UNIFORME  † J’ai toujours été seul. A part mes parents, je n’avais personne sur qui me reposer. Je ne voulais pas devenir un fardeau pour les autres, et j’avais peur de les déranger avec mes problèmes. J’ai toujours tout pris sur moi. Quand notre famille manquait d’argent, l’idée du diseur de bonnes aventures m’est venue instinctivement. Je voulais pouvoir gagner rapidement de l’argent sans que mes parents l’apprennent. Je n’avais personne sur qui m’appuyer et j’ai grandi en voulant gagner le plus rapidement en maturité. Puis j’ai rencontré Jae Hyun. Il est mon maitre et mon modèle mais parfois, je n’arrive pas à le comprendre. Nous sommes proches mais je ne lui parle pas de ma vie personnelle. Alors ça me fait bizarre d’entendre l’infirmière se proposer à la considérer comme une grande sœur. Je ne sais pas comment je devrais le prendre. Même si je doute être capable de la voir en tant que telle pour le moment, sa proposition me touche, malgré mon expression perplexe. Je reste immobile un instant le temps de confirmer ce que je venais d’entendre. Heureusement, je suis sauvé par le changement de sujet. Je n’aurais jamais pensé qu’un jour je venais parler amour avec un professeur. En fait, c’est déjà assez bizarre pour moi de parler amour tout court. J’en avais déjà parlé lorsque King est venu me voir pour son histoire avec Méliodas et ce fut la seule fois où j’ai pu parler sur ce sujet. « Ah bon ? Vous n’êtes pas du même avis ? » En parler avec King est définitivement différent que d’en parler avec Sensei. Dans le premier cas, j’avais plus l’impression qu’il cherchait les réponses alors que dans le deuxième, les réponses semblent déjà avoir été trouvées. C’est intéressant. Après avoir gouté mes fameuses nouilles, je partage mon plat avec Sensei. Je pioche timidement dans son bol de ramen avant de savourer ces découvertes. J’ouvre les yeux lorsque les saveurs explosent dans ma bouche. C’est une vraie première pour moi. « Ou ensemble. » Je continue de manger mon plat. Je ne veux pas qu’elle pense que ça a été une obligation de venir manger avec elle. La situation est assez particulière (un élève et un sensei qui mangent ensemble) mais ça reste un moment agréable. Mon regard s’arrête sur les sauces posées sur la table. « Vous êtes pour l’assaisonnement des nouilles ? » Je prends la bouteille de sauce pimentée pour lire l’étiquette.  

TENUE  † « Ah bon ? Vous n’êtes pas du même avis ? » Je le regardais, avant de me pincer quelque peu les lèvres. Comment, lui dire certaines choses, sans pour autant passer pour une perverse ? Bon… Je penchais la tête sur le côté en réfléchissant, assez rapidement. Il était jeune, sûrement sans aucune expérience, et moi j’étais… La fille, totalement dévergondée, qui profitait de la vie depuis qu’Hiro était mort. « Non. Après, tu es jeune, et fut une époque où je pensais comme toi. Mais… » Mais cette époque est totalement révolue. « Sans entrer dans les détails, tu te doutes bien qu’à mon âge… Voilà. Je ne vis rien d sérieux, même si je rencontre un homme charmant qui pourrait me convenir. Je ne vais pas plus loin qu’une nuit. Et même si certains, me déclarent leur flamme… Et même si oui, je pourrais dire oui, car mon cœur balance… Je dis non. On a toujours le choix. Moi je choisi la route douloureuse. » Je me mis à rire avant de soupirer. « Mais c’est un choix personnel. Chacun fait ce qu’il veut. Qui sait, peut-être qu’un jour je rencontrerai un homme ou je serai incapable de dire non. » J’haussais les épaules. Je verrai bien, dans le futur. Je ne voulais pas entrer dans les détails avec lui, car il était jeune, et c’était peut-être, qui sait, un sujet tabou pour lui. Et puis, dans le fond, on ne se connaissait pas si bien que ça non plus. Donc bon. J’étais tout de même ravi de lui avoir fait connaître ce restaurant. C’est cool pour lui, il pourra manger des nouilles et d’autres produits, sans œufs. De plus en plus de personnes avaient des allergies, ou préféraient ne pas manger de protéines animales, donc… Forcément… « Ou ensemble. » Surprise, de cette réponse, je le regardais un instant, avant de sourire en baissant la tête. Il est mignon. C’est la seule chose, qui me venait en tête. C’est bizarre. S’il n’était pas si jeune, j’aurais presque pensée à de la drague. Mais non, j’en doutais fortement. « Vous êtes pour l’assaisonnement des nouilles ? » Je regardais la bouteille avant d’hocher la tête. « Pour à cent pourcent ! J’adore ce genre de sauce en plus ! » Je le regardais lire l’étiquette, surement des ingrédients avant de sourire. « T’as peur d’y voir des œufs dedans ? C’est là qu’on voit les habitudes des allergiques. » Dis-je en prenant une bouchée pour manger.

