans le ciel sombre. Je n’ai même pas pris d’argent pour pouvoir me poser dans un combini. Mais je ne vais pas bien loin de l’immeuble, je reste aux alentours. Et ce n’est qu’après avoir marché pendant dix minutes autour que je retourne à notre immeuble. Bien évidemment, il est hors de question que je retourne à l’appart. Pas tout de suite, même si je doute que je puisse inquiéter Shun. Je me contente de monter jusqu’au dernier étage et d’aller m’assoir sur le toit. Je me recroqueville sur moi-même, jambes pliées et tête posée sur mes genous. J’ai froid mais je ne veux pas redescendre. J’ai dit que Shun est un idiot mais le plus gros des idiots, c’est moi. Tout ça parce que je n’ose pas lui dire que je l’aime.

TENUE ••• Mes paroles n'étaient pas dites pour le blesser, ni pour lui faire mal. à dire vrai, je ne me rends même pas compte à quel point ce que je raconte est une horreur pour les oreilles et la conscience de mon meilleur ami. Sa fierté et son amour propre doit en prendre un bon coup, mais je suis trop stupide pour le remarquer et m'en excuser. Miyuki n'est pas resté davantage avec moi, prenant la clé pour ouvrir la porte et filer, sans rien ajouter de plus. Je l'ai suivi jusqu'au salon, ne comprenant pas pourquoi il s'en va si rapidement et quand je le vois prendre la porte avec un simple tee-shirt sur le dos, je ne peux m'empêcher de vouloir le retenir, sauf qu'il est déjà dehors quand j'arrive devant le battant fermé. Lâchant un gros soupir, mes pensées me tourmentent et rien ni personne ne peut m'aider à les soulager. Shojirô semble me questionner du regard, ou m'inciter à sortir le rejoindre, j'en sais trop rien. Pour le coup, je n'ai pas très envie de raconter ma vie à notre leader, préférant me rendre dans la cuisine et attendre. Miyuki finira bien par rentrer tôt ou tard, je n'ai qu'à rester là et l'attraper quand il revient. Voilà tout, ce n'est pas plus compliqué que ça ...

Sauf que les heures se sont écoulés sans l'ombre d'un meilleur ami. Son portable est resté là, je l'ai trouvé en tournant en rond dans l'appartement. Il n'a reçu aucun de mes messages, ni aucun de mes appels ... J'ai l'air malheureux, un pauvre chiot triste sans son maître. à la longue, et surtout en voyant l'heure tardive me narguer, j'ai décidé de quitter ma chaise et ma tasse vide pour aller chercher cet idiot. Mon inquiétude est trop grande pour l'ignorer, surtout que la nuit est loin d'être rassurante. Prenant une veste et des chaussures, j'enfile le tout et sors, m'apprêtant à quitter la résidence quand j'entends du bruit venant du plafond. C'est curieux, ce n'est jamais bruyant, surtout pas au milieu de la nuit. Curieux, et toujours aussi soucieux, je me dirige vers les escaliers et grimpe jusqu'au toit... Fermé à clé. « Y a quelqu'un ? » ça peut paraître idiot comme question, mais je suis persuadé que le son venait de là.

TENUE ••• J’ignore combien de temps je suis resté sur le toit, mais je commence à grelotter. Je soupire en ne voyant personne arriver. Qu’est ce que j’espérais ? Qu’il allait me retrouver après ce que je venais de faire ? Il doit s’en foutre de ma crise. Il ne comprend rien. Enfin décidé à redescendre, je me lève de ma place et avance jusqu’à la porte. J’attrape la poignée et la tourne… C’est verrouillé. Je tente une nouvelle fois mais le résultat est le même. Ça fait la deuxième fois que je suis enfermé, sauf que cette fois ci, je ne suis pas enfermé à l’intérieur mais à l’extérieur. J’ignore pourquoi cette porte s’est soudainement bloquée. Je soupire en me disant que ce n’est décidemment pas mon jour. Je passe une main dans la poche de mon pantalon, à la recherche de mon portable, mais il n’est pas là. Je fouille l’autre poche mais toujours pas. J’avais oublié que je suis sorti sans prendre de veste, ni portable. Je frappe fort la porte et crie à plusieurs reprises. Personne.

