The Night

feat. karushi

TENUE •••  Les journées s’enchainent, j’ai eu du mal les premiers jours après l’agression, bien entendu cela ne m’a pas arrêté et j’ai continué de faire tous mes jobs sans montrer ma douleur ou parler de ce qui m'est arrivé. Le gérant du batting a entendu parler d’une bagarre, mais je lui ai dit que j’avais aucune idée de ce qui s'était passé, heureusement les bleues étaient cachées par mes vêtements et j’avais pu soigner les marques de mon visage pour éviter les doutes, l’intervention de Karuma m’a sauvé et même lorsqu’il a usé de soin sur mes blessures. La marque sur mon cou est resté, me forçant à mettre des cols roulés pour que ce ne soit pas visible, je n’ose imaginer les reproches de mes patrons si jamais ils tombaient dessus. Ce soir je travaillais encore au batting, ce serait mentir que de dire que j’espérais ne pas voir la bande qui m’a attaqué et pris pour cible entrer, surtout que je travaillais seul et l’heure de fermeture approchée. Fallait que je range les boxes, je ne bosse pas ici tous les jours, je varis avec mes autres jobs pour me faire le plus d’argent, travailler la nuit rapporte plus ! Attrapant le balai je le passe tout le long pour nettoyer, ramassant les balles qui trainait et que je retrouvais éparpillées. Fallait que tout soit en ordre pour demain. Passant la main sur mon cou par-dessus le vêtement, je le fais craquer avant de soupirer. Je manque cruellement de sommeil et en plus j’ai faim... Mon estomac gronde, n’ayant rien avalé de la journée... C’est devenu un peu plus fréquent en ce moment, depuis que je dois envoyer de l’argent à ma sœur à l’étranger et m’occuper de ma mère, il ne reste pas grand-chose à la fin du mois et même en cumulant les boulots ça ne suffit pas. C’est parfois difficile, mais je n’abandonne pas, si je devais renoncer ou penser que cette vie est inutile je condamnerais ma famille avec moi et c’était hors de question. Finalement c’est l’heure de partir, attrapant mon gilet, je l’enfile pour prendre les clefs du batting center, éteignant la lumière, j’ouvre la porte pour sortir, sursautant en tombant sur quelqu’un. Mon cœur s’est emballé, j'ai eu peur que ce soit encore pour s’en prendre à moi, mais je suis soulagé en voyant le visage de Karuma, avant d’être surpris... « Qu’est-ce que tu fais là ? » Je m’attendais pas à le voir, mais étrangement je suis content ou plutôt rassuré ? « Tu tombes bien, je comptais aller manger un truc. Si tu n’as pas encore mangé tu veux venir avec moi ? » Je n’oublie jamais mes « dettes » et même si je n’ai pas beaucoup d’argent, je peux bien lui offrir un truc à grignoter, certains yatai vendent des ramen, des takoyakis, yakitoris, oden ou yakisoba à prix raisonnable donc je ne m’inquiète pas.

