TENUE ••• Ce n’est pas lui qui est en T-shirt dans le froid donc il ne peut pas savoir ce que je ressens en ce moment même. Lorsqu’on se retrouve coincé, sans aucun moyen de s’en sortir, il est normal de commencer à désespérer. Il oublie que je suis resté, non pas dix petites minutes mais des heures entières enfermé dehors, à cailler dans le froid. « Positivité ? Qu’est ce que tu vois de positif dans ma situation ? » En tout cas, je l’empêche de s’éloigner d’un demi pas de la porte, car sans lui, il peut être sur que je cours droit à la mort. Je ricane à sa question. « Demain, on fera les unes des journaux. « Découvertes de deux cadavres d’idols S et M sur leur toit. » » Si je ne meurs pas de froid, c’est de honte que je vais mourir si jamais on découvrait ce qu’il s’est passé. Je demande à Shun de me chanter une chanson, pour lui ça a l’air d’être une demande tout à fait étrange mais c’est important pour moi. Je rigole faiblement à sa plainte. « Tu ne m’as pas demandé ce que je voulais écouter. » Même si au final, j’aime son choix de chanson. « Ah… » Je me mors la lèvre. Il n’est pas cool, il pourrait au moins laisser mon âme en paix. « Du coup, moi aussi je t’en veux encore. » Comme ça, il aura ça sur sa conscience si jamais je meurs réellement. Alors que la discussion allait sur un sujet que je redoutais, le serrurier tombe à pic en répondant à Shun. Je le laisse lui parler (comme si je pouvais faire autre chose), il a l’air plus serein que je ne le pensais. Quant à moi, je me sens de plus en plus fatigué. J’ai lutté contre le sommeil mais le combat devient de plus en plus difficile, surtout lorsque mon meilleur ami me « délaisse » pour son appel. « Je m’endors.  » Je n’ai bien entendu aucun risque de mourir réellement de froid mais je n’ai pas envie de dormir dans ces conditions. « Il ne s’est pas moqué en entendant que je suis coincé dehors ? »

TENUE ••• Effectivement, je ne suis pas à sa place, mais ce n'est pas pour autant que je vais le voir déjà mort. Autant garder la tête froide et trouver un moyen de le sortir de là. « Quelle idée de t'enfuir. » Dis-je pour toute défense. Il aurait pu retourner s'enfermer dans sa chambre, plutôt que monter sur le toit et rester bloquer. Ce n'est pas de sa faute si le concierge l'a condamné là pour la nuit, mais en même temps l'homme ne savait pas qu'une idole traînait là. C'est la faute à pas de chance. Cette fois-ci l'humour de mon meilleur ami m'atteint et je ris doucement, secouant ma tête d'incrédulité. « Tu es vraiment stupide. » Il pourrait éviter de parler cadavres quand même, nous avons toute notre vie devant nous. Après la demande de Miyuki, je me mets à chanter ce qu'il me passe par là, peut-être pas du goût de la diva mais fallait choisir le titre avant de se plaindre. « C'est toi qui voulais une chanson, fallait préciser laquelle. » ça ne sert à rien de jouer au ping-pong et de se renvoyer systématiquement la balle. Il parle ensuite de reproche, à savoir s'il me pardonne ou pas, et je préfère que ce ne soit pas le cas. Ma raison est bizarre, mais logique à la fois. Du moins pour moi elle est logique, et ça fait office de promesse. « Très