J’ai froid, je tremble. J’ai l’impression que ça fait plusieurs heures que je suis coincé ici. Je suis recroquevillé sur moi-même, contre la porte et toque à des intervalles irréguliers. Je suis fatigué. Je commence à désespérer. Est-ce que je vais mourir ici ? Et si personne ne me trouve ? Non, ils finiront par s’inquiéter si je ne suis pas de retour le matin. Je regarde la lune, mais non, regarder sa position dans le ciel ne m’aidera pas à savoir l’heure actuelle. Je me suis résigné à passer la nuit dehors, dans le froid, hors de mon lit. Mais une petite voix m’interpelle. « Shun ?! » Je me redresse de ma position, semi avachie, et tape plus fort contre la porte. « C’est moi. Miyu ! J’arrive pas à ouvrir la porte ! » Est-ce que quelque chose bloque de son côté ? Entendant des bruits de pas de l’autre côtre, je panique instantanément. « Ne t’en vas pas ! » Je ne veux pas être seul.

TENUE ••• La disparition de Miyuki m'inquiète bien plus que je ne voudrais le croire de prime abord. Il est juste sortir prendre l'air, me dis-je pour moi-même, il va rentrer tôt ou tard et je serais rassuré de le voir débarqué. Il pourrait grommeler, râler ou me lancer des regards électriques, cela me sera égal parce qu'il sera là, mais dans l'immédiat ce n'est pas le cas. Je me ronge les sangs pour lui, et je me demande si il en a quelque chose à faire de ce que je ressens. Dans le fond, nous sommes presque au même niveau, à se demander si l'un a une pensée pour l'autre. Au bout du compte, je suis sortie de l'appartement dans l'intention de l'attendre dehors, ou de faire le tour du pâté de maison en espérant croiser son chemin, au lieu de quoi j'entends taper sur le toit du bâtiment. C'est fort peu probable qu'il soit là-haut, mais qui sait, j'ai peut-être tord et ce serait regrettable de passer à côté de lui. Finalement je monte, appelle et patiente, jusqu'à une réponse de sa part. J'avais raison, j'ai bien fait d'écouter cette petite voix dans ma tête et de prendre les escaliers. Miyu est derrière la porte du toit, mais celle-ci ne s'ouvre pas. Bloquée, ou plutôt fermée à clé. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Demandais-je, les sourcils froncés. J'avais bien compris que la porte ne s'ouvrait pas, ni de mon côté, ni du sien. « Je crois qu'elle a été fermé à clé. Je ne peux pas l'ouvrir non plus. » ça nous avance bien, tiens. Je tente quand même un coup d'oeil dans l'escalier, m'éloignant à peine de la porte pour voir si quelqu'un est toujours là, avant que Miyuki ne m'interpelle. « Je ne vais pas partir, idiot. » Soufflais-je en revenant proche de lui, incapable de trouver une solution. Si le concierge a fermé la porte, nous sommes bons ... Je n'ai pas son numéro pour lui demander de revenir, et j'ignore si le pauvre homme ne dort pas déjà. « Faut trouver une solution, tu ne peux pas rester là toute la nuit. » Et moi non plus d'ailleurs, mais si Miyu doit rester bloquer là des heures, alors je reste avec lui. J'espère simplement qu'il va me donner une bonne idée, un éclair de génie, quelque chose de bon à prendre.