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TENUE ••• Les journées s'enchaînent et se ressemblent. Je passe le plus clair de mon temps à l'école, dans mon rôle de surveillant. C'est la planque, comme pourrait le penser certains, pourtant ce n'est pas toujours simple ou facile. Y a des jours plus chiant que d'autres, ça dépend des événements ou des situations. Faut pas croire que rien ne se déroule dans ce bahut pour riche, au contraire. J'ai souvent affaire avec des conflits entre riche et boursier, entre deux niveaux de vie différent qui se confronte trop de fois entre ces bâtiments. En tant que surveillant, je me dois de les séparer, même si je me fiche du pourquoi du comment ils en viennent à s'insulter ou se cogner. Mon job, ce n'est pas de sympathiser avec les élèves, bien que des fois je m'attarde sur un cas en particulier, sans raison valable. ça se fait comme ça, un peu comme avec Tenshi. Quand la journée se termine, je dois rentrer chez moi pour sortir Rex. Le pauvre passe des heures enfermé dans l'appartement, parce que je n'ai pas de jardin et seulement un balcon. Du coup, je le récupère après mon boulot pour faire un tour dans le parc, étant au petit soin pour lui. Rex est toujours content quand je défais sa laisse pour le laisser courir dans l'espace réservé aux chiens. Il jappe, saute sur les autres chiens pour jouer avec eux, court d'un bout à l'autre, et quand il est épuisé, il s'allonge à mes pieds comme pour dire qu'il veut rentrer. Sauf que, après la sortie quotidienne, je dois me rendre au club de mon père. Ce n'est pas une obligation, si je voulais je n'irai plus jamais, mais mon meilleur pote est là-bas. J'aime bien le voir malgré mon caractère indifférent. C'est limite si il m'attend, m'offrant un verre avec son sourire d'élève populaire. En même temps, il me raconte les dernières nouvelles qui circulent dans le club et heureusement, y a rien d'alarmant pour ce soir. Mon verre vide, je le salue pour rentrer. Ce n'est pas que, mais j'ai autre chose à faire que traîner à quelques mètres de mon vieux. Et mes pas me ramènent sur une scène que j'avais oublié, alors qu'elle s'est déroulée à côté de mon immeuble. Inexorablement, mes pensées se dirigent vers l'acteur principal de cette scène et je souffle, faisant un léger détour vers le batting. C'est là où il bosse, d'après ce que je sais. Par contre j'ignore s'il travaille ce soir. C'est quitte ou double, au pire je perds quelques longues minutes de mon précieux temps. Quand le batting ferme, Tenshi sort du bâtiment, surpris par ma présence. C'est bête, mais je n'ai pas songé à ce que je pourrais lui dire. « Je rentrais chez moi. » C'est une belle excuse. Il n'est pas censé savoir ce que je fous vraiment ici. Manger ? J'allais lui demander si il avait assez argent pour payer pour deux, mais m'abstient. « D'accord. » Comme je l'ai dit, j'ai du temps à perdre.

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TENUE •••  Du temps à perdre j’en ai très peu, en fait depuis que je suis en âge de travaillé je n’ai pas arrêté, même quand j’étais mineur je trouvais des places en mentant sur mon âge pour bosser dans certains lieux qui rapporte plus. J’ai essayé pas mal de postes avant de finalement trouver un roulement avec les derniers que j’ai à l’heure actuelle. Bien sûr je ne suis jamais à l’abri de perdre l’un d’eux, donc je continue toujours de chercher des offres ou de me renseigner quand je le peux, si c’est deux ou plus à bosser dans un endroit ça me fera encore quelques billets à la fin du mois. Je pense argent en permanence, c’est comme une obsession, je dois compter le budget, les dépenses, j’en ai mal à la tête parfois, mais personne ne le fera pour moi et j’ai pris l’habitude de me débrouiller seul, donc même si c’est fatigant ou que j’ai par moments envie d’arrêter, je me relève et continue d’avancer, il y a pire que moi sur cette terre, c’est ainsi que je me motive tous les jours, sans m’apitoyer sur mon sort, je trouve que je me débrouille bien malgré tout. En quittant le batting je ne pensais pas tomber sur Karuma, le fait de le voir là m’a effrayé quelques secondes, me rappelant de la dernière fois, ces types qui me sont tombés dessus... Mais en voyant son visage je me suis tout de suite senti plus apaisé et en sécurité, Karuma n’est pas ce genre de personne. Sa réponse me laisse perplexe. « Chez toi ... ? » Je regarde la porte du batting en la montrant du doigt. « Tu t’es trompé de plusieurs bâtiments tu sais ? » Je me moque, mais au fond il tombe bien. Il accepte de venir manger avec moi, je ne peux pas lui offrir un repas digne des restaurants qu’il peut fréquenter ou dans lesquels je bosse, mais des ramen c’est à m'a portée. J’ouvre la marche en descendant dans la rue principale, je connais un petit restaurant ambulant, ils font de très bons plats et c’est à côté. « Tu t’inquiétais pour moi ? » Je le taquine, mais le fait qu’il soit venu voir sur mon lieu de travail pourrait le laisser croire. « Comment va ton chien ? » Maintenant que j’ai rencontré la bête, je suis curieux, j’ai eu un bon feeling avec Rex. Je fouille dans mes poches discrètement pour voir combien j’ai sur moi, histoire de voir si je dois retirer ou si j’ai assez pour deux plats sur moi, hors de question que Karuma paie quoi que ce soit alors que je l’invite... Ce n’est pas grand-chose, mais c’est ma seule façon de réellement rembourser mes « dettes » quand on n'est pas riche ou qu’on est une personne comme moi, faut bien avouer que je n’ai pas grand-chose à lui apporter.