UNIFORME  † Nous ne nous connaissons pas tellement mais elle m’a proposé de la considérer plutôt comme une grande sœur qu’un membre du personnel de Royal. On en vient même à parler d’un sujet auquel je n’avais jamais pensé à évoquer avec un adulte. Je constate, sans grande surprise que nos points de vue sont différents. Par contre, j’ignore si c’est parce que c’est elle ou si parce que c’est une adulte. Finalement ce que je lui ai dit sous mon identité de diseur de bonnes aventures concordent bien avec ce qu’elle vient de m’avouer. Je savais que je devais avoir plus ou moins raison mais pas à ce point. « De toute façon, l’amour ne fait pas tout.  » Il y a d’autre chose importante que la romance. Pour moi, c’est la famille, pour d’autre ce sont leurs amis, ou leur passion. Je n’ai jamais été amoureux et je le vis très bien. Dégustant pour la première fois les plats de nouilles, je suis ravi d’être venu en ces lieux. Je suis reconnaissant envers Sensei de m’avoir emmené ici, bien plus qu’elle ne le peut le penser. Ça ne me dérangerait pas de recommencer, si ça ne la dérange pas bien entendu. Petit à petit, je deviens moins distant avec elle, essayant déjà de la voir différemment que l’infirmière du lycée. Remarquant les sauces sur la table, j’attrape une bouteille pour lire spontanément l’étiquette. « Vraiment ? » J’hésite un petit instant avant de déverser la sauce dans les nouilles. « Ah ! Dis comme ça, ça a l’air idiot de regarder une étiquette d’une sauce. » Parce que ce n’est pas vraiment logique de trouver des œufs dans une sauce piquante, surtout dans un restaurant vegan. Car oui, c’était un réflexe d’y regarder les ingrédients qui la composent. Mélangeant les nouilles avec mes baguettes, je repose le récipient sur la table. « Vous êtes allergique à quelque chose ?  »
 

TENUE  † L'amour ne fait pas tout. C'est tellement le genre de phrase faite pour moi. Le genre de phrase que je pourrais sortir à tout va. Parce que c'est moi. La nana qui ne veut pas de l'amour. Qui refuse toute sorte de relation dépassant la soirée. Pas que j'ai peur mais... je ne m'imagine pas refaire tout ça. Dans le fond, si j'avais peur. Peur d'ouvrir à nouveau mon coeur et de finir par souffrir. Hiro était une exception, qui pourtant avait laissé de sacré traces... mais comme le diseur de bonne aventure m'avait dit peut-être qu'il fallait que je trouve un arbre ou me poser et que j'arrête de regarder le ciel... un soupire s'échappe d'entre mes lèvres alors que je regarder Eden. " Tu as raison. Mais parfois on ne choisis pas." je riais doucement avant de me gratter la joue. Cette conversation était tout de même bizarre quand on y pensait. Mangeant sans trop tarder, parce que je n'aimais mas manger les nouilles froides, je ne pus m'empêcher de faire une réflexion quand je le vis lire les ingrédients de la sauce piquante. C'était mignon oui. Parce que je ne m'attendais pas à le voir vérifier la sauce piquante. Le regardant faire j'en mis dans mes nouilles avant de réfléchir à sa question. " Pas que je sache. J'ai jamais fait d'allergie ou quoi que ce soit. Mais ce genre de chose peut venir à tout moment. On est jamais à l'abri. " tout comme une allergie pouvait partir avec le temps. Car oui ça arrivait et c'était tout aussi surprenant. Je m'arrêtais de manger, essuyant rapidement mes lèvres avant de relever rapidement mes yeux. " Tu fais du sport hors de l'école ? Une passion quelconque ? Ou tu te concentres à fond sur les études ? "  Peut-être aimait-il les sport extrême lui aussi ?