bien, je suis content que tu m'en veuille toujours. » Je ne peux pas lui tendre mon petit doigt, mais c'est tout comme. Il sortira de là avant le levé du soleil, promis. Je ne sais pas trop où on allait dans notre discussion mais l'homme à l'autre bout du fil m'a coupé, engageant la conversation avec lui. Je suis forcé de décliner mon identité et de donner l'adresse du dortoir, mais je ne pense pas que ce soit un mal ou qu'il s'en serve plus tard à des mauvaises fins. Puis, bon nombre de fan savent où nous sommes. Quand j'ai fini avec lui, je raccroche et souffle. La voix de Miyu me ramène à moi, portant mon attention sur la porte. « Il a dit que tu étais stupide dans ton genre. » Ce n'est pas vrai, il n'a rien dit de cela. En fait, il n'a rien dit du tout sur Miyu, ni sur la situation. « Il arrive d'ici quelques minutes, alors patiente avec moi. Tu dormiras après dans ton lit. » Le sermonnais-je d'une voix assez calme et posée, malgré que je veuille vraiment le disputer pour être venu ici à une heure si tardive. « La prochaine fois, contente-toi de t'enfermer dans ta chambre. »

TENUE ••• Tout était une faute à pas de chance. Je ne savais pas qu’il y avait un couvre feu sur le toit. D’habitude, j’aime bien prendre l’air sur le toit mais jamais je ne me suis retrouvé enfermé dehors et ce, à n’importe quelle heure de la soirée. J’ignore la raison pour laquelle, le soir où j’ai décidé de m’enfuir en T-shirt sur le toit le gardien ou je ne sais pas qui a jugé bon de fermer la porte à clé. Etre enfermé après une « dispute » me rend encore plus honteux, comme si je devais subir une punition des cieux. Et pour poursuivre l’idée de la fatalité, je pourrai très bien mourir de froid. Je fais part de mes pensées à Shun mais ce dernier trouve que j’exagère. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres à son « insulte » et je cale ma tête contre la porte. Je lui demande de me distraire en me chantant une chanson. Ce n’est pas que sa chanson n’était pas à mon goût, au contraire, mais c’est le genre de chanson que je voudrais écouter dans mon lit, au chaud. Je grimace à sa réplique mais ce n’est pas comme s’il pouvait me voir, d’un côté, cette grimace n’était pas faite pour être vue. Il m’en veut et je lui en veux toujours. On ira loin comme ça, c’est moi qui vous le dit. Seulement, notre discussion se coupe, Shun réussit à parler avec un serrurier et lui explique ma situation. L’espoir renait et je me vois enfin dans mon lit. Il était temps parce que malgré la chaude saison qui arrive, mon corps est tout frais. Croyant les mots de Shun, je me révolte contre mon futur sauveur. «  C’est quoi cette attitude de travail ? Dis lui qu’il n’a pas besoin de sauver une stupide personne. » Impulsivité quand tu nous tiens… «  Je crois que je ne montrerai plus sur le toit avant un bon moment. » J’éternue une autre fois. «  Lorsqu’il sera là, tu peux repartir, je ne voudrai pas que tu attrapes mes microbes. » Je suis sincère, Shun a peur de tomber malade. C’est même une de ses plus grosses peurs. «  C’était mon but mais un monsieur ne voulait pas partir. » Là, s’il ne sent pas visé, je ne peux rien pour lui.