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TENUE ••• à me voir, j'ai vraiment un look de yakuza. Ce n'est pas voulu, dès que je porte une tenue plus classe qu'une autre, mon visage me donne cet air de mafieux ou d'homme dangereux. Je peux comprendre que Tenshi ait été surpris, presque effrayé par ma présence. Je ne cherche pas à m'en excuser, puisque je n'ai rien fait de mal, rien fait tout court, pour lui faire peur. Quand il comprend que c'est moi, il se rassure et m'interroge. Ma réponse paraît simple, il sait que j'habite pas très loin d'ici. La dernière fois, je suis passé par ici et heureusement, sinon il ne serait pas là à l'heure qu'il est. Trompé ? « Je sais bien que je ne vis pas là. » Me prend-t-il pour un idiot ou bien ? Je peux toujours faire le trajet que je souhaite pour rejoindre mon appartement. Autant ne pas s'attarder sur le pourquoi du comment, que j'en sais trop rien. Tenshi m'invite à manger et j'accepte, en me demandant comment il pourrait me payer un plat. Je n'ai pas des goûts de luxe, s'il pense que je mange du homard ou du caviar à tous les repas, il se trompe lourdement. La nourriture n'est pas ma passion, je mange quand j'ai faim et ce n'est pas toujours des plats sophistiqué comme mon apparence pourrait le laisser croire. En vérité, je suis plutôt simple sous ce masque de froideur. Suivant mon aîné vers la rue principale, je ne dis plus rien tant qu'il ne pose pas une question. « Non. » Répondis-je du tact au tact, très convainquant. Pourquoi devrais-je m'inquiéter pour lui ? Pourquoi je l'attendais d'ailleurs ? Je ne sais même pas moi ce que je foutais là-bas. Mon chien ? Il me faut quelques secondes avant de répondre, comparé à tout à l'heure, on dirait que je réfléchis. « Il va bien. » Ce n'est pas très constructif comme dialogue, mais il connait ma capacité légendaire à discuter. Tenshi fouille dans ses poches et je me doute déjà qu'il calcule son argent, ce gars m'invite alors qu'il a des soucis avec le fric. Je ne dirais rien, il n'a pas l'air de vouloir de l'aide. Au contraire. « Tu comptes m'emmener où ? » Demandais-je finalement, posant ma première question de la soirée.

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TENUE •••  Je ne suis pas du genre à être effrayé facilement, c’est simplement que je n’ai aucune envie de tomber sur ces gars une nouvelle fois, donc je reste sur mes gardes malgré tout. Je sais très bien pourquoi ils m’ont attaqué et au fond je leur donne raison en n’acceptant pas cette vérité. Pour l’instant je suis simplement soulagé que ce ne soit que Karuma, me moquant un peu de lui quand il m’annonce qu’il rentre chez lui, vu qu’il s’est arrêté ici, devant le batting. Je hausse les épaules à sa réponse, l’invitant à manger. C’est surement fou venant de moi, mais même si je n’ai pas d’argent je tiens toujours mes engagements, j’ai promis de me racheter pour l’aide qu’il m’a apportée et à part de la nourriture je ne vois pas ce que je pourrais lui donner, donc je suis content qu’il accepte, ne cherchant pas à approfondir plus sur le sujet, il n’y a rien de plus à dire de toute façon. Ayant fermé, on peut y aller. « Je plaisantais. » Impossible qu’il s’inquiète, de toute façon je ne vois pas pourquoi il le ferait, c’était juste pour essayer de justifier sa présence devant mon lieu de travail, mais en vérité ce n’est pas si important, parlant plutôt de son chien. « Cool~ » J’ai un chat que j’ai recueilli dehors et ramené chez moi, mais je n’ai jamais eu de chien, je trouvais ça fun à rencontrer la bête chez Karuma et je n’ai pas oublié sa fougue. Fouillant dans mes poches pour juger de combien j’ai sur moi, je le regarde quand il me questionne avant de montrer un stand. « Là-bas~ des ramens ça te va ? » J’ai assez pour deux bols sur moi, c’est déjà ça, je n’aurais pas à aller en chercher. Le Yatai est toujours animé, un petit restaurant en plein air, abrité par une sorte de bâche ou je ne sais quel toit on a sur la tête, en tout cas faut pas se fier à l’apparence, ça reste délicieux. J’entre en saluant les maitres des lieux m’installant sur un tabouret du fond avant de lever mes doigts en v pour commander deux parts. « Tu es déjà venu ici ? »