UNIFORME  † Je ne devrais peut être pas m’impliquer d’avantage. D’habitude, je me serai contenter d’acquiescer en silence et laisser la conversation se terminer rapidement. Mais à force de parler avec elle, je finirai presque par oublier son statut de sensei alors que je préfèrerai garder mes distances avec les « adultes » de Royal. Cette fois ci, je préfère ne pas répliquer et la laisser avoir le dernier mot. De toute façon, nous avons nos plats qui nous attendent et ce serait mal vu de les déguster froid. Sans le remarquer, je suis déjà en train de lire l’étiquette de la sauce. Elle doit trouver ça idiot mais ma peur de faire une crise d’allergie est plus grande que celle d’être ridicule. Je l’écoute tout en mangeant silencieusement mes nouilles. A sa question, je termine d’avaler et m’essuie rapidement la bouche avec une serviette. Bien évidemment, je ne compte pas lui révéler ma petite passion pour les tours de passe-passe et le fait de gagner de l’argent en se faisant passer pour un diseur de bonnes aventures, mais comme c’est une question assez courante, j’ai déjà la réponse de toute faite. «  J’aime faire du sport mais je n’ai pas le temps d’en pratiquer régulièrement. Sinon, j’aime faire du piano aussi.   » Malheureusement, l’appartement où j’ai grandi n’avait pas la place d’en accueillir un. J’ai appris à jouer qu’avec un piano électrique pas cher. Mais depuis que je suis à Royal, où un piano est à notre disposition, je joue dès que j’ai le temps libre dans leur salle de musique. Je continue à manger les nouilles jusqu’à ce que mon assiette soit vide. Je pose délicatement les baguettes sur la table. «  Vous habitez où ? Enfin, je veux savoir si vous êtes sur le même chemin que Royal, parce que si ce n’est pas le cas, je peux me débrouiller pour rentrer.   »

 

TENUE  † « J’aime faire du sport mais je n’ai pas le temps d’en pratiquer régulièrement. Sinon, j’aime faire du piano aussi. » Je ne saurais dire pourquoi, mais j’étais étonnée de savoir qu’il faisait du piano. Pour autant, quand je me l’imaginais en faire, je le voyais parfaitement assis devant le piano, jouer avec délicatesse et prestance. Mon imagination n’avait pas de limite. Je ne sais pas ce que ça donnait réellement, mais en tout cas, dans ma tête, ça valait de l’or. Je ne cessais pas de le regarder, à vrai dire, je contemplais un peu trop son visage. Je le scrutais, comme pour lire en lui ? Ou percer je ne sais quoi. Je devrais arrêter, avant qu’il ne trouve ça dérangeant. Le pauvre… « Du piano donc ? Ai-je le droit de dire, que tu piques ma curiosité, et que j’ai bien envie de t’entendre en jouer ? » Le son d’un piano… C’était ce qu’il y avait de plus beau je trouve. Un instrument de musique vraiment harmonieux et parfait. Beaucoup de composition classique étaient fabuleuse grâce à ça. « Enfin, ne te sens pas obligé de me montrer car je te l’ai demandé. » Je savais ô combien certains étaient timide sur ce genre de chose. Continuant de manger, le restaurant étant tout de même assez bruyant, je me sentais rassurée, dans le sens où, personne n’entendait notre conversation. Il n’y avait rien à cacher. Mais je n’avais pas envie qu’on soit pris dans un quiproquo, car il est en tenu de lycéen, et moi en tenue normal. Après tout, il n’y a pas marqué sur mon front, que je suis une sensei de son école… « Vous habitez où ? Enfin, je veux savoir si vous êtes sur le même chemin que Royal, parce que si ce n’est pas le cas, je peux me débrouiller pour rentrer. » Je souris doucement avant de faire un signe négatif de la tête. « Ne te fais pas de soucis pour ça, nous sommes sur le même chemin. » Je le regardais avant de poser mes baguettes. « A dire vrai j’ai deux logements. Dont un que je délaisse un peu trop. Je vis la plus part du temps à Royal. J’ai une chambre au-dessus des dortoirs. Mais sinon j’ai un appartement dans Shibuya. J’y vais de temps en temps, pour le dépoussiérer. » Je ne sais pas trop pourquoi je lui précisais tout ça. Mais je souriais simplement.