TENUE ••• Cette histoire part légèrement en cacahuète. Je me retrouve avec un Miyu enfermé sur le toit à grelotter de froid et à penser à mourir là comme un pauvre oublié de la population Nippone. Il est bête. Je le rassure, lui tient compagnie, et cet imbécile ne trouve rien de mieux à dire qu'il va mourir de froid. Si je pouvais, je le secouerai. Or, une porte nous sépare. Mon choix de chanson est bidon pour la situation, surtout qu'elle donne envie de dormir à mon meilleur ami. J'aurai dû lui chanter un tube qui bouge, le genre de musique que l'on entend en boîte de nuit ou quoi. Peut-être qu'il danserait pour se réchauffer. Nous nous en voulons mutuellement, comme deux gros idiots incapable de savoir se dire pardon, ni de se pardonner d'ailleurs. Je n'en veux pas tellement à Miyuki, en vérité, je n'ai rien contre lui. Il s'est énervé seul, à fuit de son côté et j'ai été pris au dépourvu. Voilà tout. Dans le fond, même si je me sens coupable de quelque chose -dont j'ignore quoi-, je ne rejette pas la faute sur mon cadet. Le serrurier à l'autre bout du fil me coupe dans ma captivante conversation avec mon best, tout cela pour lui donner l'adresse de notre immeuble et lui demander de faire vite, que c'est une urgence capitale. Miyu s'indigne par mon mensonge, et ça me fait rire. Lâchant un petit ricanement, je donne quelques coups dans la porte avec mon doigt. « C'était une blague, il n'a rien dit. » Mais c'est amusant de l'entendre s'offusquer pour rien. à l'entendre éternué, je me sens davantage coupable. Si je n'avais pas forcé la main plus tôt dans la soirée, il ne se serait pas barré. Microbes ? Je soupire, le genre de souffle bien bruyant pour faire comprendre qu'il est idiot. « Je me tiendrais à distance le temps de prendre un masque. » L'informais-je, au cas où il ne se douterait pas que je veillerai à ce qu'il aille mieux. Qui va le soigner, sinon ? Ryoma ? Ce n'est pas à cause de lui qu'il en est là. « Je suis désolé ! Je vais devoir le répéter toute la nuit ? Si tu te confiais à moi comme un véritable meilleur ami, aussi. » Bah ouais, je ne suis pas responsable à 100% de notre prise de tête. Je le vise, comme il vient de me viser, en espérant qu'il soit dans le même état que moi. Bon, il reste qu'une dizaine de minute à attendre, à peu près. « D'ici une demi-heure tu m'éviteras encore, de toute façon. » Pour alourdir la pierre que je lui ai jeté sur le dos.

TENUE ••• Avec ce que m’a dit Shun, j’ai réellement hésité pendant une microseconde de laisser le serrurier me sauver. Je suis quelqu’un de fier, un peu trop même et ça m’amène à ne pas réfléchir correctement. Mon histoire avec Shun est aussi l’exemple parfait. Je gère extrêmement mal mes sentiments et ça se voit dans ma façon d’agir. Un coup j’aimerai qu’il sache que je l’aime puis la seconde d’après je préfère me taire et le laisser dans l’ignorance. Toutes ces hésitations ne sont dues qu’à une seule chose : la peur. J’ai peur de le perdre. Les cognements contre la porte me tirent de mes pensées. Et je me sens d’autant plus bête d’être tombé dans le panneau. Je claque ma langue contre mon palais. « Haha très drôle. » Non ce n’était pas drôle. J’ai failli tué par la pensée le pauvre homme. Indigné par son soupir, je fais une moue et regarde la porte avec incompréhension, comme si elle était transparente et que je voyais Shun au travers. Je lache une petit rire devant son insistance. Oui, j’ai douté qu’il allait me laisser. «  Merci.  » Je sais à quel point il a peur de tomber malade alors son geste n’est pas rien. Au pire, je pourrai toujours me débrouiller seul. Deux cachets puis une bonne nuit de sommeil me remettra sur pied.  Aïe, touché coulé. Je grimace, me sentant coupable et honteux. «  J’ai rien entendu de ce que tu as dit. » Faire la sourde oreille, une de mes spécialités. Mais il n’a pas besoin d’insister davantage car il me rend déjà tout petit avec ses accusations. J’ai bien compris que si on était là, ce n’était pas que de la faute de Shun. Je me gratte le front avec mon index. «  Dans une demi-heure, je dormirai, donc normal si je t’évite. » Idiot jusqu’au bout hein. Par moment, je me désespère moi-même. «  Il arrive quand déjà ? J’ai envie de prendre une douche bien chaude et d’aller dans mon lit. » Je tapote ma tête contre la porte. «  Et pas un mot aux autres sur cette histoire. » Je me sens déjà assez honteux comme ça.