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TENUE ••• Si moi-même j'ignore pourquoi je suis là, Tenshi ne pourra le savoir. On dirait qu'un petit alien dans ma tête m'a guidé jusqu'ici, devant l'un de ses lieux de travail. Voulais-je m'assurer qu'il aille bien et que personne ne le touche ? Ou est-ce juste un pur hasard ? Je ne pourrais dire, mais je suis bien là et je lui parle. Tenshi m'invite à manger, sachant qu'il n'a pas d'argent pour se payer un vrai repas, je ne peux pas refuser. En même temps, je me dis qu'il doit vouloir se racheter pour la dernière fois. Je suis bête, mais pas à ce point-là. C'est difficile avec moi d'avoir une véritable conversation, à part parler en quelques mots, mes phrases ne sont pas très longues. Il doit déjà s'en douter, ce n'est pas notre première rencontre. Il m'interroge sur mon chien, lui répondant qu'il va bien. Rex est un jeune labrador, il se porte comme un charme et adore les gens, si Tenshi l'aime bien, Rex aussi. Je ne pense pas à lui proposer de le revoir, ça n'entre pas dans mes pensées les plus proches, ni les plus lointaines d'ailleurs. En route, il compte son argent et c'est à mon tour de le questionner sur l'endroit où nous allons manger. Un stand. « Ouais. » Je ne suis pas difficile en nourriture, je suis plutôt difficile sur les heures de repas. C'est mon ventre qui planifie tout, s'il ne dit rien, je ne mange rien. Suivant mon aîné dans ce boui-boui, je m'installe avec lui dans un coin, le laissant commander. « Jamais. » Les restaurant, tout ça, ce ne sont pas des lieux qui m'attirent. Pour quelqu'un qui aime manger ou qui pense à ses quatre repas, c'est sûrement un endroit de prédilection, mais pas pour moi. « Tu n'es pas obligé de gâcher ton argent. » Fis-je, en attendant nos bols de ramen. Je sais qu'il fait ça pour moi, ou du moins pour me rendre quelque chose. J'ai déjà dit que je n'avais pas besoin de ça, qu'un simple merci suffisait amplement pour clôturer le sujet. ça ne semble pas être l'avis de Tenshi.