UNIFORME  † Je souris timidement à sa question. Jouer devant une personne ne me dérange pas, je ne suis pas un virtuose mais je me débrouille avec quelques chansons. Au moins, je ne serai pas totalement ridicule si on me mettait devant un piano. Je hoche la tête avec un sourire. « C’est d’accord. Mais je ne suis pas si bon que ça. » Je ne pratique le piano que lorsque j’ai le temps, je suis loin derrière ceux qui en joue tous les jours. En tout cas, je ne suis pas aussi confiant qu’avec mes études. « Par contre, je ne joue que dans la salle de musique du campus.  » Vu par une personne tierce, on pourrait tout simplement nous voir comme une grande sœur avec son petit frère lycéen. En tout cas, on passe totalement inaperçu dans le décor. Un lycéen avec un adulte est moins suspect qu’un lycée tout seul. Accompagné, on a l’air moins perturbateur puisqu’en cas d’incident, c’est l’adulte à ses côtés qui en sera responsable. J’ai hâte de pouvoir enlever cet uniforme et me fondre totalement dans la masse. Ayant fini de manger, je m’essuie la bouche avec une serviette. « Je ne savais pas que les enseignants pouvaient avoir un logement à Royal. » Visiblement, il n’y avait pas que les élèves qui étaient bien traités à Royal, d’où cette bonne réputation d’être dans ce campus. «  Et là maintenant, vous allez au dortoir ou est ce le jour où vous allez dépoussiérer votre appartement ?  » Ne sait-on jamais. Après s’être reposé pendant quelques instants, on se lève vers la caisse pour payer. Je sors mon porte feuille et nous payons chacun notre plat. Je ne voulais pas me faire inviter et je n’avais pas non plus assez sur moi pour payer tout le repas. En tout cas, je suis réjoui d’avoir découvert cet endroit. J’ignore quand est ce que ce sera la prochaine fois que je viendrai mais il y aura forcément une prochaine fois. Avant de monter dans la voiture, je la remercie. « Merci de m’avoir amené ici.  » Et je compte la remercier une nouvelle fois lorsqu’elle m’aura raccompagné au dortoir.

 

TENUE  † « C’est d’accord. Mais je ne suis pas si bon que ça. » Je suis sûre qu’il joue très bien du piano. Comme tout le monde, on se rabaisse un peu, alors je l’englobais dans ces gens-là. « Par contre, je ne joue que dans la salle de musique du campus. » J’hochais la tête à cette information. « Pas de souci, le jour où tu souhaites jouer du piano, n’hésite pas à venir me voir pour que je vienne. » Je me doutais aussi, qu’il n’aurait sûrement pas envie que d’autres personnes soient là. Ce qui pouvait être compréhensible. En tout cas, nous continuâmes le repas, tranquillement en parlant un peu de tout et de rien. C’était agréable de discuter de la sorte. Eden, était un garçon super pour la compagnie. Même si peut-être de son côté, il devait vouloir avoir envie d’être ailleurs ? Je ne saurais le dire, je ne suis pas télépathe. « Je ne savais pas que les enseignants pouvaient avoir un logement à Royal. » Et pourtant, pour des infirmiers, on se devait d’être présent, en cas de soucis, vingt-quatre sur vingt-quatre, même si on faisait des rondes. « Et là maintenant, vous allez au dortoir ou est ce le jour où vous allez dépoussiérer votre appartement ? » Je posais mes coudes sur la table, en souriant amusé. « Dortoir. Mais tu sais, imagine si quelqu’un se blesse ou à un souci la nuit ? On se doit d’être présent. Je ne suis pas la seule infirmière à avoir un logement. » Le repas terminé, il nous fallait payer. Et c’est au moment de payer que je vis qu’il déposait de l’argent pour payer sa part. Je plissais le nez sans rien dire, avant de payer ma part. Quittant le restaurant, je le suivais, pour partir vers la voiture sans un mot. Enlevant l’alarme grâce au bouton sur la clé, je m’avançais, en ouvrant la portière. « Merci de m’avoir amené ici. » Je souris avant de faire une petite grimace. « Pas de quoi, mais la prochaine fois, laisse-moi payer. » Je lui fis un tendre sourire, avant de monter dans la voiture. Sans attendre, je mis le contact, avant de le ramener au dortoir. Me garant, dans le parking des professeurs, je quittais ma voiture avant de lui souhaiter une bonne nuit et de filer vers mon dortoir, alors que lui, parti vers le sien.