TENUE ••• Miyuki semble faire de l'humour depuis tout à l'heure, fallait bien que je continue sur sa lancée. Mieux vaut en rire qu'en pleurer, non ? D'ici quelques minutes, il sera au chaud dans son lit. Quant à moi, je serais sûrement à son chevet pour m'assurer qu'il ne tombe pas gravement malade. J'ai peur des microbes, parce que je déteste avoir ce genre de douleur impossible à calmer. ça m'énerve d'être faible, impuissant et d'être fichu de le refiler d'un simple éternuement. Quand je suis malade, j'ai l'impression que cela ne passera jamais. J'en viens même à me demander si j'étais bien auparavant ou si je le serais à nouveau d'ici quelques jours. Être souffrant, c'est embêtant. C'est bien pour cela que je veux être sûr que Miyu n'attrape rien ou que l'on puisse le soigner en vitesse. En tout cas, je ne compte pas le fuir parce qu'il tousse, éternue ou qu'il a quarante de fièvre. Je ne serais pas digne d'être son meilleur ami sinon. Le couteau étant déjà enfoncé dans la plaie depuis le début de soirée, je commence un peu à le remuer, soulevant son comportement fuyard et blessant. « C'est ça, tu n'as rien entendu. » Grommelais-je derrière ma porte, les bras croisés sur ma poitrine. Il sait que j'ai raison, chacun possède sa part de responsabilité et de culpabilité. « Et demain ? Tu dormiras aussi ? » Que dois-je faire pour ne pas qu'il m'évite à nouveau et me parle comme avant ? J'ai vraiment la sensation de le perdre de jour en jour, comme si il serait capable de se trouver un autre meilleur ami que moi. « Dans pas longtemps. ça va coûter cher. » Autant parler argent, tiens. Une bonne douche bien chaude, quelle bonne idée. « Hm, t'inquiète. ça sera notre secret. » Un léger rire m'échappe, tandis que je ferme les yeux, la tête appuyé contre la porte. « Ils doivent tous dormir à cette heure. » à moins qu'ils aient remarqués notre absence et qu'ils s'inquiètent ? Le pire, c'est que nous sommes juste au dessus d'eux. Regardant mon portable, je constate que la moitié du temps prévu s'est écoulé. L'homme ne devrait pas tarder, mais j'hésite toujours à l'attendre au bas de l'immeuble, mais en même temps je ne peux pas laisser Miyu seul.

TENUE ••• Même si ça doit paraitre normal à ses yeux de veiller sur moi lorsque je suis malade, je suis quand même touché par son intention. Bien entendu, j’aurai fait pareil mais je n’ai pas sa phobie des microbes. Du coup, je me sens d’autant plus idiot lorsqu’il remue le couteau dans la plaie. Il va même jusqu’à la saupoudrer de sel pour me rendre coupable plus que je ne le suis déjà. Finalement, je suis content que cette porte nous sépare car ça m’évite de vouloir m’enterrer sous terre pour m’échapper de son regard. Il n’empêche que je continue à fuir le problème en faisant le sourd, même si nous savons tous les deux que j’ai parfaitement entendu les reproches. Mais s’il ne m’avait pas poussé autant, je n’aurai pas eu envie de partir. Bref, je retombe dans le cercle vicieux. Mais le vrai problème n’est pas de savoir qui de la poule (Shun) ou de l’œuf (moi) est apparu en premier. Shun a raison, je ne pourrai pas continuellement le fuir. Mais que pourrai-je faire à la place ? Ce n’est pas que j’ai envie de le remplacer. Le « problème » est justement le contraire, je ne peux pas trouver quelqu’un d’autre pour le remplacer. Je suis bel et bien amoureux de lui. Et ça devient de plus en plus difficile de rester à ses côtés en tant que « simple meilleur ami ». Amitié ou amour, il faut choisir. Malheureusement, je suis incapable de me décider. Je ne veux pas le perdre. «  Peut être ? » Je sais que ça en devient ridicule, mais je n’ai réellement aucune idée pour améliorer la situation. «Le confort n’a pas de prix. » Parole de diva. Au moins Shun gardera ce moment honteux de ma vie rien que pour lui. «  Tu as raison. » Je les envie à être sous leur couette. «  Je t’interdis de m’abandonner.  » Voilà, c’était dit. Je ne veux pas me retrouver seul. J’entends le vibreur du téléphone portable de Shun à travers la porte. Surement parce que le serrurier est arrivé et qu’il attend à l’entrée. «Il est serrurier non ? Il peut bien ouvrir la porte devant lui sans problème ? » Comment ça j'exagère ?