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TENUE ••• Au fond ce n’est pas vraiment important de savoir ce qu’il faisait là, je ne suis pas du genre à me prendre la tête avec des détails et pour ma part c’est l’occasion de l’inviter à manger un morceau ensemble, histoire que je puisse lui rembourser ma dette. Il accepte, donc c’est parfait. Il y a plus qu’à trouver un endroit où manger, sur la route je l’interroge sur son chien, content d’apprendre qu’il va bien, avant de compter l’argent que j’ai dans ma poche. Si mes calcules sont bons j’ai assez pour deux bols de ramen, je suis plutôt du genre à tout calculer de toute façon, comme lorsque je fais les courses, quand on est pauvre c’est une habitude. Une logique. En tout cas ça l’est pour moi. Heureusement que Karuma n’a pas des gouts de luxe parce que je n’aurais jamais pu lui offrir plus que ce que je m’apprête à lui proposer, des ramen. Je ne reviens jamais sur mes mots, si j’ai décidé de lui payer je ne laisserais personne m’en empêcher, je suis comme ça. J’ai beau avoir un caractère impulsif et agir souvent sans réfléchir, gueulant plus que je ne parle, je reste quelqu’un d’authentique. Le guidant à l’intérieur du stand pour prendre nos places, je me doute qu’il n’est jamais venu, ce qu’il confirme, mais je pense qu’il va apprécier le repas. Les gens riches ont tendance à aller dans des restaurants plus luxueux, plus classe, mais je pense que ce genre d’endroit fait des merveilles aussi et pour pas cher en plus. « Qui a dit que je le gâchait. » Je me sers un verre d’eau en attendant que les commandes arrivent, remplissant le verre de l’autre garçon au passage. « Ne me rends pas misérable, si j’ai dit que je pouvais payer c’est que je peux. » Pas besoin de me rappeler que je n’ai pas beaucoup d’argent, j’en ai bien conscience tout seul. « Tu va voir, c’est délicieux. » D’ailleurs nos bols arrivent et j’attrape une paire de baguettes, la coupant en deux pour mélanger les nouilles, prenant une cuillère pour la soupe, je goute les ramen en appréciant la bouchée, c’est trop bon.

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TENUE ••• Je ne comprends pas pourquoi il fait tout ça. Pour une dette ? Je n'ai rien fait d'extraordinaire pour qu'il veuille me rembourser en m'invitant à manger. Mais bon, si c'est ce qu'il veut, je ne vais pas l'arrêter, ni partir. Il propose des ramens, ça me convient. Je n'ai pas des goûts de luxe, je n'ai pas vraiment de critère de nourriture non plus. à dire vrai, je manque quand j'ai faim, et généralement, je mange ce que je trouve. Tenshi compte tellement sur cette dette à rendre que je m'interroge. Pourquoi user son argent pour si peu ? Je lui ai sauvé la vie, certes. Pourtant je n'ai rien demandé en retour, si ce n'est qu'il évite de recommencer. Tenshi m'amène dans un truc ressemblant à un restaurant, je dirais plutôt à un stand de rue. Tant que la nourriture est bonne, je ne vais pas cracher sur l'apparence des lieux. C'est plus ... Conviviale ? Plus sympa et chaleureux, comparé à ces complexes de luxe où vont les riches. Installé à une table, j'en profite pour l'interroger sur ses intentions. Sur le pourquoi du comment il se donne autant. Il remplit mon verre avec de l'eau, avant de poursuivre la discussion. Pendant qu'il parle, j'attrape mon verre et bois une petite gorgée, mes yeux se perdant un peu n'importe où. Avant de revenir sur lui. « Je n'ai pas dit ça. » Qu'il était misérable. C'est juste que, je ne veux pas abuser de son peu d'argent qui doit sûrement lui servir à plus important. J'en ai, de l'argent. à ne plus savoir quoi en faire. Alors pomper celui des autres n'est pas intéressant. Je veux bien le croire pour la bouffe. Pile au moment où il complimente, nos bols arrivent. Cassant mes baguettes, je les plonge dans les nouilles et les remue doucement. Sans attendre, je goûte le plat avec ce bruit typiquement japonais et bruyant. Hm, il a raison, c'est super bon. En vérité, j'avais faim. Au point où j'enfourne beaucoup plus que prévu dans ma bouche. « C'est bon. » Fis-je, après avoir avalé ma bouchée. C'est épicé, mais pas trop. Juste de quoi donner du goût et rendre les ramens meilleurs.