TENUE ••• Même si la porte nous sépare, je suis certain que c’était la voix de Shun. La dispute qu’on a eue est devenue le cadet de mes soucis. Je suis juste rassuré d’entendre  sa voix. Je ne vais pas devoir rester toute la nuit dans le froid. « La faute à qui ? » Je plaisante à moitié. J’ose espérer qu’il y avait la clé de l’autre côté ou que la porte ne pouvait s’ouvrir que dans un sens. Ce serait débile mais il ne faut pas oublier que je suis désespéré, tout espoir est bon à prendre. « Je vais devoir rester ici toute la nuit ?! [/b][/color]» Entendant des bruits de pas, je panique et demande à Shun de rester avec moi. Je pose ma tête contre la porte, imaginant ce qu’il est en train de faire. Je grelotte à cause du vent mais j’ai déjà moins peur grâce à sa présence. « On n’a pas les doubles des clés ? » On a un tas de clé dont j’ignore l’utilité dans un des tiroirs du meuble d’entrée, peut être qu’une correspondrait à la porte du toit ? « Il n’y a pas un serrurier d’urgence que tu peux appeler ? » Proposai-je avant d’éternuer. J’essaye de relativiser. Une nuit à la belle étoile ne devrait pas être une épreuve si dure que ça non ? Sauf que pour une personne qui a passé sa vie dans le luxe et qui a été choyé depuis sa naissance, c’est réellement dure. Mais quitte à devoir rester ici, je dois me changer les idées, m’occuper l’esprit pour ne pas craquer. Je suis juste fatigué à devoir réfléchir. « Tu veux pas chanter une chanson ? » Entendre sa voix m’apaiserait beaucoup plus qu’il ne peut y penser. Nous chantons constamment ensemble mais l’effet a toujours été le même. Enfin, on peut parler aussi mais le sujet ne risque pas de me plaire.

TENUE ••• La faute à qui ? Qui, justement ? Je regarde autour de moi, cherchant le qui de sa question. Non, je ne me sens pas plus visé que ça. La porte est bloquée, je n'ai ni clé, ni moyen de l'ouvrir de mon côté. C'est affligeant et paniquant à la fois. « Je n'espère pas. » Marmonnais-je de l'autre côté du battant, toujours à la recherche d'une solution pratique et rapide. Défoncer la porte ? Non, vue l'épaisseur, je risque surtout de me déboîter l'épaule et de finir à l'hosto. La solution n'est pas dans les escaliers non plus, puis Miyuki panique dès que je bouge d'un millimètre, donc bon. Je ne sais pas comment je pourrais faire, même si nous avons le double des clés, j'ignore où il se trouve. « Tu veux que j'aille les chercher ? » Et les essayer, une à une. Faut pas croire, je suis aussi désespéré que lui. Si aucune ne venait à fonctionner, je serais tellement déçu que ça m'énerverait à coup sûr. Le serrurier est déjà une meilleure idée, bien que je n'ai aucun numéro de ce style-là dans le répertoire de mon portable. « Je vais essayer. » Je vais carrément le faire ! à l'entendre éternuer, j'ai peur qu'il n'attrape mal. Prenant mon téléphone dans la poche de mon pantalon, je tape le numéro des renseignements et attends qu'une personne décroche. Oui, au beau milieu de la nuit. Pour l'instant ça sonne dans le vide, à croire qu'ils dorment tous. « Chanter une chanson ? » Il est sérieux ou le froid le fait délirer ? Ce n'est pas pour me rassurer. Réfléchissant à vitesse grand V, j'acquiesce à son idée et commence à fredonner l'air d'une de nos chansons. Ce n'est pas une récente, mais plutôt l'une de nos débuts, une que j'aime particulièrement. Elle est lente et douce, assez reposante quand j'y songe. Le genre de chanson que je chante dans ma tête quand je suis en colère, pour m'apaiser les nerfs. En même temps, je suis toujours en relation avec le bip-bip des renseignements qui ne daignent pas décrocher. ça peut durer des heures, ce que je n'espère pas. Oubliant à moitié mon appel, j'entame les paroles de la mélodie, les yeux vaquant de la porte aux murs, passant par le couloir ou les escaliers. Je ne peux pas voir mon meilleur ami, c'est difficile de relativiser dans ces moments-là.