TENUE ••• Nous nous prenons la tête vraiment pour rien, enfin rien, non. Les sentiments de Miyu ne sont pas rien, mais à mes yeux, presque. Pas parce que je n'en veux pas, mais parce que je ne les connais pas. Que ferais-je en sachant qu'il m'aime bien plus qu'un meilleur ami ? Même en supposant, j'en sais rien. C'est seulement devant le fait accompli que je saurais comment réagir, ou comment je vais réagir. En attendant, je m'inquiète pour lui qui est bloqué sur le toit, à peine vêtu. Le serrurier ne devrait pas tarder, ce qui me laisse le temps de comprendre l'idole. Pourquoi me fuir ? Est-ce qu'il va encore le faire d'ici demain ? Dormir, c'est bien joli. Mais il ne pourra pas dormir toute la journée non plus. Va-t-il aussi m'éviter à l'heure des repas ou des entraînements ? Faire comme si je n'étais pas dans la même pièce que lui ? Je voudrais juste qu'il arrête de jouer à ce petit jeu et redevienne le Miyu que je connais si bien. Au final, je m'abstiens d'insister, laisser son peut-être résonner dans l'air. Peut-être il m'éviter, peut-être me fuira-t-il, peut-être que peut-être. Je ne sais plus quoi répondre à force. « C'est sûrement moins cher que des frais d'hôpitaux. » Fis-je valoir en parlant de la situation dans laquelle il se fourre. Avec un peu de chance, il n'aura pas besoin de faire une visite à l'hosto. « J'ai déjà dit que je ne comptais pas partir. » Il va me faire répéter combien de fois ? Le serrurier doit être là, mon portable vibre et le numéro est cela de tout à l'heure. « Que tu peux être mauvaise langue. » Dis-je, lâchant un petit rire avant de tousser et de décrocher. L'homme est bien au bas de l'immeuble, je lui donne le code de la porte d'entrée et lui indique où nous sommes. Cela fait, je peux raccrocher et attendre qu'il monte jusqu'à nous. Ce qu'il fait en moins de deux minutes, avec une mallette grosse comme le monde. Il me salue, je m'excuse pour le dérangement, et lui explique vite fait le problème. En vérité, il n'a pas besoin que je fasse un résumer pour savoir qu'il doit faire sauter la serrure et libérer mon meilleur ami. « Tu vas bientôt sortir, Miyu. » Je parle pour le rassurer, et pour qu'il soit sûr de quitter le toit dans quelques secondes, le temps de déverrouiller la porte.