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TENUE ••• Quand j’avais un truc en tête je ne l’avais pas au cul comme on dit. Si j’avais décidé de rendre ma dette auprès de Karuma alors je le ferais et cela peu importe ce qu’il pourrait dire, lui ou n’importe qui d’autre d’ailleurs. Oui, je n’ai pas d’argent, je n’ai jamais connu son mode de vie à avoir trop plein d’argent et ne pas savoir quoi en faire. À mes yeux chaque centime est important, je ne peux pas me permettre de cracher dessus, pourtant je suis toujours resté humble et n’ai jamais, jamais cherchée la charité. Je me suis toujours débrouillé seul, je gère depuis des années et je continuerais surement de gérer ainsi. Un pauvre ne peut pas devenir riche subitement, je ne cherche pas à vivre dans le luxe, juste à être capable de manger et de nourrir ma famille et bien entendu, soigner ma mère. Les traitements sont le plus cher et je dois faire attention d’avoir toujours assez pour pouvoir payer. Je ne veux pas qu’on me voie comme quelqu’un de misérable, je ne veux pas de pitié, juste que Karuma accepte mon offre et se laisse offrir ce plat, rien de plus. Les bols arrivent et je l’invite à gouter en sachant déjà que c’est bon, je connais les petits lieux pas cher où ils vendent de bons repas, c’est l’avantage aussi quand on ne peut pas trainer dans les quartiers aisés ou restaurant renommé. « Je te l’ai dit. » Souriais-je en étant ravi que cela lui plaise. Continuant de manger mes nouilles, je prends toujours des cuillères de soupe avec, mangeant aussi la viande et le reste des accompagnements avec, c’est délicieux. Tellement que le silence s’est imposé entre nous, entendant seulement le son lorsqu’on aspire notre repas, terminant rapidement mon bol. « Aah~ C’était trop bon. » Je pose mes mains sur mon ventre, avant de prendre un papier pour m'essuyer la bouche et attraper mon verre d’eau pour le boire d’une traite. « Tu étais encore là-bas ce soir ? » La boîte de son père où on s’est connus, j’imagine qu’il doit y passer presque tout son temps.

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TENUE ••• Si Tenshi tient tant à m'offrir un repas pour payer sa dette, c'est comme il veut. Pour moi, il n'a rien à me redevoir. Alors je peux bien l'accepter comme une simple invitation. Ce n'est pas une raison pour vider ses économies, un truc banal et pas cher me convient parfaitement. Je n'ai pas des goûts de luxe, de toute façon. Il en fait déjà beaucoup trop, mais autant me taire sinon il va se vexer. Au moins, il est sûr qu'avec moi il ne ressentira aucune pitié, aucune compassion. Je ne vais pas pleurer sur son sort, mais c'est peut-être ça qui rend les choses plus facile entre nous. Notre repas servit, il m'incite à goûter, récupérant mes baguettes pour les plonger dans le bol et saisir une bonne pincée de nouille. C'est chaud, mais très bon. Je complimente le plat, parce que c'est ce qu'il attend. Normalement, je mange en silence. En fait, je vis en silence. à sa remarque, un léger sourire étire le coin de mes lèvres, mais c'est très discret. Qui pourrait croire qu'un pauvre connait les bons coins où manger dans une ville si grande. Il devrait être guide de restaurant ou des bonnes affaires, qui sait, il gagnerait un peu d'argent au près des touristes. Le bol ne reste pas longtemps plein, au fur et à mesure, il se vide. J'ai trop mangé, lâchant un lourd soupir à la fin. « Hm. » Me contentais-je d'approuver, le coude appuyé sur le rebord de la table, mon poing contre ma joue. Là-bas ? Ah, le club. Un nouveau soupir. « Mon meilleur ami est barman là-bas. » C'est pour lui que je traîne le plus souvent dans cet endroit. Difficile à croire, n'est-ce pas ? Les gens ont tendance à croire que je n'ai pas d'amis, pourtant j'ai deux gars qui se bousculent pour avoir une place dans mon emploi du temps. « Si je n'étais pas si souvent là-bas, ta soeur ne serait pas libre. » J'ai droit de m'attribuer un peu de mérite, même si généralement je ne cherche pas à les faire partir. Je les surveille, elles ou leurs clients. Mon père s'en fiche, tant qu'elles rapportent, mais ce n'est pas mon cas. Je m'inquiète vraiment pour elles, sans l'avouer.