TENUE ••• J’ignore s’il s’est senti visé mais pour moi c’était clair. La remarque lui été destinée. Mais au moins il ne m’a pas renvoyé la faute et c’est déjà ça de gagner. Je soupire désespérément lorsque je pense devoir passer la nuit dehors. Je pensais que je serais sauvé en trouvant quelqu’un mais je ne suis pas si avancé que ça. Mais le bon côté des choses est que mon cœur est déjà plus rassuré. « Tu crois que je vais mourir de froid dehors ?  » Je n’ai jamais passé une nuit à la belle étoile donc je redoute un peu la chose. « Si je meurs, ne m’oublie pas hein. » Un peu d’humour ne me ferait pas de mal. Sauf que je rigole beaucoup moins quand j’entends Shun bouger. Je lui interdis carrément de partir. « Non. Reste là stp.  » C’est bête, la clé pourrait être chez nous mais je refuse que Shun s’éloigne de moi. Je propose donc une solution qui ne nécessiterait aucun déplacement de sa part. Avec cet éternuement, je sens que ça va être qu’une question de temps avant que je ne tombe malade. « Ouais. Tu veux pas ?  » Peut être que le froid me fait délirer. Je n’en sais rien. Je veux juste une chanson, quelque chose pour oublier que je suis dans le froid. Un faible sourire s’échappe de mes lèvres en entendant l’air. Je fredonne faiblement avec lui avant de l’écouter chanter.  Je bouge mes lèvres tout en récitant silencieusement les paroles que je ne connais que trop bien. A la fin de sa prestation, je commence à rigoler tout seul. « Je crois que c’est une mauvaise idée. Je m’endors avec ta chanson.  » Non pas parce qu’elle est ennuyante mais parce qu’elle est apaisante. Tellement que je commence à me remettre en question. De toute façon, je n'ai rien d'autre à faire que de réfléchir, sur mon comportement, celui de Shun, à mes sentiments. En fait, je réfléchis à tout. Je m’appuie complètement sur la porte, jambes tendues. « Dis Shun…   » Silence. Mes paupières sont lourdes mais je reste éveillé. « Tu m’en veux d’être parti comme ça ?  »

TENUE ••• Des fois je me demande lequel de nous deux est le plus idiot ? Moi qui ne me sens pas visé par son pique ou lui qui a peur de mourir de froid sur un toit ? Bon, certes, il a plus de chance d'être mal en point avec la tenue qu'il porte. « Tu ne peux pas être plus réjouissant, non ? Positivité, tu connais ? » Non parce qu'à l'entendre, on dirait qu'il s'enterre déjà. Son humour m'échappe, je crois bien. Miyu m'empêche de bouger, donc je reviens me coller à la porte, sans savoir quoi faire pour l'aider. « On fait comment si je meurs avec toi ? » Mourir d'inquiétude, c'est possible ? Je ne risque pas d'avoir froid, j'ai une veste avec moi. Ce qui me fait culpabiliser pour mon meilleur ami, les bras à l'air dans le froid mordant de la nuit. Il ne me reste qu'une seule solution, appeler un serrurier. Entre temps, Miyu me demande de chanter et je trouve cela surprenant, sans pour autant lui refuser. « Non, enfin oui je veux bien chanter. » Me repris-je aussitôt, tout en cherchant un titre à chanter. Le premier qui me vient est une chanson douce, mais très belle. Je l'aime justement parce qu'elle est apaisante et qu'elle me calme quand je suis en colère. Chanter me soulage d'un poids malgré moi, puis ça me rassure d'entendre Miyu suivre le rythme. ça prouve qu'il est toujours là, bien conscient. Je ne pense pas qu'il s'évanouisse de si tôt, même à cause du froid, mais sait-on jamais. « Tu n'avais qu'à choisir le titre. » Grognais-je, laissant ma tête tomber contre la porte en soufflant. « Hm ? » Je l'invite à parler, appuyé de côté contre le battant, toujours mon téléphone à l'oreille. « Ouais, beaucoup. » Si je ne lui en voudrais pas, il n'aurait aucune raison de sortir de là. Alors que si je suis rancunier envers lui, il devra s'échapper par n'importe quel moyen pour ne pas regretter éternellement. « Mais je ne comprends toujours pas pourquoi tu... Allo ? » Coupé dans mon élan, la voix d'un homme à l'autre bout du fil m'a fait sursauté. C'est le serrurier de garde -ça se dit ?- qui cherche à établir la connexion avec moi. Je lui réponds rapidement, à peine paniqué. J'en avais oublié que Miyu était bloqué sur le toit. Les coordonnées données à l'homme, je le remercie et raccroche. « Il arrive sous peu. ça va toi ? »