TENUE ••• Cette histoire s’éternise en longueur. Je voudrai tellement être dans mon lit, au chaud. Encore, j’ai eu de la chance qu’il ne fasse pas plus froid que ça mais ce n’est pas génial de rester en T-shirt en plein milieu de la nuit. Je ne veux même pas imaginer ce que je me comporterai avec Shun lors des prochains jours. Je ne vois pas aussi loin car du moment que je n’ai pas atteint mon lit, imaginer le futur me parait inutile. Je sais que je ne vais pas mourir sur ce toit mais mes pensées me tendent presque toutes à cette fin. J’ai vraiment hâte que le serrurier vienne, même si je l’ai pris pour un mauvais homme à cause de Shun. «J’ai pas mon porte feuille sur moi, tu pourras payer ? » Je lui rembourserai plus tard et il doit comprendre que le plus tard signifie après ma nuit de sommeil. Au moins, il aura une raison de me trouver et ça l’empêcher de trop réfléchir à je ne sais quoi. Il a surement raison mais ce n’est pas pour autant qu’il doive faire une fixation sur ma lâcheté et de me mettre au pied du mur. Mais pour le moment, c’est moi qui refuse qu’il s’en aille. Je suis rassuré par sa réponse. Son téléphone vibre, ça doit être le serrurier qui doit être là. La remarque de Shun confirme ce que je pense et je tire la langue derrière la porte. Je l’écoute discuter avec l’homme et aussi des bruits d’outils. Je me sens rempli d’espoir. Je vais bientôt être délivré de ce cauchemar. En deux ou trois mouvements, un « clic » retentit et la porte s’ouvre. Je tire la porte et vois Shun et le serrurier de l’autre côté. « Merci monsieur. Merci beaucoup. » Je sers la main du serrurier avec toute la gratitude dans mes yeux. Je me tourne vers Shun et le tire rapidement par le bras. « Prête moi un peu de ta chaleur.  » Je me colle contre son bras, torse plaqué contre son dos. Je serai bien descendu jusqu’à l’appart, mais je n’ai pas les clés sur moi. Cependant, pendant que Shun sort son porte feuille, je repère ses clés dans sa poche de pantalon. D’un geste rapide et précis, je plonge ma main dans sa poche pour récupérer les clés. « Je file avant toi. Ne t’inquiète pas, je laisserai ouvert. » dis-je en redescendant rapidement les escaliers pour rentrer prendre une bonne douche puis avoir une bonne nuit de sommeil. C’est ce qu’on appelle filer à l’anglaise.

TENUE ••• Oh, je n'avais pas songé à comment régler l'homme, c'est vrai. Heureusement que j'ai toujours un peu d'argent dans les poches, au cas où je dois sortir précipitamment. ça ne vaut pas un porte feuille, mais y aura sûrement assez pour l'intervention. « Ouais, t'inquiète. » Qu'il me rembourse ou pas, ce n'est pas trop le problème. Si c'est pour le sortir de là, je m'en fiche. Le serrurier ne tarde pas à arriver à la porte de la résidence, dont je lui donne le code pour qu'il puisse nous rejoindre là-haut. Deux petites minutes plus tard et j'ai l'homme face à moi, prêt à en découdre avec la porte. Je lui explique vite fait la situation pendant qu'il cherche de quoi défaire le verrou, sans pour autant dire pourquoi Miyu est là derrière. Pas besoin d'embarrasser davantage mon meilleur ami qui tremble comme une feuille de l'autre côté. Il ne faut pas longtemps au professionnel pour réussir sa tâche, la porte s'ouvrant sur mon meilleur ami en t-shirt manches courtes. Au moins, il remercier le serrurier pour son boulot, c'est déjà ça. Deux secondes après, je me retrouve avec un Miyu collé au dos, à la recherche de chaleur. Une chance pour lui que je ne sois pas naturellement froid, il serait malheureux. Tirant de l'argent de mes poches, je donne tout ce que j'ai à l'homme sans vraiment compter. à voir sa tête, il doit y avoir plus que ce qu'il voulait, mais je lui souris comme pour dire de garder la monnaie. C'est le moment dont profite mon meilleur ami pour me piquer les clés de l'appartement, sans me laisser dire quoi que ce soit. Quoi ? Le temps de me tourner vers lui qu'il disparaît déjà dans les escaliers. Bah voyons. Il a intérêt à laisser ouvert, je n'ai pas envie de faire intervenir une nouvelle fois le serrurier. Remerciant celui-ci, je l'accompagne quand même jusqu'à l'entrée et le remercie encore. Une fois parti, je remonte au dortoir, où la porte est belle et bien ouverte. Tant mieux, ça m'évitera des complications. Du coup, Miyu est dans la salle de bain et tout le monde dort, ce que je devrais faire à mon tour. De toute façon, je ne pense pas que le jeune homme viendra me parler de si tôt, autant aller se coucher et attendre de voir demain. Il m'en aura fait voir de toute les couleurs, cet idiot.