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TENUE ••• Le repas se passe dans le calme, c’est simplement des ramen, le temps de manger le bol et en quelques minutes c’est terminé. Finissant même la soupe, je ne suis pas du genre à gaspiller, mais j’ai le ventre plein je dois l’avouer, il m’en faut pas beaucoup pour être rempli. Heureusement, parce que si j’étais un gros mangeur et un gourmand je serais dans la merde, n’ayant pas les moyens de faire des folies. La moitié des bonnes choses qu’on vend dans cette ville je ne les ai jamais gouté ou alors a de rares occasions, mes repas sont toujours très simples et modestes, mais ça me convient étant donné que je n’ai connu que ce mode de vie là. Finalement, je n’ai pas énormément de chose à dire à Karuma, nous n’avons pas de conversation ou de centre d’intérêt identiques, ma seule question se pose sur cet endroit où je l’ai rencontré et que je déteste tant. « ok » Même lui a un meilleur ami, c’est surement normal, mais du coup je l’ai déjà vu... « C’est celui à qui tu as posé des questions l’autre soir ? » Quand nous cherchions ma sœur. Libre ? Je le regarde en attrapant un verre d’eau. « Tu trouves qu’elle est libre toi ? » Je ne suis pas d’accord. « C’est vrai que sans toi elle serait encore là-bas. » Je ne vais pas le nier, c’est simplement que pour les fuir elle a quitté sa famille, s’est isolé dans une autre ville où je dois lui envoyer de l’argent pour qu’elle ne manque de rien, c’est mon devoir en tant que frère, mais j’espère qu’un jour elle pourra revenir ici et ne pas avoir peur de ces hommes, ces enfoirés... Eh oui, j’inclus le père de Karuma dedans. « On y va ? » Je me lève pour aller payer pour les deux bols, je pose tout ce que j’ai sur le comptoir, puis sors prendre l’air en m’étirant les deux bras en l’air. « J’aurais au moins pu t’inviter, même si c’est rien comparé à ton aide. » Sans lui je ne serais surement pas ici.

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TENUE ••• C'est sûrement la première fois depuis des années que je mange autant durant un repas. Un bol entier de nouille avec de la soupe, ça occupe de la place dans mon estomac. Je me sens rassasié pour la semaine, à ce stade-là. Tenshi a voulu m'invité à manger sans connaître les contraintes, et étrangement, je n'ai pas rechigné à le suivre et à participer au repas en sa présence. La conversation est plutôt plate entre nous, c'est comme si il n'y avait pas grand chose à dire. Quand Tenshi m'interroge, nous en revenons encore et toujours au même endroit, le club de mon père. Je n'aime pas ce lieu non plus, mais malheureusement je ne peux pas me contenter de fermer les yeux et de passer à côté. « Hm. » Acquiesçais-je, hochant ma tête d'un mouvement lent mais précis. « Elle est vivante. » C'est déjà beaucoup pour une fille qui tombe dans ce genre d'affaire. Là-bas ou six pieds sous terre. Je ne veux pas miner le moral de Tenshi en parlant de ça, mais sa soeur a eut plus de chance qu'il ne croit. Certaines ne peuvent pas partir, d'autres n'ont pas eu la chance de s'en sortir. C'est un monde ingrat, un monde que je ne veux pas partager avec mon vieux. Un nouveau mouvement du menton et je quitte ma place pour le suivre à l'extérieur. « C'est si important pour toi ? » De m'inviter ou de vouloir me payer une dette. Si je devais manger avec lui à chaque fois que je le sors d'une impasse, je risque de manger à l'oeil. Tenshi à la tête d'un gars qui se fait facilement embêter. « La prochaine fois, n'utilise pas la chose la plus importante pour toi. » Fis-je, désignant son argent. C'est ce qui le fait vivre, il n'a pas besoin de piocher dans ses réserves pour me racheter mon aide. J'ai de l'argent, je peux me payer des tonnes de repas comme celui-ci, ce n'est pas son cas. à me voir, on pourrait croire que je m'en fou complètement de sa vie, mais quand la personne me croise encore et encore, je ne peux pas fermer les yeux. Comme pour le club de mon père, ce trafique de fille, mes potes. Je ne suis pas si froid et lisse qu'une roche, qui attend que le temps passe sans rien faire. « Merci pour le repas. »

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